En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....

Nulladies a écrit:

et c'est digne pour son genre

Je crois que ça suffit à décrédibiliser toute critique que tu pourrais formuler vis-à-vis d'un film de SF (à moins que tu ne parles de blockbuster... mais comme ça n'en est pas un). Bien sûr qu'il est magnifique ce film, pour sa fatalité aux allures de tragédie antique qui en fait davantage un film noir par bien des aspects d'ailleurs, sa méditation sur l'étranger que l'on devient pour soi avec le temps (un thème déjà en filigrane dans Brick à travers le personnage d'Emilie de Ravin), son Jeff Daniels mélancolique, son duo d'acteurs mimétiques (JG-Levitt est bluffant en Bruce Willis jeune), ses enjeux ambigus, son univers transgenre (SF et film noir donc mais aussi film de mafia, thriller, comédie noire dont les éléments s'imbriquent tout à fait naturellement), son scénar à tiroirs captivant et désespéré, la sincérité de ses histoires d'amour croisées... j'en passe.

Ouais. Moi je passe. Et c'est pas ça qui va crédibiliser les sur-cotages des films de SF, Twelve Monkeys en tête...

Cela dit, Brick me tente bien.

Nulladies a écrit:

Ouais. Moi je passe. Et c'est pas ça qui va crédibiliser les sur-cotages des films de SF, Twelve Monkeys en  tête...

Le jour où la SF sera surcôtée on en verra un peu en festival et les gens comprendront enfin que Robocop est l'un des 10 meilleurs films des années 80. Personnellement les chef-d'oeuvres du genre j'en compte pas plus de 3 ou 4 par décennie, y a pas matière à surcôter.

Après bon, si tu peux plus regarder 12 Monkeys, pas étonnant que Looper soit pas pour toi.

Je précise juste : je ne méprise pas du tout la SF, et Robocop est un bon exemple, ou évidemment Blade Runner. Je dis juste que la surcotation est fréquente pour ce genre, à mon avis.

Vous, fétides pourceaux vautrés dans votre fange
Oyez avec respect la geste un rien bouffonne
De l’armée fatiguée du Sieur Brancaleone
Don Quichotte italien, à la grotesque frange !

Sur son fier destrier, renégat et jaunâtre
Il déclame avec hargne un courage inouï
Et si de ses hauts faits nul n’a jamais joui
C’est qu’à la réussite son sort est acariâtre.

Sans jamais oublier son solide enthousiasme
Chaque pas vers la gloire est dans le mauvais sens
Dans ses combats transis, ostentatoires spasmes
Il moissonne les champs, mais de coups il dispense.

Car en cet an de grâce d’un obscur moyen âge
Grillé par les acides de sixties fébriles
Se croisent fanatiques, lépreux et zoophiles
Cohorte d’édentés odorante et en nage :
On embroche on empale, on viole avec fracas,
On déguste à crocs vifs, quelques poussins vivants
Et dans ce monde vil, notre héros fringuant
Court à bride abattue pour sortir du caca.

Embrassant l’aventure et la femme grivoise
Notre preux priapique sait préserver les pures
Et lorsqu’il cède à de pulpeuses créatures
Il tâte du fouet, ou la peste sournoise

Mais rien n’arrêtera le perdant magnifique
Qui ourdit de vils pièges sur lui se refermant
Et de l’empalement sauve son fondement
Pour le livrer aux flammes d’un bûcher d’hérétiques.

Honneur, tambours et fifres à l’ardent qui dérouille
Et va vers son destin, par l’erreur et la lose !
Entouré d’une clique de sa verve jalouse
Crions dans leur sillage, Victoire et Mortecouille !

Je devais aller au ciné pour Leviathan mais la maison pour une fois vide était trop reposante.
J'ai pas regretté.

tu veux dire que tu as dormi ?

Ouais mais pas pendant le film.

Très beau film en effet.

Et le Monicelli au-dessus aussi d'ailleurs.

Belle page italienne !!!

C'est assez charmant, peut-être même un peu trop.

J'en rajoute dans l'Italie :




Lépreux et prouesses

Quatre ans après l’Armée Brancaleone, Monicelli retrouve le truculent Vittorio Gassman pour un nouveau tour de piste de bouffonnade médiévale.
Toujours aussi concaincu de sa grandeur, notre héros met enfin en branle son voyage vers la Terre Sainte, constituant une nouvelle équipée de bras cassés, constituée d’un estropié, d’un aveugle, d’un germain, d’une sorcière sexy, Tiburcie de Pelocce, (Stefania Sandrelli aussi amusée que son partenaire), d’un nain, d’un gueux sado maso se couchant dans les orties et embrassant les lépreux, et d’un lépreux masqué qui s’avèrera une princesse blonde et suave.
C’est toujours aussi délirant, et la parodie de la tonalité solennelle des épopées fonctionne le plus souvent, lors d’une traversée de la mer qui dure 1min30 et se révèle un lac, de combats les yeux bandés ou la tête en bas ou de toutes les piques envoyées à la papauté et les divers fanatismes. Sans oublier une séquence d’une bonne vingtaine de minutes entièrement rimée.
Le film semble avoir bénéficié de moyens supplémentaires : cascades, figurants, décors prennent de l’ampleur. Et c’est justement cette dernière qui épuise un peu. Une comédie, on le sait, brille souvent par sa densité et les plus courtes sont les meilleures. Reconnaissons que deux heures pour un tel film, c’est bien longuet. Quand il s’aventure dans des passages un peu plus sérieux (comme la chanson sur l’intolérance face à l’arbre des pendus par exemple) ou s’étire dans des danses bouffonnes proches de la commedia dell’arte, le film reste certes sincère, mais fatigue un brin.
Il n’en demeure pas moins que quelques années avant les Monty Python, Monicelli a trouvé un registre qui fit beaucoup d’émules, et que ce retour aux sources nous permet d’apprécier une verve comique italienne qui semble aujourd’hui révolue.


(Demain, Le Pigeon que viens (ENFIN) de chopper à la médiathèque)

Nulladies a écrit:

(Demain, Le Pigeon que viens (ENFIN) de chopper à la médiathèque)

Excellentissime.

Les bras cassés braquent comme des branques.

Comédie de gangsters, Le Pigeon repose sur un procédé simple : d’un côté, le casse. De l’autre, la vie. A l’épreuve de nos gangsters italo-siciliens jusqu’aux bouts des ongles, une kyrielle invraisemblable d’obstacles qui jalonnent leur parcours d’étincelles de tendresse et de maladresse. Une épouse en prison, un bébé, les amours de l’un pour la sœur de l’autre, la mère du même et la bêtise du suivant : chaque minute apporte son lot de retournements de situation dans un intrigue générale dont le génie tient dans sa limpidité. Doté d’acteurs de génie, le Pigeon est aussi l’occasion de nous livrer l’italianité sur un plateau d’argent : beaux parleurs, frimeurs, menteurs, du vieux déguisé en cambrioleur au boxeur raté, du bras cassé, au propre comme au figuré, au sicilien macho, la galerie est un feu d’artifice. Avec une acuité du regard acérée, Monicelli gère sa petite troupe d’une main de maitre : les répliques fusent, les seconds plans sont toujours animés, et l’on allie la richesse de l’écriture comique théâtrale à tout le potentiel cinématographique. Par d’amples mouvements de travellings dans les rues, ou de la caméra sur le trajet prévu dans le bâtiment, le cinéaste ajoute à la richesse du scénario une véritable prestance de l’image. Ce n’est pas sans raison que les gangsters eux-mêmes ont recours à une caméra pour filmer le coffre, occasionnant l’un des pires films de l’histoire. La réussite générale provient enfin de la tendresse infinie du réalisateur pour ses personnages : malhonnêtes, souvent idiots, se trahissant tous les quarts d’heure, ils n’en forment pas moins une troupe d’une humanité débordante en témoigne le repas final, où les pâtes aux pois chiches semblent bien le butin suprême puisqu’il occasionne un moment purement italien de convivialité.
Saturé d’intelligence, jubilatoire, troussé aux petits oignons, Le Pigeon un chef d’œuvre d’autant plus confondant qu’il se déploie avec une évidence sous le charme de laquelle il est impossible de ne pas succomber.

Citation :

Saturé d’intelligence, jubilatoire, troussé aux petits oignons, Le Pigeon un chef d’œuvre d’autant plus confondant qu’il se déploie avec une évidence sous le charme de laquelle il est impossible de ne pas succomber.

Tout est dit.

Et puis la dernière réplique est une merveille

Spoiler:

Ce film est placé très haut dans mon petit panthéon perso.

As-tu vu les Vitelloni ? ( une belle tranche d'italianité, aussi. Un peu plus amer mais tout aussi truculent ) J'ai toujours associé les deux films dans mon esprit. Peut-être parce que je les ai découverts à la même époque...

Ah oui, ce désespoir final est absolument grandiose !

Non, pas vu les Vitell, j'eu n peu tout à voir dans la comédie italienne... Revoir Le Fanfaron, Affreux Sales, les monstres. Je veux aussi voir Parfum de Femme

Et sinon, quels sont les CO à côte desquels je ne peux pas passer ?

en dehors des films déjà cités :

Au nom du peuple italien - risi      
La Marche sur Rome  - risi
Une poule, un train... et quelques monstres - Risi
Mes chers amis -  monicelli
La grande guerre - monicelli
Un bourgeois tout petit, petit - monicelli
Nous nous sommes tant aimés - scola
Divorce à l'italienne - germi
ces messieurs dames - germi

il y a aussi des choses formidables dans Les nouveaux monstres

Et j'ajoute La terrasse de Scola       , formidable film qui n'est plus tout à fait une comédie ( même si c'est souvent très drôle, acerbe et cruel )

Goupi Tonkin a écrit:

en dehors des films déjà cités :

Au nom du peuple italien - risi      
La Marche sur Rome  - risi
Une poule, un train... et quelques monstres - Risi
Mes chers amis -  monicelli
La grande guerre - monicelli
Un bourgeois tout petit, petit - monicelli
Nous nous sommes tant aimés - scola
Divorce à l'italienne - germi
ces messieurs dames - germi

il y a aussi des choses formidables dans Les nouveaux monstres

Et j'ajoute La terrasse de Scola       , formidable film qui n'est plus tout à fait une comédie ( même si c'est souvent très drôle, acerbe et cruel )

Merci. J'ai déjà vu - et beaucoup apprécié - ceux en gras. Je vais aller fureter pour les autres.

Nulladies a écrit:

Goupi Tonkin a écrit:

en dehors des films déjà cités :

Au nom du peuple italien - risi      
La Marche sur Rome  - risi
Une poule, un train... et quelques monstres - Risi
Mes chers amis -  monicelli
La grande guerre - monicelli
Un bourgeois tout petit, petit - monicelli
Nous nous sommes tant aimés - scola
Divorce à l'italienne - germi
ces messieurs dames - germi

il y a aussi des choses formidables dans Les nouveaux monstres

Et j'ajoute La terrasse de Scola       , formidable film qui n'est plus tout à fait une comédie ( même si c'est souvent très drôle, acerbe et cruel )

Merci. J'ai déjà vu - et beaucoup apprécié - ceux en gras. Je vais aller fureter pour les autres.

on sort encore un peu du genre mais ça reste une comédie (et c'est pile poil dans l'époque de l'age d'or de la comédie italienne ) : Uccellacci e uccellini de Pasolini ( forcément avec Pasolini, ça se barre vite ailleurs mais ça reste la seule comédie de Pasolini, son film le plus enjoué,le plus espiègle, le plus ironique, avec le grand Toto. Ça pourrait te plaire, je pense )

"Il Giovedi" est aussi très bien, et il y a de très bon moments dans "Mesdames et messieurs bonsoir" .

Nulladies a écrit:

Ah oui, ce désespoir final est absolument grandiose !

Non, pas vu les Vitell, j'eu n peu tout à voir dans la comédie italienne... Revoir Le Fanfaron, Affreux Sales, les monstres. Je veux aussi voir Parfum de Femme

Et sinon, quels sont les CO à côte desquels je ne peux pas passer ?

Les Vitelloni c'est très loin d'être une comédie par contre. Le pigeon me fait plutôt penser à Il Bidone pour rester sur Fellini, mais ce dernier a quand même une dimension tragique beaucoup plus marquée.

Sinon chouette liste, je note mes manques aussi ! Et j'ajouterais bien Pain, amour et fantaisie toujours de Comencini, CO. Les suites ne sont pas du même acabit mais pas mal.

Merci les gars, je note.

Satire sur tout ce qui bouge

Rien de tel que d’aller voir du côté de l’Italie pour prendre le pouls du discours contestataire des 70’s.
Nerveux, habité, avec une palpable envie d’en découdre, Elio Petri met en place un scénario assez diabolique pour illustrer les renversements moraux à la tête de son pays. Soit un chef de police qui commet un meurtre, puis, ivre d’autorité, tente de conduire les enquêteurs à lui pour rétablir l’ordre.
Tour est jeu dans les prémices de ce conte amoral : le sexe se déguise, les pervers se fatiguent à pimenter leurs ébats en y insufflant l’imagerie criminelle dans des séances de photos morbides, tandis que la provocation et le cynisme sont de rigueur dans les bâtiments de la police. On torture au champagne, on galvanise les foules à grands coups de discours fascistes, et l’on affirme sa puissance en costard impeccable.
Là où le film est malin, c’est qu’il met le protagoniste face à une impasse : soucieux de rétablir la vérité, il va devoir constater que celle-ci n’existe plus dans un état qui flirte avec la dictature. De plus en plus névrotique, l’intrigue se mord la queue, et c’est bien là la démonstration la plus probante de la fin de la civilisation.
Gian Maria Volonté, totalement investi dans son rôle, névrotique et schizophrène, fait des merveilles, et la construction assez déroutante des débuts du film distribue habilement les temporalités et les rôles secondaires. Le rythme tendu peut fatiguer par moments, mais est amplement justifié par le climat qu’il cherche à retranscrire.
Satirique, radical, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon fait partie de ces films qui, à l’instar de Network, main basse sur la télévision de Lumet, vieillissent un peu par leur sens de l’excès, mais témoignent d’une époque révolue où l’on savait encore véritablement s’indigner avec panache au cinéma.

oui, certains aspects du film ont vieilli mais il conserve une belle rage et le scénario est une passionnante mécanique retorse et efficace. Gian Maria Volonte est un grand acteur et le score de Morricone, une tuerie... Un must, donc.

bonus :  Thoret présente le film et le cinéma d'Elio Petri ( quelques petits problèmes de son mais c'est vachement bien même si je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qu'il dit sur Haneke à la fin de son intervention )

Grand film. Je trouve pas qu'il ait vieilli, pas autant que Network en tout cas, ne serai-ce que pour sa mise en scène nettement moins plan plan voire carrément baroque. Et la BO de Morricone est géniale également. Pas vu grand chose d'autre de Petri par contre, des conseils ?

En dehors d'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, je ne connais que L'assassin et La classe ouvrière va au paradis : deux très bons films !!!


celui-là jouit d'une excellente réputation.