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| En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 5:56 | |
| Tueurs nés est justement au programme, je l'ai trouvé récemment et je ne l'avais jamais vu... Je vais essayer de mettre la main sur Salvador. Et JFK, effectivement, j'aime beaucoup, mais je ne savais pas dans quelle mesure c'était dû à mon jeune âge quand je l'ai découvert. Vous avez tendance à me rassurer. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 6:49 | |
| C'est toujours l'un des films les plus impressionnants des 90s pour moi, surtout en version longue avec ces quelques plans coupées qui interrogent sur la part de paranoïa de Garrison (cf. la scène des toilettes de l'aéroport). Et puis c'est LE film où l'on sent enfin qu'Oliver Stone a été l'élève de Scorsese, avec cette mise en scène complètement subjective qui épouse l'atmosphère de psychose collective, l'urgence, l'anxiété, l'obsession, la tourmente ressenties par le personnage principal. Seul U-Turn dans un esprit plus baroque renoue avec cette maîtrise de la mise en scène dans sa filmo, je trouve. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 6:51 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- C'est toujours l'un des films les plus impressionnants des 90s pour moi, surtout en version longue avec ces quelques plans coupées qui interrogent sur la part de paranoïa de Garrison (cf. la scène des toilettes de l'aéroport). Et puis c'est LE film où l'on sent enfin qu'Oliver Stone a été l'élève de Scorsese, avec cette mise en scène complètement subjective qui épouse l'atmosphère de psychose collective, l'urgence, l'anxiété, l'obsession, la tourmente ressenties par le personnage principal. Seul U-Turn dans un esprit plus baroque renoue avec cette maîtrise de la mise en scène dans sa filmo, je trouve.
U-turn m'avait bien plu aussi, mais je manquais à l'époque des canons du genre pour apprécier la comparaison. | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 8:30 | |
| J'avais adoré U-turn à l'époque. Et puis je l'ai revu. Fallait pas... L'hystérie visuelle quasi clipesque me sort du film. Je trouve ça "illisible". Cette grosse forme tape-à-l'œil bouffe tout : je me fous de l'histoire, des personnages, je suis en dehors du film et j'ai mal aux yeux... C'est vraiment pas mon truc. C'est dommage parce que le film fait référence à plein de films noirs que j'adore et se nourrit du climat des romans de Jim Thompson et James M. Cain. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 8:32 | |
| We’re gonna feed a bigger throat. Autour de l’île d’Amity, l’eau qui scintille est une promesse universelle de loisir. Pour les étudiants et leurs joints, dont les bains de minuit forgent parmi les plus beaux souvenirs d’une jeunesse insouciante. Pour les familles, le troisième âge et les actifs venus se ressourcer pour la fête nationale. Tout est prêt, et à perte de vue, l’eau. Frémissante, prête à rougir. “Amity is a summer town, which means summer dollars” Jaws est avant tout un film sur le divertissement. Dans le prologue intime, une proie solitaire, nue et filmée dans une contre plongée qui ne peut pas mieux porter son nom est happée par l’invisibilité nocturne. Lui succède la ville, collective et effervescente, filmée avec une fluidité remarquable : l’administration, les médias, les locaux, les touristes affluent, échangent, ironisent, et chantent en chœur l’ouverture de l’opéra carnassier. Le petit génie aux commandes connait la musique mieux que personne : il est là pour divertir les masses, et ses personnages aussi. Tout est spectacle, ici, et l’on se préoccupe beaucoup d’en tirer profit. Que ce soit par la plage elle-même, vaste scène sur une promesse de loisir, et de consommation des foules… ou de l’exploitation de ce qui pourrait la transformer en boucherie. Quint qui rançonne la ville, les médias, les vieux qui chaussent leurs jumelles quand la panique s’empare des baigneurs, les hoax des petits malins : Spielberg ne parle que de ça. Le divertissement, le frisson du danger, et les moyens de les transformer en dollars. “It's only an island if you look at it from the water.” Face au troupeau des proies, Brody. L’homme seul, qui concentre sur son visage et dans son regard l’angoisse que les autres refusent de porter. Un effet, parmi tant d’autre, concentre sa délicate posture : alors que les gérants de la ville lui parlent, il observe au second plan les flots à la recherche d’un aileron. Tout seul, mais avec cette malice du réalisateur, consistant à forcer le spectateur à partager son point de vue. Car l’ennemi est invisible. N’importe quel artisan habile de la peur le sait, le jeu avec les monstres, c’est un lent striptease. Notre squale attendra une bonne heure pour que l’obsession dont il fait l’objet soit satisfaite d’un dévoilement intégral. Durant cette phase de teasing, tous les moyens sont bons pour se faire désirer – et donc craindre. Les fausses alertes, les indices (une bouée qui s’en va, un ponton qui s’écroule), les relais : une gravure, des photos, un jeu d’arcade, un petit copain capturé à sa place. Mais pour le ballet final, pour le lap dance sur le pont de ton rafiot, la séance est privée. Trois clients maximum. Ainsi commence le deuxième acte. « He ate the light. » Trois hommes et la mer. On s’équipe comme pour une attaque d’apaches dans les westerns du temps jadis, on croque la lutte des classes et chacun y va de sa confession derrière le verni des apparences. C’est beaux, trois hommes la nuit, en mer, attendant de servir d’apéricube à un mastodonte. La musique, monument historique du genre, est elle aussi parfaitement maline : outre le thème célébrissime, on est surpris de voir John Williams se laissait aller à des airs bien plus guillerets, proches de la féérie d’un E.T, et qui contribuent à assumer la jubilation d’un grand spectacle, aussi anxiogène soit-il. Crescendo d’une intelligence rare (et qui pourrait tant instruire les faiseurs de blockbusters actuels), la tension s’accroit à mesure que la scène se dépouille. On perd tout : la radio, la lumière, le moteur, le capitaine. On pourrait disserter des heures sur l’efficacité de la construction du combat entre l’homme et la bête. Fondé sur la répétition, l’encerclement, la dissolution, c’est une partition diabolique sur laquelle se pose l’attaque de la cage qui n’est pas sans nous rappeler celle faite sur une douche une quinzaine d’années auparavant. “Smile you son of a BITCH !” Il aura fallu tout détruire pour que le face-à-face, le duel et le corps-à-corps adviennent. Inoubliable, l’image d’un mat oblique qui s’enfonce dans les flots et sur lequel le sniper ajuste son tir. Jaws est drôle, diablement efficace, culte dans ses répliques, dirigé d’une main de maître. Jaws est l’étalon-mètre du blockbuster, et en dépit du jeune âge de son auteur et du genre dans lequel il s’illustre, il en a bien conscience : ce qu’il dit de sa bête n’est rien d’autre qu’un autoportrait : “What we are dealing with here is a perfect engine, an eating machine. It's really a miracle of evolution.” | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 10:02 | |
| Bien vu la mise en abime du divertissement, que Joe Dante reprendra aussi en version films d'exploitation dans Piranha, pastiche avoué. Par contre on retient beaucoup le blockbuster, effectivement super efficace mais ça n'est qu'un médium comme un autre pour Spielberg, surtout dans le cas des Dents de la mer, peut-être son seul film avant E.T. où tous les thèmes futurs sont déjà développés : la fin de l'insouciance, les relations père/fils, la famille qu'on protège au détriment de la communication, la solitude du personnage que personne ne veut croire (ça deviendra d'ailleurs un cliché absolu du film catastrophe) ou que personne ne peut comprendre, seul à endosser le poids des responsabilités. |
| | | Esther Yul le grincheux
Nombre de messages : 6224 Date d'inscription : 31/10/2013 Age : 50 Humeur : Taquine
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 11:47 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- la solitude du personnage que personne ne veut croire
Dans Jaws, ils sont deux à ne pas être pris au sérieux... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 12:51 | |
| Pas au début mais ensuite oui, c'est vrai. |
| | | Coda pépé au fagot antisocial
Nombre de messages : 3218 Date d'inscription : 02/11/2011 Humeur : 7° (sur l'échelle de Richter)
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 20:45 | |
| Loves and secretsUn thriller psychologique inquiétant, complexe et parcouru de nombreux rebondissements, la voix off de Gosling régulièrement. On sent qu'il c'est passer quelque chose de peu recommandable très rapidement. Le développement du caractère des personnages est mis en exergue, l'étrangeté s'écoule lentement tel un poison dans le sang. Rejet de sa famille, pression du père et des pairs, la pathologie du sujet se fait jour au fur et à mesure du récit. Les séquences de suspense se font d'une manière banale, ici le mal est banal, avec tournage de nuit, intérieurs sombres et orages dehors. À la fin, après un casse-tête sur le travestissement la marque de l'étrange continue à s'insinuer, relation fatidique construite avec son voisin, personnes âgées cherchant à oubliés sa vie. Bref, Ryan Gosling en schizophrène de la haute et Kirsten Dunst en brave fillle de milieu populaire. Un esprit malsain règne dans cet histoire tiré d'un fait réel ou la justice US est mise est à mal. La désintégration d'un mariage et d'une incapacité pour un couple de milieu social différent à communiquer. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 15 Sep 2014 - 7:09 | |
| Elle et l’un, lui puis l’autre, elle et lui. Revoir ce film provoque une nostalgie particulière dans son rapport au temps. Dans une perspective cinématographique, il s’inscrit clairement dans une tradition (la comédie romantique new-yorkaise), qu’il réactive à la suite des classiques des années 50 (Léo McCarey, par exemple), eux-mêmes revisités par Woody Allen, en témoigne le recours au jazz notamment. Dans une perspective personnelle, c’est un film des années 80, et donc de mon enfance, et dont les stigmates sont visibles, particulièrement dans le look des personnages, Meg Ryan en tête. Alors oui, quelques réserves demeurent, notamment dans le jeu de la blonde au mignon minois, ou dans la linéarité d’un scénario dont on connait la fin dès le départ. Mais après tout, c’est bien là l’idée tout à fait assumée du film (notamment par le recours aux témoignages des vieux couples qui le ponctuent) que de nous montrer les voies de traverse nécessaires pour qu’advienne un amour que tout le monde a pressenti, sauf les principaux intéressés. Le charme de cette comédie provient sans conteste des scénettes qui jalonnent son (absence d’)intrigue. Les dialogues sont percutants, et le jeu de Billy Crystal impeccable : chien battu de l’existence, cynique et poli à la fois, il débite ses leçons de vie avec un flegme on ne peut plus charismatique. Le film est tout entier tourné autour du dialogue amoureux, qui depuis Marivaux, n’a pas beaucoup évolué, et dont on retrouve ici la vigueur et les circonvolutions. Les artifices de mise en scène, comme le split screen, sont intelligemment mis au service de ces discussions sans fin auxquelles on associe les confidents, amis à la fois exemplaires dans leur réussite matrimoniale et menaces sur la routine amoureuse tapie dans l’ombre. Décomplexé, frais, souvent assez drôle, Quand Harry rencontre Sally est la preuve que la comédie romantique recèle un vrai potentiel, pour peu qu’on sache y insuffler une écriture intelligente et y injecter la juste et indispensable dose de cynisme pour en délayer le sucre. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 16 Sep 2014 - 6:42 | |
| Slaloms vers la poudreuse Si l’on veut palper de près les rues suintantes du Ney York des 70’s, avant la grande victoire du libéralisme touristique et sécuritaire, Lumet (Serpico, Un après-midi de chien, Le Prince de New York ) et French Connection entrent en lice. On retrouve ce grain unique, cette succession de façades et d’échoppe, cette population bigarrée, ces vapeurs aussi délétères que visuellement fascinantes. La musique de Don Ellis, résolument black et jazz, lie le tout avec grand efficacité. Au milieu de tout cela, French Connection raconte l’histoire d’un regard. Acéré, tendu, silencieux, fauve. Celui des flics en filature. Le temps s’étire, les ratés s’accumulent, l’obsession grandit, jusqu’au mépris du bon sens. On retrouve dans cette œuvre à forte influence documentaire les germes de bien des éléments à venir dans le cinéma : difficile de ne pas voir dans le démantèlement de la voiture celui que le même Hackman fera subir à son propre appartement dans The Conversation deux ans plus tard. De le même façon, tous les ingrédients (réalisme, importance accordée aux personnages, crédibilité, voire pessimisme sur l’étendue de la tâche) renvoie à ce que deviendra le Grand Œuvre sur le sujet, à savoir The Wire. Mais ce qui fait surtout la grande force de French Connection n’a pas seulement trait à son sujet et la tonalité choisie pour le traiter. C’est bien la nervosité de sa mise en scène qui capte dès les premières minutes, attisée par l’impeccable duo Hackman/Scheider, bien loin des flics angéliques jusqu’alors en vigueur. Caméra embarquée, faisant usage d’un zoom souvent pertinent, par lequel un plan d’ensemble devient soudain la lorgnette d’un observateur infiltré, poursuivant les protagonistes dans le dédale d’une ville qui happe et recrache sans cesse leurs proies qui filent comme des anguilles. Archétype de cette esthétique d’un regard in situ, la célébrissime poursuite entre la voiture et le métro aérien, fantastique embardée de vitesse, de précision et de tension. Jusqu’à écraser la caméra contre une rame de métro. La filature ne s’arrête jamais, jusque dans les bas-fonds les plus obscurs. (Impressionnant de voir, au passage, la similitude entre l’entrepôt final et certains des plus beaux décors de Tarkovski, cette alliance entre l’architecture décatie et l’écoulement suitant de l’eau, dans Nostalghia, Le Miroir et bien sûr Stalker), et c’est bien dans cette absence de clôture que se situe la force du film : lucide, désespéré et puissant. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 17 Sep 2014 - 6:42 | |
| Enlisement dans la poudreuse L’idée de faire une suite à French Connection n’est a priori pas foncièrement malhonnête. Le caractère réaliste du premier opus et sa lucidité quant à l’efficacité réduite de l’action policière peut justifier qu’on poursuive la quête. L’idée de faire venir Popeye à Marseille et de jouer la fracture des nationalités peut sembler intéressante. Voir Hackman partager le plan avec Castaldi ou Léotard a quelque chose d’assez farcesque, et ce n’est pas l’ouverture sur le poisson d’avril qui viendra atténuer cette impression. Reconnaissons à Frankenheimer la volonté de poursuivre avec l’esthétique de son (illustre et ô combien supérieur) prédécesseur, par des caméras à l’épaule, des zooms nerveux et une tonalité assez naturaliste. Popeye est toujours aussi détestable (Hackman se donne sans compter), voire davantage, ce qui est aussi à mettre au compte des qualités du film. La poursuite finale décline celle du précédent par une variante trolley/course à pied qui n’est pas honteuse non plus. Il n’en demeure pas moins que le film fait sacrément dans la redite et n’apporte pas grand-chose de nouveau, si ce n’est le fait de voir les méthodes radicales de Popeye appliquées avec fracas au pays du camembert et de la bouillabaisse. Cela vire d’ailleurs au systématisme un peu lourd, et le pauvre a le don d’entrainer à sa suite des morts de collègues ou d’indics chaque fois qu’il sort de chez lui. Le vrai souci réside dans le rythme. Le film, de deux heures, s’attarde beaucoup trop longuement sur certains aspects : les difficultés de Popeye à communiquer, sa détention où on le drogue de force, sa désintox… On voit bien où le réalisateur veut en venir, à savoir renforcer l’épaisseur de ses personnages et leur relation houleuse. Mais ça ne fonctionne pas, c’est interminable, poussif et sans intérêt pour la dynamique générale. French Connection II n’est pas un ratage complet, et respecte assez fidèlement le cahier des charges posé par le fondateur opus précédent. Il lui manque une singularité et un sens du rythme pour en faire un film qui, sans son prédécesseur, s’oublierait très facilement. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 18 Sep 2014 - 17:59 | |
| Château de tartes. Tout, dans Election, annonce le plaisir coupable et le voyage dans le temps. Le logo MTV qui ouvre le générique, le décor du High School américain, et l’irruption de Mathew Broderick, héros d’une ère qui semblait révolue. Les personnages sont des archétypes et l’assument. L’Amérique suinte par tous les pores du film, success story où l’on est toujours l’élu de quelqu’un : le prof de l’année, le sportif, l’élue du cœur, la super déléguée. Dans ce monde ultra codé, on attend forcément le décalage. Du trash, de l’ironie, du cynisme. Ils adviendront, mais non sans avoir bousculé les attentes. L’esthétique pop prolonge la norme du teen movie : les arrêts sur image, les jeux avec la temporalité, le recours à la voix off ou l’usage parodique (bonjour Ennio ou le bruit insupportable du vinyle qui s’interrompt quand la situation dérape, écho d’Ally McBeal) de la musique achèvent de nous conforter dans notre canapé : nous sommes devant Giga avec Sauvés par le Gong, Parker Lewis, ou dans une reprise de Ferris Bueller. Seulement voilà. C’est du Payne. D’accord, il a peut-être fait des concessions en début de carrière, mais on est forcément tentés d’aller gratter un peu. Et puis Bueller est passé du côté obscur : c’est désormais un prof. Et nous sommes en 1999. Le château de carte monte savamment, par accumulation. De voix off, une jolie idée pour pénétrer les subjectivités et les différents égos en compétition. De situations de crise potentielle. D’intrigues secondaires, qui une fois encore semblent davantage lorgner du côté de la série que du long métrage : les trahisons, le sexe adolescent ou du démon de midi, la fraude et les piqures d’abeille. Un château de carte, ça s’écroule. C’est bref, c’est beau, c’est cathartique. La réussite d’Election, c’est de préférer, à la belle démolition, une inconfortable ruine. Une à une, les cartes se cornent. L’édifice plie, mais ne rompt pas. Personne n’est épargné, et qu’on fustige l’ambition écrasante, la bêtise, la cruauté ou l’infidélité, qu’on convie homosexualité, handicap, politique, attirance pour les nymphettes, chacun trouve sa faille. Le souci, c’est l’absence de réel châtiment. On perd, mais dans un film consacré au processus électoral, la défaite nourrit de son fiel – ou de sa médiocrité - la campagne suivante. Le charme est là : dans cet univers construit sur les slogans, les badges, les affiches et les yearbooks, la glorification des individus et le règne du personal achievement, les béances morales ont certes été montrées, mais pour mieux révéler comment on s’en accommode. Difficile de résister à l’idée d’élargir cette élection locale à sa dimension nationale. Dans le Land of opportunities, tout est bon à prendre. Qu’on le dise avec les couleurs éclatantes de la pop ne change pas l’acidité du message : le monde occidental est une ruine qui tient debout, parce que si sa structure morale et pourrie, sa façade, elle, est immaculée. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 18 Sep 2014 - 22:23 | |
| Jamais vu celui-là, il me fait de l'oeil. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 19 Sep 2014 - 5:55 | |
| (aujourd'hui, un ajout au cycle Kubrick pour que celui-ci devienne une digne intégrale ) | |
| | | guil blacksessions.com
Nombre de messages : 5560 Date d'inscription : 31/08/2011 Age : 53 Humeur : fatigué
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 19 Sep 2014 - 14:19 | |
| Le point de départ constitue une idée intéressante, mais le reste du scénario est indigent. Ne nous épargnant aucun des clichés : la petite fille qui déteste la nouvelle compagne de son père et puis finalement si ça va elle est sympa, le réfugié qu'on ne peut pas blairer mais finalement si ça va il est sympa, le réfugié qui tombe malade, le réfugié pris de remord qui veut abandonner le navire pour ne pas retarder.... Je trouve la composition des 2 protagonistes plutôt correcte. Les images, somptueuses, auraient probablement valu le coup sur grand écran si le scénario avait valu le coup (tout court). _________________ ça suffa comme ci
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| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 20 Sep 2014 - 6:59 | |
| - guil a écrit:
Le point de départ constitue une idée intéressante, mais le reste du scénario est indigent. Ne nous épargnant aucun des clichés : la petite fille qui déteste la nouvelle compagne de son père et puis finalement si ça va elle est sympa, le réfugié qu'on ne peut pas blairer mais finalement si ça va il est sympa, le réfugié qui tombe malade, le réfugié pris de remord qui veut abandonner le navire pour ne pas retarder.... Je trouve la composition des 2 protagonistes plutôt correcte.
Les images, somptueuses, auraient probablement valu le coup sur grand écran si le scénario avait valu le coup (tout court). La bande-annonce m'avait donné envie de tuer des nourrissons. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 20 Sep 2014 - 7:00 | |
| Pas taper : je suis vieux. Alors voilà, trainée de poudre dans le milieu underground, on frétille, on jubile, on s’extasie. La jeunesse est en marche, son nouveau mentor est un japonais qu’on qualifie de frappadingue, ce type est un fou furieux, deux heures dix de frénésie sur pellicule, tout ça. Moi, je demande qu’à me faire une idée. Je le sens pas trop, mais qui sait. Je vieillis, les amis. A mesure que les années s’écoulent, je remonte patiemment le fleuve de la cinéphilie pour m’extasier devant les pères fondateurs, et me sens de plus en plus mal à l’aise dans les eaux saumâtres de l’actualité. Mais bon, j’ai pris du plaisir devant les Gardiens de la Galaxie, il reste peut-être un espoir (tu parles, c’était bien un film pour vieux nostalgiques…). Bon, trêve de préliminaires. Quand j’étais môme, je haïssais « Un collège fou, fou, fou ». Ce n’est même pas que je trouvais ça mauvais, mais c’était tellement excessif et ouvertement débile que ça me mettait mal à l’aise, eu égard à l’humanité qui l’avait conçu, et celle qui pouvait l’apprécier. C’est un peu le sentiment que j’ai eu pendant un long moment devant le film. Cette musique constante, ces visages outranciers, ces cuts poseurs, dieu que c’est fatiguant. Alors oui, reconnaissons au réalisateur un talent certain dans le maniement du cadre et la distribution des couleurs, notamment dans la belle scène fondatrice du parquet de sang et de la robe blanche. Le problème, c’est la comédie. Tu ris ou non. Je n’ai pas ri. Le genre de chose qui ne se commande pas. Jusqu’aux trois quarts du film, j’étais à 4/10 ; parce que c’est vraiment très long et paradoxalement mal rythmé : on peut vociférer comme on veut, les lourdeurs et les répétitions n’en sont pas moins flagrantes, et faire durer à ce point les préliminaires avant de voir converger les récits est soit une insulte à notre intelligence, soit un éparpillement par abus de confiance en soi, le cinéaste pensant qu’il suffit de tourner pour que ça fasse « délire ». Mais soyons honnêtes : la dernière partie du film est assez jouissive, en effet. Bon, la mise en abyme du cinéma, hein, c’est fun pour un étudiant en cinéma, mais pour un type de 53 ans… passons. Sion Sono pompe sans vergogne, et ce qui est amusant, c’est qu’il plagie les pompeurs, Tarantino en tête. Il faut quand même être sacrément gonflé pour à ce point citer Kill Bill, jusqu’à la musique de flamenco, quand ce film lui-même n’était qu’un vaste intertexte… Il reste donc ce tournage/carnage, ce jusqu’au boutisme d’un travelling à la mitraillette, ce sang par hectolitres numériques, et cette capacité à ressusciter qui laisse pantois. Ça a son charme. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 20 Sep 2014 - 7:47 | |
| Aha Sion Sono, l'irregardable Suicide Club. C'était pour la jeunesse d'il y a 10/12 ans ça non ? Je préfère de loin me taper le plus mauvais Miike (et dieu sait qu'il y en a des mauvais) que 5 minutes de n'importe lequel de ses films. Par contre Kill Bill pour moi, derrière son avalanche de citations, aspect tellement poussé d'ailleurs que ça en devient un vrai film pop, est le plus sincère, émouvant voire inventif de son auteur... et son dernier bon film ? |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 20 Sep 2014 - 7:50 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Aha Sion Sono, l'irregardable Suicide Club. C'était pour la jeunesse d'il y a 10/12 ans ça non ? Je préfère de loin me taper le plus mauvais Miike (et dieu sait qu'il y en a des mauvais) que 5 minutes de n'importe lequel de ses films.
Par contre Kill Bill pour moi, derrière son avalanche de citations, aspect tellement poussé d'ailleurs que ça en devient un vrai film pop, est le plus sincère, émouvant voire inventif de son auteur... et son dernier bon film ? J'ai bien aimé Kill Bill, mais il faudrait que je le revoie. Tous les Tarantino, d'ailleurs, mais là, j'ai d'autres priorités. Pour la jeunesse en question, c'est celle de Sens Critique : ils sont tous dingues de ce film qui date de 2013. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 20 Sep 2014 - 11:05 | |
| Viol ophtalmique La question est simple : lorsqu’on traite de la vulgarité et de la violence, utiliser ce qu’on dénonce pour le retourner contre lui-même est-il honnête, et surtout efficace ? Stone ne s’est jamais embarrassé de prudence ou de frilosité. Ici, tous les curseurs sont dans le rouge dès les premières minutes. Puisqu’on déblatère sur l’ultra violence et de son rapport aux médias, le mélange des deux nous donne un clip géant, un zapping vomitif qui tenterait de démontrer à quel point la société se complait dans une indigestion continue, en circuit fermé, ingérant son propre dégueulis. L’idée est séduisante, notamment lorsqu’il filme sous forme de soap les sévices subis par Mallory et sa rencontre avec Mickey, rires enregistrés et décors en carton compris. Il faut très vite quitter le terrain rationnel pour appréhender un univers cartoonesque, qui ne cesse d’affirmer la porosité entre le fictionnel, le cinématographique et le réel. Impossible de ne pas penser à Sailor et Lula, de quatre ans son ainé, ses vociférations technicolor et sa cavale d’un couple rock, punk & destroy. Le résultat est catastrophique, et pour tout dire, à la limite du regardable. Tueurs nés est une insulte à la rétine, sur laquelle on va frotter du papier de verre en montant le son. Hystérique, épuisant, criard, d’une laideur que les 80’s elles-mêmes n’ont pas osé déféquer, il ferait passer un épisode de Ken le survivant pour un plan coupé au montage chez Bela Tarr. On voit venir gros comme un étron de Godzilla l’argument massue du cinéaste : JUSTEMENT, cette diarrhée, c’est la société américaine, pas un pour rattraper l’autre, défaillance parentale, corruption policière, sadisme pénitentiaire, complicité des médias, tout ça. D’une part, c’est atrocement lourdingue dans la démonstration, de l’autre, c’est totalement gratuit dans ses effets. Mettre sa caméra à l’oblique et passer sans cohérence aucune du noir et blanc à la couleur, insérer des monstres des années 50 ou des mangas pour « faire zapping » pourrait passer dans une séquence. Pas sur TOUTE la durée du film. Parce que, coup de grâce, le film dure DEUX heures, sans aucune justification. Alors oui, Stone aura marqué les esprits avec cet opus, provocateur et souillon. Il aura surtout relevé l’improbable défi de susciter à la fois le rejet, l’exaspération et l’ennui le plus profond. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 20 Sep 2014 - 11:23 | |
| - Nulladies a écrit:
L’idée est séduisante, notamment lorsqu’il filme sous forme de soap les sévices subis par Mallory et sa rencontre avec Mickey, rires enregistrés et décors en carton compris.
Meilleurs passages du film. Je sauve aussi Tommy Jones (les acteurs en général ne s'en sortent pas trop mal d'ailleurs, dommage que le film leur laisse finalement peu de place) mais sinon c'est clairement le plus mauvais Stone avec Any Given Sunday. Quand même pas des purges à ce point-là, il y a des fulgurances et des idées mais faut s'accrocher pour garder son déjeuner comme tu dis, avec une "esthétique" pareille. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 21 Sep 2014 - 7:08 | |
| Rétro, boulot, barjots Brazil est saturé d’écrans : de surveillance, de divertissement jusque dans la baignoire, ou illicites dans les bureaux. Brazil sature l’écran, et l’affirme avec force dès son prologue qui voit une vitrine de téléviseurs exploser et la caméra s’incliner sur le côté pour poursuivre le visionnage d’un écran fêlé : bienvenue dans un monde malade. Gilliam sait qu’il tient là son grand œuvre et va y déverser toutes ses obsessions dans un déluge baroque, néo-expressionniste dont il détient le secret. Iconoclaste, acerbe, des cadavres liquides aux vénus botticelliennes, de l’asphyxie fécale aux ailes déployées sur la ville, Brazil est un film total. Son premier charme est celui d’un film misant tant sur ses décors sans recours possible au numérique : au-delà des perspectives évoquant le Métropolis de Lang, la matière est profondément organique, saturée de tuyaux qui semblent doués d’une existence propre. Dans une dystopie qui serait restée à l’ère du papier, l’enfer administratif kafkaïen est ainsi doué d’une nature profondément concrète : documents, reçus, tampons, formulaires abondent, jusqu’à étouffer au sens propre le personnage dans cette splendide disparition de Tuttle. La technologie est pourtant bien présente, ancêtre des univers de Wallace et Gromitt ou de Michel Gondry : mais, à la fois intrusive et gadget, elle est le plus souvent défaillante Cette fascination visuelle se double donc d’un discours violemment satirique, pourfendeurs des dérives d’une civilisation en plein déclin : dans un ballet mondain criard, à grands coups de scalpels esthétiques, de fascisme néo libéral, on consomme et on explose, par la grâce d’un humour noir dont les anglais ont seuls le secret et une maitrise aussi grandiose. Mais la dystopie réserve davantage qu’une imagerie tristement amusée des travers de notre temps : c’est à un véritable cauchemar que Gilliam convie son spectateur, violent dans ses évocations de la torture, d’un œdipe excessif et castrateur, d’une aliénation généralisée à toutes les strates de la vie de l’individu : familiale, sociale, professionnelle. Alors que l’enfer concentrationnaire d’une urbanisation dévorante suffit à retranscrire les angoisses de Sam, on pourra regretter la symbolique par trop appuyée de ses rêves, surtout lorsque Gilliam juge nécessaire de les superposer au réel à mesure que le récit avance. Celui-ci progresse néanmoins avec un grand sens du rythme : course folle dans des décors à l’étroitesse croissante, dans un labyrinthe où les impasses se multiplient, l’onirisme noir prend progressivement le dessus et oppresse avec flamboyance. [Spoils] La conduite vers le dénouement est annoncée assez tôt : lors d’une fuite en voiture, on voit défiler des cheminées nucléaires derrière lesquelles surgit le visage d’un homme, nous révélant qu’il s’agissait d’une maquette : ce jeu sur la porosité des décors et les renversements d’échelle prépare l’intrusion des visages devant la dernière image d’un happy end bucolique. Twist fabuleux, cette conclusion fait de Brazil un film où le cauchemar du réel l’emporte sur les visions oniriques, le tout dans une débauche visuelle constante. Par son mélange unique de registres, entre humour noir, cri de révolte et mélancolie angoissée, cette œuvre singulière invite autant à la fuite qu’à la fascination. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 21 Sep 2014 - 7:36 | |
| CO. J'ai peut-être une infime préférence pour L'armée des 12 singes dont les personnages me touchent davantage mais Brazil reste effectivement son "grand oeuvre". |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 21 Sep 2014 - 7:38 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- CO. J'ai peut-être une infime préférence pour L'armée des 12 singes dont les personnages me touchent davantage mais Brazil reste effectivement son "grand oeuvre".
C'est pour demain, les 12 singes... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 21 Sep 2014 - 7:45 | |
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| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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