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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 16 Oct 2014 - 17:17
En dehors d'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, je ne connais que L'assassin et La classe ouvrière va au paradis : deux très bons films !!!
celui-là jouit d'une excellente réputation.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 17 Oct 2014 - 10:51
Les arcanes du film français.
Un loft du boulevard magenta, cinquième sans ascenseur. Plusieurs bureaux ont été fusionnés pour former un îlot central sur lequel sont dispersés des montagnes de dossiers. Au mur, une affiche de Jean Eustache. Au sol, du lino beige.
- C’est pour ça, Anne. Le féminisme n’a jamais été un sujet très glamour, il faut qu’on s’en empare. - Tu as raison, Caro. Un film de femmes, sur les femmes qui donne à voir ce qu’on ne montre jamais. - Les courses avec le pot de confiture qui s’éclate sur le parking - Le linge. - Oui, bonne remarque, Simon. On voit que tu sais qui fait quoi. - Je dis ça comme ça… Moi aussi, je te fais remarquer… - Oui, oui, c’est bon. Et l’école, les diners à organiser, la vie domestique, quoi. - Comme Desperate Housewives, en somme. - Tu ne comprends rien, Simon. Explique lui, Caroline. - C’est vrai, enfin. Pourquoi faudrait-il nécessairement RIRE de ces femmes d’intérieur névrosées et futiles ? C’est encore une esquive. Non, là on va dénoncer. - Exactement. Qu’est-ce que tu vois à dénoncer, Simon ? - Euh… le machisme ? - Voilà : un système phallocrate où les hommes ne parlent que des coiffures des femmes et considèrent leurs professions comme un hobby. - Eux, c’est golf, tir à l’arc, mépris inconscient. - Subtil, hein, cocotte. Je veux vraiment que les mecs se rendent pas compte au départ à quel point ils vont en prendre pour leur grade. - Bien vu. Pour ça, on charge aussi légèrement les dames. Mais pas l’héroïne, hein, elle elle veut juste un emploi, elle s’occupe d’atelier littéraire dans un lycée pro, elle est de gauche, un peu dépassée, mais c’est la gentille. On l’empêche de s’épanouir et elle aura pas son job parce qu’elle doit chercher les enfants à l’école. - Oui, et les autres, elles ont plus de fric, quoi. Shopping, discussions condescendantes sur les quartiers défavorisés, mon dieu faire des travaux dans la véranda fut une plaie, banlieue avec toujours la même maison, je me décharge sur la jeune fille au pair, tout ça. - Bien, bien, on a notre équilibre. - Et sinon, je veux dire… y’a une intrigue ? - Simon, je te le dis comme ça, mais tu me désoles. On croque ces instants du quotidien, duquel va sourdre une angoisse qui renverra chaque spectateur à sa propre routine, afin de le remettre en question. Pas d’intrigue. C’est de la vie qu’on parle. La vie n’est pas un scénario, elle n’a pas de pitch, enfin ! - Exactement : la quasi-totalité des femmes s’emmerde en France. Que le spectateur s’emmerde avec elle, c’est trop demander ? - Ah d’accord, désolé. - Et puis ne t’excuse pas tout le temps comme ça non plus, achète des couilles, qu’on en finisse. - Je me disais, déclinons le portrait de la femme sur différents âges. - Oui : les petites se font kidnapper et étouffer, les ados engrosser ou marier de force dans les cités, et les mères sont réduites à un esclavage qui ne dit pas son nom. Simon, t’apportes quoi à cette table ronde, en fait ? - Euh, je me disais, ce serait bien de voir un mec encore plus infect que le mari, pour tromper le spectateur sur la cible. Genre un chef d’entreprise au début, alors que lui est proviseur. - Bien. Un type raciste, et sexiste. - Voilà. On commence par un dîner trop chiant avec le cliché du mec de droite, pour mettre l’ambiance. - …et à la fin, on remet ça, mais avec des gens censés être des amis. Et en fait, les mecs disent la même chose. C’est des salauds, mais plus polis. - Plus pernicieux. - Plus subtils. Ils le savent même pas, qu’ils sont des enfoirés. Du genre à valoriser la dernière chanteuse à la mode, par exemple cette salope de danoise d’Agnes Obel, est-ce qu’elle fait le linge, elle, hein ?! - Bien vu, ça. On prend des bonnes actrices, à la française, quoi. - Emmanuelle Devos, bien sûr. - Pour le groupe, vous me faites un petit panel. La belle… - Noguerra - la vieillissante mais drôle… - Ferrier - Et la bourge jolie mais dépressive. N’importe qui. - Les amis, on tient un beau sujet.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 18 Oct 2014 - 7:04
La démence du spectateur.
Après avoir démontré un talent hors pair pour construire l’angoisse et le rapport au monstre, Spielberg s’attèle à un grand œuvre qui contient l’essence même de son cinéma : les fascinants pouvoirs du merveilleux. Le récit entier est celui d’une convergence, annoncée dès son titre, et programmée comme une grand-messe. Disséminés sur le globe, les fragments du carton d’invitation sont d’abord cryptiques, préliminaires dilatés pour mieux attiser notre retour à l’enfance. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : avant E.T. qui va explorer et poursuivre la même thématique dans une sphère intime, Rencontres élabore une partition fondée sur les notes les plus primales de nos émotions. Qu’on prenne en considération les premières manifestations extraterrestres : ce sont les objets qui réagissent. Les jouets (voiture, trains, avions…) dans la chambre s’animent dans une séquence qui semble préfigurer Toy Story, tandis que la descente à la cuisine pourrait annoncer le joyeux bordel de Gremlins. Au regard de l’enfant succède l’impuissance de l’adulte par le biais d’un transfert : la voiture est désormais réelle, mais celui qui la pilote en est le jouet. A l’ère du prénumérique, il est d’ailleurs intéressant de constater l’amateurisme généralisé des « experts » : on porte à la main un globe pour trouver une longitude, on écoute des chants sacrés et l’on passe son temps à traduire ce que disent les autres : comment comprendre le cosmos quand les hommes ont entre eux une communication si laborieuse ? La magie ne se distille pas sans l’angoisse pure de faire face à l’inexplicable : c’est l’occasion pour Spielberg de décliner son savoir-faire dans la séquence du kidnapping, magistrale attaque par la lumière d’une maison close où les cloisons s’ouvrent une à une, avec un sens du cadrage et du découpage en tout point virtuoses. Il serait d’ailleurs intéressant de comparer cette séquence, finalement assez bienveillante, avec celle de La guerre des Mondes presque 30 ans plus tard. Rencontres est au même titre que Jaws un film sur les spectateurs. Après le spectaculaire associé aux objets - les jouets des enfants, et les objets à taille réelle considérés comme des jouets pour les aliens, disséminés à travers le temps (les avions) et l’espace (le bateau dans le désert) -, c’est le regard direct qui va être le sujet des quêtes. La rencontre visuelle sur ce fameux virage, promontoire annonçant le mont Ararat final de la Devils Tower, brûle au sens propre comme au figuré : les être se trouvent investis d’une hypnose qui les conduira jusqu’à l’achèvement de la rencontre. A plusieurs reprises, Spielberg filme des foules en pleine contemplation : c’est la séquence subreptice mais magnifique en Inde, à la fois confuse et harmonieuse où les saris se mélangent au chant cosmique ; c’est le rang des scientifiques, et finalement celui des créatures elles-mêmes venues observer leurs hôtes. Insistant sur le fait que les initiés ont été pris au hasard, Spielberg creuse cette réflexion déjà initiée dans Jaws sur la puissance du divertissement et du merveilleux dans leur rapport à la masse. En dépit de cet ambitieux programme, le film s’englue dans une étrange inertie. Autant ses séquences maitresses forcent le respect et l’adhésion du spectateur, autant la restitution des effets sur les premiers témoins est pour le moins étrange. Obsédés par cette masse de la montagne ou par la mélodie, conduits par un irrépressible besoin de rejoindre le lieu de rencontre, les personnages, Dreyfuss en tête, régressent au point de renier jusqu’à la cellule familiale. C’est sur ce sujet que le film est le plus courageux, le plus personnel, et le plus vulnérable aussi. Trop long dans le délire du protagoniste et dans la course poursuite en montagne, le récit patine un peu. Mais cette volonté de préparer le spectateur au fameux point de convergence exige un délestage généralisé. Souvent annoncé depuis le début du film, le ciel constellé qui nous surplombe est à la fois la promesse d’un insondable silence et des réponses qui nous dépassent. A la lumière de la civilisation, le magicien Spielberg substitue celle des étoiles en éteignant des villes entières. Il assimile avec force spectacle et foi : se délaissant des discours, de l’action, des enjeux (pas de conspirations, pas de méchants, mais un désir commun de comprendre), le cinéaste orchestre un ballet final où la musique et la lumière s’imposent comme des révélations universelles.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 18 Oct 2014 - 9:49
Il faudrait que le revoie, ce film ne m'avait pas fait beaucoup d'effet... un truc assez programmatique avec la rencontre pour seul enjeu. Bien sûr Spielberg savait déjà filmer, depuis son tout premier Duel d'ailleurs, mais je trouve E.T. beaucoup plus personnel et touchant.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 18 Oct 2014 - 9:51
RabbitIYH a écrit:
Il faudrait que le revoie, ce film ne m'avait pas fait beaucoup d'effet... un truc assez programmatique avec la rencontre pour seul enjeu. Bien sûr Spielberg savait déjà filmer, depuis son tout premier Duel d'ailleurs, mais je trouve E.T.beaucoup plus personnel et touchant.
Nous sommes d'accord. Je l'ai revu aussi, et pareil, son premier visionnage m'avait laissé froid. C'est bien mieux à la revoyure, mais je préfère encore E.T.
Rorschach sourcilman ^^
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 10:57
Tu ne parles pas de Truffaut ? sa présence dans le film est bcp remarqué et révélatrice
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 14:03
C'est clair qu'il n'y a que Truffaut qui m'ait marqué dans ce film.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 14:23
J'ai regardé Brick sur vos bons conseils. Hyper décalé ce film, mais particulièrement attachant, en particulier pour les prestations du personnage principal et du Pin. L'adaptation d'un univers austère à celui du lycée est assez bien sentie je trouve.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 14:31
Rorschach a écrit:
Tu ne parles pas de Truffaut ? sa présence dans le film est bcp remarqué et révélatrice
Oui, c'est vrai, mais j'oublie presque toujours de parler des comédiens.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 14:32
Je te souviens.
Les aigrettes volatiles annoncent le printemps dans la première séquence d’Amarcord : flottant dans l’air, elles se diffusent partout, sans ordre, et poétisent un décor urbain. : cet archipel aérien, presque immatériel qu’on retrouvera à la fin du film avec les flocons de neige est le programme mémoriel de Fellini : d’une légèreté soyeuse, dans un ballet fascinant et collectif. La mémoire est sélective ; elle isole des temps forts qui seront autant de séquences maitresse dont l’influence déterminante est la peinture et le théâtre : tableaux puissants, fortement travaillés et de grande dimension, elles encadrent la foule que constitue la comédie humaine de l’enfance de Titta. Toujours conscient de l’artificialité de la reconstruction du souvenir, Fellini reconstruit tout : son enfance, l’Histoire, jusqu’à la mer. Porté par un avocat coryphée, le récit semble débuter sur une chronologie sage et posée : le temps de l’école, la satire emplie de tendresse pour les professeurs aux trognes d’anthologie. Mais à mesure qu’il se déroule, le film rétrospectif cristallise des scènes maitresses sans réel lien entre elles : l’oncle sur son arbre hurlant qu’il veut une femme, l’admiration du paquebot, la satire du fascisme… Fil rouge de ces moments aussi insolites qu’attachants, la caractérisation des personnages qui irradient de leur humanité aussi fragile qu’exacerbée, car méditerranéenne, les échanges et les crises. Les parents en spectacle permanent, la nymphomane, la courtisane mythologie, la voluptueuse dévoratrice. Rien d’étonnant, pour qui connait le maestro, à ce que les femmes structurent son univers originel. Le film est une véritable ode à la poussé de sève adolescente, un défilé de postérieurs qui se placent sur des selles, s’agitent, dansent, de poitrines démesurées qui aimante et étouffent littéralement. En toile de fond, le XXème siècle et ses tourments. La fresque rejoint par instants celle du 1900 de Bertolucci par sa reconstitution de tableaux collectifs, qui saluent la modernité avec le paquebot ou évoquent le lien à la lèpre du fascisme. Dans cette danse au fragile équilibre entre individus et nation, Fellini privilégie les premiers, et s’en tient à une vision plus poétique mais parvient à une force évocatrice similaire, notamment dans la scène où l’on fusille un gramophone clandestin qui diffuse L’Internationale depuis un clocher. Si la musique est la Résistance la plus belle qu’on puisse imaginer au fascisme, le cinéma est bien celle qu’on oppose ici à la fuite du temps et à l’oubli. Cette fuite, matérialisée par les travellings latéraux, est omniprésente. Fellini maitrise une gestion très singulière des scènes collectives, où il galvanise le tableau par le mouvement propre à son art : le long d’une rue, la foule se distribue et s’adresse souvent à la caméra, nous prenant à témoin. La quête de la mémoire et de ses souvenirs d’enfance est l’un des plus grands motifs de l’expression artistique. Elle a le mérite de la sincérité, mais les limite de l’intimité : seul l’auteur y retrouve une émotion vécue. Les plus grandes œuvres sont celles, de Rousseau à Proust, de Perec à Tarkovski, qui diffusent l’émotion nostalgique au spectateur étranger. Fellini y parvient. Chez lui, nous sommes des passants, des visiteurs invités à la fête, en immersion, le sourire aux lèvres.
Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 14:54
L'un des plus beaux et peut-être même le plus beau film que j'ai vu.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 15:47
Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
L'un des plus beaux et peut-être même le plus beau film que j'ai vu.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 15:53
Citation :
La quête de la mémoire et de ses souvenirs d’enfance est l’un des plus grands motifs de l’expression artistique. Elle a le mérite de la sincérité, mais les limite de l’intimité : seul l’auteur y retrouve une émotion vécue. Les plus grandes œuvres sont celles, de Rousseau à Proust, de Perec à Tarkovski, qui diffusent l’émotion nostalgique au spectateur étranger. Fellini y parvient. Chez lui, nous sommes des passants, des visiteurs invités à la fête, en immersion, le sourire aux lèvres.
jolie conclusion, belle chronique
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 16:31
Et des séquences comme celles-ci, il y en à 10, 15, 20... CO !
« L’histoire, que la mémoire fellinienne ne peut ni ne veut ignorer, s’écarte de tout réalisme historique (comme elle s’en éloignait dans le Satyricon), pour devenir cette confidence vivante mais sarcastique et désabusée » - Jean-Louis Bory
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 19:10
Un de ses derniers films qui me touchent encore un peu, par moments, mais c'est déjà plus vraiment le Fellini que j'aime. Trop excentrique, bordélique, artiste pour ne pas dire arty. Ça n'est pas comme s'il n'existait pas de beaux films sur l'enfance, les souvenirs, les madeleines de Proust... capables d'évoquer la subjectivité de la mémoire au sein d'un récit sans en faire le sujet même du film, assez lourdement finalement. J'abuse parce que c'est pas Roma, il y a quand même de très jolies scènes et on s'y fait pas chier mais franchement à côté des vrais CO de l'Italien il y a un fossé.
Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 19:21
Ouaiz mais c'est de l'arty chaud! Sans déc' c'est vraiment intriguant ton obsession de "l'arty". Moi je vois pas de "l'arty" je ne vois que poésie et pure beauté nourries de l'imagination de l'auteur.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 19:23
Laisse-le, il a pleuré pour L'Armée des 12 singes...
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 19:45
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 19:54
'foirés.
Ben ouais Fellini c'est le créateur du cinéma arty ou quasiment, mettre l'auteur au centre du film et faire fi de tous les codes de la narration, faire de soi le sujet non plus sous-jacent mais ouvert et de son film un objet d'avant-garde aux accents singuliers (souvent baroques, surréalistes...) bien soulignés au feutre véléda, histoire que les critiques benêts comprennent plus facilement de quoi on parle, au fond et se disent que quand même, y a pas à chier, c'est de l'art tout ça. Pour ça que malgré ma passion pour La Dolce Vita, Juliette des esprits, Les Vitelloni, La Strada et quelques autres, je conchie l'influence de Fellini sur le cinéma moderne presque autant que celle de Godard.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 21:50
Godard et Fellini, voilà bien deux cinéastes majeurs qui me semblent très dissemblables, presque contradictoires. Godard est un "théoricien" brillant, un cinéaste qui pense le cinéma, l'image... ( et on est en droit de trouver son cinéma chiant comme la mort. C'est mon cas 2 fois sur 3 ) Fellini, lui, n'est pas un intellectuel, c'est un poète et un homme de spectacle ( on est en droit de ne pas aimer sa poésie et ses pièces à machines, mais c'est dommage )
Godard a eu et a encore beaucoup d'influence, c'est évident ( même ce con de Tarantino a appelé sa maison de prod A Band Apart... C'est dire.)
Mais Fellini me semble avoir assez peu d'épigones directs. ( A part le Kusturica des années 90, et encore... On pourrait en discuter. ) Même les ritals de grande valeur comme Sorrentino, conscients de leur époque et du système dans lequel ils évoluent, savent le citer sans l'imiter et prendre leurs distances avec le maître ( le magnifique La Grande Bellezza cite le Roma de Fellini pour dire justement que cette magie-là est évanouie, à jamais. D'ailleurs, cette petite merveille doit, dans le fond et le discours, bien plus au Scola de La Terrasse qu'à Fellini... ) Le cinéma de Fellini est "irréalisable" aujourd'hui. C'est un cinéma qui appartient à une époque faste et révolue. Qui pourrait réunir autant de pognon aujourd'hui pour faire un Satyricon un Casanova ou La cité des femmes, pour faire un film baroque et surréaliste, comme tu dis ?
Antonioni a, par exemple, bien plus d'influence sur le cinéma (dit d'auteur) actuel que Fellini. Que l'on me cite un seul film qui a moins de 15 ans dont on pourrait dire qu'il est fellinien en diable ? Perso, je serais bien incapable de citer un (plus ou moins jeune) réalisateur se réclamant vraiment de Fellini.
Citation :
faire de soi le sujet non plus sous-jacent mais ouvert et de son film un objet d'avant-garde aux accents singuliers.
Je ne vois pas ce qu'il y a d'infamant ou "d'arty" à pratiquer ces exercices séculaires que sont l'autoportrait ( en peinture depuis,disons, le XVe siècle) et l'autobiographie... je ne vois pas non plus ce qu'il y a d'horrible à être singulier.
Et puis l'autobiographie est loin d'avoir phagocyté toute la filmo post Dolce vita de Fellini : satyricon, , répétition d'orchestre, casanova, et vogue le navire, Ginger et Fred, la vocce della luna...
Et puis si l'Otto e mezzo du grand Fellini a donné, par exemple, un film aussi jubilatoire et brillant que All That Jazz, je m'en réjouis. J'ai connu influence plus dégueulasse...
Dernière édition par Goupi Tonkin le Dim 19 Oct 2014 - 22:20, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 22:18
Goupi Tonkin a écrit:
Godard et Fellini, voilà bien deux cinéastes majeurs qui me semblent très dissemblables, presque contradictoires.
Jamais dit le contraire, ça n'en fait pas moins deux des cinéastes à l'influence la plus déplorable, j'aurais pu ajouter Bergman, et Antonioni oui aussi mais sa filmo est beaucoup plus constante dans le génie (et beaucoup plus moderne aussi) s'il l'on exclut les toutes dernières années.
Parmi ses héritiers hormis Kusturica il y a (ou il y eu) de toute évidence le navrant Greenaway, le très chiant Fassbinder, le très surestimé Wes Anderson, mais c'est surtout cette idée de mettre l'auteur avant l'histoire (et je ne parle pas forcément d'autobiographie, même si l'autobiographie au ciné il n'y a rien de pire) qui a fait des petits, tout comme celle d'étaler son excentricité pour bien montrer qu'on fait de l'art différemment. Bien sûr plein de bons cinéastes le citent de façon mieux digérée, Lynch et Woody Allen en tête.
Goupi Tonkin a écrit:
Citation :
faire de soi le sujet non plus sous-jacent mais ouvert et de son film un objet d'avant-garde aux accents singuliers.
Je ne vois pas ce qu'il y a d'infamant ou d'arty à pratiquer ces exercices séculaires que sont l'autoportrait ( en peinture depuis,disons, le XVe siècle) et l'autobiographie... je ne vois pas non plus ce qu'il y a d'horrible à être singulier.
Tu as coupé ma phrase au mauvais endroit. Je parlais de singularité ostentatoire. Le farfelu pour faire comprendre que c'est de l'art et pas juste du cinoche. A un moment Fellini a clairement choppé le melon et j'y vois plus grand chose de poétique du coup, la poésie forcée ça n'est pas de la poésie. Mais bon sachant que tu considères Juliette des esprits comme un film mineur on doit pas avoir la même idée de ce qu'il y a de beau chez Fellini.
Dernière édition par RabbitIYH le Lun 20 Oct 2014 - 15:05, édité 1 fois
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 19 Oct 2014 - 23:08
Ce n'est plus sur une ambulance que tu tires Rabbit, ni sur le corbillard mais sur les stèles. "l'influence la plus déplorable"... tu sais les cinéastes sont de grandes personnes ? Peut-être avec une plume tu arriverais à plus de nuances ?
"Juliette des esprit" est pour moi un film référence. C'est le premier film qui m'ait fait aimer le cinéma. J'en ai rêvé pendant plusieurs jours de suite, et longtemps encore...
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 20 Oct 2014 - 0:34
Citation :
Parmi ses héritiers hormis Kusturica il y a (ou il y eu) de toute évidence le navrant Greenaway, le très chiant Fassbinder, le très surestimé Wes Anderson,
Je me garderai bien de me prononcer sur Wes Anderson. Son cinéma m’échappe totalement. Je ne comprends pas ce qu’il fait…
Fassbinder et Greenaway, donc. Soit un mort et un « vieux » un tantinet underground à la gloire un peu révolue… Pas terrible comme influence actuelle (surtout en comparaison de celle toujours très vive de Godard sur les jeunes cinéastes... ) Je maintiens ce que j'ai dit plus haut : l'influence de Fellini sur le cinéma actuel est aujourd'hui assez faible ( et je le déplore )
Chez Fassbinder, dont je ne suis pas très fan, à part dans Lili marleen ou Querelle, faut quand même être vachement disposé pour trouver quelques sédiments authentiquement felliniens (dans la stylisation des décors, peut-être ). Enfin bon, pourquoi pas…
Quant à Greenaway, dont j’aime énormément les premiers films, son goût du baroque n’a pour moi rien de Fellinien. Le rapprochement Greenaway/ Fellini dû en partie à 8 femmes ½ ( film assez chiant bien que parfois brillant qui doit beaucoup plus à Resnais et Godard qu’au maître italien ) est une tarte à la crème critique, une paresse de la presse cinoche. Greenaway est un cinéaste « froid », distancié, érudit, cérébral et passionné par tout ce qui est rigoureux et implacable ( les colonnes en marbre et les mathématiques, pour caricaturer ) dont les meilleurs films sont des petits précis glacés de décomposition. Rien à voir avec l’italianité exubérante de Fellini. Chez Fellini, les paons font la roue sous la neige. Chez Greenaway, les zèbres sont des cadavres inexorablement bouffés par les asticots. La Rome de Greenaway ( le ventre de l’architecte ) est une nécropole classieuse, un musée mortifère vidé de son peuple, celle de Fellini grouille, gueule et palpite même quand les fresques antiques s’effacent… Duraille de trouver films au caractère et au style plus opposés, par exemple, que Le ventre de l’architecte et Fellini-Roma ou Meurtre dans un jardin anglais et Casanova ( films en costume )
Ps : J'aime bien Juliette des esprits mais c'est, pour moi, un petit Fellini. Celui que j’aime le moins avec La cité des femmes.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 20 Oct 2014 - 5:19
Goupi Tonkin a écrit:
Chez Fellini, les paons font la roue sous la neige. Chez Greenaway, les zèbres sont des cadavres inexorablement bouffés par les asticots. La Rome de Greenaway ( le ventre de l’architecte ) est une nécropole classieuse, un musée mortifère vidé de son peuple, celle de Fellini grouille, gueule et palpite même quand les fresques antiques s’effacent…
Putain, comme c'est beau.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 20 Oct 2014 - 15:29
Nulladies a écrit:
Goupi Tonkin a écrit:
Chez Fellini, les paons font la roue sous la neige. Chez Greenaway, les zèbres sont des cadavres inexorablement bouffés par les asticots. La Rome de Greenaway ( le ventre de l’architecte ) est une nécropole classieuse, un musée mortifère vidé de son peuple, celle de Fellini grouille, gueule et palpite même quand les fresques antiques s’effacent…
Putain, comme c'est beau.
C'est surtout faux, ou en tout cas ça revient à nier tout une dimension morbide, grotesque et glacée du Fellini tardif, de Huit et demi à Toby Dammit (je l'aime bien celui-là) en passant par Casanova.
Goupi Tonkin a écrit:
Fassbinder et Greenaway, donc. Soit un mort et un « vieux » un tantinet underground à la gloire un peu révolue… Pas terrible comme influence actuelle (surtout en comparaison de celle toujours très vive de Godard sur les jeunes cinéastes... ) Je maintiens ce que j'ai dit plus haut : l'influence de Fellini sur le cinéma actuel est aujourd'hui assez faible ( et je le déplore )
C'est toi qui parle de cinéma actuel, moi je parlais de cinéma moderne. Et l'influence directe ne m'intéresse pas, pour moi la moitié du cinéma d'auteur qu'on voit passer en festival doit à Godard ou Fellini cette extraversion de l'auteur qui avant n'existait pas avec autant d'ostentation dans le cinéma.
Azbinebrozer a écrit:
Ce n'est plus sur une ambulance que tu tires Rabbit, ni sur le corbillard mais sur les stèles. "l'influence la plus déplorable"... tu sais les cinéastes sont de grandes personnes ? Peut-être avec une plume tu arriverais à plus de nuances ?
J'ai pas dit que c'était entièrement de sa faute, non plus.
Azbinebrozer a écrit:
"Juliette des esprit" est pour moi un film référence. C'est le premier film qui m'ait fait aimer le cinéma. J'en ai rêvé pendant plusieurs jours de suite, et longtemps encore...
pour moi son CO, point barre. Ce film est bouleversant, intrigant, profondément intelligent et Fellini le démiurge s'y fait discret, comme rarement après.
Dernière édition par RabbitIYH le Lun 20 Oct 2014 - 19:32, édité 1 fois
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 20 Oct 2014 - 18:43
Citation :
C'est surtout faux, ou en tout cas ça revient à nier tout une dimension morbide, grotesque et glacée du Fellini tardif, de Huit et demi à Toby Dammit (je l'aime bien celui-là) en passant par Casanova.
Je n'ai jamais dit que la mort et la noirceur étaient absentes de l'univers fellinien. Le Satyricon, un de mes Fellini préfères, est un grand film morbide. A sa façon, Ginger et Fred est un film sur la mort...etc . Quoi qu'il en soit la dimension morbide chez Fellini ne fait pas, pour moi, de Greenaway un cinéaste fellinien pour autant.
Citation :
pour moi la moitié du cinéma d'auteur qu'on voit passer en festival doit à Godard ou Fellini cette extraversion de l'auteur qui avant n'existait pas avec autant d'ostentation dans le cinéma.
Je suis d'accord pour Godard, pour Fellini beaucoup moins... Et puis l'extraversion de l'auteur n'est pas pour moi la pire des infamies. J'ai l'impression que les cinéastes de festival citent plus souvent Godard et Bresson ( éventuellement Bergman ) mais assez peu souvent Fellini.
Citation :
C'est surtout faux
Ce qui est surtout faux, ou un raccourci un peu rapide à mon sens, c'est de soutenir qu'un cinéaste aussi distant, sec, cérébral et méthodique que Greenaway est fellinien sous prétexte qu'il pratique l'embardée baroque ( un baroque qui n'a strictement rien à voir avec la fantasmagorie très italienne de Fellini ) C'est aussi absurde que d'affirmer que Marchal est melvillien parce qu'il fait des films avec des flics et des gangstifs... Enfin bref... A ce compte-là, même Gérad Oury et Gerad Pires sont felliniens, si tu veux. Enfin bref, on s'en branle...
Dernière édition par Goupi Tonkin le Lun 20 Oct 2014 - 19:19, édité 2 fois
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