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| Voyage en salle obscure... | |
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Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 11 Mai 2014 - 18:58 | |
| Merci pour cette chronique, je ne connaissais pas du tout. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 18 Mai 2014 - 9:23 | |
| - Rorschach a écrit:
Mouais mouais...10,50€... C est rempli de bon sentiments, tjs les mêmes cabotinages de Clooney. On est très loin de la réalité historique. Un film sympa à voir néanmoins, du divertissement, n y cherchez rien d'autres...
Edit : Ah oui, Dujardin y est pathétique... Moi j'ai pas payé 10 euros 50 donc je serai moins dur que toi. J'ai toujours aimé les films de Clooney réalisateur, qui comptent même un CO, Confessions d'un homme dangereux. Si celui-ci est plus faiblard (côté mise en scène notamment) j'apprécie le fait que Clooney, sans se donner le mauvais rôle comme c'était le cas par deux fois dans les films précédents, ne se met pas du tout en valeur, ni physiquement ni dramatiquement d'ailleurs. Fidèle au bonhomme Monuments Men est avant tout un film de potes vieillissants, où les bonnes intentions se frottent à une réalité qui rend leur mise en oeuvre compliquée voire impossible. L'histoire est prenante mais passe souvent au second plan, l'humour est présent mais pas envahissant, non pas pour désarmorcer le contexte dramatique mais pour lui donner plus de poids quand il faut (cf. la découverte du baril de dents en or), le film volontairement anti-spectaculaire (aucune action d'éclat, la chance jouant un rôle majeur dans la réussite de la mission, la scène la plus "héroïque" sera finalement l'interrogatoire de l'Allemand à la fin) se joue habilement des clichés patriotiques (le dialogue entre Damon et Cate Blanchett : "Si les Américains n'avaient pas débarqué vous auriez fini par parler allemand" - Non, je serais morte mais je parlerais toujours français" ; le drapeau ricain à la fin qui fait sourire le Russe, genre "regardez-moi ces cons d'Américains qui marquent leur territoire comme des clebs") et surtout c'est humaniste et généreux sans être simpliste (la question finale : "une oeuvre d'art méritait-elle qu'on homme sacrifie sa vie pour elle ?" ne trouvera réponse que 30 ans plus tard). Ah oui, Jean Dujardin... bon je dirais qu'il est plus inutile que pathétique, en général les acteurs stars du film sont d'ailleurs assez sous-exploités mais ça participe d'un côté anti-hollywoodien et anti-héroïque assez réjouissant finalement (cf. les deux morts du film), en temps de guerre les acteurs sont tous égaux comme l'étaient les appelés de la seconde guerre mondiale. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Jeu 22 Mai 2014 - 7:03 | |
| Fragments d’un discours amoureux Celui qui va voir un film d’Amalric est préparé. A une certaine idée du cinéma français : une ambition intellectuelle, une recherche esthétique davantage orientée vers l’austérité que la flamboyance, un récit littéraire qui se substituerait à des ambiances et des portraits d’âmes tourmentées. Littéraire, le récit l’est toujours. Mais en adaptant Simenon, le cinéaste s’impose un canevas beaucoup plus conventionnel, celui de l’enquête judiciaire. On retrouve dans une certaine mesure les enjeux du précédent film des frères Larrieu, L’amour est un crime parfait dans lequel flamboyait déjà Amalric : un conte de sexe et de mort, où la sensualité des espaces clos semble toujours devoir déteindre funestement sur l’extérieur. Mais là où la folie irisait les plans et la petite société des montagnes, c’est ici l’austérité d’une micro ville de province, volontairement dénuée de charme. L’amour et le sexe ouvrent le film ; la photographie, très travaillée, insiste autant sur les lieux que sur les corps, fusion éphémère et indicible qui donne le ton du récit rétrospectif que sera l’enquête. A la manière de Clouzot dans La Vérité, la dynamique du film fonctionne sur la confrontation entre deux instances : le couple adultère et l’administration policière puis judiciaire chargée de reconstituer leur histoire. Fragmentée, fondée sur les flashbacks, lacunaire, l’intrigue déstructurée dévoile des instantanés et laisse se mettre en place les malsains mélanges de l’amour passionnel. L’austérité ambiante et le jeu désincarné des comédiens ont du sens : hagards, les rescapés. Hébétés, ceux qui les interroge. Le film confronte des assommés, sur lesquels on tente de mettre des numéros de dossiers, d’établir avec un peu trop de force une vérité qui se dérobe. Les souvenirs restent, et chargent les fantomes de bribes de vie, qu’on retrouve dans le sourire habité de Stéphanie Cléau, impresionniante d’intensité ténue. Tendu, construit comme un archipel, La chambre bleue est une belle incursion dans le monde du polar par Amalric qui parvient à concilier les attendus du sujet et son approche de la psyché humaine. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 24 Mai 2014 - 7:06 | |
| Un lendemain vers la liberté La singulière partition des frères Dardenne nécessite un petit temps d’adaptation. Conjuguer d’emblée la mélodie rêche d’une mise en scène clinique avec les larmes et l’affaissement de Marion Cotillard est un pari risqué. Pourtant, on est très vite happés par cette course qui, si elle est sans musique (à l’exception de deux scènes, intégrée au récit, écoutée dans la voiture), fonctionne pourtant entièrement sur sa dynamique. Art de la répétition, elle ne cesse de moduler sur le même canevas : une porte qui s’ouvre, la demande de sauver un emploi à un(e) collègue qui en contrepartie devra renoncer à sa prime. La première facette de cette tranche de vie a donc une dimension collective : qu’on soit 12 hommes en colère ou 16 employés en galère, c’est bien la confrontation à la justice et le renoncement à la réaction instinctif (la vengeance chez Lumet, l’égocentrisme chez les Dardenne) qui se joue ; à la différence que si dans le premier, on apprend à honorer une justice démocratique, le second dévoile la violence impitoyable des dilemmes crées par le capitalisme. Certes, la visite à tous les collègues (un casting impeccable, marque habituelle chez les cinéastes) permet un artifice narratif légèrement appuyé, déployant l’éventail de toutes les réactions, de toutes les situations possibles : l’altruisme, la mère célibataire, l’agression, le désaccord, le dilemme, etc. Mais s’ils permettent une cartographie sociale de la classe ouvrière, le plus souvent obligée de travailler au noir le week-end, de ces échanges surgissent aussi de véritables moments de grâce, d’une humanité profonde et rare. On pense aux larmes de l’entraineur de foot, aux refus embarrassés de ces collègues qui auraient tant voulu qu’on ne leur impose pas pareil choix. De la violence du monde du travail, on ne verra que cet échange entre ceux qui la subisse. Le monde des décideurs est à peine un arrière-plan. Le contremaitre, véritable ordure, n’apparaitra que 10 secondes. La grande intelligence du film, sa pudeur aussi, est de se placer à hauteur des employés : c’est leur langage, c’est leur maladresse, loin des arguments chiffrés et pragmatiques de la direction. Jouer son emploi, c’est déterminer sa vie, son logement, le bien-être de ses enfants. Cette vie intime est le deuxième angle du récit : celui du carrefour où se trouve Sandra, qui doit décider si, au sortir de sa dépression, elle se laisse faucher en plein élan ou si elle se battra. La fragilité de sa motivation, portée à bout de bras par un mari dévoué, les découragements pourraient être considérés comme une surenchère dans le misérabilisme. Il n’en est rien. Sandra est un être fragile et faillible qui va apprendre malgré elle à reprendre contact avec les autres. [Spoilers] De ce point de vue, la progression et le dénouement de la quête sont particulièrement habiles. Après avoir mis à l’épreuve l’altruisme de ses collègues, le dilemme se retourne brutalement contre Sandra. Tout en chargeant de nouveau avec violence le système, les cinéastes permettent, dans cet univers carcéral et inhumain, la libération finale de leur personnage. Délestés, effroyablement libre, elle peut désormais affronter un terrain plus large, celui de l’emploi, pour une vie incertaine mais heureuse. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 24 Mai 2014 - 15:21 | |
| Ça fait longtemps que j'ai plus maté un de leurs films à ceux-là, y a 10 ans ça m'en touchait une sans faire bouger l'autre... |
| | | lalou grand petit homme
Nombre de messages : 1019 Date d'inscription : 30/12/2013 Age : 54 Localisation : Sugar Mountain
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 24 Mai 2014 - 21:33 | |
| Je me lance, je vais faire une chronique sur un film... Demain 30 cm de neige à Paris | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 24 Mai 2014 - 22:11 | |
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| | | lalou grand petit homme
Nombre de messages : 1019 Date d'inscription : 30/12/2013 Age : 54 Localisation : Sugar Mountain
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 24 Mai 2014 - 23:22 | |
| De manière générale je mords facilement à tout ce qui touche de prêt ou de loin aux amérindiens d'Amérique et il y a quelques temps je suis tombé sur ce "Windtalkers" sur Paris Première. Le propos est de rendre hommage aux indiens Navajos qui ont fourni à l'armée US une aide inestimable pendant la 2ème guerre mondiale en utilisant un code indéchiffrable pour les japonais lors des sanglantes opérations de reconquête du Pacifique. En fait, un film patriotique américain qui rend aux hommages à ses minorités serviles, ce qui en soit est louable et légitime. L'armée étant un grand vivier d'intégration où seules les valeurs d'honneur et de sacrifice forgent l'être humain, il est intéressant de voir dans une fiction comment les indiens se sont fait berner depuis toujours par leur sens de la guerre et de l'obéissance au chef. Bref, le sergent Henders (N. Cage) s'est fait méchamment amoché dans une bataille mais veut retourner à tout prix au combat pour casser du nyakwé. Comme ses escourdes sont bousillées, on lui file une mission "au rabais": servir d'ange gardien à un indien Navajo décodeur du fameux code, étant établi que le peau-rouge ne doit en aucun cas tomber dans les mains de l'ennemi, quitte à le flinguer. Du coup tout le film tourne autour du choix: flinguer un jap ou flinguer un navajo et bien sûr le Sergent va se lier d'amitié avec son windtalker "Yahzee" En dehors de la musique symphonique trop forte dans les scènes de combat, des stéréotypes ringards et d'un scénario peu original, j'ai passé un bon moment… j'ai bien aimé le beuf harmo/flûte indienne, ils sont sur la même tonalité, ça sauve le film Evidemment le regard bienveillant envers les navajos sent l'hypocrisie, n'empêche que l'armée US s'est forgé avec les grands chef indiens (qui baptisent grand nombre bâtiments militaires, de noms de mission etc…) et j'ai une tendresse particulière pour Nicolas Cage. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 25 Mai 2014 - 9:44 | |
| Comme beaucoup je trouve que tu as tendance à surinterpréter une supposée intention propagandiste/patriotique/paternaliste du cinéma hollywoodien actuel qui est bien souvent une vue de l'esprit. J'avais beaucoup aimé ce film, avant tout un film de John Woo, étranger à Hollywood qui transpose dans ce film les tiraillements honneur/loyauté qu'on retrouve dans quasiment tous ses films, et sa vision assez ambivalente de la façon dont l'Amérique, justement, traite ses minorités, qui fait écho aux difficultés qu'il a rencontré à ses débuts hollywoodiens, talent qu'on a voulu absorber et contrôler en niant son identité. Un film très personnel donc mais aussi un beau film de guerre chorégraphié comme un film d'action de HK. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 25 Mai 2014 - 9:46 | |
| Peu de souvenirs de ce film pour ma part... Et j'ai pas une tendresse particulière pour Nicolas Cage... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 25 Mai 2014 - 10:04 | |
| Même pas pour ses postiches ? Remarque, pour une fois il n'en a pas. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 26 Mai 2014 - 6:51 | |
| Ashes to ashes Au fil de sa carrière, Cronemberg semble aiguiser le tranchant de son cinéma par un traitement de plus en plus clinique. Aux excès insolites d’un Crash ou Faux semblants, aux saillies violentes des deux films avec Mortensen succède la période Pattison. Acérée comme du Easton Ellis, froide et désenchantée, elle remue les cendres d’un monde qui pense toujours pouvoir avancer. Maps to the stars nous donne l’illusion de traiter d’Hollywood. Certes, l’action s’y déroule et phagocyte les personnages, certes, c’est bien l’industrie du rêve qui vide les êtres de toute capacité à vivre ailleurs que par le filtre d’un écran. Mais le véritable sujet semble bien l’intimité des protagonistes, et leur rapport à un autre media, celui de leur psyché malade : chacun ses projections, par l’entremise de fantômes ou de marques sur la peau. C’est dans les intérieurs que Cronenberg s’engouffre, avec un gout prononcé pour les architectures tendances : vaste, épurées, aux lignes impeccables, elles surcadrent les habitants, les enferment autant qu’elles révèlent leur profonde béance. La mise en scène épouse cette esthétique : tout est effroyablement impeccable, froid et méthodique. Le contrôle est discret mais constant, à l’image des visages des personnages, et particulièrement celui de la jeune star de 13 ans, angélique et robotique à la fois. Le véritable enjeu du récit est celui du nœud familial, exacerbé par l’inceste. Dans la tragédie, celui-ci est unique, cathartique et focalise tous les enjeux, jusqu’à provoquer la peste sur une ville. Ici, la relecture du XXIè siècle change la donne. L’inceste est partout, la famille déviante semble être la conséquence d’une humanité qui, par désœuvrement ou déchéance, aurait été jusqu’à expérimenter le potentiel de ces extrémités. Tout est réversible, et la belle première scène entre Cusack et Moore donne le ton : une séance violente et perverses qu’on peut autant assimiler à du SM que de la thérapie. Si le contexte hollywoodien a un intérêt, c’est bien dans le rapport malsain qu’entretiennent les personnages à leur perversité : tour à tour, chacun pitche ses abimes, et pense tenir un sujet, renvoi habile à la fascination du cinéaste pour ces thématiques. En revanche, la dénonciation de l’usine à rêve ne fait malheureusement pas l’économie d’un didactisme poussif. Les motifs du vieillissement de Moore, de l’obsession de fric et de tournée de promo de Cusack, celle du plus jeune encore qui volerait la vedette à la jeune star, outre qu’ils sont éculés, ne font pas preuve de subtilité et alourdissent l’ensemble. Quand il traite de la famille post moderne, de la tragédie sans dieu, Maps to the stars est un labyrinthe assez fascinant. Lorsqu’il atteint les étoiles en question et tente de les circonscrire, il retombe paradoxalement un peu trop bas sur terre. | |
| | | Goupi Tonkin la séquence du spectateur
Nombre de messages : 914 Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 27 Mai 2014 - 17:14 | |
| Il est assez alléchant le dernier Cronenberg... Je crois que je vais me laisser tenter.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 27 Mai 2014 - 21:51 | |
| La bande-annonce ne m'excite pas du tout, et comme Cosmopolis m'avait pas emballé (quasiment son film le plus dispensable depuis... pfiou... Rage ?) je crois que je vais garder mes 10 euros et mater ça tranquille chez moi. |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 31 Mai 2014 - 16:42 | |
| Oh lala la citation multiple le beau joujou ! - Nulladies a écrit:
- "Deux jours et une nuit"
Un lendemain vers la liberté
La singulière partition des frères Dardenne nécessite un petit temps d’adaptation. Conjuguer d’emblée la mélodie rêche d’une mise en scène clinique avec les larmes et l’affaissement de Marion Cotillard est un pari risqué. Pourtant, on est très vite happés par cette course qui, si elle est sans musique (à l’exception de deux scènes, intégrée au récit, écoutée dans la voiture), fonctionne pourtant entièrement sur sa dynamique. Art de la répétition, elle ne cesse de moduler sur le même canevas : une porte qui s’ouvre, la demande de sauver un emploi à un(e) collègue qui en contrepartie devra renoncer à sa prime. La première facette de cette tranche de vie a donc une dimension collective : qu’on soit 12 hommes en colère ou 16 employés en galère, c’est bien la confrontation à la justice et le renoncement à la réaction instinctif (la vengeance chez Lumet, l’égocentrisme chez les Dardenne) qui se joue ; à la différence que si dans le premier, on apprend à honorer une justice démocratique, le second dévoile la violence impitoyable des dilemmes crées par le capitalisme. Certes, la visite à tous les collègues (un casting impeccable, marque habituelle chez les cinéastes) permet un artifice narratif légèrement appuyé, déployant l’éventail de toutes les réactions, de toutes les situations possibles : l’altruisme, la mère célibataire, l’agression, le désaccord, le dilemme, etc. Mais s’ils permettent une cartographie sociale de la classe ouvrière, le plus souvent obligée de travailler au noir le week-end, de ces échanges surgissent aussi de véritables moments de grâce, d’une humanité profonde et rare. On pense aux larmes de l’entraineur de foot, aux refus embarrassés de ces collègues qui auraient tant voulu qu’on ne leur impose pas pareil choix. De la violence du monde du travail, on ne verra que cet échange entre ceux qui la subisse. Le monde des décideurs est à peine un arrière-plan. Le contremaitre, véritable ordure, n’apparaitra que 10 secondes. La grande intelligence du film, sa pudeur aussi, est de se placer à hauteur des employés : c’est leur langage, c’est leur maladresse, loin des arguments chiffrés et pragmatiques de la direction. Jouer son emploi, c’est déterminer sa vie, son logement, le bien-être de ses enfants. Cette vie intime est le deuxième angle du récit : celui du carrefour où se trouve Sandra, qui doit décider si, au sortir de sa dépression, elle se laisse faucher en plein élan ou si elle se battra. La fragilité de sa motivation, portée à bout de bras par un mari dévoué, les découragements pourraient être considérés comme une surenchère dans le misérabilisme. Il n’en est rien. Sandra est un être fragile et faillible qui va apprendre malgré elle à reprendre contact avec les autres. [Spoilers] De ce point de vue, la progression et le dénouement de la quête sont particulièrement habiles. Après avoir mis à l’épreuve l’altruisme de ses collègues, le dilemme se retourne brutalement contre Sandra. Tout en chargeant de nouveau avec violence le système, les cinéastes permettent, dans cet univers carcéral et inhumain, la libération finale de leur personnage. Délestés, effroyablement libre, elle peut désormais affronter un terrain plus large, celui de l’emploi, pour une vie incertaine mais heureuse. Vu aussi et chui ben d'accord. C'est austère, on est mis un peu sous stress permanent. Pas éblouissant mais juste. Cotillard dans ce rôle, ça donnerait presque l'impression que la France d'en haut se sent concerné ?... - lalou a écrit:
- "Windtalkers"
De manière générale je mords facilement à tout ce qui touche de prêt ou de loin aux amérindiens d'Amérique et il y a quelques temps je suis tombé sur ce "Windtalkers" sur Paris Première. Le propos est de rendre hommage aux indiens Navajos qui ont fourni à l'armée US une aide inestimable pendant la 2ème guerre mondiale en utilisant un code indéchiffrable pour les japonais lors des sanglantes opérations de reconquête du Pacifique. En fait, un film patriotique américain qui rend aux hommages à ses minorités serviles, ce qui en soit est louable et légitime. L'armée étant un grand vivier d'intégration où seules les valeurs d'honneur et de sacrifice forgent l'être humain, il est intéressant de voir dans une fiction comment les indiens se sont fait berner depuis toujours par leur sens de la guerre et de l'obéissance au chef. Bref, le sergent Henders (N. Cage) s'est fait méchamment amoché dans une bataille mais veut retourner à tout prix au combat pour casser du nyakwé. Comme ses escourdes sont bousillées, on lui file une mission "au rabais": servir d'ange gardien à un indien Navajo décodeur du fameux code, étant établi que le peau-rouge ne doit en aucun cas tomber dans les mains de l'ennemi, quitte à le flinguer. Du coup tout le film tourne autour du choix: flinguer un jap ou flinguer un navajo et bien sûr le Sergent va se lier d'amitié avec son windtalker "Yahzee"
En dehors de la musique symphonique trop forte dans les scènes de combat, des stéréotypes ringards et d'un scénario peu original, j'ai passé un bon moment… j'ai bien aimé le beuf harmo/flûte indienne, ils sont sur la même tonalité, ça sauve le film Evidemment le regard bienveillant envers les navajos sent l'hypocrisie, n'empêche que l'armée US s'est forgé avec les grands chef indiens (qui baptisent grand nombre bâtiments militaires, de noms de mission etc…) et j'ai une tendresse particulière pour Nicolas Cage. Ça c'est de la critique ! Nulla n'a qu'à bien se tenir !! Va neiger sur Paris bientôt c'est sûr ! Patience !... | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 2 Juin 2014 - 6:56 | |
| La philosophie est l’art sans cesse répété de tout questionner. Un prof de philo parisien et une coiffeuse peuvent-ils construire une histoire d’amour ? Doit-on considérer que c’est à la lectrice de Voici et d’Anna Gavalda de s’élever vers Kant et Dostoievski, ou à l’amateur d’opéra de se lâcher sur Life is Life et de s’initier au karaoké dans une boîte d’Arras ? Peut-on séparer les propos insipides des lèvres qui les formulent, l’esprit d’un corps qu’on désire ? Peut-on raisonnablement penser qu’en 2014, on ne google pas son nouveau boy friend pour découvrir que c’est un philosophe de renom qui a publié un livre sur l’amour charnel surpassant celui de l’esprit, indice somme toute compromettant pour toute relation future ? Peut-on croire que cette relation tienne à ce point au prof, qui semble aussi charnel qu’un parpaing et plus émoustillé par son écriture sur l’éros que sa pratique ? Doit-on attribuer le jeu pénible d’Emilie Dequenne à son personnage, à son manque de talent ou à une écriture forcée qui ferait d’elle une insouciante TRES TRES heureuse qui chante tout le temps, aime le bus, son HLM et la vie de Jennifer Anniston ? Doit-on considérer comme volontaires ces dialogues figés et didactiques pour exprimer l’impossible osmose et relâchement d’un couple qui ne pourra jamais s’assortir complètement ? Les échanges sur la philosophie ou le prof explique que Steinbeck écrit comme elle coiffe ou qu’elle est kantienne sans le savoir sont-ils une ébauche naïve d’une tentative de fusion vue avec lucidité par le cinéaste ou des cours du Monde de Sophie déguisés à l’intention du spectateur qui n’en demandait pas tant ? Peut-on considérer que ce sujet était réellement porteur et qu’il n’aboutit ici à rien de véritable, embourbé dans des non-dits qui ne disent rien et une romance finalement bien mièvre ? Et pour finir, peut-on raisonnablement accorder quelque crédit que ce soit à ce final en dépit du bon sens ? Vous avez 4 heures. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 4 Juin 2014 - 6:56 | |
| Bataille, FAMILLE, batteries. Une fois n’est pas coutume, commençons sans ironie aucune par ce qui est sauvable dans ce film que je suis allé voir à cause de Stéphane Bou, qui dans un épisode récent de « Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert » sur Inter vantait avec enthousiasme, rejoint par le journaliste de Mad Movie, les mérites de ce nouvel opus consacré au dino proto nucléaire. Reconnaissons que de belles séquences se logent au sein de ce blockbuster. La chute des fumigènes rouges, déjà intelligemment choisie dans un teaser, est graphiquement très belle. Les divers dévoilements de la bête, qui fait un véritable striptease progressif, sont une jolie trouvaille qui travaille bien le pouvoir de fascination qu’elle exerce. Certaines constructions de profondeur de champ où l’action dévastatrice semble être reléguée au second plan pour privilégier le plan d’ensemble et sa puissance picturale ont du mérite, tout comme l’idée de filmer certaines séquences à hauteur d’enfant. Mais bon. L’idée du « toujours plus » est encore de mise : trois monstres pour le prix d’un. Outre la surenchère inutile, c’est surtout la laideur (numérique, notamment) des deux autres qui fait tâche, d’autant plus qu’ils apparaissent bien avant et salopent beaucoup l’effet de mystère du grand attendu. La grille scénaristique est celle du minimum syndical, avec toutes les coïcidences grossières que cela entraine : en gros, nos héros sont toujours au bon endroit, au bon moment, ainsi que leur descendance, et ce n’est pas en nous en donnant la version analogique qu’on nous fera passer la pilule du énième compte à rebours nucléaire. Tolérant face à ce cahier des charges apparemment immuable, on le sera moins face à l’exploitation éculée et proprement insupportable du thème finalement central de la famille. Maman qui meurt, papa qui meurt, fiston qui va tout faire pour sa femme et son fils, à coup de photos dans le portefeuille et d’accolades de pubs pour les assurances vies. Résultat, un bonne demi-heure, sinon plus, de mélasse engluant le véritable sujet. (La bande annonce de Transformers 4, vue avant le film, annonçait exactement le même programme, Wahlberg annonçant « Il fallait pas s’en prendre à ma famille »). Le jour où on dissociera le divertissement grand public de cette couenne poisseuse servie en gage de pathos, on pourra commencer à vraiment se divertir. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 4 Juin 2014 - 12:13 | |
| Je lis pas parce que j'ai vaguement confiance en l'auteur du très bons Monsters pour avoir transcendé la bouse qu'on comptait lui servir emballée et pesée. J'irai donc le voir sans a priori, d'autant que la bande-annonce en jette pas mal et que les acteurs cumulent un joli capital sympathie. |
| | | UnderTheScum
Nombre de messages : 866 Date d'inscription : 08/04/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 4 Juin 2014 - 12:21 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Je lis pas parce que j'ai vaguement confiance en l'auteur du très bons Monsters pour avoir transcendé la bouse qu'on comptait lui servir emballée et pesée. J'irai donc le voir sans a priori, d'autant que la bande-annonce en jette pas mal et que les acteurs cumulent un joli capital sympathie.
C'est clair qu'à la vue de l'affiche de Monsters il a pris le contre pied. Très chouette film. Du coup j'étais dans ce même état d'esprit que toi pour Godzilla mais tout ce qu'on m'en a dis m'inquiète quand même pas mal. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mer 4 Juin 2014 - 13:15 | |
| Ça peut pas être pire que celui d'Emmerich, une des plus grosses bouses que j'ai eu le malheur de voir au ciné dans ma vie. |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 10 Juin 2014 - 11:25 | |
| à la vision du film, pas besoin de se demander de quelle nationalité il est... grands espaces désertiques, violence, peu de dialogues... pas de doute, on est bien chez les Australiens une sorte de Mad Max un peu moins grandiloquent (le scénar cherche pas trop l'ambition: en gros, dans un monde un poil post-apocalyptique -du genre la Crise a ruiné tout le monde-, un mec se fait tirer sa bagnole et va chercher à tout prix à la récupérer), réalisé par le mec qui avait fait le très bon "Animal Kingdom" pas mal, même si on aurait aimé un petit peu plus de dialogues (et pas forcément juste entendre 15 fois répéter des phrases comme "where is your brother ?" ou "have you seen a car with 3 men inside ?"), histoire aussi de mieux exploiter le contexte (bon c'est un choix, why not) Pattinson la joue "eh regardez je peux faire un truc complèèèèètement différent de Twilight" (sans doute au grand désespoir des 2 adolescentes derrière nous) avec son personnage crade de mec pas trop fute fute | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 10 Juin 2014 - 12:29 | |
| Je veux bien qu'on critique Pattinson pour Twilight (dont je n'ai jamais rien vu) mais je l'avais trouvé excellent dans Remember Me aux côtés de la non-moins (et même davantage) géniale Emilie De Ravin (qui campe le rôle de Claire dans Lost). Je pensais faire un effort en allant voir un film pour ado, et ça volait bien plus haut que ça. Du coup, le Pattinson pour minettes, ça fait longtemps que je n'ai plus trop cette image-là de lui. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 10 Juin 2014 - 12:49 | |
| Bah entre les derniers Cronenberg et le morbide (et très beau) Bel Ami je pensais que plus personne n'avait cette image depuis un moment. Ça risque d'ailleurs de continuer avec les castings des prochains Herzog et Corbijn, mine de rien cet acteur est plutôt très bon. |
| | | UnderTheScum
Nombre de messages : 866 Date d'inscription : 08/04/2014
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 10 Juin 2014 - 13:29 | |
| Dernièrement vu :
X-Men: Days of Future Past : jamais été très fan des X-Men de Singer (son cast, sa réalisation). En revanche j'avais beaucoup aimé le First Class de Vaughn, j'étais donc assez déçu quand celui-ci avait lâché le projet de suite et que Singer avait pris la suite. Au final je m'attendais à pire, on est un peu à mi chemin entre X-Men 1 & 2 et le First Class, rien qu'au niveau du casting. Malgré certains côtés "too much" j'ai plutôt pris mon pied, une des meilleurs histoires des mutants avec des acteurs que j'aime beaucoup : Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, James McAvoy est aussi très bon. Même le retour de Wolverine ne m'a pas gâché mon plaisir. Assez marrant de voir comment ce film divise, notamment chez les amateurs de comics.
- L'île de Giovanni : assez mitigée sur cet anime, des passages très beaux, très touchant. D'autres assez répétitif ou qui tirent en longueur. Et difficile de ne pas souffrir de la comparaison avec le COSC Le Tombeau des Lucioles.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 10 Juin 2014 - 14:10 | |
| Pour les X-Men je comprends la réaction, quand tu as connu l'époque des Specials Strange, Spidey et autres Nova. Forcément, tu deviens pointilleux sur la chronologie, les costumes etc.. (d'ailleurs en France Wolverine s'appelait Serval ) Le pire de tout pour moi c'est le personnage de Nick Fury (pas dans les X-Men je sais): qui devient : |
| | | Tony's Theme air guitariste
Nombre de messages : 9160 Date d'inscription : 08/04/2009 Age : 49 Humeur : Monochrome
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 10 Juin 2014 - 14:16 | |
| - ELSD a écrit:
- Pour les X-Men je comprends la réaction, quand tu as connu l'époque des Specials Strange, Spidey et autres Nova.
Forcément, tu deviens pointilleux sur la chronologie, les costumes etc.. (d'ailleurs en France Wolverine s'appelait Serval )
Le pire de tout pour moi c'est le personnage de Nick Fury (pas dans les X-Men je sais):
qui devient :
Il y a pire encore On voit que tu n'as pas encore vu le casting du rebbot des 4 fantastiques http://www.imdb.com/title/tt1502712/?ref_=nm_flmg_dr_3Jamie Bell -> Ben Grimm (La chose) Michael B. Jordan -> Johnny Storm (La torche humaine) Toby Kebbell -> Fatalis | |
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| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... | |
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| | | | Voyage en salle obscure... | |
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