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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 27 Sep 2014 - 12:10
RabbitIYH a écrit:
Je viens de le voir aussi, putain que c'est long. Ils ont quand même eu la bonne idée d'ajouter Mark Wahlberg qui peut sauver n'importe quel film de la totale catastrophe. Et puis sympathie pour l'hommage au ciné de HK pendant la descente d'immeuble filmée (dans la mesure du possible) à la Tsui Hark mais c'est à peu près tout, pas de quoi justifier la tirade du début sur la fin du cinéma des artisans, le numérique qui tue la passion, etc (aha, ce comble).
Tout à fait : j'ai mis 2/10 pour cette séquence et l'aimantage du 4/4, un peu marrant. Sinon c'est d'une laideur absolue, et c'est IIIIIIIIIInterminable.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 27 Sep 2014 - 15:29
Je suis admiratif. Comment faites-vous pour vous goinfrer des machins comme ça sans être payé ? Je crois que je préférerais me coincer le zobi dans le cul d'un âne mort que de me taper deux plombes de Transformers ou autres merdouillles d'une même acabit. Rien que l'affiche donne envie d'égorger des bébés phoques tout mignons avec un couteau à huîtres.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 27 Sep 2014 - 15:33
Goupi Tonkin a écrit:
Je suis admiratif. Comment faites-vous pour vous goinfrer des machins comme ça sans être payé ? Je crois que je préférerais me coincer le zobi dans le cul d'un âne mort que de me taper deux plombes de Transformers ou autres merdouillles d'une même acabit. Rien que l'affiche donne envie d'égorger des bébés phoques tout mignons avec un couteau à huîtres.
De temps en temps, j'aime prendre le pouls de mon époque. C'est comme avec Guillaume Musso. Je veux savoir.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 27 Sep 2014 - 15:58
La démarche est respectable. Et tu as, au fond, certainement raison: il faut savoir prendre le pouls de son époque. Mais je préfère, la plupart du temps, pratiquer la politique de l'autruche. A part la planète des singes, je crois n'avoir jamais vu un seul des blockbuster par toi chroniqués en ces lieux. C'est pas du snobisme, enfin pas tout à fait , c'est surtout un manque de courage et de motivation : ces films-là sont souvent très longs, très bruyants et utilisent des "codes" qui parfois m'échappent. I'm Too Old For This Shit, je crois.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 27 Sep 2014 - 16:03
Goupi Tonkin a écrit:
La démarche est respectable. Et tu as, au fond, certainement raison: il faut savoir prendre le pouls de son époque. Mais je préfère, la plupart du temps, pratiquer la politique de l'autruche. A part la planète des singes, je crois n'avoir jamais vu un seul des blockbuster par toi chroniqués en ces lieux. C'est pas du snobisme, enfin pas tout à fait , c'est surtout un manque de courage et de motivation : ces films-là sont souvent très longs, très bruyants et utilisent des "codes" qui parfois m'échappent. I'm Too Old For This Shit
Faut dire aussi que je paye jamais pour les voir, sauf cette année pour La Planète, justement, et Les gardiens de la galaxie avec mon fils, qui nous a bien plu. Mais c'est de plus en plus éprouvant. Là, pour le Tranformers, j''étais curieux, et je peux dire que le syndrome Murtaugh, (que j'avais déjà bien senti pour le Sion Sono dernièrement) je me le suis pris en pleine gueule. J'étais épuisé. D'ailleurs je faisais un peu autre chose en même temps, parce que bon, faut pas déconner non plus, la vie est courte.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 28 Sep 2014 - 8:48
Conversations discrètes
C’est dans le silence que commence Rio Bravo, lors d’une séquence fondatrice qu’il faudra décidemment revoir pour confirmer à quel point elle est la matrice du récit à venir. Tout y est dit : la violence du hors-la-loi (Burdette), celle faite à soi-même (l’alcoolisme) et la figure du père tentant, non sans y laisser des hématomes, de conduire ce chaos discret vers la sérénité.
Le silence s’effilochera par la suite dans ce film résolument construit sur les dialogues et les échanges, mais ses incursions seront toujours au service d’un sens aigu du visuel : des trajets dans une rue, décor presque unique reliant des intérieurs prépondérants, une paranoïa croissante et une scène sublime où du sang vient colorer la bière.
Les trajets, justement. Rio Bravo entérine des parcours : celui de la rédemption pour Dude, et ceux de l’enferment pour les deux autres figures majeures : du bad guy, bien sûr, mais aussi du big boss qui tombe avec une grâce infinie dans les rets d’une mante insidieuse, l’époustouflante Angie Dickinson.
L’immense talent du film réside dans son équilibre étourdissant. Entre le western attentiste, la romance screwball, entre l’amitié virile et la peinture d’une communauté, Rio Bravo se permet avec une audace déconcertante des échappées continues vers les visages et des personnages tous attachants, de l’hispano témoignant face caméra au boiteux dont le rire est anthologique. Puisqu’il faut attendre l’assaillant extérieur menaçant la place de la Loi, autant profiter de ces béances temporelle pour souder la communauté et panser les plaies anciennes qui tenteraient de la pourrir de l’intérieur. On parle, on chante, on plaisante… et l’on s’empêtre dans un jeu de séduction qui retourne l’Homme Wayne comme un pancake, lui dont le regard bienveillant le plaçait jusqu’alors en position de sage patriarche. Qui saurait rester d’aplomb face à la voix rauque et la silhouette sculpturale d’Angie, alliées à un sens de la manipulation et de la mauvaise foi élevées au rang d’art martial ?
Rio Bravo n’est pas un film d’aventure : c’est l’invitation dans une communauté, sur une scène décidemment très théâtrale, où l’on résout davantage par la parole que par le flingue. Mais une fois l’humanité de chacun dévoilée, le spectateur rendu complice pourra suivre la joyeuse bande dans une comédie de plus en plus assumée, où l’on ponctue ses saillies par des explosions de dynamite, tandis que la belle rend son sourire plus victorieux encore en le faisant scintiller de larmes.
Il n’y a qu’une chose à faire face à Rio Bravo, et l’on n’a cessé de nous le dire depuis le début : succomber.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 28 Sep 2014 - 11:32
CO. Une rue, un saloon, un hôtel, le bureau du shérif... C'est quasiment un "western de chambre" où l'action est toujours ( ou presque ) différée. On y prend même le temps de chanter longuement avant l'assaut. Je trouve ça magnifique :
Si je ne devais garder que 5 scènes de cinéma...
Très bon livre sur le sujet ( il est très court mais très dense, et ne coûte que 10 euros )
de Pierre Gabaston ( Editeur : yellow now )
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 28 Sep 2014 - 14:44
Yep, CO, sur ce western-là on se rejoint.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 29 Sep 2014 - 11:15
J'ai découvert ce film vers l'âge de 9 ou 10 ans et je le revois régulièrement depuis. Je crois que je ne me lasserai jamais du charme, de l'inventivité et de la poésie joliment surannée des belles productions SF hollywoodiennes ( surtout celles de la MGM) des années 50's - Début 60's.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 30 Sep 2014 - 6:27
La possibilité d’une idylle
Tonnerre est une invitation au retrait : celle d’un exil de Paris par le protagoniste qui serait un écho de la place marginale du film en regard de la production française. Tout, dans sa première partie, brandit l’indépendance et la sincérité. Cela peut irriter comme fonctionner. Anti-spectacle, le récit place en son centre le personnage gauche et un peu abimé interprété avec fragilité par Vincent Macaigne. Autour de lui, la cohorte des gens normaux, commentateurs de son statut de personnage encore en devenir : son père, ce viticulteur qui passe le relais dans une scène de séduction atypique et touchante, aussi embarrassante qu’émoustillante pour le couple encore non formé. Tonnerre est une commune de l’Yonne, protagoniste aussi désactivée que ses occupants. Dans le froid poisseux d’un hiver gris, elle délivre à quelques occasions de son urbanité lépreuse pour un lac, un chalet sous la neige, où les utopies d’un amour à l’abri du monde semblent un temps possibles. Neurasthénique, très français, Tonnerre fonctionne, et pour peu qu’on joue le jeu de son codage un peu rêche, touche. Je me répète, mais ne rien savoir d’un film est toujours un atout formidable pour se laisser surprendre et embarquer par les inattendus de son récit. [Spoilers] Alors qu’il commence comme la chronique délicate d’un rayon de soleil qu’on n’attendait plus sur une vie morne, Tonnerre prend un virage vers le polar désenchanté. Sauvé puis rejeté à la houle, Maxime perd pied et prend les armes. La tension croissante de son isolement, le naturalisme de cette solitude d’autant plus douloureuse qu’elle prend désormais la mesure de ce qu’elle perd, est restitué avec pertinence. La question est désormais de savoir jusqu’où ira le dérapage. Sur cet aspect là aussi, Brac joue la désactivation : un flingue jeté dans l’eau, un improbable syndrome de Stockholm, et un retour au quotidien qui trouble. L’histoire douloureuse du père (Bernard Ménez qu’on retrouve toujours avec plaisir), ayant lui-même ses remords amoureux et ses parenthèses enchantées, semble être une des clés du récit : la possibilité d’une idylle, l’irruption de la jeunesse dans des corps meurtris, les chaleurs brusques dans des cœurs délavés, face à un vaste paysage qui les reflète avec bienveillance.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 1 Oct 2014 - 6:48
Les monts engloutis.
Hébété, l’un des protagonistes assiste au début du film à un tour de magie. On transforme une liasse de billets en billets d’une autre devise. Puis on demande à l’assistance de payer. De l’argent qui se mue par l’argent en argent. En peu de mots, Jia Zhang Ke a fait sa démonstration. Reste à en montrer les conséquences. Still Life est donc très proche d’A touch of Sin dans son propos : une dénonciation par le constat d’un pays qui se mue dans la douleur silencieuse d’une population. Mais là où le dernier tendait à grossir le trait pour souligner son discours, c’est avec infiniment plus de mélancolie et de retrait que Still Life (« nature morte ») s’impose. Le symbole de la mutation économique est le barrage des Trois Gorges, ouvrage monumental qui modifie en profondeur la géographie même du pays. Les eaux vont monter, engloutissant un monde qu’on voudrait ancien et sur les ruines duquel on pense établir un nouvel élan. On établit avec fierté la limite de l’immersion, à 156 mètres, et l’on s’applique à démolir des bâtiments entiers, dans une grisaille constante. La photographie est toujours aussi superbe, qu’elle mette en valeur l’humidité d’un pays dont les signes extérieurs de décrépitude sont la rouille et la lèpre du ciment pourri. La lumière des intérieurs, le cadrage d’une grande maitrise sont au service des personnages, tentant tant bien que mal de communiquer. Car dans ce monde avant tout architectural, les individus sont des édifices tout aussi fragiles. A vendre, criblés de dettes, dispersés dans les confins d’un état qui ne cesse de s’étendre, dans des ruines à abattre ou les entrailles de la terre pour en extraire les richesses. La famille est atomisée, et l’intrigue suit deux personnages tentant d’établir un contact rompu avec un conjoint presque oublié. On pense un temps que la technologie sera à leur service : on devise sur le téléphone portable, qui diffuse en guise de sonnerie les bluettes à la mode, air qui génère un sourire la première fois, un effroi la seconde lorsqu’il permet de retrouver un cadavre sous les gravats. On aura rarement vu une telle symbiose entre le décor et les personnages qui le traversent : qu’on songe à la scène de retrouvaille/séparation du couple devant le barrage gigantesque en arrière-plan, ou celle où le pan d’un mur éventré donne à voir une ville dont on dynamite un bâtiment entier. Dans cet univers trop grand pour l’individu, c’est la ville qui prend en charge son paysage intérieur : larmes de démolition urbaine, ou élans d’espoir sous la forme d’un pont qui s’allume (scène sublime qui fait puissamment penser au livre de Maylis de Kerangal, Naissance d’un Pont). Et cela conduit jusqu’aux rêveries surréalistes par la fulgurance poétique d’un objet volant non identifié, ou d’une ruine prenant son envol dans le ciel gris. C’est bien dans le suspens généralisé que s’achève le film : de cet élan national dans la démolition vers l’inconnu, des destinées des protagonistes. Entre deux ruines, sur le plan final, un funambule tente une traversée. C’est bien à lui que Jia Zhang Ke a emprunté le tact et le sens de l’équilibre pour ce grand film délicatement désespéré.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 2 Oct 2014 - 9:29
Entre deux feux.
Mississipi Burning est un film à montrer dans les établissements scolaires : c’est là son mérite, c’est là sa limite. Document précieux sur la ségrégation américaine, il dresse un tableau effrayant de l’année 1964 dans l’état du Mississipi. L’intérêt de la construction est celui de mettre en réseau quatre communautés qui ne parviennent pas à communiquer : les Blancs affiliés au Klan, les Noirs, et parmi les fédéraux, l’individu de Washington idéaliste (Dafoe) face au flic provincial, pragmatique et plus cynique (Hackman, qui ayant beau s’empâter un peu avec l’âge, garde toujours un sourire et une présence uniques). Autour d’une traditionnelle affaire de disparition, Parker enquête davantage sur les liens et les haines qui s’exacerbent que sur la résolution, éventée dès le départ, du triple meurtre. Les rapports fonctionnent par conflagration : l’état fédéral exacerbe les haines et les revanches sur une population noire qui préférerait ne rien dire, et le duo d’agents se déchire sur les méthodes à pratiquer. L’enquête, très longue et parsemée d’échecs, démultiplie les exemples et les victimes, pour générer un tableau effrayant de la situation. Les scènes d’exaction, répétitives et éprouvantes, sont pourtant moins efficaces que les séquences qui voient les locaux observer avec ironie la recherche des corps, et les langues se délier face aux médias. Cinquième force en présence, ceux-ci pullulent et font témoigner les blancs qui donnent un bel aperçu de la haine ordinaire ancrée dans leur éducation. Reconstitution classieuse, interprétation à l’avenant, le film d’Alan Parker fait donc son boulot et nous indigne efficacement. La question est de savoir dans quelle mesure la dimension didactique du film aurait pu être malmenée par davantage de subtilité. L’ensemble reste très binaire, et ce qui promettait une remise en question de l’idéalisme fédéral par le débat Hackman/Dafoe vire à la résolution brutale et frileuse à la fois. Face à l’échec de la loi et au mutisme des victimes, la méthode forte s’impose : menaces, loi du talion, pour un petit frisson revanchard du spectateur qui n’est pas à mon sens du meilleur goût. Frileux, car l’on se garde bien d’aller trop loin, se contentant de « jouer à » pendre ou castrer au rasoir, les peureux blancs craquant très vite. Il n’en demeure pas moins que c’est bien la méthode prônée pour résoudre la situation. Cette façon de reprendre les rênes d’un thriller finalement basique et de satisfaire les attentes d’un public a quelque chose de dérangeant sur un pareil thème qui méritait probablement davantage de subtilité… et donc, sûrement, de pessimisme.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 2 Oct 2014 - 10:27
Alan Parker la subtilité c'est clairement pas son fort... Jia Zhangke non plus à mon avis mais bon.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 2 Oct 2014 - 10:32
RabbitIYH a écrit:
Alan Parker la subtilité c'est clairement pas son fort... Jia Zhangke non plus à mon avis mais bon.
Tututut. Still Life est vraiment une réussite, très bonne surprise me concernant.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 2 Oct 2014 - 19:53
Mouais bof, mieux que The World, moins bien que A Touch of Sin.
Nulladies a écrit:
On aura rarement vu une telle symbiose entre le décor et les personnages qui le traversent : qu’on songe à la scène de retrouvaille/séparation du couple devant le barrage gigantesque en arrière-plan, ou celle où le pan d’un mur éventré donne à voir une ville dont on dynamite un bâtiment entier. Dans cet univers trop grand pour l’individu, c’est la ville qui prend en charge son paysage intérieur : larmes de démolition urbaine, ou élans d’espoir sous la forme d’un pont qui s’allume (scène sublime qui fait puissamment penser au livre de Maylis de Kerangal, Naissance d’un Pont).
Filmé par un Américain d'aucuns auraient trouvé ça lourdement symbolique et auraient eu raison !
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 2 Oct 2014 - 19:55
RabbitIYH a écrit:
Mouais bof, mieux que The World, moins bien que A Touch of Sin.
Nulladies a écrit:
On aura rarement vu une telle symbiose entre le décor et les personnages qui le traversent : qu’on songe à la scène de retrouvaille/séparation du couple devant le barrage gigantesque en arrière-plan, ou celle où le pan d’un mur éventré donne à voir une ville dont on dynamite un bâtiment entier. Dans cet univers trop grand pour l’individu, c’est la ville qui prend en charge son paysage intérieur : larmes de démolition urbaine, ou élans d’espoir sous la forme d’un pont qui s’allume (scène sublime qui fait puissamment penser au livre de Maylis de Kerangal, Naissance d’un Pont).
Filmé par un Américain d'aucuns auraient trouvé ça lourdement symbolique et auraient eu raison !
ça pourrait ne pas être faux. Là, ça a marché pour moi, j'ai été pris.
lalou grand petit homme
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 2 Oct 2014 - 22:26
Je m'immisce dans vos débats pour approuver Nulladies à propos de Mississipi Burning. Je l'ai revu il y a peu et oui, quelle jubilation quand Hackman et ses acolytes font craquer violemment les méchants!! ça m'a foutu la trouille de moi-même... On est de chair et d'os, je suis incapable d'analyser objectivement comme vous le faites, mais Alan Parker me prends toujours aux tripes (ou au cerveau => The Wall)
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 2 Oct 2014 - 23:43
Ceci dit j'aime beaucoup Angel Heart avec un duel Rourke/DeNiro mémorable. Le reste j'ai jamais pu, Mississipi Burning c'est encore celui qui est le mieux passé mais qu'est-ce que c'était long !
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 2 Oct 2014 - 23:47
birdy, midnight express, the wall des films marquants de mon adolescence
la vie de david gale, c'était pas mal non plus
mississipi burning et angel heart, j'avais beaucoup aimé aussi.
c'était il y a plus de 20 ans. aujourd'hui? je ne sais pas
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Oct 2014 - 0:34
Si Birdy encore ça va, Midnight Express par contre...
Sans parler de Fame, Evita...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Oct 2014 - 5:04
The Wall et Angel Heart , je vais les revoir prochainement ; deux films qui m'avaient moi aussi bien marqué dans ma prime jeunesse, je ne sais pas trop ce que ça va donner.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Oct 2014 - 9:24
Revu Angel Heart, il y a peu ( cycle Mickey Rourke sur TCM ). Le film n'échappe pas toujours au grand-Guignol clipesque, mais ce drôle de petit polar faustien est encore assez plaisant aujourd'hui. Ces années 50 ultra stylisées font encore leur petit effet. Et puis surtout il y a Lisa Bonet
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Oct 2014 - 9:27
Ah ben oui, c'est un argument qui claque.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Oct 2014 - 9:28
Le crépuscule des yeux.
Film languide et contemplatif, L’Apollonide nous enferme dans les alcôves surannées d’une maison close et verrouille à sa suite les ressorts traditionnels de la narration : on pourrait y déceler une ambition documentaire, tant on insiste sur le quotidien des pensionnaires, quasi détenues par leurs dettes, entre activité sexuelle, toilettes et visite médicale.
Un lent travelling opère vers le début du film un catalogue des filles disponibles, alors que lui répond sur la fin celui des observateurs consommateurs. Cette mise en équivalence frappante éclaircit l’une des démonstrations de Bonello : cette société cossue, qui s’enferme dans les bordels est un monde figé qui meurt dans les vapeurs d’un champagne tiède, rivalisant d’ingéniosité pour parfaire les cartes postales de fantasmes à bout de souffle.
A ces rigidités du récit et de l’atmosphère, le cinéaste oppose une seule vibration, mais de taille : celle de l’image. La succession de tableaux qu’il dessine, richement surcadrés par les lourd velours des rideaux, les obscurités d’intérieurs où éclatent les fulgurances d’une peau voilée de tulle offrent au regard une extase que ne semblent pas vivre les protagonistes. Car c’est bien là le pari risqué de son esthétique que d’allier le glacis d’une picturalité parfaite à la beauté marmoréenne des corps. Poupées parfaites, fantasmes inertes, créatures aussi grandioses que chez Klimt ou Mucha, mais qui semblent encore enfermées dans leurs toiles : telles sont les courtisanes. Neurasthéniques, les hommes qui paient pensent avoir accès à cet indicible féminin : on scrute les corps, on les fait parler d’autres langues, rien n’y fait. Le regard reste vide et rêveur. « Quand tu couches, tu fais semblant », explique-t-on à la petite nouvelle. « Les hommes ont des secrets mais n’ont pas de mystère », confesse l’un d’eux. Masqués, bavards, ils pavanent, et s’écorchant au mutisme d’un beau inaccessible, finissent par le malmener ; les corps se couvrent de pustules, les plaies s’ouvrent sous la lame.
A mesure que l’aube du XXè siècle devient le crépuscule d’un monde décati, la course à la sensation s’emballe. Panthères et automates, naines et femme qui rit, on brule toutes les cartouches du fantasme pour tenter de se sentir vibrant.
Avec une profonde empathie pour ses comédiennes, solidaires dans ce don de leur corps, maternées par une « Madame » aussi carcérale que protectrice, Bonello est le seul à s’en sortir. Parce qu’il approche sans jamais la dévoiler tout à fait la grâce, parce qu’il la laisse éclairer d’une lueur opaque les étoffes, le cinéaste parvient à rendre palpable ce que ne peuvent toucher les hommes : le sublime.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Oct 2014 - 10:45
Ce fut un demi-choc pour moi. Je trouve le film très beau, envoûtant et "lysergique", fascinant même quand il parvient à mêler artistement le mortifère et le sensuel, et audacieux dans sa volonté de rompre avec le naturalisme souvent de mise quand le sujet de la prostitution est abordé au cinéma mais il y a parfois, ici et là, quelques afféteries qui m'agacent un peu ou me laissent dubitatif.
J'ai lu dans une itw que Bonello avait dit à ses collaborateurs ( techniciens et comédiens ) qu'il fallait envisager le film comme un "film de fantômes" qui ne dit pas son nom. J'aime beaucoup cette idée...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Oct 2014 - 10:52
Il faut accepter la pose, c'est évident, de même que la neurasthénie narrative et contemplative. Effectivement, la formule est bien trouvée, renforcée par le sous-titre qui évoque les "souvenirs de la maison close".
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....