Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi
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Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi

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Nulladies
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyJeu 17 Juil 2014 - 7:40

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 Image-132701-205-0-90

Les raisins de la misère

On est souvent étonné de voir la fougue que contiennent les films des années 30, dans cet âge d’or entre l’avènement du parlant et avant l’arrivée du code Hays : qu’on considère les Lubitsch de cette période, ou ce drame social de Wellman, la vigueur, l’énergie et la spontanéité des comédiens sont autant d’éléments qui séduisent.
Sur un sujet bien moins léger que les comédies de Lubtisch, Wellman traite donc de la crise et de son impact par les enfants jetés sur les routes en quête de travail.
Le film commence comme un récit individuel, dans le home sweet home américain bientôt gangréné par le chômage. A partir du moment ou Edward décide de prendre la route pour gagner les villes, illusoire promesse d’embauche, il devient un individu qui se fond dans une masse de plus en plus importante : sur les trains, dans les gares, dans les égouts transformés en bidonvilles, toute une population se presse autour de lui pour dépeindre le tableau d’une Amérique ravagée.
Pourtant, l’ère de l’insouciance du départ, mettant en scène une jeunesse enthousiaste, contenant déjà les indices du drame social à venir : l’impossibilité d’entrer au bal faute de moyen, le vol de l’essence dans la voiture en témoigne : l’inertie de la crise gagne du terrain. De la même façon, la vente de la voiture qui finira en pièce détachée annonce un cran supplémentaire dans la violence qui sera faite au corps par la scène de l’amputation.
Le climat social est ainsi violent par le manque, et la nécessité, mais aussi dans ses figures d’autorité : dénoncés, chassés, délogés, les enfants sont les proscrits d’une société qui ne sait plus qu’en faire. Face à eux, la révolte s’organise, et l’on ne reverra pas de sitôt un tel appel à l’émeute ou au discrédit sur les adultes, violeurs, violents ou au mieux insensibles.
Embarquée sur le train des clandestins, la caméra restitue avec finesse le mouvement des masses et les impasses vers lesquelles elles se dirigent sans cesse. Malgré un appel à la concorde et un message résolument optimiste dans son final, le film aura eu le mérite de mettre des visages sur ces destinées, et celui d’Edward (qui ressemble étonnement à celui de Léaud dans Les 400 coups) restera gravé comme un des modèles de cette sombre période.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyVen 18 Juil 2014 - 8:44

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 La_Divine

L’effacement

La Divine, c’est la mère, qui doit ici composer avec un autre rôle que la nécessité lui impose, celui de la prostituée.
Un tel sujet dans un film de 1934 impose un certain tact, qui génère une pudeur au service d’un pathos parfaitement maitrisé. Par petites touches, avec un sens de l’économie, Wu Yonggang retrace l’infamie de la prostitution : le ballet dans la rue, deux robes pendues au mur, un plan en plongée sur un couple en négociation et la démarche fatiguée dans un escalier au petit matin. Deux figures masculines entourent la protagoniste : le souteneur imposé, figure d’un système qui dévore et asservit, et le fils, sur lequel elle projette la rédemption qu’elle sait impossible pour elle. A l’extérieur, c’est une foule qui broie : parce qu’elle consomme, parce qu’elle opprime, qu’il s’agisse de la police ou des criminels. A l’intérieur, la construction modeste d’un foyer génère la tendresse : les repas, le bercement au gré du balancier de l’horloge et l’espoir en des lendemains meilleurs.
[Spoils]
Cette dynamique du récit fonde la perspective d’une tragédie sociale. La troisième figure masculine, celle du directeur de l’école, va permettre un temps d’imaginer l’insertion possible. C’est sans compter sur l’équilibre des forces antagonistes et la triste lucidité porté sur l’humanité. Car à ce rédempteur répond la nouvelle force collective, non plus de la rue, mais des mères de l’école qui font tout pour faire porter au fils les souillures de la mère.
Digne et combative, mère courage prend la mesure des enjeux : ce n’est que par l’effacement qu’elle pourra garantir la libération de son fils. Fuite, meurtre, renoncement : tel est la voie à suivre, et le constat terrible sur le système qui broie les individus.
Film pessimiste, pudique et digne, La Divine fait souvent penser au Journal d’une fille perdue, et son interprète nous renvoie au charme de Louise Brooks face à la violence du monde extérieur. Il parvient, dans un océan de noirceur, à faire briller un regard et porter à bout de bras l’espoir de jours meilleurs pour quelques hommes d’honneur.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptySam 19 Juil 2014 - 7:10

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 Affiche-Passeport-pour-Pimlico-Passport-to-Pimlico-1949-1

Affable fable.

Passeport pour Pimlico a tout de la fable : à la suite d’une explosion d’une bombe encore active peu après la guerre, un quartier de Londres se découvre une autonomie qui le rattache à un duc de Bourgogne. S’en suit la construction d’une micro nation, et les aléas qui vont de pair. Sur un ton bon enfant, on joue sur les avantages (abolition des rationnements, du couvre-feu, des interdictions diverses) et des inconvénients (les absurdités administratives) qui en découlent. Satire mignonne du pouvoir, de l’impossible conciliation entre les intérêts personnels et la vie collective, le film soulève le dilemme principal entre la loi et le commerce : libres, les « bourguignons » le sont de faire du commerce, mais aussi destitués de l’ordre britannique et de sa police.
Le conte politique est plaisant, certaines situations assez comiques, et l’on se plait à dynamiter les possibles emphases dans la romance ou le discours politiques par un grotesque discret qui rappelle sans cesse qu’on se situe dans l’apologue.
Rythmé, british jusqu’au bout des ongles, le film offre aussi son jeu sur les différentes nations par l’arrivée du descendant bourguignon, garant d’une french touch toute en fraicheur.
Ce qui frappe cependant le plus est la visée quasi prophétique du film. Avec un mobile certes différent, et des enjeux bien moins dramatiques, il n’est pas moins annonciateur de la situation de Berlin 12 ans plus tard : les barbelés, le blocus, le pont aérien (avec des cochons qu’on parachute)… On est surpris de voir déjà employées des expressions comme « cold war » ou « iron curtain », qui ont tôt fait de recontextualiser la fable comme un miroir certes divertissant, mais néanmoins fidèle à l’histoire en cours… et à venir.
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Goupi Tonkin
la séquence du spectateur
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptySam 19 Juil 2014 - 9:22

Pas vu, mais ça a l'air assez tentant. J'aime bien le duo très british Basil Radford - Naunton Wayne ( Charters et Caldicott dans le délicieux Une femme disparaît )


petit montage très amusant...
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyDim 20 Juil 2014 - 8:26

Goupi Tonkin a écrit:
Pas vu, mais ça a l'air assez tentant. J'aime bien le duo très british Basil Radford - Naunton Wayne         ( Charters et Caldicott dans le délicieux Une femme disparaît )  


petit montage très amusant...

 cheers cheers 
J'adore ce film !
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyDim 20 Juil 2014 - 8:26

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 0137p1

Phallus impuissant

Le destin d’Archibald nourrit dès les premières séquences ce qui semble être une comédie noire. La séquence enfantine marie ainsi avec fougue érotisme et meurtre, pulsions antagonistes et complémentaires sur le ton d’un humour assez sophistiqué.
Le récit qui s’en suit jouera toujours sur cette ambivalence : comique et apparemment désinvolte, il permet un regard acide sur la société mexicaine en déployant ses figures féminines : la none, la candidate au mariage social, la bourgeoise dépensière et infidèle… Face à elles, Archibald désire : la succession de séductions et de plans censés le mener au meurtre illustre avec joyeuseté la mécanique du désir : intense, violent, plus puissant que la raison, et le plus souvent soldé par la frustration. Car Archibald est aussi impuissant face à l’acte d’amour qu’au meurtre fantasmé, et le plaisir réel est surtout du côté du spectateur qui assiste aux improbables évolutions d’un scénario retors : celui-ci sauve pour mieux condamner, et les cadavres s’accumulent dans un joyeux jeu de massacre.
On retrouve au gré des conquêtes les obsessions du cinéaste et l’approche surréaliste qui le caractérise : érotisme, et surtout fétichisme, à travers le primat accordé aux objets : la boite à musique, le verre de lait (en référence à Soupçons ?) le mannequin aussi, occasionnant un jeu trouble entre l’original et son modèle de cire qui verra naitre la seule femme digne d’être sauvée… et de sauver le protagoniste sur la voie de la rédemption.
Moins innocent qu’il n’y parait, « La vie criminelle d’Archibald de la Cruz » déroule les affres du désir mêlés aux prétentions sociales d’êtres se croyant civilisés, sous le regard amusé d’un chef d’orchestre plein de malice.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyDim 20 Juil 2014 - 10:55

Mon préféré de sa filmo des années 50.  cheers  C'est aussi un grand film sur l'immaturité, le personnage ne sait pas faire la différence entre fantasme et réalité et du coup la subjectivité épouse cette absence de frontière. La fin avec l'insecte est géniale aussi, symbole de cette confrontation à la réalité qui finit par l'emporter mais aussi mise en abîme des tendances entomologistes de Buñuel qui ne résout pas à condamner ces êtres insignifiants et mesquins qu'il observe.

Nulladies a écrit:

érotisme, et surtout fétichisme

Du coup tu as vu El aussi ? Parce qu'en terme de fétichisme il se pose là.

Nulladies a écrit:

le verre de lait (en référence à Soupçons ?)

Sûrement, c'est son film le plus hitchcockien, quelque part (névroses, peur des femmes, impuissance sexuelle enrobées de pulsions criminelles).
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyDim 20 Juil 2014 - 11:11

Bunuel, je suis une quiche, j'ai quasimment rien vu. J'ai un mini cycle en prévision : Los Olvidados, Viridiana, Cet obscur objet, et Belle de jour.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyDim 20 Juil 2014 - 14:21

Beaucoup de chefs-d’œuvre chez Buñuel comme chez Wilder, dans un cas comme dans l'autre c'est pas facile d'en garder que 5. Personnellement j'aurais zappé Los Olvidados, beau film mais très Rossellinien, c'est pas vraiment ce qui me parle chez lui. S'il fallait vraiment en retenir 5 je dirais :

1. Cet obscur objet du désir
2. L'ange exterminateur
3. Le fantôme de la liberté
4. La vie criminelle d'Archibald de la Cruz
5. Belle de jour

... et pas loin :

6. Le charme discret de la bourgeoisie
7. Èl
8. Tristana
9. Nazarin
10. Viridiana
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyLun 21 Juil 2014 - 20:44

RabbitIYH a écrit:
Beaucoup de chefs-d’œuvre chez Buñuel comme chez Wilder, dans un cas comme dans l'autre c'est pas facile d'en garder que 5. Personnellement j'aurais zappé Los Olvidados, beau film mais très Rossellinien, c'est pas vraiment ce qui me parle chez lui. S'il fallait vraiment en retenir 5 je dirais :

1. Cet obscur objet du désir
2. L'ange exterminateur
3. Le fantôme de la liberté
4. La vie criminelle d'Archibald de la Cruz
5. Belle de jour

... et pas loin :

6. Le charme discret de la bourgeoisie
7. Èl
8. Tristana
9. Nazarin
10. Viridiana

Merci des suggestions.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyLun 21 Juil 2014 - 20:48

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 478366426579f

Le bétail du rail

A l’occasion d’un voyage en train couchette, une micro société se cristallise pour une nuit. Le prêtre, la nymphomane infidèle, et le couple de protagonistes, forcé de cohabiter dans la même cabine. Ce qui semblait le prétexte à un pur échange de screwball est toutefois passé par le tamis d’une ambiance plus nouvelle vague : jazzy, un peu désenchanté, chacun porte ses souvenirs et ses remords que la fuite sur les rails ne parvient pas à occulter. L’ancien amant surgit par la fenêtre, le crime qu’on croyait réservé à une page du journal investit aussi les lieux.
Kawalerowicz fait montre d’un vrai talent pour filmer la promiscuité : les travellings arrière dans les couloirs bondés, le troublant érotisme du confinement de la cabine fonctionnent bien. Le semblant de polar qui s’invite tente de dynamiser un peu l’ensemble, qui reconnaissons le manque un peu de rythme, et la belle séquence où l’on quitte le train arrêté en pleine campagne pour lyncher le coupable a de belles colorations cathartiques.
Un film intéressant, portrait d’une société en troupeau, partagée entre son désir d’aller de l’avant ( le motif du train, et la thématique de la libération sexuelle) et ses racines, incarnés par l’Eglise, mais aussi les souvenirs de Buchenwald ou la stabilité conjugale qui attend au terminus. Celle-ci vient autant réconcilier le protagoniste avec son réel que dynamiter le potentiel romanesque du voyage, et c’est cet entre-deux qui fait le charme de ce film.

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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyMar 22 Juil 2014 - 6:57

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 Z

La mort, un sot métier ?

Après le Bunuel, un autre film hispanophone s’inscrivant dans le registre de l’humour noir.
Ici, la vision est bien plus pragmatique : celle de l’absorbtion de la mort par l’appareil social. Soit un croque mort qui épouserait la fille d’un bourreau et se verrait obligé de reprendre le flambeau du beau-père pour s’assurer de garder l’appartement que l’état lui octroie. Tout, dans cette comédie satirique, est ficelé avec malice : amour, sexualité, consommation, religion et mort sont inextricablement liés, et se doivent d’être considérés comme équivalents. Chaque métier, y compris celui du frère, tailleur pour l’armée et l’Eglise, est l’éclairage d’un des piliers du système.
C’est là l’intelligence et l’insolence du film, durant lequel on va donc faire sa demande en mariage au père avec le pantalon qui tombe pour avoir lutiné la fille, où l’on va exécuter un condamné pour pérenniser son confort de locataire…
A travers des scènes cocasses comme le témoignage du bourreau sur son métier, ou le mariage de seconde classe à l’église au cours duquel on plie le décor, Berangal se moque avec une férocité amusée de la société des trente glorieuses. Encore ancrée dans une tradition catholique puissante, elle s’initie progressivement au cynisme capitaliste, et le démontre par le biais d’un réquisitoire biaisé sur la peine de mort n’est pas la moindre des qualités du film.
Souvent drôle, il ne nous épargne cependant pas quelques lourdeurs, notamment dans son quart final où les hésitations et revirements du bourreau néophyte fatiguent un peu par leur aspect répétitif.
S’il perd un peu en efficacité sur la longueur, le film n’est est pas moins fortement recommandable, par sa causticité et sa galerie de personnages aussi attachants que portraiturés au vitriol.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyMer 23 Juil 2014 - 8:08

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 2Q==

Shine a light

Les scènes d’été qui ouvrent Adalen 31 pourraient s’avérer innocentes si un carton ne nous avait d’emblée annoncé le sujet, et l’issue du récit : celle d’une grève tournant au bain de sang. Car les séquences initiales abordent un pan original de la grève : celui de l’oisiveté.
Dans cette ville suédoise, les enfants bricolent des avions et sautent dans la paille, leurs ainés bricolent des instruments avec des balais, et l’on oublie en communauté les angoisses du contexte. Par touches délicates, la nécessité affleure cependant : on s’inquiète du prix que couteront les soins de l’enfant qui se casse la jambe, et la mère déclare « On n’a pas les moyens » à son mari qui veut lui faire l’amour.
Progressivement, et grâce au montage parallèle, les deux mondes se mettent en place : celui des ouvriers, celui des patrons. De chaque côté, les tensions s’exacerbent dans des débats tendus : continuer ou non, au risque de mourir de faim, et trouver la parade pour relancer les usines du côté des décideurs.
Entre eux, la jeunesse fuit, et ménage des passerelles : celle d’un érotisme initiatique et maladroit dans l’exploration des zones érogènes ou de l’hypnose ; celle de l’amour qui transcenderait les classes sociales, et expérimente dans un même temps les retombées sociales par la grossesse et l’avortement.
En prenant son temps, Bo Widerberg individualise des personnages qu’il nous rend profondément attachants, nimbant ses portraits d’une photographie dorée qui s’inscrit très clairement sous le patronage de Pierre Auguste Renoir, cité explicitement dans le film.
Le drame à venir sera à l’aune de cette délicatesse : abrupt, sans surcharge de pathos, sans recours à la musique, avec toutes les maladresses inhérentes à l’effet de réel. Widerberg ne tombe pas dans le panneau du lyrisme pompier des reconstitutions historiques à charge à la manière d’un Berri dans Germinal, par exemple.
[Spoils]
Tout le film s’inscrit sous le patronage de la lumière. Elle qui irisait le temps de l’innocence saura nourrir la contestation de sa fragile poésie, par le jeu des miroirs éblouissant les soldats.
C’est aussi celle de la jeunesse au secours du gouffre de la mélancolie : le fils reprend le flambeau : « Nous n’avons pas les moyens de faire un tel deuil », dit-il à la mère. Et de s’emparer de la chemise ensanglantée du père pour nettoyer les carreaux avec elle : la lumière entre à nouveau dans le foyer, et fait naitre un semblant de sourire, tandis qu’à l’extérieur, des bulles de savons viennent colorer l’air chaud.
D’une infinie tendresse pour ses personnages, pictural et délicat, Adalen 31 réussit sur tous les tableaux et parvient à nourrir sa dénonciation d’un sens esthétique particulièrement touchant.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyJeu 24 Juil 2014 - 6:39

Le bourreau me tente bien, merci !
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyJeu 24 Juil 2014 - 7:18

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 1331160786_7

Le soleil noir de la téléphonie

Le court métrage est visible ici :



Ce court métrage commence comme un film de Tati : la pose insolite d’une cabine téléphonique sur une place surprend déjà par sa plastique : rouge éclatant, magnifié par des cadrages qui prolongent les tours en arrière-plan.
Vient ensuite le temps du gag, simplissime et épuré, qui semble puiser dans le film muet son parti pris : un homme ne peut plus sortir de cette cabine après avoir constaté que le téléphone ne marchait pas. La première partie du film (qui dure 35 minutes) compose sur cette partition unique : tenter de sortir, avec l’aide de l’extérieur que grossit un public de plus en plus nombreux et amusé.
[Spoils] Endormir le spectateur par un numéro de cirque : tel semble avoir été la stratégie du réalisateur. Soudain renouvelé, le récit prend un second souffle à partir du moment où la cabine est embarquée sur un camion. Les décors se succèdent, l’angoisse devient palpable et l’unité de lieu cède à une ville tentaculaire où les motifs de la cabine (les bus, les voitures, puis un cercueil) se multiplient, puis une nature de plus en plus inquiétante.
Le crescendo est absolument remarquable,  et le passage d’un absurde ludique à une effroyable machine dénuée de sens fonctionne à merveille. La descente dans les entrailles de la terre, univers industriel et concentrationnaire, colore d’une intention qui ne sera jamais tout à fait explicitée un projet aussi monstrueux qu’il était amusant dans ses premiers instants.
Petite pépite sur la porosité entre l’humour et l’épouvante, La Cabina interroge les richesses ambiguës de l’insolite et la part anxiogène de la poésie lorsqu’elle contamine le réel.
Une très grande réussite.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyVen 25 Juil 2014 - 7:59

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 L_00021350

« Oui boss ! »

Ce documentaire qui donne la parole aux patrons dans une époque post 68 où il est plus de mise de mettre en lumière le versant des travailleurs peut surprendre par sa rigueur. Plans fixe, discours sans questions ni relance, alternés par des séquences en contrepoint sur les chaines d’usine.
Epuré, politique, pragmatique, le propos des dirigeants est ainsi donné sans apparent appareil critique. Plutôt à l’aise, didactiques, les interrogés expliquent que démocratie et monde du travail ne font pas forcément bon ménage, qu’on n’est pas employé pour être aimé, et que le bonheur n’est pas à chercher dans l’entreprise. On fustige ou tolère avec condescendance les syndicats, et surtout, on a « la faiblesse de penser » qu’on est les meilleurs et qu’on ne dirige pas pour rien un grand groupe comme le sien.
Le documentaire est aussi la prise de pouls d’une économie son tournant : on explique la mise en place des multinationales, l’interaction avec la finance et l’anonymat progressif du capital… en en vantant bien entendu toujours les mérites.
Pourtant, l’appel à l’esprit critique du spectateur est annoncé d’emblée : la très malicieuse ouverture du film voit les sujets s’interroger sur le titre prévu du film, et s’y opposer. Exercice intelligent où l’on voit les patrons rechigner à être qualifiés de « maitres », fustiger la référence au chien et délivrer une habile leçon de communication en proposant des titres de plus en plus ridicules que les réalisateurs s’amusent à écrire sur l’écran : « les conquérants du possibles », « Oui boss », « Les gagneurs »… Non seulement, ils conservent leur titre, affirmant ainsi leur indépendance, mais ils initient un débat fort instructif sur le sujet même du film : quels mots, quels concepts, quelle prudence, même, poser sur la notion de pouvoir ?
Le film nécessite une attention ardue et ne ménage pas son spectateur. Formellement, les petits aménagements (séquences muettes de travailleurs dans les usines, interviewés incrustés dans des téléviseurs contextualisés dans des intérieurs plus intimes ou sur des chaines de montage) sont assez dispensables, mais ne nuisent pas pour autant à l’intérêt réel du propos.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyVen 25 Juil 2014 - 8:08

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 020182

Canada dry

Remarques diverses en cours de visionnage.
Au vu de l’exposition foutraque et colorée, ça sent le petit film aussi laborieux que prétentieux. Ça va dans tous les sens, ça brasse des thèmes éculés au possible en se prétendant d’anticipation. La ville est envahie par la pub, la réalité virtuelle prédomine, impressionnant d’originalité.
L’avantage des films fauchés, c’est que le numérique coûte de moins en moins cher. On en fout partout et le décor se substitue à la narration.
Bon, force est de constater qu’elle est meugnone, la frenchie. Le réal a du profiter d’une promotion canapé pour la faire prolonger les séances à l’écran : le décolleté est de plus en plus échancré, et tiens, la voilà à poil dans le cosmos. En revanche, Waltz torse et crane nu, ça décape un peu la classe passée. L’uniforme nazi lui sied mieux, finalement.
C’est une brochette de guests, à se demander ce que foutent toutes ces stars dans cette galère. C’est sûr, un crâne de gland, une mâchoire de jument ou des cheveux blancs, ça claque dans le book, mais franchement, difficile de ne pas y voir des casseroles qui vont vieillir avant l’heure.
La question, c’est la position adoptée sur toute cette laideur : c’est cynique ou pas ? La plage, le sexe, le salmigondis numérico-pilosophique, c’est du foutage de gueule ?
Si oui, c’est raté.
Sinon, c’est pire.
Maintenant que j’y réfléchis, ça me dit quelque chose, tout cet ersatz d’univers. Ces écrans multiples, ce regard désenchanté sur une société déshumanisée, ce final onirique, ces détails qui chez le maitre avaient du sens et ici en sont totalement dénués, comme les rats qui considèrent l’appart comme un buffet à volonté, le nain, les caméras de surveillance sur le crucfix…
Bon sang, mais c’est bien sûr ! Ce tâcheron a pompé Terry Gilliam ! Voilà un gars qui savait faire des films, et dont la forme s’accordait au propos, ne sacrifiant pas la cohérence et le fond sur l’autel du baroque gratuit. M’enfin, c’était il y a longtemps, tout ça, avant le numérique, avant l’ère de la citation des faiseurs de pellicule.
Ce film est à Brazil ce qu’était Canada Dry à de l’alcool.
Mais sans bulles.
Bref, oublions vite, et attendons donc de voir si la gloire flétrie ici odieusement pompée avec les pieds retrouvera le chemin des plateaux avec Don Quichotte… Là, les disciples impuissants n’auront plus qu’à fermer leur gueule.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyVen 25 Juil 2014 - 22:28

Nulladies a écrit:
En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 L_00021350

« Oui boss ! »

Ce documentaire qui donne la parole aux patrons dans une époque post 68 où il est plus de mise de mettre en lumière le versant des travailleurs peut surprendre par sa rigueur. Plans fixe, discours sans questions ni relance, alternés par des séquences en contrepoint sur les chaines d’usine.
Epuré, politique, pragmatique, le propos des dirigeants est ainsi donné sans apparent appareil critique. Plutôt à l’aise, didactiques, les interrogés expliquent que démocratie et monde du travail ne font pas forcément bon ménage, qu’on n’est pas employé pour être aimé, et que le bonheur n’est pas à chercher dans l’entreprise. On fustige ou tolère avec condescendance les syndicats, et surtout, on a « la faiblesse de penser » qu’on est les meilleurs et qu’on ne dirige pas pour rien un grand groupe comme le sien.
Le documentaire est aussi la prise de pouls d’une économie son tournant : on explique la mise en place des multinationales, l’interaction avec la finance et l’anonymat progressif du capital… en en vantant bien entendu toujours les mérites.
Pourtant, l’appel à l’esprit critique du spectateur est annoncé d’emblée : la très malicieuse ouverture du film voit les sujets s’interroger sur le titre prévu du film, et s’y opposer. Exercice intelligent où l’on voit les patrons rechigner à être qualifiés de « maitres », fustiger la référence au chien et délivrer une habile leçon de communication en proposant des titres de plus en plus ridicules que les réalisateurs s’amusent à écrire sur l’écran : « les conquérants du possibles », « Oui boss », « Les gagneurs »…  Non seulement, ils conservent leur titre, affirmant ainsi leur indépendance, mais ils initient un débat fort instructif sur le sujet même du film : quels mots, quels concepts, quelle prudence, même, poser sur la notion de pouvoir ?
Le film nécessite une attention ardue et ne ménage pas son spectateur. Formellement, les petits aménagements (séquences muettes de travailleurs dans les usines, interviewés incrustés dans des téléviseurs contextualisés dans des intérieurs plus intimes ou sur des chaines de montage) sont assez dispensables, mais ne nuisent pas pour autant à l’intérêt réel du propos.

Intéressant, c'est sûrement pas ça qui me fera changer d'avis sur le patronat par contre. Laughing
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyDim 27 Juil 2014 - 8:16

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 Krysar_le_joueur_de_flute_d_hamelin

Rats Out of Hell

L’animation a ceci de riche qu’elle peut combiner les vastes étendues d’un imaginaire aux contraintes artisanales de la réalisation. C’est le cas pour tout un pan de ce cinéma, en stop motion, en pâte à modeler ou par le recours aux marionnettes. Celles-ci font toute la force de cette adaptation du joueur de flute de Hamelin, conte médiéval germanique déjà très sombre sur l’invasion, le génocide, l’ingratitude et la vengeance.
Les automates de bois, dans un décor obscur, animent donc une ville progressivement envahie par les rats. Dès le départ, la communion entre les « humains » (ou du moins ce qu’on assimile comme tels, tant leur visages et leurs gestes sont à la fois outrés, robotisés et rendus effrayants) et les rongeurs est faite : même bâfrerie, même sens de la dévoration et de la convoitise. Si le film n’est pas muet, ses rares dialogues sont néanmoins dans un yaourt qui ajoute encore à la déshumanisation des personnages. Toute la première partie consiste en un sens aigu du détail, souvent par le recours au zoom qui passe du décor à une lucarne et donne accès à un décor poreux, propice à l’invasion. Portes, fenêtres, fissures abondent, jusqu’aux galeries qui vont nous montrer la prolifération animale.
Le travail de deux ans est à la hauteur du résultat : profus, ciselé et inventif, à l’image de cette mécanique d’horlogerie qui ouvre le film.
L’arrivée du joueur de flute et son revirement contre l’ingratitude de ceux qui refusent de le payer achève de faire le portrait d’une humanité en pleine décadence. Non seulement, celle-ci continue à vivre dans l’excès, mais le double d’un viol collectif aviné qui fait froid dans le dos et justifie le « nettoyage » de la ville par le protagoniste. Sombre, désespéré et à ne pas mettre sous les yeux des plus petits, l’unique rédemption sera la capacité du magicien à fleurir et verdir un décor minéral dans lequel les rares survivants de cette Babylone iront trouver refuge. Une lueur d’espoir qui conjugue la morale avec l’animation, qui prend dès lors une couleur nouvelle.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyLun 28 Juil 2014 - 7:20

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 27427

Les charmes indicibles du WTF

Une nouvelle ville des années 60 qui se serait arrêtée en plein essor, et se limite à sa rue principale qui fait dès lors figure de décor de western. Autour, un terrain vague, et à côté, une forêt aux troncs trop parallèles pour inspirer une quelconque errance romantique.
Dans ce décor que ne renierait pas Tati, et où tout le monde s’observe par les grandes baies vitrées, on cherche à vivre, c’est-à-dire surtout à épancher ses désirs. Mais rien ne fonctionne, madame ne veut pas de son mari boucher priapique, ou monsieur est frigide car stérile face aux assauts de son épouse en manque de maternité.
Au cœur de cette grande mécanique détraquée, le facteur passe son temps à ouvrir les lettres et infléchit, le plus souvent pour le pire, le destin des habitants.
L’absurde qui s’accroit nous mène dès lors sur les terres du tandem Caro/Jeunet, avec un sens pour un comique teinté de grotesque. L’abstinente devient une sainte auquel toute rue voue un culte, un noir ramené en cage s’échappe et aveugle le garde chasse qui continuera pourtant son travail, un fusil à la main, les statues prennent vie et une vagabonde, sorte de nymphe des bois, vient initier au sexe un jeune garçon dont l’obsession première est de se déguiser en Lumumba.
Drôle et étrange, insolite et un peu dérangeant, Les Habitants conduit par à-coups sa petite communauté vers le pire, dans une esthétique proprette et inquiétante. La rue et le confort des 60’s sont une habile façade aux instincts primaires des hommes, qui revivent inlassablement les mêmes mythes, en mal de sexe, et de foi, de père et des autres.
Fable insolite assez branque, un film comme seul les hollandais savent en faire.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyLun 28 Juil 2014 - 7:25

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 9k=

La piste des néants

L’homme qui voulait savoir est un sympathique petit thriller hollandais qui fonctionne essentiellement sur le principe de la fausse piste.
Averti par une ambiance oppressante et un départ en vacances trop idéal pour fonctionner longtemps, le spectateur est sur ses gardes et entrevoit à plusieurs reprises, au fil du premier quart d’heure, les ressorts d’un drame qui n’advient pas.
Jouant sur la confusion d’étrangers – des Hollandais, donc – en voyage en France, le récit déroule une enquête qui ne fonctionne jamais tout à fait. Quand l’intrigue est lancée, les scènes en alternance nous donnant accès au psychopathe semblent elles aussi trop limpides ou explicites pour le récit au long cours qu’elles alimentent. Dès lors, la quête du personnage principal devient la nôtre sans qu’on soit jamais sur du point de vue auquel apporter notre caution. C’est ce qui permet à l’attention de se maintenir et au doute de subsister. Le fait de brouiller la chronologie et d’explorer plusieurs époques simultanément sans toujours les expliciter ajoute à ce charme.
[Spoils]
Le retournement de situation instaure un face à face entre le supposé responsable et le compagnon de la disparue, permettant un nouveau souffle assez inattendu. Le jeu du chat et de la souris prend une nouvelle dimension au cours de laquelle le psychopathe fait clairement figure de metteur en scène ou de scénariste : distillant au compte goute le récit tant convoité, imposant des règles du jeu perverses obligeant l’auditeur à devenir lui-même un personnage. Dans cette confession elle-même, les fausses pistes abondent et laissent entrevoir un twist qui, n’advenant pas, en devient un autre, plutôt savoureux. Et la fin, assez surprenante, clôt avec malice cette machination perverse bien jouée, à l’ambiance efficace et souvent prenante.
Une agréable surprise.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyLun 28 Juil 2014 - 7:26

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 096867

Les arcanes du blockbuster, chapitre 9.

Jour de pluie. Même les fruits en plastique de la corbeille sur la table semblent maussades, et la pomme se colore d’un rouge étrange dans la clarté grise de cette fin de matinée.

- …et donc les robots sont reprogrammés pas les aliens de surface qui doivent affronter les clones de la post humanité pour permettre un reboot.
- Ouais, c’est à chier. Bon, de toute façon, comme je vous ai dit, on a un intervenant extérieur aujourd’hui. Tiens, le voilà justement. Messieurs, je vous présente Ronald McGodald, éminente figue du Tea Party et actionnaire de notre studio. Je vous laisse la parole.
- Bonjour à tous. Je ne suis pas très doué pour les discours, mais nous venons vous proposer de traiter les racines narratives de notre civilisation, à savoir la Bible.
- Voilà. Nous, on adapte.
- … Putain, chef, c’est quand même gros, comme bouquin.
- On segmente, crétin. Y’a un putain de potentiel, Scott est déjà sur Moïse.
- Ouais, c’est hyperviolent et plein de sexe, le Bible. Rappelle toi dans Orange Mécanique. Y’a de quoi s’éclater.
- Ce n’est pas l’idée ici, Monsieur. Nous vous proposons de commencer par l’arche de Noé.
- Ah ouais, c’est sûr, y’a que les animaux qui copulent là-dedans.
- Bon, vous avez entendu le monsieur.
- Bon, pour les effets numériques, c’est tout vu, on reprend ceux de 2012 et on est pénards.
- Nous souhaitons un rappel de la genèse.
- La jeunesse de Noé ?
- La Genèse, connard. La création du monde.
- Ouais, super idée, je vous fais ça en stop motion, on voit le trajet des têtards qui sortent de l’eau et se transforme en singes qui dev…
- L’homme ne descend pas du singe.
- Ah, merde, oui. Ben on s’arrêtera au singe, ça sera classe quand même. Et je vous prends la pomme du générique de Desperate Housewives pour le fruit défendu.
- Bon, je récapitule : un déluge, la création, le péché originel. J’ai un court métrage, là.
- Y’a pas de méchants.
- Si, le serpent. Je vais vous faire un truc bien vert, vous verrez.
- Ouais, bon, faut étoffer. Si je me rappelle, le tsunami divin, c’est une sorte de chasse d’eau, un reboot de l’humanité qu’est devenue sodomite et tout. Y’a de quoi fa ire.
- Ouais, genre La Route, ils se bouffent, se violent et tout !
- C’est en effet cette direction qu’il faudrait prendre.
- Bon, parfait. On a des méchants à la pelle, ils veulent assaillir l’Arche, combat épique sous la pluie, nickel.
- On peut pas rajouter des créatures de Dieu ?
- Des anges ? ça craint.
- Nan, des robots, genre. Des anges déchus tombés sur terre et fait en arbre, comme dans le Seigneur des anneaux, une main d’œuvre rapide pour l’arche.
- En cailloux ?
- Ouais, des gros pour booster le caisson de basse et tout, et qui te marmeladent la gueule des vilains humains.
- Pas mal.
- Et quand ils meurent, ils redeviennent des anges avec un super effet de colonne de lumière vers chez Dieu pendant la pluie.
- Bon, Rick, tu t’occupes du design des Transformers biologiques mysticodégradables.
- Pour le reste, on est toujours dans les thèmes très écolo, faut relier ça au Livre.
- Les hommes sont méchants parce qu’ils sont pas végétariens.
- Voilà. Et Noé salue les cadavres des animaux, comme dans Avatar, le tout dans les décors de Walter Mitty.
- Chef, moi : Le méchant rentre en clandestin dans l’Arche, il mange des animaux et tout, et il veut se taper toutes les femelles.
- Tu vas trop loin.
- Non, je voulais dire les femelles humaines.
- Ah oui, d’accord alors, mais on le tue avant.
- Bon, ben je crois qu’on a fait le tour.
- Et pour Noé, on prend Chris Hemsworth ?
- Non, nous souhaitons quelqu’un de plus respectable. N’oubliez pas que Noé a vécu jusqu’à 950 ans.
- Ah, oui, désolé, j’oubliais. Bon, ben Clint Eastwood, alors ? Il est bien sénile, en ce moment.
- Arrête, Dick. Je pensais à Russel Crowe. Regard délavé de chien battu, voix caverneuse pour délivrer des super morales…
- Ouais, genre “This is not the end. It’s the beginning”
- Voilà, t’as tout compris.
- Bon, on lance la production. Autre chose, Ronald ?
- Nous désirions un dilemme moral intense.
- …
- Croisons par exemple, le dévouement de Noé au sacrifice d’Abraham.
- Putain, chef, je suis perdu.
- Expliquez-vous, Ronald.
- Que les fils de Noé n’aient pas de femmes. Que Noé prévoie l’extinction complète de la race humaine, pour accomplir le dessein de Dieu.
- Oui, mais elle continue quand même, non ?
- Putain, ouais, ça nous fait un suspense de sa race. Noé veut pas de descendance et tout, mais les jeunes un peu.
- Ça permet de mettre un peu de sexe.
- Pour la procréation, nous voulons bien l’admettre.
- Et donc il y a une femme, mais on croyait qu’elle était stérile, mais en fait non, twist, mais Noé veut donc tuer les enfants si c’est des filles, suspense, c’est des jumelles, twist, il va pour les tuer, suspense…
- Le dilemme moral doit atteindre une véritable dimension cathartique, en effet.
- Putain, c’est du Soap sauce roots, j’adore.
- Bon, elles vivent, bien sur, et ils repeuplent la terre et tout.
- Mais chef, comment ça se passe au juste ? Les frères de Noé sautent leurs nièces ?
- … ah ouais, merde. Bon, on aborde pas cette question, hein. On leur met un fucking double rainbow à la fin et tout le monde est content.
- Dieu soit loué, nous allons cartonner.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyLun 28 Juil 2014 - 8:18

Merde, quand je pense qu'Aronofsky est aux manettes. Remarque il avait bien posé les bases de son revirement mystico-instagram avec The Fountain.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyLun 28 Juil 2014 - 10:40

Oui, c'est aussi ce que je me suis dit : The Fountain annonçait bien ça. Maintenant, il faut reconnaitre que certains développements sont un peu au-dessus du lot : après les combats bien lourds, on fait place au dilemme, ça parle beaucoup, c'est assez audacieux pour ce type de production. Le problème -pour moi- c'est que forcément, c'est sacrément orienté chrétien, et qu'on est pas loin de valoriser le fondamentalisme le plus trash.
Les acteurs ne sont pas trop mauvais, et les femmes jolies (Connelly et Watson, deux générations au grand charme)... Bref, 4/10.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyLun 28 Juil 2014 - 10:48

Apres un aprem pénible (cf OSB), j'ai eu envie de poser mon cerveau à coté du canap'.

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 Le-cro10

Efficace, assez drôle par moment, le film manque quand même un peu de densité comique. Certains seconds rôles sont assez drôles, d'autres un peu trop caricaturés (Jacques Taucard par ex).

Bon, j'ai remis mon cerveau en place et j'envisage d'aller voir Boyhood et le Techniné pour compenser.

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"C'est l'heure où doucement s'élève
Parmi les ombres
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 EmptyMar 29 Juil 2014 - 6:50

moonriver a écrit:
Apres un aprem pénible (cf OSB), j'ai eu envie de poser mon cerveau à coté du canap'.

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 37 Le-cro10

Efficace, assez drôle par moment, le film manque quand même un peu de densité comique. Certains seconds rôles sont assez drôles, d'autres un peu trop caricaturés (Jacques Taucard par ex).

Bon, j'ai remis mon cerveau en place et j'envisage d'aller voir Boyhood et le Techniné pour compenser.

J'aimerais bien m'en faire une idée, de celui-ci, ainsi que de Case Départ.
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