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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Nov 2014 - 17:29
RabbitIYH a écrit:
Moi j'avais bien aimé. Et puis l'excellent Limitless quelques années plus tard, meilleur thriller hollywoodien de ces dernières années n'en déplaise à un accueil critique plutôt tiède, m'a confirmé tout le talent de raconteur et de metteur en scène de ce Neil Burger.
L'histoire d'amour est limite grotesque,( le plan des deux mains qui s'éloignent sans pouvoir se toucher ) J'ai trouvé la mise en scène désincarnée et distante avec de grosses ficelles scénaristiques. Et puis cette duchesse à de bien trop grandes dents. Et le twist final, c'est quoi, un hommage déguisé à "usual suspects"?
Mais un bon téléfilm en quelque sorte.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Nov 2014 - 18:28
Bah l'histoire d'amour est un peu fade certes (Jessica Biel n'est pas non plus Ava Gardner ou Gene Tierney, on fait avec ce qu'on a ) mais ce que tu ressens comme grotesque relève sans doute de cette théâtralisation de la narration qui répond à la façon dont le personnage met en scène sa manipulation, moi je trouve ça rafraîchissant. Et les qualités du film sont ailleurs, hommage visuel au cinématographe et aux Sherlock de la Hammer, atmosphère de mystère limite goth (Hammer toujours), cette dimension désincarnée de la mise en scène étant celle du conte où le merveilleux n'a pas forcément besoin d'être expliqué parce qu'après tout, les choses ne se sont sûrement pas tout à fait passées comme on vous le raconte. Sans être un CO loin de là, un joli film qui revient aux sources du cinéma comme outil d'illusion sans excès d'ironie ni de mièvrerie, c'est suffisamment rare de nos jours pour être apprécié sans cynisme.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 9:37
Un homme e(s)t une femme.
Dolan a 23 ans, et a posé son style sur ses deux premiers films : la radicalité sans concession du conflit émotionnel dans J’ai tué ma mère, l’attrait pour un regard générationnel dans Les amours imaginaires, assorti d’un goût croissant pour l’esthétisme clipesque aussi léché que lyrique. Son troisième film est probablement conçu comme la transformation des essais précédents. Doté de ses talents, une approche visuelle qui lui est propre est un génie indéniable dans ce qu’il obtient de ses comédiens, Dolan s’attaque à ce qu’il veut –trop- être comme son grand œuvre, déjà. Lawrence anyways prend pour sujet premier la révélation qu’on un homme qui décide de devenir « celle que je suis né pour être ». Joli sujet, qu’on a vu très récemment traité par Ozon, et qui se prend lui aussi un peu les pieds dans le tapis, mais pour d’autres raisons. Dolan, on le salue à chaque fois, (peut-être un peu moins pour son essai du côté du film noir dans Tom à la Ferme), a le grand mérite de sa sincérité. En empathie avec ses personnages, ne lâchant rien de leurs crises et joies solaires, il nous plonge avec conviction dans leur intimité. Clément et Poupaud se vident littéralement à l’écran, et si l’on reconnait leur performance, la saturation guette aussi. (Il est d’ailleurs assez émouvant de reconnaitre le tout jeune Antoine-Olivier Pilon apparaissant tel un ange gardien au balcon, annonce du grand coup d’éclat futur de Mommy.) Sur le plan esthétique, les choses sont reprises là où l’opus précédent les avait laissées : Dolan ne renonce pas à son goût affirmé de l’épiphanie émotionnelle, aidé par les ralentis, la musique electro-pop et la mise en images de métaphores échevelées : cascades dans un salon, vêtements tombant du ciel, fêtes bigarrées. Son attrait pour la couleur et le clinquant trouve un alibi certain dans son retour sur les 80’s, générant pour la pauvre Suzanne un chapelet de coiffures que le bon goût réprouve. Mais au-delà de ces clips frappants dont il a le secret, le cinéaste affirme avec force un véritable sens du cadre, et la composition de ses plans est souvent très pertinente. Cela ne l’empêche pas d’en faire souvent un peu trop, notamment dans ses caméras à l’épaule et son recours un peu trop systématique au champ/contrechamp occultant une moitié de visage de l’interlocuteur, symbole surligné de l’incommunicabilité des êtres. Les qualités sont donc nombreuses, et l’on peut accorder une certaine indulgence à quelques effets de manche qu’on attribuerait à la jeunesse fougueuse du réalisateur. Il n’empêche que le film s’égare sur plusieurs points. Lorsqu’on veut créer des paroxysmes, c’est leur rareté qui constituera leur impact : ici, à trop vouloir tirer sur les retrouvailles et séparations, on terrasse le spectateur. D’une crise à l’autre, le film s’étale sur près de 3 heures sans que ce soit véritablement justifié. Si le parti pris de dilater l’épanouissement sexuel de Lawrence sur 10 ans est pertinent, et sa métamorphose plus crédible, ça l’est moins pour sa relation à Fred, et qui plus est sa mère, redite assez lourde des comptes personnels que Dolan semble devoir régler depuis son premier film. Lawrence Anyways est un beau film, souvent émouvant. Le retour final à la scène de rencontre entre un homme et une femme est par exemple très percutant. Mais à trop vouloir en faire, à trop vouloir ne rien perdre des cris et des hésitations des êtres, il y perd à la fois son ton, et surtout son propos : il est particulièrement déconcertant de se demander, à l’issue de 2h50 de film, ce qu’il avait finalement à dire.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 9:51
Nulladies a écrit:
il est particulièrement déconcertant de se demander, à l’issue de 2h50 de film, ce qu’il avait finalement à dire.
C'est ce que je me dis après chaque réunion au boulot.
Fin du HS, je sors
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 9:52
ELSD a écrit:
Nulladies a écrit:
il est particulièrement déconcertant de se demander, à l’issue de 2h50 de film, ce qu’il avait finalement à dire.
C'est ce que je me dis après chaque réunion au boulot.
Fin du HS, je sors
ça fait plaisir de te relire, tiens. La pêche ?
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 9:55
Ca va, comme d'habitude le boulot toussa
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 9:57
ELSD a écrit:
Ca va, comme d'habitude le boulot toussa
Je vois. T'as pris un coup de vieux, quand même.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 10:08
Ca c'est après avoir lu ton topic Star Wars !!!
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 10:10
ELSD a écrit:
Ca c'est après avoir lu ton topic Star Wars !!!
Ben c'est plutôt ma tronche, alors, puisque tu sembles avoir gardé ton âme de naïf consommateur de masse d'enfant, toi...
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 10:21
J'avais une dizaine d'année quand je les ai vu pour la première fois, et j'ai gardé mon ressenti d'alors. C'était génial pour un gamin et je pense que ça ne va pas plus loin que ça. Il faut remettre dans le contexte de l'époque, on n'avait pas ce type d'effet spéciaux. Je parle des trois premiers volets car ta critique concerne plus les trois derniers à mon sens (enfin les I II et II...)
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 25 Nov 2014 - 10:23
ELSD a écrit:
J'avais une dizaine d'année quand je les ai vu pour la première fois, et j'ai gardé mon ressenti d'alors. C'était génial pour un gamin et je pense que ça ne va pas plus loin que ça. Il faut remettre dans le contexte de l'époque, on n'avait pas ce type d'effet spéciaux. Je parle des trois premiers volets car ta critique concerne plus les trois derniers à mon sens (enfin les I II et II...)
Oui oui, tout à fait. Les premiers ont un vrai charme, mais c'est vrai que j'ai cette dimension nostalgique en moins, je ne suis pas vraiment tombé dedans quand j'étais petit.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Nov 2014 - 10:23
Postface à l’humanité
Les lettres d’un homme mort s’adressent à fils disparu, et jalonnent d’une voix off monocorde un monde des choses dernières. L’apocalypse nucléaire a bien eu lieu, nous déclare ce film russe sorti un mois avant la catastrophe de Tchernobyl. Dehors est révolu, et l’humanité se terre dans des souterrains glauques au sein desquels on s’affaire. La question est entière : à quoi ? Pédalant sur des dynamos, prétextant avoir « beaucoup de travail », les vieux se laissent aller à une nouvelle déclinaison du divertissement pascalien. Il ne s’agit pas de tromper l’ennui pour conjurer la pensée de la mort, mais bien de s’acharner à entériner celle-ci, à l’échelle de l’humanité. On dicte, on consulte, on glose. On écrit, on récite, on débat, sur le vide terrible d’une agonie généralisée. Les derniers humanistes le reconnaissent : leur engeance ne prospéra que dans la dynamique d’un lent et méthodique suicide. En face d’eux, des jeunes enfants dont on ne sait que faire, et qui ont perdu jusqu’à l’usage de la parole. Résolument inspiré par l’imagerie de La Jetée de Marker, irrigué jusqu’aux gouttes insalubres par l’esthétique contemplative de Tarkovski, Lettres d’un homme mort est une gigantesque et désespérée postface à l’humanité. En écrin aux mots qui ne parlent plus qu’au passé, l’image cramée et jaunie déglace de tout glamour la vision apocalyptique traditionnelle, plus proche de Nuit & Brouillard que de L’Armée des douze singes. Dans Stalker, on postule les bienfaits de cette Zone qui offrait déjà dans un travelling mémorable un accès à une couleur nouvelle ; ici, point de salut. Le sous-sol est une nécropole où les corps se mêlent aux livres qui pourrissent dans une soupe mortifère, et que l’on creuse pour y reposer. Le suicide n’a jamais été aussi légitime. Pourtant, on pédale tout de même ; on mobilise les enfants pour décorer des arbres de Noël ; on se couvre d’un masque pour aller dehors.
Chant funèbre d’une mélancolie immuable, Lettres d’un homme mort est le cri étouffé d’un humaniste qui pense pouvoir encore s’adresser aux vivants que nous sommes. Et qui y parvient, sans qu’on puisse pour autant avoir le sentiment que cet avertissement conjurera la fin programmée de notre monde.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Nov 2014 - 10:24
Les mérites de l’épure
La poésie a-t-elle besoin d’être explicitée et illustrée de façon littérale ? Une fulgurance surréaliste renvoie, dans un texte d’Eluard, à notre appréhension propre, dans les méandres informulés de notre imaginaire. Chez Dali, déjà, leur part d’immensité me semble réduite. Le surréalisme au cinéma souffre de cette problématique. Transposer une métaphore par une incrustation numérique est en ce qui me concerne tout sauf séduisant, et The Taste of Tea abuse, surtout dans sa première partie, de tels procédés. Poussif, interdisant au spectateur de contaminer l’univers de son propre imaginaire, il épuise sa charge poétique en un temps record. Ce n’est cependant là qu’un des aspects de ce film à l’hétérogénéité impressionnante. Sur près de deux heures trente, The Taste of Tea va à peu près tout essayer. Si cette exhaustivité peut irriter, elle a néanmoins le mérite de toucher juste le temps de quelques séquences qui marquent. Paradoxalement, dans un film qui propose des passages en manga, un clip déjanté, et ne cesse de surprendre par son changement de registre, c’est bien la lenteur générale qui le caractérise le mieux. Soucieux de ses cadrages, attentif aux différents membres de la famille qu’il suit, il parvient à nous rendre attachante cette communauté et propose d’émouvants décrochages qui parviennent à circonscrire l’indicible des tourments humains. C’est un volet qui claque et qui dit l’amour d’un grand père, une partie de go silencieuse pour la naissance de l’amour, ou une conversation devant un étal pour son extinction. Pudiques, silencieux, ces instants sont d’une grande pureté et fonctionnent peut-être d’autant plus qu’ils sont en contraste avec les effets poseurs du reste. Cette alliance étrange est probablement constitutive de la culture japonaise, faisant cohabiter dans un même personnage des élans exubérants et une pudeur secrète, à l’image du grand père dont on retrouve les livrets d’animation, déclaration d’amour qui ressemble beaucoup à celle que fait le cinéaste à tous ses personnages. Car la véritable poésie se loge dans cette épure. C’est celle, délicate, du regard d’un amoureux, éconduit ou sur le point d’être regardé à son tour ; c’est l’ennui délicat d’une enfant sur la terrasse en bois de sa maison, et le son du jardin qui l’entoure.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Nov 2014 - 10:27
Requiem pour un fion.
Delivrance offre au spectateur une escapade dans un écrin naturel condamné à disparaitre : la construction d’un barrage va bientôt engloutir ces lieux splendides sur lesquels un groupe d’amis décide de naviguer une dernière fois. Cet adieu à la beauté, cette vision étrange d’une nature qu’on définit habituellement comme immuable et cyclique et qui se révèle ici mortelle donne le ton de ce film qui secoue moins par ses fulgurances violentes que par son ambivalence généralisée. La première partie nous donne ainsi à voir dans un même mouvement l’ample splendeur de la nature et les conséquences que cet écrin à l’écart du monde peut avoir sur l’humanité : portrait d’une population autochtone meurtrie dans sa chair, effrayante et brutale. Un duo guitare/banjo laisse penser un temps que l’osmose est possible, belle séquence qui ne fonctionne que pour une raison : elle se passe des mots, et se fait à distance, l’enfant restant chez lui et le visiteur sur sa voiture. Car si les résidents se démarquent par leur bestialité, les marques de la civilisation de leurs hôtes indésirables n’ont rien à leur opposer : condescendants, immatures, ils n’inspirent pas plus la sympathie. On aimerait donc pouvoir, dans cette jungle primitive, trouver ses marques et choisir son camp : Boorman s’acharnera à le rendre impossible. Comme de l’eau de la rivière dont les rapides peuvent exalter ou déchiqueter, comme la terre fertile et dans laquelle on enterre les corps, tout échappe à la nomenclature. Ce n’est pas que les torts soient partagés : la barbarie du trauma originel, cette impitoyable scène de viol, glace suffisamment le sang pour qu’on admette la suite des événements. Mais la tournure qu’ils prennent met l’homme au pied du mur. Dans un monde où l’on s’affranchirait de la loi, dans une nature d’avant la civilisation, pense-t-on, la vengeance aura du sens et l’on satisfera un héroïsme primaire. Toute l’intelligence du film réside dans cette piste exploitée avec une malice pernicieuse. Car loin de donner une leçon aux bourreaux, les victimes semblent plutôt les rejoindre dans le vaste domaine de la barbarie : par l’erreur, le mensonge, la lâcheté, la brutalité et la panique. Film à thèse, Delivrance trouve aussi sa force dans sa démonstration : place à l’image, point de discours. De longues séquences laborieuses donnent à voir les corps qui souffrent, escaladent, qu’on leste ou qu’on ensevelit. Cet étouffement de la parole, écho à la montée future des eaux, est le plus efficace des regards sur ce requiem discret à la civilisation, d’autant plus glaçant qu’on pense pouvoir le refouler.
Zwaffle un mont de verres
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Nov 2014 - 11:08
Nulladies a écrit:
Les mérites de l’épure
La poésie a-t-elle besoin d’être explicitée et illustrée de façon littérale ? Une fulgurance surréaliste renvoie, dans un texte d’Eluard, à notre appréhension propre, dans les méandres informulés de notre imaginaire. Chez Dali, déjà, leur part d’immensité me semble réduite. Le surréalisme au cinéma souffre de cette problématique. Transposer une métaphore par une incrustation numérique est en ce qui me concerne tout sauf séduisant, et The Taste of Tea abuse, surtout dans sa première partie, de tels procédés. Poussif, interdisant au spectateur de contaminer l’univers de son propre imaginaire, il épuise sa charge poétique en un temps record. Ce n’est cependant là qu’un des aspects de ce film à l’hétérogénéité impressionnante. Sur près de deux heures trente, The Taste of Tea va à peu près tout essayer. Si cette exhaustivité peut irriter, elle a néanmoins le mérite de toucher juste le temps de quelques séquences qui marquent. Paradoxalement, dans un film qui propose des passages en manga, un clip déjanté, et ne cesse de surprendre par son changement de registre, c’est bien la lenteur générale qui le caractérise le mieux. Soucieux de ses cadrages, attentif aux différents membres de la famille qu’il suit, il parvient à nous rendre attachante cette communauté et propose d’émouvants décrochages qui parviennent à circonscrire l’indicible des tourments humains. C’est un volet qui claque et qui dit l’amour d’un grand père, une partie de go silencieuse pour la naissance de l’amour, ou une conversation devant un étal pour son extinction. Pudiques, silencieux, ces instants sont d’une grande pureté et fonctionnent peut-être d’autant plus qu’ils sont en contraste avec les effets poseurs du reste. Cette alliance étrange est probablement constitutive de la culture japonaise, faisant cohabiter dans un même personnage des élans exubérants et une pudeur secrète, à l’image du grand père dont on retrouve les livrets d’animation, déclaration d’amour qui ressemble beaucoup à celle que fait le cinéaste à tous ses personnages. Car la véritable poésie se loge dans cette épure. C’est celle, délicate, du regard d’un amoureux, éconduit ou sur le point d’être regardé à son tour ; c’est l’ennui délicat d’une enfant sur la terrasse en bois de sa maison, et le son du jardin qui l’entoure.
YAAAAAAMAAAAYO YAMAYO!
un de mes films cultes
qui part en effet dans tous les sens mais c'est ça qui fait son charme, aussi drôle qu'émouvant
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 29 Nov 2014 - 7:56
Maestro. "Henri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans FAST & FURIOUS, se retrouve engagé dans le film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait… Mais le charme de sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus."
Fan de Rohmer, je me suis vraiment bien marré à ce petit pitch léger sur le choc que peut provoquer pour un jeune moyen, le tournage du film le plus improbable de Rohmer "Les amours d'Astrée et de Céladon" en costumes ridicules et aux dialogues encore plus ! Sur la fin ça traine...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 3 Déc 2014 - 6:29
Azbinebrozer a écrit:
Maestro. "Henri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans FAST & FURIOUS, se retrouve engagé dans le film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait… Mais le charme de sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus."
Fan de Rohmer, je me suis vraiment bien marré à ce petit pitch léger sur le choc que peut provoquer pour un jeune moyen, le tournage du film le plus improbable de Rohmer "Les amours d'Astrée et de Céladon" en costumes ridicules et aux dialogues encore plus ! Sur la fin ça traine...
Je l'ai loupé à sa sortie, celui-ci, il me disait bien...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 3 Déc 2014 - 6:29
Feel Safe.
Beaucoup le savent, mais le répéter ne fera de mal à personne : Joe Dante est un homme indispensable au cinéma. Orfèvre de l’image, inventeur fou, enfant éternel, c’est une créature en jubilation permanente qui veut pérenniser les fonctions premières du cinéma : une magie trompeuse au servie de nos illusions émerveillée. Quand le cinéaste décide de ne plus passer par les références détournées (qu’on revoie le rôle fondamental des projections et des salles de cinéma dans les deux Gremlins) pour évoquer frontalement son amour, le mélange est forcément émouvant. Retour à l’enfance, dans les 60’s, retour à la jeunesse d’un cinéma horrifique et séminal pour notre apprenti spectateur. La peur est partout : dans le ciel, sur les ondes, sur l’horizon de l’Altlantique. Kubrick en fait sa seule et donc plus grande comédie (Dr Strangelove), Lumet une tragédie coup de poing (Fail Safe), Dante son acte de naissance. Le frisson international ne peut pas trouver meilleure illustration qu’au sein d’une salle de cinéma, où les radiations accouchent à l’écran d’un homme fourmi pour le moins grandiose. Dante s’explique, par le truchement d’un Boorman toujours aussi attachant, lui-même figure d’un Hitchcock de seconde zone, et nous propose une jolie leçon sur les vertus de la peur, remontant jusqu’à la préhistoire et la crainte du mammouth. Si la peur est bonne, c’est parce qu’elle mène à son terme et donc rassure. Si la peur est belle, c’est parce qu’elle stimule l’imaginaire de celui qui voudra la répandre. Dont acte : Dante nous livre de larges extraits de ce cinéma de genre, entre hommage et pastiche ; mais on sait avec quel enthousiasme l’inventeur fou se plait à dépasser les simples références. Tout, dans son film, chante les louanges du divertissement et de l’illusion : matérialisé par les gadgets d’une vision en 4D truffant la salle d’effets supplémentaires, mais surtout métaphorisé par les liens constants entre le film encadré (Mant, donc) et encadrant (Matinee). A ce jeu, le producteur Woosley et Dante sont d’habiles concurrents : certaines interactions avec la salle sont prévues, d’autres sont le fait d’une machine qui se dérègle, jouissance suprême orchestrée par le grand manitou qui n’aime rien tant qu’à poser un univers pour le détruire avec méthode et éclat. On pourrait se limiter à une lecture très conventionnelle du film, tant celui-ci refuse de transgresser les codes de son genre : teenage movie, américain jusqu’au bout de sa bande sonore, Matinee joue le jeu. Quoi de plus logique ? L’amour de Dante est inconditionnel, et s’il nous offre une leçon de décryptage enjouée sur les vertus de la peur, il nous invite aussi à lâcher prise par un retour à l’émotion la plus authentique, débarrassée de tout cynisme : le monde échappe à l’apocalypse nucléaire, les méchants sont appréhendés, l’amour et le cinéma sortent vainqueur, dans le cœur des personnages et des spectateurs.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 3 Déc 2014 - 11:07
Citation :
Dante s’explique, par le truchement d’un Boorman toujours aussi attachant
Coquille, je pense... Goodman.
oui, certainement le film le plus personnel de l'indispensable Dante, et accessoirement mon préféré.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 3 Déc 2014 - 11:12
Goupi Tonkin a écrit:
Citation :
Dante s’explique, par le truchement d’un Boorman toujours aussi attachant
Coquille, je pense... Goodman.
oui, certainement le film le plus personnel de l'indispensable Dante, et accessoirement mon préféré.
Oui, évidemment !
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 4 Déc 2014 - 9:38
Suicide is painless.
Les qualités d’A Single Man éclatent dès son ouverture. La photographie laiteuse associée à un sens du cadre chirurgical nous plongent dans l’exploration d’une maison d’architecte qui, déjà, cherche ostensiblement à se montrer comme la métaphore d’une mise en scène classieuse et imparable. Le regard de George (Firth à qui l’on demande surtout de pratiquer son accent anglais) depuis ses toilettes atteste incontestablement d’un sens aigu du regard et d’une volonté incisive de dépasser les apparences de cette banlieue du LA des 60’s naissantes. Sur une trame assez proche du Feu Follet de Malle (qui date d’ailleurs précisément de la même année que celle de l’intrigue du film) Tom Ford invite donc à l’ultime regard d’un homme qui aurait choisi de mourir à la fin de la journée. Deux principes vont poser ce contact aux choses dernières : la vision et les paroles. La première, à grand renfort de ralentis, d’une musique lyrique en diable et de changement d’étalonnage des couleurs, va jouer la carte du formalisme poussif. On pense à Dolan, qui lui-même renvoyait à WKW, durant ces petites épiphanies où les lèvres d’une femme explosent de tout leur carmin, un iris se teinte de vert, censément offrir au mort en sursis la beauté d’un monde qu’il va quitter. Le contraste entre ce pop et la reconstitution volontairement terne des 60’s, joliment reconstituées, est certes divertissant, mais la formule s’essouffle rapidement. Mais c’est bien dans le second principe que le récit va se trouver définitivement plombé. Soit deux échanges majeurs, l’un avec une femme amoureuse elle-même sur le déclin, ne pouvant rivaliser avec l’amour pour l’homme mort et le deuil de George. Julianne Moore sait elle aussi très bien pratiquer l’accent anglais. L’autre avec un jeune homme, incarnation de la vie, la beauté, la jeunesse, la fraicheur. Outre le didactisme de cette répartition, la lourdeur des échanges est impitoyable, dissertations sur la vie, le bilan, l’amour et la beauté, d’autant plus dommageables que les efforts picturaux s’échinaient déjà à signifier tout cela. [Spoils] Quant au « twist » final, il n’achève pas de déconcerter. Monsieur, revenu au choix de la vie grâce au bel éphèbe sur son canapé, est victime d’une crise cardiaque. Tragédie ? Ironie ? Complot cosmique ? Pathétique eschatologique ? Tour de bourrique ?
A Single Man est loin d’être un mauvais film. Méticuleux, soigné à l’excès, il a la faiblesse des premières tentatives qui voudraient tout dire, exhiber leur formalisme et traiter de la vie, l’amour et la mort en un seul opus.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 6 Déc 2014 - 6:57
Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.
Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté.
- Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord de principe de Liam Neeson. - Nan, là je parlais de Jason. - Ah. Donc Le Transporteur. Quand tu parlais du 4, je croyais qu’on était sur Taken. - Nan. Tiens, prends la tartiflette, elle est bonne, ici. - D’accord, Luc. - Et puis je suis tombé sur The Sentinel, hier soir. Tu te souviens de ce truc ? Du coup j’ai un projet perso. - Une réal ? - Ouais. Merde, ça déborde. Mlle, donnez-moi une autre assiette, s’il vous plait. Un truc philosophique. - … - T’as oublié ton entrée. La salade de pomme de terre est excellente. - Merci, je crois que j’en ai assez, là. - Ouais, un truc sur l’humain, quoi. Son potentiel, tu vois. Une héroïne avec des habilités particulières. - Une mutante ? - Genre. Mais avec tous les pouvoirs. Un truc de fou, jamais vu. Télékinésie, radiographie par les mains, métamorphe, voyage dans le temps et la matière, big-bang. Attends, j’ai noté des trucs sur la nappe là-bas tout à l’heure, à la pause viennoiseries. - C’est ambitieux, Luc. J’adore. - Voilà, regarde, c’est écrit là. - « Stars. Intelligence. Poursuites. Gunfights. Fin de ouf ». Ouais, vraiment, ambitieux. - On tourne la semaine prochaine, j’ai un noir et une blonde. Tu finis pas tes frites ?
12 semaines plus tard. Réunion de débriefing.
- Bon, les gars, le gros a tourné, et on doit se démerder maintenant. - Voyons le bon côté des choses : on a de quoi faire une bande-annonce. - Le problème, c’est que son film dure 1h00. Et qu’il veut pas tourner davantage. Il a déjà rajouté le bisou de Scarlett quand on lui a demandé des sentiments, il ira pas plus loin. - On fait quoi, putain ? - Je lui ai demandé. Il m’a dit d’ajouter des animaux. - Des animaux. Il t’a dit d’ajouter DES ANIMAUX. - Ouais, des illustrations. Il a dit que ça souligne l’ambition philosophique. Il veut du cosmos, aussi. On est donc allé pomper chez Disney Nature, Yann Arthus-Bertrand et les docs de la Géode. - Mais on a pas assez. On a foutu un peu partout, même des rhinos et des grenouilles qui copulent, mais on est à 1h10. - Je l’appelle. « Luc ? C’est Bryan Feneck. Ouais, toujours la durée. Qu’est-ce qu’on…Ah ? Sur ? D’accord Luc. Bien Luc. Je leur dis, Luc. » - Alors ? - Il m’a dit de mettre n’importe quoi. - … Tu peux préciser ? - Il a dit, je cite « des villes en time lapse, des embouteillages, des rubik’s cube, des machines à laver » La fin j’ai pas compris, il avait la bouche pleine. - Allez, au boulot, putain !
8 semaines plus tard. Débriefing des screentests.
- Bon. Luc est content. - … - Stanley, tu prends donc en charge le dossier de presse. N’oublie pas, on est dans une approche à la 2001. Tree of Life, tout ça. - Ouais, et Jurassic Park, et Le Blob. Ecoute, Bryan, ça va pas être possible. - Qu’est-ce que tu me racontes ? - Je démissionne. Je peux pas. Je vous le dis entre nous, j’ai jamais vu une telle merde. - On te demande pas ton avis non plus, ducon. Le public de Besson a le mérite de n’utiliser que 4% de son cerveau, c’est là que c’est malin. - Là c’est trop. - Il a raison, Bryan. - Ta gueule, toi. T’as déjà de la chance que Luc t’ait pas entendu rire pendant la scène du coup de fil de Lucy à sa mère ! - Mais putain, elle parlait du goût de son lait, bordel !!! - Ta gueule, j’ai dit. Bon, Stan, tu te ressaisis ? - C’est non négociable. J’ai eu une révélation, putain. Des merdes, j’en ai vendues depuis que je bosse ici, mais là, c’était même plus de l’indignation, mais du désespoir. C’était cathartique. Putain, y’a aucun rythme, il nous a souillé Min-sik Choi & Scarlett est encore plus laide que dans Don Jon ! - Et tu te souviens des mecs qui pendent au plafond ? - Et, les pouces qui s’illuminent ! - Et quand elle se transforme en Akira ! - Putain mais fermez-la, merde ! - Et la clé usb qui scintille, quand même… J’arrête, chef, promis. - Stanley, tu nous fous dans la merde. - Je suis réglo, tu me connais, j’ai cherché un plan B pour la promo. J’ai trouvé un jeune dans la salle qui pourra faire l’affaire. - Un amateur ? Putain, mais… - C’est l’avenir, mec. Ecoute ce qu’il disait en sortant : « Arrivé à la fin du film, j’ai senti un truc sur ma joue, je me suis demandé ce que c’était, et je me suis rendu compte que j’étais en train de pleurer… » - Ouais, ben nous aussi, hein… - Nan ta gueule, écoute : « pleurer d’ADMIRATION ». - Ok, tu l’embauches. Putain, je crois qu’on va peut-être quand même cartonner.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 6 Déc 2014 - 7:06
P.S :
Pour la référence à la fin, c'est ça :
Esther Yul le grincheux
Nombre de messages : 6224 Date d'inscription : 31/10/2013 Age : 50 Humeur : Taquine
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 6 Déc 2014 - 8:29
Nulladies a écrit:
P.S :
Pour la référence à la fin, c'est ça :
Pleurer devant une merdouille pareil?????? D'ennui ou de rire, à la rigueur...
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 6 Déc 2014 - 8:30
Esther a écrit:
Nulladies a écrit:
P.S :
Pour la référence à la fin, c'est ça :
Pleurer devant une merdouille pareil?????? D'ennui ou de rire, à la rigueur...
Ouais. Le type est un étudiant en cinéma qui fait des émissions sur Youtube. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il assume ses goûts...
Esther Yul le grincheux
Nombre de messages : 6224 Date d'inscription : 31/10/2013 Age : 50 Humeur : Taquine
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 6 Déc 2014 - 8:32
Nulladies a écrit:
Esther a écrit:
Nulladies a écrit:
P.S :
Pour la référence à la fin, c'est ça :
Pleurer devant une merdouille pareil?????? D'ennui ou de rire, à la rigueur...
Ouais. Le type est un étudiant en cinéma qui fait des émissions sur Youtube. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il assume ses goûts...
J'ai juste regardé deux ou trois minutes, mais si tous ses goûts sont à l'avenant, c'est pas demain la veille que je vais me pointer dans une salle avec lui...
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....