Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 10 Mai 2014 - 18:08
Azbinebrozer a écrit:
J'avais fait "Bons baisers de Bruges" dans un autre registre !
J'en garde un bon souvenir de celui-là.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 11 Mai 2014 - 7:09
RabbitIYH a écrit:
Azbinebrozer a écrit:
J'avais fait "Bons baisers de Bruges" dans un autre registre !
J'en garde un bon souvenir de celui-là.
+1
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 11 Mai 2014 - 7:14
Le combat ordinaire
John nait avec le siècle et va l’incarner : obsédé à l’idée de « devenir quelqu’un », il rejoint la foule des individus en quête d’une opportunité, dans le pays qui apparemment les donne à chacun. Tout entier tendu vers cet objectif prestigieux, il alterne entre procrastination et abattement au sein de la grande machine du XXè siècle. Vidor filme New York presque comme Vertov le fit avec la ville l’année précédente dans L’homme à la caméra : avec fascination et frénésie ; images orthonormées, pulsation d’une vie continue, la ville bouillonne et dévore. Sujet principal de toute la première moitié du film (assez long pour son époque, 1h45) la vie urbaine est toute entière sous le signe du mouvement, comme en témoignent la montée le long de la façade d’un building pour atteindre le bureau du protagoniste, ou cette longue et splendide séquence à la fête foraine, où l’on tangue, on s’accroche, on rit tout en resserrant les liens amoureux. Là aussi, difficile de ne pas penser à L’Aurore, contemporain de Vertov... L’histoire d’amour prend sa source aux chutes du Niagara, d’un lyrisme mélodramatique qui sied parfaitement aux ambitions de John parvenant à galvaniser Mary : ils auront un destin d’exception. En 1929, le cinéma les jours du muet sont comptés : il est intéressant de voir à quel point cela déteint sur le film, qui parvient à magnifier l’esthétique de son genre tout en concurrençant le nouveau succès du parlant : les cartons sont nombreux, l’expressionisme plus ténu, la gestuelle moins théâtrale. Les visages de John et Mary sont d’une grande finesse, et les diverses émotions qu’ils éprouvent se font dans une subtilité très moderne.
“The crow laughs with you always… But it will cry with you for only one day”.
Finalement d’une banalité très émouvante, le parcours de John et Mary est ambivalent. C’est d’abord celui de l’échec d’un individu qui ne parvient à s’extraire de la fameuse foule éponyme. Celle-ci est partout, dès les origines et la mort du père, saturant la rue et permettant au fils la distinction par un escalier démesuré dans une scène primale d’une grande force. Ensuite, elle sature la ville et semble envahir le couple naissant, empêcher son intimité, que ce soit à la fête foraine (où l’on décapote les wagons pour assister aux ébats des passagers), dans le train des noces, la salle d’attente de l’hôpital et la nursery elle-même. John et Mary, qui pourtant nous émeuvent, semblent souvent les pions d’un ensemble plus vaste qu’eux dans lequel tout le monde joue le même jeu ; lorsque John tente de faire valoir sa situation pour obtenir un emploi et qu’on l’empêche d’intégrer la file d’attente, on lui rétorque que tout le monde est dans son cas. La foule est aussi présente dans les instants les plus terribles du deuil de l’enfant : témoin, trop plein, elle exacerbe comme elle bride les émotions des protagonistes. La course de John devient ainsi une sorte de course frénétique à contre-courant : désireux de s’intégrer pour mieux se distinguer et dominer cette foule, il ne fait que s’y noyer, incapable de saisir les opportunités qui lui semblent si ternes, et lui reproche son indifférence : « The world can’t stop cause your baby’s sick ! » lui dit, avec raison, un policier lorsqu’il exige d’elle du silence. John met du temps à comprendre le projet de Vidor lui-même : extraire un anonyme de la foule et nous le rendre héroïque par sa capacité à nous toucher au regard de son quotidien. Se marier, avoir des enfants, affronter la vie : une quête à la portée de tous à laquelle l’humaniste rend un vibrant hommage. Alors qu’on semble atteindre le sommet du pathétique, le revirement apaisé (imposé, parait-il, à Vidor) peut renforcer cette intention : le dénouement modestement heureux peut advenir, pour peu qu’on délaisse le trait forcé d’une leçon didactique et tragique. Vidor cherche moins à démontrer et ériger une morale qu’à émouvoir à l’échelle humaine. Il l’affirme d’autant plus lors de la dernière scène où la famille réconciliée rit aux éclats au spectacle : celui-ci rassemble, émeut et permet un regard bienveillant sur nos pairs. La foule nous est devenue sympathique, au sens étymologique du terme : nous ressentons avec elle. Ce n’est pas pour rien que le plan ultime renvoie à une foule bien particulière, miroir évident des destinataires de Vidor : celle des spectateurs.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 6:38
Le temps de pleurer et le temps du souvenir
Lorsqu’on connait, après Le Plaisir ou Madame de… le raffinement de Max Ophüls, le voir adapter Stefan Zweig relève de l’évidence. La rencontre des deux maitres occasionne une perle mélancolique et mélodramatique. La tenue du récit, tout entier contenu dans la lettre que reçoit Stefan, permet un recours à la voix off de Lisa qui va, en dépit d’une absence qui caractérise toute sa destinée, murmurer tout au long du film les splendeurs d’un amour perdu. Lettre d’une inconnue est la mise en voix d’une absence, la confession d’une femme réduite à vivre un amour spectacle. Le pianiste virtuose l’émeut tout d’abord par sa musique, à travers une fenêtre sur cour qui accroit la solitude fantasmatique d’une jeune fille condamnée à rêver sa vie sentimentale. Avec la finesse qui le caractérise, Ophuls enserre dans ses mouvements les circonvolutions d’une émotion contrariée sous les feux d’une société viennoise rutilante. Qu’importe les ors des uniformes et le brillant des lustres, c’est bien la claustration et le renoncement qui marquent la destinée de Lisa. Au paroxysme de sa vie, l’instant d’amour sera lui-même toujours sous le sceau du spectacle et de sa vibrante facticité : c’est la danse désertée par les musiciens fatigués, ou le voyage dans un train devant lequel défilent des paysages peints, de Venise à la Suisse. Le motif de l’escalier et les travellings qui l’accompagnent, récurrent dans l’esthétique d’Ophuls, prend ici une valeur dramatique particulièrement structurante à travers deux séquence : la première où Lisa voit d’en haut Stefan rentrer avec une femme d’un soir, la seconde où elle occupe sa place, sans savoir qu’elle vaut autant qu’elle pour celui qui l’accompagne. Inconnue elle fut, inconnue elle restera : même avec l’homme de sa vie, à qui elle pourrait présenter son fils, elle demeure hors de portée, dans un des échanges les plus pathétiques de l’histoire de retrouvailles amoureuses. Alors que tout s’effondre, le mutisme du pianiste jadis prodige souligne le silence d’une femme qui va s’éteindre et perdre brutalement tout ce qu’elle avait chéri : son fils, le père de celui-ci, l’amour de sa vie, et sa vie propre. Noces funèbres, les confessions épistolaires ne sont en outre que le prélude au duel entre son mari et Stefan. Chant du cygne d’une délicatesse infinie, mélancolie d’une dignité feutrée, Lettre d’une inconnue emmène le mélodrame au sommet.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 8:04
CO.
Mon petit top 5 d'Ophüls au passage :
1. La ronde 2. Madame de... 3. Lettre d'une inconnue 4. Lola Montès 5. Le plaisir
Avec une mention pour Les désemparés de sa période américaine qui flirte joliment avec le film noir.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 9:48
Régalade et joie dans les cœurs !!!
Joe Dante ou l'art de fabriquer des films de divertissement malins et inventifs, bourrés de références cinéphiliques ( Jack Arnold, Roger Corman, Terence Fisher, George Pal ... ) et qui n'oublient jamais de dire avec impertinence des choses pertinentes sur l'Amérique et le cinéma... Très fan du bonhomme, je suis !!!
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 10:11
RabbitIYH a écrit:
CO.
Mon petit top 5 d'Ophüls au passage :
1. La ronde 2. Madame de... 3. Lettre d'une inconnue 4. Lola Montès 5. Le plaisir
Avec une mention pour Les désemparés de sa période américaine qui flirte joliment avec le film noir.
Me manque le premier, qui porte très bien son nom pour un Ophüls quand on connait son amour des vertiges et des valses... Les autres, j'ai adoré. Je mettrai le 5 à la place du 4, cependant.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 10:23
Goupi Tonkin a écrit:
Régalade et joie dans les cœurs !!!
Joe Dante ou l'art de fabriquer des films de divertissement malins et inventifs, bourrés de références cinéphiliques ( Jack Arnold, Roger Corman, Terence Fisher, George Pal ... ) et qui n'oublient jamais de dire avec impertinence des choses pertinentes sur l'Amérique et le cinéma... Très fan du bonhomme, je suis !!!
Joe Dante, encore une référence dont je ne connais rien pour le moment...
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 10:38
Vrai, même pas Gremlins ?
Joe Dante est un génie, je viens justement de revoir L'aventure intérieure avec madame, un de mes films de chevet. Un cinéaste qui contamine le système en parlant justement... de contamination. A ce titre Looney Tunes est la satire d'Hollywood la plus jubilatoire qu'il m'ait été donné de voir... après Gremlins II mais là ça s'étend carrément à l'Amérique entière et aux dérives capitalistes sous toutes leurs formes.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 10:42
RabbitIYH a écrit:
Vrai, même pas Gremlins ?
Joe Dante est un génie, je viens justement de revoir L'aventure intérieure avec madame, un de mes films de chevet. Un cinéaste qui contamine le système en parlant justement... de contamination. A ce titre Looney Tunes est la satire d'Hollywood la plus jubilatoire qu'il m'ait été donné de voir... après Gremlins II mais là ça s'étend carrément à l'Amérique entière et aux dérives capitalistes sous toutes leurs formes.
Si, mais genre à 10 ans... Il faut vraiment que je me fasse un cycle un de ces jours.
Zwaffle un mont de verres
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 17:28
RabbitIYH a écrit:
Vrai, même pas Gremlins ?
Joe Dante est un génie, je viens justement de revoir L'aventure intérieure avec madame, un de mes films de chevet. Un cinéaste qui contamine le système en parlant justement... de contamination. A ce titre Looney Tunes est la satire d'Hollywood la plus jubilatoire qu'il m'ait été donné de voir... après Gremlins II mais là ça s'étend carrément à l'Amérique entière et aux dérives capitalistes sous toutes leurs formes.
"The Second Civil War" était bien sympa lui aussi
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 19:40
Zwaffle a écrit:
RabbitIYH a écrit:
Vrai, même pas Gremlins ?
Joe Dante est un génie, je viens justement de revoir L'aventure intérieure avec madame, un de mes films de chevet. Un cinéaste qui contamine le système en parlant justement... de contamination. A ce titre Looney Tunes est la satire d'Hollywood la plus jubilatoire qu'il m'ait été donné de voir... après Gremlins II mais là ça s'étend carrément à l'Amérique entière et aux dérives capitalistes sous toutes leurs formes.
"The Second Civil War" était bien sympa lui aussi
un de mes préférés. A ne pas manquer non plus, ses deux épisodes de Masters of Horror, les deux meilleurs de la série à mon sens.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 19:49
Bon, on résume pour un cycle Dante :
Gremlins I et II "The Second Civil War" L'aventure intérieure Panic sur Florida Beach
Anything Else ?
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 20:13
J'aime aussi beaucoup Hurlements ( un must du genre ) et le mauvais esprit de small soldiers
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 12 Mai 2014 - 21:59
Looney Tunes est un CO, complet pied de nez aux divertissements mainstream et qui parvient dans le même temps à en être un très efficace. J'aime beaucoup Small Soldiers aussi, surtout pour l'acter fétiche Robert Picardo et son labo secret.
Mes préférés :
1. Gremlins 2 : The New Batch (Gremlins 2 : La nouvelle génération) 2. Masters of Horror : The Screwfly Solution (La guerre des sexes) 3. The Second Civil War 4. Looney Tunes : Back In Action (Les Looney Tunes passent à l'action) 5. Innerspace (L'aventure intérieure) 6. Gremlins 7. Masters of Horror : Homecoming (Vote ou crève) 8. Small Soldiers 9. The Howling (Hurlements) 10. The Burbs' (Les banlieusards)
... mais aucun souvenir de Florda Beach, je l'avais vu trop jeune.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 13 Mai 2014 - 6:45
RabbitIYH a écrit:
Looney Tunes est un CO, complet pied de nez aux divertissements mainstream et qui parvient dans le même temps à en être un très efficace. J'aime beaucoup Small Soldiers aussi, surtout pour l'acter fétiche Robert Picardo et son labo secret.
Mes préférés :
1. Gremlins 2 : The New Batch (Gremlins 2 : La nouvelle génération) 2. Masters of Horror : The Screwfly Solution (La guerre des sexes) 3. The Second Civil War 4. Looney Tunes : Back In Action (Les Looney Tunes passent à l'action) 5. Innerspace (L'aventure intérieure) 6. Gremlins 7. Masters of Horror : Homecoming (Vote ou crève) 8. Small Soldiers 9. The Howling (Hurlements) 10. The Burbs' (Les banlieusards)
... mais aucun souvenir de Florda Beach, je l'avais vu trop jeune.
Je note.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 13 Mai 2014 - 6:46
J’irai cracher sur votre hécatombe
Peckinpah a l’art, finalement assez singulier dans le paysage cinématographique hollywoodien, de travailler à nous rendre antipathique la totalité de l’univers qu’il construit. Tous les ressorts traditionnels, pourtant a priori constitutifs de l’intrigue générale (une compétition entre gangsters pour récupérer un pactole) sont ainsi désactivés au profit d’un cynisme généralisé qui brouille la carte du manichéisme coutumier. La scène initiale instaure un cadre familial proprement effrayant, où le père maffieux torture sa fille pour savoir qui l’a mise enceinte, dans un rituel public glaçant. Mais qu’on ne compte pas sur les développements du récit pour trouver un contrepoint à cette noirceur. Le couple qui va occuper le devant de la quête est au glamour ce que Johnny Rotten est à l’opéra. La quête elle-même subit un traitement ironique : contrairement à la chasse à l’homme attendue, c’est la tête d’un mort qu’on cherche, faisant des chasseurs de primes déjà peu reluisants des charognards sans scrupule, auquel s’ajoute le fait qu’il s’agit de l’ex amant de la femme du protagoniste. Profanant sépulture et passé sentimental de sa compagne, Benny a donc tout sauf la sympathie du spectateur, qui, horrifié par la noirceur ambiante, ne s’accroche pas moins aux rares éclaircies de son idylle meurtrière. [Spoilers] Alfredo Garcia est déjà mort, apprend-on : tout le monde, nous dit Peckinpah, est déjà mort. La romance, la quête, les funérailles : rien ne tient, et si l’on a connu ou cherché à connaitre Alfredo, c’est pour le rejoindre dans la terre fraichement retourner de sa tombe. Comme souvent chez Peckinpah, le début est assez lent, laissant s’installer un climat trouble dans lequel les regards torves et les silences sont lourds de tension. A partir de la deuxième moitié du film, le rythme s’emballe et les corps tombent comme des mouches. Le ralenti, marque de fabrique du réalisateur, vire ici un peu au systématisme, et les souvenirs de la dulcinée par l’entremise du chant en off ne sont pas particulièrement subtils. Mais il semblait en falloir autant pour préparer au jeu de massacre final. Le retour à la demeure d’où parti la fameuse phrase éponyme a tout de l’unité de lieu tragique, dans laquelle le récit prend un malsain plaisir à combiner les ficelles de la vie, de l’amour, de la mort et de l’ignomie. C’est le jour du baptême qu’on vient porter la tête du père au grand-père. C’est pour venger sa femme que le convoyeur change de commanditaire et accepte que la fille ordonne le parricide. Le sang appelle le sang, et la vermine s’entredévore, sans que ces climax résolvent ou dissipent l’horreur qui précède. Pas de salvation, pas de retour à l’ordre, pas de châtiment, mais un constat nihiliste, opaque comme les verres fumés de Benny, brouillé comme cet ultime gros plan, en forme d’impasse eschatologique : le canon fumant d’un fusil.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 13 Mai 2014 - 6:58
J'ai rarement vu plus crépusculaire et désespéré que ce film, peut-être pas le meilleur (à choisir pour ma part entre La horde sauvage et le fabuleux et trop méconnu Croix de fer) mais effectivement le plus nihiliste et jusqu'auboutiste, ce qui n'est pas peu dire. Comme souvent chez Peckinpah, si tout le monde est déjà mort c'est parce que les temps ont changé en oubliant tous ces gens dans leur purgatoire de violence et de valeurs anachroniques, c'est flagrant d'emblée quand on réalise que ce qu'on aurait parfaitement vu prendre comme l'entame d'un western se déroule en fait dans les 70s.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 13 Mai 2014 - 7:02
Exactement. Croix de fer, tu n'es pas le premier à me le conseiller, il est dans ma liste...
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 13 Mai 2014 - 11:40
The Band wagon ( Tous en scène ) - Minnelli - 1953 Champagne !!! La classe absolue !
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 13 Mai 2014 - 12:06
pas la veine de Minnelli que je préfère mais dans la veine en question c'est effectivement la grande classe. J'ai jamais apprécié tant que ça Brigadoon par contre.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 13 Mai 2014 - 18:45
RabbitIYH a écrit:
pas la veine de Minnelli que je préfère mais dans la veine en question c'est effectivement la grande classe. J'ai jamais apprécié tant que ça Brigadoon par contre.
Visuellement, Brigadoon est très beau mais le film manque de peps, c'est vrai. Je me souviens de m'être parfois un tantinet emmerdé. ( Ce que j'aime dans les comédies musicales hollywoodiennes des années 40-50, c'est le rythme, justement. Faut que ça pétille et que ça galope !!! )
Top 5 du genre
Chantons sous la pluie Tous en scène Mariage royal La Belle de Moscou Un américain à Paris
c'est pour des séquences comme celle-ci que j'aime les comédies musicales hollywoodiennes
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 13 Mai 2014 - 21:27
Goupi Tonkin a écrit:
Chantons sous la pluie
Revu il y a quelques semaines avec madame, sacré CO, à la fois ébouriffant, touchant et hilarant. Rien à voir avec les comédies musicales sinon mais je viens justement de me dégotter Arabesque du même Donen, depuis le temps que je voulais le voir celui-là (la BO de Mancini tourne régulièrement mais j'en étais resté au fabuleux Charade ).
Goupi Tonkin a écrit:
Mariage royal La Belle de Moscou
Pas vu ceux-là, merci du tuyau.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 14 Mai 2014 - 6:28
Une splendeur !
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 14 Mai 2014 - 6:29
Garde à vues
Le (et mon) premier film de Petri est un dédale visuel, un labyrinthe temporel et exploration de la psyché humaine comme seule l’Italie sait en faire à cette époque. Au-dessus de tout soupçon, Martelli ne l’est pas, et c’est ce qui permet au système de lui mettre la main dessus pour résoudre une affaire de meurtre à la simplicité apparemment limpide. Au fil d’interrogatoires et d’une reconstitution kaléidoscopique de son parcours, le portrait d’un être lâche, escroc, parvenu et pic assiette social se dessine sans pour autant alimenter les fondements de sa culpabilité. Dans les couloirs de la police, plus d’échappatoire : les codétenus interrogent, les miroirs sont sans tain, et le refuge dans les souvenirs semble plus propice à la souillure de l’individu qu’à son blanchiment. Mastroianni, oscillant entre la nonchalance de son personnage social et les élans de panique de se voir démasqué, est grand, à son habitude. Personne n’échappe à jeu de massacre : les paranoïas s’affrontent, celle d’un état policier peu regardant sur la vérité, celle d’un individu qui sait à quel point il a des choses à se reprocher, et la victime elle-même ne sort pas grandie du portrait qu’on fait d’elle. Au-delà de l’enquête, le film est un regard porté sur l’incommunicabilité entre des êtres obsédés par leur masque social, jouant une comédie pseudo désabusée qui les empêche de véritablement s’ouvrir à l’autre, une thématique très proche de celle d’Antonioni (et pour cause, Tonino Guerra, scénariste d’Antonioni, est ici à l’écriture). On retiendra aussi, dans cette copie superbement restaurée, de très belles prises de vues urbaines, d’un cadrage imparable, aux perspectives enfermant les êtres tout en leur proposant des vues sur un lointain aussi esthétiquement séduisant que psychologiquement inaccessible.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 14 Mai 2014 - 10:39
RabbitIYH a écrit:
Goupi Tonkin a écrit:
Chantons sous la pluie
Revu il y a quelques semaines avec madame, sacré CO, à la fois ébouriffant, touchant et hilarant. Rien à voir avec les comédies musicales sinon mais je viens justement de me dégotter Arabesque du même Donen, depuis le temps que je voulais le voir celui-là (la BO de Mancini tourne régulièrement mais j'en étais resté au fabuleux Charade ).
Goupi Tonkin a écrit:
Mariage royal La Belle de Moscou
Pas vu ceux-là, merci du tuyau.
Charade est un bonheur de film. J'ai un souvenir plus mitigé d'Arabesque, élégant mais moins brillant, moins enlevé. Le Donen que j'ai très envie de voir en ce moment c'est Bedazzled (fantasme en vf ) - réédité chez Carlotta
un film assez rare et peu connu en France, il me semble, avec Dudley Moore et Raquel Welch. Très tentant.
Dernière édition par Goupi Tonkin le Mer 14 Mai 2014 - 10:57, édité 1 fois
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....