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| Voyage en salle obscure... | |
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+22lalou Nulladies bro' Esther davcom Azbinebrozer le mutant Powderfinger Coda guil Arcadien Tony's Theme Gengis myrrhman Bilboquet Rorschach Aria beachboy shoplifter Goupi Tonkin langue_fendue jeffard 26 participants | |
Auteur | Message |
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Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 31 Aoû 2014 - 17:42 | |
| - Goupi Tonkin a écrit:
-
- Citation :
- La première partie m'a complétement ennuyé
La première partie du film ( disons jusqu'à "l'affrontement" justement ) est ce que j'ai préféré. Notamment les 20 premières minutes que je trouve vraiment très belles : le mode de vie des singes, l'utilisation du langage des signes, la scène de chasse, la rencontre avec les hommes... Pas ou peu de dialogues, juste le son et les images. C'est assez étonnant de commencer un film grand public avec un mode de narration aussi radical. Ok mais sur l'utilisation du langage des signes je suis moins convaincu. En VF on avait le droit à une voix off pour dire ce qu'exprime le langage des signes. J'aurais préféré des sous-titres pour garder le silence et éviter la voix humaine. Ensuite t'as pas trouvé que les signes sont bien trop limités par rapport au texte, phrases qu'ils veulent exprimer ?... C'est un peu quand même une question clé pour envisager l'idée d'une autre intelligence et communication ? Cette communication m'a paru généreuse, mais trop intuitive, magique... Ensuite sur le fond des situations d'échanges, j'ai trouvé cela plutôt attendu. C'est un peu le problème fatal après le précédent film : faire maintenant la jonction avec le premier « Planète des singes »... (pour que Nulla puisse comprendre ) PS : Côté communication un truc adoré dans le 1er c'est la scène quasi hitchcockienne où Heston veut parler ! | |
| | | Rorschach sourcilman ^^
Nombre de messages : 6953 Date d'inscription : 10/02/2009 Age : 43
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 31 Aoû 2014 - 18:22 | |
| En tt cas, vous m'avez donné envie de le voir (pour y aller de mon interprétation aussi ) | |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 31 Aoû 2014 - 19:08 | |
| - Rorschach a écrit:
- En tt cas, vous m'avez donné envie de le voir (pour y aller de mon interprétation aussi )
Ma caque, t'as vu celui d'avant ? | |
| | | Rorschach sourcilman ^^
Nombre de messages : 6953 Date d'inscription : 10/02/2009 Age : 43
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 31 Aoû 2014 - 19:13 | |
| j ai vu ts les films basé sur le roman (roman dans mon top littérature) | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 31 Aoû 2014 - 19:27 | |
| - Citation :
- En VF on avait le droit à une voix off pour dire ce qu'exprime le langage des signes
Étonnant ça. Effectivement ça doit casser un peu le truc. Je l'ai vu en VOST donc je n'avais pas ce problème. - Citation :
- Ensuite t'as pas trouvé que les signes sont bien trop limités par rapport au texte, phrases qu'ils veulent exprimer ?
je ne suis pas spécialiste du langage des signes mais j'ai trouvé ça plutôt bien foutu et crédible. J'ai vraiment beaucoup aimé ces scènes "muettes". | |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 31 Aoû 2014 - 20:18 | |
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| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 31 Aoû 2014 - 20:27 | |
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| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 31 Aoû 2014 - 23:32 | |
| Enchainons ! Vu et beaucoup aimé Sils Maria de Assayas. Les actrices sont formidables, l'image est somptueuse , la BO magnifique. Certains moments du scénario sont très réussis, l'imbrication fiction/réel, les scènes de la vie quotidienne d'un célébrité. Je trouve qu'Assayas nuance vraiment très bien des tas de moments. Et puis persiste un léger doute qui revient plus ou moins à chacun de ses films. Celui d'un scénario qui compile tout ce qu'il faut sur un sujet. C'est sévère car là il fait encore, et même mieux, de très, très beaux portraits. Mais on a quand même l'impression qu'aussi subtils qu'ils soient, qu'ils ne sont que les protagonistes de thématiques. Celle par exemple du travail de l'actrice vieillissante sur elle-même me paraissant trop naïve. Ou à penser que les acteurs ne sont que des enfants... Très beau quand même ! | |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 1 Sep 2014 - 16:37 | |
| - Nulladies a écrit:
Le Festin de Babel
Il faut commencer par chercher, longuement, à s’astreindre à un esprit de synthèse face au continent Winter Sleep. 3h16 de dialogues, la plupart en intérieurs nuit, ou lactés d’une lumière blafarde qui retranscrit la froideur des pièces. Une relative absence d’intrigue, une cohorte de personnages qui se dévoilent progressivement, sans à-coups, sans éclats, mais qui nous laissent suspendus à leurs lèvres sans aucun temps mort. Ceylan nous offre à de rares occasions les plans d’ensemble de son théâtre intime : un Anatolie troglodyte qu’il va falloir investir dans ses moindres crevasses. Avant la neige, la boue, un cheval qui s’épuise dans une eau glacée, et cette sublime photographie déjà à l’œuvre dans les opus précédents. On parle d’ennui et de morale, on tente de concilier l’oisiveté et la bonne conscience. Trois personnages majeurs, le propriétaire de l’hôtel, sa femme et sa sœur, échangent d’abord avec retenue. Les conversations de Winter Sleep, film beaucoup plus prolixe qu’Il était une fois en Anatolie, se construisent comme la tour de Babel sur le tableau de Bruegel l’ancien : échafaudage circulaire dont les coursives dessinent une spirale progressant vers le vrai. A ceci près qu’on est déjà après la punition divine, et qu’on ne parle plus la même langue. Blocs d’une densité effarante, ces échanges d’une justesse rare (on pense à Bergman, bien sûr, mais aussi à Pialat, ou Kechiche, à la différence près que c’est dans un calme presque constant qu’évoluent ici les rapports humains) figent le temps du spectateur pour le convier au temps réel de la vie qu’il contemple. Avec les personnages, il relit ce qui a été vu, il craquelle le vernis d’un patriarche un peu trop discret pour être honnête, d’une épouse trop jolie pour sembler sincère et d’une sœur qui dit trop haut ce qu’elle pense des autres pour n’avoir rien à cacher sur son compte. Qu’on ne s’attende pas pour autant à des révélations fracassantes : c’est bien là toute la force de l’écriture de Ceylan, inspiré ici par Tchékhov, que de ne mettre à nu que la pauvreté d’existences on ne peut plus universelles. De ce point de vue, on peut rapprocher ces longs échanges de ceux qui font l’intensité d’Eyes Wide Shut, l’autre grand film sur l’âpre conquête de la vérité. Impossible d’établir un jugement entre le propriétaire qui semblait clément et son locataire obséquieux, entre les bonnes intentions et l’enfer qui en est pavé. Les échos sont fréquents avec Asghar Farhadi pour cette justesse confondante avec laquelle nos contradictions et nos mesquineries, nos élans sincères et nos mensonges inconscients sont ici passés au scalpel. Inutile de préciser à quel point l’alchimie fonctionne grâce au talent des comédiens, Haluk Bilginer en tête, dont le sourire et le regard de braise nous laisse rêveur sur ce qu’aurait pu devenir Robert de Niro s’il avait choisi de continuer à faire du (vrai) cinéma. Derrière les regards, les lèvres crispées ou les silences, la violence latente est de plus en plus prégnante. Elle nous a été annoncée dès le départ dans l’œil noir de l’unique enfant, berceau des coups encaissés par une violence sociale la plus souvent muette, brisant la vitre d’une voiture dont la spirale fendue semble se répercuter sur tous les miroirs qui constellent les conversations à venir, et durant lesquelles il semble bien difficile de se regarder en face. Parce qu’elle est si difficile à établir, qu’on soit intellectuel ou imam, sorti de prison ou épris de charité sans avoir jamais travaillé, la vérité se trouve à l’issue d’un dialogue qui laisse des marques. Jusqu’à l’ivresse, l’échange verbal s’étire, jusqu’à l’épuisement, quand les mots laissent place aux larmes, voire aux vomissements. Les concepts se déchargent de leur sens ; on aimerait laisser le mal passé advenir pour réécrire sa destinée, et l’on oppose aux mots l’action, qui ne vient pas, ou si peu. Les actes sont muets, ou étrangers : c’est la politesse anglaise d’un touriste japonais, ou la liberté au jour le jour d’un touriste qui donne sans le savoir une leçon à tous les résidents pétrifiés par leur sédentarité. C’est la libération d’un cheval, ou une liasse jetée au feu, et avec elle toutes les tentatives laborieuses de rédemption. La seule véritable parole de réconciliation sera un monologue, en off, d’autant plus essentiel qu’il est destiné à un personnage qui l’attendait depuis toujours, et qui ne l’entendra jamais.
Comment expliquer, dès lors, qu’on ne soit pas nous même atteints du mal, de la lassitude et de l’exténuation des personnages ?
« Il faut être souple », affirme un des interlocuteurs. C’est là la qualité suprême du film. Alors qu’il nous montre un intellectuel suffisamment malin pour parvenir à se mentir à lui-même, alors qu’il révèle les petits arrangements avec la rhétorique et les citations de Shakespeare pour s’en sortir par des pirouettes, c’est bien dans sa lucidité qu’il nous émeut. Sans concessions sur la galerie de personnages qu’il exhibe, mais dénué du cynisme et du mépris dans lequel ils se parent aussi pour évoquer le monde qui les entoure, Ceylan a trouvé cette cavité ultime dans laquelle se loge le vrai du cœur humain. bon finalement j'ai réussi à aller voir le film vendredi soir j'avais beaucoup hésité parce que j'avais peur de me faire chier sur 3h16 si jamais j'accrochais pas résultat: j'ai quand même accroché... mais je me suis aussi fait chier bon l'horaire a pas aidé, vouloir voir ça un vendredi soir à 21h (donc sorti du ciné après minuit) alors que la journée fut longue et bien chargée, c'était présumer un peu trop de mes forces (j'ai un peu lutté pour pas m'endormir vers la fin) pourtant ça commence bien, c'est bien filmé, les acteurs sont bons, les dialogues très bien écrits sauf qu'au bout d'un moment je me rends compte que oui bon d'accord c'est pas mal mais je n'arrive pas à vraiment être emporté par le film: on peut discuter des heures et des heures sur ce qui est dit, ce qui est sous-entendu, ce que le réalisateur veut dire, etc.... mais au final, je dirais que si ça m'a fait réfléchir, ça ne m'a en revanche pas ému mitigé je suis donc (en fait, j'en avais même franchement ras le bol pendant les 45 dernières minutes qui ont un peu sapé ma bonne impression du début du film) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 1 Sep 2014 - 17:52 | |
| Winter Sleep je passe, si y a bien un truc qui ne me fait généralement aucun effet au ciné c'est un film ultra dialogué.
Par contre le Assayas j'en veux ! |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 1 Sep 2014 - 21:18 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Winter Sleep je passe, si y a bien un truc qui ne me fait généralement aucun effet au ciné c'est un film ultra dialogué.
Par contre le Assayas j'en veux ! ah oui tu peux passer en effet parce que l'intérêt du film c'est bien les dialogues (à la fin ma copine m'a sorti "j'en peux plus des gens qui parlent, je veux du silence!" | |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 8 Sep 2014 - 9:45 | |
| hum, autant "Incendies" et "Prisoners" m'avait beaucoup impressionné, autant je suis mitigé sur celui-ci tiré d'une nouvelle de José Saramago (à qui on devait déjà le bouquin à l'origine de "Blindness"), l'histoire est finalement assez simple: un prof découvre qu'il a un sosie en la personne d'un acteur de 3e zone et cherche à le rencontrer la mise en scène est très réussie as usual mais parfois un peu vaine aussi: on se demande un peu toujours pourquoi ce malaise persistant entre les différents personnages alors qu'à la base c'est juste 2 mecs qui se ressemblent ça va quoi alors bon oui, c'est un peu comme regarder un mauvais rêve et là ça prend son sens mais au final même si c'est bien joué et bien filmé, difficile de vraiment complètement accrocher film mineur donc | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 8 Sep 2014 - 18:56 | |
| Le meilleur film de Villeneuve au contraire, le malaise vient du niveau d'interprétation philosophique de l'histoire dont les clés résident dans le cours du prof au début du film. Sans trop spoiler (pour le moment), la pensée d'Hegel approfondie par Marx que les grands événements se produisent toujours deux fois, la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce, est censée te donner une toute autre vision du film que le cliché du rêve ou du bad trip dans le lequel on se réfugie naturellement quand un scénario nous échappe (on évoque souvent ça pour Lynch également alors que les scénars de Lost Highway ou Mulholland Drive sont parfaitement cohérents et absolument premier degré pour qui prend la peine de décortiquer et d'interpréter le récit jusqu'au moindre détail. - Pour faire court:
Le personnage de l'acteur est la recréation du personnage du prof en "farce", le départ d'une itération de l'Histoire vouée à effacer et remplacer la précédente. ce qui ouvre une réflexion sur la superficialité grandissante de notre société mais aussi sur le cinéma en tant qu'imitation - futile ou non - de l'Histoire et par extension de la vie. Et à l'image de l'art dont émerge parfois un degré de vérité qui échappe au réel, l'acteur, plus "vivant", plus "tangible" que le personnage effacé du prof au début entre en "compétition" avec lui. En effet, un seul de ces deux personnages peut exister, il apparaît clairement qu'ils ont la même mère et celui qui disparaît est finalement celui qui cède à la facilité de l'usurpation d'identité et de l'imitation à des fins de plaisir immédiat au lieu de chercher des réponses. La femme de l'acteur deviendra tout naturellement celle du prof comme si les deux victimes du crash n'avaient même jamais existé. Le thème sous-jacent, pour moi, c'est l'impossible cohabitation de deux idées de l'existence dans une même entité, l'une superficielle et l'autre plus "profonde". Villeneuve pousse d'ailleurs la mise en abîme jusqu'à jouer avec sa propre "imitation" de Lost Highway, il y a des pans entiers du chef-d’œuvre de Lynch dans ce film, dans le club au début qui fait écho celui dans lequel joue le personnage central de Lost Highway, la vidéo comme révélateur d'une vérité cachée aux implications dérangeantes pour la santé mentale du personnage, mais surtout dans les scènes en appartement, de l'atmosphère flottante à cette dominante jaune en passant par les "doubles" qui se confondent dans ces scènes aux yeux du spectateur bien avant d'échanger leurs identités, et bien sûr les personnages féminins qui ne sont finalement que les deux faces d'une même médaille. Difficile de ne pas imaginer que ce soit fait exprès, rapport à toute cette idée de répétition de l'Histoire qui recycle la tragédie en farce (cf. le tout dernier plan volontairement kitsch).
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| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 9 Sep 2014 - 8:49 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Le meilleur film de Villeneuve au contraire, le malaise vient du niveau d'interprétation philosophique de l'histoire dont les clés résident dans le cours du prof au début du film. Sans trop spoiler (pour le moment), la pensée d'Hegel approfondie par Marx que les grands événements se produisent toujours deux fois, la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce, est censée te donner une toute autre vision du film que le cliché du rêve ou du bad trip dans le lequel on se réfugie naturellement quand un scénario nous échappe (on évoque souvent ça pour Lynch également alors que les scénars de Lost Highway ou Mulholland Drive sont parfaitement cohérents et absolument premier degré pour qui prend la peine de décortiquer et d'interpréter le récit jusqu'au moindre détail.
- Pour faire court:
Le personnage de l'acteur est la recréation du personnage du prof en "farce", le départ d'une itération de l'Histoire vouée à effacer et remplacer la précédente. ce qui ouvre une réflexion sur la superficialité grandissante de notre société mais aussi sur le cinéma en tant qu'imitation - futile ou non - de l'Histoire et par extension de la vie. Et à l'image de l'art dont émerge parfois un degré de vérité qui échappe au réel, l'acteur, plus "vivant", plus "tangible" que le personnage effacé du prof au début entre en "compétition" avec lui. En effet, un seul de ces deux personnages peut exister, il apparaît clairement qu'ils ont la même mère et celui qui disparaît est finalement celui qui cède à la facilité de l'usurpation d'identité et de l'imitation à des fins de plaisir immédiat au lieu de chercher des réponses. La femme de l'acteur deviendra tout naturellement celle du prof comme si les deux victimes du crash n'avaient même jamais existé. Le thème sous-jacent, pour moi, c'est l'impossible cohabitation de deux idées de l'existence dans une même entité, l'une superficielle et l'autre plus "profonde". Villeneuve pousse d'ailleurs la mise en abîme jusqu'à jouer avec sa propre "imitation" de Lost Highway, il y a des pans entiers du chef-d’œuvre de Lynch dans ce film, dans le club au début qui fait écho celui dans lequel joue le personnage central de Lost Highway, la vidéo comme révélateur d'une vérité cachée aux implications dérangeantes pour la santé mentale du personnage, mais surtout dans les scènes en appartement, de l'atmosphère flottante à cette dominante jaune en passant par les "doubles" qui se confondent dans ces scènes aux yeux du spectateur bien avant d'échanger leurs identités, et bien sûr les personnages féminins qui ne sont finalement que les deux faces d'une même médaille. Difficile de ne pas imaginer que ce soit fait exprès, rapport à toute cette idée de répétition de l'Histoire qui recycle la tragédie en farce (cf. le tout dernier plan volontairement kitsch).
hum oui, disons que sur le plan théorique c'est en effet très bien pensé et aucun élément n'est laissé au hasard mais au final j'ai du mal à percevoir le film autrement que comme un exercice de style un peu vain (malgré toutes ses qualités) disons que ça aurait fait un très bon court (ou moyen) métrage | |
| | | moonriver Comme un Lego
Nombre de messages : 4790 Date d'inscription : 02/01/2014 Age : 54 Localisation : IDF
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 9 Sep 2014 - 9:23 | |
| - Nulladies a écrit:
J’aurais pu prendre les rires et le plaisir de mon fils comme alibi, mais soyons honnête : la grande réussite, de ce film, c’est d’avoir réussi à me procurer, souvent, la même jubilation que lui.
Idem, vu avec mes 2 fils samedi soir, on a tous les 3 pris beaucoup de plaisir. La Bo est aussi un plus, quel plaisir d'entendre Bowie au détour d'une scène "I'm an alligator, ....." Depuis, ma femme se sent un peu exclu quand nous rions bêtement tous les 3 à la maison en disant JE S'APPELLE GROOT | |
| | | moonriver Comme un Lego
Nombre de messages : 4790 Date d'inscription : 02/01/2014 Age : 54 Localisation : IDF
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 9 Sep 2014 - 9:29 | |
| Bon film, très bien documenté sur l'hôpital public, la condition d'interne, la difficulté de soigner malgré la paperasse, le matériel qui manque, les bas salaires..... On évite largement le coté spectaculaire ou sensationnel de séries médicales bien connus et on suit jusqu'au bout le parcours chaotique de ces jeunes internes. Les acteurs sont très bien: Reda Kateb, Marianne Dennicourt (elle s'est fait refaire les lèvres, non?). Mention spéciale à Vincent Lacoste, parfait dans un rôle un peu plus sombre que d'habitude. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 9 Sep 2014 - 9:33 | |
| - Azbinebrozer a écrit:
- Enchainons !
Vu et beaucoup aimé Sils Maria de Assayas. Les actrices sont formidables, l'image est somptueuse , la BO magnifique. Certains moments du scénario sont très réussis, l'imbrication fiction/réel, les scènes de la vie quotidienne d'un célébrité. Je trouve qu'Assayas nuance vraiment très bien des tas de moments.
Et puis persiste un léger doute qui revient plus ou moins à chacun de ses films. Celui d'un scénario qui compile tout ce qu'il faut sur un sujet. C'est sévère car là il fait encore, et même mieux, de très, très beaux portraits. Mais on a quand même l'impression qu'aussi subtils qu'ils soient, qu'ils ne sont que les protagonistes de thématiques. Celle par exemple du travail de l'actrice vieillissante sur elle-même me paraissant trop naïve. Ou à penser que les acteurs ne sont que des enfants...
Très beau quand même ! Ah ah... Je lui fait un sort bientôt, à celui-là... | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| | | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 9 Sep 2014 - 9:37 | |
| - moonriver a écrit:
- Nulladies a écrit:
J’aurais pu prendre les rires et le plaisir de mon fils comme alibi, mais soyons honnête : la grande réussite, de ce film, c’est d’avoir réussi à me procurer, souvent, la même jubilation que lui.
Idem, vu avec mes 2 fils samedi soir, on a tous les 3 pris beaucoup de plaisir. La Bo est aussi un plus, quel plaisir d'entendre Bowie au détour d'une scène "I'm an alligator, ....." Depuis, ma femme se sent un peu exclu quand nous rions bêtement tous les 3 à la maison en disant JE S'APPELLE GROOT Exactement pareil chez nous ! | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 9 Sep 2014 - 9:38 | |
| Faut pas croire ce que disent les journaux L’avantage a à aller voir un film sans en connaitre ne serait-ce que l’ébauche du pitch, (le seul en V.O au ciné + une moyenne honorable lui ont donné sa chance), c’est la découverte totale et progressive d’un univers. Force est de constater que c’est là que se situe justement l’intérêt du film. Sur les terres on ne peut plus balisées du film noir, Blue Ruin s’acharne à désactiver les attentes et dynamiter en sourdine un genre d’ordinaire si rigide. Certes, la recette inversée guette, mais Saulnier la pratique ici avec suffisamment de subtilité pour qu’on se laisse séduire. Premier renoncement, celui de la parole. Sorte de SDF, son protagoniste vit à l’écart du monde depuis une dizaine d’années avant que n’advienne le moment attendu de la vengeance, à savoir la libération du meurtrier qui a brisé son existence. De longues scènes muettes introduisent sa vie proche de celle d’un animal, laborieuse (on pense à certaines séquences d’Essential Killing), jusqu’à nous laisser supposer qu’il pourrait être simple d’esprit. Mais la parole est bien la dernière nécessité pour la mission qu’il s’assigne. Certes, elle aurait pu dissiper des malentendus, mais le mal est fait, est surtout, le mal est face à lui. Le dialogue est sans cesse clivé dans le film : c’est soit le monologue d’une femme qu’on entend sans intervenir, soit de fausses conversations téléphoniques, jusqu’au très beau dispositif final voyant Dwight observer ses ennemis l’écouter sur un répondeur téléphonique. C’est donc la mise en scène qui prendra en charge le propos général, où il sera question d’un mécanisme de la descente que ne renierait pas Cormac McCarthy, à la différence près qu’on renonce ici en plus au baroque de personnages haut en couleurs et raffinés dans leur cruauté. Rien n’advient vraiment. Certes, les balles fusent et les carreaux d’arbalète labourent les chairs, mais sans respecter le code qui voudrait que la violence se situe dans un climax savamment préparé. Pas d’héroïsme, mais un parcours hagard, un tueur qui ne comprend ni comment il survit, ni pourquoi ses coups portent. Beaucoup de maladresses, à la lisière d’une lose comme celle de Fargo, sans que la frontière soit franchie pour qu’on puisse vraiment rire, même jaune. Le bleu reste la couleur dominante. Les séquences muettes montraient un être hors du monde : elles vont désormais accompagner son immersion dans le sang et les brefs hurlements de ses sauvages interlocuteurs. Tendues, oppressantes, elles pallient l’absence de grandeur par l’acuité d’un regard vif, cadré à la perfection et sans complaisance pour son personnage. Blue ruin n’est pas original, et peut déconcerter par l’étrange place qu’il se choisit, s’accroupissant à un carrefour générique pour n’en plus bouger. S’en dégage un charme indéniable, renforcé par une maitrise formelle indéniable. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 10 Sep 2014 - 6:49 | |
| Bon, Azbin, sur le coup, on va pas être très copains... Au rien s’en vont les nuages. Cela faisait un certain temps que je n’avais pas redonné sa chance à Assayas, dont je ne garde finalement que des souvenirs assez fugaces. La bande annonce ne me disait rien qui vaille : on sentait déjà les intentions pesantes d’un parallèle entre la vie de l’actrice et le rôle qu’elle joue, une énième variation sur le Sunset Boulevard, Eve et consorts. Il est particulièrement intéressant de voir Sils Maria quelques jours après Winter Sleep. Les films ont en commun un attrait consommé pour le dialogue analytique, de longues séquences à deux sur la voie laborieuse d’une révélation de la vérité. A ceci près que celle d’Assayas est d’une transparence confondante. Résultat, ses deux heures semblent durent le double des 3 heures et quart de Ceylan. Tout est poussif dans l’écriture : le prologue, interminable, n’a pratiquement pas d’intérêt pour la suite. On sent bien la tentation de coller à l’époque, par la multiplication des smartphones et tablettes, où l’on google quelqu’un pour le connaitre, où les gossips du net font des ravages et notre actrice vieillissante n’accroche plus la locomotive de la modernité. Ce qu’on a du mal à comprendre, c’est le traitement du rythme : pourquoi tant de répétitions ? Dans les deux sens du terme : celles du texte théâtre que Maria s’entraine à jouer avec son assistance, et celles du scénario lui-même. Sils Maria est d’autant plus un film raté qu’il compose avec une partition de haute volée. Les comédiennes sont indéniablement excellentes, leurs échanges fonctionnent à merveille, que ce soit la complicité complémentaire Stewart/Binoche ou la rivalité tue entre Binoche et Moretz. La photographie est très belle et le cadre alpin souvent bien exploité, (gâché le plus souvent par une musique d’un autre âge qui nous propulse du côté de la publicité) notamment dans cette quête du serpent nuageux sur un des cols, et force est de reconnaitre qu’Assayas sait tenir une caméra, à l’instar des déplacements dans les décors de la scène théâtrale dans l’épilogue. On semble avoir oublié un seul élément en route : le propos. Il est particulièrement ironique de voir Binoche déblatérer sur le sous texte du rôle qu’elle travaille et de fustiger la maigreur des films de super-héros lorsqu’on constate à quel point le rôle qu’elle sert ici n’a pas plus d’épaisseur que le vent nuageux qu’elle chasse en vain. | |
| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 10 Sep 2014 - 11:02 | |
| J'ai enfin eu le temps d'aller au ciné et j'ai pas regretté. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 10 Sep 2014 - 11:33 | |
| - Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
J'ai enfin eu le temps d'aller au ciné et j'ai pas regretté. Ton affiche ne passe pas chez moi, mais vu ce que je vois en te citant, c'est la Planète des singes, c'est ça ? | |
| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 10 Sep 2014 - 11:41 | |
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| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 10 Sep 2014 - 14:16 | |
| Es-tu resté dans la salle jusqu'à la fin du générique ?
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| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 10 Sep 2014 - 14:20 | |
| Pas eu le courage...il était déjà tard. Mais je viens de regarder sur google. J'avais cependant des doutes sur l'issue du balafré. A noter que Koba était le pseudo du jeune Staline pendant ses années clandestines sous la période tsariste. Je sais pas si c'est voulu. | |
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| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... | |
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| | | | Voyage en salle obscure... | |
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