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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 20 Oct 2014 - 18:43
Citation :
C'est surtout faux, ou en tout cas ça revient à nier tout une dimension morbide, grotesque et glacée du Fellini tardif, de Huit et demi à Toby Dammit (je l'aime bien celui-là) en passant par Casanova.
Je n'ai jamais dit que la mort et la noirceur étaient absentes de l'univers fellinien. Le Satyricon, un de mes Fellini préfères, est un grand film morbide. A sa façon, Ginger et Fred est un film sur la mort...etc . Quoi qu'il en soit la dimension morbide chez Fellini ne fait pas, pour moi, de Greenaway un cinéaste fellinien pour autant.
Citation :
pour moi la moitié du cinéma d'auteur qu'on voit passer en festival doit à Godard ou Fellini cette extraversion de l'auteur qui avant n'existait pas avec autant d'ostentation dans le cinéma.
Je suis d'accord pour Godard, pour Fellini beaucoup moins... Et puis l'extraversion de l'auteur n'est pas pour moi la pire des infamies. J'ai l'impression que les cinéastes de festival citent plus souvent Godard et Bresson ( éventuellement Bergman ) mais assez peu souvent Fellini.
Citation :
C'est surtout faux
Ce qui est surtout faux, ou un raccourci un peu rapide à mon sens, c'est de soutenir qu'un cinéaste aussi distant, sec, cérébral et méthodique que Greenaway est fellinien sous prétexte qu'il pratique l'embardée baroque ( un baroque qui n'a strictement rien à voir avec la fantasmagorie très italienne de Fellini ) C'est aussi absurde que d'affirmer que Marchal est melvillien parce qu'il fait des films avec des flics et des gangstifs... Enfin bref... A ce compte-là, même Gérad Oury et Gerad Pires sont felliniens, si tu veux. Enfin bref, on s'en branle...
Dernière édition par Goupi Tonkin le Lun 20 Oct 2014 - 19:19, édité 2 fois
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 20 Oct 2014 - 18:54
Red Sea pedestrian
La vie de Brian, c’est le genre de film dont il n’est pas vraiment possible de faire une critique. La seule chose que tu as envie de faire, c’est de citer des passages pour partager les moments où tu as le plus ri. La déformation des propos du Christ par les spectateurs du dernier rang, la lapidation où les femmes se mettent la barbe pour pouvoir participer, les réunions des résistants à l’occupant romain parodiant les gauchistes beaux parleurs, la bêtise des masses en quête de prophète… Les Monty Python tirent à vue non seulement sur ce qui fait leur époque, mais aussi sur les codes de la grande fresque historique. Par rapport à leurs autres longs métrages, celui-ci a le mérite d’un scénario au (par instants un peu) long cours, et non d’une succession de sketches, ne lésinant ni sur les décors, ni sur la reconstitution historique ou les foules de figurants. Davantage parodique et satirique que totalement dévoué au non-sens (à l’exception, peut-être, de l’irruption d’une navette spatiale) La vie de Brian ne fait pas non plus dans le blasphème gratuit. C’est surtout la veulerie, la bêtise et le fanatisme qui fascinent les auteurs, qui aiguisent leur plume pour un chapelet de répliques souvent jubilatoires. Et puis tout de même, cette proclamation de judéité, que c’est beau : « I'm not a roman mum, I'm a kike, a yid, a heebie, a hook-nose, I'm kosher mum, I'm a Red Sea pedestrian, and proud of it! » Un merci à George Harrison d’avoir payé le ticket de cinéma le plus cher de l’histoire, à savoir 5 millions de livres, pour pouvoir voir ce film.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 20 Oct 2014 - 19:51
Nulladies a écrit:
Par rapport à leurs autres longs métrages, celui-ci a le mérite d’un scénario au (par instants un peu) long cours, et non d’une succession de sketches
Bien vrai, et paradoxalement ça fait aussi sa limite, le film ne fonctionnant pas toujours très bien en tant que tel, ça va du très bien vu au terriblement foireux. A dire vrai j'ai rigolé comme un bossu la première fois (moins qu'avec Sacré Graal mais quand même) mais je peux plus le revoir aujourd'hui, contrairement au génial Sens de la vie (et son court métrage d'intro 100% Gilliam dont tout l'univers est déjà là). Le film à thème (ouvert à toutes les digressions bien sûr) leur va mieux je trouve, à part Gilliam ils ont trop tendance à s'éparpiller.
Goupi Tonkin a écrit:
J'ai l'impression que les cinéastes de festival citent plus souvent Godard et Bresson ( éventuellement Bergman ) mais assez peu souvent Fellini.
Je hais tout autant Bergman pour ça (d'autant que passées les années 50 c'est bien deux crans en-dessous).
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 20 Oct 2014 - 21:12
RabbitIYH a écrit:
Goupi Tonkin a écrit:
J'ai l'impression que les cinéastes de festival citent plus souvent Godard et Bresson ( éventuellement Bergman ) mais assez peu souvent Fellini.
Je hais tout autant Bergman pour ça (d'autant que passées les années 50 c'est bien deux crans en-dessous).
Au moins es-tu concerné...
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 21 Oct 2014 - 7:05
La coriace parano
Pour rentrer dans Bug, il faut la même disposition d’esprit que son héroïne lorsqu’elle ouvre la porte au premier venu et le laisse investir le canapé : suffisamment triste et seule pour chérir la compagnie d’un type pour le moins déséquilibré, mais qui lui donnera ce réconfort depuis longtemps oublié d’avoir le sentiment qu’on s’occupe enfin d’elle. On rentre, donc, dans ce Rustic Motel dont l’unité de lieu étouffante ne cache pas sa filiation avec la pièce de théâtre que le film adapte. C’est donc dense, elliptique, souvent au mépris du bon sens et de la crédibilité. Friedkin est connu pour ne pas prendre de gants, que ce soit avec la bienséance ou la vraisemblance. L’idée est de pousser dans ses retranchements une frange borderline de la société, dont on fait par ailleurs presque totalement abstraction ici. Plongée dans les méandres de la paranoïa, Bug prend le pari risqué de nous en rendre complice et de nous dessiner la carte de psychés déjantées. De ce point de vue, les artifices de l’intrigue sont un peu grossiers et prévisibles. Toute l’intro sur les personnages extérieurs (le fils disparu, le retour du mari, la copine lesbienne) n’est bien entendu que la pose d’une toile qui sera redigérée par le cerveau malade du couple, avec un certain talent, certes. Le film est surtout l’occasion de gratter les blessures là où on a pour coutume de proposer un hors-champ. Friedkin aime insister, et entrainer à sa suite des comédiens, ici Ashley Judd et Michael Shannon, prêts à le suivre en enfer et donnant sans compter de leur corps martyrisés. Moins retors que Killer Joe, plus bouffon et grotesque, Bug distille certes un malaise, mais joue sans cesse sur la crête entre le fun du film gore et l’obscur de la maladie mentale. On finit par abandonner toute réticence en jubilant devant l’un s’arrachant des molaires à la clé à molette, observant une pizza au microscope ou l’autre hurlant avec la clarté d’une révélation mystique « I am the super mother bug ! »
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 21 Oct 2014 - 10:10
Citation :
Je hais tout autant Bergman pour ça (d'autant que passées les années 50 c'est bien deux crans en-dessous).
Fanny et Alexandre, Sonate d'automne et surtout Persona et Cris et chuchotements... Des films "deux crans en-dessous" comme ceux-là, ça me va...
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 21 Oct 2014 - 10:36
Goupi Tonkin a écrit:
Citation :
Je hais tout autant Bergman pour ça (d'autant que passées les années 50 c'est bien deux crans en-dessous).
Fanny et Alexandre, Sonate d'automne et surtout Persona et Cris et chuchotements... Des films "deux crans en-dessous" comme ceux-là, ça me va...
+1
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 21 Oct 2014 - 16:19
Sonate d'automne sans plus, de beaux personnages mais film terne et bavard, Persona arg, horripilant au possible (j'allais dire arty mais bon n'empêche ça incarne on ne peut mieux le concept "film d'art contemporain"). Les autres je les ai toujours pas vus donc je parle partiellement sans savoir !
Bug sinon j'ai adoré jusqu'aux deux tiers, après le côté théâtral, criard, bouffon, grandiloquent etc prend complètement le dessus et la fin est pourrie. Film vraiment intrigant tout de même, qui a bien plus à dire qu'un étron comme Under the Skin sur des thèmes parfois apparentés (solitude, frustration, communication dysfonctionnelle, mystères et malédiction de la génétique etc).
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 21 Oct 2014 - 17:19
RabbitIYH a écrit:
Bug sinon j'ai adoré jusqu'aux deux tiers, après le côté théâtral, criard, bouffon, grandiloquent etc prend complètement le dessus et la fin est pourrie. Film vraiment intrigant tout de même, qui a bien plus à dire qu'un étron comme Under the Skin sur des thèmes parfois apparentés (solitude, frustration, communication dysfonctionnelle, mystères et malédiction de la génétique etc).
Ha t'as fini ton étron alors ? Content !
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mar 21 Oct 2014 - 18:05
Yep, me suis forcé, ma femme a légèrement plus apprécié que moi mais à peine. La fin est pas mal, mais il faut se faire chier un sacré moment pour y parvenir. Ça m'a quand même fait chialer sur ce qu'est devenue la cinéphilie en 2014 pour qu'un film mal pompé sur Kubrick, Lynch et Chris Cunningham à la sauce plans fixes d'Hou Hsiao-Hsien via MTV où l'on voit Scarlett descendre des escalators, conduire un camion ou se regarder dans un miroir pendant 5 minutes à chaque fois puisse être taxé de CO à tout va.
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 22 Oct 2014 - 10:21
RabbitIYH a écrit:
Yep, me suis forcé, ma femme a légèrement plus apprécié que moi mais à peine. La fin est pas mal, mais il faut se faire chier un sacré moment pour y parvenir. Ça m'a quand même fait chialer sur ce qu'est devenue la cinéphilie en 2014 pour qu'un film mal pompé sur Kubrick, Lynch et Chris Cunningham à la sauce plans fixes d'Hou Hsiao-Hsien via MTV où l'on voit Scarlett descendre des escalators, conduire un camion ou se regarder dans un miroir pendant 5 minutes à chaque fois puisse être taxé de CO à tout va.
Voilà ! Au moins tu sais quelle scène rejouer à la maison pour faire plaisir à ta femme ?
CO ? non ? La critique dans son ensemble non plus Rabbit, tu aurais pas tendance à avoir besoin d'ennemis (4 sur 5 pour la critique sur Allociné, pas plus...). De quoi être rassuré sur la cinéphilie ?...
Ce qui m'intrigue c'est comment tu peux rejeter l'austérité manifeste de tels films, indéniable, et l'accepter dans beaucoup de musiques que tu aimes ? Où est la frontière, le critère ? Pas le milieu d'où il émerge bien sûr.
Et la musique du film tu ne l'as pas aimé à ce propos ? Une des plus belles BO entendues ces derniers temps pour moi.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 22 Oct 2014 - 18:08
Azbinebrozer a écrit:
CO ? non ? La critique dans son ensemble non plus Rabbit, tu aurais pas tendance à avoir besoin d'ennemis (4 sur 5 pour la critique sur Allociné, pas plus...). De quoi être rassuré sur la cinéphilie ?...
Oui 4/5, j'imagine que Télé 7 jours a pas aimé.
Azbinebrozer a écrit:
Ce qui m'intrigue c'est comment tu peux rejeter l'austérité manifeste de tels films, indéniable, et l'accepter dans beaucoup de musiques que tu aimes ? Où est la frontière, le critère ? Pas le milieu d'où il émerge bien sûr.
Je ne rejette pas l'austérité du film mais la question serait plutôt : cette austérité est-elle justifiée ? Peut-être (solitude, distance, peur du sexe). Signifiante ? Sûrement pas, à moins que l'on considère que la simple énonciation de ces thèmes est un discours. Réelle ? Pas selon moi, car c'est une austérité "tape à l'oeil", plans fixes clinquants qui s'étirent plus que de raison sur un type à moto roulant face caméra dans la nuit par exemple (typique du sur-esthétisme des derniers Hou Hsiao-hsien). Ou juste bonne à aider les intellos en manque de fantastique estampillé "art et essai" à se masturber collectivement ?
Azbinebrozer a écrit:
Et la musique du film tu ne l'as pas aimé à ce propos ? Une des plus belles BO entendues ces derniers temps pour moi.
Bof, un thème intrigant, qui revient dans la scène ou Scarlett attire à elle ses "proies" (encore un bel exemple d'austérité clinquante, décor vide, personnages qui se dandinent au rythme de la musique - Tsai Ming-liang le fit avec moins de sérieux - ou affichent le visage difforme des mannequins d'une expo de Matthew Barney). A part ça pas mal de synthés minimalistes néo-80s façon Drive, encore une énorme concession à la mode de la part de ce film qui en fait à mon avis énormément (même si on parle de la mode art et essai, pas de la mode popcorn et multiplexes).
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 23 Oct 2014 - 11:24
Hartley, cœurs captifs.
Dans Trust Me, un grand nombre de personnages tombent au sol. Certains s’évanouissent, d’autres accusent le coup d’une mauvaise nouvelle ; certains tombent d’ivresse, d’autres meurent. Ils ont de quoi. Le monde a beau être feutré par les restes d’une esthétique des 80’s finissantes, c’est bien la politesse du désespoir qui le gouverne. Parents sadiques, jeunesse dans l’impasse, boulots merdiques : la seule façon des rassurer semble être d’avoir une grenade à portée de main. Trust Me est un film américain, et sa première originalité réside dans sa façon d’avancer masqué : anglais par sa dimension sociale (on croirait croiser des personnages de Ken Loach), français par sa poésie (il y a du Tati dans ces petites incursions insolites d’une file d’attente portant des téléviseurs ou d’hommes à pipe à la sortie du train, signes d’une uniformité qui rappelle un M. Hulot), il déploie une tonalité tout à fait singulière. Abrutis par un monde indifférent, les personnages tentent de composer avec lui. Via une violence grotesque pour Matthew, à coup de poings, de boule ou de tête dans des étaux. Par une volonté d’échange de Maria, soucieuse d’un kidnapping d’enfant tout en planifiant son propre avortement. De plus en plus dévoilés, à l’image de la métamorphose de Maria qui se démaquille et se défrise au fil du film, les personnages cherchent à se définir par rapport à ce grand mystère qu’est l’amour. Puisque celui-ci rend fou, cherchons des palliatifs : l’admiration, le respect, la confiance. Autant de notions raisonnables auxquelles manquent cet épice indispensable qui nous transporte et nous déchire, et qui va forcément s’imposer aux protagonistes.
Très écrit, le film joue volontiers de la distanciation. Par des monologues alternés face à des inconnus, par des dialogues durant lesquels on n’échange pas véritablement, si ce n’est pour déverser son mal être sans trop en révéler les ravages, avec une pose un peu désabusée.
Les effets sont contrastés. Autant ce comique cynique peut séduire, autant cette théâtralisation constante peut aussi laisser de marbre. Tout en étant assez atemporel dans sa vision du monde, Hal Hartley n’en propose pas moins un film qui a beaucoup vieilli ; si l’on peut comprendre qu’il ait fait sensation en son temps, le regard qu’on pose sur cette petite chose curieuse est au mieux amusé, au pire poliment indifférent.
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 23 Oct 2014 - 12:39
RabbitIYH a écrit:
Azbinebrozer a écrit:
CO ? non ? La critique dans son ensemble non plus Rabbit, tu aurais pas tendance à avoir besoin d'ennemis (4 sur 5 pour la critique sur Allociné, pas plus...). De quoi être rassuré sur la cinéphilie ?...
Oui 4/5, j'imagine que Télé 7 jours a pas aimé.
Tu confonds là avec ton scénario préféré Rabbit ! celui où tu es du côté populaire, victime des excès des élites. Regarde le bilan critique sur Allociné : "Voici" a adoré (Télé 7 jours n'est pas recensé).
RabbitIYH a écrit:
Azbinebrozer a écrit:
Ce qui m'intrigue c'est comment tu peux rejeter l'austérité manifeste de tels films, indéniable, et l'accepter dans beaucoup de musiques que tu aimes ? Où est la frontière, le critère ? Pas le milieu d'où il émerge bien sûr.
Je ne rejette pas l'austérité du film mais la question serait plutôt : cette austérité est-elle justifiée ? Peut-être (solitude, distance, peur du sexe). Signifiante ? Sûrement pas, à moins que l'on considère que la simple énonciation de ces thèmes est un discours. Réelle ? Pas selon moi, car c'est une austérité "tape à l'oeil", plans fixes clinquants qui s'étirent plus que de raison sur un type à moto roulant face caméra dans la nuit par exemple (typique du sur-esthétisme des derniers Hou Hsiao-hsien). Ou juste bonne à aider les intellos en manque de fantastique estampillé "art et essai" à se masturber collectivement ?
Tu ne reviens que sur ce film. Ma question était plus large Rabbit, naïve mais sincère. Elle évoque un ensemble de films que tu n'aimes pas à un ensemble de musiques que tu aimes et que le grand public considérerait lui aussi comme bon pour des intellos en … (tu compléteras...). « Solitude, distance, peur », voilà des mots qui pourraient tenter d'évoquer pas mal d'albums que tu écoutes et que j'aime souvent aussi. Pourquoi au cinéma es-tu si gêné par ces temps-là ? C'est un art pas seulement de pur signifiant, il y a une relation esthétique simplement moins intime puisque spatiale. Ou bien est-ce que tu préfères la musique qui te permet de faire autre chose en même temps ?
Les scènes de moto sont longues et je suis d'accord leur répétition est excessive. Regarde les mieux quand même , elles ne sont pas en plan fixe, la caméra bouge et la moto n'est pas forcément de face. Essentiellement constituées de courbes, elles tracent un balai abstrait, froid qui peut évoquer ici la maîtrise, le quadrillage, la domination (dans un court métrage, notre ami Fellini en propose une très, très longue, évoquant le dépassement de soi, la recherche d'une jouissance extrême, le suicidaire, mais la scène a vieilli...). Thèmes tout à fait en rapport avec l'ensemble du film.
« Solitude, distance, peur », il y a un risque d'anthropomorphisme avec ces mots, ce qui ne serait pas bon pour une véritable "rencontre du 3ème type". Si le film est d'une froideur intersidérale, c'est qu'il n'y a aucune rencontre entre les deux espèces, aucune empathie à mon sens (surtout pas sur la plage, mais pas même dans les scènes avec l'homme au visage déformé). Il n'y a que des accidents de programmation, la belle machine déraille. Tu peux appeler cela masturbation collective, si tu veux, c'est juste une situation assez prévisible dans une "rencontre du 3ème type", en fait une parodie de "niveau 5" qui est censé être celui d'une communication ?
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 23 Oct 2014 - 13:01
Citation :
(dans un court métrage, notre ami Fellini en propose une très, très longue, évoquant le dépassement de soi, la recherche d'une jouissance extrême, le suicidaire, mais la scène a vieilli...)
Ce n'est pas un court métrage. Je crois que tu fais référence à la dernière séquence de Fellini Roma. J'ajoute que si nous évoquons bien la même chose, cette scène splendide et étonnante n'a absolument pas vieilli.
Azbinebrozer personne âgée
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 23 Oct 2014 - 13:55
Goupi Tonkin a écrit:
Citation :
(dans un court métrage, notre ami Fellini en propose une très, très longue, évoquant le dépassement de soi, la recherche d'une jouissance extrême, le suicidaire, mais la scène a vieilli...)
Ce n'est pas un court métrage. Je crois que tu fais référence à la dernière séquence de Fellini Roma. J'ajoute que si nous évoquons bien la même chose, cette scène splendide et étonnante n'a absolument pas vieilli.
Cette scène de Roma est superbe merci Goupi ! Je ne suis allé à Rome que bien plus tard ! La scène du film qui m'est le plus restée est celle de la découverte des peintures dans une salle mise à jour lors de la construction du métro...
Ah oui désolé Goupi ! Effectivement ma moto est plutôt... une voiture de sport !... Extrait du court métrage dans Histoires extraodinaires dont le 3e sketch est de Fellini : "Toby Dammit ou Il ne faut jamais parier sa tête avec le diable". Voici la 3ème bobine : https://www.dailymotion.com/video/x4dm7c_toby-dammit-3-3_shortfilms
"Mais à quoi servent toutes ces mn de bagnole ?" demande notre ami Rabbit ! Superbe nan ? Effectivement j'avais un souvenir plus long de la partie voiture. Cette scène a-t-elle vieillie ? Juste un peu par rapport à tout ce qu'a produit le cinéma d'action ensuite ?...
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 23 Oct 2014 - 19:45
Azbinebrozer a écrit:
Goupi Tonkin a écrit:
Citation :
(dans un court métrage, notre ami Fellini en propose une très, très longue, évoquant le dépassement de soi, la recherche d'une jouissance extrême, le suicidaire, mais la scène a vieilli...)
Ce n'est pas un court métrage. Je crois que tu fais référence à la dernière séquence de Fellini Roma. J'ajoute que si nous évoquons bien la même chose, cette scène splendide et étonnante n'a absolument pas vieilli.
Cette scène de Roma est superbe merci Goupi ! Je ne suis allé à Rome que bien plus tard ! La scène du film qui m'est le plus restée est celle de la découverte des peintures dans une salle mise à jour lors de la construction du métro...
Ah oui désolé Goupi ! Effectivement ma moto est plutôt... une voiture de sport !... Extrait du court métrage dans Histoires extraodinaires dont le 3e sketch est de Fellini : "Toby Dammit ou Il ne faut jamais parier sa tête avec le diable". Voici la 3ème bobine : https://www.dailymotion.com/video/x4dm7c_toby-dammit-3-3_shortfilms
"Mais à quoi servent toutes ces mn de bagnole ?" demande notre ami Rabbit !
Effectivement je le demande volontiers pour Fellini Roma, la scène est lourdingue au possible, on est entre l'abstraction et le docu, le cul entre deux chaises, pour finalement ne rien montrer d'autre qu'un "ballet" urbain sans finalité pour lequel je ne ressens ni poésie ni envoûtement visuel. Celle de Toby Dammit par contre est excellente car les gros plans sur le personnage disent beaucoup, l'atmosphère embrumée est infiniment plus fascinante aussi, comme hallucinée. Il n'y strictement aucun rapport entre ces scènes, ni dans le fond, ni dans la forme.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 23 Oct 2014 - 20:06
Azbinebrozer a écrit:
Tu confonds là avec ton scénario préféré Rabbit ! celui où tu es du côté populaire, victime des excès des élites. Regarde le bilan critique sur Allociné : "Voici" a adoré (Télé 7 jours n'est pas recensé).
Visiblement tu aimerais pouvoir généraliser sur beaucoup de choses à travers mon rejet de ce film hideux. Dommage pour toi, je déteste aussi énormément de films populaires, je n'ai simplement pas besoin de faire valoir mon point de vue sur un Transformers 4 ou un Godzilla, plutôt majoritaire ici.
Azbinebrozer a écrit:
Tu ne reviens que sur ce film. Ma question était plus large Rabbit, naïve mais sincère. Elle évoque un ensemble de films que tu n'aimes pas à un ensemble de musiques que tu aimes et que le grand public considérerait lui aussi comme bon pour des intellos en … (tu compléteras...).
Même réponse qu'au dessus, tu es à côté de la plaque. Je compte pas mal de films austères, froids, angoissés, sombres, abstraits parmi mes films de chevet (de Kubrick à Lee Chang-Dong en passant par Antonioni, Michel Deville ou David Cronenberg, quelques-uns de mes auteurs préférés arpentent ou arpentaient d'ailleurs ce genre d'univers), ce sont simplement des films qui ne font pas de cette froideur, de cette austérité ou de cette abstraction une étiquette éclairée au néon pour vendre un film autoproclamé art et essai.
Azbinebrozer a écrit:
Les scènes de moto sont longues et je suis d'accord leur répétition est excessive. Regarde les mieux quand même , elles ne sont pas en plan fixe, la caméra bouge et la moto n'est pas forcément de face. Essentiellement constituées de courbes, elles tracent un balai abstrait, froid qui peut évoquer ici la maîtrise, le quadrillage, la domination
Je parlais d'une seule scène, celle filmée de face au début, la première. Les autres sont plus courtes et s'intègrent au récit alors que celle-ci est typiquement le manifeste d'une esthétisation - allez lâchons le mot, j'y peux rien y a pas mieux - "arty" (comprendre "cherchant à donner l'impression qu'il y a quelque chose à appréhender alors qu'en fait c'est juste un type à moto filmé de face pendant 5 minutes").
Azbinebrozer a écrit:
Il n'y a que des accidents de programmation, la belle machine déraille. Tu peux appeler cela masturbation collective, si tu veux
Ah oui, tout à fait, appelons un chat un chat parce que des "accidents de programmation" ça me semble être le non-thème parfait pour un film qui ne fait qu'effleurer des notions très "branchées" dans le cinéma contemporain sans en en creuser aucune. Pareillement, une esthétique aussi tape-à-l'oeil ne risque pas de me fasciner, encore moins d'engendrer une relation intime avec moi tant ses énormes ficelles de séduction du critique intello lambda me sortent du film.
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 24 Oct 2014 - 9:24
Le dingo de Satan.
Angel Heart s’inscrit parfaitement dans cette catégorie de films dont on se demande si le revisionnage n’est pas une mauvaise idée. Plusieurs arguments vont dans ce sens : son époque, les 80’s, qui fait partie de celles qui vieillissent le plus mal. Son réalisateur, qui ne me convainc décidemment pas vraiment, l’âge auquel j’ai vu et apprécié ce film pour la première fois (soit il y a une grosse vingtaine d’années), et enfin le fait que je connaisse le twist sur lequel repose tout le récit. Ajoutons à cela des expériences assez désastreuses dans les redécouvertes des Incorruptibles ou de Year of the Dragon, et le tableau est bien chargé. Contre toute attente, donc, ce film est une bonne surprise. Il appartient certes à son époque, durant laquelle les corps sont huileux de transpiration, le sang baroque comme chez De Palma et le saxo trainant, mais pourtant, l’alchimie opère. Il faut dire que le sujet s’y prête bien : enquête métaphysique ne s’embarrassant pas de subtilité (la lourdeur des symboles fait sourire, comme lorsque Cypher gobe un œuf après avoir expliqué qu’il était le symbole de l’âme, tous les noms propres), reconstitution d’un Harlem des 50’s clinquant à souhait et d’une Nouvelle Orléans poisseuse comme jamais, le film assume clairement ses excès. On retiendra particulièrement l’attention apportée aux lieux, et notamment tous les effets d’annonce sur le fameux ascenseur final : façades constellées d’échelles, cages d’escaliers, plans obliques dessinent l’architecture maladive de l’intrigue avec un charme indéniable. Au milieu de ce délire ascendant, Rourke traine sa dégaine habituelle, particulièrement convaincante ici, ménagée par de petites séquences insolites (la très belle séquence sur la plage où l’ancienne diseuse de bonne aventure se refroidit les varices dans l’eau) et des cauchemars assez saisissants. Face à lui, De Niro, impeccable et royal dans un rôle taillé à sa mesure (à une faute de goût près, les yeux jaunes du final). Clinquant et cradingue, horrifique et baroque, Angel Heart a gardé sa verve, et jouit de ce petit plus alloué à quelques films dont la connaissance du twist final permet une relecture d’autant plus savoureuse.
Rorschach sourcilman ^^
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 24 Oct 2014 - 9:36
Suite à cette critique de films, j ai matté Zardoz hier xD
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 24 Oct 2014 - 9:54
Rorschach a écrit:
Suite à cette critique de films, j ai matté Zardoz hier xD
Faudra bien que je me le fasse un jour, celui-là !
Rorschach sourcilman ^^
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 24 Oct 2014 - 9:58
Film dont j avais longtemps entendu parler, fallait que je le vois, c est fait, c est vieillot mais l histoire est tjs d'actualité bizarrement
Goupi Tonkin la séquence du spectateur
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 24 Oct 2014 - 12:31
Nulladies a écrit:
Rorschach a écrit:
Suite à cette critique de films, j ai matté Zardoz hier xD
Faudra bien que je me le fasse un jour, celui-là !
Hope and glory, Délivrance, le point de non-retour, Léo the last, l'exorciste 2... J'aime beaucoup Boorman, mais j'ai du mal avec celui-ci. Selon ses thuriféraires, le film est, parait il, assez puissamment philosophique. Soit. Mais j'ai eu quelques difficultés à m'intéresser au fond, la kitscherie et le nawak de la forme font barrage.
Invité Invité
Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 24 Oct 2014 - 19:34
La kitscherie comme tu dis elle est juste dans les costumes, quelques décors et références hippies. ce film est un CO, voire pour moi son meilleur après Le point de non-retour.
Nulladies a écrit:
Ajoutons à cela des expériences assez désastreuses dans les redécouvertes des Incorruptibles ou de Year of the Dragon.
Dommage pour toi ! Les deux vieillissent très bien je trouve, même visuellement dans le cas des Incorruptibles - qui pour un film "mainstream" dégage une sacrée mélancolie.
Rorschach sourcilman ^^
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 24 Oct 2014 - 19:36
D accord avec Rabbit pour les incorruptibles, je l ai revu il y a 3 semaines, il est tjs aussi top ! Sean Connery est juste génial dans ce type de rôle
Nulladies Cinéman
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 24 Oct 2014 - 19:51
Revu l'an dernier pour ma part, c'est pas passé du tout, et pourtant, j'aime beaucoup de Palma... la tronche de furet de Costner + la musique à gerber au sax de Morriconne, overdose.
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Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....