Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi
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Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi

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 Voyage en salle obscure...

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Nulladies
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyJeu 19 Mar 2015 - 20:12

Oué, c'est sympa cette chose. Wink
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Otto Bahnkaltenschnitzel
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyJeu 19 Mar 2015 - 20:22

Nulladies a écrit:
Oué, c'est sympa cette chose. Wink

Mais je ne te rejoins pas sur une chose: les casquettes de Samuel L. Jackson. Il est trop classe en ado attardé et tout-puissant.
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Nulladies
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyLun 30 Mar 2015 - 6:52

Voyage en salle obscure... - Page 31 1013214_fr_shaun_le_mouton_1424529670249


Gigomatiques.

Pour qui connait les petites pépites que sont les épisodes de la série dérivée de l’univers du Wallace et Gromit de Nick Park, le passage au long format avait tout d’un pari risqué.
Truffés d’inventions burlesques, entièrement soumis au récit visuel car muets, les récits courts fonctionnaient sur un principe similaire à celui du carton d’origine : machinations, gags et poésie.
Aucune trahison de ce côté-là : le film ne déroge pas au cahier des charges, et se propose même un clin d’œil assez malin dans son ouverture, fustigeant la routine de la vie à la ferme qui n’est pas sans rappeler aux spectateurs de la série à quel point celle-ci commençait toujours de la même manière.
Place donc à une intrigue qui délocalise sur la ville les moutons gaffeurs ; le chien responsable et leur fermier désormais amnésique.
Ne brillant pas par son originalité, le scénario semble souvent le prétexte à des scénettes qui sur la durée peuvent un peu lasser le spectateur de plus de 8 ans. Il n’en demeure pas moins que bon nombre d’entre elles fonctionnent parfaitement, notamment une scène de restaurant où les moutons déguisés tentent de comprendre les usages étranges des hommes à table.
On saluera aussi la singularité de l’univers dépeint par les créateurs : ici, point de dictat esthétiques, et une diversité (culturelle, de mixité) qui fait plaisir à voir.
S’il n’évite pas les rails d’un certain formatage dans sa structure et souffre de menues répétitions, Shaun le mouton ne perd pas son âme. Il ravira les jeunes amateurs de la série et séduira leurs parents par sa distinction à la fois vintage et innocente.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyLun 30 Mar 2015 - 9:37

J'adorais la série, merci pour l'info.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyJeu 2 Avr 2015 - 17:11

Nulladies a écrit:
Voyage en salle obscure... - Page 31 1013214_fr_shaun_le_mouton_1424529670249


Gigomatiques.

Pour qui connait les petites pépites que sont les épisodes de la série dérivée de l’univers du Wallace et Gromit de Nick Park, le passage au long format avait tout d’un pari risqué.
Truffés d’inventions burlesques, entièrement soumis au récit visuel car muets, les récits courts fonctionnaient sur un principe similaire à celui du carton d’origine : machinations, gags et poésie.
Aucune trahison de ce côté-là : le film ne déroge pas au cahier des charges, et se propose même un clin d’œil assez malin dans son ouverture, fustigeant la routine de la vie à la ferme qui n’est pas sans rappeler aux spectateurs de la série à quel point celle-ci commençait toujours de la même manière.
Place donc à une intrigue qui délocalise sur la ville les moutons gaffeurs ; le chien responsable et leur fermier désormais amnésique.
Ne brillant pas par son originalité, le scénario semble souvent le prétexte à des scénettes qui sur la durée peuvent un peu lasser le spectateur de plus de 8 ans. Il n’en demeure pas moins que bon nombre d’entre elles fonctionnent parfaitement, notamment une scène de restaurant où les moutons déguisés tentent de comprendre les usages étranges des hommes à table.
On saluera aussi la singularité de l’univers dépeint par les créateurs : ici, point de dictat esthétiques, et une diversité (culturelle, de mixité) qui fait plaisir à voir.
S’il n’évite pas les rails d’un certain formatage dans sa structure et souffre de menues répétitions, Shaun le mouton ne perd pas son âme. Il ravira les jeunes amateurs de la série et séduira leurs parents par sa distinction à la fois vintage et innocente.

j'ai un touuuuut petit peu plus de 8 ans et aucune lassitude de mon côté, j'attendais (impatiemment) ce film parce que je kiffe la série et je n'ai pas été le moins du monde déçu, j'ai adoré du début à la fin et me suis beaucoup marré

certes, comparé à "Wallace & Gromit" ou "Chicken Run", c'est un poil (de mouton) plus simpliste parce que ça s'adresse à un public plus jeune (l'absence de dialogue évitant de faire dans le trop compliqué, on est dans le slapstick pur) mais je trouve chaque personnage, chaque plan complètement réussis

ils arrivent à faire rire avec la moindre mimique d'un personnage et peu de films peuvent en dire autant

mon film de l'année pour le moment (sérieusement, enfin avec des rires, mais sérieusement quand même)
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyJeu 2 Avr 2015 - 18:03

Par contre Shaun le mouton ça sonne vraiment merdique, je sais que c'et pour les gamins et tout mais Shaun the sheep quoi, m'enfin !
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyVen 3 Avr 2015 - 9:14

RabbitIYH a écrit:
Par contre Shaun le mouton ça sonne vraiment merdique, je sais que c'et pour les gamins et tout mais Shaun the sheep quoi, m'enfin !

moi ça me choque pas, je suis habitué au titre français

en revanche je voulais voir le film en VO par principe (même si je comprenais pas comment il pouvait y avoir une VF et une VO pour un film sans paroles...) mais au final c'est bien une VF qu'on a vue: ce sont tous les mots écrits (les enseignes, les pancartes) qui sont bien en français (de la même manière que dans "Shining" il y avait une version française du texte qu'écrivait Nicholson sur sa machine à écrire)
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyVen 24 Avr 2015 - 15:59

Voyage en salle obscure... - Page 31 Caprice

Tartignole !
J'avais bien aimé "Fais-moi plaisir !" en 2009.
Mourret a épuré, enlevé les situations totalement fantaisistes, reste plus que la nunucherie, une comédie romantichou avec quelques sourires et beaucoup de bâillements (symptôme d'amour pour l'actrice principale...) !
Prévoir trucs à penser pour 1 h 40 mn...  What a Face
Anaïs Demoustier de nouveau en  ingénue...
Un tout petit moment bien ? Le spectacle de science fiction de la jeune actrice !... Wink
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyDim 26 Avr 2015 - 7:31

Voyage en salle obscure... - Page 31 16

Le fond et l’informe.

Taxi Téhéran fait partie de ces films dont le contexte de création est indispensable à son appréciation. Jafar Panahi, cinéaste muselé par le régime iranien, lui oppose par ce film illégal un cri à l’audace salutaire. Sans moyens, caché dans un taxi dont il s’improvise chauffeur, il embarque et dépose une kyrielle de passagers comme autant de témoins d’une situation qui fera frissonner tout défenseur des droits de l’homme.
L’idée, reprise à Kiarostami et son Ten, est cinématographiquement malicieuse : filmant ses passagers, jouant de la porosité entre documentaire clandestin et fiction arrangée, assumant le caractère factice de son dispositif (plusieurs personnages disent ainsi le reconnaitre, ou voir dans les autres passagers des comédiens récitant un rôle), Panahi fait feu de tout bois. La ville est un réseau dans lequel il se déplace, et malgré son enfermement signifié ici par la carrosserie de son taxi, il en capte les échos dissidents et disserte avec un peuple condamné à se taire.
La limite de son dispositif est sans doute légitime : acculé à un tournage dans l’urgence, menacé de toute part, le cinéaste a peu de temps pour dire beaucoup. Et s’il a le mérite d’ajouter de l’humour à la noirceur inévitable de son propos, s’il cherche à éviter le discours engagé plombant, ses détours ne sont pas toujours aussi efficaces qu’il le souhaiterait.
Didactique, écrit au forceps, assez maladroit dans ses transitions et dans son panel représentatif de tous les maux certes révoltants de la société dans laquelle il se débat, Taxi Téhéran génère un certain malaise. On ne peut qu’adhérer à son projet, sans pour autant se laisser porter par les démonstrations assez poussives qui le nourrissent, notamment en matière de mise en scène. Car c’est bien là que la situation est la plus délicate. Film interdit sur le cinéma, Panahi intègre à la plupart des sketches des réflexions appuyées au sein desquelles il fait figure de maitre à penser, des mises en abyme aussi inefficaces que pénibles à suivre (multiplication des caméras, des prises de vues, etc.), des références au spectateur et à la diffusion de son film.
On culpabilise à fustiger ces procédés, et encore plus à se demander si l’évolution du film, de plus en plus explicite sur son audace, ne cherche pas à nous rappeler la tolérance qu’on doit avoir face à lui.
Ce n’est pas parce qu’il est gauche que Taxi Téhéran perd de son audace et de sa fondamentale utilité. Geste fort, prise de risque évidente pour son créateur, il est un objet hybride dont on salue, en humaniste, le courage, tout en ayant l’honnêteté cinéphile de lui trouver certaines maladresses.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyDim 26 Avr 2015 - 14:11

Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
Voyage en salle obscure... - Page 31 263690

C'est bien fait, bien rythmé et drôle. Que demander de plus. J'ai adoré que mon gosse m'y accompagne.

Certes on pourra critiquer la "bien-pensance"  et l'aspect conservateur de ce film mais l'on sera alors  un idiot dépourvu du moindre brin d'enfance survivant au fin fond de la steppe aride de son âme.
Autre gros défaut c'est la mère Kidman cachée derrière sa frange, froide comme un congélateur échoué sur la banquise. Mais même cela n'a pas réussi à gâcher mon plaisir.

Nulladies a écrit:
Ma femme et mes enfants y sont allés et revenus avec le même enthousiasme... j'attends qu'il sorte en vidéo pour me le refaire avec eux.

Laisse tomber c'est une immonde purge. Si le film était américain (et il a tout pour l’être) il se serait fait défoncer par tous les critiques de la planète.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyLun 27 Avr 2015 - 12:50

RabbitIYH a écrit:
Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
Voyage en salle obscure... - Page 31 263690

C'est bien fait, bien rythmé et drôle. Que demander de plus. J'ai adoré que mon gosse m'y accompagne.

Certes on pourra critiquer la "bien-pensance"  et l'aspect conservateur de ce film mais l'on sera alors  un idiot dépourvu du moindre brin d'enfance survivant au fin fond de la steppe aride de son âme.
Autre gros défaut c'est la mère Kidman cachée derrière sa frange, froide comme un congélateur échoué sur la banquise. Mais même cela n'a pas réussi à gâcher mon plaisir.

Nulladies a écrit:
Ma femme et mes enfants y sont allés et revenus avec le même enthousiasme... j'attends qu'il sorte en vidéo pour me le refaire avec eux.

Laisse tomber c'est une immonde purge. Si le film était américain (et il a tout pour l’être) il se serait fait défoncer par tous les critiques de la planète.

Oui mais t'es hors-contexte: faut le voir avec un enfant et à Nöel. T'as rien compris.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyLun 27 Avr 2015 - 16:57

Bien entendu, mais j'en ai pas et en Chine on fête pas Noël donc rien à foutre. Razz
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyJeu 7 Mai 2015 - 20:46

Bientôt un biopic sur Brian Wilson
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyJeu 7 Mai 2015 - 21:58

Tony's Theme a écrit:
Bientôt un biopic sur Brian Wilson
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyDim 10 Mai 2015 - 6:47

Voyage en salle obscure... - Page 31 1013214_fr_shaun_le_mouton_1424529670249

Mon fils a kiffé, ma femme a dormi, et moi... j'ai bien aimé même s'il y a quelques longueurs à mon avis.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyDim 10 Mai 2015 - 12:41

Esther a écrit:
Voyage en salle obscure... - Page 31 1013214_fr_shaun_le_mouton_1424529670249

Mon fils a kiffé, ma femme a dormi, et moi... j'ai bien aimé même s'il y a quelques longueurs à mon avis.

Bien aimé, surtout les multiples références ciné/TV (Hannibal Lecter et Breaking Bad en tête)..
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyVen 15 Mai 2015 - 8:30

Voyage en salle obscure... - Page 31 Mad_Max_Fury_Road

Come on baby ! Flow, commotion !

Alors ?! Qu’a donc encore dans le ventre Georges Miller, après ses digressions porcines et arctico-soul ? Mad Max est-il après tant d’autres, passé sous le rouleau compresseur du système, sa fury road se permet-elle des sorties de route ?

L’image qui reste clairement de ce quatrième volet, et que la bande annonce avait bien fait de nous promettre, c’est cette citation claire et nette de ce que le deuxième avait de meilleur : celle d’un convoi destroy et poussiéreux ou s’agrègent tout ce que le monde post-apocalyptique compte de plus teigneux pour deux heures de baston folklorique.

Mad Max est un pur trajet, un mouvement quasi continu qui, lorsqu’il se consacre à ce qu’il sait faire, tient la plupart de ses promesses. Certes, les rails du cahier des charges guettent à certains virages, en embuscade : le début est un peu laborieux, et l’on craint le pire lorsque le héros éponyme se trouve empêtré dans sa course par des flashs de sa fille, trauma en carton et d’une laideur particulièrement pénible. Les quelques tentatives d’humour tombent plutôt à plat et l’intrigue n’a pas d’intérêt, (dotée notamment d’un pseudo twist totalement prévisible), ce qui est en soi une bonne nouvelle puisqu’on assume pleinement le véritable sujet du film : son mouvement.

Pour ce faire, deux belles surprises viennent un peu pimenter la mise en place : d’abord, un Max entravé, muselé, rivé en donneur de sang non consentant et passif dans toute la première scène d’action majeure. Hardy, à peine reconnaissable, laisse leur place aux véritables stars, les véhicules, leurs gerbes de flammes et leurs chromes outrageusement phalliques. Mais c’est aussi face à son alter ego qu’il s’efface, Charlize Theron en Furiosa, et sa ribambelle de bimbos préraphaélites qui vous débitent des tirades shakespeariennes au beau milieu du chaos.

Car oui, Mad Max est un film puissamment féminin : de la warrior amputée au regard de glace, des donzelles porteuses aux vieilles motardes dures à cuire à la gachette acerbe, le récit leur taille la part du lion. Ce qui, en comparaison à des productions comme Fast & Furious, est une très bonne nouvelle.

C’est bien là que se situe le charme de cette grosse et bruyante machine : dans sa complémentarité. Objet mécanique et rutilant, ce qui fait toute sa vivacité se loge dans son inventivité constante. Axé sur une idée très simple, reprendre la sève des films originels et les décupler avec les moyens du jour, à savoir illimités.
Sans pour autant se noyer dans les excès de la CGI (à quelques exceptions), Miller décline à l’infini le potentiel d’une course et d’un abordage. Harpons, boue, nuit, sable, tornades, explosifs, tronçonneuses, explosifs et guitares électriques, lance-flammes et pendules, le trajet est en tout point jouissif, parfaitement lisible dans sa mise en scène et accorde même quelques attentions à l’usage de la 3D par instants.

A l’issue de ces deux heures jubilatoires et éreintantes, un constat fort plaisant s’impose : ce ne sont pas les studios et leur appareil digestif à reboot qui ont eu raison du vieux briscard Miller, qui met un ici un salutaire coup de brise-glace dans la morne plaine du blockbuster.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyVen 15 Mai 2015 - 8:31

Voyage en salle obscure... - Page 31 Ob_3db668_image003

Coups de queue sur Broadway

Broadway Therapy plagie tellement, dès son générique, les films de Woody Allen (jazz, New York, références à outrance, jusqu’à Oven Wilson qui jouait parfaitement son petit Woody illustré dans Midnight in Paris) qu’on ressent d’emblée à son endroit un certain malaise : celui de retrouver la même rengaine un peu rance, la même autocitation qui se mord la queue et qu’on retrouve chaque automne avec les marronniers.
Après des débuts un peu laborieux accusant un certain manque d’énergie et de fluidité, le film décolle véritablement grâce à l’arrivée de Jennifer Anniston en psy névrosée : répliques au cordeau, screwball pétillant, Bogdanovich semble enfin à l’aise et entraine son spectateur. L’univers, résolument décontracté, joue des coïncidences et du vaudeville sur fond de Broadway (en gros, un Birdman qui ne se prendrait jamais au sérieux, ce qui peut occasionner une véritable détente…) multiplie les ficelles assumées du vaudeville, sans toujours atteindre sa cible. Tous les couples infidèles, que les hasards entremêlent se retrouvent dans le même hôtel ou l’identique couloir d’hôtel, et la pyramide des échos s’échelonne avec une certaine jubilation. Les portent claquent et cachent les amants illégitimes, les claques sont distribuées avec équité, et des chiens s’invitent à la danse.
La difficulté d’un tel ballet est d’en maintenir le rythme et l’harmonie, ce qui n’est hélas pas toujours le cas. Tous les gags ne font pas mouche et les comédiens sont diversement impliqués, souffrant clairement des modèles à qui on ne cesse de les comparer explicitement, entre Lubitsch et Hawks notamment.
Mais c’est peut-être là que le vétéran cinéphile Bogdanovich s’en sort le mieux : par la construction d’un récit sous forme de flashback qui reconnaitrait sa propension à embellir l’histoire pour en imprimer la légende, sa réflexion sur l’illusion et la légitimité du mensonge depuis l’âge d’or d’Hollywood, She's Funny That Way (titre original de cette insipide « traduction » française) est une lumineuse déclaration d’intention. La référence constante au splendide Clunny Brown de Lubitsch le confirme : film hommage, nostalgique, regard sur le passé qui craquelle par moments la naphtaline qui risquait de le figer, il est certes bancal, mais touchant dans sa candeur et son enthousiaste érudition.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyVen 15 Mai 2015 - 9:07

Faudrait vraiment me payer que j'aille voir ce Mad Max 4... toujours trouvé cette trilogie d'une nullité absolue, le culte qui l'entoure me passe complètement au-dessus.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyLun 18 Mai 2015 - 11:23

RabbitIYH a écrit:
Faudrait vraiment me payer que j'aille voir ce Mad Max 4... toujours trouvé cette trilogie d'une nullité absolue, le culte qui l'entoure me passe complètement au-dessus.

j'ai revu la trilogie il y a pas longtemps et j'ai été assez déçu finalement (alors que j'adorais le 2 et le 3 étant ado... je n'ai vu le 1 que bien longtemps après)

du coup je savais pas trop à quoi m'attendre en allant voir ce 4, mais au final très bonne surprise: sans être parfait, le tout est impressionnant (images magnifiques, peu de recours aux effets numériques, scénario malin dans sa démarche féministe)

au final, le 4 enterre largement les 3 précédents
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyMar 19 Mai 2015 - 6:59

Voyage en salle obscure... - Page 31 Affiche-768x1024

Little Miss Mudshine

Le Grand Prix du jury de Cannes 2014 est passé un peu inaperçu au regard du reste du palmarès qui a fait vibrer à la fois presse et public.
Les merveilles se veut naturaliste : grain volontairement laid pour une ambiance pays de l’Est, flaque de boue, maison en ruine et vie paysanne dans une Italie hors d’âge mettant en scène les rapports vaguement conflictuels d’un père asservissant sa famille au dur labeur de l’apiculture. On peut reconnaitre au film sa volonté de ne pas tomber dans l’excès ou le pathos à outrance, se contentant de filmer à hauteur d’enfant les soubresauts de cette famille un peu hors norme. A partir du moment où l’on comprend qu’il ne se passera à peu près rien si ce n’est le quotidien pénible des travailleurs de la terre, on peut éventuellement se contenter d’un film à vocation documentariste. Le problème est alors double : non seulement, il est excessivement long, mais il se met brusquement à vouloir raconter quelque chose. Soit l’incursion d’un concours télévisuel dont Monica Belucci est la star et l’arrivée d’un enfant en réinsertion permettant de faire battre le petit cœur de notre Cosette des champs. C’est non seulement maladroit, grossièrement écrit, mais finalement aussi peu intéressant que ce qui précédait. On ne comprend pas vraiment où tout cela nous mène, entre exploration inachevée d’un Œdipe édulcoré et regard vaguement tendre sur les strass de la télévision de troisième division, le film devient une sorte de Little Miss Sunshine équitable, d’autant plus irritant qu’il semble vouloir forcer le trait d’un drame sans enjeux ni intérêt.
Apparemment, parler trois langues au sein d’un même film, nous proposer un plan séquence final (porté avec une maladresse consternante) réunissant dans un même mouvement une ellipse temporelle et capter la tendresse gauche d’une famille ont suffi à séduire le jury de l’année dernière… Un grand mystère si on lui oppose notamment la splendeur de l’oublié Saint Laurent de Bonello.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyJeu 21 Mai 2015 - 8:57

Zwaffle a écrit:
RabbitIYH a écrit:
Faudrait vraiment me payer que j'aille voir ce Mad Max 4... toujours trouvé cette trilogie d'une nullité absolue, le culte qui l'entoure me passe complètement au-dessus.

j'ai revu la trilogie il y a pas longtemps et j'ai été assez déçu finalement (alors que j'adorais le 2 et le 3 étant ado... je n'ai vu le 1 que bien longtemps après)

du coup je savais pas trop à quoi m'attendre en allant voir ce 4, mais au final très bonne surprise: sans être parfait, le tout est impressionnant (images magnifiques, peu de recours aux effets numériques, scénario malin dans sa démarche féministe)

au final, le 4 enterre largement les 3 précédents

ça m'arrive de plus en plus rarement d'aller voir un film plusieurs fois au ciné, mais comme ma copine avait envie, on est retournés voir "Fury road" à peine une semaine après la première vision

eh bien, c'est toujours aussi kiffant même quand on a encore bien le film en tête: on ne s'ennuie à aucun moment
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyDim 7 Juin 2015 - 8:20

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Dédale & écarts.

Pour le spectateur fidèle à Arnaud Desplechin et après l’expérience américaine de Jimmy P., Trois souvenirs a tout du retour nostalgique sur les terrains familiers de sa filmographie. Le Roubaix de la Vie des Morts et d’Un conte de Noël, la famille, et les atermoiements du personnage de Comment je me suis disputé… sont les composantes de ce nouvel opus qui affiche avec fraicheur son désir d’en découdre avec les circonvolutions de la jeunesse.
On retrouve avec bonheur la tonalité propre au cinéaste, notamment par l’entremise d’un Amalric décliné en trois âges : un enfant qui lui ressemble à s’y méprendre, et Quentin Dolmaire, sa version adolescente qui assume la lourde tâche de composer un personnage qui porterait en germe tout ce que deviendra le jeu si singulier de l’acteur fétiche de Depleschin. Diction, recul à la fois étonné et enthousiaste sur les contradictions inhérentes à l’humanité, tout fonctionne chez ce jeune homme. Avec lui se déploie la tonalité propre au film, et qui fait la quintessence de l’œuvre du cinéaste : littéraire, très français, d’une grande lucidité, jouant des contrastes entre les passions à l’œuvre et le commentaire avisé qu’on en fait.
Car c’est bien là le cœur du projet : la navigation dans le temps et les divers regards qu’elle occasionne sur ce qui a fait de nous des êtres sensibles. De la mort elliptique d’une mère aliénée à la passion amoureuse adolescente, de la vie étudiante parisienne à la découverte de l’anthropologie, Desplechin nous invite dans le dédale émotionnel du parcours de Dédalus. Par le biais d’un récit d’espionnage, l’identité fragmentaire du protagoniste se trouve même dédoublée, permettant à un nouvel alter ego de s’épanouir loin du carcan soviétique, métaphore du projet narratif : reconstituer sans les joindre totalement les fragments d’une individualité en devenir, loger l’émotion dans la reconstitution d’épiphanies comme dans les béances d’ellipses violentes.
Pour accompagner cette odyssée intime, cette plongée dans les souvenirs (la phrase de Perec, « Je me souviens ouvrant à plusieurs reprises le film), Desplechin soigne particulièrement sa photographie et parvient à magnifier les bâtisses de Roubaix, la brique et le bleuté du petit matin des fêtes adolescentes, les jardins pelés de l’enfance et les rues décaties. Décomplexé dans sa mise en scène, il s’essaie au cache à l’iris, au split screen, sature de musique et de marivaudage des 80’s son récit qui confère à cette jeunesse aussi débridée que mélancolique une authenticité évidente.
Cette alternance entre voix off, retours à un présent désenchanté et fulgurances de la jeunesse épaissit progressivement une banale chronique en voyage éminemment littéraire et psychanalytique (le rapport à la mère, à la prof, à la tante, à l’amante) sans jamais tomber dans les lourdeurs que peuvent occasionner de telles ambitions.
Trois souvenirs, enfin traite avant tout d’un sujet, notamment par le déséquilibre volontaire accordé aux différents segments : celui d’une passion amoureuse. Voir Desplechin s’essayer au lyrisme est un plaisir rare. Combiner cette distance de l’analyste et ce refus du sentimentalisme à la plongée la plus frontale dans la découverte du sentiment amoureux constitue la prise de risque – et la réussite – majeure de son film.
Incarnée par Lou Roy –Collinet, la figure d’Esther synthétise à elle seule l’indicible humain que le cinéaste explore depuis les origines : contradictoire, passionné, cruel, abandonné à sa passion, solaire et au bord du gouffre.
L’Epilogue, un retour abrupt au présent des quinquagénaires après la longue immersion dans l’aube de la vingtaine, joue de cette double détente : brutalité de l’ellipse sur le sort d’Esther et la façon dont les adultes restent, en dépit des décennies, marqués à jamais par l’expérience amoureuse.
Un mot, à lui seul, répété à plusieurs reprises, circonscrit le projet d’un auteur à la recherche de l’authenticité. Il dit l’évidence de la rencontre, les regrets de la perte, il dit aussi la prise de conscience de ce que fut l’amour, la découverte du Beau et de la Vérité, et qu’ici seul l’adulte peut définir lorsque son adolescence est devenue un chapitre éloigné de sa vie. Il dit qu’une vie humaine se résume à un seul amour qui la marquera à jamais, et qui méritera qu’on lui consacre l’œuvre du souvenir : intact.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptySam 13 Juin 2015 - 7:38

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L’art de la fugue

Comme un avion s’annonçait comme un film sympathique. De celui où l’on retrouve avec plaisir une équipe, la fratrie Podalydès, qui sait, depuis plus de quinze ans, distiller avec finesse un regard lucide et tendre sur les remous sentimentaux, les affres du carcan familial, bien entouré de comédiens dirigés avec un tact imparable.
En se donnant le rôle principal, Bruno Podalydès semble assumer pleinement la forte individualité de son nouveau projet, celui d’une fugue en kayak qui métaphorise sans lourdeur ses désirs de singularité dans le paysage formaté de la comédie ou du film d’auteur à la française.
Dès les prémices d’un récit finalement assez convenu (les poids de la routine professionnelle ou conjugale favorisant l’émergence d’un désir de fuite), c’est l’individu qui frappe. En apesanteur, légèrement décalé, son personnage déclenche une tendresse inconditionnelle et immédiate. Sur le fil continu du ridicule et du charme, commentant à voix haute sa propre vie, Michel est un poète modeste qui a compris un élément fondamental, celui qu’il n’a pas de leçon à recevoir, et surtout pas à donner. Il s’agit de vivre en accord, un temps durant, avec les méandres d’un courant qui le portera.
C’est dans cet équilibre ténu que se tient toute la grâce du film : lyrique dans son approche d’une nature qu’on ne cherchera jamais à magnifier, poétique dans sa restitution de rêves qui renvoient davantage à l’enfance qu’à des aspirations prétentieuses, burlesque dans sa désactivation d’une odyssée immobile, le parcours est à la fois atypique et dévastateur d’authenticité. Accroc au matériel et rêveur de sa vie, Michel concentre les contradictions avec le sourire. Les rencontres qu’il fait semblent se faire à l’unisson de son état d’esprit : sans barrières, au fil du courant, et toujours sans tomber dans le piège d’une leçon hippie sur la liberté ou le carpe diem.
Car dans cette utopie éphémère où rien ne s’impose et où l’on dispose, il s’agit surtout de lâcher prise. De se laisser aller à tomber amoureux d’un kayak sur papier glacé, d’inventer une descente vers la mer qui ne cesse de revenir à un hameau rêvé ou le repos du guerrier surgit avant l’effort. De s’effondrer sur l’herbe après avoir vécu au rythme béni de ce qui semble être la vraie vie : la lente fonte de la glace sur un sucre se dissolvant dans l’absinthe.
Comme un avion n’est pas une comédie. C’est loin d’être un drame. C’est la chorégraphie humaine d’individus ayant décidé d’oublier leur pudeur, c’est le sourire bienveillant de ceux restés sur la rive et encourageant l’échappée belle, c’est une nappe enveloppant un corps qui s’offre. C’est une succession de tableaux, magnifiés par une splendide photographie où les tâches mouvantes des individus rouges tracent un sillon dans la verdure édénique.
De ce voyage immobile subsiste cet élan ténu, qui progressivement s’enrichit d’une musique en totale cohésion avec lui, notamment le splendide Venus de Bashung écrit par Manset. Aux boucles de l’idylle sur l’îlot succède ce superbe plan final d’une avancée commune, sur la rive et sur l’eau, d’un couple qui semble partager une valeur suprême et commune, celle de la liberté.
La philosophie apprend une chose que l’on peut ne pas attendre d’elle : d’accepter de ne pas pouvoir expliquer. Cesser d’analyser et ne pas voir de leçon en chaque chose. C’est l’essence même de ce film qui procure à ceux qui se laisseront porter par son flux durant lequel le temps s’abolit un sentiment qu’on croyait disparu des salles obscures, ou réservé aux joyaux d’un âge d’or révolu : le bonheur.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyDim 21 Juin 2015 - 11:44

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Jeunes et geôliers

La procession solaire et insolente de jeunesse qui ouvre Mustang déploie un programme à double détente : à la beauté et la fougue de la jeunesse répondra la lecture du carcan traditionnel : les corps libres ou l’obscénité, les jeux ou la promiscuité proscrite.
Tout est trop beau dans Mustang : les cinq sœurs, leur entente unilatérale, leur inventivité pour échapper, quelques heures durant, à la réalité de cette province trop éloignée du fantasme à 1000 km de là, l’Istanbul permissif et progressiste. Match de foot, chevelure détachée dans le soleil laiteux, difficile de ne pas penser aux ainées de Virgin Suicides, elles aussi évanescentes de beauté dans une prison mortifère, celle d’une autre tradition.
L’audace, incarnée par la cadette, l’incandescente Günes Nezihe Sensoy, qui peut jouer encore la montre parce qu’elle a du temps avant de devenir femme, semble dans un premier temps l’emporter : on s’affranchit discrètement à l’ombre de l’oncle, incarnation du patriarche garant de la loi morale, et les femmes, complices ou rigoristes, tempèrent dans des scènes qui frôlent la comédie libertaire.
C’est là l’une des forces de cette fable qui ne s’embarrasse pas toujours de vraisemblance : brandir la beauté et l’insolence comme remparts à l’obscurantisme. Distribuant les différents cas de figure, le récit offre à chaque sœur un destin sur l’éventail des possibles : mariage heureux ou forcé, suicide ou révolte. Progressivement, le temps gagne la partie et la communauté s’amenuise à mesure que le constat terrible s’impose : grandir, c’est renoncer et faire sienne la tradition qui étouffe et annihile. Si le film se répète, c’est pour mieux rendre prégnants ces rencontres de mariages arrangés et l’obsession du monde des adultes pour la virginité des jeunes filles, quand bien même on leur vole leur enfance avant de les déclarer adultes et soumises.
Porté par des comédiennes à l’authenticité ravageuse, le film brille surtout par sa capacité à rendre compte de ce qui faisait leur vie, comme ces scènes d’oisiveté complice entre sœurs, et à saisir l’instant où le regard se délaisse de son étincelle ou se durcit face à l’hostilité.
Si les développements de l’intrigue manquent par instant de subtilité (notamment la dernière partie, qui tente de prendre les rails du thriller et joue un peu la surenchère sans toujours faire mouche), l’empathie et la captation de l’instant sont les forces du premier film de Deniz Gamze Ergüven. Alors que les tenants de la morale s’inventent des rites permettant d’occulter ce qui les effraie et les fascine, la réalisatrice affirme avec conviction sa croyance en l’art pour rendre compte d’une beauté que la bêtise humaine, et particulièrement masculine, tente de museler.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 31 EmptyLun 22 Juin 2015 - 8:25

Voyage en salle obscure... - Page 31 Vice_versa

There is my mind

Dès la bande-annonce de Vice Versa, une onde de soulagement se propageait : ça y est, enfin, Pixar renoue avec son esprit originel et nous propose un pitch un brin excitant. Toute l’exposition du film le confirme : comme dans Toy Story, ou surtout Monstres et Cie, c’est une jubilation constante que de voir déclinée cette splendide idée de départ, où tout fonctionne à merveille. Dans le quartier général des émotions, l’interaction avec le comportement de la fillette est tour à tour pertinente, drôle et malicieuse.

La grande réussite de l’écriture réside avant tout dans sa profuse inventivité, sous l’égide d’un principe fondateur : la matérialisation. Sphères de souvenirs, mémoire centrale, oubli, îles de personnalité : il s’agit de donner à voir et d’explorer par le biais de l’allégorie tous les recoins de la conscience. Si le monde des idées ressemble un peu trop à Candy Crush, c’est peut-être la seule concession faite aux plus jeunes dans ce film qui fera surtout mouche chez les adultes tant il compte sur l’intelligence du spectateur. Il est tout de même rare d’éclater de rire aussi fréquemment dans un film d’animation (et bien plus que ses propres enfants…) : ici, entre le running gag de la musique de pub qui vrille l’esprit, les contorsions tex averyennes de la Peur, les pétages de plomb de la Colère ou les incursions dans les autres esprits (dont celles, géniales, du générique de fin), chacun y trouvera son compte.
Afin de mettre en place un élément perturbateur, c’est sur la préadolescence que se penche l’intrigue, plutôt linéaire, admettons-le, et ne s’épargnant pas quelques séquences frisant le remplissage (les longues visites du monde imaginaire ou du subconscient, la trajectoire du retour et de ses péripéties un tantinet désuète). Cette phase de transition, chère à Toy Story notamment, permet une tabula rasa plutôt bienvenue et approfondis un thème assez intéressant, celui du manichéisme et de la condamnation inconditionnelle de la tristesse dans l’exposition.
Si l’on excepte l’inamovible couplet sur la famille, c’est bien sur ces boucles basses et de leur rôle structurant que se penche le récit : jolie réflexion sur la complexité humaine, les montagnes russes qu’elle traverse et mise en abyme évidente sur les ingrédients incontournables de tout scénario.
Inventif, drôle, habile : autant d’attributs Pixar qu’on craignait de voir sombrer sous son propre poids et celui du rachat de Disney, et qui émergent aujourd’hui avec panache.
L’espoir, une émotion qui manque d’ailleurs au panel du quartier général, subsiste.
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