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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 21 Mar 2014 - 22:28
Tony's Theme a écrit:
guil a écrit:
Tony's Theme a écrit:
pas encore vu ce Coen. comment est-il mon bon Tony ?
C'est ce que j'appelle un film 'sans histoire', on suit juste un jeune chanteur folk pendant une semaine dans ses galères dans le greenwich village début 61. C'est vraiment un looser malchanceux comme les Coen les aiment, il est même un peu antipathique mais on comprend pourquoi à un moment. Quand je dis sans histoire, je m'exprime mal car en fait il y a plein de petites histoires. Ça m'a fait penser à 'A Seroius Man' dans la scénarisation, un personnage central et des personnages secondaires qui gravitent autours de lui et avec lesquels il vit des situations différentes. Donc pas UNE grosse histoire mais des scènes de vie et surtout de poisse. Point de vue réalisation, rien à redire c'est du très bon Coen, l’ambiance, les cadrages, les lumières et les couleurs : parfait ! Je ne connaissait pas l'acteur principal, il est très bon en plus il y a Justin Timberlake avec une barbe Il faut aussi aimer la musique folk car en générale quand une chanson commence elle est interprétée en entier, moi ça me convenait tout à fait. Et puis à la fin un clin d'œil qui n'a pu que me faire plaisir.
Voilà, je ne sais pas faire de beaux compte rendu comme Nulladies mais j'ai essayé de retranscrire ce que j'ai ressenti.
PS : le passage avec John Goodman est juste excellent.
J'avais zappé la réponse dans le changement de page... merci Tony, ton compte rendu me convient farpaitement
PS: Goodman est toujours excellent, c'est vraiment un de mes acteurs fétiches
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 6:48
Les mensonges d’une nuit d’été
Pour ouvrir la folie vertigineuse des récits qui va constituer son œuvre, Rashomon pose en premier lieu l’espace du récit encadrant : une porte délabrée, démesurée à l’échelle humaine, d’une beauté stupéfiante et sur laquelle ruisselle en continu une pluie torrentielle. Dans ce lieu des heures dernières d’une humanité livrée à la guerre et au chaos, trois hommes vont s’adonner à une question dérisoire, celle d’établir la vérité à propos de la mort d’un homme alors que les entourages, comme le précise le bandit, sont jonchés de cadavre. Cette modestie du propos dans l’océan du mal, ce désir de percer un récit multiple en déroulant l’écheveau emmêlé de ses versions contradictoires souligne le caractère à la fois dérisoire et essentiel de l’entreprise : de cette plateforme en passe d’être submergée par le déluge, les trois hommes vont décider du salut de l’humanité. Deux autres espaces vont structurer la parabole : celui du procès, en plan fixe et d’une blancheur neutre, où les personnages témoigneront face caméra, sans qu’on n’entende jamais les questions qui leur sont posées. Derrière eux, impassibles, les témoins qui disserteront plus tard sur les différentes versions, le bucheron et le prêtre. Enfin, le lieu des origines du mal, la forêt : occasionnant de longues séquences de déplacement, lieu du mouvement et des affrontements, cet eden inquiétant est le terreau du crime originel, le viol, souillure à partir de laquelle les protagonistes (le bandit, la femme, son mari), vont composer tour à tour un mythe dans lequel ils s’accusent du meurtre pour mieux s’en tirer avec les honneurs. Au gré des branchages et des accidents de terrain, les traces de l’humanité jonchent le décor : parures, armes, attributs humains par excellence, restes de vanité et de violence. A cela s’ajoute l’autre grande arme de l’individu, son discours et le recours à l’imaginaire, c’est-à-dire au mensonge, pour faire de lui un héros. Si le film s’ouvre comme une fable, il se double très vite d’une puissance dans sa violence qui vient contraster avec la position dissertative du récit encadrant : la forêt révèle la sauvagerie de l’homme, les plans sont rapides et les mouvements de caméra accentuent la vigueur des échanges, à l’image de ce formidable déplacement de la femme à son mari lorsqu’elle lui demande de la tuer plutôt que de porter ce regard plein de mépris. Par une éblouissante mise en scène, la disposition des corps, des regards, fait des échanges de véritables tableaux dans lesquels la lumière, filtrée par les feuilles, matérialise les zones d’ombre des récits : le triangle conflictuel ne cesse de redistribuer les places et les angles de vue, combinatoire fascinante et de plus en plus ambivalente des multiples facettes de la bassesse humaine. Au fil des versions, alors que le mal, l’égoïsme et le mensonge se généralisent, cette violence contamine progressivement les lieux du discours : c’est d’abord les débordements dans les récits au procès, où les rires, les pleurs et la rage ponctuent de plus en plus chaque récit : à défaut de pouvoir violenter l’autre, on frappe le sable blanc. Animaux ligotés, esprit emprisonnés dans le corps du médium, les individus sont peut-être encore plus effrayant lorsqu’ils commentent l’action que lorsqu’ils la vivent dans les flashbacks. (Spoilers)
Spoiler:
Ce pessimisme finit par remonter au récit premier, et le conflit éclate entre les trois miroirs de la forêt que sont les dissertants de la porte de Rashomon. La dernière version, encore mensongère par le bucheron, achève la propagation du mal, introduction à l’épreuve finale qui boucle la démonstration : les cris de l’enfant viennent confronter les protagonistes à une nouvelle donne, celle de l’acte, et non plus des paroles. Alors que la pluie assourdissante s’arrête enfin, l’éclaircie finale est d’une grande finesse : de la même manière que le mensonge conduit à redorer le blason de l’immoralité, le prêtre prend conscience qu’il peut aussi conduire à méjuger autrui : l’acte altruiste et gratuit du bucheron face à l’enfant, fait inattendu après tant de révélations quant à l’égoïsme humain, se pose comme un double espoir : la possibilité du bien, et le signal envoyé au spectateur d’être encore prêt à le voir autour de lui, en dépit de tout ce que cette folie visuelle nous a progressivement et magistralement révélé sur la vérité de l’image en deçà des discours.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 11:27
Ah ça y est, lancement du cycle.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 11:30
Ah enfin !
( je t'ai envoyé un lien très intéressant sur l'autre forum )
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 11:32
RabbitIYH a écrit:
Ah ça y est, lancement du cycle.
Non non non, fausse alerte, c'est un apéricube. Les cycles, je les annonce hyper solennellement. Kurosawa, je manque beaucoup de ressources pour le moment, et je veux en voir genre 10, c'est horrible. Je vais tout savamment compiler, mais pour celui-là, j'ai eu l'occasion de le trouver, j'ai craqué. ça ne présage en tout cas que du bon !
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 12:55
Mon top perso parmi ce qu'il te reste, si ça peut aider :
1. Tengoku to jigoku (Entre le ciel et l'enfer) 2. Warui yatsu hodo yoku nemuru (Les salauds dorment en paix) 3. Akahige (Barberousse) 4. Kagemusha (Kagemusha, l'ombre du guerrier) 5. Ran 6. Kakushi toride no san-akunin (La forteresse cachée) 7. Shichinin no samourai (Les sept samouraïs) 8. Sugata Sanshiro (La légende du grand judo) 9. Norainu (Chien enragé) 10. Tsubaki Sanjuro (Sanjuro) 11. Kumonosu Jo (Le château de l'araignée) 12. Yojimbo (Le garde du corps) 13. Hakuchi (L'idiot)
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 15:11
Fouchtra ! Quelle claque !
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 17:45
J'avais été soufflé par la photographie du Retour, un peu échaudé par l'évolution de l'intrigue... Je me laisserais bien tenter.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 21:45
Nulladies a écrit:
J'avais été soufflé par la photographie du Retour, un peu échaudé par l'évolution de l'intrigue... Je me laisserais bien tenter.
Cours-y vite, cours-y vite, c'est vraiment un très grand film...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 22 Mar 2014 - 22:15
Goupi Tonkin a écrit:
Nulladies a écrit:
J'avais été soufflé par la photographie du Retour, un peu échaudé par l'évolution de l'intrigue... Je me laisserais bien tenter.
Cours-y vite, cours-y vite, c'est vraiment un très grand film...
Compte sur moi.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 23 Mar 2014 - 7:00
Cet obscur objet du périr
C’est un film bien étrange projet que ce Parkland. Ambitieux par sa modestie, il se voit traiter avec peu de moyen une des pages les plus célèbres et mystérieuses de l’histoire contemporaine américaine. Fauché, un peu branque dans son rythme, jouant la carte du documentaire sans pour autant se dispenser des effets du film traditionnel (on pense notamment au recours assez grossier à la musique) il valse et hésite, ne cesse de révéler ses limites tout en déployant un discours propre. Le premier principe est celui de la petite histoire : l’intimité des figurants de l’événement : le personnel hospitalier, Zapruder et sa femme, le frère et la mère de Lee Harvey Hoswald : tous se trouvent brutalement sous le projecteur sans avoir pu mémoriser leur texte, déstabilisés et tentant de trouver leur rôle dans l’actualité en marche. Certains pourraient trouver comme mérite au film d’apporter des détails généralement considérés comme anecdotiques, mais qui, pour un événement de cette ampleur à même de provoquer toutes les dérives fétichistes possibles, se verraient porteuses de sens : la lutte pour garder ou non le corps à Dallas, les fauteuils d’avion qu’on dévisse pour rapatrier le corps, les petits enfants de Zapruder sur le début du film devenu mythique… On peut surtout y déceler une intention de mêler l’intime au général, le secret à la furie médiatique. De ce fait, le découpage est plus malin qu’il n’y parait : les deux séquences en montage parallèle créent un réseau qui fait sens : alors qu’on perd le président sur le billard, on exhume le film qui révélera au monde son assassinat ; alors qu’on enterre L.H. Oswald, les services de police brûlent son dossier pour effacer les traces gênantes de sa présence dans leurs locaux. Dans cette optique, l’aspect déceptif du film semble assumé : son sujet primordial est bien celui de l’effacement : des vies, des corps, des preuves, des explications. Parkland, l’hôpital qui recevra successivement la victime et son assassin, ne pourra qu’acter des décès, tout comme le spectateur ne pourra que se contenter d’un embryon d’enquête, aux portes d’une Histoire condamnée à rester entrebâillée sur un corridor à l’opacité fascinante.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 23 Mar 2014 - 10:45
1959.
Le troisième film de Chabrol est déjà un jeu de massacre en milieu petit bourgeois et clos. Très en deçà du Beau Serge et des Cousins, A double tour est le brouillon bouffon, l’ébauche bancale, bordélique, débraillée (mais avec quelques beaux éclats, notamment les dialogues cruels du grand Paul Gégauff et une utilisation surprenante et habile du flashback) de ce que seront, par exemple, La Cérémonie ou La femme infidèle.
Les acteurs sont l’atout majeur du film : Madeleine Robinson, pathétique et flippante ; Belmondo, juste avant A bout de souffle, bouffon et désinvolte en Boudu sauvé des eaux 60’s ; et Bernadette Lafont, la « Bardot nègre » selon Hervé Guibert, qui érotise et incendie le film dés la première séquence.
... petite culotte raccord avec le papier peint et la petite fleur rouge dans le verre... Classe !
Il faudra attendre l’année suivante pour obtenir enfin un grand film de Chabrol : Les bonnes femmes.
Ps : Godard s’est beaucoup inspiré de Laslo Kovacs , le personnage joué par Belmondo dans le film de Chabrol, pour créer le Michel Poiccard d’A bout de souffle. Les fameux monologues en voiture sont déjà dans A double tour et le Poiccard de Godard, traqué par la police, se fera appeler Laslo Kovacs pour dissimuler sa véritable identité…
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 23 Mar 2014 - 11:09
Jamais vu ce Chabrol là. Mais du reste ça commence vraiment à me parler qu'à partir de L'oeil du malin.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 23 Mar 2014 - 17:28
RabbitIYH a écrit:
Mon top perso parmi ce qu'il te reste, si ça peut aider :
1. Tengoku to jigoku (Entre le ciel et l'enfer) 2. Warui yatsu hodo yoku nemuru (Les salauds dorment en paix) 3. Akahige (Barberousse) 4. Kagemusha (Kagemusha, l'ombre du guerrier) 5. Ran 6. Kakushi toride no san-akunin (La forteresse cachée) 7. Shichinin no samourai (Les sept samouraïs) 8. Sugata Sanshiro (La légende du grand judo) 9. Norainu (Chien enragé) 10. Tsubaki Sanjuro (Sanjuro) 11. Kumonosu Jo (Le château de l'araignée) 12. Yojimbo (Le garde du corps) 13. Hakuchi (L'idiot)
Sinon les prochains pour moi ce sera Vivre et Dodes'kaden, ma moitié dit qu'ils sont superbes.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 24 Mar 2014 - 6:50
RabbitIYH a écrit:
RabbitIYH a écrit:
Mon top perso parmi ce qu'il te reste, si ça peut aider :
1. Tengoku to jigoku (Entre le ciel et l'enfer) 2. Warui yatsu hodo yoku nemuru (Les salauds dorment en paix) 3. Akahige (Barberousse) 4. Kagemusha (Kagemusha, l'ombre du guerrier) 5. Ran 6. Kakushi toride no san-akunin (La forteresse cachée) 7. Shichinin no samourai (Les sept samouraïs) 8. Sugata Sanshiro (La légende du grand judo) 9. Norainu (Chien enragé) 10. Tsubaki Sanjuro (Sanjuro) 11. Kumonosu Jo (Le château de l'araignée) 12. Yojimbo (Le garde du corps) 13. Hakuchi (L'idiot)
Sinon les prochains pour moi ce sera Vivre et Dodes'kaden, ma moitié dit qu'ils sont superbes.
Vivre revient souvent comme référence, aussi... Punaise, ça va être coton de se faire un tri là dedans !
Esther Yul le grincheux
Nombre de messages : 6224 Date d'inscription : 31/10/2013 Age : 50 Humeur : Taquine
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 26 Mar 2014 - 7:15
Il était excellent comme dialoguiste, mais franchement moyen comme metteur en scène... "Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques" sort un peu du lot, mais le reste est quand même très indigeste.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 26 Mar 2014 - 8:26
On vient justement de m'offrir un bouquin sur Audiard, dégoûté, j'ai jamais aimé ses films.
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 26 Mar 2014 - 15:57
Esther a écrit:
Il était excellent comme dialoguiste, mais franchement moyen comme metteur en scène... "Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques" sort un peu du lot, mais le reste est quand même très indigeste.
Il sagouinait systématiquement ses mises en scène, c'est vrai. C'est souvent n'importe quoi. Il avouait lui-même, non sans cynisme, qu'il remisait la caméra dans un coin et ne s'en occupait jamais, arguant qu'avec des acteurs du calibre de Françoise Rosay ou Blier , on a pas besoin d'accrocher la caméra au plafond et de la faire tournoyer avec virtuosité...
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 26 Mar 2014 - 16:17
Jamais pu, Audiard... pour dire, même les dialogues me gonflent.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 26 Mar 2014 - 16:21
Nulladies a écrit:
Les arcanes du blockbuster, chapitre 4
La table en acajou, la corbeille de fruits, tout ça. Aujourd’hui, grand soleil. Comme toujours, en fait.
- Bon, qu’est-ce qu’on a aujourd’hui ? - Neill Blonmkamp, chef. - (crache son café) Putain, c’est quoi ce nom encore ? - Vous savez, District 9. - Nan, je sais pas. - Le truc sur l’apartheid avec des aliens à la place des noirs. - Ah, ouais. - Bon ben c’est lui. Il attend les directives pour son nouveau film. - Vous l’avez mis dans quoi ? - Attendez, je regarde… Blockbuster du tiers-monde. - Ok. Bon, l’immigration, tout ça, société dystopique. On reprend la même idée, mais sans aliens. Ils étaient vraiment trop moches. - On met Matt Damon à la place. - Ouais. Faites m’en un Christ. - On avait pensé, chef, un début en flash-back… - Avec des échos sur les voix - …où une bonne sœur lui dit qu’il est l’élu… - En lui donnant un médaillon qu’on revoit genre à la fin - …et après il se sacrifie pour les pauvres et tout. - Genre Mère Theresa - …en sexy. - La bonne sœur ? - Nan, Matt Damon. - Ouais, c’est bon, allez-y. Mais faites simple, hein, y’a des chiards qu’on pas tout compris à Oblivion. - C’est pour ça, chef, qu’on a demandé aux stagiaires de collège de l’open space du 2ème étage de nous donner des pistes. Je vous restitue la synthèse de nos briefings. « Pour chez les pauvres, il faut genre des graffitis sur les murs, mais chez les riches les murs y sont blancs et propre et style SF du futur ». - Ok. - « la méchante une meuf stylée genre elle boit un café pendant qu’elle dézingue des bougnoules » - Des « bougnoules » ? - Oui, on savait pas au début, pour les immigrés. C’est une appellation de travail. - Mettez des américains et des latinos. - Et en haut, chez les riches ? - La nana, faites-la parler français. Et rajoutez un mercenaire ultra sadique au nom germanique, genre qui rappelle les dominateurs d’Afrique du Sud. - Jaeger ? - T’es con, c’est le nom des robots géants dans Pacific Rim. - Kruger ? - Ouais, Kruger. - Euh, chef, pour revenir au café au centre de commande : c’est déjà dans Avatar. - Et alors ? c’est les jeunes qui veulent. Autre chose ? - (Brandon consulte ses notes) « il faut une armure de ouf ». - C’est vague. - Vous inquiétez pas, on a travaillé dessus : exossature. - Classe. - Mais version immigrée : avec un peu de sang, un écran genre seulement 3 pouces et monochrome, voyez. - Favella Ninja, genre. - Putain, chef, vous gérez. Favella Ninja, on va le mettre. - Continuez. - Les jeunes me disent aussi « y a plus les ralentis et le bullet time Matrix, ça craint » - Foutez-en. - On a trouvé des balles aérobroyantes, ça claque sa mère. C’est une idée de Bryan, on a tous kiffé au brainstorm, il l’a essayée ensuite sur les réseaux, avalanche de likes. - Bien. Mais le reste du temps, comme c’est un film Tiers Monde, vous me faites du caméra à l’épaule, genre amateur pauvre. - Avec la caméra qui saute avec les balles, je filme mal au plus près du combat, comme les actus en Syrie. - Voilà. C’est l’idée. Tu prends le JT, les villes du Sud, Sangatte, Lampedusa, et tu m’en fais un divertissement. - Justement, on a bossé sur une mine antipersonnelle. On se disait, le truc dans le sol, c’est un peu naze visuellement. Donc là, elles volent, elles se collent, tu les vois qui brillent et ensuite, télécommande, bouton, et le mec finit en lasagnes Spanghero. - Bon boulot, les gars. Pour la musique, vous me trouvez une voix qui fasse oriental, avec les cuivres qu’on a depuis Nolan. - Les POOOOOOOOOINNNNNNNNN, POOOOOOOOOINNNNNNNNN, chef ? - Oui, les POOOOOOOOOINNNNNNNNN, POOOOOOOOOINNNNNNNNN. Exactement. Ah oui, j’ai eu un SMS, les stats montrent un rebond du cinéma asiatique. - … - … - Des arbres en fleurs dans le combat final ? - Ouais, faites ça. Bon, je crois qu’on a fait le tour. - Euh, attendez, chef, c’était l’avis des garçons du collège. Y a celui des filles, maintenant. - Putain, magnez-vous, foutez-tout, qu’on en finisse. - Je vous dis juste, je résume : infirmière, petite fille, leucémie, amour d’enfance, tatouage pour le rappeler, kidnapping « genre presque viol tu vois », et tout le monde guérit à la fin. - Oui, bon, comme je dis, vous foutez tout. Faut que j’y aille, on m’attend pour le golf. - Mais, euh, chef… pour la fin, on fait comment ? - Mais putain, mais comme à chaque fois, bordel ! On change le programme informatique, on met « tout le monde » riche à la place de « que riche » riche, et les noirs courent se faire guérir comme dans les campagnes de Médecin du Monde, c’est quoi ces question de merde ?! Vous avez aucune autonomie, ou quoi ? Un logiciel pourrait l’écrire, ce scenario ! - Mais il meurt quand même en Christ ? - Oui, on y tient ça. - On met un « There’s no coming back from this » avant qu’il appuie sur le bouton “enter”. - Ouais, trop bien. Chef ? - Il est parti. - Pas grave. Putain, on va cartonner.
Je suis retombé sur ça, rho le vilain. Certes tout est fidèle mais bon, à ce degré d'ironie tu peux faire pareil voire pire avec n'importe quel film d'auteur. Moi je l'ai trouvé très sympa ce film.
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 26 Mar 2014 - 17:58
RabbitIYH a écrit:
Nulladies a écrit:
Les arcanes du blockbuster, chapitre 4
La table en acajou, la corbeille de fruits, tout ça. Aujourd’hui, grand soleil. Comme toujours, en fait.
- Bon, qu’est-ce qu’on a aujourd’hui ? - Neill Blonmkamp, chef. - (crache son café) Putain, c’est quoi ce nom encore ? - Vous savez, District 9. - Nan, je sais pas. - Le truc sur l’apartheid avec des aliens à la place des noirs. - Ah, ouais. - Bon ben c’est lui. Il attend les directives pour son nouveau film. - Vous l’avez mis dans quoi ? - Attendez, je regarde… Blockbuster du tiers-monde. - Ok. Bon, l’immigration, tout ça, société dystopique. On reprend la même idée, mais sans aliens. Ils étaient vraiment trop moches. - On met Matt Damon à la place. - Ouais. Faites m’en un Christ. - On avait pensé, chef, un début en flash-back… - Avec des échos sur les voix - …où une bonne sœur lui dit qu’il est l’élu… - En lui donnant un médaillon qu’on revoit genre à la fin - …et après il se sacrifie pour les pauvres et tout. - Genre Mère Theresa - …en sexy. - La bonne sœur ? - Nan, Matt Damon. - Ouais, c’est bon, allez-y. Mais faites simple, hein, y’a des chiards qu’on pas tout compris à Oblivion. - C’est pour ça, chef, qu’on a demandé aux stagiaires de collège de l’open space du 2ème étage de nous donner des pistes. Je vous restitue la synthèse de nos briefings. « Pour chez les pauvres, il faut genre des graffitis sur les murs, mais chez les riches les murs y sont blancs et propre et style SF du futur ». - Ok. - « la méchante une meuf stylée genre elle boit un café pendant qu’elle dézingue des bougnoules » - Des « bougnoules » ? - Oui, on savait pas au début, pour les immigrés. C’est une appellation de travail. - Mettez des américains et des latinos. - Et en haut, chez les riches ? - La nana, faites-la parler français. Et rajoutez un mercenaire ultra sadique au nom germanique, genre qui rappelle les dominateurs d’Afrique du Sud. - Jaeger ? - T’es con, c’est le nom des robots géants dans Pacific Rim. - Kruger ? - Ouais, Kruger. - Euh, chef, pour revenir au café au centre de commande : c’est déjà dans Avatar. - Et alors ? c’est les jeunes qui veulent. Autre chose ? - (Brandon consulte ses notes) « il faut une armure de ouf ». - C’est vague. - Vous inquiétez pas, on a travaillé dessus : exossature. - Classe. - Mais version immigrée : avec un peu de sang, un écran genre seulement 3 pouces et monochrome, voyez. - Favella Ninja, genre. - Putain, chef, vous gérez. Favella Ninja, on va le mettre. - Continuez. - Les jeunes me disent aussi « y a plus les ralentis et le bullet time Matrix, ça craint » - Foutez-en. - On a trouvé des balles aérobroyantes, ça claque sa mère. C’est une idée de Bryan, on a tous kiffé au brainstorm, il l’a essayée ensuite sur les réseaux, avalanche de likes. - Bien. Mais le reste du temps, comme c’est un film Tiers Monde, vous me faites du caméra à l’épaule, genre amateur pauvre. - Avec la caméra qui saute avec les balles, je filme mal au plus près du combat, comme les actus en Syrie. - Voilà. C’est l’idée. Tu prends le JT, les villes du Sud, Sangatte, Lampedusa, et tu m’en fais un divertissement. - Justement, on a bossé sur une mine antipersonnelle. On se disait, le truc dans le sol, c’est un peu naze visuellement. Donc là, elles volent, elles se collent, tu les vois qui brillent et ensuite, télécommande, bouton, et le mec finit en lasagnes Spanghero. - Bon boulot, les gars. Pour la musique, vous me trouvez une voix qui fasse oriental, avec les cuivres qu’on a depuis Nolan. - Les POOOOOOOOOINNNNNNNNN, POOOOOOOOOINNNNNNNNN, chef ? - Oui, les POOOOOOOOOINNNNNNNNN, POOOOOOOOOINNNNNNNNN. Exactement. Ah oui, j’ai eu un SMS, les stats montrent un rebond du cinéma asiatique. - … - … - Des arbres en fleurs dans le combat final ? - Ouais, faites ça. Bon, je crois qu’on a fait le tour. - Euh, attendez, chef, c’était l’avis des garçons du collège. Y a celui des filles, maintenant. - Putain, magnez-vous, foutez-tout, qu’on en finisse. - Je vous dis juste, je résume : infirmière, petite fille, leucémie, amour d’enfance, tatouage pour le rappeler, kidnapping « genre presque viol tu vois », et tout le monde guérit à la fin. - Oui, bon, comme je dis, vous foutez tout. Faut que j’y aille, on m’attend pour le golf. - Mais, euh, chef… pour la fin, on fait comment ? - Mais putain, mais comme à chaque fois, bordel ! On change le programme informatique, on met « tout le monde » riche à la place de « que riche » riche, et les noirs courent se faire guérir comme dans les campagnes de Médecin du Monde, c’est quoi ces question de merde ?! Vous avez aucune autonomie, ou quoi ? Un logiciel pourrait l’écrire, ce scenario ! - Mais il meurt quand même en Christ ? - Oui, on y tient ça. - On met un « There’s no coming back from this » avant qu’il appuie sur le bouton “enter”. - Ouais, trop bien. Chef ? - Il est parti. - Pas grave. Putain, on va cartonner.
Je suis retombé sur ça, rho le vilain. :lol:Certes tout est fidèle mais bon, à ce degré d'ironie tu peux faire pareil voire pire avec n'importe quel film d'auteur. Moi je l'ai trouvé très sympa ce film.
Je reconnais que c'est assez vrai...
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Mar 2014 - 6:35
Bon, faut d'abord que je vous explique pourquoi je me suis infligé cette merde. Sur Sens Critique, ils organisent une coupe de la meilleure critique. C'était donc la première manche, et c'est le film qu'on devait chroniquer.
Les moissons du miel
Cours de français des 4è B. Ghyslaine Syntre, professeur, prend la parole.
- Bonjour à tous. Dans le cadre de notre grand projet pédagogique « Mythologie, accomplissement personnel et citoyenneté » M. Cullembourg vous a projeté ce matin le film « Jusqu’au bout du rêve » durant le cours d’anglais. Qu’en avez-vous pensé ? Personne ? Bon, vous écrivez : « Fraternité, goût de l’effort et de la volonté, travail d’équipe, devoir de mémoire, respect des ainés, autonomie et résistance à la morosité ou au défaitisme ambiants, sont les valeurs défendues par le film. » Vous sautez une ligne et vous ajoutez : « A cette dimension citoyenne et morale s’ajoute une poésie et une émotion d’une grande ampleur, permettant l’évasion par la fiction, la matérialisation du rêve et l’échappée par l’imaginaire au service d’un monde meilleur. »
Bien. Vous vous souvenez avoir écouté dans le cours de musique de Mme Bubon « J’irai au bout de mes rêves » de JJ. Goldman en prolongement au film.
Madame Cyntre ouvre le tableau sur lequel figure la consigne : « Expression écrite : réécrivez les paroles de la chanson de JJ Goldman en accord avec les valeurs véhiculées par le film. Vous respecterez le système des rimes, la structure couplet refrain et la métrique du modèle. »
- Vous avez une heure. La meilleure production sera chantée par le Club Chorale lors de la fête de fin d’année.
Copie de Justine Paulet :
Et même si j’entends des voix Même si je tonds les champs Si personne ne croit en moi Je suis la risée des gens.
Et même si l’on vend ma ferme Qu’on croit mon épouse folle Je foulerai la terre ferme D’un terrain de baseball
(refrain) J’irai au bout de mes rêves Dussé-je prendre le glaive L’équipe aura sa relève Tout au bout de mes rêves.
Si le terrain reste vide Aux yeux des regards sans cœur La petite fille candide Fera surgir le bonheur
La foule viendra en nombre Par un chant patriotique Nous dissiperons les ombres Dans notre belle Amérique
(refrain) J’irai au bout de mes rêves Et si la vie est brève L’amour en est la fève Sachez-le chers élèves Tout au bout de nos rêves.
Copie de Bryan Feneck :
T’as certes un beau dentifrice Et un regard de cocker Mais à la raie je te pisse Mon très cher Kevin Costner
Laisse donc le maïs tranquille Je sais t’as traité ton père Mais tu devrais t’faire d’la bile D’avoir fait chier Géant Vert
(refrain) Va donc au bout de ton rêve Collant comme de la sève Englue les autres élèves Mais pour moi fais-la brève.
T’as 36 ans et une ferme T’as été un peu gauchiste Mais aujourd’hui tu la fermes Faudrait pas être extrémiste
Le paradis c’est l’Iowa Le passé sous carte postale Lancer la baballe à papa J’préfère un toucher rectal
(refrain) Va donc au bout de ton rêve Mon estomac se soulève Ton idéal after shave Mes neurones prélève
J’ai quand même eu un peu honte De voir Stewart, ce César Cité dans ton joli conte Où le rêve coûte vingt dollars !
Quand vous aurez votre pécule Garde-moi donc quelques battes Je te briserai les rotules A ta femme ce s’ra la ratte.
J’arrête mon monologue Avant que tout parte en vrille Si seulement le hot dog Avait étouffé ta fille
Va donc au bout de ton rêve Pour ta merde je fais grève Bouffe ton sourire et crève Viens là que je t’achève Voilà quel est mon rêve.
lalou grand petit homme
Nombre de messages : 1019 Date d'inscription : 30/12/2013 Age : 54 Localisation : Sugar Mountain
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Mar 2014 - 6:48
Très bon, je me suis poilé! Pour renforcer la crédibilité du truc, j'aurais plutôt donné 2nde ou 1ère comme classe... Par contre tu m'as mis l'air la chanson dans la tête, arghhhh!!!
Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Mar 2014 - 6:49
Niark niark niark...
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Mar 2014 - 8:20
Excellent
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 28 Mar 2014 - 13:35
Il a du talent le petit Bryan !
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....