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| En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 6 Jan 2016 - 7:46 | |
| Cimer, jamais entendu parler. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 7 Jan 2016 - 7:06 | |
| http://www.cinechronicle.com/wp-content/uploads/2015/05/LOmbre-des-Femmes-affiche.jpgLes jeunes adultes errent. C’est à un cinéma étrangement atemporel que nous convie Philippe Garrel. Par la forme d’abord, un noir et blanc velouté qui ne cherche pas à donner l’illusion d’appartenir à une époque révolue qu’on verrait comme l’âge d’or du cinéma, et une vision de la ville ou des mœurs qui pourraient indifféremment appartenir aux quatre dernières décennies. Par le sujet, l’éternelle partition douloureuse de l’amour, de la fidélité et de la définition fluctuante de ce que veut dire aimer, s’engager ou se désunir. Tout semble modeste ici : la durée du film, 70 minutes, le jeu des comédiens qui ne cherchent jamais à trop en faire, le statut de leurs personnages, vivotant pour se consacrer à leur passion, le documentaire. La mise en abyme est certes évidente, elle n’en est pas moins riche : cette quête de vérité, par les entretiens avec la génération des résistants en voie d’extinction, symbolise autant qu’elle occulte le rapport des jeunes adultes à leur propre existence : qu’est-ce qui, du mensonge ou de la vérité du sentiment, fait d’eux des êtres vivants ? L’infidélité semble être l’épreuve à partir de laquelle on saura se définir, et sur laquelle le cinéaste différenciera avec une cruauté lucide la différence entre les hommes et les femmes. Sans pathos excessif, il dissèque la lâcheté de l’un, le courage de l’autre, l’aménagement confortable du mari partant du principe que « les hommes sont comme ça », et confronté à la douleur de savoir que sa femme peut aussi aller voir ailleurs. L’ombre des femmes est un marivaudage qui aurait occulté sa dimension comique, au profit d’une certaine ascèse dans laquelle se loge pourtant une évidence assez confondante. Il ne s’agit pas de dénoncer, mais d’établir un constat non dénué d’une certaine part de tendresse, voire de bienveillance pour la fragilité humaine, et particulièrement masculine. La femme, mère en puissance, est celle qui sait, qui initie et qui décide, tandis que l’homme croit toujours pouvoir s’en sortir par des détours qui ne font qu’enliser la situation. Ce chassé-croisé, admirablement restitué par des comédiens d’une grande justesse, ne révolutionnera ni l’histoire du 7ème art, ni les vérités sur l’amour. Mais il en dit avec tact et sans effets de manche de nombreuses inflexions.
Dernière édition par Nulladies le Jeu 7 Jan 2016 - 7:08, édité 2 fois | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 7 Jan 2016 - 7:07 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Cimer, jamais entendu parler.
A mon avis, ça devrait te plaire. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 8 Jan 2016 - 6:59 | |
| Eugénisme, peu de génie. Dans la série des conversations avec mon moi jeune, Bienvenue à Gattaca se pose comme un objet problématique. Un bon souvenir de ce film vu il y a bientôt vingt ans, et qui je crois n’avait pas non plus fait grand foin à sa sortie, et une aura grandissante depuis, notamment sur Sens Critique où il jouit d’une solide réputation. Pour avoir vu d’autres films de Niccol (le réussi Lord of War, mais surtout, dans la même veine SF, les très médiocres Simone et Time Out) je ne savais plus trop à quoi m’attendre. Bienvenue à Gattaca partage avec ces deux derniers une idée de départ diablement séduisante, celle d’une dystopie fondée sur la dictature de l’eugénisme. Dans une ambiance rétrofuturiste et aseptisée, avant l’avènement du tout numérique, Niccol ménage de grands espaces vides, une architecture à la fois stalinienne et technologique, sans qu’on sache exactement c’est la conséquence d’une volonté esthétique ou d’un budget dérisoire. Car de la SF, on nous servira surtout un discours : à l’exception de quelques fusées zébrant (assez laidement) le ciel, tout se résumera ici à une diode rouge ou verte et des douches de flammes. On reconnaitra à Gattaca la capacité à construire une atmosphère prenante, nimbée d’une mélancolie soutenue par le score comme souvent splendide de Nyman. Mais l’édulcoration visuelle ne fait pas toujours mouche : à l’exception de la très belle séquence du lever de soleil sur les panneaux photovoltaïques, la photographie a tout de même bien vieilli, souvent filtrée par une nappe verdâtre du plus mauvais, et la mise en scène n’est pas particulièrement efficace. L’écriture ne sauve pas non plus l’ensemble : linéaire, assez simpliste, fondée sur des récurrences (le retour de la nage des deux frères, (et le retour du frère, tout simplement) franchement, il fallait oser…), elle ne parvient presque jamais à transformer l’essai d’une exposition assez prometteuse. Le lien entre les deux complices aurait pu recéler une complexité autrement plus fascinante, au lieu de cette binaire dichotomie à laquelle on ne s’intéresse pas plus que cette idylle en toc ; certes, l’inexpressivité des comédiens est sans doute volontaire dans ce monde où on les transforme en machines performantes : ça ne dispensait pas le réalisateur de donner chair à son récit et ses personnages. Lorsqu’on pense à des figures comme celles qui peuplent Blade Runner, l’archétype rare du film de SF qui ne vieillit pas, Gattaca révèle encore davantage ses faiblesses. Et si l’épure n’est certes pas à son programme, d’autres exemples, comme Moon ou Ex Machina suffisent à prouver qu’on peut livrer une partition foisonnante sur l’individu confronté à l’agression de son intégrité par la technologie. Ici, Niccol se contente de quelques passages obligés de thriller bas de gamme (traverser une route pour un myope, monter un escalier pour un infirme), autour d’une histoire téléphonée de meurtre mettant en danger le protagoniste. Tout cela appauvrit considérablement tous les enjeux réels du sujet, qui reste véritablement à exploiter par un scénariste chevronné… et un cinéaste moins frileux. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 9 Jan 2016 - 6:15 | |
| Honteux j'ai justement revu ce CO il y a deux mois et c'est toujours un CO, dont la mélancolie irrigue chaque scène (certes le meilleur score de Nyman y est pour quelque chose) et dont la tension nait justement de l'infime, d’où les scènes dont tu parles qui n'ont rien de bas de gamme (hormis effectivement le retour du frère légèrement capillotracté). Niccol filme d'ailleurs superbement de bout en bout, ils auraient du lui confier la caméra de The Truman Show au lieu de refiler le bébé à Peter Weir pas franchement si à l'aise que ça avec le sujet, le film en aurait été bien meilleur. Sinon effectivement son très grand film c'est Lord of War et Time Out est très moyen mais je ne te suis pas sur S1m0ne, film tristement sous-estimé qui ne parle finalement, comme tous les autres, que de donner corps grâce à la technologie à l’idée que l'on a de soi, déjouer les limites que la nature nous a fixées, quitte à mentir à tout le monde voire se mentir à soi-même. Entre ça et L’armée des douze singes, t'avais meilleur gout en SF quand t’étais jeune en fait... parce qu'à l'exception de Ghost in the Shell il n'y a pas eu mieux dans le genre dans les années 90. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 9 Jan 2016 - 6:45 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Honteux j'ai justement revu ce CO il y a deux mois et c'est toujours un CO, dont la mélancolie irrigue chaque scène (certes le meilleur score de Nyman y est pour quelque chose) et dont la tension nait justement de l'infime, d’où les scènes dont tu parles qui n'ont rien de bas de gamme (hormis effectivement le retour du frère légèrement capillotracté). Niccol filme d'ailleurs superbement de bout en bout, ils auraient du lui confier la caméra de The Truman Show au lieu de refiler le bébé à Peter Weir pas franchement si à l'aise que ça avec le sujet, le film en aurait été bien meilleur. Sinon effectivement son très grand film c'est Lord of War et Time Out est très moyen mais je ne te suis pas sur S1m0ne, film tristement sous-estimé qui ne parle finalement, comme tous les autres, que de donner corps grâce à la technologie à l’idée que l'on a de soi, déjouer les limites que la nature nous a fixées, quitte à mentir à tout le monde voire se mentir à soi-même.
Entre ça et L’armée des douze singes, t'avais meilleur gout en SF quand t’étais jeune en fait... parce qu'à l'exception de Ghost in the Shell il n'y a pas eu mieux dans le genre dans les années 90. J'avais meilleur goût, en effet : j'en avais pas. Nan mais franchement, c'est souvent assez risible ce film, même si je t'accorde qu'il parvient à mettre en place une belle ambiance. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 9 Jan 2016 - 7:14 | |
| Bah risible, parle pour toi, je pense pas que tu sois en majorité d'ailleurs, il n'y a pas que sur Sens Critique que le film a belle réputation à juste titre. J'ai notamment souvenir de l'avoir vu dans quelques-uns des tops perso des 25 dernières années qu'avait fait Première il y a 10 ans, au coté de films comme Blade Runner, Videodrome, Robocop... et hors SF Il était une fois en Amérique, Voyage au bout de l'enfer, Apocalypse Now, Mulholland Drive, Georgia... On est d'accord qu'il n’égale aucun de ces CO mais voilà. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 9 Jan 2016 - 7:17 | |
| C'est pour ça que je l'ai revu d'ailleurs, j'étais étonné par cette aura. Bon, effectivement, je dois avoir un problème avec les années 90 | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 9 Jan 2016 - 7:19 | |
| Au commencement étaient les herbes Il fut un temps, aujourd’hui reculé, où Malick racontait des histoires. Revenir aux origines de son cinéma, avant la grande ellipse de sa carrière et son retour désormais un peu trop prolifique, permet de déterminer la naissance d’une esthétique et les origines d’une symbiose cinématographique. Dès son premier film, Terrence Malick pose les jalons d’une poétique qui n’appartient qu’à lui. C’est d’abord le recours à la voix off, dont l’identité reste un temps mystérieuse, encore mal assurée par l’enfance et déjà un peu brisée par l’aridité de l’existence. C’est ensuite, bien entendu, une place prépondérante accordée à la nature. Mais à la différence du panthéisme enthousiaste des terres virginales de La Ligne Rouge ou du Nouveau Monde, c’est à une terre travaillée par l’homme, à la fameuse sueur de son front biblique, que s’attache ici le jeune réalisateur. Si le film s’ouvre sur les hauts fourneaux de l’activité industrielle, bouche d’enfer devant laquelle a lieu le meurtre fondateur qui conduira le protagoniste à l’exil, c’est pour surligner le contrepoint avec les étendues fertiles du nouveau monde dans lequel la rédemption sera possible. Les tableaux se multiplient, au son magique d’une mélodie devenue depuis l’incarnation même du 7ème art, le Carnaval des animaux de St Saëns : c’est l’infinie variation des ciels, des aubes aux crépuscules, l’herbe qui se courbe aux aléas d’un climat bienveillant, et la douce paix d’un lyrisme élégiaque. Mais Malick ne restitue pas pour autant l’Eden : omniprésente dans ces plans d’ensemble magnifiant l’étendue sans limite du grenier de l’Amérique, la demeure du maitre rappelle le monde laborieux des hommes et la distinction des classes. Le monde se meut, et s’emballe plus rapidement que la succession des saisons : c’est là le dérèglement d’où va sourdre la tragédie humaine. Les machines investissent le champ, les avions zèbrent le ciel, et si l’homme y trouve de quoi se réjouir (notamment grâce à la découverte du cinématographe), c’est aussi dans ce labeur et cette nécessité que naissent avidité et convoitise. L’innocence d’un amour qui se cache aux bords de l’eau pure (thème récurrent chez Malick) ne pourra perdurer, et verra le feu de la haine faire son inéluctable retour, assaillir la terre et souiller les airs. La Nature meurtrie par la folie des hommes va ainsi prendre en charge la catharsis par une apocalypse dans laquelle Dieu, bien que muet, semble encore présent : les crickets qui ravagent la récolte et conduisent à l’autodafé attestent d’un châtiment bien supérieur au humains. Quant à l’eau, la dernière course qui en éclabousse la surface se fera sous les balles. La parabole s’achève ainsi dans une certaine noirceur, celle d’un retour à la ville qu’on avait fuie vers des jours illusoirement meilleurs, ces fameux days of heaven. La roue tourne, et la nouvelle génération s’approprie le décor pour redéfinir une nouvelle liberté affranchie de la bienveillance de la nature, le longs d’une voie de chemin de fer, mais non moins lyrique, clin d’œil ému à la course finale des 400 coups. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 10 Jan 2016 - 3:20 | |
| Magnifique celui-là... et la BO de Morricone. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 13 Jan 2016 - 6:37 | |
| American Horror Glory. Targets fait partie de ces films qui instaurent d’emblée une ambiance poisseuse comme seule l’Amérique sait en générer : terre des fantasmes, du trop-plein et de l’iconicité, paysage cinématographique par excellence, ayant su y créer sa mythologie du présent, le Nouveau Monde est le règne de l’ambivalence. C’est sur cette problématique du regard que Peter Bogdanovich (qu’on a connu bien plus léger dans le chef d’œuvre La Barbe à Papa ou la récente friandise Broadway Therapy) fait ses armes, avec un budget dérisoire et des contraintes dont il va faire sa force. Targets ménage deux récits parallèles : celui d’une star vieillissante devisant sur ce lieu commun des gouffres entre l’apparat et la réalité, et le parcours d’un bon fils de famille, sorte de clone inquiétant de Matt Damon, s’initiant au rôle de sniper fou, posture désormais tristement connue aux Etats-Unis. La démonstration se fait sans ambages (au risque d’une certaine saturation) : les écrans sont partout, les médias omniprésents, voix-off de la radio, téléviseurs, cinéma, talk show ; ce qui reste du réel est une famille trop parfaite pour être honnête, et qu’on sacrifiera, et à l’autre bout du spectre, un petit monde occupé à alimenter cette illusion dans la grande usine à rêve hollywoodienne. L’atmosphère noire renvoie à des petites pépites brutes comme The Offence de Lumet ou That Cold Day in the Park d’Altman, premiers échos du Nouvel Hollywood, où l’on décape le vernis pour y fouiller dans les zones d’ombre. Si les parties dévolues à l’acteur vieillissant peuvent sembler un peu longues, la progression vers la folie du sniper occasionne une traversée du paysage urbain superbement cadrée. A l’intimité retorse du massacre familial succède une séquence de tirs hasardeux depuis un réservoir sur la freeway qui cite explicitement l’un des grands films ayant fait basculer Hollywood vers sa nouvelle ère : le documentaire de Zapruder sur l’assassinat de JFK. Le final, lui aussi un brin didactique dans sa mise en abyme, répond à l’ouverture qui se faisait sur la fin d’une projection : il s’agit désormais de projeter un film dans un drive-in, et de faire venir le comédien qui sera donc à la fois à l’écran et parmi les spectateurs, dont on commence par établir une sorte de panorama sociologique. Les identifier, c’est aussi l’occasion pour le tireur de définir ses cibles, crevant au sens propre du terme l’écran pour faire advenir l’horreur dans le réel. Bogdanovich le souligne à plusieurs reprises, l’horreur baroque des films de série Z est bien plus séduisante que celle des faits divers dans cette société qui engendre des monstres. Le montage, de plus en plus rapide, alterne jusqu’au vertige les allées et venues entre les deux mondes, le virtuel et le réel, jusqu’aux décharges sacrificielles. Au-delà de la thèse et du jeu de massacre, c’est par son épilogue que Targets marque : de la même façon qu’il insistait jusqu’au malaise sur la façade trop brillante de la famille américaine, ce plan final sur le parking déserté du Drive-in est à lui seul une démonstration frappante de l’inconscience avec laquelle le monde se déshumanise : par le vide. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 15 Jan 2016 - 6:40 | |
| Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être l'organisateur. On commence à bien connaitre l’univers de Baumbach, qui depuis Les Berkman se séparent, et surtout le succès de Frances Ha en 2013, promène avec constance son regard sur les adultes qui ne savent pas encore l’être. Cette comédie new-yorkaise, entre légèreté et air du temps, renvoie forcément à l’illustre ainé Woody Allen, et comme pour lui, mais de façon prématurée, on peut craindre les signes d’un certain ronronnement. C’est d’autant plus vrai que Mistress America explore les mêmes terres que le très récent While We’re Young, à savoir la confrontation de deux âges différents, ici une trentenaire excentrique (Greta Gerwig, parfaite dans un registre plus vivace que dans Frances Ha) et une étudiante de 18 ans qui s’apprête à devenir sa demi-sœur à l’occasion d’un remariage. L’intrigue importe peu, et les personnages le revendiquent. La jeune apprentie écrivain voit dans sa nouvelle amie une muse, une créature de fiction dont elle s’empare immédiatement, et leur errance est l’occasion d’un portrait qui fait la part belle à l’oisiveté névrotique. On commence par ne rien comprendre à ce personnage contradictoire, saturé d’initiatives et de projets, multicarte et devisant sur la vie sans vraiment la connaitre. Le duo féminin fonctionne parfaitement et va entrainer à sa suite une sorte de communauté de fortune déboulant dans une riche demeure des environs de New York, en quête d’un financement pour le projet du moment. C’est là que se concentre toute l’écriture de Baumbach qui évite ici l’essoufflement patent de son précédent essai. Il s’agit avant tout de restituer un souffle, une rapidité des échanges dont la dynamique formelle importe davantage que le contenu. Toujours à la lisière de l’absurde (qu’on pense à ce personnage de femme enceinte attendant son mari, et intervenant sans cesse et mal à propos), le comique est une mécanique parfaite huilée qui doit beaucoup à l’écriture dramaturgique. Le cinéaste investit l’espace et dissémine sa petite troupe avec une précision d’horloger, dynamite tout temps mort dans cette valse où chaque personnage parvient à exister en dépit d’un temps de parole fragmenté. On pense aux portes qui claquent dans le dernier Bogdanovich, Broadway Therapy, voire à la folle énergie de La Règle du Jeu. Baumbach réussit là où Rappeneau s’enlisait malgré lui dans Belles-Familles : ce n’est pas tant la légèreté que la dérision qui l’emporte, et la vivacité de ces personnages insolite provient surtout de leur décalage avec les enjeux traditionnels de la comédie. Ce qui l’emporte, c’est ce débit vocal (lui aussi emprunté aux meilleures performances de Woody Allen) où les piques fusent, ridiculisant autant les interlocuteurs que la névrosée qui les envoie. On n’est certes pas au niveau du screwball d’un Lubitsch, mais justement parce que dans cette ambiance mi hipster, mi post-moderne, les personnages ont pris conscience de leur manque de sérieux. Dans ce joyeux massacre, c’est l’élan qui prime, et le cinéaste parvient sans difficulté à entrainer le spectateur dans cette valse pétillante. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 15 Jan 2016 - 6:41 | |
| Into the child Posons le contexte de ce documentaire : il restitue la vie de Timothy Treadwell, un écolo passionné qui passa 13 étés en compagnie des grizzlis d’Alaska, les fréquentant au mépris de toute prudence, et se filmant en permanence, jusqu’à sa mort, dévoré vivant avec sa compagne par l’un d’entre eux. Werner Herzog, qu’on peut considérer comme un expert en matière de clivage mental, s’empare des centaines d’heures de rushes de l’énergumène et tente d’en brosser un portrait. Le résultat est tout simplement incroyable. Au-delà des images, déjà impressionnantes, des ours dans leur habitat naturel, et de la compagnie fidèles de quelques renards, l’animal qui va le plus attirer l’attention est sans conteste Treadwell. Ses confessions à la caméra donnent l’occasion rare de faire face à la folie dans toute sa splendeur Treadwell peut être considéré comme une version radicale et encore plus barrée de Christopher McCandless, le protagoniste d’Into the Wild. On abandonne ici tout lyrisme panthéiste au profit d’une immersion dans un délire d’une prolixité rare. Treadwell hait les hommes au point de souhaiter devenir un ours, leur parlant non pas tant pour les humaniser (ce qu’il fait, de façon aussi pathétique qu’insensée) que pour intégrer leur communauté. Avec tout ce que l’Américain névropathe peut avoir d’hystérique, à grands renforts de « I love you » et d’anthropomorphisme immature, le documentariste est un enfant, idéalisant un monde pour mieux fuir celui dans lequel il est inadapté. A mesure que les bandes défilent, la personnalité démente du personnage prend toute la place : ses confessions, sa paranoïa contre les braconniers, ses impressionnants décrochages haineux à l’encontre des gardes de la réserve naturelle (dont les restrictions semblent cependant tout ce qu’il y a de plus raisonnable), tout concourt à un portrait hors-norme. On peut s’étonner de la position d’Herzog à l’égard de son sujet, ne prenant ses distances qu’à deux reprises, alors qu’on ne peut qu’être d’emblée saisi par sa folie. Il faut bien entendu un égo surdimensionné pour tenir dans de telles circonstances : Treadwell ne cesse de rappeler qu’il brave la mort, qu’il est le seul à protéger les ours (ce qui est totalement illusoire) et qu’il comprend ce monde comme personne. Ce qui passionne en outre Herzog est la posture du documentariste, métier qui occupe désormais toute sa carrière : la façon dont il dissèque la mise en scène de ce cinéma prétendu de vérité occasionne des séquences passionnantes. Obsession de Treadwell pour faire croire qu’il est seul quand ce n’est pas toujours le cas, nombreuses reprises de ses monologues, dérapages, découragement face aux intempéries, le personnage est scruté par Herzog qui fait un travail de montage remarquable. Alternant avec quelques témoignages de proches (la plupart au diapason de la démence du bonhomme, surtout les femmes), il ménage une dynamique démonstrative redoutable, dévoilant progressivement ses différentes facettes, de plus en plus inquiétantes. La fascination du réalisateur s’explique facilement : il le dit lui-même, cet échange parfois violent avec la caméra le renvoie à ses propres expériences, à la différence près qu’il s’écharpait avec un comédien quand Treadwell joue sur les deux pôles. Le documentaire encadrant (celui d’Herzog) prend alors un sens salvateur : il a non seulement décrypté le travail de son collègue, en a révélé les limites, rendant au passage hommage à son courage inconscient, mais il a surtout permis d’accéder à une nouvelle vérité : celle de l’indifférence des animaux et de l’hostilité de la Nature. Un documentaire absolument indispensable. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 15 Jan 2016 - 6:52 | |
| avec une musique de RichardThompson sur ce documentaire |
| | | Gengis Yes, he can.
Nombre de messages : 18119 Date d'inscription : 18/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 15 Jan 2016 - 17:19 | |
| - Nulladies a écrit:
Into the child
Posons le contexte de ce documentaire : il restitue la vie de Timothy Treadwell, un écolo passionné qui passa 13 étés en compagnie des grizzlis d’Alaska, les fréquentant au mépris de toute prudence, et se filmant en permanence, jusqu’à sa mort, dévoré vivant avec sa compagne par l’un d’entre eux.
Werner Herzog, qu’on peut considérer comme un expert en matière de clivage mental, s’empare des centaines d’heures de rushes de l’énergumène et tente d’en brosser un portrait.
Le résultat est tout simplement incroyable. Au-delà des images, déjà impressionnantes, des ours dans leur habitat naturel, et de la compagnie fidèles de quelques renards, l’animal qui va le plus attirer l’attention est sans conteste Treadwell. Ses confessions à la caméra donnent l’occasion rare de faire face à la folie dans toute sa splendeur Treadwell peut être considéré comme une version radicale et encore plus barrée de Christopher McCandless, le protagoniste d’Into the Wild. On abandonne ici tout lyrisme panthéiste au profit d’une immersion dans un délire d’une prolixité rare. Treadwell hait les hommes au point de souhaiter devenir un ours, leur parlant non pas tant pour les humaniser (ce qu’il fait, de façon aussi pathétique qu’insensée) que pour intégrer leur communauté. Avec tout ce que l’Américain névropathe peut avoir d’hystérique, à grands renforts de « I love you » et d’anthropomorphisme immature, le documentariste est un enfant, idéalisant un monde pour mieux fuir celui dans lequel il est inadapté.
A mesure que les bandes défilent, la personnalité démente du personnage prend toute la place : ses confessions, sa paranoïa contre les braconniers, ses impressionnants décrochages haineux à l’encontre des gardes de la réserve naturelle (dont les restrictions semblent cependant tout ce qu’il y a de plus raisonnable), tout concourt à un portrait hors-norme. On peut s’étonner de la position d’Herzog à l’égard de son sujet, ne prenant ses distances qu’à deux reprises, alors qu’on ne peut qu’être d’emblée saisi par sa folie. Il faut bien entendu un égo surdimensionné pour tenir dans de telles circonstances : Treadwell ne cesse de rappeler qu’il brave la mort, qu’il est le seul à protéger les ours (ce qui est totalement illusoire) et qu’il comprend ce monde comme personne. Ce qui passionne en outre Herzog est la posture du documentariste, métier qui occupe désormais toute sa carrière : la façon dont il dissèque la mise en scène de ce cinéma prétendu de vérité occasionne des séquences passionnantes. Obsession de Treadwell pour faire croire qu’il est seul quand ce n’est pas toujours le cas, nombreuses reprises de ses monologues, dérapages, découragement face aux intempéries, le personnage est scruté par Herzog qui fait un travail de montage remarquable. Alternant avec quelques témoignages de proches (la plupart au diapason de la démence du bonhomme, surtout les femmes), il ménage une dynamique démonstrative redoutable, dévoilant progressivement ses différentes facettes, de plus en plus inquiétantes.
La fascination du réalisateur s’explique facilement : il le dit lui-même, cet échange parfois violent avec la caméra le renvoie à ses propres expériences, à la différence près qu’il s’écharpait avec un comédien quand Treadwell joue sur les deux pôles. Le documentaire encadrant (celui d’Herzog) prend alors un sens salvateur : il a non seulement décrypté le travail de son collègue, en a révélé les limites, rendant au passage hommage à son courage inconscient, mais il a surtout permis d’accéder à une nouvelle vérité : celle de l’indifférence des animaux et de l’hostilité de la Nature.
Un documentaire absolument indispensable.
J'ai eu l'occasion de voir des extraits de ce film lors d'une anim pédagogique sur l'ours menée par un garde du Parc National des Pyrénées. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 15 Jan 2016 - 17:41 | |
| - Gengis a écrit:
- Nulladies a écrit:
Into the child
Posons le contexte de ce documentaire : il restitue la vie de Timothy Treadwell, un écolo passionné qui passa 13 étés en compagnie des grizzlis d’Alaska, les fréquentant au mépris de toute prudence, et se filmant en permanence, jusqu’à sa mort, dévoré vivant avec sa compagne par l’un d’entre eux.
Werner Herzog, qu’on peut considérer comme un expert en matière de clivage mental, s’empare des centaines d’heures de rushes de l’énergumène et tente d’en brosser un portrait.
Le résultat est tout simplement incroyable. Au-delà des images, déjà impressionnantes, des ours dans leur habitat naturel, et de la compagnie fidèles de quelques renards, l’animal qui va le plus attirer l’attention est sans conteste Treadwell. Ses confessions à la caméra donnent l’occasion rare de faire face à la folie dans toute sa splendeur Treadwell peut être considéré comme une version radicale et encore plus barrée de Christopher McCandless, le protagoniste d’Into the Wild. On abandonne ici tout lyrisme panthéiste au profit d’une immersion dans un délire d’une prolixité rare. Treadwell hait les hommes au point de souhaiter devenir un ours, leur parlant non pas tant pour les humaniser (ce qu’il fait, de façon aussi pathétique qu’insensée) que pour intégrer leur communauté. Avec tout ce que l’Américain névropathe peut avoir d’hystérique, à grands renforts de « I love you » et d’anthropomorphisme immature, le documentariste est un enfant, idéalisant un monde pour mieux fuir celui dans lequel il est inadapté.
A mesure que les bandes défilent, la personnalité démente du personnage prend toute la place : ses confessions, sa paranoïa contre les braconniers, ses impressionnants décrochages haineux à l’encontre des gardes de la réserve naturelle (dont les restrictions semblent cependant tout ce qu’il y a de plus raisonnable), tout concourt à un portrait hors-norme. On peut s’étonner de la position d’Herzog à l’égard de son sujet, ne prenant ses distances qu’à deux reprises, alors qu’on ne peut qu’être d’emblée saisi par sa folie. Il faut bien entendu un égo surdimensionné pour tenir dans de telles circonstances : Treadwell ne cesse de rappeler qu’il brave la mort, qu’il est le seul à protéger les ours (ce qui est totalement illusoire) et qu’il comprend ce monde comme personne. Ce qui passionne en outre Herzog est la posture du documentariste, métier qui occupe désormais toute sa carrière : la façon dont il dissèque la mise en scène de ce cinéma prétendu de vérité occasionne des séquences passionnantes. Obsession de Treadwell pour faire croire qu’il est seul quand ce n’est pas toujours le cas, nombreuses reprises de ses monologues, dérapages, découragement face aux intempéries, le personnage est scruté par Herzog qui fait un travail de montage remarquable. Alternant avec quelques témoignages de proches (la plupart au diapason de la démence du bonhomme, surtout les femmes), il ménage une dynamique démonstrative redoutable, dévoilant progressivement ses différentes facettes, de plus en plus inquiétantes.
La fascination du réalisateur s’explique facilement : il le dit lui-même, cet échange parfois violent avec la caméra le renvoie à ses propres expériences, à la différence près qu’il s’écharpait avec un comédien quand Treadwell joue sur les deux pôles. Le documentaire encadrant (celui d’Herzog) prend alors un sens salvateur : il a non seulement décrypté le travail de son collègue, en a révélé les limites, rendant au passage hommage à son courage inconscient, mais il a surtout permis d’accéder à une nouvelle vérité : celle de l’indifférence des animaux et de l’hostilité de la Nature.
Un documentaire absolument indispensable.
J'ai eu l'occasion de voir des extraits de ce film lors d'une anim pédagogique sur l'ours menée par un garde du Parc National des Pyrénées. ah ça bosse sévère en animation pédagogique! ça regarde des films!!! nonméoh! ça va donner du grain à moudre à bro' tout ça |
| | | Gengis Yes, he can.
Nombre de messages : 18119 Date d'inscription : 18/11/2008
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 15 Jan 2016 - 17:44 | |
| - John Kaltenbrunner a écrit:
- Gengis a écrit:
- Nulladies a écrit:
Into the child
Posons le contexte de ce documentaire : il restitue la vie de Timothy Treadwell, un écolo passionné qui passa 13 étés en compagnie des grizzlis d’Alaska, les fréquentant au mépris de toute prudence, et se filmant en permanence, jusqu’à sa mort, dévoré vivant avec sa compagne par l’un d’entre eux.
Werner Herzog, qu’on peut considérer comme un expert en matière de clivage mental, s’empare des centaines d’heures de rushes de l’énergumène et tente d’en brosser un portrait.
Le résultat est tout simplement incroyable. Au-delà des images, déjà impressionnantes, des ours dans leur habitat naturel, et de la compagnie fidèles de quelques renards, l’animal qui va le plus attirer l’attention est sans conteste Treadwell. Ses confessions à la caméra donnent l’occasion rare de faire face à la folie dans toute sa splendeur Treadwell peut être considéré comme une version radicale et encore plus barrée de Christopher McCandless, le protagoniste d’Into the Wild. On abandonne ici tout lyrisme panthéiste au profit d’une immersion dans un délire d’une prolixité rare. Treadwell hait les hommes au point de souhaiter devenir un ours, leur parlant non pas tant pour les humaniser (ce qu’il fait, de façon aussi pathétique qu’insensée) que pour intégrer leur communauté. Avec tout ce que l’Américain névropathe peut avoir d’hystérique, à grands renforts de « I love you » et d’anthropomorphisme immature, le documentariste est un enfant, idéalisant un monde pour mieux fuir celui dans lequel il est inadapté.
A mesure que les bandes défilent, la personnalité démente du personnage prend toute la place : ses confessions, sa paranoïa contre les braconniers, ses impressionnants décrochages haineux à l’encontre des gardes de la réserve naturelle (dont les restrictions semblent cependant tout ce qu’il y a de plus raisonnable), tout concourt à un portrait hors-norme. On peut s’étonner de la position d’Herzog à l’égard de son sujet, ne prenant ses distances qu’à deux reprises, alors qu’on ne peut qu’être d’emblée saisi par sa folie. Il faut bien entendu un égo surdimensionné pour tenir dans de telles circonstances : Treadwell ne cesse de rappeler qu’il brave la mort, qu’il est le seul à protéger les ours (ce qui est totalement illusoire) et qu’il comprend ce monde comme personne. Ce qui passionne en outre Herzog est la posture du documentariste, métier qui occupe désormais toute sa carrière : la façon dont il dissèque la mise en scène de ce cinéma prétendu de vérité occasionne des séquences passionnantes. Obsession de Treadwell pour faire croire qu’il est seul quand ce n’est pas toujours le cas, nombreuses reprises de ses monologues, dérapages, découragement face aux intempéries, le personnage est scruté par Herzog qui fait un travail de montage remarquable. Alternant avec quelques témoignages de proches (la plupart au diapason de la démence du bonhomme, surtout les femmes), il ménage une dynamique démonstrative redoutable, dévoilant progressivement ses différentes facettes, de plus en plus inquiétantes.
La fascination du réalisateur s’explique facilement : il le dit lui-même, cet échange parfois violent avec la caméra le renvoie à ses propres expériences, à la différence près qu’il s’écharpait avec un comédien quand Treadwell joue sur les deux pôles. Le documentaire encadrant (celui d’Herzog) prend alors un sens salvateur : il a non seulement décrypté le travail de son collègue, en a révélé les limites, rendant au passage hommage à son courage inconscient, mais il a surtout permis d’accéder à une nouvelle vérité : celle de l’indifférence des animaux et de l’hostilité de la Nature.
Un documentaire absolument indispensable.
J'ai eu l'occasion de voir des extraits de ce film lors d'une anim pédagogique sur l'ours menée par un garde du Parc National des Pyrénées. ah ça bosse sévère en animation pédagogique! ça regarde des films!!! nonméoh! ça va donner du grain à moudre à bro' tout ça Et c'était 6h ! J'ai appris ce jour-là, des tas de choses sur les ours. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 15 Jan 2016 - 17:50 | |
| tant que tu n'as rien appris en pédagogie, ça me va! |
| | | bro' caquer, c'est si bon
Nombre de messages : 8585 Date d'inscription : 04/12/2008 Age : 46 Humeur : badine
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 15 Jan 2016 - 21:59 | |
| - John Kaltenbrunner a écrit:
- Gengis a écrit:
- Nulladies a écrit:
Into the child
Posons le contexte de ce documentaire : il restitue la vie de Timothy Treadwell, un écolo passionné qui passa 13 étés en compagnie des grizzlis d’Alaska, les fréquentant au mépris de toute prudence, et se filmant en permanence, jusqu’à sa mort, dévoré vivant avec sa compagne par l’un d’entre eux.
Werner Herzog, qu’on peut considérer comme un expert en matière de clivage mental, s’empare des centaines d’heures de rushes de l’énergumène et tente d’en brosser un portrait.
Le résultat est tout simplement incroyable. Au-delà des images, déjà impressionnantes, des ours dans leur habitat naturel, et de la compagnie fidèles de quelques renards, l’animal qui va le plus attirer l’attention est sans conteste Treadwell. Ses confessions à la caméra donnent l’occasion rare de faire face à la folie dans toute sa splendeur Treadwell peut être considéré comme une version radicale et encore plus barrée de Christopher McCandless, le protagoniste d’Into the Wild. On abandonne ici tout lyrisme panthéiste au profit d’une immersion dans un délire d’une prolixité rare. Treadwell hait les hommes au point de souhaiter devenir un ours, leur parlant non pas tant pour les humaniser (ce qu’il fait, de façon aussi pathétique qu’insensée) que pour intégrer leur communauté. Avec tout ce que l’Américain névropathe peut avoir d’hystérique, à grands renforts de « I love you » et d’anthropomorphisme immature, le documentariste est un enfant, idéalisant un monde pour mieux fuir celui dans lequel il est inadapté.
A mesure que les bandes défilent, la personnalité démente du personnage prend toute la place : ses confessions, sa paranoïa contre les braconniers, ses impressionnants décrochages haineux à l’encontre des gardes de la réserve naturelle (dont les restrictions semblent cependant tout ce qu’il y a de plus raisonnable), tout concourt à un portrait hors-norme. On peut s’étonner de la position d’Herzog à l’égard de son sujet, ne prenant ses distances qu’à deux reprises, alors qu’on ne peut qu’être d’emblée saisi par sa folie. Il faut bien entendu un égo surdimensionné pour tenir dans de telles circonstances : Treadwell ne cesse de rappeler qu’il brave la mort, qu’il est le seul à protéger les ours (ce qui est totalement illusoire) et qu’il comprend ce monde comme personne. Ce qui passionne en outre Herzog est la posture du documentariste, métier qui occupe désormais toute sa carrière : la façon dont il dissèque la mise en scène de ce cinéma prétendu de vérité occasionne des séquences passionnantes. Obsession de Treadwell pour faire croire qu’il est seul quand ce n’est pas toujours le cas, nombreuses reprises de ses monologues, dérapages, découragement face aux intempéries, le personnage est scruté par Herzog qui fait un travail de montage remarquable. Alternant avec quelques témoignages de proches (la plupart au diapason de la démence du bonhomme, surtout les femmes), il ménage une dynamique démonstrative redoutable, dévoilant progressivement ses différentes facettes, de plus en plus inquiétantes.
La fascination du réalisateur s’explique facilement : il le dit lui-même, cet échange parfois violent avec la caméra le renvoie à ses propres expériences, à la différence près qu’il s’écharpait avec un comédien quand Treadwell joue sur les deux pôles. Le documentaire encadrant (celui d’Herzog) prend alors un sens salvateur : il a non seulement décrypté le travail de son collègue, en a révélé les limites, rendant au passage hommage à son courage inconscient, mais il a surtout permis d’accéder à une nouvelle vérité : celle de l’indifférence des animaux et de l’hostilité de la Nature.
Un documentaire absolument indispensable.
J'ai eu l'occasion de voir des extraits de ce film lors d'une anim pédagogique sur l'ours menée par un garde du Parc National des Pyrénées. ah ça bosse sévère en animation pédagogique! ça regarde des films!!! nonméoh! ça va donner du grain à moudre à bro' tout ça Bande de BRANLEURS !!! | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 17 Jan 2016 - 9:33 | |
| Hosoda : le grand mix. Avant la maturité mélancolique des Enfants loups, Mamoru Hosoda réalisait Summer Wars, un long métrage certes plus ambitieux sur les plans narratifs et visuels, mais finalement bien ancré dans une tradition dont il peine par instant à se démarquer. Le récit suit une famille concernée de très près par l’attaque d’un gigantesque réseau social, sorte de fb nippon nommé Oz, vérolé par une A.I. bien décidée à détruire le monde. La mise en place est assez longue, et occasionne une présentation de la famille dans laquelle on retrouve le folklore japonais traditionnel : humour assez limité, sentiments exacerbés (l’adolescence, les amourettes, les jalousies) et valorisation du clan autour d’une arrière-grand-mère représentant la sagesse séculaire auprès de laquelle on puisera les enseignements pour affronter ce nouveau monde numérique, qui finalement obéit aux mêmes lois qu’aux temps des glorieux ancêtres (et pour preuve, on nous cite même des répliques des 7 samouraïs…) L’intrigue à proprement parler n’a rien de révolutionnaire : chaque personnage du monde réel a son propre avatar dans le virtuel, et va devoir joindre ses forces pour lutter contre l’IA, programme militaire américain qui tourne mal (et occasion, au débotté, de régler quelques comptes avec l’ancien rival.) C’est dans Oz que le programme prend un peu de saveur. Jeu sur les proportions et la distribution spatiale, le monde épouse les formes imaginaires d’un OS, à la fois simpliste dans son interface (les avatars sont les mignonnes créatures comme il en existe tant dans le folklore vidéo-ludique nippon) et ambitieux dans ses potentiels, construit sur le principe de la circularité et des îlots. Plus le film avance, plus les incursions dans le monde prennent de la place : le contraste avec le monde réel, assez fade, est salvateur, et le déluge visuel occasionné par les différents combats (de carte, d’affrontement physique) rend l’ensemble plutôt divertissant. Le scénario reste cependant lourdement convenu, et ce n’est pas la série de « rebondissements » (« on a gagné, ouais ! …mais… que se passe-t-il ? oh non en fait on pas encore gagné ! ») qui le délestera de ses maladresses. Summer Wars est un film touche à tout, qui saupoudre un talent évident sur des domaines un peu trop hétéroclites. La suite de la carrière d’Hosoda confirmera, avec Les enfants loups et Le Garçon et la bête, que la modestie d’un angle précis, traité avec maturité, initie des œuvres bien plus fertiles. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 17 Jan 2016 - 9:35 | |
| Les fils sans homme L’argument principal du Garçon et la Bête n’avait rien de surprenant, après la belle réflexion proposée par Les enfants loups : Hosoda approfondit le lien entre humains et animaux, les délaissant du père, dans la perspective d’en définir les singularités. La cohabitation secrète de deux mondes est un lieu commun dans les contes : l’incursion du jeune garçon dans l’univers animal rappelle en cela la magie de Chihiro, après une séquence d’ouverture flamboyante dans tous les sens du terme, et les différences d’époque entre les deux évoquent l’une des pistes intéressantes de Lastman. Mais à la différence de ses précédents opus, le temps que prend l’animateur est surtout dévolu à asseoir la relation entre le jeune garçon et son maitre, un ours rustre condamné à avoir un disciple pour pouvoir concourir à la succession au pouvoir. C’est là le cœur du film : la relation tumultueuse entre les deux générations, trop semblables pour cohabiter en harmonie. Autodidactes, esseulés, gueulards, les deux fortes têtes instaurent un manège de décibels et de course poursuite d’un comique irrésistible, où la force dont on fait la quête se situe au départ dans la capacité qu’on a à répliquer avec insolence ou rabrouer brutalement. L’initiation est bien entendu semée d’embûches : comme dans Dragons, mais avec bien plus de subtilité encore, il s’agit d’apprendre à enseigner, ou à devenir un élève humble, s’entraider dans cette hostile odyssée qu’est la vie sociale. Avec une infinie délicatesse, Hosoda trace les lignes de la maladresse ou esquisse la danse de l’imitation, dans une séquence magnifique où le garçon reproduit en cachette chaque geste de la bête pour tenter de lui ressembler. Le monde dans lequel évoluent Ren et Kumatetsu est en outre peuplé d’êtres secondaires d’une rare pertinence narrative : les deux « sages », le singe et le cochon-bonze, commentant leurs débuts difficiles, le seigneur de la ville, un lapin facétieux, et la famille rivale candidate au pouvoir permettent la distillation d’une philosophie qui évite tous les pièges du didactisme. Au fil de l’intinitation, et notamment d’un court voyage auprès des grands sages du royaume, l’animation déploie des talents bigarrés, alternant entre une peinture traditionnelle et des séquences à l’animation très sophistiquée, de combats, de traversée d’une foule animale à hauteur d’enfant, ou d’attaque de baleine de pluie . Cette simple quête de la maitrise de l’énergie jusqu’au combat final se suffirait à elle-même. Mais Hosoda n’a pas écrit l’histoire d’une fuite, et fait revenir Ren dans le monde des humains pour une série de va et viens qui va complexifier son apprentissage, entre paternité, amour et ouverture à l’apprentissage humain, c’est-à-dire intellectuel. Sur sa dernière tranche, le film ajoute une dernière exploration de la part d’ombre inhérente aux hommes, la haine et le ressentiment, faisant intervenir un antagoniste dans une surenchère qui n’était pas forcément indispensable, et rappelle la difficulté qu’il avait à terminer l’ambitieux Summer Wars. Si l’animation est superbe, investissant le cœur piéton de Tokyo, les circonvolutions du scénario dérivant vers le manga pourraient faire oublier les sommets précédents, humbles et bouleversants que les personnages avaient atteints lors du combat tant attendu. Mais cela reste un détail. La maturité a du bon. A 48 ans, Mamoru Hosoda réalise son chef-d’œuvre, et le regard sur la progression patiente de ses précédents films laisse présager de la suite dans son talent. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 17 Jan 2016 - 13:17 | |
| Moi j'adore Summer Wars, mash-up virtuose et métaphorique doté d'un souffle et d'une fluidité impressionnants malgré quelques raccourcis et facilités. Même si le suivant est un cran au-dessus, j'avais plus qu'apprécié cet improbable croisement Takahata/Satoshi Kon, chroniques familiales provinciales et anticipation de l'interpénétration réel/virtuel, fallait oser. Traditionnel, franchement ? C'est justement ce qui doit rester de cette société traditionnelle aujourd’hui qu'interroge Hosoda. Tu avais vu La traversée du temps, sinon ? Son premier film, un peu approximatif mais de très belles idées de scénario. C'est clairement le réalisateur japonais à suivre en ce début de décennie en tout cas, hâte de voir le nouveau. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 17 Jan 2016 - 13:48 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Moi j'adore Summer Wars, mash-up virtuose et métaphorique doté d'un souffle et d'une fluidité impressionnants malgré quelques raccourcis et facilités. Même si le suivant est un cran au-dessus, j'avais plus qu'apprécié cet improbable croisement Takahata/Satoshi Kon, chroniques familiales provinciales et anticipation de l'interpénétration réel/virtuel, fallait oser. Traditionnel, franchement ? C'est justement ce qui doit rester de cette société traditionnelle aujourd’hui qu'interroge Hosoda. Tu avais vu La traversée du temps, sinon ? Son premier film, un peu approximatif mais de très belles idées de scénario. C'est clairement le réalisateur japonais à suivre en ce début de décennie en tout cas, hâte de voir le nouveau.
Je vais le voir bientôt, j'ai vraiment envie. Oui, je trouvais que la figure de la grand mère qui a tout compris depuis le début était un peu didactique, mais bon, ce n'est pas insupportable non plus. Et c'est vrai que l'aspect mash up est bien géré. | |
| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 18 Jan 2016 - 20:41 | |
| - Nulladies a écrit:
Les fils sans homme
L’argument principal du Garçon et la Bête n’avait rien de surprenant, après la belle réflexion proposée par Les enfants loups : Hosoda approfondit le lien entre humains et animaux, les délaissant du père, dans la perspective d’en définir les singularités. La cohabitation secrète de deux mondes est un lieu commun dans les contes : l’incursion du jeune garçon dans l’univers animal rappelle en cela la magie de Chihiro, après une séquence d’ouverture flamboyante dans tous les sens du terme, et les différences d’époque entre les deux évoquent l’une des pistes intéressantes de Lastman. Mais à la différence de ses précédents opus, le temps que prend l’animateur est surtout dévolu à asseoir la relation entre le jeune garçon et son maitre, un ours rustre condamné à avoir un disciple pour pouvoir concourir à la succession au pouvoir. C’est là le cœur du film : la relation tumultueuse entre les deux générations, trop semblables pour cohabiter en harmonie. Autodidactes, esseulés, gueulards, les deux fortes têtes instaurent un manège de décibels et de course poursuite d’un comique irrésistible, où la force dont on fait la quête se situe au départ dans la capacité qu’on a à répliquer avec insolence ou rabrouer brutalement. L’initiation est bien entendu semée d’embûches : comme dans Dragons, mais avec bien plus de subtilité encore, il s’agit d’apprendre à enseigner, ou à devenir un élève humble, s’entraider dans cette hostile odyssée qu’est la vie sociale. Avec une infinie délicatesse, Hosoda trace les lignes de la maladresse ou esquisse la danse de l’imitation, dans une séquence magnifique où le garçon reproduit en cachette chaque geste de la bête pour tenter de lui ressembler. Le monde dans lequel évoluent Ren et Kumatetsu est en outre peuplé d’êtres secondaires d’une rare pertinence narrative : les deux « sages », le singe et le cochon-bonze, commentant leurs débuts difficiles, le seigneur de la ville, un lapin facétieux, et la famille rivale candidate au pouvoir permettent la distillation d’une philosophie qui évite tous les pièges du didactisme. Au fil de l’intinitation, et notamment d’un court voyage auprès des grands sages du royaume, l’animation déploie des talents bigarrés, alternant entre une peinture traditionnelle et des séquences à l’animation très sophistiquée, de combats, de traversée d’une foule animale à hauteur d’enfant, ou d’attaque de baleine de pluie . Cette simple quête de la maitrise de l’énergie jusqu’au combat final se suffirait à elle-même. Mais Hosoda n’a pas écrit l’histoire d’une fuite, et fait revenir Ren dans le monde des humains pour une série de va et viens qui va complexifier son apprentissage, entre paternité, amour et ouverture à l’apprentissage humain, c’est-à-dire intellectuel. Sur sa dernière tranche, le film ajoute une dernière exploration de la part d’ombre inhérente aux hommes, la haine et le ressentiment, faisant intervenir un antagoniste dans une surenchère qui n’était pas forcément indispensable, et rappelle la difficulté qu’il avait à terminer l’ambitieux Summer Wars. Si l’animation est superbe, investissant le cœur piéton de Tokyo, les circonvolutions du scénario dérivant vers le manga pourraient faire oublier les sommets précédents, humbles et bouleversants que les personnages avaient atteints lors du combat tant attendu. Mais cela reste un détail.
La maturité a du bon. A 48 ans, Mamoru Hosoda réalise son chef-d’œuvre, et le regard sur la progression patiente de ses précédents films laisse présager de la suite dans son talent.
Est-ce adapté à un môme de 6 ans et demi? | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 18 Jan 2016 - 20:53 | |
| - Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
- Nulladies a écrit:
Les fils sans homme
L’argument principal du Garçon et la Bête n’avait rien de surprenant, après la belle réflexion proposée par Les enfants loups : Hosoda approfondit le lien entre humains et animaux, les délaissant du père, dans la perspective d’en définir les singularités. La cohabitation secrète de deux mondes est un lieu commun dans les contes : l’incursion du jeune garçon dans l’univers animal rappelle en cela la magie de Chihiro, après une séquence d’ouverture flamboyante dans tous les sens du terme, et les différences d’époque entre les deux évoquent l’une des pistes intéressantes de Lastman. Mais à la différence de ses précédents opus, le temps que prend l’animateur est surtout dévolu à asseoir la relation entre le jeune garçon et son maitre, un ours rustre condamné à avoir un disciple pour pouvoir concourir à la succession au pouvoir. C’est là le cœur du film : la relation tumultueuse entre les deux générations, trop semblables pour cohabiter en harmonie. Autodidactes, esseulés, gueulards, les deux fortes têtes instaurent un manège de décibels et de course poursuite d’un comique irrésistible, où la force dont on fait la quête se situe au départ dans la capacité qu’on a à répliquer avec insolence ou rabrouer brutalement. L’initiation est bien entendu semée d’embûches : comme dans Dragons, mais avec bien plus de subtilité encore, il s’agit d’apprendre à enseigner, ou à devenir un élève humble, s’entraider dans cette hostile odyssée qu’est la vie sociale. Avec une infinie délicatesse, Hosoda trace les lignes de la maladresse ou esquisse la danse de l’imitation, dans une séquence magnifique où le garçon reproduit en cachette chaque geste de la bête pour tenter de lui ressembler. Le monde dans lequel évoluent Ren et Kumatetsu est en outre peuplé d’êtres secondaires d’une rare pertinence narrative : les deux « sages », le singe et le cochon-bonze, commentant leurs débuts difficiles, le seigneur de la ville, un lapin facétieux, et la famille rivale candidate au pouvoir permettent la distillation d’une philosophie qui évite tous les pièges du didactisme. Au fil de l’intinitation, et notamment d’un court voyage auprès des grands sages du royaume, l’animation déploie des talents bigarrés, alternant entre une peinture traditionnelle et des séquences à l’animation très sophistiquée, de combats, de traversée d’une foule animale à hauteur d’enfant, ou d’attaque de baleine de pluie . Cette simple quête de la maitrise de l’énergie jusqu’au combat final se suffirait à elle-même. Mais Hosoda n’a pas écrit l’histoire d’une fuite, et fait revenir Ren dans le monde des humains pour une série de va et viens qui va complexifier son apprentissage, entre paternité, amour et ouverture à l’apprentissage humain, c’est-à-dire intellectuel. Sur sa dernière tranche, le film ajoute une dernière exploration de la part d’ombre inhérente aux hommes, la haine et le ressentiment, faisant intervenir un antagoniste dans une surenchère qui n’était pas forcément indispensable, et rappelle la difficulté qu’il avait à terminer l’ambitieux Summer Wars. Si l’animation est superbe, investissant le cœur piéton de Tokyo, les circonvolutions du scénario dérivant vers le manga pourraient faire oublier les sommets précédents, humbles et bouleversants que les personnages avaient atteints lors du combat tant attendu. Mais cela reste un détail.
La maturité a du bon. A 48 ans, Mamoru Hosoda réalise son chef-d’œuvre, et le regard sur la progression patiente de ses précédents films laisse présager de la suite dans son talent.
Est-ce adapté à un môme de 6 ans et demi? J'ai pas emmené le dernier qui a 7 ans, je savais pas trop. C'est long quand même, 2 heures, mais c'est compréhensible et pas violent ou éprouvant. Maintenant faut voir sa tolérance. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 19 Jan 2016 - 6:41 | |
| Panic in the moonlight Ce serait évidemment une erreur que de réduire ce film à son principal argument de vente, à savoir qu’il est constitué d’un unique plan séquence de deux heures et quart. Si l’on s’en tenait à cette seule dimension technique, on le saluerait comme un chef d’œuvre. Car la prouesse est réelle, et on a beau vouloir se concentrer sur ses autres qualités (et défauts, bien entendu), le mouvement continu de sa narration ininterrompue constitue un élément inévitable, qui alimente la tension qu’un récit assez pauvre, convenons-en, veut générer. Victoria fait partie de ces films qu’on devrait voir sans rien en savoir, pour l’apprécier à sa juste valeur et sans s’accrocher à sa clinquante déclaration d’intention. La première séquence, floue avant une mise au point progressive sur la protagoniste fonctionne sur le même principe que celle qui ouvrait Le fils de Saul : elle exhibe clairement son dispositif, et cette déclaration un peu frimeuse peut éblouir autant que rendre prudent quant à sa capacité à se transformer en cache-misère. La première partie sait pourtant allier avec talent forme et fond : ce poursuite continue dans une after de jeunes écervelés épouse à merveille leur errance dilettante, et le trajet à vélo flirte un moment avec la poésie mélancolique d’Oslo, 31 aout. Le rapprochement des deux protagonistes, sur le mode rom com, est lui aussi plutôt convaincant dans son authenticité et par l’audace avec laquelle il s’empare du temps réel : instant suspendu, durée sacrée dans la nuit, il rapproche les êtres rendus complices par cette faille temporelle. Mais cela ne suffit pas à Sebastien Schipper, qui avoue d’autres ambitions : quitte à faire un film, autant tout y mettre, et la première fait en réalité office d’introduction à un thriller sur le mode Braquo ou 24 heures. Bien entendu, son parti pris technique est en cohérence avec un tel traitement, modifiant le rythme pour lui donner des allures de course folle, en voiture, sous les balles ou dans le sang. Le fait d’avoir fait intimement connaissance avec les personnages donne d’ailleurs un certain crédit à leur chute, même s’il faut s’armer d’une grande tolérance pour accepter la stupidité de chacun de leur choix. On pourra mettre ça sur le compte de la drogue qu’il consomme, et qui elle-même influera sur la frénésie du film, avec un retour dans la boite initiale qui donne une illusion de victoire assez intéressante, parce qu’on la sait bien entendu éphémère. La bêtise de la jeunesse et les conduites ordaliques n’excusent cependant pas tout. Alors qu’on était embarqués depuis le début, et que tout le principe du film consiste à faire tenir ce filon d’une ligne étirée à l’excès, les grossières ficelles accrochées à la rescousse brisent l’illusion initiale. Le braquage en hors champ est une idée intéressante, mais la course mortelle sur le mode des amants criminels à la fois poussive et lassante, multipliant les traquenards et les méthodes à l’américaine pour s’en sortir. La prouesse reste entière : comme devant un spectacle live ou un numéro de cirque, la tension de la performance infuse clairement le projet. Elle ne suffit pas à ce qu’on s’aveugle devant ses manquements et ses facilités, mais nourrit une expérience méritante. | |
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| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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