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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 1 Juil 2014 - 12:34
RabbitIYH a écrit:
L'idéalisme selon Larousse : Attitude, caractère de quelqu'un qui se propose un idéal élevé, voire utopique, qui croit en des valeurs idéales, en particulier sur le plan social. Cimino ne croit certainement pas en ces valeurs, ses films montrent justement à quel point la réalité les rend caduques. Quant à l'utopie n'en parlons pas. Si l'espoir existe dans ses films qu'un certain degré d'idéalisme soit possible, c'est bien aux yeux de certains personnages qui se brisent toujours à un moment où à un autre sur l'écueil d'une réalité nettement plus fataliste dont ils avaient été préservés jusqu'ici (cf. la communauté de The Deer Hunter ou l'université dans Heaven's Gate. Je ne pense pas que l'on puisse être idéaliste et fataliste, et Cimino est clairement du côté du fatalisme.
Je comprends ce que tu veux nuancer de Cimino, Rabbyt. Il y a clairement un côté fataliste chez lui.
Il me semble qu’on peut réduire Cimino ni à un idéalisme sans mieux le définir, ni non plus le réduire au seul fatalisme, car il en existe tant qui ne correspondent en rien à Cimino (le fataliste, au sens le plus prononcé, n’agit pas). On n’est pas forcément dans une impasse si on accepte que fatalisme et idéalisme ne s’opposent pas toujours.
L’idéalisme romantique est souvent à la recherche d’un âge d’or qui ne sera plus jamais rejoint (une façon pratique d’éviter d’être au monde…). Cet idéalisme en exalte la recherche mais ne croit pas forcément à son retour (garder à bonne distance son idéal c’est très pratique…). Ce n’est pas parce qu’ il croit en des valeurs qu’il croit en leur réussite. Cimino exalte une symbiose collective et la lutte. Il ne me semble pas lire de mépris ou de cynisme sur ces valeurs humaines chez lui. Mourir libre est un idéal pas un espoir nécessaire de réussite.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 1 Juil 2014 - 13:00
Azbinebrozer a écrit:
L’idéalisme romantique est souvent à la recherche d’un âge d’or qui ne sera plus jamais rejoint (une façon pratique d’éviter d’être au monde…). Cet idéalisme en exalte la recherche mais ne croit pas forcément à son retour (garder à bonne distance son idéal c’est très pratique…). Ce n’est pas parce qu’ il croit en des valeurs qu’il croit en leur réussite. Cimino exalte une symbiose collective et la lutte. Il ne me semble pas lire de mépris ou de cynisme sur ces valeurs humaines chez lui. Mourir libre est un idéal pas un espoir nécessaire de réussite.
Oui il y a sans doute de ça !
Mais "humanisme" me semblerait plus juste, la mise en scène de Cimino n'exalte pas vraiment comme peut le faire celle de Malick, je la ressens presque naturaliste, y compris dans Year of the Dragon d'ailleurs. Et au contraire de Malick qui joue sur le contraste entre l'exaltation d'un Paradis terrestre et l'humain qui vient le corrompre en laissant entrevoir la possibilité d'une harmonie (je vois bien cet idéalisme là chez lui), chez Cimino ce sont davantage des étapes, d'abord une certaine insouciance, les personnages ont été préservés de la violence du monde puis s'y trouvent confrontés et leur vision du monde change par la force des choses (ou a changé dans le cas du flic désabusé de Year of the Dragon).
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 2 Juil 2014 - 12:11
Goupi Tonkin a écrit:
L’autre « rôle double et mortifère » de Kim Novak, mais dans un registre plus venimeux et hystérique que dans Vertigo … Je n’avais pas revu ce film depuis pas mal de temps. Et à la revoyure, je suis un peu désarçonné, mitigé. Si certaines séquences et certains aspects de ce film cruel et survolté m’impressionnent réellement (notamment cet épilogue aussi surprenant que scotchant ), toutes ces invraisemblances et outrances, sur la longueur, me laissent dubitatif. Je ne crois pas une minute à cette histoire… Plus ou moins sur le même thème, on est en droit de préférer Sunset boulevard ou Fedora de Wilder, Les ensorcelés de Minnelli ou bien même l’étonnant Le Jour Du Fléau du trop souvent oublié John Schlesinger. Néanmoins il faut voir ce film enragé au moins une fois dans sa life, ne serait-ce que pour saisir dans toute son ampleur la haine qu’Aldrich vouait à la société du spectacle et au milieu du cinéma…
C’est le premier des trois films (féroces) que Robert Aldrich a consacré au milieu du cinéma. Et c’est accessoirement celui que je préfère…
Bel-Air, dans la luxueuse résidence de Charlie Castle, célèbre acteur de cinéma qui est à un tournant de sa carrière. Sa femme, Marion, est sur le point de le quitter, lui reprochant sa vie dissolue et sa faiblesse envers la presse à scandale et son producteur, le perfide et retors Stanley Hoff. ...
Aldrich a l’intelligence de ne pas nier l’origine théâtrale du scénario en aérant les scènes de manière superficielle comme le font trop souvent les tacherons sans talent et mise, au contraire, sur la théâtralité et la claustration ; la caméra, souvent habile à dessiner un bel espace clos entre le plafond, les murs en pierres blanches et la baie vitrée, ne sort pratiquement jamais de cette luxueuse et déprimante villa . Sur la longueur, ce parti pris de mise en scène atteint son but : on étouffe comme étouffe Charlie Castle… Et si parfois le film est un peu trop bavard ( j’ai vu trop de films muets ces derniers temps et je crois que les longues scènes dialoguées m’emmerdent de plus en plus ), le casting classieux sauve les meubles. Rod Steiger, notamment, qui en deux scènes campe un producteur jupitérien façon Harry Cohn assez flippant, avec moumoute blonde sur la tête et appareil auditif dans l’oreille gauche ( comme Truffaut dans La nuit Américaine. Est-ce un hasard ? )
Belle découverte.
ps: Clifford Odets, l'auteur de la pièce et co-scénariste du film, inspirera les frères Coen pour le personnage de Barton Fink.
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 2 Juil 2014 - 23:40
RabbitIYH a écrit:
Azbinebrozer a écrit:
L’idéalisme romantique est souvent à la recherche d’un âge d’or qui ne sera plus jamais rejoint (une façon pratique d’éviter d’être au monde…). Cet idéalisme en exalte la recherche mais ne croit pas forcément à son retour (garder à bonne distance son idéal c’est très pratique…). Ce n’est pas parce qu’ il croit en des valeurs qu’il croit en leur réussite. Cimino exalte une symbiose collective et la lutte. Il ne me semble pas lire de mépris ou de cynisme sur ces valeurs humaines chez lui. Mourir libre est un idéal pas un espoir nécessaire de réussite.
Oui il y a sans doute de ça !
Mais "humanisme" me semblerait plus juste, la mise en scène de Cimino n'exalte pas vraiment comme peut le faire celle de Malick, je la ressens presque naturaliste, y compris dans Year of the Dragon d'ailleurs. Et au contraire de Malick qui joue sur le contraste entre l'exaltation d'un Paradis terrestre et l'humain qui vient le corrompre en laissant entrevoir la possibilité d'une harmonie (je vois bien cet idéalisme là chez lui), chez Cimino ce sont davantage des étapes, d'abord une certaine insouciance, les personnages ont été préservés de la violence du monde puis s'y trouvent confrontés et leur vision du monde change par la force des choses (ou a changé dans le cas du flic désabusé de Year of the Dragon).
Oui humanisme est plus sobre mais humanisme et idéalisme sont très liés et cela ne résoudrait pas plus la restriction que tu notais sur le destin sombre de certaines réalités « humaines »...
Au moment où tu postais ceci j'étais en train de faire le lien entre le thème de l'âge d'or et celui de la nature, très présent aussi effectivement chez Cimino. L'âge d'or est souvent celui d'une fusion avec la nature. Mais effectivement il y a un grand écart entre Malick pour qui le lien avec la nature marque un lien avec ce qui est transcendant au monde alors que Cimino en reste à une lecture immanente : socio-politico-géographique... Chez Malick Protestant, la nature c’est même carrément une plongée dans les sciences nat ! La grâce naturelle est aussi liée chez les protestants, comme un signe, à la possible grâce humaine par Dieu... D'où la plongée à la recherche de perfection et sa mystique...)
L'humanisme de Cimino, rital teinté lui de catho, est proche d'un certain marxisme de l'engagement. Il y a dans le marxisme une tendance à reproduire sous une forme matérialiste la chute du paradis, d'une société primitive sans classe, au passage à la société de classes jusqu’au retour d'une société communisme, structurée. Certes Cimino ne nous fait pas toute l'histoire de l'humanité, mais il nous en rejoue souvent un petit condensé, avec ce petit scénario que tu décris bien. Sur la place de la nature chez Cimino elle pourrait donc être liée à une sorte d'idéal de communion, la communion du groupe et celle du groupe avec la nature, frustre. Mais il me semble qu'elle exprime aussi chez Cimino la force et probablement l'engagement, l'idéalisme donc. La nature n'est pas contemplative. Elle est d'abord souvent très majestueuse, grandiose souvent avec une attirance pour les montagnes. Comme symbolisant la force. Ensuite elle est extrêmement dynamique. Ces travellings de montagnes dans « Voyage » ou de trains dans les vallées : « Les portes » !...
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 3 Juil 2014 - 0:20
Oui, il y a de ça, dans ces deux films en tout cas car la nature n'a pas toujours de place prépondérante chez Cimino mais même la ville est filmée comme un microcosme écrasant qui réduit l'homme à l'état de souris dans un labyrinthe. Une façon de dire que la grandeur n'est pas dans l'homme et que même ses réalisations le dépassent ?
Pour le marxisme je suis pas sûr de te suivre jusqu'au bout du raisonnement par contre, je ne pense pas que Cimino prône le retour à une communauté, même dans les deux seuls films où l'état de communauté apparaît clairement dans sa filmo (bon ok ce sont ses deux CO). La communauté pour moi, dans ces films, c'est plutôt l'illusion de l'harmonie, l'harmonie qui ne peut exister que lorsqu'on se tient à l'abri du monde. C'est Stan avant qu'il n'entre en guerre dans L'année du Dragon, ou l'amitié de Thunderbolt et Lightfoot avant qu'ils n'aient besoin de s'acoquiner avec une équipe de braqueurs pour passer à l'acte dans Le canardeur...
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 3 Juil 2014 - 8:02
Les Aventures D'Un Homme Invisible - John Carpenter ( 1992 )
Je l'aime bien, moi, ce petit film commandé par la Warner et si souvent honni et raillé par les carpenteriens ultra. Et puis l'invisibilité au cinéma, c'est souvent très ludique et ça oblige les metteurs en scène à être astucieux... Le film est léger, très mineur dans la filmo du maître, un peu bancal et tiraillé entre la noirceur ironique ( volonté de Carpenter ) et la comédie fantastique grand public ( volonté du front-office de la Warner ), mais très divertissant.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 3 Juil 2014 - 8:56
Moi aussi je l'aime beaucoup, excellent rythme, Sam Neil assez jubilatoire en méchant et quelque part le cauchemar vécu par Chevy Chase (lui aussi très bon) évoque bien des anticipations paranoïaques du maître (à commencer par Invasion Los Angeles).
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 4 Juil 2014 - 12:32
Ce deuxième film avec Deneuve est peut-être l'un des plus romanesques et des plus troublants de la filmo de Téchiné. Curieux film où il faut se perdre pour mieux se retrouver, où les violents orages révèlent ce qui se cache derrière les paysages trop riants et lumineux.
Deneuve en imper et les cheveux mouillés, on peut difficilement faire plus belle image de cinéma.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 4 Juil 2014 - 13:11
On la retrouve d'ailleurs dans deux semaines dans son nouveau film, L'homme qu'on aimait trop.
lalou grand petit homme
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 4 Juil 2014 - 22:56
Avant-hier sur Paris Première.
C'est con mais putain ce que ça fait du bien de re-re-re-re-re-revoir ça!!
Et puis ensuite il y avait la pièce de théatre avec fred testo et Eddy Mitchell. Alors je suis resté devant ma téloche avec un bon vin d'Espagne, un Rioja "Vina Albina" de 2005... Et je me suis enfilé la bouteille! Une belle cuite tout en douceur pour savourer ce CO... et après direct à Puigcerda histoire de me finir à la tequila. Merci Paris Première d'entretenir mon alcoolisme
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 5 Juil 2014 - 7:10
lalou a écrit:
Avant-hier sur Paris Première.
C'est con mais putain ce que ça fait du bien de re-re-re-re-re-revoir ça!!
Et puis ensuite il y avait la pièce de théatre avec fred testo et Eddy Mitchell. Alors je suis resté devant ma téloche avec un bon vin d'Espagne, un Rioja "Vina Albina" de 2005... Et je me suis enfilé la bouteille! Une belle cuite tout en douceur pour savourer ce CO... et après direct à Puigcerda histoire de me finir à la tequila. Merci Paris Première d'entretenir mon alcoolisme
Punaise, toujours pas vu, celui-là...
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 6 Juil 2014 - 18:21
La Rivière de nos amours (The Indian Fighter) - André De Toth (1955).
5 raisons de revoir ou de découvrir ce CO ( trop méconnu, je pense )
1 - parce que c'est un western ( pro indien ) d'une beauté rare et étonnante "Je donnerais tous les Ford et tous les Walsh de la période 1940-1955 pour la seule RIVIÈRE DE NOS AMOURS, l'un des plus beaux poèmes panthéistes que le western nous ait donnés, où la nature fondait en un seul élément Indiens, cow-boys, arbres et rivières. Et puis, pour la seule présence divine d'Elsa Martinelli, pour cette splendide scène d'amour dans la rivière, pleine d'érotisme sylvestre... " Patrick Bureau (in "Le Western", Tel/Gallimard)
2- parce que le scénario, concis mais riche, de l'immense Ben Hecht est d'un limpidité exemplaire et fourmille d'idées géniales
3 - parce que le casting est classe : Avec Kirk Douglas , Elsa Martinelli ( ) , Walter Matthau, Lon Chaney jr...
4 - parce que le film est riche en séquences inoubliables : Elsa Martinelli se baignant nue dans la rivière en ouverture du film; la scène d'étreinte entre Douglas et Elsa Martinelli dans cette même rivière, d'une sensualité étonnante pour l'époque; la magnifique attaque du Fort dans la poussière, la fumée et le feu; la longue séquence de troc entre les pionniers et les indiens à la nuit tombée...
5 - parce que c'est peut-être le CO d'andré De Toth, le plus ( injustement ) méconnu des 5 grands borgnes du cinéma hollywoodien
Johnny Hawks (Kirk Douglas) au jeune photographe : "Tu vas peut-être trouver que ce que je dis est idiot mais l'Ouest est pour moi comme une belle femme. Ma femme. Alors je l’aime telle quelle, je suis jaloux et ne veux pas la partager. Je détesterais qu'on la civilise."
Dernière édition par Goupi Tonkin le Lun 7 Juil 2014 - 9:53, édité 2 fois
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 6 Juil 2014 - 18:29
Et ben si avec ça, on est pas convaincus !
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 6 Juil 2014 - 19:09
Nulladies a écrit:
Et ben si avec ça, on est pas convaincus !
Biberonné au western du dimanche après-midi, je pars à la recherche de ces belles scènes probablement enfouies au fin fond de mon calumet ! 'ci Goupi !
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 11 Juil 2014 - 20:26
Des fantômes et des ruines, des paysages désolés foudroyés par le soleil du Vieux Sud. Un ange sacrifié, gracieux et touchant (Meg Ryan. Dieu qu'elle était jolie en 1993 ! ) et un homme simple ( Dennis Quaid ) qui tente d'échapper à l'emprise maléfique d'un père terrifiant ( James Caan, salopard magnifique )... C'est Sophocle au Texas. C'est Euripide chez Jim Thompson. Et c'est un beau film, poignant et douloureux, un peu oublié aujourd'hui. On se demande bien pourquoi...
ps: De Steven Kloves, j'aime aussi beaucoup son premier film : Susie et les Baker Boys.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 11 Juil 2014 - 20:32
Goupi Tonkin a écrit:
Des fantômes et des ruines, des paysages désolés foudroyés par le soleil du Vieux Sud. Un ange sacrifié, gracieux et touchant (Meg Ryan. Dieu qu'elle était jolie en 1993 ! ) et un homme simple ( Dennis Quaid ) qui tente d'échapper à l'emprise maléfique d'un père terrifiant ( James Caan, salopard magnifique )... C'est Sophocle au Texas. C'est Euripide chez Jim Thompson. Et c'est un beau film, poignant et douloureux, un peu oublié aujourd'hui. On se demande bien pourquoi...
ps: De Steven Kloves, j'aime aussi beaucoup son premier film : Susie et les Baker Boys.
Vu ni l'un, ni l'autre.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 11 Juil 2014 - 21:17
Idem... mais ne serait-ce que pour voir le couple magique de L'aventure intérieure sous un autre jour, je note !
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 12 Juil 2014 - 8:21
Danse avec les coups
Le bâtiment se dresse, décati et trop vieux La flicaille s’engouffre en son sein trop paisible Aux entrailles obscures, coursives invisibles Effrayante et hostile unité de lieu.
Les guetteurs sont discrets, le quartier trop désert Et dans la cage d’ombre s’allume un voyant rouge Convocation sanglante, alors que rien ne bouge Des voisins sur armés par le propriétaire
Avis d’intempérie sur les cloisons fragiles Dans un fracas martial, tsunami de métal, Les balles trouent les portes en dentelle fatale Vous clouent à la fenêtre grâce aux snipers agiles.
A ce vacarme sourd, surgissant des décombres, L’armée des lames nues vient finit le travail On transperce les murs, fouille et désentripaille Les charniers entassés gémissante pénombre.
Les rares survivants affrontent encore la foule Intarissable flot de candidats-suicides Que notre vaillant flic, fatal insecticide Eradique à la main, aux pieds ou coups de boule.
Fort urbain et intègre, voici notre héros Contre la corruption, d’une endurance rare Dont le frère ennemi sera l’unique tare Et qui pense à sa femme sur des airs de piano.
Face à lui le badass, suprême et raffiné Orfèvre et artisan, fidèle à ses principes Assassine à la main prend les cous et les fripe Et dans son œil brillant, luit le plaisir inné.
Dans ce ballet cruel, plus c’est long plus c’est bon Et le final sera celui du triolisme Portant à son acmé le violent formalisme Jusqu’à l’égorgement à l’aide d’un néon.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 12 Juil 2014 - 9:05
Un bon petit divertissement bourrin, filmé avec un certain talent. Ça m'avait un peu rappelé le huis-clos en immeuble du Breaking News de Johnnie To, moins jusqu'auboutiste puisqu'on suit également les équipes TV au dehors dont le rôle est prépondérant dans l'histoire, mais aussi moins bourrin (bien que ça fusille pas mal mais bon Johnnie To reste plus proche de Michael Mann que de Jean-Claude van Damme) et d'un tout autre niveau.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 13 Juil 2014 - 7:34
RabbitIYH a écrit:
Un bon petit divertissement bourrin, filmé avec un certain talent. Ça m'avait un peu rappelé le huis-clos en immeuble du Breaking News de Johnnie To, moins jusqu'auboutiste puisqu'on suit également les équipes TV au dehors dont le rôle est prépondérant dans l'histoire, mais aussi moins bourrin (bien que ça fusille pas mal mais bon Johnnie To reste plus proche de Michael Mann que de Jean-Claude van Damme) et d'un tout autre niveau.
Tiens, ma réponse d'hier n'est pas passée... J'ai vu le To, qui effectivement explore le sujet dans un autre registre. Il ne m'a pas emballé outre mesure, cela dit. De lui, je retiens surtout The Mission, qui m'avait beaucoup impressionné à l'époque. Après, j'ai arrêté de le suivre, pas forcément volontairement d'ailleurs, mais il produit beaucoup et c'est pas évident de faire le tri.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 13 Juil 2014 - 7:34
On suppure dans la ville
Dans un champ verdoyant, sur un vaste plan d’eau La nature s’invite, comme un paisible havre Silencieuse et docile, accueillant les cadavres Elle ouvre ses chemins sur de larges tombeaux.
Gareth a les mains libres et nous le fait savoir Mais avant de lâcher la meute dans la ville Il infiltre son flic dans en des lieux plus hostiles Chiottes et prisons rancies où on lui en fait voir.
Sus aux flingues et aux balles, place à la danse noire Marteau à pied de biche, batte et balle fatale, Manches à balais, bouteilles, tables et fûts en rafale Sont des poings nus sanglants les uniques accessoires
Dans les arcanes sourdes et confinées du crime Les cadrages superbes du meurtre sont la clause : Lents zooms et travellings vers les portes trop closes D’où surgissent les traitres, qui à vous tuer triment.
Mais quand elle est lâchée, la caméra s’affole Pénètre les voitures, ou racle le bitume Se renverse avec l’homme au corps criblé qui fume Et s’enivre avec nous hors des obscures geôles.
Frénétiques et jouissifs, les combats de propagent Dans les intérieurs crades d’ateliers du porno Les nigths clubs ou la route, la rame de métro : La ville est sous le joug d’un vil aéropage.
Décapé du mélo et de ses ornements La famille délaissée, n’a droit qu’au téléphone Notre héros par les coups et la violence aphone Terrassera les siens jusqu’à l’épuisement.
Infini, sans pitié, tourne l’odieux manège Les gorges sont tranchées, les corps meurtris explosent Et le sang éclatant, vermeille apothéose Noircit le velours rouge, la glèbe ou bien la neige.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 13 Juil 2014 - 13:06
J'étais pas au courant pour cette suite. Aussi bien alors ? Il semblerait que les échos soient plutôt bons.
Nulladies a écrit:
Tiens, ma réponse d'hier n'est pas passée... J'ai vu le To, qui effectivement explore le sujet dans un autre registre. Il ne m'a pas emballé outre mesure, cela dit. De lui, je retiens surtout The Mission, qui m'avait beaucoup impressionné à l'époque. Après, j'ai arrêté de le suivre, pas forcément volontairement d'ailleurs, mais il produit beaucoup et c'est pas évident de faire le tri.
Dommage, The Mission est un très beau film, peut-être le plus épuré mais loin d'être son meilleur à mon sens. Breaking News et Running Out of Time sont presque aussi bons et devant je mettrais au moins l'incontesté CO Election 2 (voire le premier), Fulltime Killer (mon préféré, très sous-estimé à mon sens mais les ficelles de scénario façon Besson ont un peu éclipsé le brillant de la mise en scène et la profondeur émotionnelle du film), Exilé (dont The Mission était pour moi le classieux brouillon) et même Vengeance (avec un Johnny Hallyday étonnamment très convaincant). Et mentions à PTU, Drug War (dans une approche plus naturaliste du polar, un peu comme Election mais vu du côté d'un groupe d'intervention de la police), Sparrow (au contraire plus léger à la frontière de la comédie mais d'une grande poésie visuelle), Mad Detective (là aussi le cul entre deux chaises mais assez virtuose dans l'art du contrepied) et Triangle dont les parties signées Tsui Hark et Ringo Lam sont également très réussies. Et pas vu le fameux La vie sans principe, drame social dont ma femme dit le plus grand bien.
Bref le talent de Johnnie To va beaucoup plus loin que cette maîtrise de l'action immobile à la Kurosawa qu'on a tant vantée à la sortie de The Mission, film encore trop sous influences, d'ailleurs aujourd'hui c'est lui qui fait des émules (cf. l'excellent Filatures qui exploite joliment ces croisées de destins filmées comme des ballets urbains).
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 14 Juil 2014 - 6:49
RabbitIYH a écrit:
J'étais pas au courant pour cette suite. Aussi bien alors ? Il semblerait que les échos soient plutôt bons.
Nulladies a écrit:
Tiens, ma réponse d'hier n'est pas passée... J'ai vu le To, qui effectivement explore le sujet dans un autre registre. Il ne m'a pas emballé outre mesure, cela dit. De lui, je retiens surtout The Mission, qui m'avait beaucoup impressionné à l'époque. Après, j'ai arrêté de le suivre, pas forcément volontairement d'ailleurs, mais il produit beaucoup et c'est pas évident de faire le tri.
Dommage, The Mission est un très beau film, peut-être le plus épuré mais loin d'être son meilleur à mon sens. Breaking News et Running Out of Time sont presque aussi bons et devant je mettrais au moins l'incontesté CO Election 2 (voire le premier), Fulltime Killer (mon préféré, très sous-estimé à mon sens mais les ficelles de scénario façon Besson ont un peu éclipsé le brillant de la mise en scène et la profondeur émotionnelle du film), Exilé (dont The Mission était pour moi le classieux brouillon) et même Vengeance (avec un Johnny Hallyday étonnamment très convaincant). Et mentions à PTU, Drug War (dans une approche plus naturaliste du polar, un peu comme Election mais vu du côté d'un groupe d'intervention de la police), Sparrow (au contraire plus léger à la frontière de la comédie mais d'une grande poésie visuelle), Mad Detective (là aussi le cul entre deux chaises mais assez virtuose dans l'art du contrepied) et Triangle dont les parties signées Tsui Hark et Ringo Lam sont également très réussies. Et pas vu le fameux La vie sans principe, drame social dont ma femme dit le plus grand bien.
Bref le talent de Johnnie To va beaucoup plus loin que cette maîtrise de l'action immobile à la Kurosawa qu'on a tant vantée à la sortie de The Mission, film encore trop sous influences, d'ailleurs aujourd'hui c'est lui qui fait des émules (cf. l'excellent Filatures qui exploite joliment ces croisées de destins filmées comme des ballets urbains).
Je me garde ta sélection sous le coude.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 14 Juil 2014 - 6:49
Archipels
L’amour, répété dans le titre, est en soi un sujet qui n’a jamais cessé d’irriguer la fiction : parce qu’il en est l’origine, et parce qu’il s’écrit par des phrases que nous nous acharnons à ne pas comprendre. Cette complexité d’un langage qui nous charme autant qu’il nous déconcerte a nourri dans un premier temps la parade du mythe : puisque nous sentons à quel point l’amour peut combler, définissons son idéal à travers les textes fondateurs qui, à chaque fois, se briseront sur les contraintes du réel : Tristan & Yseult, Roméo et Juliette, pour ne parler que d’eux. Mais lorsqu’on décide d’appréhender la complexité inhérente à l’amour et son influence structurante sur notre histoire intime, la science-fiction est en réalité le recours le plus légitime. Tenter de maitriser, un temps durant, l’extraordinaire écheveau de notre mémoire et la mystérieuse influence de la grammaire amoureuse. On l’a vu dans La Jetée, Solaris, dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, voire dans Her. Chaque fois, l’effet est le même : on aura approché d’un peu plus près, sans y accéder, ce qui fait notre grandeur, et ce qui fait de nous des ignorants. Avec euphorie et mélancolie. Le film de Resnais est une réflexion sur la mémoire associée au principe esthétique du montage. L’argument permettant le voyage dans le temps occasionne un kaléidoscope de visions qui commence par déconcerter, et finit par tisser une toile complexe au sein de laquelle sourd la vérité profonde d’un être. L’accès à la mémoire dans sa totalité révèle un élément fondamental : nous n’oublions pas, nous trions. Nous n’effaçons pas, nous rangeons. L’alternance très fine de souvenirs heureux, amniotiques comme celui de ce bain originel, avec les révélations progressives d’un drame et de la présence de la mort conduit le fil d’images dont la succession gagne progressivement en cohérence. Film a priori froid et distant, parce qu’il recourt à la machine (un cocon organique qui n’est pas sans rappeler les décors du Stalker de Tarkovski) Je t’aime, je t’aime craque le vernis de l’expérience scientifique pour devenir une expérience sensitive. Claude Rich, très convaincant, donne à voir sa neurasthénie, les différentes poses de son existence qui se déroule comme un jeu de rôle dont lui-même n’est désormais plus dupe. Dans cet archipel d’images fondé sur la récurrence et la révélation inédite, l’émotion est toujours maintenue à distance, et paradoxalement vivace : la dissection de notre part de mystère a ceci de bouleversant qu’elle met à plat nos contradictions : le savoir rend lucide notre impuissance face à nous-même.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 16 Juil 2014 - 7:35
Des sourires et des hommes
Alors qu’elle nettoie les carreaux, la servante manque de tomber : son équilibre instable fait soudain douter de son rapport à la gravité, et on l’assiste à une ébauche d’envol. Cette touche pastel de poésie est l’une des centaines qui constellent le récit, et symbolise bien son parti pris : rivé au réel, composant avec lui, il ne cesse de le prendre comme un élan vers la fantaisie et les cimes du raffinement. Film de propagande au profit des bons de l’Etat, donnant à voir une réalité sociale plutôt difficile, La jeune fille au carton à chapeau transforme tout ce qu’il touche en comédie dorée. Tandis que la morne bourgeoisie de consume pour gagner davantage, le peuple prend le seul parti possible pour continuer à garder le sourire : l’inventivité. Fondé sur plusieurs motifs récurrents, les gags abondent : tandis qu’elle fait de son carton à chapeau son accessoire fétiche, et de son visage le point névralgique de la convoitise de tous les hommes, c’est par les bottes que son futur compagnon se distingue. Que dire de leur rencontre dans le train, elle qui se trouve nez à nez avec ses pieds ? Et comment ne pas rire des fausses pistes lorsqu’on pense que deux paires de jambes se mêlent au petit matin ? A cela s’ajoutent des glissades sur la neige, des combats avec les mauvaises personnes, des poursuites en voiture et des visages rayonnants.
Il n’y a pas à dire : nul autre que le cinéma muet n’a su à ce point magnifier les sourires : ceux des comédiens, et le nôtre.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 17 Juil 2014 - 7:40
Les raisins de la misère
On est souvent étonné de voir la fougue que contiennent les films des années 30, dans cet âge d’or entre l’avènement du parlant et avant l’arrivée du code Hays : qu’on considère les Lubitsch de cette période, ou ce drame social de Wellman, la vigueur, l’énergie et la spontanéité des comédiens sont autant d’éléments qui séduisent. Sur un sujet bien moins léger que les comédies de Lubtisch, Wellman traite donc de la crise et de son impact par les enfants jetés sur les routes en quête de travail. Le film commence comme un récit individuel, dans le home sweet home américain bientôt gangréné par le chômage. A partir du moment ou Edward décide de prendre la route pour gagner les villes, illusoire promesse d’embauche, il devient un individu qui se fond dans une masse de plus en plus importante : sur les trains, dans les gares, dans les égouts transformés en bidonvilles, toute une population se presse autour de lui pour dépeindre le tableau d’une Amérique ravagée. Pourtant, l’ère de l’insouciance du départ, mettant en scène une jeunesse enthousiaste, contenant déjà les indices du drame social à venir : l’impossibilité d’entrer au bal faute de moyen, le vol de l’essence dans la voiture en témoigne : l’inertie de la crise gagne du terrain. De la même façon, la vente de la voiture qui finira en pièce détachée annonce un cran supplémentaire dans la violence qui sera faite au corps par la scène de l’amputation. Le climat social est ainsi violent par le manque, et la nécessité, mais aussi dans ses figures d’autorité : dénoncés, chassés, délogés, les enfants sont les proscrits d’une société qui ne sait plus qu’en faire. Face à eux, la révolte s’organise, et l’on ne reverra pas de sitôt un tel appel à l’émeute ou au discrédit sur les adultes, violeurs, violents ou au mieux insensibles. Embarquée sur le train des clandestins, la caméra restitue avec finesse le mouvement des masses et les impasses vers lesquelles elles se dirigent sans cesse. Malgré un appel à la concorde et un message résolument optimiste dans son final, le film aura eu le mérite de mettre des visages sur ces destinées, et celui d’Edward (qui ressemble étonnement à celui de Léaud dans Les 400 coups) restera gravé comme un des modèles de cette sombre période.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....