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| En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 29 Mai 2014 - 7:38 | |
| Aujourd'hui et demain, des compléments au cycle Lumet dans le topic correspondant. | |
| | | Powderfinger
Nombre de messages : 295 Date d'inscription : 10/05/2013 Age : 30
| | | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 31 Mai 2014 - 7:16 | |
| I’m filthy and I know it Une comédie sur la fin du monde, franchement ? Sur ce sujet obligatoire, après la bande Apatow, c’est celle de Pegg qui s’y colle. On a copié le sujet, son traitement, on pourrait coller la critique de C’est la fin : en somme, c’est drôle, dispensable, ça se prend un peu les pieds dans la surenchère numérique. Chacun sa force : là où le néant branleur atteint des sommets chez les californiens, la hargne de roquets des angliches fait souvent mouche. Le film met un certain temps à débuter, et joue sur le thème de l’adulescence. Sur ce registre, Pegg est assez miraculeux : homme élastique, d’une mauvaise foi hors limite et d’une vulgarité assumée, il dynamite gentiment l’exposition, surgissant sur tous les plans en nous donnant presque envie de biture et de fish & ships. On saluera l’écriture des dialogues, servie par des punchlines savoureuse et un glissement progressif vers l’enlisement absurde : l’idée de ne jamais obtenir la reconnaissance des torts du protagoniste est un running gag efficace, et l’échange final, malgré des lourdeurs, clôt de manière assez habile le récit. Assez inventifs, les combats durant lesquels il s’agit de continuer à boire sa bière tout en dépeçant de l’alien sont vivaces, et certaines provocations sympathiques, comme celles sur les toilettes pour handicapés. Evidemment, 1h50, c’est toujours trop long et les passages plus convenus ne manquent malheureusement pas. Cela dit, les messages du film, qui équivalent à dire que la normalisation des bars en starbucks et la connectivité au service d’une consommation unique et globale sont le fait d’extraterrestres qui nous déshumanisent, sont idéologiquement séduisants, tout comme la revendication des hommes à rester de sales cons une bien belle morale finale. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 31 Mai 2014 - 12:09 | |
| T'es rudement bon public pour le coup, autant j'aimais leur série Spaced et les deux films précédents, autant celui-là pour moi tombe complètement à plat : pas drôle, bourré de clichés, personnages quasi inexistants, un "enjeu" narratif qui n'intéresse personne, fin lourde et putassière comme pas permis, il ne se passe rien pendant une bonne moitié de film... bref un bon gros navet. (allez la première scène de baston dans les chiottes est pas mal mais rien à voir en drôlerie ou en efficacité avec les fusillades d' Hot Fuzz...) |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 31 Mai 2014 - 15:05 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- T'es rudement bon public pour le coup, autant j'aimais leur série Spaced et les deux films précédents, autant celui-là pour moi tombe complètement à plat : pas drôle, bourré de clichés, personnages quasi inexistants, un "enjeu" narratif qui n'intéresse personne, fin lourde et putassière comme pas permis, il ne se passe rien pendant une bonne moitié de film... bref un bon gros navet.
(allez la première scène de baston dans les chiottes est pas mal mais rien à voir en drôlerie ou en efficacité avec les fusillades d'Hot Fuzz...) Ouais, c'est vrai. Tout est question d'état d'esprit. Quand je me mets devant ce genre de production, les attentes sont différentes. Je ris rarement, d'ailleurs, je ne vois pratiquement pas de comédies contemporaines. Dans le registre, c'est loin d'être un navet. Bien sur, c'est très lourd, mais y'a des idées, c'est assez bien rythmé... Pas mal de trucs sauvables, en fait. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Juin 2014 - 10:09 | |
| Empathie, mystère, vengeance. La vengeance est un thème qui se décline à l’infini. Le partis pris de cette adaptation par Chabrol est clairement dans conserver l’origine littéraire. Que la bête meure est un film profondément écrit, sur l’écriture et progressant essentiellement par elle. La voix off de Charles nous accompagne, lisant le journal qu’il rédige à l’encre rouge et dans lequel il a décidé de substituer au chant du deuil de son fils les préparatifs cliniques et haineux du meurtre de son assassin. L’atmosphère posée et ténue de son journal semble déteindre sur l’extérieur. Si les premiers mois sont laborieux, la coïncidence qui enclenche ses recherche fonctionne aussi bien que dans n’importe quel polar. Sans éclat, sans hésitation, Charles remonte le courant jusqu’à la source de son mal devenu sa raison de vivre. Duchaussoy, pudique et méthodique, est brillant. Il faut attendre 50 minutes pour voir enfin apparaitre Paul, personnage odieux comme seul Jean Yanne sait en camper. Là aussi, la noirceur du personnage et la jubilation avec laquelle il salit tous ceux qui l’entourent semble presque trop parfaites pour Charles. Elle occasionne aussi les tableaux de la bourgeoisie de province que Chabrol affectionnera tant par la suite, où le langage phatique masque avec tact les frustrations et la violence sourde. A ce titre, la scène de découpe du canard lors de l’aveu à Hélène est un modèle du genre. Si les premiers éléments de son incursion dans la famille de Paul, comme la chute sur la falaise ou le souhait de mort par son fils peuvent sembler un peu rapides et grossiers, la suite s’équilibre par un mouvement bien plus retors et subtil. La conquête d’Hélène, femme secrètement brisée, ou la relation au fils, riche de non-dits et d’ambiguïté, est l’un des éléments les plus riches du film. Alors que se construit entre eux la relation filiale qui leur manque tant, c’est sous le sceau de la mort qu’elle se déploie : Philippe souhaite la mort de son père, et ce qu’il dit haïr dans son lien du sang renvoie au deuil de Charles quant à son propre fils. La dernière partie reprend les rails du policier non sans brio : l’imprévu apparent de la révélation des mobiles de Charles révèle le nouvel usage fait de l’écriture : si elle soulage son auteur, elle le démasque aussi. Mais les développements de l’enquête et les soupçons du commissaire (Pialat, assez méconnaissable sans sa barbe) donnent à l’écriture une dimension autrement plus ambitieuse, dessinant une mise en abyme du deuil et de l’expression des sentiments par l’art : processus de catharsis intime et cri qu’on impose au monde, c’est le lieu de l’ambivalence par excellence. (Spoilers) Subsiste l’après, ce qui reste une fois la vengeance accomplie. Du policier, on dérive vers les rouages d’une tragédie grecque, où le fils vivant a tué le père assassin, peut-être motivé par l’amour noir que lui portait le nouvel arrivant. Trop lettré pour s’en tenir à une satisfaction haineuse, Charles s’en va au large, bouclant le premier plan qui donnait à voir la plage sur laquelle son fils s’adonnait aux derniers jeux de son existence. Policier mélancolique, intelligent et analytique, Que la bête meure ne prend pas ses sources en Bretagne pour rien : sous un climat contrasté, battu par les vents et dont les côtes sont aussi dentelées qu’acérées, les gens qui la peuplent sont tous, sans exception, des épaves. | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Juin 2014 - 16:39 | |
| En pôle position dans mon top 5 Chabrol ( l'adaptation de Paul Gégauff est béton )
Le lied de Brahms qui ouvre et ferme le film est magnifique. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Juin 2014 - 16:40 | |
| - Goupi Tonkin a écrit:
- En pôle position dans mon top 5 Chabrol ( l'adaptation de Paul Gégauff est béton )
Le lied de Brahms qui ouvre et ferme le film est magnifique. Ah oui, c'est rien de le dire. Les autres de ton top Chabrol ? J'ai jamais été très fan. | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Juin 2014 - 16:43 | |
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| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Juin 2014 - 16:50 | |
| - Nulladies a écrit:
- Goupi Tonkin a écrit:
- En pôle position dans mon top 5 Chabrol ( l'adaptation de Paul Gégauff est béton )
Le lied de Brahms qui ouvre et ferme le film est magnifique. Ah oui, c'est rien de le dire. Les autres de ton top Chabrol ? J'ai jamais été très fan. TOP 5 que la bête meure le boucher les bonnes femmes la femme infidèle une affaire de femmes Il y en a beaucoup d'autres que j'aime beaucoup : son Landru est vachement bien, La cérémonie, Violette Nozière, les noces rouges... | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Juin 2014 - 17:02 | |
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| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 2 Juin 2014 - 6:59 | |
| Je m’en allais très loin dans ma Dodge crevée… L’ivresse procurée par la vitesse aura rarement trouvé une expression plus forte et juste que dans ce fabuleux road movie libertaire. L’intrigue est aussi linéaire que le bitume qui tranche à perte de vue les territoires arides du Nevada à la Californie. Point Limite Zéro est un pur élan, une fuite en avant occasionnant, par petites touches parcellaires, une construction kaléidoscopique. D’abord, celle du passé de l’homme au volant du bolide. Sans jamais verser dans le didactisme, les brefs flashbacks proposent une radiographie de l’Amérique traumatisée des 70’s : vétéran du Vietnam, viré de la police pour en avoir dénoncé la corruption, veuf prématuré, Kowalski, l’homme sans prénom, est dénué de toute attache et de tout repère. Reste la route, un cocktail de speed motorisé et amphétaminé, les rares arrêts dans une course qui donnent à voir les différents rebuts vomis par la civilisation et terrés dans désert. Fanatiques, chasseurs de serpents, homos braqueurs, hippies croisent l’étoile filante et sans qu’il soit nécessaire de lui parler, délivrent des lambeaux d’une Amérique en quête de sens et dépourvue d’unité. Dans sa course, Kowalski s’initie au délestage. Son programme est simple : un refus avec le sourire. Celui du contrôle de police donne lieu à une traque aussi mouvementée que légère : magnifiée par une B.O d’anthologie, la course folle flotte au-dessus des bassesses d’une civilisation moribonde et revisite avec grâce la fugue rimbaldienne. Face à lui, le monde qui l’attend, qui suit sa course, entre amusement et barricade dressée en comité d’accueil. Inoubliable, la séquence d’ouverture oppose l’espace fendu par le bolide et l’organisation de son arrêt, deux bulldozers en oblique sur une route, ne laissant du point de fuite qu’une mince parcelle entre deux lames métalliques. De même que ce rôle de paria renvoie à bien des Lumet (avec un petit passé à la Serpico) l’attente des spectateurs annonce fortement le Dog Day Afternoon : on se presse, on soutient l’électron libre, petite comète divertissante. La très belle idée du DJ Super Soul, aveugle et noir comme guide, depuis sa station de radio, du chauffard complète le tableau de l’Amérique malade à travers une séquence de lynchage aussi abrupte qu’efficace. Le mouvement, assorti de superbes paysages brulés d’une aube permanente, est finalement l’unique propos du film. Profondément cinématographique, incontrôlable, volontairement incontrôlé, il est aussi celui de l’émotion. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 2 Juin 2014 - 14:19 | |
| - Nulladies a écrit:
- RabbitIYH a écrit:
- T'es rudement bon public pour le coup, autant j'aimais leur série Spaced et les deux films précédents, autant celui-là pour moi tombe complètement à plat : pas drôle, bourré de clichés, personnages quasi inexistants, un "enjeu" narratif qui n'intéresse personne, fin lourde et putassière comme pas permis, il ne se passe rien pendant une bonne moitié de film... bref un bon gros navet.
(allez la première scène de baston dans les chiottes est pas mal mais rien à voir en drôlerie ou en efficacité avec les fusillades d'Hot Fuzz...) Ouais, c'est vrai. Tout est question d'état d'esprit. Quand je me mets devant ce genre de production, les attentes sont différentes. Je ris rarement, d'ailleurs, je ne vois pratiquement pas de comédies contemporaines. Dans le registre, c'est loin d'être un navet. Bien sur, c'est très lourd, mais y'a des idées, c'est assez bien rythmé... Pas mal de trucs sauvables, en fait. En fait des idées il y en a étonnamment peu au regard des deux précédents, je te conseille leur série Spaced, même cinéaste et même acteurs mais des idées là il y a une toutes les 10 secondes et elles tombent rarement à plat. Tu as raison, pour l'avoir vu comme un navet (c'est clairement le cas) je devais en attendre un peu trop mais Hot Fuzz est hilarant sinon, et Shaun of the Dead un régal de cinéphile bis donc l'attente était légitime. - Goupi Tonkin a écrit:
- Nulladies a écrit:
Ah oui, c'est rien de le dire. Les autres de ton top Chabrol ? J'ai jamais été très fan. TOP 5
que la bête meure le boucher les bonnes femmes la femme infidèle une affaire de femmes
Il y en a beaucoup d'autres que j'aime beaucoup : son Landru est vachement bien, La cérémonie, Violette Nozière, les noces rouges... trois en commun tout de même. Le mien : 1. La femme infidèle ( x 50) 2. Le boucher 3. Que la bête meure 4. La demoiselle d'honneur 5. L'oeil du Malin / Merci pour le chocolat |
| | | Rorschach sourcilman ^^
Nombre de messages : 6953 Date d'inscription : 10/02/2009 Age : 43
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 2 Juin 2014 - 23:07 | |
| Allo les pros !! Bien ou je dois passer mon chemin ? | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 6:40 | |
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| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 6:41 | |
| Le crépuscule d’un Dieu En invitant le spectateur dans les intérieurs et l’intimité d’un personnage historique au moment où son pays bascule, Sokourov ne cherche pas la facilité ou le voyeurisme. Sur bien des points, sa mise en scène est clinique : maniaque, surcadrée, nimbée d’une photographie audacieuse, mêlant un grain à la fois vidéo et curieusement laiteux, elle instaure un recul esthétique là où elle propose une proximité intime avec les personnages. Il n’est pas étonnant de voir Hiro Hito à ce point fasciné, dans ses préoccupations, par la science, le graphisme ou l’activité poétique : cette méticulosité, cet art de la dissection sont précisément les approches du cinéaste avec son sujet. L’empereur est un corps guindé dans son costume, qui, tout occidental qu’il soit, ne cessera jamais de le distinguer des autres. Créature d’un autre temps, enfant dont les tics nerveux disent l’insolite révolte face au protocole dont il fait l’objet, Dieu, enfin, descendant du soleil mais assigné à résidence. De ces tensions fondamentales naissent tout l’enjeu du film : contempler avec une forme de tendresse l’inhumanité de cet homme portant le fardeau de l’éternité sur ses épaules, et levant les yeux sur la disparition de son pays. Les rares incursions du dehors, violemment poétiques, mêlent à la violence du réel, à savoir un champ de ruines, les lectures mythologiques qui confinent au surréalisme : c’est un bombardement de poissons, où le Japon vu du ciel se pare d’une crépusculaire littérarité. Aux intérieurs intimes succède le rapport aux forces américaines d’occupation. Tout souligne l’incompatibilité polie des deux partis et le glissement progressif de l’empereur au statut d’homme : par le regard des autres, par la photographie, enfin par le dialogue avec le général Macarthur. Qu’était un homme Dieu, et que devient-il lorsqu’il renonce à son statut divin pour sauver son peuple ? Ni plus ni moins qu’un homme ouvrant les yeux, comme nous invite à le faire Sokourov sur lui. Non sans aridité, non sans un étonnement d’autant plus intense qu’il a l’intensité d’une découverte, d’une naissance au monde qui se teinte du renoncement des choses dernières. | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 7:48 | |
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| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 7:48 | |
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| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 7:51 | |
| - Nulladies a écrit:
Le crépuscule d’un Dieu
En invitant le spectateur dans les intérieurs et l’intimité d’un personnage historique au moment où son pays bascule, Sokourov ne cherche pas la facilité ou le voyeurisme. Sur bien des points, sa mise en scène est clinique : maniaque, surcadrée, nimbée d’une photographie audacieuse, mêlant un grain à la fois vidéo et curieusement laiteux, elle instaure un recul esthétique là où elle propose une proximité intime avec les personnages. Il n’est pas étonnant de voir Hiro Hito à ce point fasciné, dans ses préoccupations, par la science, le graphisme ou l’activité poétique : cette méticulosité, cet art de la dissection sont précisément les approches du cinéaste avec son sujet. L’empereur est un corps guindé dans son costume, qui, tout occidental qu’il soit, ne cessera jamais de le distinguer des autres. Créature d’un autre temps, enfant dont les tics nerveux disent l’insolite révolte face au protocole dont il fait l’objet, Dieu, enfin, descendant du soleil mais assigné à résidence. De ces tensions fondamentales naissent tout l’enjeu du film : contempler avec une forme de tendresse l’inhumanité de cet homme portant le fardeau de l’éternité sur ses épaules, et levant les yeux sur la disparition de son pays. Les rares incursions du dehors, violemment poétiques, mêlent à la violence du réel, à savoir un champ de ruines, les lectures mythologiques qui confinent au surréalisme : c’est un bombardement de poissons, où le Japon vu du ciel se pare d’une crépusculaire littérarité. Aux intérieurs intimes succède le rapport aux forces américaines d’occupation. Tout souligne l’incompatibilité polie des deux partis et le glissement progressif de l’empereur au statut d’homme : par le regard des autres, par la photographie, enfin par le dialogue avec le général Macarthur. Qu’était un homme Dieu, et que devient-il lorsqu’il renonce à son statut divin pour sauver son peuple ? Ni plus ni moins qu’un homme ouvrant les yeux, comme nous invite à le faire Sokourov sur lui. Non sans aridité, non sans un étonnement d’autant plus intense qu’il a l’intensité d’une découverte, d’une naissance au monde qui se teinte du renoncement des choses dernières.
C'est Le Soleil ? (j'ai pas l'image ) | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 7:52 | |
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| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 7:54 | |
| - Goupi Tonkin a écrit:
- Nulladies a écrit:
Le crépuscule d’un Dieu
En invitant le spectateur dans les intérieurs et l’intimité d’un personnage historique au moment où son pays bascule, Sokourov ne cherche pas la facilité ou le voyeurisme. Sur bien des points, sa mise en scène est clinique : maniaque, surcadrée, nimbée d’une photographie audacieuse, mêlant un grain à la fois vidéo et curieusement laiteux, elle instaure un recul esthétique là où elle propose une proximité intime avec les personnages. Il n’est pas étonnant de voir Hiro Hito à ce point fasciné, dans ses préoccupations, par la science, le graphisme ou l’activité poétique : cette méticulosité, cet art de la dissection sont précisément les approches du cinéaste avec son sujet. L’empereur est un corps guindé dans son costume, qui, tout occidental qu’il soit, ne cessera jamais de le distinguer des autres. Créature d’un autre temps, enfant dont les tics nerveux disent l’insolite révolte face au protocole dont il fait l’objet, Dieu, enfin, descendant du soleil mais assigné à résidence. De ces tensions fondamentales naissent tout l’enjeu du film : contempler avec une forme de tendresse l’inhumanité de cet homme portant le fardeau de l’éternité sur ses épaules, et levant les yeux sur la disparition de son pays. Les rares incursions du dehors, violemment poétiques, mêlent à la violence du réel, à savoir un champ de ruines, les lectures mythologiques qui confinent au surréalisme : c’est un bombardement de poissons, où le Japon vu du ciel se pare d’une crépusculaire littérarité. Aux intérieurs intimes succède le rapport aux forces américaines d’occupation. Tout souligne l’incompatibilité polie des deux partis et le glissement progressif de l’empereur au statut d’homme : par le regard des autres, par la photographie, enfin par le dialogue avec le général Macarthur. Qu’était un homme Dieu, et que devient-il lorsqu’il renonce à son statut divin pour sauver son peuple ? Ni plus ni moins qu’un homme ouvrant les yeux, comme nous invite à le faire Sokourov sur lui. Non sans aridité, non sans un étonnement d’autant plus intense qu’il a l’intensité d’une découverte, d’une naissance au monde qui se teinte du renoncement des choses dernières.
C'est Le Soleil ? (j'ai pas l'image ) Oui, exactement ! | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 7:58 | |
| - Nulladies a écrit:
- Goupi Tonkin a écrit:
- Nulladies a écrit:
Le crépuscule d’un Dieu
En invitant le spectateur dans les intérieurs et l’intimité d’un personnage historique au moment où son pays bascule, Sokourov ne cherche pas la facilité ou le voyeurisme. Sur bien des points, sa mise en scène est clinique : maniaque, surcadrée, nimbée d’une photographie audacieuse, mêlant un grain à la fois vidéo et curieusement laiteux, elle instaure un recul esthétique là où elle propose une proximité intime avec les personnages. Il n’est pas étonnant de voir Hiro Hito à ce point fasciné, dans ses préoccupations, par la science, le graphisme ou l’activité poétique : cette méticulosité, cet art de la dissection sont précisément les approches du cinéaste avec son sujet. L’empereur est un corps guindé dans son costume, qui, tout occidental qu’il soit, ne cessera jamais de le distinguer des autres. Créature d’un autre temps, enfant dont les tics nerveux disent l’insolite révolte face au protocole dont il fait l’objet, Dieu, enfin, descendant du soleil mais assigné à résidence. De ces tensions fondamentales naissent tout l’enjeu du film : contempler avec une forme de tendresse l’inhumanité de cet homme portant le fardeau de l’éternité sur ses épaules, et levant les yeux sur la disparition de son pays. Les rares incursions du dehors, violemment poétiques, mêlent à la violence du réel, à savoir un champ de ruines, les lectures mythologiques qui confinent au surréalisme : c’est un bombardement de poissons, où le Japon vu du ciel se pare d’une crépusculaire littérarité. Aux intérieurs intimes succède le rapport aux forces américaines d’occupation. Tout souligne l’incompatibilité polie des deux partis et le glissement progressif de l’empereur au statut d’homme : par le regard des autres, par la photographie, enfin par le dialogue avec le général Macarthur. Qu’était un homme Dieu, et que devient-il lorsqu’il renonce à son statut divin pour sauver son peuple ? Ni plus ni moins qu’un homme ouvrant les yeux, comme nous invite à le faire Sokourov sur lui. Non sans aridité, non sans un étonnement d’autant plus intense qu’il a l’intensité d’une découverte, d’une naissance au monde qui se teinte du renoncement des choses dernières.
C'est Le Soleil ? (j'ai pas l'image ) Oui, exactement ! Pas vu celui-là. De Sokourov, je n'ai vu que Moloch et l'Arche russe | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 8:00 | |
| - Goupi Tonkin a écrit:
- Nulladies a écrit:
- Goupi Tonkin a écrit:
- Nulladies a écrit:
Le crépuscule d’un Dieu
En invitant le spectateur dans les intérieurs et l’intimité d’un personnage historique au moment où son pays bascule, Sokourov ne cherche pas la facilité ou le voyeurisme. Sur bien des points, sa mise en scène est clinique : maniaque, surcadrée, nimbée d’une photographie audacieuse, mêlant un grain à la fois vidéo et curieusement laiteux, elle instaure un recul esthétique là où elle propose une proximité intime avec les personnages. Il n’est pas étonnant de voir Hiro Hito à ce point fasciné, dans ses préoccupations, par la science, le graphisme ou l’activité poétique : cette méticulosité, cet art de la dissection sont précisément les approches du cinéaste avec son sujet. L’empereur est un corps guindé dans son costume, qui, tout occidental qu’il soit, ne cessera jamais de le distinguer des autres. Créature d’un autre temps, enfant dont les tics nerveux disent l’insolite révolte face au protocole dont il fait l’objet, Dieu, enfin, descendant du soleil mais assigné à résidence. De ces tensions fondamentales naissent tout l’enjeu du film : contempler avec une forme de tendresse l’inhumanité de cet homme portant le fardeau de l’éternité sur ses épaules, et levant les yeux sur la disparition de son pays. Les rares incursions du dehors, violemment poétiques, mêlent à la violence du réel, à savoir un champ de ruines, les lectures mythologiques qui confinent au surréalisme : c’est un bombardement de poissons, où le Japon vu du ciel se pare d’une crépusculaire littérarité. Aux intérieurs intimes succède le rapport aux forces américaines d’occupation. Tout souligne l’incompatibilité polie des deux partis et le glissement progressif de l’empereur au statut d’homme : par le regard des autres, par la photographie, enfin par le dialogue avec le général Macarthur. Qu’était un homme Dieu, et que devient-il lorsqu’il renonce à son statut divin pour sauver son peuple ? Ni plus ni moins qu’un homme ouvrant les yeux, comme nous invite à le faire Sokourov sur lui. Non sans aridité, non sans un étonnement d’autant plus intense qu’il a l’intensité d’une découverte, d’une naissance au monde qui se teinte du renoncement des choses dernières.
C'est Le Soleil ? (j'ai pas l'image ) Oui, exactement ! Pas vu celui-là. De Sokourov, je n'ai vu que Moloch et l'Arche russe L'arche russe, c'est l'unique plan séquence ? Et t'en penses quoi, de ces films ? | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 8:07 | |
| - Nulladies a écrit:
- Goupi Tonkin a écrit:
- Nulladies a écrit:
- Goupi Tonkin a écrit:
- Nulladies a écrit:
Le crépuscule d’un Dieu
En invitant le spectateur dans les intérieurs et l’intimité d’un personnage historique au moment où son pays bascule, Sokourov ne cherche pas la facilité ou le voyeurisme. Sur bien des points, sa mise en scène est clinique : maniaque, surcadrée, nimbée d’une photographie audacieuse, mêlant un grain à la fois vidéo et curieusement laiteux, elle instaure un recul esthétique là où elle propose une proximité intime avec les personnages. Il n’est pas étonnant de voir Hiro Hito à ce point fasciné, dans ses préoccupations, par la science, le graphisme ou l’activité poétique : cette méticulosité, cet art de la dissection sont précisément les approches du cinéaste avec son sujet. L’empereur est un corps guindé dans son costume, qui, tout occidental qu’il soit, ne cessera jamais de le distinguer des autres. Créature d’un autre temps, enfant dont les tics nerveux disent l’insolite révolte face au protocole dont il fait l’objet, Dieu, enfin, descendant du soleil mais assigné à résidence. De ces tensions fondamentales naissent tout l’enjeu du film : contempler avec une forme de tendresse l’inhumanité de cet homme portant le fardeau de l’éternité sur ses épaules, et levant les yeux sur la disparition de son pays. Les rares incursions du dehors, violemment poétiques, mêlent à la violence du réel, à savoir un champ de ruines, les lectures mythologiques qui confinent au surréalisme : c’est un bombardement de poissons, où le Japon vu du ciel se pare d’une crépusculaire littérarité. Aux intérieurs intimes succède le rapport aux forces américaines d’occupation. Tout souligne l’incompatibilité polie des deux partis et le glissement progressif de l’empereur au statut d’homme : par le regard des autres, par la photographie, enfin par le dialogue avec le général Macarthur. Qu’était un homme Dieu, et que devient-il lorsqu’il renonce à son statut divin pour sauver son peuple ? Ni plus ni moins qu’un homme ouvrant les yeux, comme nous invite à le faire Sokourov sur lui. Non sans aridité, non sans un étonnement d’autant plus intense qu’il a l’intensité d’une découverte, d’une naissance au monde qui se teinte du renoncement des choses dernières.
C'est Le Soleil ? (j'ai pas l'image ) Oui, exactement ! Pas vu celui-là. De Sokourov, je n'ai vu que Moloch et l'Arche russe L'arche russe, c'est l'unique plan séquence ? Et t'en penses quoi, de ces films ? oui, un long plan séquence dans les galeries de L'Ermitage. Techniquement, c'est assez bluffant. Mais l'exercice à ses limites. Le film reste très "décoratif". En revanche, Moloch m'avait vraiment beaucoup impressionné à l'époque. Pas revu depuis (mais très envie de le revoir ) | |
| | | moonriver Comme un Lego
Nombre de messages : 4790 Date d'inscription : 02/01/2014 Age : 54 Localisation : IDF
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 8:49 | |
| Un joli film, délicat et gourmand autour d'une lunchbox livrée à la mauvaise personne. _________________ "C'est l'heure où doucement s'élève Parmi les ombres Du coeur du monde Le chant des terres"
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 3 Juin 2014 - 15:43 | |
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| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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| | | | En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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