Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 7 Sep 2014 - 21:35
Il est même vraisemblablement inspiré des samouraïs de Kurosawa, Star Wars étant une sorte d'adaptation space opera de l'excellent La forteresse cachée (dans lequel il n'y a pas de samouraïs mais on s'en fout).
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 8 Sep 2014 - 11:27
Wow ! Grosse claque !
Dans un village montagneux du Wyoming, enfoncé dans la neige, l'éleveur Blaise Starret s'oppose farouchement à des fermiers, dont l'un d'eux a épousé son ancienne compagne Helen. L'arrivée soudaine de sept bandits, commandés par un certain Jack Bruhn, quémandant secours, à la suite d'une blessure, fait taire les hostilités et contraint fermiers et éleveurs à s'unir contre le danger. Blaise Starret imagine un piège susceptible d'égarer Jack Bruhn et ses hors-la-loi indésirables...
Je continue d'explorer la filmo d'André de Toth et c'est à chaque film quasiment le même enthousiasme vif pour ce mélange de classicisme et de modernité, pour cette mise en scène dépouillée et limpide ( qualifiée de dreyerienne par Tavernier ), précise et inventive ( que de trouvailles, ici, en moins de 90 minutes de film !!! ), pour la singularité des thèmes et la manière de les traiter. La chevauchée des bannis, superbe western sous la neige, tout en tension et en violence sèche, me semble être une excellente synthèse de l'art du cinéaste et une entrée idéale pour découvrir son bel univers.
Rorschach sourcilman ^^
Nombre de messages : 6953 Date d'inscription : 10/02/2009 Age : 43
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 8 Sep 2014 - 23:29
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 11 Sep 2014 - 6:54
Attaque acide.
Dans sa petite vie maladroite et grise où bobonne fait la loi, une semaine de liberté est accordée à Albert. C’est donc l’occasion d’une passade lors de laquelle il se retrouvera malgré lui avec le cadavre de la fille facile dans les bras. Duvivier s’amuse, et Fernandel encaisse les catastrophes en enfilant comme des perles tous les poncifs du polar de seconde zone. Richissime américain, croqueuse de diamants, amant vénal, trafic, corruption, chantage, tout y passe. Mais c’est justement cette accumulation assumée qui fait mouche : l’idée est bien d’amonceler les cadavres avec nonchalance et de croquer des types dans les seconds rôles qui font la part belle à des dialogues souvent ciselés. On retiendra bien entendu la prestation de Bernard Blier éclipsant clairement celle des autres, enfoui sous une barbe improbable et affublé d’un petit roquet à sa mémère, parfait salopard au sourire constant, cherchant là où il peut à mener son chantage. Le film a quelques longueurs, notamment dans les scènes faisant la part belle à Fernandel, seul avec son œuf au plat ou tentant de se débarrasser d’un paquet gênant. C’est davantage dans sa confrontation aux autres qu’il est efficace, et surtout dans le regard satirique qu’il pose sur la population qu’il évoque. Si les gangsters sont évidemment des escrocs, c’est surtout l’attitude des bonnes gens qui amuse : mensonge, trahison, couardise : personne ne sort gagnant du jeu de massacre, et l’on apprécie de voir les amis jurer sur la tête de leur épouse (qu’ils trompent) voire sur celle de leurs enfants (qui n’existent pas). C’est aussi dans le souci du détail que le film se démarque : le regard porté sur le second plan (notamment dans les répétitions au Châtelet, où le spectacle parait aussi grossier que son metteur en scène), un gangster qui jongle, un bulletin météo absurde où l’on prédit tous les temps possibles, où une prédisposition pour aller regarder dans l’entrebâillement des portes. De ce fait, la présence des deux personnages principaux toujours au mauvais endroit, au mauvais moment, est particulièrement opportune : elle permet à Duvivier de donner accès aux coulisses crapuleuses d’une société propre sur elle. Moins radical que le superbe Panique, (mais avec un sens visuel toujours accru, notamment dans cette façon de filmer les cages d’escalier), moins romanesque que Pépé le moko, L’homme à l’imperméable est enlevé, acide et efficace. Autant de qualités qu’on recherche beaucoup de nos jours dans le cinéma français.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 11 Sep 2014 - 11:32
1928. Dans le désert de Mojave, où Stroheim a déjà tourné quelques séquences des Rapaces, 8 hélices d'avion tournent à toute vibure pour faire violemment danser le sable. Derrière la caméra, Victor Sjöström. Devant, Lillian Gish. Le film s'appelle Le Vent... Depuis quelques années, Lillian Gish est LA star de la MGM. Elle initie les projets, choisit ses metteurs en scène. Quand elle propose Le Vent aux pontes du front-office, le grand Thalberg la soutient et plaide sa cause auprès de l'irascible et un tantinet salopard Louis B.Mayer qui accepte mais attend au tournant cette petite bonne femme au caractère bien trempé dont il ne supporte plus la liberté et l'influence qu'il avait pourtant consenti à lui accorder lors de son engagement en 1925.
Bref, la patronne, c'est Lillian Gish. Le maître d'œuvre, c'est Sjöström.
Voici l'histoire d'une femme qui s'en alla vers le pays du vent...
Le Vent est quasiment un survival poétique et halluciné, un film d’action et d’angoisse déguisé en mélodrame naturaliste dont le corps diaphane et frêle de Lillian Gish serait le héros éprouvé par une succession de duels et d'affrontements : le corps fragile de Lillian Gish versus la brutalité et la concupiscence des hommes, le corps fragile de Lillian Gish versus son propre désir, le corps fragile de Lillian Gish versus les éléments déchaînés… Pour le spectateur des années 2000 qui s'attendait à un grand mélo échevelé ( si j'ose dire) et tire-larmes à la D.W. Griffith, c'est la claque, la première. Le film est bien plus rock & roll , âpre et étrange que prévu. Le vent qui se déchaîne ici, c’est le souffle violent des pulsions et des passions humaines. Quant à ce désert d'Arizona, Sjöström s'ingéniera à en faire crescendo un espace mental où s'agitent les ombres du (beau)bizarre : un cadavre enseveli dans le sable que le vent semble ressusciter; une femme jalouse, un couteau à la main, qui se tient à coté d'un gros quartier de bœuf écorché dont elle a retiré le cœur et les poumons pour en faire un ragoût débectant ; des chevaux sauvages affolés qui dévalent une colline et soulèvent tant de poussière que l'image en devient violemment abstraite...
Sjöström exploite miraculeusement toutes les possibilités qu’offrait déjà la (jeune) grammaire du cinéma : champs-contre champs dynamiques et hyper expressifs, hors champs étonnants (on sent souvent la présence du vent même quand il n’est pas directement filmé), surimpressions surréalistes, images choc à la symbolique audacieuse (je ne suis pas prêt d’oublier cet hallucinant dernier quart d’heure …), caméra subjective… Le Vent est médusant de beauté et de maîtrise formelle, et le temps n’a pas encore entamé sa puissance poétique... Pour le spectateur des années 2000 qui s'attendait à une belle antiquaille vénérable mais un peu figée, c'est encore une claque, et une grosse.
Le film fut un échec. On se demande bien pourquoi. Peut-être était-il trop sombre, étrange, tourmenté... Mayer profita de l'insuccès pour aimablement indiquer à Lillian Gish la porte "Exit", et Sjöström, négociant mal l'arrivée du parlant, retournera très vite en Europe pour faire l'acteur. Notamment pour Bergman.
Il faudra quelques décennies pour que le film soit reconnu à sa juste valeur : l'un des derniers grands CO du cinéma muet.
Pour les indiens, le vent est le fantôme d'un cheval qui hante les nuages...
GRAND !!!
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 11 Sep 2014 - 20:38
De Sjöström j'ai vu Les proscrits y a longtemps, un peu long mais pas mal, surtout pour l'époque (10 ans avant The Wind) mais celui-là a l'air bien plus alléchant. Merci !
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 11 Sep 2014 - 21:45
Il figure sur ma liste de priorités... C'est classe quand tu développes, Dan !
Esther Yul le grincheux
Nombre de messages : 6224 Date d'inscription : 31/10/2013 Age : 50 Humeur : Taquine
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 11 Sep 2014 - 22:16
Nulladies a écrit:
Il figure sur ma liste de priorités... C'est classe quand tu développes, Dan !
Dan est comme une vile catin qui sait qu'elle a un beau cul et qu'elle sait s'en servir, mais qui l'utilise avec parcimonie pour faire rêver!
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 7:09
Esther a écrit:
Nulladies a écrit:
Il figure sur ma liste de priorités... C'est classe quand tu développes, Dan !
Dan est comme une vile catin qui sait qu'elle a un beau cul et qu'elle sait s'en servir, mais qui l'utilise avec parcimonie pour faire rêver!
ça fait de moi une roulure de trottoir avec un décolleté jusqu'au nombril, merci bien.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 7:10
Le grain et la peau.
Le prologue trompeur de La femme des sables nous met en prise avec un homme en pleine possession de ses moyens : en congé de son travail et d’une société dont il fustige la paperasse inutile, il se perd avec délice dans un océan de sable, magnifié par des plans d’ensemble alternés avec des très gros plans sur l’objet de sa passion, les insectes qui se logent entre les grains dorés. Là tout n’est qu’ordre et beauté, espace et sérénité. La plongé qui donne à voir notre chasseur inoffensif sur une barque ensablée devrait nous mettre la puce à l’oreille… Mais la perfection du plan nous en empêche. L’intrigue sera celle d’un enlisement ; à la faveur d’un hébergement dans une crevasse dont on aura discrètement retiré l’échelle de corde au petit matin, le professeur va devoir assister la femme qui vit là, dans un une maison envahie par les sables. La tâche est aussi absurde qu’inefficace : il s’agit, chaque nuit, de remonter le sable par une poulie vers les villageois du haut, qui, on l’apprendra plus tard, revendent ce sable illégal et fragile car salé sur le marché noir du bâtiment. Dans ce trou convergent les maitres de l’absurde : Sisyphe pour l’activité, Beckett pour le couple de détenus. On pourrait longuement gloser sur la complexité des rapports qui se nouent, la place de la sensualité, et l’évidence avec laquelle l’incompréhension mutuelle cimente autant qu’elle aliène les individus. L’intelligence de Teshigahara est de ne pas se perdre dans les discours et de laisser à l’image le soin de signifier. Le dispositif géographique est à lui seul un tout de force de mise en scène : parois sableuses, maison en bois pourri, le huis clos se décline en plusieurs écorces jusqu’à la couche ultime, celle de la peau. Scrutée, observée comme une mappemonde constellée d’ilots que sont les grains d’un sable qui envahit jusqu’aux replis les plus intimes, la peau est un des grands sujets du film : muette, mais éloquente de souffrance ou de sensualité. (A ce titre, il est impressionnant de faire le parallèle entre ce film et le splendide Oninaba de Shindo (1), sorti la même année : si la maison isolée est cette fois dans les herbes hautes, c’est à la même sensualité épidermique noyée dans la violence qu’elle conduit).
Au dehors, lors de nombreux et splendides inserts, le sable valse avec le vent. S’écoule. S’éboule. S’écroule. En dépit de sa détention, le protagoniste n’abandonne pas sa fonction première, celle du naturaliste : il continue à traquer les insectes, et comprend comment faire surgir la vie dans ce mausolée : par la grossesse de sa compagne, par l’extraction de l’eau. Mais de la même façon que le sable qu’on extrait ne servira à bâtir que des cloisons friables, toute vie est ici précaire et l’on ne peut se résoudre à ébaucher un sens établi sur des dunes mouvantes. Le réalisateur appuie à mon sens un peu trop le trait sur la perversité des villageois et le professeur devenu lui-même un insecte observé lors de la scène où on le force à s’accoupler avec sa compagne (même si cela occasionne de beaux plans qui eux aussi rappellent fortement Onibaba). Mais l’ouverture intelligente du dénouement, suspension d’un individu à la fois prisonnier et détenteur d’un secret, totalement libre de rester dans sa cellule et fiché dans la paperasse qu’il quittait au départ par le plan final, redonne au film cette angoissante légèreté. Celle du sable dans le vent, qui s’irise au sol, crisse à l’oreille et raye la rétine.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 8:01
Beau film. Le visage d'un autre est aussi très bon, légèrement plombé par cette tendance très Nouvelle Vague (le Japon était en plein dedans) à contempler l'abscons (il y avait déjà un peu de ça dans La femme des sables) mais d'une telle puissance d'évocation qu'on lui pardonne.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 8:03
Tu as vu Onibaba ?
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 8:35
Non toujours pas mais j'avais noté ça !
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 8:37
RabbitIYH a écrit:
Non toujours pas mais j'avais noté ça !
Franchement, vive recommandation pour ma part !
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 8:40
J'ai d'abord quelques Masumara à rattraper mais après je m'attaque à Shindo.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 8:53
RabbitIYH a écrit:
J'ai d'abord quelques Masumara à rattraper mais après je m'attaque à Shindo.
J'ai rien vu de lui. Des priorités ?
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 9:14
Justement j'ai pas vu grand chose, le classique sado-maso La bête aveugle bien sûr et surtout le fabuleux La femme de Seisaku, tragédie malsaine et désespérée dont on ne ressort pas indemne. Mes prochains sur la liste sont Tatouage et L'ange rouge.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 9:41
Je me souviens d'un beau cycle "bizarrerie japonaise" organisé par l'excellent Jean-Pierre Dionnet sur Canal Plus ( à l'époque où Canal était une vraie chaîne de cinéma ) et j'avais beaucoup aimé La bête aveugle, une sorte de version nippone de La prisonnière de Clouzot en beaucoup, beaucoup mieux. ( la prisonnière est le seul film de Clouzot que je trouve foiré quasiment de bout en bout )
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 16:27
Effectivement le parallèle s'impose. J'ai pas grand souvenir de La prisonnière ceci dit donc sûrement du même avis que toi à l'époque.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 18:02
Miroir dérangeant.
Oliver Stone arrive après la bataille : il le sait et décide d’en faire sa force. La première image de Platoon voit se croiser les nouvelles recrues et les sacs à cadavres : l’initiation sera de courte durée, et on dispensera bien malgré lui le bleu d’un entrainement. Que dire de nouveau sur la guerre du Viêt-Nam quand vos glorieux ainés y ont réalisé tant de chefs-d’œuvre ? Ce qu’elle révèle non pas de notre rapport à l’ennemi, mais de nous-même. Stone a toujours cherché à gratter le vernis de l’Amérique : dans la jungle asiatique, c’est bien elle qu’on scrute, à travers le sort fait aux différentes races et milieux social d’un pays parti défendre une liberté qui n’existe même pas sur son propre sol. Taylor, petit riche engagé volontaire, est donc l’occasion d’une prise de conscience de l’état de la démocratie et de la justice en temps de guerre. Son initiation n’est pas tant celle de devenir un homme, mais d’apprendre à connaitre l’animal dans ceux qui l’entourent, et faire le choix moral d’en devenir un à son tour pour défendre ses propres convictions. C’est donc une exploration parallèle du conflit à laquelle nous convie le cinéaste : l’ennemi est certes là, les balles sifflent et la violence se déchaine, mais les enjeux réels se mettent en place dans un seul camp, celui au sein duquel il faudra définir sa place, procédé qu’on retrouvera dans Outrages de De Palma trois ans plus tard. Comme le dit la voix off, « There’s a civil war in the platoon ». Le film est ambitieux dans sa reconstitution, assez ample dans sa mise en scène et procède sur le principe de la gradation : les combats sont de plus en plus cahotiques, et les stigmates laissés par l’horreur initiale (les exactions sur les civils) mettent tout le monde sur un pied d’égalité dans la barbarie. C’est d’ailleurs là que le bât blesse. Stone ne brille pas par sa subtilité, et s’il sait plutôt bien équilibrer le temps de présence de ses nombreux comédiens, on ne peut pas en dire autant de sa tonalité générale. Appuyé par l’Adagio de Barber dont il fait une véritable scie, le pathos est souvent surligné, et enferme le cinéaste dans une course à la surenchère qui brise beaucoup l’intérêt premier du film. Le double mouvement paradoxal qui voit converger un combat de plus en plus épique et collectif comme second plan d’un corps à corps intime entre le protagoniste et son supérieur a certes un réel intérêt. Le problème, c’est que Stone ne peut s’empêcher d’en rajouter, et de tout sur-expliciter par une voix off on ne peut plus superfétatoire. La mort d’Elias ou l’arrosage de napalm sur Barnes, apogées pathétiques, sont en cela vraiment des fautes de goût. Le film n’en perd pas pour autant tout intérêt, et aura eu le mérite de tendre ce miroir dérangeant à l’Amérique qui lui fit d’ailleurs un triomphe.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 18:25
J'ai un peu la même gêne par rapport à ce film, puissant mais vraiment trop emphatique par moments, loin du parfait équilibre (entre charge politique, tourments intimes et narration romanesque) de son excellent prédécesseur Salvador (mon favori de Stone après JFK, avec en prime le meilleur rôle du meilleur acteur des années 80).
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 18:51
RabbitIYH a écrit:
J'ai un peu la même gêne par rapport à ce film, puissant mais vraiment trop emphatique par moments, loin du parfait équilibre (entre charge politique, tourments intimes et narration romanesque) de son excellent prédécesseur Salvador (mon favori de Stone après JFK, avec en prime le meilleur rôle du meilleur acteur des années 80).
Jamais vu, tiens. Je note.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 23:47
ah oui, Salvador et JFK, et Nixon aussi, c'est bien. Les seuls Stone que je peux revoir aujourd'hui avec plaisir. Le reste est souvent assez pénible, je trouve. Même Platoon. Ses films vieillissent très mal. J'ai revu la semaine dernière 1 heure de Tueurs nés sur une chaîne Cinoche du Sat', c'est épouvantable de lourdeur et d'hystérie vaine.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 13 Sep 2014 - 23:56
Tueurs nés j'ai jamais pu saquer ce film, quelques bonnes idées, quelques éclairs de génie dans la mise en scène aussi (il sortait de JFK inégalé dans sa filmo sur ce plan-là - comme sur celui du scénario d'ailleurs) mais beaucoup de vide en effet.
Par contre pas fan de Nixon, je le remplacerais bien par U-Turn, son atmosphère de cauchemar éveillé, sa galerie de personnages affreux, sales et méchants, et la musique de Morricone bien sûr.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 14 Sep 2014 - 5:56
Tueurs nés est justement au programme, je l'ai trouvé récemment et je ne l'avais jamais vu... Je vais essayer de mettre la main sur Salvador. Et JFK, effectivement, j'aime beaucoup, mais je ne savais pas dans quelle mesure c'était dû à mon jeune âge quand je l'ai découvert. Vous avez tendance à me rassurer.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....