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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 31 Jan 2015 - 14:40
TU M'ETONNES
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 31 Jan 2015 - 15:27
Nulladies a écrit:
TU M'ETONNES
Bah oui qué couillon... En plus j'ai appris un chouille de russe au bahut, une langue dont la beauté musicale me séduit toujours. Je suis allé plusieurs fois en Russie. Vladimir je devais y aller. Je suis juste allé au monastère de Zagorsk qui de loin offre le même aspect. Les chants orthodoxes sous les coupoles ça marque ! Tarkovsky comme Wenders faisaient partie de ces cinéastes mélancoliques qu'avec quelques copains ados on aimait bien avoir comme références, entre autres. Wenders j'avais suivi sa carrière et vu les premiers. De Tarkovski je n'avais vraiment vu que Nostalghia, Le sacrifice. Après ce sont des marmites qu'on n'ose pas ouvrir de peur de gâcher, ou surtout lâcheté de devoir rendre compte de soi ! Et puis quoi en an j'ai pris 3 belles claques : Stalker, Solaris et là Roublev !...
Je lis en ce moment Guerre et Paix. Je fais aussi de petites marques sur la bouteille de vodka !
Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 31 Jan 2015 - 20:50
Azbinebrozer a écrit:
Je lis en ce moment Guerre et Paix.
Moï droug !
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Fév 2015 - 7:04
Vesoul, le 3 décembre 1993.
Madame, monsieur,
J’ai le regret de porter à votre connaissance des faits d’une grande gravité impliquant votre fils Michel dans notre établissement. En complicité avec son camarade Dominique, il s’est rendu coupable d’un délit d’infraction dans nos archives dans un objectif de sabotage du patrimoine culturel destiné à diffusion. Pillant sans vergogne parmi tous les chefs d’œuvre du septième art, il a cru intelligent de souiller ces références au profit d’une parodie que son âge et son immaturité ne saurait entièrement excuser.
Le conseil de discipline s’est réuni ce jeudi.
Monsieur Daneytte, professeur d’arts plastiques, a plaidé en leur faveur, arguant d’une maitrise assez saisissante du montage et d’un travail à saisir avant tout comme un hommage, d’un ouvrage saturé d’intertextes visant à glorifier tout ce qu’Hollywood a su générer comme icone du XXème siècle.
Madame Cyntre, professeur de français, a rappelé qu’elle attendait toujours l’exposé sur Montesquieu, et que les élèves révélaient, outre leur absence de culture classique et littéraire, une inquiétante propension à la dyslexie, en atteste leur incapacité à prononcer les substantifs « film », « cyclisme » ou encore « quiche » et « Texas ».
Monsieur Rectoum, professeur d’histoire géographie et d’éducation à la citoyenneté a tenu à faire part de sa consternation quant à la vulgarité des propos, se limitant, je cite « à la pédérastie, la diarrhée ou la fornication » et révélant par-là les préoccupations instinctives et animales des deux malfaiteurs.
Plusieurs messages politiques contestataires à l’égard de la droite républicaine ayant en outre été relevés, nous n’excluons pas de porter l’affaire devant un tribunal pour outrage.
En conséquence, le conseil a pris les mesures suivantes : votre fils Michel devra s’amender par des travaux d’intérêt généraux, en faisant rayonner l’esprit français à travers le monde, par des productions honorables : - mettant en valeur le patrimoine local et l’esprit gaulois, - honorant les origines du 7ème art auquel il a porté atteinte, - et enfin élevant le débat par des films matures qui, par exemples, fustigent la guerre et nous remplissent de sympathie à l’égard des enfants.
Cette sanction est valable pour les 20 prochaines années de sa carrière.
Veuillez recevoir, madame, monsieur, l’expression de nos salutations respectueuses.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Fév 2015 - 11:46
Nulladies a écrit:
Madame Cyntre, professeur de français, a rappelé qu’elle attendait toujours l’exposé sur Montesquieu, et que les élèves révélaient, outre leur absence de culture classique et littéraire, une inquiétante propension à la dyslexie, en atteste leur incapacité à prononcer les substantifs « film », « cyclisme » ou encore « quiche » et « Texas ».
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 1 Fév 2015 - 12:39
Froid et étouffant ! Soirée plombée. Le film succès critique marche-t-il si bien que ça ? Il est déjà quasi plus par chez moi...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 6:37
Azbinebrozer a écrit:
Froid et étouffant ! Soirée plombée. Le film succès critique marche-t-il si bien que ça ? Il est déjà quasi plus par chez moi...
J'attends avec impatience qu'il sorte par chez moi...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 6:37
Le convoi d’épaves.
Il est difficile de ne pas céder à la beauté qui ouvre The Homesman. Paysage sublimes, étendues à perte de vue, l’herbe et le ciel ouvrent sur des perspectives qui donnent d’emblée aux hommes une place dérisoire. Et de fait, c’est à un monde balbutiant, celui d’une conquête de territoires bien trop vastes et indifférents pour les individus que Tommy Lee Jones nous invite. Alors qu’un étrange convoi se prépare, on apprend, par inserts successifs, la raison pour laquelle l’héroïne, Mary Bee Cuddy (Hilary Swank, qui sait muer son énergie des débuts, la boxeuse de Million Dollar Baby, en dureté particulièrement impressionnante) va escorter trois femmes hors des territoires : la folie. Avec un recul constant, qui mêle la prudence et l’effroi, le récit décline les facettes d’une humanité perdue. Les folles ont des masques de cire, et outre de rares crises, sont déjà dans l’après, fantômes en transit dans un purgatoire continu. Face à elles, les deux protagonistes, Mary et Briggs, incarné par Tommy Lee Jones, se démènent pour tenter d’exister. Mais rien ne fonctionne, et c’est bien là le sujet réel de The Homesman. Là où se dessinent les rails d’un scénario attendu (solidarité dans l’adversité, amitié, voire amour, parcours initiatique et rédemption), le récit ne va jamais se départir de sa tonalité initiale. Il nous immerge dans un monde où la solitude est la seule solidité sur une mer houleuse, où les demandes en mariage et les actes sexuels sont parmi les plus tristes qu’on ait donné à voir. L’horreur de la folie (viol conjugal, infanticide, le tout dans des intérieurs superbement éclairés par une lumière blafarde et laiteuse, autre éclat de l’effroi) trouve donc son écho chez ceux qui restent conscients, abimés par la vie et tentant néanmoins de faire avancer un chariot en forme de prison, petite allégorie d’un monde que ne renieraient ni Sartre, ni Beckett. [Spoils] Quel avènement possible, dès lors, dans ce monde naissant, celui d’une Amérique perdue dans la plaine, qui semble déjà mourir ? La mort, bien entendu, même si elle aussi subira le délitement qui gangrène tout le film. Celle des rencontres de passage, pour commencer, et qui ne méritent que ça : le cowboy qui prend pour femme une aliénée perdue, les tenanciers d’un hôtel leur refusant le gîte, et auquel on mettra le feu, dans une holocauste certes graphiquement splendide, mais sans aucun espoir de purification. Une pendaison totalement inattendue, et qui enfonce le clou de la noirceur en refusant à quiconque la rédemption. La profanation des tombes (de l’indien, de la fillette de onze ans) est l’un des grands motifs du film, dont l’unique geste décisif sera cette stèle de bois que fera graver le dernier homme debout, et qui finira par être jetée à l’eau.
The Homesman prend le soin d’ajouter à sa noirceur assez proche de celle des romans de Cormac McCarthy une beauté saisissante. Des paysages, certes, mais aussi de la composition de ses plans, qu’on songe à cette disposition des femmes attachées aux roues de la charrette, ou la scène ou leur responsable les accroupissent pour uriner sur le sol. L’ultime séquence pourrait résonner comme un tentative de réponse. De ce monde déjà mort et dont on ne sait même pas faire le deuil, le personnage principal quitte la rive sur un bac, entouré par une noirceur qui unit la nuit et l’eau. Ce qu’il reste de l’humanité, c’est un chant grivois, des gorgées d’alcool et des coups de feu dans l’épaisse obscurité. L’image est sublime, et cette insulte à la nuit n’apporte rien, si ce n’est la beauté mélodique de la tristesse la plus profonde.
Zwaffle un mont de verres
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 9:31
Nulladies a écrit:
Vesoul, le 3 décembre 1993.
Madame, monsieur,
J’ai le regret de porter à votre connaissance des faits d’une grande gravité impliquant votre fils Michel dans notre établissement. En complicité avec son camarade Dominique, il s’est rendu coupable d’un délit d’infraction dans nos archives dans un objectif de sabotage du patrimoine culturel destiné à diffusion. Pillant sans vergogne parmi tous les chefs d’œuvre du septième art, il a cru intelligent de souiller ces références au profit d’une parodie que son âge et son immaturité ne saurait entièrement excuser.
Le conseil de discipline s’est réuni ce jeudi.
Monsieur Daneytte, professeur d’arts plastiques, a plaidé en leur faveur, arguant d’une maitrise assez saisissante du montage et d’un travail à saisir avant tout comme un hommage, d’un ouvrage saturé d’intertextes visant à glorifier tout ce qu’Hollywood a su générer comme icone du XXème siècle.
Madame Cyntre, professeur de français, a rappelé qu’elle attendait toujours l’exposé sur Montesquieu, et que les élèves révélaient, outre leur absence de culture classique et littéraire, une inquiétante propension à la dyslexie, en atteste leur incapacité à prononcer les substantifs « film », « cyclisme » ou encore « quiche » et « Texas ».
Monsieur Rectoum, professeur d’histoire géographie et d’éducation à la citoyenneté a tenu à faire part de sa consternation quant à la vulgarité des propos, se limitant, je cite « à la pédérastie, la diarrhée ou la fornication » et révélant par-là les préoccupations instinctives et animales des deux malfaiteurs.
Plusieurs messages politiques contestataires à l’égard de la droite républicaine ayant en outre été relevés, nous n’excluons pas de porter l’affaire devant un tribunal pour outrage.
En conséquence, le conseil a pris les mesures suivantes : votre fils Michel devra s’amender par des travaux d’intérêt généraux, en faisant rayonner l’esprit français à travers le monde, par des productions honorables : - mettant en valeur le patrimoine local et l’esprit gaulois, - honorant les origines du 7ème art auquel il a porté atteinte, - et enfin élevant le débat par des films matures qui, par exemples, fustigent la guerre et nous remplissent de sympathie à l’égard des enfants.
Cette sanction est valable pour les 20 prochaines années de sa carrière.
Veuillez recevoir, madame, monsieur, l’expression de nos salutations respectueuses.
c'est le film qui a remplacé "la cité de la peur" au niveau du culte et des répliques que moi et mes potes on connaît par coeur
(parce que oui on les connaît par coeur)
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 13:00
Oui superbe ce Homesman. Même si son précédent film était encore un cran au-dessus, pour moi.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 14:16
Zwaffle a écrit:
Nulladies a écrit:
Vesoul, le 3 décembre 1993.
Madame, monsieur,
J’ai le regret de porter à votre connaissance des faits d’une grande gravité impliquant votre fils Michel dans notre établissement. En complicité avec son camarade Dominique, il s’est rendu coupable d’un délit d’infraction dans nos archives dans un objectif de sabotage du patrimoine culturel destiné à diffusion. Pillant sans vergogne parmi tous les chefs d’œuvre du septième art, il a cru intelligent de souiller ces références au profit d’une parodie que son âge et son immaturité ne saurait entièrement excuser.
Le conseil de discipline s’est réuni ce jeudi.
Monsieur Daneytte, professeur d’arts plastiques, a plaidé en leur faveur, arguant d’une maitrise assez saisissante du montage et d’un travail à saisir avant tout comme un hommage, d’un ouvrage saturé d’intertextes visant à glorifier tout ce qu’Hollywood a su générer comme icone du XXème siècle.
Madame Cyntre, professeur de français, a rappelé qu’elle attendait toujours l’exposé sur Montesquieu, et que les élèves révélaient, outre leur absence de culture classique et littéraire, une inquiétante propension à la dyslexie, en atteste leur incapacité à prononcer les substantifs « film », « cyclisme » ou encore « quiche » et « Texas ».
Monsieur Rectoum, professeur d’histoire géographie et d’éducation à la citoyenneté a tenu à faire part de sa consternation quant à la vulgarité des propos, se limitant, je cite « à la pédérastie, la diarrhée ou la fornication » et révélant par-là les préoccupations instinctives et animales des deux malfaiteurs.
Plusieurs messages politiques contestataires à l’égard de la droite républicaine ayant en outre été relevés, nous n’excluons pas de porter l’affaire devant un tribunal pour outrage.
En conséquence, le conseil a pris les mesures suivantes : votre fils Michel devra s’amender par des travaux d’intérêt généraux, en faisant rayonner l’esprit français à travers le monde, par des productions honorables : - mettant en valeur le patrimoine local et l’esprit gaulois, - honorant les origines du 7ème art auquel il a porté atteinte, - et enfin élevant le débat par des films matures qui, par exemples, fustigent la guerre et nous remplissent de sympathie à l’égard des enfants.
Cette sanction est valable pour les 20 prochaines années de sa carrière.
Veuillez recevoir, madame, monsieur, l’expression de nos salutations respectueuses.
c'est le film qui a remplacé "la cité de la peur" au niveau du culte et des répliques que moi et mes potes on connaît par coeur
(parce que oui on les connaît par coeur)
Dédicace aux 3rocks
guil blacksessions.com
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 14:53
jamais vu, mais comme Zwaffle/ELSD, j'ai pas mal de potes qui considèrent que c'est culte et qui connaissent par coeur, faudrait que je vois ça un de ces jours...
_________________ ça suffa comme ci
Dernière édition par Dark guil le Mer 4 Fév 2015 - 16:36, édité 2 fois
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 15:53
RabbitIYH a écrit:
Oui superbe ce Homesman. Même si son précédent film était encore un cran au-dessus, pour moi.
Je lui ai donné sa chance grâce à sa place dans ton top de l'année, donc merci. La bande annonce m'avait vraiment refroidi, elle était mensongère mainstream... Et d'accord pour le précédent.
Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 16:35
Dark guil a écrit:
jamais vu, mais comme ELSD, j'ai pas mal de potes qui considèrent que c'est culte et qui connaissent par coeur, faudrait que je vois ça un de ces jours...
La première fois j'ai trouvé cela très con. La seconde fois j'avoue de m'être marré.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 16:38
Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
Dark guil a écrit:
jamais vu, mais comme ELSD, j'ai pas mal de potes qui considèrent que c'est culte et qui connaissent par coeur, faudrait que je vois ça un de ces jours...
La première fois j'ai trouvé cela très con. La seconde fois j'avoue de m'être marré.
Moi c'est presque l'inverse... Joli travail de montage et effets amusants, mais le niveau est bien bas, quand même...
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 4 Fév 2015 - 19:43
Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
Azbinebrozer a écrit:
Je lis en ce moment Guerre et Paix.
Moï droug !
Moï Brate !
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 6 Fév 2015 - 6:36
Opening fight.
La promotion de Birdman était une double fausse piste. La bande-annonce se concentre avant tout sur les fantasmes blockbusteriens du personnage principal, qui n’occupent finalement qu’une portion congrue du récit, et l’argument de vente, à savoir un film fondé sur un plan séquence quasi continu, guide notre regard sur une performance technique qui s’exhibe tant qu’elle semble avoir des choses à cacher, à savoir un réel fond à défendre. Birdman se veut une satire du milieu du spectacle, s’articulant autour de répétitions d’une pièce sur Broadway censée remettre en selle un acteur sur le retour, ancienne gloire d’une franchise de super héros. Inarritu, avec le tact éléphantesque qui le caractérise, tire sur tout ce qui bouge : la vanité de la célébrité (name dropping réel, à la clé), aujourd’hui virale (tout y passe, facebook, youtube, twitter), la paternité, la critique, le sexe, l’âge, la drogue, le divorce, les médias, pensant proposer la causticité d’un regard backstage. Le traitement lorgne fortement du côté de la fluidité de Sorkin, mais sans jamais vraiment l’égaler. Le langage est cru, les échanges en uppercut et les mises en abyme sur les correspondances entre ce qui se joue sur la scène et dans les coulisses constantes, c’est-à-dire poussives et surlignées à l’envi. Le traitement formel, donc, se pose sur un discours éculé et n’évitant aucun des pièges de son sujet. Il serait toutefois malhonnête de ne pas saluer la performance technique de certains plan séquences, notamment le premier, qui dessine un parcours dans les coulisses attestant d’un travail d’écriture de l’espace assez réjouissant. D’un corridor à l’autre, grâce à des jeux de miroirs, les personnages investissent les lieux avec un naturel plutôt louable. S’ajoute à cette idée un travail sur l’ellipse temporelle qui permet, dans un même travelling, d’avancer dans le récit, le public apparaissant hors champ dans le théâtre par exemple alors que la salle était vide dans un premier temps. On peut trouver une certaine légitimité à cette idée d’un mouvement continu dans un lieu unique : ce microcosme étouffant est alors souligné, par un regard claustrophobe sur cet entregent délétère où l’on ne cesse de louer l’autre pour en obtenir ce qu’on souhaite, jusqu’à l’aliénation. Mais toute cette machinerie s’épuise assez rapidement, parce qu’elle est tirée de toute part vers une expansion vaine : dans la répétition de son procédé visuel, et dans l’étendue de sa dénonciation, deux heures durant. Ce qui frappe, c’est à quel point Inarritu semble utiliser les cartes qu’il moque : la surenchère des comédiens (Emma Stone, insupportable), le pathétique éculé de leur petits égos, et jusqu’aux recettes du blockbuster ; effets spéciaux, télékinésie, monstres de synthèse et explosions. Procédés qu’il était particulièrement malhonnête de placer en nombre dans la bande annonce, présentant un film qui pourrait marcher sur les traces d’un produit qu’il entend dénoncer. Keaton se donne certes sans compter, mais ce travail sur le fil, entre grotesque et pathétique ne mène à rien d’autre qu’une performance qui fait frétiller les médias, ce qui, encore une fois, constitue précisément l’une des cibles du film. En résulte un ensemble passablement indigeste, boursoufflé, faisant feu de tout bois et s’empêtrant dans toutes les béquilles qu’il ne cesse d’ajouter à ses excroissances… et l’envie furieuse de revoir Opening Night de Cassavettes.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 6 Fév 2015 - 13:01
Mince j'ai lu que la dernière phrase mais ça me rappelle justement ce que j'avais pensé du moyen Biutiful, première déception coté Iñárritu qui était quasiment devenu mon cinéaste vivant préféré en trois films fabuleux. J'irai le voir quoi qu'il arrive, ne serait-ce que pour Keaton de toute façon, acteur trop rare.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 6 Fév 2015 - 13:17
RabbitIYH a écrit:
Mince j'ai lu que la dernière phrase mais ça me rappelle justement ce que j'avais pensé du moyen Biutiful, première déception coté Iñárritu qui était quasiment devenu mon cinéaste vivant préféré en trois films fabuleux. J'irai le voir quoi qu'il arrive, ne serait-ce que pour Keaton de toute façon, acteur trop rare.
Tu me diras... Keaton est omniprésent, tu vas en avoir pour ton argent... Mais bon, pour ma part, je n'ai même pas osé Bitiful parce que Babel m'avait sacrément gavé....
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 7 Fév 2015 - 5:55
Rho merveilleux film pourtant.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 7 Fév 2015 - 5:56
Poussif, sur écrit, tire larme...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 7 Fév 2015 - 6:48
Enfer et contre tous.
Que Se7ven soit un bon film n’est pas à démontrer. Son scénario retors, la logique imparable de sa dynamique, la tragédie maitrisée et les étapes trop rutilantes d’une enquête manipulatoire en font un thriller de haut vol. La question n’est pas là. Elle se situe dans une réplique de Mills, quelques minutes avant qu’il ne devienne la pièce maitresse de John Doe sur son brillant échiquier :
“You're no messiah. You're a movie of the week. You're a fucking t-shirt, at best.”
Si Se7ven outrepasse son genre, s’il déborde le statut de bon polar de la semaine, c’est que c’est un grand film.
Par l’univers qu’il dépeint, tout d’abord. Certes, la série de meurtres offre un raffinement dans une atmosphère horror-chic qui sera séminale pour le genre de la décennie suivante, à la fois au cinéma et dans les séries. Le générique à lui seul témoigne de cette maitrise du détail, de cette fascination pour une exploration du mal méthodique et des moyens qu’il a déployés pour diffuser l’atrocité sur le monde. Mais c’est justement ce monde qui bénéficie d’un traitement aussi rigoureux. Un quotidien dans lequel la pluie ne cesse jamais, où l’on dort accompagné d’un métronome, et où l’individu doit faire un choix : accepter d’y vivre, c’est-à-dire s’accommoder de l’enfer. Deux alternatives : le départ, celui de Somerset. L’installation douloureuse, celle de Tracy. Et entre eux deux, les tours de cage de Mills, qui refuse ne serait-ce que de se poser la question : il y est, il appartient à ces lieux, et il en corrigera les défauts. Le double enjeu du récit, celui d’une remontée vers les sources du mal et la décision de mettre au monde en enfer s’entremêle avec une maitrise totale. Le duo entre Somerset et Mills est celui de la raison et de la passion, du désespoir du sage face à la fougue mal maitrisée du jeune sanguin, encore lui-même un enfant. On sentait déjà dans Alien 3 la passion de Fincher pour l’exploration de l’espace qui se débride ici en une plongée vers les abysses saisissante de maitrise : appartements obscurs, bas-fonds d’une ville qu’on ne parvient jamais à saisir dans sa totalité, la progression est claustrophobe, des diners cradingues aux bordels, dans les corridors trop vastes ou à l’aide d’une lampe torche qui peine à prendre la mesure des ténèbres. A l’unisson, le rapport à l’enquête est sans cesse occulté : on arrive toujours après, et les ellipses se comblent progressivement dans une gradation de l’horreur qui dit calmement et posément son nom. Le maillage poisseux qui englue les personnages se suffit donc à lui-même. Y greffer l’un des personnages les mieux écrits de l’histoire du thriller, John Doe, comme grand maitre arachnéen propulse le polar vers les abymes de Dante. Omniprésent, suscitant l’obsession, Doe maitrise tout, jusqu’à ses apparitions, dans des séquences au découpage fabuleux et cauchemardesque où les enquêteurs sont sans cesse perdants. Si découverte il y a, c’est parce qu’il l’a bien voulue, et la splendide traversée d’un champ de pylônes inondé de soleil est loin d’apporter la rédemption qu’on pourrait lui associer, en opposition aux ténèbres pluvieuses qui régnaient sur l’ensemble du récit. Car la révélation au terme du trajet sera, au sens grec du terme, celle de l’apocalypse.
Si Se7en est un grand film, c’est parce que la tragédie qu’il dessine en dit davantage sur la faiblesse des humains que sur la puissance du tueur ; et parce qu’il propose une réflexion glaçante sur la maitrise du récit et de la mise en scène comme celle d’un orfèvre psychopathe qui aurait compris mieux que les personnages comment les enfermer. Il n’est pas innocent que la première apparition de Doe se fasse derrière l’objectif d’un appareil photo. Tout, ici, annonce l’entomologiste méthodique et fascinant que sera Fincher dans ses films suivants, et il est difficile de ne pas lui attribuer la déclaration d’intention de son personnage : “What I've done is going to be puzzled over and studied and followed... forever.”
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 8 Fév 2015 - 3:28
Nulladies a écrit:
Poussif, sur écrit, tire larme...
Je te plains. Belle article sur Se7en sinon. Suresthétisant, roublard, racoleur mais grand film.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 8 Fév 2015 - 9:13
Film de Godfrey Reggio, 1982.
Tu contemples ton âme, dans le déroulement infini de sa trame.
Les prises de vues qui ouvrent Koyaanisqatsi sont une invitation : à se délester des attentes du récit et du propos pour se laisser aller à la contemplation. Pour peu qu’on se laisse prendre à cet élan, le voyage vaudra le détour. Car c’est bien de détour qu’il s’agit, par le changement de perspective, un nouvel angle de vue sur ce bas monde qu’est le nôtre. Capra proposait, dans La vie est belle, d’imaginer un monde dans lequel nous ne serions pas nés. Reggio nous convie à adopter le point de vue du créateur omniscient, du grand horloger qu’honorait Voltaire. Capable de scruter l’infiniment petit du circuit imprimé comme de nous envoyer en orbite, de figer le temps avec une acuité hors norme ou de l’accélérer pour faire découvrir les pulsations de la ville.
La question mérite d’être posée : après Vertov et Pelechian, est-il bien raisonnable, à l’aube des années 80, de reprendre les mêmes procédés pour donner à voir le monde ? et surtout, comment ne pas y voir une fable écologique, alter mondialiste, voire new age ? L’émotion que génère Koyaanisqatsi est celle d’un au-delà du langage, et surtout des forces pernicieuses de la rhétorique. Certes, la collusion de séquences et l’éloquence du montage permettent des rapprochements édifiants : barrer un sublime paysage par des lignes à haute tension, faire se succéder la production industrielle de saucisses avec le déversement d’escalators, mettre en parallèle la fourmilière humaine et les chaines de production ne sont pas des procédés innocents. Mais la force paradoxale de Koyaanisqatsi réside dans sa pudeur. Car la distance opérée avec le monde contamine son propos, qui refuse l’univoque : ainsi se mêlent effroi et euphorie, fascination et répulsion. Car cette machine rutilante qu’est l’humanité dévore autant qu’elle suscite l’admiration. Le ballet des voitures, les courbes des voies rapides, la mosaïque des fenêtres qui s’allument ponctuellement sur les façades deviennent belles lorsqu’on les affranchit de la durée à échelle humaine. Reggio ne nous propose pas de fuir, ni de nous voiler la face, mais d’adopter le point de vue atemporel des instances qui nous gouvernent : temps, espace et mouvement. Souligné par l’extraordinaire musique de Glass, qui lui seul pouvait transcrire cette hypnose frénétique par ses boucles et modulations, le monde est beau, assez vain, et la machine s’auto-fabrique dans une course dont le seul objectif est, un temps durant, l’harmonie.
La beauté la plus forte rend triste : c’est cet instant vibrant où l’individu, par le biais de l’art, appréhende plus haut que lui, et saisit ce frisson qui révèle conjointement la ridicule échelle de son espèce au regard du cosmos et la splendeur de leur cohabitation.
Koyaanisqatsi la donne à voir.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 8 Fév 2015 - 15:51
Citation :
La beauté la plus forte rend triste : c’est cet instant vibrant où l’individu, par le biais de l’art, appréhende plus haut que lui, et saisit ce frisson qui révèle conjointement la ridicule échelle de son espèce au regard du cosmos et la splendeur de leur cohabitation.
Koyaanisqatsi la donne à voir.
joli
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 8 Fév 2015 - 15:59
Goupi Tonkin a écrit:
Citation :
La beauté la plus forte rend triste : c’est cet instant vibrant où l’individu, par le biais de l’art, appréhende plus haut que lui, et saisit ce frisson qui révèle conjointement la ridicule échelle de son espèce au regard du cosmos et la splendeur de leur cohabitation.
Koyaanisqatsi la donne à voir.
joli
(merci). Tu as vu ce film ? Je serais curieux de savoir ce que tu en penses, j'ai un peu le sentiment d'être tombé dans le panneau d'un truc un peu new age, même si j'assume complètement.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....