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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 24 Nov 2015 - 6:39

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 SCIAMMA_Celine_2014_Bande-de-filles_00

Entre les dures.

Entre Naissance des pieuvres et Bande de filles, il n’y a qu’un pas, mais il est de taille : la prétention à servir un discours sociologique. Dans son premier film, Céline Sciamma traitait aussi de l’adolescence féminine, des repères fragiles propres à cet âge, de la découverte de l’amour. Les choix étaient identiques dans l’absence ostentatoire des adultes, et les décrochages poétiques par des instants de grâce musicale, une caméra rivée à ses personnages et traquant les moindres inflexions de ces êtres à fleur de peau.
Autour de son héroïne, la splendide et magnétique Karidja Touré, Sciamma dresse une cartographie par cercles : la famille, la bande, puis le crime. Si les scènes de groupe fonctionnent plus ou moins, la trajectoire et la métamorphose de la protagoniste convainquent dans son jeu et son apparence davantage que par les étapes du récit. Assez sommaire, il fait succéder à l’amitié l’amour, qui salit sa réputation et la fait basculer dans la vente de drogue. Tout cela est d’une limpidité assez déconcertante, et le film navigue maladroitement entre plusieurs directions. S’il s’agit d’un aperçu de la condition féminine en banlieue, il est grossier : mère au foyer ou criminelle, il faut choisir. S’il s’agit d’un film arty à grand renfort de séquences musicales, c’est inégal, parce que plombé et sans grande cohérence dans l’équilibre général.
Il ne suffit pas de capter des instantanés d’une jeunesse débridée pour faire un film : séquences d’insultes, fight clubs locaux ou rire au minigolf, la frontière est ténue entre l’aspect documentaire et authentique, sur les traces d’un Kechiche, et la surécriture qui pourrait virer à la condescendance.
C’est là ce qui gêne le plus : cette incapacité à choisir entre l’esthétisme chic et le propos choc. La photographie est souvent très belle, et la ville nocturne admirablement restituée. Le visage de la comédienne sublimé, et la musique choisie avec soin.
Ce qu’il faudrait, en somme, c’est qu’on ne s’embarrasse pas à nous raconter quelque chose, et encore moins à nous démontrer quoi que ce soit.

Céline Sciamma ferait d’excellents clips.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptySam 28 Nov 2015 - 6:30

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 Affiche2

Lenteur et décadence.

Nous voici donc au cœur du sujet : Les Deux Tours peut se reposer sur la majestueuse exposition de La Communauté de l’anneau et se tendre vers son objectif, la première grande bataille du gouffre de Helm. Entre les deux, la narration change et toute une dynamique de l’expansion se met en place. La dissolution de la communauté permet en effet une fragmentation du récit qui voit les différents protagonistes alterner des quêtes parallèles, donnant l’occasion aux différents peuples de prendre position face aux enjeux de plus en plus amples. Les alliances permettent ainsi de rendre visite aux différents royaumes humains, le Rohan et Gondor, d’évoquer les tensions entre elfes et nains, tout comme les peuples rejoignant les forces obscures, dont l’organisation semble implacable

Le récit est non seulement choral, mais il recourt aussi aux flashbacks, notamment dans la relation entre Aragorn et Arwen, ou la fratrie Faramir & Boromir. C’est dans ces divers méandres que la version longue arrive à certaines limites : très discursive, elle plombe la dynamique générale, s’encombre de répétitions, de récapitulations inutiles qui donnent par instant le sentiment de voir plusieurs épisodes d’une série à la suite. On peut d’ailleurs s’amuser à constater à quel point la lenteur des Ents qui exaspère Merry et Pippin peut faire figure de mise en abyme sur le récit général…

L’un des points centraux de ce deuxième volet est l’arrivée de Gollum : le trio formé par cette créature avec Frodon et Sam apporte une véritable richesse psychologique : la schizophrénie de cet être consumé par l’anneau, l’empathie de Frodon et la défiance de Sam, les ravages causés par les hommes, encore eux, sur celui qui aurait pu s’en sortir permettent un écho habile à la quête générale et aux agitations des foules. La créature, entièrement de synthèse, est une véritable prouesse qui permet, pour la première fois, la coexistence d’une véritable expressivité sentimentale d’un visage avec les mouvements du corps.

La marque de fabrique de Jackson fonctionne à plein régime : les décors naturels sont grandioses et la progression dans l’espace fédère tous les personnages, des marches collectives sur la lande à la trajectoire de plus en plus laborieuse de Frodon, entre marais, montagnes et forêts profondes. La nature est toujours un protagoniste de choix, et sert d’écrin de luxe à la fantasy qui se marie avec elle à la perfection, pour des images le plus souvent saisissantes, comme l’irruption du Nazgül et de son dragon sur les murailles en ruine.

Le mérite de la longueur est bien entendu de préparer à la bataille finale, cet apogée temporaire qu’est le gouffre de Helm. L’attente est certes languissante, mais les promesses sont tenues. L’armée de dix mille uruk-hais dans la nuit pluvieuse est d’une épaisseur jamais atteinte auparavant, et l’assaut de la forteresse, les travellings le long des murailles gérés à la perfection par un Jackson omniscient, tant dans les pastilles de détail que l’embrassement épique des plans généraux.

Tout est donc réussi : le premier opus a permis à l’univers de s’imposer et aux personnages d’exister, le deuxième de complexifier l’ensemble et d’exhaler un souffle épique sans commune mesure.

Nous voilà donc prêts pour l’expansion totale et grandiose de tous ces éléments : Le Retour du Roi.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptySam 28 Nov 2015 - 6:31

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 Le-retour-du-roiretour-du-roi-

Bavards du crépuscule

Alors que Les Deux Tours proposait de réels changements de directions avec la dynamique de La Communauté de l’anneau, le Retour du roi souffre a priori d’une certaine redondance avec le chapitre précédent : prolongation du trio Frodon/Sam/Gollum, répétition de la structure convergence et fédération des deux camps avant la grande bataille finale, qu’elle soit de Helm ou de Minas Tirith.
C’est donc sur le principe de l’expansion que va s’organiser ce chapitre final. Toujours puissamment organisé sur une exploration de l’espace, c’est entre les pôles de Minas Tirith, Minas Morgul et le Mordor que se poursuit la quête, dont l’emphase s’exprime avant tout par la verticalité : les prises de vues sont vertigineuses, du surplomb de la cité blanche sur la plaine ou de la montagne à gravir pour Frodon. La maitrise de Jackson est ici à son apogée, et occasionne des tableaux grandioses, de la succession des feux d’alarmes sur tout le territoire au jeu des échelles entre les individus et les imposantes structures dans lesquelles ils se débattent, notamment dans la chute de Denethor en torche humaine ou l’avancée de son fils sous les flèches d’Osgiliath. Cet équilibre entre le pathétique et le spectaculaire est la grande réussite du film, celle qui justement fera défaut à la trilogie du Hobbit, totalement inféodée à la surenchère vidéoludique.
Certes, on pourra tout de même reprocher certains excès. Gandalf, en narrateur pour bande-annonce, intervient plus que de raison pour annoncer de façon solennelle que « l’échiquier se met en place », ou autres variantes du même type. Les délires de Denethor et son bûcher viennent alourdir une action déjà bien dense, et certaines conversations pourraient être abrégées.
Mais la longueur est une nouvelle fois au service de la tonalité générale, bien plus sombre que pour les deux premiers opus. A mesure que convergent mercenaires, orques et mûmakils, la fragilité humaine ses failles se dévoilent : dans la collectivité incapable de solidarité, parmi les individus, du père indigne à l’ami bafoué, Sam, véritable héros au cœur pur.
C’est sans doute la raison pour laquelle on insiste tant sur le rôle des minorités dans le futur combat, de dame Eowyn à Merry, qui insufflent par leur foi l’épaisseur humaine et l’énergie du désespoir. Si la première bataille déchaine tout l’attendu du film épique, la dernière, sacrifice désespéré en écho à la déchirure vécue par Frodon face à la fin de l’anneau, parvient à insuffler la noirceur des forces assaillantes.
La lutte prend des proportions cosmiques : c’est la montée en spirale sur les forteresses blanches de la ville, la rivalité entre la lourdeur d’un côté (les Nazgûl, l’extraordinaire bélier contre la porte, les catapultes) et l’agilité de l’autre (la féminité d’Eowyn, la grâce volatile de Légolas, l’immatérialité brumeuse de l’armée des morts).
On n’épiloguera pas sur l’épilogue qui s’éternise.
Il fallait tenir les promesses d’une escalade dans l’épopée, d’une constance dans l’humanité des personnages et dans l’effroi suscité par cette attraction maléfique : Le Retour du Roi est à la hauteur de ses multiples quêtes.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptySam 28 Nov 2015 - 8:42

cheers
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyDim 29 Nov 2015 - 6:49

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 3700173218697_1_75

L’étreinte glorieuse.

On est aujourd’hui familiers de l’hétérogénéité générique de la carrière des frères Coen, qui se baladent avec la même aisance entre la comédie et le film noir, les délires psychédéliques et l’introspection. En 1993, le public et la critique le sont bien moins, et l’après Barton Fink en déconcerte plus d’un.
La Grand Saut a tout d’une fable de Noël, s’inscrivant délibérément sur les traces de Capra et de sa Vie est belle, et dans la veine du screwball, atténuant la puissance émotionnelle du modèle. Les personnages sont des archétypes, la tonalité est bon enfant et l’intrigue suffisamment tirée par les cheveux pour qu’on n’aille pas lui reprocher ses ficelles. Le recours à un narrateur le confirme, et à plus forte raison une scène assez délicieuse où deux piliers de bar commentent les manœuvres éculées de la journaliste pour se faire remarquer par le pigeon qu’elle veut ferrer, joli exercice de mise en abyme ou les cinéastes paient leur tribu à toute une tradition de l’âge d’or du film noir.
C’est d’abord par son énergie folle que le film se distingue : assumant pleinement leurs rôles caricaturaux, les comédiens s’en donnent à cœur joie pour être à la hauteur : c’est particulièrement vrai pour Jennifer Jason Leigh, au débit de compétition, à la fois garçonne dans un monde d’homme et femme en devenir, face à la jovialité crétine d’un Tim Robbins élastique comme Jim Carrey et le cynisme au cigare du patriarche Paul Newman.
L’intrigue comporte son lot attendu de comique de situation, de mensonges et d’émotion bon en enfant, le tout quasiment dénué de temps mort, multipliant la galerie de personnages truculents comme on en voit depuis les origines chez les frangins, notamment dans Miller’s Crossing.
Mais la véritable jubilation du film est ailleurs : c’est avant tout un exercice de style visuel. Dans un New York expressionniste évoquant le Metropolis de Lang, les frères Coen se régalent. Tout est forme, et l’espace démesuré devient un personnage à part entière, de cette table rutilante, piste d’envol vers le vide au bureau donnant sur l’horloge, de ces vides hyperboliques, signes extérieurs de richesse et indices d’angoisse profonde. Le motif du cercle, gimmick assez génial sur l’invention à venir, sature toutes les étapes du récit et ajoute au fantasque des personnages une fantaisie plastique en tout point savoureuse.
Car la combinaison de cette gestion spatiale et du tempo confère au film une force de frappe redoutable, en témoignent ces scènes maitresses de la fabrication du hula hoop : à la fois satire de la bureaucratie et ode au marketing naissant de la fin des 50’s, le film oscille entre la perfection plastique du Playtime de Tati et la charge baroque du Brazil de Gilliam.

On aurait donc bien tort de considérer ce film comme une pochade mineure dans la filmographie des frères Coen. S’il est certes moins ambitieux ou âpre, moins acide ou grave que leurs plus grands chefs-d’œuvre, il est le témoignage d’une jubilation cinématographique dont peu d’auteurs peuvent se vanter.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyLun 30 Nov 2015 - 3:32

Pour moi c'est leur meilleur, à égalité avec Miller's Crossing, et leur plus ambitieux au contraire, autant dans l'univers visuel qu'il arpente que dans la symbolique psychologique voire métaphysique que tu soulignes bien. Car derrière le coté bon enfant c'est une encore une fable sur le vide existentiel d'autant plus bouleversante que le contraste entre la caricature générale et les rares moments de vérité des personnages est grand : cf. le dialogue entre T Robbins et JJ Leigh dans l'horloge notamment. C'est d’ailleurs quelque chose qu'ils vont creuser dans leurs films selon moi les plus sous-estimés et qui personnellement me touchent énormément, Burn After Reading et surtout Intolérable Cruauté.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 1 Déc 2015 - 6:52

Burn after, je te suis moins pour le coup. Peut-être sur les thèmes, mais visuellement, c'est beaucoup moins travaillé. Intolérable Cruauté est pour bientôt.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 1 Déc 2015 - 6:53

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 19528863

Deux hommes en colère

Pour son premier opus, Ridley Scott s’essaya d’abord au film historique avant de se révéler sur la SF par les deux pièces maitresses Alien et Blade Runner. Deux ans le séparent du monument Barry Lyndon, et le moins qu’on puisse dire, c’est que son influence est patente. La verdure de l’herbe, les chemins sinueux et ocre, la composition des cadres ou le zoom arrière sur des natures mortes, la voix off, tout semble rendre hommage au maître, sans qu’on y voie pour autant une flagornerie gratuite. Car en adaptant Conrad, le réalisateur choisit un sujet à la mesure de ces ambitions plastiques.
Les duellistes marque une nouvelle exploration de l’auteur d’Au cœur des ténèbres de cette folie qui peut gagner ces étranges créatures qu’on nomme les hommes. Soit un duel au motif futile qui va gangréner quinze ans de la vie de deux officiers, à partir de 1800. Puisque l’honneur prévaut, on ne se dérobe pas à ce protocole qui toujours tourne court, puisque l’on s’obstine à ne pas mourir, et toujours se rappelle à ces deux rivaux qui se croisent dans les tourments de l’Europe, notamment au fil des campagnes napoléoniennes.
Mêlant habilement l’histoire de ces individus à l’Histoire qu’ils alimentent ou subissent, le récit prend un malin plaisir à les voir s’empêcher mutuellement d’avancer. Alors que l’un, Féraud (Harvey Keitel, insolent de fierté), ne cesse de provoquer les combats, l’autre tente de fuir sans pouvoir pour autant renoncer au code de l’honneur qu’il défend, allant jusqu’à compromettre carrière opportuniste et mariage de raison. Dans ce duo malsain, nul n’est plus à blâmer que l’autre, puisqu’on peut opposer l’acharnement stupide du premier aux compromissions du second, devenu royaliste à la chute de leur idole initiale, Napoléon. Magnétisés l’un par l’autre, épris d’un respect haineux, ils sont l’incarnation de cette impossible synthèse entre raison et passion, tourments individuels et protocole.
Sur cette ligne claire, Scott compose une partition de toute beauté. Déclinant tous les duels possibles, à l’épée, au sabre, au fleuret, aux pistolets, dans la neige ou des ruines brumeuses, en forêt ou des caves voûtées, il ponctue son film de ce rendez-vous funeste avec une plasticité virtuose, tandis que les rivaux s’épuisent, s’abiment dans cette égalité tragique. Et, comme en guise d’équilibre, il dissémine quelques touches ironiques venant écailler le vernis des conventions, de l’éternuement de d’Hubert au moment de présenter les armes à une demande en mariage perturbée par des chevaux.
A mesure que le film avance, chaque duel peut être le dernier, et la tension s’accompagne d’une attention toujours plus prégnante au décor. La séquence finale, entre forêt et château en ruine, est d’une splendide symbolique, entre un retour à l’état de nature par la sauvagerie des instincts, et la traversée d’un monde médiéval déjà disparu, dont on tient pourtant ce genre de code obsolète.
La résolution est à la mesure de la finesse psychologique disséminée au fil de ces deux décennies.

Spoiler:

Echec du code, victoire de la vie, ou demi-mesure d’individus qui ne sont plus à la hauteur de l’héroïsme romanesque dont ils se réclamaient ? C’est bien dans cette finesse trouble, qui rejoint là encore bien des thèmes du séminal Barry Lyndon, que se joue la grandeur malade des Duellistes.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 1 Déc 2015 - 7:36

Nulladies a écrit:
Burn after, je te suis moins pour le coup. Peut-être sur les thèmes, mais visuellement, c'est beaucoup moins travaillé. Intolérable Cruauté est pour bientôt.  

Non visuellement rien n’égale cette période dans leur filmo, celle qui va de Miller's Crossing au Grand Saut en passant par Barton Fink. Mais Burn After Reading m'avait beaucoup impressionné pour sa mise en abime du néant existentiel des personnages via le scénario et sa capacité à nous faire ressentir la détresse de ces benêts conscients par moments de leur propre incapacité à trouver un sens à leur vie et à établir une vraie relation avec qui que ce soit faute d'avoir quoi que ce soit de profond à partager, si ce n'est avec quelqu'un d'aussi désespérément vide qu'eux mêmes. Et tout ça comme à l’accoutumée sans le moindre mépris pour ces personnages que les Coen observent avec autant de tendresse et de tristesse que de jubilation. Finalement c'est la quintessence thématique de leur œuvre.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 29 Déc 2015 - 6:46

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 Ex-Machina-affiche

Inhuman after all.

Sur le terrain à la fois balisé et glissant des films sur l’intelligence artificielle, Ex Machina est une jolie surprise. Non pas tant par son originalité, puisqu’on y retrouve un grand nombre des attendus pour un tel sujet, mais par la façon dont il parvient à les traiter.
Alex Garland, pour son premier film, semble opter pour une forme de modestie, qui rappelle par bien des aspects celle de Duncan Jones dans Moon : huis clos à quatre personnages, le récit explore un labyrinthe architectural de toute beauté, et occasionne quelques respirations plus ou moins mensongères dans une nature luxuriante qu’on croirait sortie des îles paradisiaques de Jurassic Park.
Rivée à ce test de Turing qui ouvrait le modèle indépassable de Blade Runner, l’intrigue est maline dans le sens où elle ne cesse d’exhiber, dès le départ, toutes ses ficelles : il s’agit bien de confronter l’homme et la machine, les rapports entre concepteur et employés sont troubles dès le départ. L’I.A. n’a en ce sens rien à voir avec la voix somptueuse de Scarlett dans Her ou le visage angélique d’Osment dans A.I. : sa nature robotique est clairement montrée, tout comme l’univers carcéral, saturé de vidéo surveillance, jette le trouble sur les conditions de l’expérience.
La progression du récit suit des sentiers connus, voire galvaudés, et laisse un temps craindre la lassitude. Ce n’est pas tant l’idylle naissante entre l’individu et la créature, sujet attendu, qui fascine, que la figure du concepteur, un Oscar Isaac assez méconnaissable et redoutable. Ses certitudes, sa froideur, ses discours occasionnent des réflexions assez pertinentes sur ce qui fait l’humanité, de l’absence contrôlée de contrôle de Jackson Pollock face à sa toile à la soumission librement consentie de tous les utilisateurs de moteurs de recherche. Point culminant de cette figure du Dr Frankenstein, une scène de danse aussi charnelle que glaciale, admirablement gérée dans son déséquilibre malsain.




Puisqu’on ne nous la fait pas, et qu’on nous annonce dès l’entrée la manipulation, tous les cas de figure sont envisagés. L’intelligence du film n’est pas tant de nous surprendre que de jouer avec nos clichés, tout comme l’IA joue avec ceux de Caleb : avant lui, nous pensons qu’il pourrait lui-même être un cyborg. Avant lui, nous comprenons qu’il n’y a pas eu de loterie pour le choisir. Mais c’est justement ce jeu du plus malin qui enferme le protagoniste comme les spectateurs, et les faux semblants sont autant de chausses trappes qui laissent libre cours à la véritable intelligence, celle dénuée de sentiments, ou sachant composer avec eux pour parvenir à ses fins.
De ce point de vue, si la fin abuse un peu des twists, elle converge vers une beauté trouble tout à fait intéressante, à l’inverse des films traditionnels sur le sujet : c’est la conquête par le robot d’une humanité d’apparence, l’habillage par la peau, et la sortie vers le vaste monde, un carrefour où fourmillent les cobayes, ces individus que les machines considèrent déjà comme des primitifs.
Intelligent dans sa mise en scène, efficace dans sa claustrophobie, intéressant dans ses débats, Ex Machina est l’une des belles réussites de 2015.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 29 Déc 2015 - 10:07

cheers beaucoup aimé aussi. Et toujours pas vraiment remis de cette scène où les couteaux pénètrent la chair au ralenti comme dans du beurre... Effectivement aussi morbide que les films de Duncan Jones.

A un moment j'ai pensé que c’était Nathan le cyborg soumis au test... fabriqué à l'image de son créateur, et Caleb le seul humain lâché dans ce bazar. Mais j'ai sans doute l'esprit tordu.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 29 Déc 2015 - 21:37

RabbitIYH a écrit:
cheers  beaucoup aimé aussi. Et toujours pas vraiment remis de cette scène où les couteaux pénètrent la chair au ralenti comme dans du beurre... Effectivement aussi morbide que les films de Duncan Jones.

A un moment j'ai pensé que c’était Nathan le cyborg soumis au test... fabriqué à l'image de son créateur, et Caleb le seul humain lâché dans ce bazar. Mais j'ai sans doute l'esprit tordu.

Very Happy Pas mal comme théorie, j'étais pas allé jusque là ! En effet, la scène des couteaux est diablement efficace...
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 29 Déc 2015 - 22:07

Whiplash Film marquant, dur, fort sur l'exigence. Amateurs de jazz, batteur en herbe ou émérite, ce film est pour vous.

n.b : j'ai pensé à toi Azbine, vieux frère, à de multiples reprises pendant ce film. bisous !
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMer 30 Déc 2015 - 7:04

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 Absolutely_Anything

Absolutely insipide

Il fallait rien de moi que (feu) les Monty Python pour penser à un tel argument marketing, et me pousser à voir cette petite chose oubliable : mettre leurs voix sur des aliens géants décidant du sort du monde pour nous faire croire, avec leur réalisateur, qu’ils étaient peut-être de retour aux affaires.
Le pitch lui-même est déjà éculé : le coup de l’omnipotence, on l’avait déjà mal fait, avec Bruce Tout Puissant, et d’une façon un peu plus acide avec l’injustement oublié Bedazzled. Absolutely Anything lui emprunte d’ailleurs les rares moments qui peuvent prêter à sourire, à savoir la façon dont les vœux sont interprétés s’ils sont formulés de façon ambivalente, comme le corps d’un grand homme (Einstein au lieu d’un chippendale), se retrouver à l’intérieur d’un bus, c’est-à-dire dans son moteur, etc. C’est bien peu au regard du reste. Romance pourrie, ancienne conquête envahissante comme transparente copie d’un personnage insistant dans Un poisson nommé Wanda, pote en carton, blagues potaches (la crotte de chien qui fait un plongeon, la bouteille qui retourne au magasin, les clichés sur les gays, le sexe démesuré…) scénario inintéressant au possible… Rien ne sauve cette prestation paresseuse et dénuée de toute inspiration.

Ah, si, les conversations avec le chien peuvent avoir un charme certains. On aurait pu un faire un sketch youtube, en somme.

Et de me dire que ça fait une sacrée paye que je n’ai plus ri au cinéma, tiens.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMer 30 Déc 2015 - 7:08

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 The_Smell_of_Us

Smells like mean spirit

Que faire de ça ?
Telle est la question. The Smell of us nous est présenté comme une œuvre, considérons la comme telle. On y verra un film destructuré, destructeur, qui prend en charge dans sa forme la conduite même des personnages qu’il accompagne : ordalique, alcoolisée, camée, déflorée. On y comprendra le « travail » opéré sur la thématique du regard, à travers ces poupées de cires, ces visages de statues, et l’obsession du voyeurisme par ce personnage muet de coryphée filmant toutes les scènes avec son portable. On y notera le traitement de l’image, volontairement crade et punk, le jeu sur la laideur numérique où les corps s’effondrent (où l’on perçoit un écho avec la partie parlée Ugly-Pretty de Christine & the Queens) pour une esthétique à la fois documentaire et volée. On prendra en compte cette tentative de capter sur le vif une jeunesse sans la juger, dans toutes ses contradictions, sa vigueur par le skate, sa liberté vénéneuse par une sexualité débridée qu’on croit pouvoir ou devoir pratiquer sans barrière pour affirmer sa liberté. On subira, en contrepoint, celle des vieux qui tentent, grâce au fric, de reprendre contact avec cet élixir de jouvence, offrant leurs chairs flétries et leur rire carnassier, leurs bouches avides de pomper la jeunesse cynique et quasi consentante.
Alors ce serait ça : le profond dégoût dirait le tragique de la fuite du temps ? Les ravages d’une génération perdue, dissoute dans le fric trop facile et le sexe débridé ?
Non.
La forme chaotique ne dit pas uniquement, en forme de hurlement punk, que le chaos règne. Elle dit le bordel d’un tournage en forme d’expérimentation malsaine, elle dit la manipulation, elle suinte l’ambivalence de plans qui ne prennent nulle distance avec le regard d’un homme de 72 ans sur des sujets soumis à son bon vouloir. Certains sont allés jusqu’à saluer l’audace du réalisateur (dont c’est le premier film que je vois) qui représenterait sans fard sa part d’ombre, se mettant en danger, etc. Dans un roman, je veux bien. Mais avec des comédiens aussi juvéniles, c’est plus que dérangeant, il suffit de lire leur témoignages pour s’en convaincre. D’autant que le montage ne conduit à aucun propos, et fait des jeunes des complices davantage que des victimes, n’en déplaise à un suicide ou une scène de pleurs, un inceste terrifiant… Il ne suffit pas de tourner et regarder ce que ça donne, en détruisant un scénar au gré de délires voyeurs, déguisant le dilettantisme sous les oripeaux du film indé.
Alors non.
Sur les amours adolescentes sans idéalisation, on aura La vie d’Adèle, sur la destruction cynique postmoderne, à la rigueur Palo Alto ou Bande de filles, leur rapport à la drogue, Candy, leur tentative de s’initier à l’amour, Elephant, Virgin Suicides, Naissance des pieuvres ou Trois souvenirs de ma jeunesse. Sur la pédophilie, on pourra prendre en compte les vaillantes tentatives d’Araki dans Mystérious Skin.
Ce sont à chaque fois des œuvres de fiction portées par un(e) cinéaste en empathie avec ses personnages et les comédiens qui les incarne, quitte à les bousculer comme le fit Kechiche. Mais c’est bien là la différence majeure avec ce projet dont les intentions avouées ne peuvent que se conclure sur un rejet radical.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMer 30 Déc 2015 - 7:38

Pas encore vu mais au regard de ce qu'on en lit un peu partout c'est surement pas le meilleur bout pour aborder l’œuvre de Larry Clark, qui avec Ken Park et Another Day in Paradise (respectivement plus entomologiste et plus "romanesque") compte au moins deux CO de la trempe d'un Elephant ou d'un Mysterious Skin. Nombreux sont les auteurs que tu mentionnes à s'inspirer de Larry Clark je pense, y compris Gus van Sant avec un film comme Paranoid Park donc il serait dommage de faire trop de raccourcis entre ce qui ressemble au film de trop de la part d'un vieux bonhomme prêt à toutes les extrémités pour ressentir encore un instant les passions de l'adolescence et la personnalité d'un auteur qui en effet parle avant tout de lui-même, mais surtout de sa propre adolescence. Kids ou Ken Park ne sont certainement pas moins extrêmes mais peu de cinéastes ont su capter avec autant de vérité le désarroi rentré d'une jeunesse abusée qui n'a d'autre choix pour se sentir vivante qu'abuser à son tour (des drogues, du sexe, de la violence, des autres ou d'elle même...). Bully est pas mal aussi sinon, mais plus convenu.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMer 30 Déc 2015 - 7:46

Bon, je veux bien réessayer les deux CO que tu mentionnes. Je sais bien que ce type est considéré comme une pointure, mais je t'assure que c'est vraiment éprouvant, surtout quant tu tiens compte de ce que racontent les jeunes comédiens.
J'attendrai un peu que ça décante, ça va pas être pour tout de suite.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMer 30 Déc 2015 - 11:10

KIDS, superbe BO à écouter !

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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptySam 2 Jan 2016 - 7:07

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Un bruit de foule, trop saoule et qui souille…

The Chase commence comme bon nombre de films, sans nous préparer à son véritable sujet. Film d’évasion, il suit dans un premier temps le périple de Bubber Reeves, incarné par un Robert Redford qu’on s’attend à être la star de l’intrigue, accusé à tort d’un tort d’un meurtre commis par un comparse.
Le montage parallèle se met alors en place avec sa ville natale qu’il va probablement tenter de rejoindre. C’est l’occasion pour Penn, deux ans avant le coup d’éclat de Bonnie & Clyde, d’un premier panorama sur la société supposée représenter l’ordre en contrepoint au criminel. La ville se résume à un homme, Val Rogers, dont le nom est sur toutes les lèvres et toutes les enseignes, et qui possède par sa fortune toutes les institutions. Le shérif, sont employé contraint dont le seul désir est de pouvoir racheter sa terre spoliée, est campé par Marlon Brando, qui parvient à restituer avec force cet héroïsme castré, entre une épouse compréhensive et une justice impossible à rendre dans un monde corrompu jusqu’à la moelle. Accusé d’impartialité par les uns, mis sous pression par les autres, il n’a d’autre choix que de passer du représentant de l’ordre au justicier.
Car la ville est une jungle sauvage : les forêts ou les décharges dans lesquelles se terre le fugitif semblent des havres de paix en regard des tableaux que Penn dresse de la société texane. L’arrivée imminente de Bubber Reeves a tout du révélateur, et chacun semble avoir à se reprocher quelque chose par rapport à ce retour : des parents démissionnaires, harcelés par les vénéneuses bigotes du quartier ; son épouse, désormais maitresse du fils du magnat local ; et, surtout, la foule, ravie de voir surgir une ébauche de frisson pour ce samedi soir qui s’annonce différent des précédents.
Penn filme la décadence avec une vigueur rare : deux ans avant The Party de Blake Edwards, la fête chaotique a trouvé son pendant cynique. Beuverie veule durant laquelle on révèle les infidélités, les relents racistes et le capitalisme triomphant, la société chorégraphie avec une lucidité ironique sa chute sans fin. Le travail sur le groupe, le passage d'un individu à l'autre occasionne une mise en scène très maitrisée, qui ferait presque penser à celle de Tati dans Playtime, à la différence près qu'elle est ici au service d'un propos ravageur.
Sur ce terreau délétère, la mise en place de la phase suivante est désormais attendue : celle du lynchage. La foule grandit, et fédère désormais la ville entière qui vient assister à la tragédie intime, voire la souiller. Le refus du shérif à se laisser corrompre par la mère du fugitif est aussitôt rendu public comme un signe de partialité devant une foule filmée avec effroi, avide de spectacle, chewing gum et soda aux lèvres. De la même manière, le triangle amoureux se voit interrompu par la vindicte populaire et un incendie cathartique qui rappelle le formidable Fury de Lang, ou la vision du Sud de Mississippi Burning.
La justice n’existe plus, seule la haine s’exprime, annonçant le pessimisme noir de Peckinpah dans Les Chiens de Paille. Et si le shérif mène à bien sa mission, c’est pour involontairement perdre celui dont il garantissait la sécurité sous l’égide d’un Etat totalement démissionnaire.
Penn n’était pas tendre avec son film, dont le montage final ne le satisfaisait pas. S’il accuse certains petit excès démonstratifs, c’est pourtant un formidable brûlot, très théâtral, sur la victoire de la médiocrité par le plus grand nombre, et celle du renoncement face à l’intégrité morale, et une représentation éclatante du changement de ton qui commence à se manifester à Hollywood au tournant des années 60.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptySam 2 Jan 2016 - 14:45

J'ai vu Noé hier. J'avais le souvenir que des potes m'en avait dis du bien. Mais là... Je ne comprend aucun des choix qui a été fait, sur le scénario, sur la réal, l'aspect visuel.
Autant Black Swan m'avait bien accroché, autant là, j'ai trouvé cela vraiment médiocre.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptySam 2 Jan 2016 - 15:02

UnderTheScum a écrit:
J'ai vu Noé hier. J'avais le souvenir que des potes m'en avait dis du bien. Mais là... Je ne comprend aucun des choix qui a été fait, sur le scénario, sur la réal, l'aspect visuel.
Autant Black Swan m'avait bien accroché, autant là, j'ai trouvé cela vraiment médiocre.


Ah oui, c'est bien de la merde. J'en avais fait un chapitre des arcanes, c'est dire... Shocked
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptySam 2 Jan 2016 - 15:16

Ah je vais aller me lire ça du coup Very Happy
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyDim 3 Jan 2016 - 3:48

Nulladies a écrit:
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Un bruit de foule, trop saoule et qui souille…

The Chase commence comme bon nombre de films, sans nous préparer à son véritable sujet. Film d’évasion, il suit dans un premier temps le périple de Bubber Reeves, incarné par un Robert Redford qu’on s’attend à être la star de l’intrigue, accusé à tort d’un tort d’un meurtre commis par un comparse.
Le montage parallèle se met alors en place avec sa ville natale qu’il va probablement tenter de rejoindre. C’est l’occasion pour Penn, deux ans avant le coup d’éclat de Bonnie & Clyde, d’un premier panorama sur la société supposée représenter l’ordre en contrepoint au criminel. La ville se résume à un homme, Val Rogers, dont le nom est sur toutes les lèvres et toutes les enseignes, et qui possède par sa fortune toutes les institutions. Le shérif, sont employé contraint dont le seul désir est de pouvoir racheter sa terre spoliée, est campé par Marlon Brando, qui parvient à restituer avec force cet héroïsme castré, entre une épouse compréhensive et une justice impossible à rendre dans un monde corrompu jusqu’à la moelle. Accusé d’impartialité par les uns, mis sous pression par les autres, il n’a d’autre choix que de passer du représentant de l’ordre au justicier.
Car la ville est une jungle sauvage : les forêts ou les décharges dans lesquelles se terre le fugitif semblent des havres de paix en regard des tableaux que Penn dresse de la société texane. L’arrivée imminente de Bubber Reeves a tout du révélateur, et chacun semble avoir à se reprocher quelque chose par rapport à ce retour : des parents démissionnaires, harcelés par les vénéneuses bigotes du quartier ; son épouse, désormais maitresse du fils du magnat local ; et, surtout, la foule, ravie de voir surgir une ébauche de frisson pour ce samedi soir qui s’annonce différent des précédents.
Penn filme la décadence avec une vigueur rare : deux ans avant The Party de Blake Edwards, la fête chaotique a trouvé son pendant cynique. Beuverie veule durant laquelle on révèle les infidélités, les relents racistes et le capitalisme triomphant, la société chorégraphie avec une lucidité ironique sa chute sans fin. Le travail sur le groupe, le passage d'un individu à l'autre occasionne une mise en scène très maitrisée, qui ferait presque penser à celle de Tati dans Playtime, à la différence près qu'elle est ici au service d'un propos ravageur.
Sur ce terreau délétère, la mise en place de la phase suivante est désormais attendue : celle du lynchage. La foule grandit, et fédère désormais la ville entière qui vient assister à la tragédie intime, voire la souiller. Le refus du shérif à se laisser corrompre par la mère du fugitif est aussitôt rendu public comme un signe de partialité devant une foule filmée avec effroi, avide de spectacle, chewing gum et soda aux lèvres. De la même manière, le triangle amoureux se voit interrompu par la vindicte populaire et un incendie cathartique qui rappelle le formidable Fury de Lang, ou la vision du Sud de Mississippi Burning.
La justice n’existe plus, seule la haine s’exprime, annonçant le pessimisme noir de Peckinpah dans Les Chiens de Paille. Et si le shérif mène à bien sa mission, c’est pour involontairement perdre celui dont il garantissait la sécurité sous l’égide d’un Etat totalement démissionnaire.
Penn n’était pas tendre avec son film, dont le montage final ne le satisfaisait pas. S’il accuse certains petit excès démonstratifs, c’est pourtant un formidable brûlot, très théâtral, sur la victoire de la médiocrité par le plus grand nombre, et celle du renoncement face à l’intégrité morale, et une représentation éclatante du changement de ton qui commence à se manifester à Hollywood au tournant des années 60.  

cheers un des plus beaux films des 60s, jamais compris que Penn ait pu renier ce CO, son meilleur film pourtant...
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMar 5 Jan 2016 - 6:29

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 American-Ultra-01

50 nuances d’excès.

A mesure que l’industrie hollywoodienne progresse dans son exploration des genres, le créneau pour trouver une approche originale se réduit : quand on prend son courage à deux mains pour renoncer aux reboots ou aux franchises, il s’agit désormais d’aller piocher dans tout ce qui a été fait auparavant.
American ultra, c’est donc la combinaison d’un Jason Bourne, d’une romcom à la Appatow et d’une bastonnade qui flirterait du côté des Raid ou de Kick-Ass. En veux-tu, en voilà, mixons le tout et voyons ce que ça donne.
Le résultat est plutôt plaisant, reconnaissons-le. Par ce couple de paumés en attente de révéler leur sexytude, ces pontes de le CIA caricaturés comme on peut l’être dans les sitcoms, (on remarquera à ce titre l’important cheptel venu des séries, Spin City, Arrested Developpment ou 70’s show, et qui insuffle un comique assez séduisant), Nima Nourizadeh trouve une alchimie qui permet au mélange de prendre forme. L’aspect comédie n’est jamais trop forcé, la dérision suffisante pour qu’on accepte à peu près tout et n’importe quoi sans qu’on bascule pour autant dans la parodie vaine.
Si la dimension romantique est plus dispensable, dans la série « malgré le destroy et avec lui, vendons la soupe habituelle de la demande en mariage », les séquences dévolues à l’action sont bien menées, notamment dans cette découverte hébétée du junkie sur ses propres talents, pouvant dézinguer un hostile avant de s’en excuser. La séquence finale, qui voit tous les rayons d’un supermarché exploités au service de mises à mort les plus baroques est un petit plaisir à lui tout seul, qui des ampoules aux boites de conserve, des poêles à frire aux marteaux, varie avec une euphorie méchante les exécutions.
On l’oubliera vite, parce que le film n’ambitionne rien de plus que sa propre efficacité. Mais, sur ce terrain souvent si décevant des films d’action, c’est déjà un grand mérite.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMer 6 Jan 2016 - 7:12

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 Electra_1

Contusions d’un enfant du siècle.

La petite pépite obscure qu’est Electra Glide in Blue restitue un parcours initiatique, celui d’un flic qui va redéfinir toute l’imagerie américaine.

Ambition
Le portrait initial de John Wintergreen est sans concession : avec son expression frôlant celle d’un attardé mental, sa musculation permanente et son rapport à l’autorité, tout est étudié pour nous le rendre détestable. Voulant quitter sa moto de patrouille pour les bureaux des inspecteurs où « on pense », le flic semble le seul à croire en lui. Droit dans ses bottes, vétéran du Viêt-Nam, on remarque tout de même qu’il ne suit pas ses collègues qui franchissent allègrement la ligne jaune, mais sans que se dessine pour autant le portrait d’un héros auquel s’identifier. A ce titre, sa première affaire, celle d’un suicide qu’il veut à tout prix définir comme un meurtre, le rend pathétique dans son désir de romanesque, et l’on croirait déceler en lui les symptômes d’un bovarysme de la subculture américaine de la deuxième moitié du XXème siècle.

Désillusion
Alors qu’il met le pied à l’étrier, John trouve en Harve, un inspecteur, un mentor possible : on passe de Zipper, son partenaire bas du front, à la figure héroïque tant convoitée. Après les longues litanies sur les motos et les girls, place à un discours sur l’achievement personnel (« My religion is myself »). Le traitement de la parole est fascinant : monologues ineptes, recours à des phrases toutes faites et des formules éculées, tout concourt à montrer des individus vidés, épuisés par un modèle auquel plus personne ne croit depuis longtemps. A ce titre, la longue intervention de Jolene, la girl next door à qui il n’est pas coutume de tendre le micro, est une formidable explosion cathartique : elle y révèle ses frustrations (évidemment, elle se rêvait star à Hollywood), mais aussi l’impuissance d’Harve, et fait voler en éclat toutes les facettes du cowboy et de son cadre si codifié.

(la suite du texte contient des spoils)

Rédemption
Puisqu’il y a bien pire que lui, le spectateur est subtilement invité à changer de regard sur Wintergreen : sa bêtise peut s’avérer une naïveté tout à fait salvatrice dans ce monde corrompu où l’on tabasse les hippies, on piétine des preuves ou on se remplit les poches. Face à ces minables, l’individu plie, mais ne rompt pas : les conséquences en seront catastrophiques, puisqu’il y perdra son modèle, son partenaire, et le poste qu’il ambitionnait. On serait tenté de comparer cet homme à l’Idiot, puni pour son humanité trop grande et pour le regard qu’il pose sur elle. Car Wintergreen aboutit au constat le plus tabou qui soit dans l’Amérique triomphante : la solitude est un mobile de meurtre bien plus puissant que le dollar. Cette psychanalyse décapante est dévastatrice, au point de lui refuser le droit de rester parmi les siens.

Punition
Le retour à la normale, une vie plus modeste mais en accord avec une morale définie, est donc impossible. C’est la splendide séquence finale, qui voit Wintergreen sombrer avec ceux qu’il a contre son gré supprimés, pour un malentendu comme seules les tragédies les plus sournoises savent en ourdir.
Le plan final, travelling arrière interminable, laisse au beau milieu de la route un motard chevauchant le bitume souillé de son sang ; la prise de vue déploie ce décor tant affectionné par Ford, et désormais rincé de tout idéal ; un épilogue ayant toute l’intensité poignante d’un requiem pour une nation.


GROSSE recommandation pour ce film méconnu, les gars. cheers
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 8 EmptyMer 6 Jan 2016 - 7:46

Cimer, jamais entendu parler.
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