Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi
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Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi

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Rorschach
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 8:25

Voyage en salle obscure... - Page 18 Monuments-men-30339-600-600-F

Mouais mouais...10,50€...
C est rempli de bon sentiments, tjs les mêmes cabotinages de Clooney. On est très loin de la réalité historique.
Un film sympa à voir néanmoins, du divertissement, n y cherchez rien d'autres...

Edit : Ah oui, Dujardin y est pathétique...
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Esther
Yul le grincheux
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 8:38

Rorschach a écrit:
Dujardin y est pathétique...

Egal à lui-même quoi...
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Rorschach
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Rorschach


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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 8:41

Nan mais ca dégouline de bon sentiments, il surjoue, il a rien à dire en gros. D'ailleurs, ce personnage n a jamais existé...
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Azbinebrozer
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 14:47

Nulladies a écrit:
Voyage en salle obscure... - Page 18 7567351.3

Pour solde de tout compte

Le film s’ouvre sur une érection. Après un travail manuel et minutieux, les sœurs portent dans la neige une statue du Christ qu’elles posent sur son socle. Une séquence intense, silencieuse et profondément iconique, comme savent en faire Bresson ou Dreyer. Dominant le froid, ses fidèles, il sera le modèle inhumain ou surhumain, auquel tendra Ana.
Mais avant de prononcer ses vœux, une visite à son maigre reste de famille, une tante peu motivée à la rencontrer, va lui donner l’occasion de se frotter au monde.
Un monde où l’on évoque Dieu au début de chaque phrase, où les formules chrétiennes font partie de la ponctuation. Un monde où les ravages du communisme, le dernier fanatisme en date, sont encore dans les esprits, particulièrement celui de la tante qui en est une des grandes figures déchues. Un monde, enfin, où l’on s’acharne à oublier la tragédie de la guerre, en vivant sur les propriétés de ceux qui en furent spoliés, et dont les restes, enfouis sous la terre dont on se dit propriétaire, n’hantent heureusement plus grand monde.
Le programme est limpide : avant que de se retirer de lui pour son salut, vois le monde et son cortège d’horreurs, son humanité blessée et vidée de dignité, déchue de toute grâce.
C’est par les brillances d’un noir et blanc superbement ouvragé que se dévoilent les clartés blafardes des extérieurs, la profondeur de la terre gelée ou les clairs obscurs des salles de bal. Le cadrage, très particulier, dit lui aussi cette difficile adaptation à l’univers : les visages, souvent coupés au bord du cadre, laissent un espace démesuré à un décor qu’ils n’investissent pas avec pertinence, perdus en lui et face à lui.
Car Ana retrouve avec son nom, Ida, l’identité juive et le cours de l’histoire sanglante qui fit rage aux portes de son couvent. Sur ce visage sublime, (qui n’est pas sans évoquer la jeune Claire Danes) vierge de toute expérience, va s’animer l’étonnement d’un regard de braise, seul indice d’une vie et des élans qui l’animent. Avant que la coiffe ne tombe, nous n’aurons que lui, et trois fossettes pour faire connaissance avec le personnage, tout entier tendu vers l’extérieur, dans un renoncement de soi altruiste et avide de connaissance.

Spoiler:


Bravo encore Nulladies pour cette analyse notamment de l'image.

Pour la conclusion (à ne pas lire pour ceux qui souhaitent voir le film !  Exclamation ) je ne lis pas le film comme cela, même si cela a l'air d'être la tonalité dans pas mal de critiques... Je pense que nous restons dans un doute irrémédiable. L'idée que nous ayons la certitude qu'Ida travaille à racheter le monde est un cadeau bien trop grand pour lui, qu'il ne mérite pas. Je ne sais pas comment le peuple polonais lit ce film mais à mon sens il n'a droit qu'au silence. C'est déjà énorme de la part d'Ida !

Le choral orgue + texte de Bach adapté au seul piano, qui accompagne Ida vers le couvent, n'insiste pas particulièrement sur le moment lithurgique du salut de l'homme, de l'altruisme et du don de soi pour sauver les autres... La traduction à l'arrache de Reverso est "Par Adam le cas est tout à fait corrompu". La tonalité de la fin du film n'est-elle pas plus sobrement la sortie du monde terrestre, de sa chute ? Ida avance vers le crépuscule à rebours du sens du monde et des voitures. Elle n'a pas dit pardon. Nous ne savons pas si elle dira oui au moment de ses vœux. Elle n'a rien dit. A personne.

Il est clair que le retour vers le couvent favorise une lecture très soft du catholicisme ici. On peut lire ici une validation du catholicisme en tant qu'espace (le monastère) du rachat du monde, ou inversement comme l'espace de l'incapacité à gérer le monde ! Le doute est total. Dans les présentations, et 2 ou 3 critiques, lues depuis, on évoque la barbarie nazie, le mensonge communiste. Le film pointe aussi sobrement le catholicisme. Qui est le Père André à qui Ida a été remise durant la guerre ? Le même prêtre que celui qui la reçoit adulte, sans rien lui dire sur rien de ce qui s'est passé au village ? Le silence, la collusion du catholicisme polonais dans le génocide de la communauté juive, dans le partage des biens après-guerre, apparaît clairement. Et nous saurions malgré cela avec certitude ce qu'Ida pense ? Il est très possible que le seul projet de cet enfant du catholicisme soit à ce moment le simple refus du monde.

Oui Ida semble avancer sur la route comme libre et indépendante. Une lecture peut-être là encore aussi illusoire. Elle n'est peut-être qu'aussi victime d'elle-même ! Victime de son inaptitude au monde. Pourquoi l'a t-on gardée au couvent, même après la guerre, isolée de tous ? Pourquoi pas dans un pensionnat ? Elle est aussi victime de ses émotions sous le poids d'un monde abject, personne ne lui reprochera. Comment interpréter ses distances d'avec ses rares appuis ? Elle ne voit pas la détresse de sa tante. Elle ne sait pas répondre à l'amour du musicien. Elle n'aura pas un mot pour lui expliquer son choix, lui demander pardon. Et elle serait déjà dans une posture de rachat du mal du monde ? C'est aller trop vite. Ida/Ana ne peut pas affronter la vie car pour en affronter « les problèmes » comme le lui programme son amoureux, il faudrait qu'ils aient pu être ressentis comme des erreurs dépassables. Or rien ni le nazisme, ni le communisme, ni le catholicisme même n'offre ces dépassements. Le catholicisme est aussi incapable à gérer le monde. Mais Ida n'a pas de nature juive, elle ne quitte pas le catholicisme. Ne sort-elle pas simplement du monde avec lui, parce qu'elle ne sait pas encore aimer ? Ou alors pas autrement que par le don abstrait de soi ? Nous n'en savons finalement rien.

Victime en partie d'elle-même, Ida va aussi possiblement vers un suicide catholique. Un final catholique oui, mais possiblement suicide ! Dieu seul sait. Nous pas. Nous ne saurons pas si le silence d'Ida est un accord avec celui de Dieu ou en partie un défi à son silence ?


Dernière édition par Azbinebrozer le Dim 16 Mar 2014 - 18:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 18:09

J'ai eu des conversations depuis sur ce film, et qui allaient dans ton sens, justement.
Ce que tu dis se tient totalement. En ce qui me concerne, se retirer dans un couvent ou se retirer du monde a le même effet sur celui-ci : c'est un aveu d'échec (du monde, ou personnel, la question reste entière). C'est pourquoi c'est conciliable : le retrait d'Ida, c'est un retrait conscient, assumé, qu'il aboutisse au salut, au sacrifice et à la prière, ou qu'il soit un simple abandon du monde des vivants (qui ne sont pas loin d'être, de toute façon, tous des zombies...)
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 19:10

Nulladies a écrit:
J'ai eu des conversations depuis sur ce film, et qui allaient dans ton sens, justement.
Ce que tu dis se tient totalement. En ce qui me concerne, se retirer dans un couvent ou se retirer du monde a le même effet sur celui-ci : c'est un aveu d'échec (du monde, ou personnel, la question reste entière). C'est pourquoi c'est conciliable : le retrait d'Ida, c'est un retrait conscient, assumé, qu'il aboutisse au salut, au sacrifice et à la prière, ou qu'il soit un simple abandon du monde des vivants (qui ne sont pas loin d'être, de toute façon, tous des zombies...)
Oui ok c'est conciliable mais dans certains cas seulement. Dans le cas le plus extrême, Ida peut être revenue dans une posture de défi à Dieu. Là on ne concilie plus avec le rachat des péchés de l'humanité, ou alors dans une conciliation sous courant alternatif. Combien d'année peut-elle nourrir ainsi de profondes poussées contradictoires ? Haine du monde suivie de culpabilisation, abandon de soi pour rachat du monde, etc ? Ceux assez nombreux qui sortent du film en le trouvant froid ont peut-être ressenti la difficulté de Ida à aimer, mais peut-être ont-ils raté la profonde violence possible en elle ?

Aujourd’hui on nous raconte que les mérites universalistes des religions sont les fondements de l'universalisme occidental. Au risque de manquer complètement la rupture juridico-politique. Le christianisme est bien un universalisme mais comme toutes les religions un universalisme sur le mode de l'exclusivité. Un universalisme de communauté.
Je crois donc Nulla que ce que nous trace le film c'est un destin « spirituel » du catholicisme en mode interrogatif. Ida/Ana n'est pas juive, elle reste catholique. Un catholicisme qui se retire du monde et sans certitude, sans croyance établie. Le doute, voilà probablement le destin provisoire du spectateur de ce film, catholique ou non.
Ce n'est pas si grave. Le doute est juste le point de départ de toute position critique, rationnelle (balayé ici à des degrés divers par le nazisme, le communisme et le catholicisme).

(PS Le visage de l'actrice incarne moins la pureté que le lisse, l'insondable. A part la ou les 3 fossettes !)
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 19:40

Azbinebrozer a écrit:
Nulladies a écrit:
J'ai eu des conversations depuis sur ce film, et qui allaient dans ton sens, justement.
Ce que tu dis se tient totalement. En ce qui me concerne, se retirer dans un couvent ou se retirer du monde a le même effet sur celui-ci : c'est un aveu d'échec (du monde, ou personnel, la question reste entière). C'est pourquoi c'est conciliable : le retrait d'Ida, c'est un retrait conscient, assumé, qu'il aboutisse au salut, au sacrifice et à la prière, ou qu'il soit un simple abandon du monde des vivants (qui ne sont pas loin d'être, de toute façon, tous des zombies...)
Oui ok c'est conciliable mais dans certains cas seulement. Dans le cas le plus extrême, Ida peut être revenue dans une posture de défi à Dieu. Là on ne concilie plus avec le rachat des péchés de l'humanité, ou alors dans une conciliation sous courant alternatif. Combien d'année peut-elle nourrir ainsi de profondes poussées contradictoires ? Haine du monde suivie de culpabilisation, abandon de soi pour rachat du monde, etc ? Ceux assez nombreux qui sortent du film en le trouvant froid ont peut-être ressenti la difficulté de Ida à aimer, mais peut-être ont-ils raté la profonde violence possible en elle ?

Aujourd’hui on nous raconte que les mérites universalistes des religions sont les fondements de l'universalisme occidental. Au risque de manquer complètement la rupture juridico-politique. Le christianisme est bien un universalisme mais comme toutes les religions un universalisme sur le mode de l'exclusivité. Un universalisme de communauté.
Je crois donc Nulla que ce que nous trace le film c'est un destin « spirituel » du catholicisme en mode interrogatif. Ida/Ana n'est pas juive, elle reste catholique. Un catholicisme qui se retire du monde et sans certitude, sans croyance établie. Le doute, voilà probablement le destin provisoire du spectateur de ce film, catholique ou non.
Ce n'est pas si grave. Le doute est juste le point de départ de toute position critique, rationnelle (balayé ici à des degrés divers par le nazisme, le communisme et le catholicisme).

(PS Le visage de l'actrice incarne moins la pureté que le lisse, l'insondable. A part la ou les 3 fossettes !)

Bien dit.
Tu fais quoi, déjà, dans la vie ? Herméneute ?  Very Happy 
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 21:43

Oh l'aut' pour une fois que je fais celui qui sollicite les herméneutes à la lecture du film et qui dit "impossible d’interpréter le texte puisque nous n'avons que du silence !" Pour une fois que je ne suis pas en suspicion de sur-interprétation !  Wink 

J'avoue que je prends souvent des risques avec des analyses ne prenant pas le temps de repasser par la case terrain ! J'apprécie ta capacité à repasser par exemple sur la façon de filmer, liant forme et fond.
Je n'ai pas de méthode. Par contre celle que je vois enseigner à mon fiston en collège ou lycée m'effraie parfois. Tant de précautions, d'outils dans les mains, pour arriver parfois à si peu, passer même parfois à côté du  texte (là je parle d'évaluation proposée et à côté de la plaque) ! Des tas de notions qui empêchent l'élève de ressentir le texte sans avoir tout de suite à solliciter un bagage préalable. Des exécutants comme partout dans l'enseignement aujourd'hui...

Pour ce qui est du destin du catholicisme que je trace, oui je pousse. Mais ce n'est pas si tordu. C'est juste ce que peut produire un lecteur de Condorcet, isolé aujourd'hui, alors qu'il y a 50 ans tous les enseignants le lisaient.
Pour ce qui est de « Ida ne sait pas aimer » c'est ma femme qui me l'a soufflé. C'est elle qui m'apprends ça. Depuis longtemps.  Wink Ensuite mon propos c'est celui d'un gars qui sort du ciné sous le poids de la froideur et du silence du film. Et qui du coup se réveille à 4 h du matin avec une pelle et une hache à la main !
J'ai essayé le stylo !  Embarassed
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 22:00

Azbinebrozer a écrit:
Oh l'aut' pour une fois que je fais celui qui sollicite les herméneutes à la lecture du film et qui dit "impossible d’interpréter le texte puisque nous n'avons que du silence !" Pour une fois que je ne suis pas en suspicion de sur-interprétation !  Wink 

J'avoue que je prends souvent des risques avec des analyses ne prenant pas le temps de repasser par la case terrain ! J'apprécie ta capacité à repasser par exemple sur la façon de filmer, liant forme et fond.
Je n'ai pas de méthode. Par contre celle que je vois enseigner à mon fiston en collège ou lycée m'effraie parfois. Tant de précautions, d'outils dans les mains, pour arriver parfois à si peu, passer même parfois à côté du  texte (là je parle d'évaluation proposée et à côté de la plaque) ! Des tas de notions qui empêchent l'élève de ressentir le texte sans avoir tout de suite à solliciter un bagage préalable. Des exécutants comme partout dans l'enseignement aujourd'hui...

Pour ce qui est du destin du catholicisme que je trace, oui je pousse. Mais ce n'est pas si tordu. C'est juste ce que peut produire un lecteur de Condorcet, isolé aujourd'hui, alors qu'il y a 50 ans tous les enseignants le lisaient.
Pour ce qui est de « Ida ne sait pas aimer » c'est ma femme qui me l'a soufflé. C'est elle qui m'apprends ça. Depuis longtemps.  Wink Ensuite mon propos c'est celui d'un gars qui sort du ciné sous le poids de la froideur et du silence du film. Et qui du coup se réveille à 4 h du matin avec une pelle et une hache à la main !
J'ai essayé le stylo !  Embarassed

C'est marrant, j'ai justement bossé là dessus une bonne partie de la journée. Je forme des profs de français sur ce sujet mardi : la lecture analytique du collège au lycée. Et l'idée principale, c'est notamment de botter le cul des structuralistes pour revenir à du ressenti...
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 16 Mar 2014 - 22:58

Dans mes bras Nulla !
N'importe quel freinetiste contre un structural tatillon ! Cela fait 20 ans que je lutte contre cela dans l'éduc nat à différents niveaux à commencer par le fait de lutter contre souvent littéralement l'interdiction faite de la grammaire de sens aux jeunes élèves, même si j'apprécie et ait fait pratiqué aussi la grammaire structurale.
Dans les années 90 on a eu la typologie de textes... Assez naze !
Aujourd'hui on commence seulement à relever la tête dans le premier degré, des obstacles à la compréhension issu de la grammaire structurale textuelle. C'est intéressant mais on ne peut pas réduire les pb de compréhension à une somme de micros obstacles à dépasser et combiner pour accéder à la compréhension. Heureusement on touche en compréhension de lecture à de nouveaux trucs bien bons, avec Goigoux/Cébe, Patrick Joole qui ont recentré la compréhension sur le nerf de la guerre : la compréhension des pensées des personnages...
Autre écueil : travailler le langage en maternelle avec comme seul présupposé : le langage sert à communiquer. Donc on travaille toutes sortes de micro compétences dans toutes sortes de situations de communication bien définies. C'est intéressant mais long, laborieux, et cela rate la dimension idéaliste du langage qui vise une humanité idéale. Bien sûr quand je commence sur ce sujet là entre formateurs, tout le monde regarde ses Saussure ! Oui je passe bien sûr pour un dingue. Il y a pourtant des applications concrètes d'une telle conception idéaliste de la fonction du langage.

ça m'intéresse vraiment d'avoir un retour si tu veux bien de ton travail sur le thème que tu évoques.
Pour le collège, lycée on est face à un paradoxe : il y a un certain nombre d'éléments de structure propre à chaque genre. Le problème comme dirait Rabbyt c'est que le CO, mais pas seulement lui, il est souvent au-delà de ça. Et donc qu'on ne le vise plus comme tel !
Plus globalement la pensée structuraliste est une magnifique pensée synchronique. Elle est capable de définir tant de similitudes à un temps donné. Par contre elle est faible pour rendre compte de ce qui est diachronique. Par essence le structuralisme n'est pas concerné par le temps : il voit déjà de la similitude partout !! Alors entre le passé et le présent pourquoi y aurait-il tant de différences ? Le structuralisme se traine pour expliquer les logiques. Voilà dit à très très gros traits.

Bonne chance pour ta formation. Comment faire aujourd'hui ? Oui au moins en classe à l'oral prendre du temps sur le ressenti (mais pas en partant du "j'aime/j'aime pas"). A l'écrit en individuel : dans la méthode leur donner une liste de questions type qui ont trait avant tout au ressenti. Ensuite les outils structuraux (à tout hasard !  Wink ) et puis on essaie de mettre en cohérence les deux si on peut ?  Wink 
Mais sur le fond il faut aussi que les gosses sentent qu'on n'est pas dans un entre soi entre littéraires, bref que la littérature ne parle pas que de littérature ! Mais de vrais problèmes qu'ils auront à affronter dans leur vie (et savoir interpréter c'en est un énorme !). Sinon tu ne peux pas réintroduire du ressenti. Qu'est-ce que tu veux demander du ressenti à des mômes sur des réseaux hypertextuels qui nous font palucher nous au 75ème degré ?

Bon courage alors Nulla pour ce beau travail humain !
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 30 Mar 2014 - 8:36

Voyage en salle obscure... - Page 18 MV5BMjA1Nzk0OTM2OF5BMl5BanBnXkFtZTgwNjU2NjEwMDE@._V1_SX640_SY720_

Vestiges de l’amour


La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux.
Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel.
Plus de cliquetis de clavier. Voix et mobilité sont les composantes de la nouvelle liberté numérique.
Le son est parfait. Sans relais, net, d’une présence sans faille.
La ville est vaste, sur-urbanisée, certes, mais avec tact. La pollution atmosphérique semble nimber d’un voile ouaté le décor d’une étonnante propreté.
Les zones sont piétonnes.
Les trains ultra-rapides et silencieux.
Les gens sont heureux ; absorbés par leur conversation, l’œil brillant.
Seuls.

L’anticipation a ceci de déstabilisant qu’elle est à court terme, et profondément crédible. Cette ville a tout de la mégalopole idéale, et les appartements sortent tout droit des publicités qui nous inondent.
Dans cette atmosphère solaire et (de papier) glacée, c’est l’opacité d’un déficient affectif qu’on nous impose. Dans une société où l’on fait écrire ses lettres par les autres, la parole semble être un rempart infranchissable. L’intersubjectivité une contrainte qu’on pourrait contourner.
L’attachement qu’il voue progressivement à Samantha est celui de l’enfant face à son doudou : objet transitionnel sur lequel on transfère tout ce qu’on désire ; petit esclave affectif.
Ce qui intéresse n’est pas tant l’évolution finalement très humaine de la relation entre les deux protagonistes, mais de la crédibilité, de l’épaisseur que Théodore y accorde.
Ce qui étonne, c’est qu’on soit nous-même émus, profondément, par cette voix et par cette présence.

(Spoils)

Et dépassés. L’évolution de l’OS, dont la croissance ne cesse de se ramifier, a ceci de bouleversant qu’elle quitte les sentiers battus de la SF traditionnelle (en gros, la prise de pouvoir sur le monde par les machines, ou la mise à mort de l’humanité) pour laisser son géniteur en plan et s’affranchir de sa mission initiale.
L’homme était sans Dieu, le voilà sans machine. Que reste-t-il ?
Notre enthousiasme du contact exclusif, la modestie de notre connaissance et les limites de notre ambition. La profonde, fragile, instable mais durable émotion qu’est la nôtre. Sa capacité à laisser des traces immatérielles en nous, à vie, quand un reboot suffit à la machine.
Ces variations, ces modulations infimes face à un homme seul qui parle, sur le canevas d’un récit somme toute éculé, celui des multiples ruptures et de la solitude, ont la force d’une démonstration ambivalente. Nous cherchons toujours la même chose. Notre faiblesse, notre singularité, sera toujours l’étincelle d’origine des plus grandes inventions, qu’il s’agisse d’un OS ou d’un scénario.

La lumière, sur les toits d’un monde brusquement esseulé, est toujours là. Toujours aussi réconfortante.
Assis au bord du gouffre, la question est de savoir si c’est celle de l’aube ou du crépuscule.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 30 Mar 2014 - 19:32

Diplomatie et  Hanna Arendt (à la télé)

Voyage en salle obscure... - Page 18 Diplomatie

Voyage en salle obscure... - Page 18 20479928

Le combat contre le mal est de tous les écrans ! Pendant que les forces de la jeunesse partent ce week-end à l'assaut des néonazis de Super America, les vieux comme moi tentent de contenir les derniers resurgissements du passé. Au programme, Hannah Arendt à la télé, suivi par Diplomatie au cinéma ! Lancés par deux cinéastes allemands de renom : Margarethe Von Trotta , Volker Schlöndorff.

Une question commune, explosive, « Si Hitler vous avait demandé de tuer vos propres enfants, l'auriez-vous fait aussi ? »... Adressée à Eichman, responsable dans les camps de concentration, et au Général Dietrich Von Choltitz, avant qu'il ne fasse sauter le tout Paris, monuments compris...
Deux films, bavards, qui ont le mérite de poser de nombreuses questions intéressantes.

Diplomatie plus court réussit à entretenir un suspens. Un film adapté d'une pièce de théâtre, assez grand public très recommandable.

Hanna Arendt
est plus long et dilué, l'auteur semble vouloir creuser l'écart entre la chaleur de la philosophe au quotidien et la rigueur de sa pensée fort mal accueilli. En ne parlant pas au nom d'une communauté, elle n'y va pas avec le dos de la cuiller. Trois points...
- la banalité du mal, particulièrement dans un génocide organisé industriellement. Malgré les préventions de Hanna  le thème de la banalité du mal est assimilé à celui choquant de la banalisation du mal...
- le rôle de cadre juifs dans l'organisation du génocide (10 p sur 300).
- le fait qu'un des organisateurs en 42 de la solution finale ait pu avoir une origine juive (fait pas forcément avéré... et pas développé dans le film).
… qui cumulés vont bien sûr faire scandale...

Bref deux challenges difficiles, normal sans Super-héros !...  Embarassed
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyLun 31 Mar 2014 - 10:07

Nulladies a écrit:
Voyage en salle obscure... - Page 18 Grand-Budapest-Hotel-131017

Le double fond de l’air est frais.

Lorsque Wes Anderson s’est essayé il y a quelques années à l’animation, cela semblait tout à fait légitime : avec un tel sens pictural, de la couleur et du réaménagement du réel, il ne pouvait que s’épanouir dans ce format. Après la parenthèse enchantée et insulaire de Moonrise Kingdom, le voilà aux prises avec l’Europe, son histoire trouble et la terrible envie de donner de l’ampleur à ses moyens.
The Grand Budapest Hotel est une boite de magicien, aux entrées multiples. C’est un cartoon en prise de vue réelle, c’est un mouvement continu, une galerie de personnages au name dropping pour une fois réjouissant (ce qui était aussi le cas dans Moonrise Kingdom).
Dès le départ, par l’entremise d’un récit encadré multiple, le spectateur descend les diverses poupées russes pour atteindre le cœur du récit. Le passage par les bains décatis (dont l’esthétique fait très fortement penser au Deep End de Skolimowski) nous montre un lieu en déshérence, dans l’attente de la splendeur du récit primal : Anderson ménage ses flamboyances, et ira même jusqu’à modifier le format de l’image en fonction de sa temporalité.
A l’image des pâtisseries de Mendl, chaque plan est saturé de couleurs et de de dorure, chaque acteur grimé à l’excès, mais tout fonctionne : difficile de résister au contrat de lecture que le cinéaste nous propose. C’est Tintin au pays des klobecks, un monde dans lequel tout fonctionne avec une précision d’horloger. Sur cette surface lisse, Anderson crée un palimpseste continu : tout est à double fond : les tableaux, les cellules, les testaments, et l’on se perd avec délice dans les détours retors d’une intrigue qui n’en finit pas de se ramifier. Tout entier construit sur les déplacements : le film ébauche un lieu multiple, où toutes les cloisons sont poreuses et la chorégraphie constante des entrées, des échappées et des croisements virtuose. C’est La Règle du Jeu duquel on aurait prélevé le cynisme et le désenchantement.
Qu’on ne s’y trompe pas : Anderson, fidèle à son univers plastique, ne bouleverse pas : c’est un objet rutilant que sa machinerie, d’une précision savoureuse, mais d’une beauté un peu froide. Certes, le spectre de l’Histoire rode et les références sont nombreuses aux tragédies de l’Europe des années 30. Mais c’est avec une distance ludique qu’on l’aborde, par une anamorphose colorée et surtout prétexte à des rebondissements supplémentaires.
[Spoilers]
Spoiler:

Vu hier soir et pas grand chose à ajouter à ta critique: visuellement chaque plan est magnifique, c'est ultra ludique, un peu fou, sans pour cela éluder le contexte historique. J'ai adoré!
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyLun 14 Avr 2014 - 10:55

moonriver a écrit:
Nulladies a écrit:
Voyage en salle obscure... - Page 18 Grand-Budapest-Hotel-131017

Le double fond de l’air est frais.

Lorsque Wes Anderson s’est essayé il y a quelques années à l’animation, cela semblait tout à fait légitime : avec un tel sens pictural, de la couleur et du réaménagement du réel, il ne pouvait que s’épanouir dans ce format. Après la parenthèse enchantée et insulaire de Moonrise Kingdom, le voilà aux prises avec l’Europe, son histoire trouble et la terrible envie de donner de l’ampleur à ses moyens.
The Grand Budapest Hotel est une boite de magicien, aux entrées multiples. C’est un cartoon en prise de vue réelle, c’est un mouvement continu, une galerie de personnages au name dropping pour une fois réjouissant (ce qui était aussi le cas dans Moonrise Kingdom).
Dès le départ, par l’entremise d’un récit encadré multiple, le spectateur descend les diverses poupées russes pour atteindre le cœur du récit. Le passage par les bains décatis (dont l’esthétique fait très fortement penser au Deep End de Skolimowski) nous montre un lieu en déshérence, dans l’attente de la splendeur du récit primal : Anderson ménage ses flamboyances, et ira même jusqu’à modifier le format de l’image en fonction de sa temporalité.
A l’image des pâtisseries de Mendl, chaque plan est saturé de couleurs et de de dorure, chaque acteur grimé à l’excès, mais tout fonctionne : difficile de résister au contrat de lecture que le cinéaste nous propose. C’est Tintin au pays des klobecks, un monde dans lequel tout fonctionne avec une précision d’horloger. Sur cette surface lisse, Anderson crée un palimpseste continu : tout est à double fond : les tableaux, les cellules, les testaments, et l’on se perd avec délice dans les détours retors d’une intrigue qui n’en finit pas de se ramifier. Tout entier construit sur les déplacements : le film ébauche un lieu multiple, où toutes les cloisons sont poreuses et la chorégraphie constante des entrées, des échappées et des croisements virtuose. C’est La Règle du Jeu duquel on aurait prélevé le cynisme et le désenchantement.
Qu’on ne s’y trompe pas : Anderson, fidèle à son univers plastique, ne bouleverse pas : c’est un objet rutilant que sa machinerie, d’une précision savoureuse, mais d’une beauté un peu froide. Certes, le spectre de l’Histoire rode et les références sont nombreuses aux tragédies de l’Europe des années 30. Mais c’est avec une distance ludique qu’on l’aborde, par une anamorphose colorée et surtout prétexte à des rebondissements supplémentaires.
[Spoilers]
Spoiler:

Vu hier soir et pas grand chose à ajouter à ta critique: visuellement chaque plan est magnifique, c'est ultra ludique, un peu fou, sans pour cela éluder le contexte historique. J'ai adoré!

pas mieux

j'ai jamais été grand fan de Wes Anderson (à l'exception du "Fantastique Mr Fox" qui m'avait pour le coup bien plu) et sa maniaquerie notamment quant à la symétrie de TOUS les plans avait tendance à m'énerver un poil ("Moonrise Kingdom" par exemple)

mais là pour une fois j'ai trouvé que ça marchait bien et le côté ultra-ludique (mais contrebalancé par quelques touches de noirceur par ci par là) est bien plus réussi que dans les précédents

ceci dit ma copine était loin de partager mon opinion et mon enthousiasme, comme quoi il ne fait pas complètement l'unanimité

me reste à rattraper quelques films depuis mon retour de vacances: "Her", "Gerontophilia" et un ou 2 autres
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyLun 14 Avr 2014 - 11:06

Je vais tenter alors, jusque là j'étais du même avis que toi (Fantastique Mr Fox étant le seul que j'ai vraiment aimé).
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyLun 14 Avr 2014 - 11:23

Zwaffle a écrit:

sa maniaquerie notamment quant à la symétrie de TOUS les plans avait tendance à m'énerver un poil ("Moonrise Kingdom" par exemple)

Ça on peut le dire.
http://vimeo.com/89302848

Perso, j'aime beaucoup ce réalisateur, mon préféré reste "La Famille Tenenbaum" mais je comprends tout à fait qu'il puisse agacer.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyLun 14 Avr 2014 - 11:59

Tony's Theme a écrit:
Zwaffle a écrit:

sa maniaquerie notamment quant à la symétrie de TOUS les plans avait tendance à m'énerver un poil ("Moonrise Kingdom" par exemple)

Ça on peut le dire.
http://vimeo.com/89302848

Perso, j'aime beaucoup ce réalisateur, mon préféré reste "La Famille Tenenbaum" mais je comprends tout à fait qu'il puisse agacer.

y a encore plus de symétrie dans le dernier mais va savoir pourquoi, ça m'a moins dérangé cette fois-ci
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyMar 22 Avr 2014 - 11:42

Vu Real hier soir du prolifique Kiyoshi Kurosawa. Très sympa, visuellement superbe, j'ai juste quelques réservent quant à la fin et à un twist un peu convenu, mais je conseil quand même.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyMar 22 Avr 2014 - 20:13

Merci, j'avais complètement zappé ce retour ! Jamais vraiment été déçu avec lui.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyMer 23 Avr 2014 - 9:50

Voyage en salle obscure... - Page 18 1011843_fr_gerontophilia_1383646193575

vu hier

je crois pas avoir déjà vu de films de Bruce LaBruce, a priori les précédents sont plus trash (voire porno) mais celui-ci est une gentille histoire d'amour entre un jeune homme et un vieux monsieur malade (le héros bosse dans une maison qui s'occupe de soigner des vieux)

c'est le genre de film qui aurait pu être réalisé par Gus Van Sant il y a quelques années

mention spéciale à la musique, avec des titres de The Horrors, Liars et surtout le très approprié "Help The Aged" de Pulp

(a priori le réalisateur a pu avoir les droits de certains morceaux pour pas trop cher car il connaît plusieurs des artistes, c'est ce qu'il racontait hier soir à ma copine sur twitter... parce qu'il suit ma copine sur twitter!)
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyMer 7 Mai 2014 - 12:10

Voyage en salle obscure... - Page 18 Sans-t25

Un musicien quitte son groupe, sa femme, sa vie, et devient gardien d'immeuble. Là il rencontre une retraité un peu "borderline".
La première partie du film est assez drôle, les personnages sont très attachants (premiers mais aussi second rôles). Salvadori a un véritable talent dans ce film pour camper une situation ou définir un personnage en 2 plans et 3 phrases. Du coup, il parvient à conserver une certaine légèreté tout au long du film, même dans les moments les plus plombés. De jolies moments de poésie également, notamment lors des scènes dans un parc, avec des enfants jouant au foot ou des artistes qui s'exercent à faire des bulles de savon géantes.
Les interprètes sont magnifiques: Catherine Deneuve, bien sûr, mais aussi Gustave Kervern qui fait preuve d'une finesse et d'une sensibilité que je ne soupçonnait pas chez lui.
Un très bon moment de cinéma.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyJeu 8 Mai 2014 - 7:39

moonriver a écrit:
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Un musicien quitte son groupe, sa femme, sa vie, et devient gardien d'immeuble. Là il rencontre une retraité un peu "borderline".
La première partie du film est assez drôle, les personnages sont très attachants (premiers mais aussi second rôles). Salvadori a un véritable talent dans ce film pour camper une situation ou définir un personnage en 2 plans et 3 phrases. Du coup, il parvient à conserver une certaine légèreté tout au long du film, même dans les moments les plus plombés. De jolies moments de poésie également, notamment lors des scènes dans un parc, avec des enfants jouant au foot ou des artistes qui s'exercent à faire des bulles de savon géantes.
Les interprètes sont magnifiques: Catherine Deneuve, bien sûr, mais aussi Gustave Kervern qui fait preuve d'une finesse et d'une sensibilité que je ne soupçonnait pas chez lui.
Un très bon moment de cinéma.

Celui-là m'intéresse bien.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptySam 10 Mai 2014 - 8:40

Voyage en salle obscure... - Page 18 Dans-la-cour

Fissures secrètes

Dans la cour, on fait ce qu’on peut pour que ça ressemble à ce à ce à quoi doit ressembler une cour. Propre, dégagée, sans nuisance.
Le nouveau gardien arrivé il y a peu fait des efforts.
C’est vrai, on voit bien qu’il ne respire pas la joie de vivre. La quadra du quatrième m’a dit qu’elle l’avait entendu dire « Moi, récurer, ne pas penser et dormir, je tuerai pour ça ». Au début, j’étais un peu inquiète. Je me suis dit avec Colette, ma voisine, c’est pas un foyer de réinsertion, on des gens respectables. Alors oui, il est gros, il ne se rase pas, mais il dit bonjour, et on a bien vu qu’il essaie de répondre aux demandes des copropriétaires. Faut dire aussi, entre les vélos volés que le drogué du deuxième entrepose, le réfugié illuminé de l’Est qui tente de squatter avec son chien, il a bien du travail. J’ai l’impression qu’il sait pas dire non, ou plutôt qu’il a pas envie, qu’il laisse tout passer. Il boit, voire pire. Parfois, il sort pas de sa loge pendant 24 h et écrit sur un carton qu’il est malade. C’est gênant, ça fait vraiment très SDF.
Dans la cour, il y a le couple de retraités qui s’occupe du syndic. Lui, rien à dire, il est courtois. Elle, comment dire… Elle est bizarre. On voit bien que ça tourne pas rond. Elle s’occupe dans les associations, mais elle a toujours cette inquiétude fragile dans le regard. Au début, on la méprisait un peu, mais c’est vrai qu’elle est touchante. Son mari semble inquiet, elle a fait une fixation sur les fissures dans son appart, elle est persuadée que tout va s’écrouler. Si vous voulez mon avis, les fissures, c’est autre part qu’elles se situent, comme chez le gardien, tiens, ils font la paire tous les deux. Oh, rien de condamnable, je vous rassure, c’est juste qu’ils partagent leur insomnie et leur truc, là, la dépression je crois.
Mais on rigole bien de temps en temps, faut avouer. Vu d’en haut, leurs réunions foireuses ou le proprio du troisième obsédé par les bruits des chiens et qui aboie la nuit pour qu’ils lui répondent, ça fait de l’animation. Pendant une période, on se croyait un peu dans ces séries d’avant 20h à la télé, mais en vraiment drôle. Mais ça, c’était avant. On pensait pas que ça allait évoluer comme ça.
On connait jamais vraiment les gens, c’est moi qui vous le dis. J’aurais pas cru, je vous assure.
Ça me fait de la peine, toute cette histoire.
Mais bon, hein, c’est la vie, comme je dis souvent, on a déjà assez de soucis à la maison pour pas porter tous les malheurs de l’immeuble. C’est pas le gardien qui me contredira.
(8/10)
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptySam 10 Mai 2014 - 10:09

Nulladies a écrit:
Voyage en salle obscure... - Page 18 Dans-la-cour

Fissures secrètes

Dans la cour, on fait ce qu’on peut pour que ça ressemble à ce à ce à quoi doit ressembler une cour. Propre, dégagée, sans nuisance.
Le nouveau gardien arrivé il y a peu fait des efforts.
C’est vrai, on voit bien qu’il ne respire pas la joie de vivre. La quadra du quatrième m’a dit qu’elle l’avait entendu dire « Moi, récurer, ne pas penser et dormir, je tuerai pour ça ». Au début, j’étais un peu inquiète. Je me suis dit avec Colette, ma voisine, c’est pas un foyer de réinsertion, on des gens respectables. Alors oui, il est gros, il ne se rase pas, mais il dit bonjour, et on a bien vu qu’il essaie de répondre aux demandes des copropriétaires. Faut dire aussi, entre les vélos volés que le drogué du deuxième entrepose, le réfugié illuminé de l’Est qui tente de squatter avec son chien, il a bien du travail. J’ai l’impression qu’il sait pas dire non, ou plutôt qu’il a pas envie, qu’il laisse tout passer. Il boit, voire pire. Parfois, il sort pas de sa loge pendant 24 h et écrit sur un carton qu’il est malade. C’est gênant, ça fait vraiment très SDF.
Dans la cour, il y a le couple de retraités qui s’occupe du syndic. Lui, rien à dire, il est courtois. Elle, comment dire… Elle est bizarre. On voit bien que ça tourne pas rond. Elle s’occupe dans les associations, mais elle a toujours cette inquiétude fragile dans le regard. Au début, on la méprisait un peu, mais c’est vrai qu’elle est touchante. Son mari semble inquiet, elle a fait une fixation sur les fissures dans son appart, elle est persuadée que tout va s’écrouler. Si vous voulez mon avis, les fissures, c’est autre part qu’elles se situent, comme chez le gardien, tiens, ils font la paire tous les deux. Oh, rien de condamnable, je vous rassure, c’est juste qu’ils partagent leur insomnie et leur truc, là, la dépression je crois.
Mais on rigole bien de temps en temps, faut avouer. Vu d’en haut, leurs réunions foireuses ou le proprio du troisième obsédé par les bruits des chiens et qui aboie la nuit pour qu’ils lui répondent, ça fait de l’animation. Pendant une période, on se croyait un peu dans ces séries d’avant 20h à la télé, mais en vraiment drôle. Mais ça, c’était avant. On pensait pas que ça allait évoluer comme ça.
On connait jamais vraiment les gens, c’est moi qui vous le dis. J’aurais pas cru, je vous assure.
Ça me fait de la peine, toute cette histoire.
Mais bon, hein, c’est la vie, comme je dis souvent, on a déjà assez de soucis à la maison pour pas porter tous les malheurs de l’immeuble. C’est pas le gardien qui me contredira.
(8/10)

Oui, c'est exactement ça, un film sur les fissures, celles des murs qui révèlent celles des gens. Et, parfois, on n'en soupçonne pas la profondeur.
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 11 Mai 2014 - 12:47

Voyage en salle obscure... - Page 18 Trois-soeurs-du-yunnan

Les trois soeur du Yunnan
Tableau terrible de la Chine telle qu'elle évolue à marche forcée, en même temps qu'elle offre à notre empathie des personnages inoubliables. Cette oeuvre est d'une folle exigence, tant narrative que formelle, d'une implacable rigueur, et réussit pourtant à être parfaitement accessible, ouvert à qui veut bien prendre la peine et le temps d'ouvrir les yeux, le cœur et l'esprit.

Ce film nous transporte donc dans les montagnes de la province du Yunnan, une région rurale et isolée du Sud-Ouest de la Chine. Nous sommes à plus de 3000 mètres d'altitude, les paysages sont grandioses et sauvages, l'air est rare, le climat est rude, les habitants n'ont d'autre choix que de l'être aussi. Les villageois que filme Wang Bing vivent d'un peu d'élevage, d'un peu de culture – celle qui résiste à ces altitudes. C'est un monde archaïque, loin de toute idée de confort ou de progrès, qui subsiste au jour le jour dans le froid et la boue.
Au sein de cette communauté composée très majoritairement de femmes, d'enfants et de vieillards – tout est relatif : ici on est vieux à cinquante ans – la caméra de Wang Bing va suivre au plus près trois fillettes, les trois sœurs du titre de 10, 6 et 4 ans. Le film les prend au réveil, un matin comme les autres. Longue scène où on découvre leurs bouilles formidablement vives, où on devine leur situation incroyable. Elles sont en grande partie livrées à elles-mêmes, se débrouillent seules : leur mère est partie depuis longtemps, sans doute usée par cette vie trop dure. Le père, quand à lui, est parti travailler à la ville, ou du moins essayer, comme la plupart des hommes du village. Dans les maisons voisines vivent leur grand-père paternel, un oncle, une tante… On ne peut pas dire pour autant que règne une intense chaleur familiale : pas le temps, pas les moyens, pas la culture.
Les trois gamines sont totalement intégrées à la vie du village, elles assurent leur petite part des travaux quotidiens, font sortir les porcs, les chèvres, les moutons, vont ramasser la tourbe ou les crottes de brebis séchées pour alimenter le feu, font elles-mêmes leur maigre lessive. En fait c'est Yin-Yin qui, en plus de s'occuper de ses petites sœurs, supporte les tâches les plus pénibles. Et rapidement c'est elle qui devient le personnage central du film. Extraordinaire figure d'enfant qui jamais ne se plaint, jamais ne pleure, jamais ne se révolte. Elle s'active du matin au soir, trouve le moyen de fréquenter l'école, telle qu'on en voit plus ici bas depuis le 19eme siècle, et réussit à garder dans les yeux l'étincelle rieuse de tous les gamins de son âge.

Le film pourrait être sinistre, misérabiliste, il ne l'est jamais, pas un instant. Cela tient au regard du réalisateur qui suit ses personnages avec une attention minutieuse et bienveillante, qui ne cherche pas à apitoyer, qui ne joue d'aucun ressort facile pour susciter l'émotion. Le sort de Yin-Yin, de ses sœurs, de tout son entourage, est d'une dureté à peine imaginable mais tous font face avec une constance sans faille, une dignité d'autant plus admirable qu'elle n'est pas revendiquée. Une ode magnifique à l'obstination humaine, à sa grandeur ordinaire.


Dernière édition par guil le Dim 11 Mai 2014 - 14:38, édité 1 fois (Raison : correction du lien de l'image ;))
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MessageSujet: Re: Voyage en salle obscure...   Voyage en salle obscure... - Page 18 EmptyDim 11 Mai 2014 - 18:58

Merci pour cette chronique, je ne connaissais pas du tout.
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