Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi disques • foot • films • séries • images • livres... |
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| Voyage en salle obscure... | |
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Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 24 Nov 2014 - 6:42 | |
| On n’entre pas. Si l’on me proposait un chèque, si l’on faisait appel à ma fibre patriotique, si l’on me demandait de défendre la jeunesse du cinéma national, si l’on me menaçait avec un objet contondant, je pourrais sans peine défendre Eden. Pour qui aurait apprécié les deux premiers films de Mia Hansen-Løve, on retrouve cette obsession discrète pour ce mystère opaque qu’est la destinée sentimentale ; traité avec une distance mêlée de grâce et un respect pour l’indicible, voyant défiler dans le temps (comme dans Un amour de Jeunesse) un individu qui n’a pas le recul de la cinéaste pour prendre la mesure des vagues qui l’assiègent, et souvent l’érodent. Le projet d’inclure cette trajectoire au sein de la fébrile vague French Touch des années 90/2000 a tout d’un projet excitant, d’autant que la réalisatrice y raconte la destinée de son frère, coscénariste du film. Aux soirées géantes, aux raves collectives, aux infrabasses vibrantes, elle accole le parcours intime d’un de ses chefs d’orchestre voué à sombrer dans l’oubli, par le prisme de ses amours, son rapport à la drogue, l’argent et la nuit. A l’ascension fulgurante des Daft Punk, qui émaillent le film d’apparitions de plus en plus fugaces, elle oppose la descente d’un inadapté que la musique enferme. Aisé, donc, de saluer toute l’entreprise. Mais ce mélange des genres est justement le principal handicap du film. Un biopic, qui plus est générationnel, appelle un souffle, une immersion qui fait cruellement défaut. On en vient à regretter le formatage à l’américaine sur ce genre de sujet (dont je me plaindrais sans doute si je le retrouvais….), qui a au moins le mérite de distiller en enthousiasme et de restituer la fièvre d’un instant dont on veut faire percevoir la singularité. Ici, la platitude est confondante. Alternance mécanique de soirées et d’histoire de bande, mais surtout de couple, sans aspérité, joué avec une distance qu’on se bornera à qualifier de française pour ne pas être trop grossier, le film se déroule sans qu’on y décèle jamais un véritable propos, une quelconque vibration (ce qui, vous en conviendrez, est pour le moins gênant dans un récit traitant de la French Touch). Les conséquences sur la longueur en sont fatales : les 2h11 du film sont proprement interminables, et il faut attendre les 20 dernières minutes pour que le personnage prenne dans son échec patent une véritable épaisseur. La jolie mise en scène de Mia Hansen-Løve, non ostentatoire, fondée sur des poursuites dans la foule et la musique tonitruante, a beau s’échiner à capter les corps et sonder les cœurs, rien ne transpire vraiment. Objet ambitieux, vaste et bondé comme un boite de nuit parisienne, Eden semble prometteur et branché, mais refuse l’entrée à un très grand nombre de spectateurs, qui se les gèlent très longtemps devant sa porte avant de rentrer chez eux, dépités. | |
| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 26 Nov 2014 - 22:07 | |
| Beauté sombre. Mais la cascade d'emmerdes qui dégringole sur la tête de Kolia leste un poil le film. Certes moins subtil qu"Elena", c'est tout de même une réussite. | |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 26 Nov 2014 - 23:11 | |
| - Nulladies a écrit:
On n’entre pas.
Si l’on me proposait un chèque, si l’on faisait appel à ma fibre patriotique, si l’on me demandait de défendre la jeunesse du cinéma national, si l’on me menaçait avec un objet contondant, je pourrais sans peine défendre Eden. Pour qui aurait apprécié les deux premiers films de Mia Hansen-Løve, on retrouve cette obsession discrète pour ce mystère opaque qu’est la destinée sentimentale ; traité avec une distance mêlée de grâce et un respect pour l’indicible, voyant défiler dans le temps (comme dans Un amour de Jeunesse) un individu qui n’a pas le recul de la cinéaste pour prendre la mesure des vagues qui l’assiègent, et souvent l’érodent. Le projet d’inclure cette trajectoire au sein de la fébrile vague French Touch des années 90/2000 a tout d’un projet excitant, d’autant que la réalisatrice y raconte la destinée de son frère, coscénariste du film. Aux soirées géantes, aux raves collectives, aux infrabasses vibrantes, elle accole le parcours intime d’un de ses chefs d’orchestre voué à sombrer dans l’oubli, par le prisme de ses amours, son rapport à la drogue, l’argent et la nuit. A l’ascension fulgurante des Daft Punk, qui émaillent le film d’apparitions de plus en plus fugaces, elle oppose la descente d’un inadapté que la musique enferme. Aisé, donc, de saluer toute l’entreprise. Mais ce mélange des genres est justement le principal handicap du film. Un biopic, qui plus est générationnel, appelle un souffle, une immersion qui fait cruellement défaut. On en vient à regretter le formatage à l’américaine sur ce genre de sujet (dont je me plaindrais sans doute si je le retrouvais….), qui a au moins le mérite de distiller en enthousiasme et de restituer la fièvre d’un instant dont on veut faire percevoir la singularité. Ici, la platitude est confondante. Alternance mécanique de soirées et d’histoire de bande, mais surtout de couple, sans aspérité, joué avec une distance qu’on se bornera à qualifier de française pour ne pas être trop grossier, le film se déroule sans qu’on y décèle jamais un véritable propos, une quelconque vibration (ce qui, vous en conviendrez, est pour le moins gênant dans un récit traitant de la French Touch). Les conséquences sur la longueur en sont fatales : les 2h11 du film sont proprement interminables, et il faut attendre les 20 dernières minutes pour que le personnage prenne dans son échec patent une véritable épaisseur. La jolie mise en scène de Mia Hansen-Løve, non ostentatoire, fondée sur des poursuites dans la foule et la musique tonitruante, a beau s’échiner à capter les corps et sonder les cœurs, rien ne transpire vraiment. Objet ambitieux, vaste et bondé comme un boite de nuit parisienne, Eden semble prometteur et branché, mais refuse l’entrée à un très grand nombre de spectateurs, qui se les gèlent très longtemps devant sa porte avant de rentrer chez eux, dépités. Boui pas excitant c't'affaire... Je l'ai vu samedi dernier j'avais pas vu ta chronique. J'étais assez embêté pour en parler. Génération éden qui touche pas terre, transparente, alors forcément le film aussi ?... magnifique de vide quoi ? La musique, du "Garage", plus ça va moins j'accroche aux morceaux, c'est fait exprès aussi ? Seule l'étudiante en théologie qui reste longtemps sa compagne m'a ému. Elle fait contrepoids, vivante quoi. Mes petits rockers vous êtes déjà sortis avec une étudiante en théologie ? | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Ven 28 Nov 2014 - 10:27 | |
| Requiem pour un fion. Delivrance offre au spectateur une escapade dans un écrin naturel condamné à disparaitre : la construction d’un barrage va bientôt engloutir ces lieux splendides sur lesquels un groupe d’amis décide de naviguer une dernière fois. Cet adieu à la beauté, cette vision étrange d’une nature qu’on définit habituellement comme immuable et cyclique et qui se révèle ici mortelle donne le ton de ce film qui secoue moins par ses fulgurances violentes que par son ambivalence généralisée. La première partie nous donne ainsi à voir dans un même mouvement l’ample splendeur de la nature et les conséquences que cet écrin à l’écart du monde peut avoir sur l’humanité : portrait d’une population autochtone meurtrie dans sa chair, effrayante et brutale. Un duo guitare/banjo laisse penser un temps que l’osmose est possible, belle séquence qui ne fonctionne que pour une raison : elle se passe des mots, et se fait à distance, l’enfant restant chez lui et le visiteur sur sa voiture. Car si les résidents se démarquent par leur bestialité, les marques de la civilisation de leurs hôtes indésirables n’ont rien à leur opposer : condescendants, immatures, ils n’inspirent pas plus la sympathie. On aimerait donc pouvoir, dans cette jungle primitive, trouver ses marques et choisir son camp : Boorman s’acharnera à le rendre impossible. Comme de l’eau de la rivière dont les rapides peuvent exalter ou déchiqueter, comme la terre fertile et dans laquelle on enterre les corps, tout échappe à la nomenclature. Ce n’est pas que les torts soient partagés : la barbarie du trauma originel, cette impitoyable scène de viol, glace suffisamment le sang pour qu’on admette la suite des événements. Mais la tournure qu’ils prennent met l’homme au pied du mur. Dans un monde où l’on s’affranchirait de la loi, dans une nature d’avant la civilisation, pense-t-on, la vengeance aura du sens et l’on satisfera un héroïsme primaire. Toute l’intelligence du film réside dans cette piste exploitée avec une malice pernicieuse. Car loin de donner une leçon aux bourreaux, les victimes semblent plutôt les rejoindre dans le vaste domaine de la barbarie : par l’erreur, le mensonge, la lâcheté, la brutalité et la panique. Film à thèse, Delivrance trouve aussi sa force dans sa démonstration : place à l’image, point de discours. De longues séquences laborieuses donnent à voir les corps qui souffrent, escaladent, qu’on leste ou qu’on ensevelit. Cet étouffement de la parole, écho à la montée future des eaux, est le plus efficace des regards sur ce requiem discret à la civilisation, d’autant plus glaçant qu’on pense pouvoir le refouler. | |
| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 29 Nov 2014 - 14:46 | |
| Bien fait. Fidèle à l'esprit. Un bon moment. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 1 Déc 2014 - 6:35 | |
| La Gaulle est revenue. Asterix est aujourd’hui au cinéma ce qu’un chewing-gum est aux papilles gustatives d’un élève de 3ème à la fin du voyage Barcelone-Paris en bus : exsangue, lessivé, essoré par un surnombre de blockbusters merde in France, du franchouillard Zidi à l’honorable Canal Chabat, des footeux sportifs aux statues du musée Grévin. Une nouvelle version laisse donc fortement dubitatif. Mais bon, Astier... et l’animation, bonne idée pour retrouver des racines un peu plus authentiques. Le résultat est vraiment convainquant. Pour les amateurs du créateur de Kaamelott, on retrouvera son écriture incisive et son comique fondé avant tout sur les dialogues : ça fuse, ça s’embourbe comme on l’aime, entre l’incompréhension des crétins au service de César, les revendications syndicales des soldats forçant le légionnaire à donner ses ordres avec politesse ou l’affranchissement retors des esclaves. Vif, satirique, habilement destiné aux adultes dans la salle, ça ne brille pas d’une originalité hors norme, mais c’est très bien troussé. Mais c’est là où on attend l’animation qu’Astier et ses comparses avaient du fil à retordre, et qu’ils s’en sortent vraiment bien. Le choix est élémentaire, et ce retour aux fondamentaux a tout d’un bain de jouvence : traiter Asterix comme un cartoon. Il est tout de même assez impressionnant de voir que le film d’animation annule instantanément toute la laideur de la CGI dans les films de la saga. La prise de la potion est un éclair doré, et non cette affreuse transformation faciale héritée des pires effets des Visiteurs. La séquence, d’ailleurs, durant laquelle les Gaulois bluffent sur l’effet de la potion pourrait être vue comme une parodie des films et de leur mauvais goût sur la question. Puisque ça se castagne à tout va, autant mettre le paquet sur ce ressort-là, et on s’en donne à cœur joie. La potion magique irrigue les scènes les plus inventives, d’une chasse au sanglier digne d’une course de char ou d’un rollerball, et le film déclin à l’envi les 1001 façons de s’extraire du sol suite à un coup de poing. Ballet céleste, bataille de poissons, destructions immobilière où Obélix se transforme en King Kong… Frais, enlevé, monté avec une vraie malice, Le Domaine des Dieux ravive enfin la flamme moribonde des petits Gaulois. C’est une bonne nouvelle pour la France. | |
| | | moonriver Comme un Lego
Nombre de messages : 4790 Date d'inscription : 02/01/2014 Age : 54 Localisation : IDF
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 1 Déc 2014 - 9:26 | |
| - Azbinebrozer a écrit:
- Nulladies a écrit:
On n’entre pas.
Si l’on me proposait un chèque, si l’on faisait appel à ma fibre patriotique, si l’on me demandait de défendre la jeunesse du cinéma national, si l’on me menaçait avec un objet contondant, je pourrais sans peine défendre Eden. Pour qui aurait apprécié les deux premiers films de Mia Hansen-Løve, on retrouve cette obsession discrète pour ce mystère opaque qu’est la destinée sentimentale ; traité avec une distance mêlée de grâce et un respect pour l’indicible, voyant défiler dans le temps (comme dans Un amour de Jeunesse) un individu qui n’a pas le recul de la cinéaste pour prendre la mesure des vagues qui l’assiègent, et souvent l’érodent. Le projet d’inclure cette trajectoire au sein de la fébrile vague French Touch des années 90/2000 a tout d’un projet excitant, d’autant que la réalisatrice y raconte la destinée de son frère, coscénariste du film. Aux soirées géantes, aux raves collectives, aux infrabasses vibrantes, elle accole le parcours intime d’un de ses chefs d’orchestre voué à sombrer dans l’oubli, par le prisme de ses amours, son rapport à la drogue, l’argent et la nuit. A l’ascension fulgurante des Daft Punk, qui émaillent le film d’apparitions de plus en plus fugaces, elle oppose la descente d’un inadapté que la musique enferme. Aisé, donc, de saluer toute l’entreprise. Mais ce mélange des genres est justement le principal handicap du film. Un biopic, qui plus est générationnel, appelle un souffle, une immersion qui fait cruellement défaut. On en vient à regretter le formatage à l’américaine sur ce genre de sujet (dont je me plaindrais sans doute si je le retrouvais….), qui a au moins le mérite de distiller en enthousiasme et de restituer la fièvre d’un instant dont on veut faire percevoir la singularité. Ici, la platitude est confondante. Alternance mécanique de soirées et d’histoire de bande, mais surtout de couple, sans aspérité, joué avec une distance qu’on se bornera à qualifier de française pour ne pas être trop grossier, le film se déroule sans qu’on y décèle jamais un véritable propos, une quelconque vibration (ce qui, vous en conviendrez, est pour le moins gênant dans un récit traitant de la French Touch). Les conséquences sur la longueur en sont fatales : les 2h11 du film sont proprement interminables, et il faut attendre les 20 dernières minutes pour que le personnage prenne dans son échec patent une véritable épaisseur. La jolie mise en scène de Mia Hansen-Løve, non ostentatoire, fondée sur des poursuites dans la foule et la musique tonitruante, a beau s’échiner à capter les corps et sonder les cœurs, rien ne transpire vraiment. Objet ambitieux, vaste et bondé comme un boite de nuit parisienne, Eden semble prometteur et branché, mais refuse l’entrée à un très grand nombre de spectateurs, qui se les gèlent très longtemps devant sa porte avant de rentrer chez eux, dépités. Boui pas excitant c't'affaire... Je l'ai vu samedi dernier j'avais pas vu ta chronique. J'étais assez embêté pour en parler. Génération éden qui touche pas terre, transparente, alors forcément le film aussi ?... magnifique de vide quoi ? La musique, du "Garage", plus ça va moins j'accroche aux morceaux, c'est fait exprès aussi ? Seule l'étudiante en théologie qui reste longtemps sa compagne m'a ému. Elle fait contrepoids, vivante quoi. Mes petits rockers vous êtes déjà sortis avec une étudiante en théologie ? J'étais plutôt étudiante en langues (sans jeu de mot dégueu) | |
| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 1 Déc 2014 - 12:18 | |
| Du réalisateur j'avais beaucoup aimé son précédent film "L'irlandais" c'est donc d'un pas léger que j'allais au Gaumont-Pathé pour cette histoire de curé condamné a décéder par la volonté d'un ex-enfant abusé par un autre curé pour se venger . En voilà une introduction bien lourde dans son style. Un peu comme le film. Caricatural par ses personnages et ses situations. Pataud (voir lourdingue) dans sa réalisation. Une grosse grosse déception. Cependant Gleeson est toujours aussi bon, on a de belles vues sur le Benbulben et à un moment on entend pendant une minute au moins Townes Van Zandt. Même avec ces 3 piliers et bien c'est raté.
Dernière édition par Otto Bahnkaltenschnitzel le Lun 1 Déc 2014 - 12:24, édité 1 fois | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 1 Déc 2014 - 12:21 | |
| - Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
Du réalisateur j'avais beaucoup aimé son précédent film "L'irlandais" c'est donc d'un pas léger que j'allais au Gaumont-Pathé pour cette histoire de curé condamné a décéder par la volonté d'un ex-enfant abusé par un autre curé pour se venger .
En voilà une introduction bien lourde dans son style. Un peu comme le film. Caricatural par ses personnages et ses situations. Pataud (voir lourdingue) dans sa réalisation. Une grosse grosse déception. Cependant Gleeson est toujours aussi bon, on a de belle vue sur le Benbulben et à un moment on entend pendant une minute au moins Townes Van Zandt. Même avec ces 3 piliers et bien c'est raté. Ah mince. Toujours pas vu L'Irlandais, qui me fait bien envie. | |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 1 Déc 2014 - 14:00 | |
| - moonriver a écrit:
- Azbinebrozer a écrit:
- Nulladies a écrit:
On n’entre pas.
Si l’on me proposait un chèque, si l’on faisait appel à ma fibre patriotique, si l’on me demandait de défendre la jeunesse du cinéma national, si l’on me menaçait avec un objet contondant, je pourrais sans peine défendre Eden. Pour qui aurait apprécié les deux premiers films de Mia Hansen-Løve, on retrouve cette obsession discrète pour ce mystère opaque qu’est la destinée sentimentale ; traité avec une distance mêlée de grâce et un respect pour l’indicible, voyant défiler dans le temps (comme dans Un amour de Jeunesse) un individu qui n’a pas le recul de la cinéaste pour prendre la mesure des vagues qui l’assiègent, et souvent l’érodent. Le projet d’inclure cette trajectoire au sein de la fébrile vague French Touch des années 90/2000 a tout d’un projet excitant, d’autant que la réalisatrice y raconte la destinée de son frère, coscénariste du film. Aux soirées géantes, aux raves collectives, aux infrabasses vibrantes, elle accole le parcours intime d’un de ses chefs d’orchestre voué à sombrer dans l’oubli, par le prisme de ses amours, son rapport à la drogue, l’argent et la nuit. A l’ascension fulgurante des Daft Punk, qui émaillent le film d’apparitions de plus en plus fugaces, elle oppose la descente d’un inadapté que la musique enferme. Aisé, donc, de saluer toute l’entreprise. Mais ce mélange des genres est justement le principal handicap du film. Un biopic, qui plus est générationnel, appelle un souffle, une immersion qui fait cruellement défaut. On en vient à regretter le formatage à l’américaine sur ce genre de sujet (dont je me plaindrais sans doute si je le retrouvais….), qui a au moins le mérite de distiller en enthousiasme et de restituer la fièvre d’un instant dont on veut faire percevoir la singularité. Ici, la platitude est confondante. Alternance mécanique de soirées et d’histoire de bande, mais surtout de couple, sans aspérité, joué avec une distance qu’on se bornera à qualifier de française pour ne pas être trop grossier, le film se déroule sans qu’on y décèle jamais un véritable propos, une quelconque vibration (ce qui, vous en conviendrez, est pour le moins gênant dans un récit traitant de la French Touch). Les conséquences sur la longueur en sont fatales : les 2h11 du film sont proprement interminables, et il faut attendre les 20 dernières minutes pour que le personnage prenne dans son échec patent une véritable épaisseur. La jolie mise en scène de Mia Hansen-Løve, non ostentatoire, fondée sur des poursuites dans la foule et la musique tonitruante, a beau s’échiner à capter les corps et sonder les cœurs, rien ne transpire vraiment. Objet ambitieux, vaste et bondé comme un boite de nuit parisienne, Eden semble prometteur et branché, mais refuse l’entrée à un très grand nombre de spectateurs, qui se les gèlent très longtemps devant sa porte avant de rentrer chez eux, dépités. Boui pas excitant c't'affaire... Je l'ai vu samedi dernier j'avais pas vu ta chronique. J'étais assez embêté pour en parler. Génération éden qui touche pas terre, transparente, alors forcément le film aussi ?... magnifique de vide quoi ? La musique, du "Garage", plus ça va moins j'accroche aux morceaux, c'est fait exprès aussi ? Seule l'étudiante en théologie qui reste longtemps sa compagne m'a ému. Elle fait contrepoids, vivante quoi. Mes petits rockers vous êtes déjà sortis avec une étudiante en théologie ? J'étais plutôt étudiante en langues (sans jeu de mot dégueu) Langue vivante ou classico grec/latin ? Sans rentrer dans les détails sois un peu précis mince ! | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 2 Déc 2014 - 6:33 | |
| Crash investigation. Face au tueur en série, l’hystérie cinématographique a toujours la volonté de magnifier le monstre jusqu’au grotesque, satisfaisant le spectateur de cette foire aux atrocités. Certains prennent le parti d’explorer d’autres zones, celle des béances morales et sociales de ces êtres à la marge, incapables eux-mêmes de rendre dicible leur obscurité. Ce dynamitage du polar traditionnel qu’on voyait déjà à l’œuvre du Zodiac de Fincher est le parti pris radical du film d’Anger. Dans l’Oise, en 1978 (difficile de trouver moins glamour), un gendarme participe à la traque de l’auteur des meurtres qu’il commet lors de ses congés. Pas de tension, pas de mystères, pas de twists. Des faits, âpres, et une confrontation au gouffre. La première séquence, virtuose, établit un programme pernicieux. De la visite de l’appartement de Franck à la poursuite d’une jeune fille à vélomoteur, la caméra travaille sur les tourbillons en plan séquence, enlace et entoure la victime par un champ/contre-champ continu. Anger maitrise son sujet, mais ne répètera pas pour autant cette démonstration de force ; fréquenter le tueur va gratter tout le vernis du thriller, et décaper les effets traditionnels de l’enquête. Franck pose, avec son réalisateur, un regard implacable sur son entourage. Ses parents, son employée de maison en passe de devenir sa petite amie, ses collègues, surtout. Tous déçoivent, tous faiblissent et se compromettent. Inutile de clarifier un discours et des motivations, leur laisser la parole suffit. Les lettres envoyées à ses pairs n’ont qu’une valeur de provocation, et les tentatives d’explication ou de profilage en sa présence déglacent encore davantage la mythologie de l’investigation. Impuissant, homosexuel, aliéné… On propose, il dispose. Canet, minéral, semble tout désigné pour le rôle, et la beauté d’Ana Girardot bientôt souillée par ses démons intérieurs est un choix tout aussi judicieux. Eprouvant, authentique et intense, le récit parvient avec brio à nous imposer le choix du point de vue interne. Explique-t-on davantage ? Non. Mais pour avoir vu l’homme, pour avoir été dans sa voiture à la fois lorsqu’il montre les cerfs à ses collègues et lorsqu’il crible de balles les autostoppeuses, nous avons dépassé le simple portrait-robot que lui-même brandit aux habitants du quartier. Cette descente dans les profondeurs indicibles supposait une pudeur et un retrait que le cinéaste et ses comédiens ont su adopter, attentifs à l’humain pour donner à voir, sans l’expliquer, le monstre en lui. | |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 3 Déc 2014 - 10:21 | |
| - Nulladies a écrit:
On n’entre pas.
Si l’on me proposait un chèque, si l’on faisait appel à ma fibre patriotique, si l’on me demandait de défendre la jeunesse du cinéma national, si l’on me menaçait avec un objet contondant, je pourrais sans peine défendre Eden. Pour qui aurait apprécié les deux premiers films de Mia Hansen-Løve, on retrouve cette obsession discrète pour ce mystère opaque qu’est la destinée sentimentale ; traité avec une distance mêlée de grâce et un respect pour l’indicible, voyant défiler dans le temps (comme dans Un amour de Jeunesse) un individu qui n’a pas le recul de la cinéaste pour prendre la mesure des vagues qui l’assiègent, et souvent l’érodent. Le projet d’inclure cette trajectoire au sein de la fébrile vague French Touch des années 90/2000 a tout d’un projet excitant, d’autant que la réalisatrice y raconte la destinée de son frère, coscénariste du film. Aux soirées géantes, aux raves collectives, aux infrabasses vibrantes, elle accole le parcours intime d’un de ses chefs d’orchestre voué à sombrer dans l’oubli, par le prisme de ses amours, son rapport à la drogue, l’argent et la nuit. A l’ascension fulgurante des Daft Punk, qui émaillent le film d’apparitions de plus en plus fugaces, elle oppose la descente d’un inadapté que la musique enferme. Aisé, donc, de saluer toute l’entreprise. Mais ce mélange des genres est justement le principal handicap du film. Un biopic, qui plus est générationnel, appelle un souffle, une immersion qui fait cruellement défaut. On en vient à regretter le formatage à l’américaine sur ce genre de sujet (dont je me plaindrais sans doute si je le retrouvais….), qui a au moins le mérite de distiller en enthousiasme et de restituer la fièvre d’un instant dont on veut faire percevoir la singularité. Ici, la platitude est confondante. Alternance mécanique de soirées et d’histoire de bande, mais surtout de couple, sans aspérité, joué avec une distance qu’on se bornera à qualifier de française pour ne pas être trop grossier, le film se déroule sans qu’on y décèle jamais un véritable propos, une quelconque vibration (ce qui, vous en conviendrez, est pour le moins gênant dans un récit traitant de la French Touch). Les conséquences sur la longueur en sont fatales : les 2h11 du film sont proprement interminables, et il faut attendre les 20 dernières minutes pour que le personnage prenne dans son échec patent une véritable épaisseur. La jolie mise en scène de Mia Hansen-Løve, non ostentatoire, fondée sur des poursuites dans la foule et la musique tonitruante, a beau s’échiner à capter les corps et sonder les cœurs, rien ne transpire vraiment. Objet ambitieux, vaste et bondé comme un boite de nuit parisienne, Eden semble prometteur et branché, mais refuse l’entrée à un très grand nombre de spectateurs, qui se les gèlent très longtemps devant sa porte avant de rentrer chez eux, dépités. vu hier soir même si j'ai passé un plutôt bon moment devant ce film, je suis d'accord sur les défauts du film: on reste beaucoup en surface finalement un peu comme cette musique qui ne m'a jamais pris aux tripes, un peu comme si je regardais un film sur le reggae ou le jazz, j'observe mais ne me sens pas impliqué (et pourtant dieu sait si j'aime les films où la musique est le sujet même) | |
| | | moonriver Comme un Lego
Nombre de messages : 4790 Date d'inscription : 02/01/2014 Age : 54 Localisation : IDF
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 3 Déc 2014 - 10:52 | |
| - Azbinebrozer a écrit:
- moonriver a écrit:
- Azbinebrozer a écrit:
- Nulladies a écrit:
On n’entre pas.
Si l’on me proposait un chèque, si l’on faisait appel à ma fibre patriotique, si l’on me demandait de défendre la jeunesse du cinéma national, si l’on me menaçait avec un objet contondant, je pourrais sans peine défendre Eden. Pour qui aurait apprécié les deux premiers films de Mia Hansen-Løve, on retrouve cette obsession discrète pour ce mystère opaque qu’est la destinée sentimentale ; traité avec une distance mêlée de grâce et un respect pour l’indicible, voyant défiler dans le temps (comme dans Un amour de Jeunesse) un individu qui n’a pas le recul de la cinéaste pour prendre la mesure des vagues qui l’assiègent, et souvent l’érodent. Le projet d’inclure cette trajectoire au sein de la fébrile vague French Touch des années 90/2000 a tout d’un projet excitant, d’autant que la réalisatrice y raconte la destinée de son frère, coscénariste du film. Aux soirées géantes, aux raves collectives, aux infrabasses vibrantes, elle accole le parcours intime d’un de ses chefs d’orchestre voué à sombrer dans l’oubli, par le prisme de ses amours, son rapport à la drogue, l’argent et la nuit. A l’ascension fulgurante des Daft Punk, qui émaillent le film d’apparitions de plus en plus fugaces, elle oppose la descente d’un inadapté que la musique enferme. Aisé, donc, de saluer toute l’entreprise. Mais ce mélange des genres est justement le principal handicap du film. Un biopic, qui plus est générationnel, appelle un souffle, une immersion qui fait cruellement défaut. On en vient à regretter le formatage à l’américaine sur ce genre de sujet (dont je me plaindrais sans doute si je le retrouvais….), qui a au moins le mérite de distiller en enthousiasme et de restituer la fièvre d’un instant dont on veut faire percevoir la singularité. Ici, la platitude est confondante. Alternance mécanique de soirées et d’histoire de bande, mais surtout de couple, sans aspérité, joué avec une distance qu’on se bornera à qualifier de française pour ne pas être trop grossier, le film se déroule sans qu’on y décèle jamais un véritable propos, une quelconque vibration (ce qui, vous en conviendrez, est pour le moins gênant dans un récit traitant de la French Touch). Les conséquences sur la longueur en sont fatales : les 2h11 du film sont proprement interminables, et il faut attendre les 20 dernières minutes pour que le personnage prenne dans son échec patent une véritable épaisseur. La jolie mise en scène de Mia Hansen-Løve, non ostentatoire, fondée sur des poursuites dans la foule et la musique tonitruante, a beau s’échiner à capter les corps et sonder les cœurs, rien ne transpire vraiment. Objet ambitieux, vaste et bondé comme un boite de nuit parisienne, Eden semble prometteur et branché, mais refuse l’entrée à un très grand nombre de spectateurs, qui se les gèlent très longtemps devant sa porte avant de rentrer chez eux, dépités. Boui pas excitant c't'affaire... Je l'ai vu samedi dernier j'avais pas vu ta chronique. J'étais assez embêté pour en parler. Génération éden qui touche pas terre, transparente, alors forcément le film aussi ?... magnifique de vide quoi ? La musique, du "Garage", plus ça va moins j'accroche aux morceaux, c'est fait exprès aussi ? Seule l'étudiante en théologie qui reste longtemps sa compagne m'a ému. Elle fait contrepoids, vivante quoi. Mes petits rockers vous êtes déjà sortis avec une étudiante en théologie ? J'étais plutôt étudiante en langues (sans jeu de mot dégueu) Langue vivante ou classico grec/latin ? Sans rentrer dans les détails sois un peu précis mince ! Vivante | |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 3 Déc 2014 - 16:51 | |
| - moonriver a écrit:
- Azbinebrozer a écrit:
- moonriver a écrit:
- Azbinebrozer a écrit:
- Nulladies a écrit:
On n’entre pas.
Si l’on me proposait un chèque, si l’on faisait appel à ma fibre patriotique, si l’on me demandait de défendre la jeunesse du cinéma national, si l’on me menaçait avec un objet contondant, je pourrais sans peine défendre Eden. Pour qui aurait apprécié les deux premiers films de Mia Hansen-Løve, on retrouve cette obsession discrète pour ce mystère opaque qu’est la destinée sentimentale ; traité avec une distance mêlée de grâce et un respect pour l’indicible, voyant défiler dans le temps (comme dans Un amour de Jeunesse) un individu qui n’a pas le recul de la cinéaste pour prendre la mesure des vagues qui l’assiègent, et souvent l’érodent. Le projet d’inclure cette trajectoire au sein de la fébrile vague French Touch des années 90/2000 a tout d’un projet excitant, d’autant que la réalisatrice y raconte la destinée de son frère, coscénariste du film. Aux soirées géantes, aux raves collectives, aux infrabasses vibrantes, elle accole le parcours intime d’un de ses chefs d’orchestre voué à sombrer dans l’oubli, par le prisme de ses amours, son rapport à la drogue, l’argent et la nuit. A l’ascension fulgurante des Daft Punk, qui émaillent le film d’apparitions de plus en plus fugaces, elle oppose la descente d’un inadapté que la musique enferme. Aisé, donc, de saluer toute l’entreprise. Mais ce mélange des genres est justement le principal handicap du film. Un biopic, qui plus est générationnel, appelle un souffle, une immersion qui fait cruellement défaut. On en vient à regretter le formatage à l’américaine sur ce genre de sujet (dont je me plaindrais sans doute si je le retrouvais….), qui a au moins le mérite de distiller en enthousiasme et de restituer la fièvre d’un instant dont on veut faire percevoir la singularité. Ici, la platitude est confondante. Alternance mécanique de soirées et d’histoire de bande, mais surtout de couple, sans aspérité, joué avec une distance qu’on se bornera à qualifier de française pour ne pas être trop grossier, le film se déroule sans qu’on y décèle jamais un véritable propos, une quelconque vibration (ce qui, vous en conviendrez, est pour le moins gênant dans un récit traitant de la French Touch). Les conséquences sur la longueur en sont fatales : les 2h11 du film sont proprement interminables, et il faut attendre les 20 dernières minutes pour que le personnage prenne dans son échec patent une véritable épaisseur. La jolie mise en scène de Mia Hansen-Løve, non ostentatoire, fondée sur des poursuites dans la foule et la musique tonitruante, a beau s’échiner à capter les corps et sonder les cœurs, rien ne transpire vraiment. Objet ambitieux, vaste et bondé comme un boite de nuit parisienne, Eden semble prometteur et branché, mais refuse l’entrée à un très grand nombre de spectateurs, qui se les gèlent très longtemps devant sa porte avant de rentrer chez eux, dépités. Boui pas excitant c't'affaire... Je l'ai vu samedi dernier j'avais pas vu ta chronique. J'étais assez embêté pour en parler. Génération éden qui touche pas terre, transparente, alors forcément le film aussi ?... magnifique de vide quoi ? La musique, du "Garage", plus ça va moins j'accroche aux morceaux, c'est fait exprès aussi ? Seule l'étudiante en théologie qui reste longtemps sa compagne m'a ému. Elle fait contrepoids, vivante quoi. Mes petits rockers vous êtes déjà sortis avec une étudiante en théologie ? J'étais plutôt étudiante en langues (sans jeu de mot dégueu) Langue vivante ou classico grec/latin ? Sans rentrer dans les détails sois un peu précis mince ! Vivante Ok. Personne n'est sorti avec une bonne sœur alors ?... | |
| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 7 Déc 2014 - 18:43 | |
| C'est bien fait, bien rythmé et drôle. Que demander de plus. J'ai adoré que mon gosse m'y accompagne. Certes on pourra critiquer la "bien-pensance" et l'aspect conservateur de ce film mais l'on sera alors un idiot dépourvu du moindre brin d'enfance survivant au fin fond de la steppe aride de son âme. Autre gros défaut c'est la mère Kidman cachée derrière sa frange, froide comme un congélateur échoué sur la banquise. Mais même cela n'a pas réussi à gâcher mon plaisir. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 7 Déc 2014 - 18:45 | |
| Ma femme et mes enfants y sont allés et revenus avec le même enthousiasme... j'attends qu'il sorte en vidéo pour me le refaire avec eux. | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 7 Déc 2014 - 19:12 | |
| - Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
C'est bien fait, bien rythmé et drôle. Que demander de plus. J'ai adoré que mon gosse m'y accompagne.
Certes on pourra critiquer la "bien-pensance" et l'aspect conservateur de ce film mais l'on sera alors un idiot dépourvu du moindre brin d'enfance survivant au fin fond de la steppe aride de son âme. Autre gros défaut c'est la mère Kidman cachée derrière sa frange, froide comme un congélateur échoué sur la banquise. Mais même cela n'a pas réussi à gâcher mon plaisir.
j'ai ( nous avons ) kiffé. Visuellement, le film est hyper soigné et bourré de références cinoches plus ou moins cryptées ( le papier peint et la déco de la maison, c'est clairement les Parapluies de Cherbourg et l'univers de Demy, par exemple... ) - Citation :
- on pourra critiquer l'aspect conservateur
Etant moi-même un tantinet conservateur, la morale du film ne me choque pas du tout. L'acceptation de l'autre, ça me va comme morale dans un film destiné à la jeunesse, et la (re)constitution d'une communauté (ici, une famille ) est l'un de mes thèmes préférés au cinéma ( Capra, Ford... )
Dernière édition par Goupi Tonkin le Dim 7 Déc 2014 - 20:21, édité 1 fois | |
| | | Rorschach sourcilman ^^
Nombre de messages : 6953 Date d'inscription : 10/02/2009 Age : 43
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 7 Déc 2014 - 19:27 | |
| Goupi, va voir ta messagerie, je t ai envoyé un mail plz | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 7 Déc 2014 - 21:32 | |
| ayé, j'ai retrouvé le chemin qui mène à la messagerie | |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 7 Déc 2014 - 22:34 | |
| Après avoir vu l'étonnant Bullhead voici un autre film de Michael R Roskam, cinéaste belge ? Bon film encore, plus conventionnel puisque film noir. On pourra trouver là encore que l'empathie vis à vis des personnages passe par une trop grande emphase, lenteur, effets un peu appuyés parfois oui, comme le jeu de l'acteur. Mais il y a là ce que j'aime chez Dennis Lehane, dont une nouvelle a inspiré le scénario. La violence n'est pas légère. Désolé pour ceux qui attendent de l'enlevé, du ciné champagne ! | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 8 Déc 2014 - 5:59 | |
| - Azbinebrozer a écrit:
Après avoir vu l'étonnant Bullhead voici un autre film de Michael R Roskam, cinéaste belge ? Bon film encore, plus conventionnel puisque film noir. On pourra trouver là encore que l'empathie vis à vis des personnages passe par une trop grande emphase, lenteur, effets un peu appuyés parfois oui, comme le jeu de l'acteur. Mais il y a là ce que j'aime chez Dennis Lehane, dont une nouvelle a inspiré le scénario. La violence n'est pas légère. Désolé pour ceux qui attendent de l'enlevé, du ciné champagne ! Il est passé deux trois fois en VO par chez moi et je l'ai loupé, j'attendrai sa sortie en vidéo. J'ai très envie de le voir, j'aime beaucoup Lehane, et Bullhead... en revanche, la critique n'a pas été tendre pour le coup, je suis un peu inquiet... | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 8 Déc 2014 - 6:41 | |
| A cran de surveillance. Night Call commence par une fausse piste : le diaporama impeccablement photographié d’une urbanité cadrée et aux éclairages artificiels jaunes sur le bleu marine d’une nuit sans encre, invite à une errance presque poétique. Mais on a appris, depuis Taxi Driver, à se méfier des rues qui dorment. Le sujet même du film n’est pas révolutionnaire d’originalité : la course à l’audience génère une course aux images les plus trash, occasionnant des chasses au scoop d’une meute de reporters lâchés dans la ville et avides de sang. Lé dénonciation est organisée comme il se doit, et l’on anticipe sans difficultés les échelons de l’immoralité du protagoniste qui ne se contente plus de filmer, mais met en scène, voire provoque les carnages pour obtenir la séquence parfaite. Ces dernières scènes, étirées et disséquant le double regard du personnage et du réalisateur sur le réel, sont souvent assez intéressantes d’un point de vue cinématographique, partagées entre l’immersif de celui qui voit et le surplomb de celui qui dénonce ce voyeurisme, surtout lors de la scène du restaurant. Gilroy s’en sort plutôt bien dans la réalisation, et s’il marche un peu trop sur les traces de Drive dans certaines scènes, n’a pas toujours à rougir de la comparaison. Comme souvent sur ce genre de sujet, le scénario a néanmoins du mal à éviter l’enlisement : un peu répétitif et emprisonné dans une structure qui le force à la surenchère, les développements avec Renee Russo ou la concurrence de l’autre reporter ne sont pas toujours très efficaces et pertinents, et les voies vers le climax tout de même assez improbables. Il semble en réalité que le véritable intérêt de Night Call soit ailleurs, et finalement plus modeste, et l’on aurait apprécié que ce jeu de contraste soit travaillé davantage. Tout repose en effet sur le personnage de Jake Gyllenhaal, campé avec une évidence glaçante. Self made man proche de l’autisme, ayant tout appris en ligne, il porte sur le monde un regard à la fois décalé, sociopathe et brillant de pragmatisme. Incarnation des manuels du parfait capitaliste, souriant, récitant avec conviction les théories qui font le monde dans lequel il veut percer, il devient en tout point exemplaire, un archétype de la success story, d’autant plus brillante qu’elle sait exploiter la fange de l’humanité pour en arriver au sommet. Ce personnage didactique, occidental à outrance, vrp de l’indifférence, est la grande réussite du film, parfaitement servi par le regard exorbités et le sourire carnassier de Gyllenhaal, toujours aussi brillant et habité pour peu qu’on lui offre un rôle à sa mesure. | |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 8 Déc 2014 - 8:24 | |
| - Nulladies a écrit:
- Azbinebrozer a écrit:
Après avoir vu l'étonnant Bullhead voici un autre film de Michael R Roskam, cinéaste belge ? Bon film encore, plus conventionnel puisque film noir. On pourra trouver là encore que l'empathie vis à vis des personnages passe par une trop grande emphase, lenteur, effets un peu appuyés parfois oui, comme le jeu de l'acteur. Mais il y a là ce que j'aime chez Dennis Lehane, dont une nouvelle a inspiré le scénario. La violence n'est pas légère. Désolé pour ceux qui attendent de l'enlevé, du ciné champagne ! Il est passé deux trois fois en VO par chez moi et je l'ai loupé, j'attendrai sa sortie en vidéo. J'ai très envie de le voir, j'aime beaucoup Lehane, et Bullhead... en revanche, la critique n'a pas été tendre pour le coup, je suis un peu inquiet... L'ai vu en VO, jeu d'acteur intact, lent. A la sortie du film, dans les yeux de ta Dulcinée, tu liras peut-être toute la tendresse du pitbull. Généreux renversement ! | |
| | | moonriver Comme un Lego
Nombre de messages : 4790 Date d'inscription : 02/01/2014 Age : 54 Localisation : IDF
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 8 Déc 2014 - 10:41 | |
| - Goupi Tonkin a écrit:
- Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
C'est bien fait, bien rythmé et drôle. Que demander de plus. J'ai adoré que mon gosse m'y accompagne.
Certes on pourra critiquer la "bien-pensance" et l'aspect conservateur de ce film mais l'on sera alors un idiot dépourvu du moindre brin d'enfance survivant au fin fond de la steppe aride de son âme. Autre gros défaut c'est la mère Kidman cachée derrière sa frange, froide comme un congélateur échoué sur la banquise. Mais même cela n'a pas réussi à gâcher mon plaisir.
j'ai ( nous avons ) kiffé. Visuellement, le film est hyper soigné et bourré de références cinoches plus ou moins cryptées ( le papier peint et la déco de la maison, c'est clairement les Parapluies de Cherbourg et l'univers de Demy, par exemple... )
- Citation :
- on pourra critiquer l'aspect conservateur
Etant moi-même un tantinet conservateur, la morale du film ne me choque pas du tout. L'acceptation de l'autre, ça me va comme morale dans un film destiné à la jeunesse, et la (re)constitution d'une communauté (ici, une famille ) est l'un de mes thèmes préférés au cinéma ( Capra, Ford... ) Vu aussi avec toute la famille. Excellente surprise dans le genre. Effectivement, pleins de références ciné: bon kiff de voir Nicole Kidman rejouer mission impossible. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Jeu 11 Déc 2014 - 9:35 | |
| Piques, épique au kilogramme. Rallonge multiprise Ce n’est un secret pour personne, le Hobbit devait au départ tenir en deux opus. La rallonge ici proposée a autant satisfait les exploitants qu’inquiété les amateurs de la Terre du Milieu, et à raison. A peine plus raisonnable que les précédents dans sa longueur (2h25), le film n’a clairement pas grand-chose à raconter, et travaille sa dynamique sur un déséquilibre qui lui fait beaucoup de mal, à savoir un début tonitruant, suite directe du précédent (Smaug sur la ville), et une nouvelle pseudo-exposition s’acheminant laborieusement vers la bataille éponyme. Jackson, en service auto commandé, module sur sa partition familière ; caméra balayant en surplomb ses décors, visages qui se lèvent hors champ avec solennité et effroi pour annoncer un revirement funeste, distribution équilibrée de l’innombrable galerie de personnages…le problème, c’est que ce à quoi on pouvait trouver du charme vire rapidement à la formule, tant la forme repose sur un fond presque inexistant. Rarement, les dialogues solennels auront été aussi médiocres, mention spéciale à Smaug et à Azog, passant leur temps à annoncer que leur interlocuteur « VA MOURIR ». Ils descendent des lasagnes à cheval En résulte un ensemble qu’on pourrait comparer à un plat de lasagne : on empile des couches, mais toujours les mêmes. Entre la barbaque des combats, la béchamel censée faire le liant est l’ingrédient le plus inepte du film. La romance elfe/nain laisse toujours aussi indifférent, le pleutre Alfrid occasionne des scènes d’humour franchement embarrassantes, et tout ce qui contribue à tenter d’épaissir un brin les personnages (en gros, les enjeux traditionnels de la famille, des enfants à protéger) ne fait pas le poids face au déluge de CGI en HFR qui fait d’eux des pantins sans âme. Des batailles, pas la guerre. Reste donc le cœur du film : les combats. Je n’ai pas revu Le Retour du Roi depuis sa sortie en salle, mais la fameuse bataille finale m’avait marquée, et il est évidement que celle-ci, achevant la nouvelle trilogie, tente d’en reprendre le souffle. Une très belle image, au départ, atteste pourtant d’un talent toujours vivace de Jackson, lorsque les nains forment un front avec leurs boucliers, par-dessus lequel les elfes vont surgir pour symboliser leur alliance. Mais à force de l’atomiser par des surdéveloppements (en gros, toutes les 20 minutes, la crête qui se noircit d’un nouveau belligérant et de ses milliers de fantassins), de privilégier les combats singuliers aux scènes d’ensemble, la dynamique en pâtit, et l’on perd de vue les enjeux généraux au profit de combats répétitifs et interminables à l’arme blanche. Pourceau de bravoure. Jackson sait qu’on attend de lui quelques goodies, et propose donc deux séquences supposées ajouter le piment nécessaire à sa sauce. Les hallucinations de Thorin en proie à l’or qui le dévore, remake low cost de l’influence de l’anneau sur un roi, occasionnent un « gold vortex » qui n’est franchement pas du meilleur effet. Mais c’est surtout le combat contre Sauron pour sauver Gandalf qui retiendra l’attention, comme un sommet absolu de laideur numérique, où Galadriel nous offre un darkside qui ravit autant que de voir par inadvertance sa belle-mère en sous-vêtements. Dans une esthétique proche des effets de Charmed, outrancier, criard, sans intérêt, cette verrue est l’archétype de tous les excès de ce chapitre supplémentaire. Chute ninja On sait que ce sont les concepteurs de cascades qui écrivent une part du scénario de James Bond, qui devra s’arranger pour se retrouver à un moment dans telle ville avec un tank contre un jet ski. Le Hobbit fonctionne de la même manière : à la descente de rivière du second volet répondent ici deux séquences qui, prises isolément, sont vraiment sympathiques. Le combat à double niveau entre orques, nains et elfes sur un tour écroulée, et le face à face entre Azog et Thorin (un brin long) rivalisent d’idées dans la diversité et l’action, et pour une fois, exploitent vraiment la 3D. A l’écart des grands enjeux par ailleurs presque inexistants, le film parvient donc à raviver la flamme, bondissant d’une pierre à l’autre, trucidant dans la joie. Il faut peut-être s’y résigner : pour ce chant du cygne, n’est héroïque que l’individu, et la fantasy est celle de l’action plus que du souffle épique. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 22 Déc 2014 - 7:11 | |
| Anesthésie focale. On ne peut nier les nombreuses qualités de Timbuktu, au premier rang desquelles on saluera le travail sur la photographie. Captant avec grâce la lumière si singulière d’un pays ocre, aride, portraitiste hors pair, Abderrahmane Sissako habille sa fable noire d’une robe solaire. Difficile d’oublier ces visages de femme, dignes dans l’adversité, et la paix d’une famille sous une tente qu’elle croit, un temps à l’abri de la folie des hommes. Là tout n’est que paix, calme et sérénité. A la ville, la milice islamiste instaure son code déviant. Gants et chaussettes pour les femmes, interdiction de la musique. Sissako choisit, et c’est tout à son honneur, de ne pas verser dans le pathos pour surligner l’indignation. Amateurs, les fondamentalistes sont tour à tour ridicules, un peu intimidés par leur pouvoir, et tentent sous le regard discrètement satirique du cinéaste de jouer le jeu des modèles : enregistrement de messages vidéos, interdiction du foot tout en devisant sur Messi et Zidane, etc. Dans la ville, on encaisse, on résiste, et l’horreur s’installe sans éclat, mais avec certitude : châtiments, lapidation et mariage forcé auront bien lieu, dans une étrange atonie, subie par tout le monde : personnages, auteur, spectateurs. Tout est noble dans ce film : la beauté authentique des personnages, la cause dénoncée, les paysages, la pudeur affichée. La scène centrale du meurtre du pêcheur atteste à elle seule de la maitrise de Sissako, dans un très beau et long plan d’ensemble fixe qui voit le meurtrier involontaire quitter les lieux de son forfait, un lac au couchant. Pourquoi, dès lors, ne pas adhérer, et rester en dehors de cette ville et du sort qui l’afflige ? Parce qu’on a du mal à relier tous les fils de ce récit composite, et parce que son unité de ton est problématique. Oscillant entre l’âpreté objective d’un Zviaguintsev et l’humour insolite d’un Elia Suleiman, dans un récit à la fois court et répétitif (comme ces longues scènes de dialogues traduits, censés illustrer la confusion et l’impossible accord entre les hommes aveuglés par leur cause), le film manque de liant et de clarté dans son traitement. S’il s’agissait d’anesthésier le spectateur pour lui faire subir la catatonie qui s’empare des citoyens, c’est réussi, mais on peut se faire une autre idée de la façon de traiter un tel sujet, particulièrement lorsqu’on est armé d’un tel talent à restituer la beauté du monde et de ses habitants. | |
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