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| En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 29 Juin 2015 - 6:27 | |
| Intolérable cruauté est l'un des deux seuls Coen que je n'ai pas vus, avec Ladykillers. Le Grand Saut, j'adore aussi, mais je ne l'ai pas revu depuis une bonne dizaine d'années... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 29 Juin 2015 - 18:18 | |
| - Nulladies a écrit:
- avec Ladykillers
Celui-là t'embêtes pas, trèèèès moyen. |
| | | Otto Bahnkaltenschnitzel génération grenat (dîne)
Nombre de messages : 1940 Date d'inscription : 27/08/2014
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Mer 1 Juil 2015 - 21:36 | |
| Du frais bordel! | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Juil 2015 - 9:20 | |
| Take the money and gun. Il n’y a pas que la neige qui fasse le lien entre Un plan simple et Fargo : on ne cesse se penser à son frère ainé au visionnage de ce petit joyau noir de Sam Raimi, dans sa période de transition entre le film de genre et les blockbusters de la trilogie Spiderman à venir. Un plan simple semble régner sous le principe du malin plaisir. Sur le canevas éculé du magot trouvé par hasard et modifiant les petites vies minables des bienheureux, le récit s’accorde à caractériser des personnages bien trempés, bouseux neigeux qui font pencher un temps la tonalité du côté de la comédie grinçante. On retrouve ici la même maladresse que chez les frères Coen, à la différence que le personnage principal, incarné par Bill Paxton, se place comme un pivot de raison et de bon sens, américain et pragmatique jusque dans sa mâchoire, autour duquel le duo du frère demeuré, sorte de nouvelle mouture du Lennie de Steinbeck dans Des Souris et des Hommes et de son acolyte poivrot s’acharnent à lui mettre des bâtons dans les roues. C’est là l’une des évolutions les plus pertinentes du scénario : effriter progressivement ce vernis du référent et humaniser la loque qui lui sert de frère, un Billy Bob Thornton splendide de fragilité pathétique. Pour ce faire, c’est par le rôle de l’épouse que tout se délite, Bridget Fonda en potentielle lady Macbeth, qui donne naissance en même temps qu’elle révèle sa vénéneuse vénalité, mais aussi des incursions dans le passé familial qui dévoilent les zones d’ombre d’une histoire qu’on va pouvoir, croit-on, réécrire par le pouvoir de l’argent facile. Manipulation, mensonges, alliances et chantages gangrènent tous les échanges jusqu’à étouffer toute possibilité d’issue, et cette oppression est la grande réussite de film aussi noir qu’est blanche la neige, écran sur lequel les giclées rouges vont se faire de plus en plus nombreuses. Si les deux éléments de résolutions semblent assez grossiers et brisent un peu la belle dynamique du pire enclenchée depuis le début, (Spoil : franchement, Hank semble très facile à convaincre pour exécuter son frère, de la même façon que cette méthode rendant inutilisable les billets semble facile au point de désactiver toute entreprise criminelle – et donc bon nombre de scénarios policiers - à venir…) la mécanique du pire et du médiocre fonctionne bien, ménageant son lot de suspense et une incarnation des personnages sur la durée qui les rend aussi repoussants qu’efficaces. | |
| | | Esther Yul le grincheux
Nombre de messages : 6224 Date d'inscription : 31/10/2013 Age : 50 Humeur : Taquine
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Juil 2015 - 16:38 | |
| Je l'ai vu à sa sortie en DVD, j'avais beaucoup aimé. Faudrait que je le revois pour voir si mon avis a changé... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Juil 2015 - 20:53 | |
| CO. A part la neige je vois pas le rapport avec Fargo par contre, jamais vu ce film comme une comédie noire, plutôt comme une tragédie pathétique et désespérée (bon le film des Coen aussi quelque part, mais le ton n'a quand même fichtrement rien à voir), facile ou non la fin m'avait bouleversé à l'époque et tout autant à la révision, la sublime BO de Danny Elfman aidant (sa meilleure ?). |
| | | Esther Yul le grincheux
Nombre de messages : 6224 Date d'inscription : 31/10/2013 Age : 50 Humeur : Taquine
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 3 Juil 2015 - 21:58 | |
| Et puis c'était l'occasion de voir les nichons de Bridget Fonda. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 4 Juil 2015 - 8:33 | |
| Ecrin total. Tout cinéphile qui se respecte doit un jour se frotter au cas Jacques Tati. Le type incontournable, l’orfèvre, le génie millimétré, le grand alchimiste du son. Playtime, film somme et film maudit, gouffre insondable de sa carrière, force en effet l’admiration. Monument allées Monumental, le film l’est sur tous les plans. Par son décor tout d’abord, reproduction grandeur contre nature de l’architecture des années 60, écho direct aux fameuses Choses de Perec, éloge de la glaciation consumériste ou le bleu des façades reflète le gris du bitume, univers aussi fascinant que carcéral qui contient une comédie humaine de fourmis dépourvues de langage, auquel se substitue un travail maniaque sur le son qui rythme cette machine bien huilée. Héritier de Metropolis et des Temps Modernes, Playtime poursuit cette réflexion sur la désincarnation de l’homme moderne en milieu urbain, pris dans la frénésie de la cadence industrielle. Les fleurs du mall Mais à la différence du pessimisme de la dystopie de Lang ou de la figure clownesque du rebelle Chaplin, Tati prend le parti de chorégraphier ce réel pour en faire surgir le beau. Saturés et construits avec un sens du détail pathologique, ses tableaux s’imposent à la manière de ces albums de jeunesse où la double page illustrée sans texte peut offrir à l’enfant des heures de contemplation. Filmé en 70mm, le film propose un parcours nouveau du regard : il ne s’agit plus de suivre un récit linéaire, mais de parcourir à sa guise, au fil de sa curiosité, une succession de plans d’ensemble dans lesquels on sera libre d’isoler des fragments de sens : telle construction de profondeur, tel écho dans le placement des personnages, tel jeu de couleur, telle synchronisation rythmique. Sage against the machine Foin de discours : pas de parole, des mouvements. Pas de douleurs individuelles, mais une masse qui bouge et une musique qui progressivement emporte la foule dans un cadre trop neuf pour y résister, les cloisons craquant sous la pression du divertissement. Nulle dénonciation explicite, mais un jeu avec les obsessions d’une époque que l’alchimiste un peu timbré transforme en poésie : la transparence, l’innovation technologique, les néons, le trafic, autant de figures de style sur la partition de sa symphonie visuelle. …and God is empty, just like this. On peut rédiger des thèses entières sur la richesse de Playtime, et elles existent assurément. On peut dire à quel point l’œuvre est inépuisable, certains doivent, j’imagine, le revoir avec un plaisir sans cesse renouvelé. J’y suis pour ma part totalement indifférent. Face à ce splendide écrin, je reste dans l’attente d’une chose unique : un contenu. Cette forme splendide de maitrise dynamite volontairement les paramètres traditionnels du langage, du récit ou de la progression au profit d’un renouveau que nombre de cinéphiles saluent légitimement et avec lucidité comme un coup de génie. Pour ma part, ça ne prend pas. Je ne ris pas, cette maitrise malade m’indiffère, je ne parviens pas à trouver une cohérence à cette dilatation du temps qui semble totalement arbitraire (qui plus est lorsqu’on apprend que la première version du film devait excéder les trois heures) et mon ennui qui pourrait refléter l’atmosphère anxiogène de cette société désincarnée n’est qu’un ennui de spectateur frustré. Playtime ne semble obsédé que par un seul objectif : exhiber sa propre forme, certes virtuose. Face à ce monde où tout se meut, homme et femmes, sans âmes, rien ne m’émeut. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 4 Juil 2015 - 9:12 | |
| Ben c'est dommage pour toi quand même, parce que c'est vraiment ludique et magique cette petite comédie de la vi(ll)e moderne vue par un éternel enfant, un bonheur visuel constant qui a plus d'âme qu'il n'en a l'air en nous renvoyant à notre rapport au changement, au déracinement, au temps qui passe, aux occasions manquées et qui personnellement me fait sourire bêtement du début à la fin à défaut de m'esclaffer. Tu apprécieras certainement plus Mon oncle ou Jour de fête, moins abstraits, avec un semblant d'histoire ou de ligne directrice. Ceci dit je préfère quand même 1000 fois The Party (ouvertement inspiré par Playtime) pour son humour franc du collier et la mélancolie des personnages, Playtime ne touche pas autant qu'il intrigue et fascine mais c'est tout aussi vrai pour tellement d'autres films que tu as défendus ici. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 4 Juil 2015 - 9:15 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Ben c'est dommage pour toi quand même, parce que c'est vraiment ludique et magique cette petite comédie de la vi(ll)e moderne vue par un éternel enfant, un bonheur visuel constant qui a plus d'âme qu'il n'en a l'air en nous renvoyant à notre rapport au changement, au déracinement, au temps qui passe, aux occasions manquées et qui personnellement me faire sourire bêtement du début à la fin à défaut de m'esclaffer. Tu apprécieras certainement plus Mon oncle ou Jour de fête, moins abstraits, avec un semblant d'histoire ou de ligne directrice. Ceci dit je préfère quand même 1000 fois The Party (ouvertement inspiré par Playtime) pour son humour franc du collier et la mélancolie des personnages, Playtime ne touche pas autant qu'il intrigue et fascine mais c'est tout aussi vrai pour tellement d'autres films que tu as défendus ici.
Question de sensibilité, je présume. La fascination est déjà une émotion, et là, je n'en ai pas vraiment. J'ai vu Jour de fête, j'ai trouvé ça mignon, surtout parce que c'était avec mes enfants. Mon oncle, j'ai dû le voir il y a 25 ans et la seule chose dont je me souviens, c'est de cette fontaine dans le jardin qui se déclence quand il entre, et que ça se répétait à l'infini, et que ça me faisait infiniment chier. Ah oui, et Trafic aussi, un des rares films que mes parents m'avaient autorisé à voir, j'ai cru crever, cadeau empoisonné... ça doit partir de là, en fait, mon aversion pour Tati. C'est freudien. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 4 Juil 2015 - 11:35 | |
| Ah oui mais non, pas bon ça si t'as commencé par Trafic, c'est irregardable. |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 4 Juil 2015 - 13:08 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Ah oui mais non, pas bon ça si t'as commencé par Trafic, c'est irregardable.
Trafic ? C'est pas le plus abstrait, comme Play Time. Y'a un scénar, un sujet explicite... Mais vrai que commencer par là môme Nulla ça peut être terrible! Il faut pas trop en faire avec Tati. Oui le traitement, ce décalage est poétique et original dans l'histoire du cinéma. Mais le propos est souvent très simple et trivial, avec cette dérision de la modernité, de l'esprit pratique anglo-saxon. J'arrive à partager ça avec beau-papa... UMP anti intellectuel de base ! Cette obsession de l'esprit pratique chez Tati peut être aussi quelque chose d'accessible aux enfants : le confort de la domotique, la voiture qui se transforme en maison, la tournée du facteur rationalisée à l'américaine... tout ça c'est un peu le goût pour la cabane et la bricole chez un môme ? | |
| | | Esther Yul le grincheux
Nombre de messages : 6224 Date d'inscription : 31/10/2013 Age : 50 Humeur : Taquine
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 5 Juil 2015 - 6:56 | |
| Pour moi, Playtime est un pur CO. De mise en scène (à voir le documentaire passionnant sur le tournage) dans cette chorégraphie incessante des personnages, de décors et de lumières. e peux comprendre qu'on s'y fasse chiser, mais moi, il m'a visuellement fasciné, un peu comme 2001 de Kubrick (sans comparer non plus...). | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 9 Juil 2015 - 7:02 | |
| - Esther a écrit:
- Pour moi, Playtime est un pur CO. De mise en scène (à voir le documentaire passionnant sur le tournage) dans cette chorégraphie incessante des personnages, de décors et de lumières. e peux comprendre qu'on s'y fasse chiser, mais moi, il m'a visuellement fasciné, un peu comme 2001 de Kubrick (sans comparer non plus...).
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAhhhhhhhhhhhhhhh !!!! Si, il a comparé, je vous jure, putain, il a comparé ! Goudron ! Plumes ! Menottes ! Pinces à linge ! Fer à souder ! | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 9 Juil 2015 - 7:07 | |
| Au service de sa rage lestée. A l’image de l’employée qui investit les lieux prestigieux de son nouvel emploi, on se laisse rapidement prendre par l’atmosphère classieuse de The Housemaid. Cadrages superbes comme seuls les asiatiques savent les gérer dans l’architecture épurée qu’est la leur, composition des plans mettant en valeur les horizontales d’une demeure démesurée, plans obliques, plongées écrasantes ou contre-plongées fascinantes concourent à hypnotiser le spectateur en guise de teasing, avant de lui asséner une dose d’érotisme assez torride pour s’assurer de sa pleine et entière attention. La maitresse est fraiche et jeune, le maitre classieux, le vin rouge et la baignoire au design impeccable. On ne s’étonne guère de voir tout cela évoluer vers des ébats qui cadrent parfaitement avec ce catalogue de luxe sur papier glacé, en attendant de voir l’ébauche d’une véritable intrigue se mettre en place. Force est de constater que c’est là que le bât blesse. Si le rapport ambigu entre maitre et esclave fonctionne un temps, les ressorts narratifs font basculer la dynamique générale dans un soap assez indigeste, à grands renfort de grossesses, d’accidents, de belle-mère machiavélique et de jalousie larvée. On se désintéresse assez rapidement de ces ficelles grossières, avec le regret de constater que l’esthétique imparable des débuts est toujours à leur service. Certes, le raffinement coréen reste de mise, (décidément, après Locataires, il est intéressant de constater des constances dans leurs perversions, notamment via leur utilisation des clubs de golf…) et l’ensemble reste honorable, mais la lassitude finit tout de même par l’emporter, n’en déplaise au final grotesque et poseur qui joue la carte de l’image choc pour continuer à mériter son statut de film audacieux, à savoir une pendaison/torche humaine pour le moins inefficace. Savoir filmer est une chose ; avoir quelque chose à dire une autre. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 9 Juil 2015 - 8:00 | |
| Voisinage au bout de l’enfer Le parcours virtuose sur la façade de l’immeuble qui ouvre Le Locataire rappelle l’aisance d’un illustre ainé, Max Ophüls dans la première séquence du Plaisir. Mais là où sa caméra indiscrète nous donnait accès aux jeux secrets des alcôves d’un bordel, c’est la minéralité malsaine d’un lieu carcéral et pathogène que circonscrit ici Polanski. Insistante et lancinante, sa gestion de l’espace est l’un des coups de maitre de son film, dans la droite lignée de celle qu’il avait déjà mise en place dans les intérieurs claustrophobes de Répulsion, auxquels il adjoint désormais la labyrinthique paranoïa d’un immeuble tout entier : ses corridors, son voisinage, sa cour intérieure, et sa fameuse verrière en contrebas, invitation pernicieuse au suicide. L’enfer c’est les autres : L’intelligence redoutable du Locataire réside dans son aménagement progressif de l’aliénation. En faisait de son personnage, kafkaïen en diable, une victime consentante, Polanski ménage une dégradation des plus cohérentes de sa psyché. Trelkovsky est l’archétype du gentil garçon qui, ne voulant froisser personne, finit par occuper cette zone grise où il dérange tout le monde : excitant l’hostilité naturelle des autres, n’osant calmer ceux qui vont déranger ceux qu’il tente aussi de préserver, il devient le martyre ordinaire sur lequel la communauté va reporter toutes les fautes, bouc émissaire cathartique et silencieux. Le simple fait de vivre dans un appartement devient un enfer et le moindre geste se voit accompagné de la réprimande aveugle des voisins ou l’observation inquiétante du vis-à-vis. Baroque around the block tonight. On sait néanmoins la finesse avec laquelle Polanski traite ses personnages, leur refusant toujours ce statut trop confortable de victime à la merci d’une humanité foncièrement mauvaise : avec un sens de l’équilibre non dénué de sadisme, il fait de ses personnages de grands malades vont perdre pied et avec lesquels le spectateur va être forcé, par à-coups et hésitations savamment orchestrées, de prendre ses distances. Disséminant les indices d’un délire éminemment culturel, Polanski multiplie les références, du cri de Munch à la momie de Gautier, et préfigure les obsessions qu’on retrouvera chez Cronenberg (le motif de la dent) ou Lynch (le dédoublement, les hallucinations) avec cette touche unique, oscillant sans cesse entre le grotesque et un ancrage réaliste, plaçant le spectateur sur le même fil du rasoir que son protagoniste. L’accroissement de la folie s’accompagne d’une véritable émancipation visuelle, comme s’il fallait le décorum baroque d’une folie grandiloquente pour trouver le courage faire le pas décisif vers le vide. C’est évidemment le travestissement, mais aussi et surtout la métamorphose des interlocuteurs en prédateurs (on pense au couple de vieux dans Mulholland Drive, notamment), et enfin la mise en scène fantasmatique de rituels cabalistiques placés sous le signe du spectacle. La cour intérieure, lieu mystérieux et inquiétant offert au voyeur dans Fenêtre sur Cour, perd ici tout son mutisme pour se transformer en foire aux atrocités, théâtre de la cruauté dont le figurant contraint va devenir le protagoniste suicidaire. Beauty double On peut donc, le temps d’un saut dans le vide, laisser tomber le frapadingue et reprendre ses esprits. C’est sans compter sur la malice du pervers aux commandes. Le dédoublement final boucle digne de l’anneau de Moebius et que Lynch reprendra dans le superbe dénouement de Lost Highway, empêche la paix de l’esprit. Sans dénouement, sans logique, l’aliénation est un puits sans fonds et Polanski son fidèle peintre : une cavité buccale qui, béante, hurle la douleur indicible de l’effroi. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 9 Juil 2015 - 8:31 | |
| CO. |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Jeu 9 Juil 2015 - 11:01 | |
| - Nulladies a écrit:
Ecrin total.
Tout cinéphile qui se respecte doit un jour se frotter au cas Jacques Tati. Le type incontournable, l’orfèvre, le génie millimétré, le grand alchimiste du son. Playtime, film somme et film maudit, gouffre insondable de sa carrière, force en effet l’admiration.
Monument allées
Monumental, le film l’est sur tous les plans. Par son décor tout d’abord, reproduction grandeur contre nature de l’architecture des années 60, écho direct aux fameuses Choses de Perec, éloge de la glaciation consumériste ou le bleu des façades reflète le gris du bitume, univers aussi fascinant que carcéral qui contient une comédie humaine de fourmis dépourvues de langage, auquel se substitue un travail maniaque sur le son qui rythme cette machine bien huilée. Héritier de Metropolis et des Temps Modernes, Playtime poursuit cette réflexion sur la désincarnation de l’homme moderne en milieu urbain, pris dans la frénésie de la cadence industrielle.
Les fleurs du mall
Mais à la différence du pessimisme de la dystopie de Lang ou de la figure clownesque du rebelle Chaplin, Tati prend le parti de chorégraphier ce réel pour en faire surgir le beau. Saturés et construits avec un sens du détail pathologique, ses tableaux s’imposent à la manière de ces albums de jeunesse où la double page illustrée sans texte peut offrir à l’enfant des heures de contemplation. Filmé en 70mm, le film propose un parcours nouveau du regard : il ne s’agit plus de suivre un récit linéaire, mais de parcourir à sa guise, au fil de sa curiosité, une succession de plans d’ensemble dans lesquels on sera libre d’isoler des fragments de sens : telle construction de profondeur, tel écho dans le placement des personnages, tel jeu de couleur, telle synchronisation rythmique.
Sage against the machine
Foin de discours : pas de parole, des mouvements. Pas de douleurs individuelles, mais une masse qui bouge et une musique qui progressivement emporte la foule dans un cadre trop neuf pour y résister, les cloisons craquant sous la pression du divertissement. Nulle dénonciation explicite, mais un jeu avec les obsessions d’une époque que l’alchimiste un peu timbré transforme en poésie : la transparence, l’innovation technologique, les néons, le trafic, autant de figures de style sur la partition de sa symphonie visuelle.
…and God is empty, just like this.
On peut rédiger des thèses entières sur la richesse de Playtime, et elles existent assurément. On peut dire à quel point l’œuvre est inépuisable, certains doivent, j’imagine, le revoir avec un plaisir sans cesse renouvelé. J’y suis pour ma part totalement indifférent. Face à ce splendide écrin, je reste dans l’attente d’une chose unique : un contenu. Cette forme splendide de maitrise dynamite volontairement les paramètres traditionnels du langage, du récit ou de la progression au profit d’un renouveau que nombre de cinéphiles saluent légitimement et avec lucidité comme un coup de génie. Pour ma part, ça ne prend pas. Je ne ris pas, cette maitrise malade m’indiffère, je ne parviens pas à trouver une cohérence à cette dilatation du temps qui semble totalement arbitraire (qui plus est lorsqu’on apprend que la première version du film devait excéder les trois heures) et mon ennui qui pourrait refléter l’atmosphère anxiogène de cette société désincarnée n’est qu’un ennui de spectateur frustré. Playtime ne semble obsédé que par un seul objectif : exhiber sa propre forme, certes virtuose.
Face à ce monde où tout se meut, homme et femmes, sans âmes, rien ne m’émeut.
j'ai curieusement assez apprécié "Playtime", je dis "curieusement" parce que sur le principe je suis un peu comme toi allergique à Tati en fait ce qui m'a toujours horripilé chez lui c'est le son: on a jamais de dialogues mais toujours des bouts de phrases qu'on saisit de temps en temps... j'ai toujours ça ultra irritant | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Ven 10 Juil 2015 - 8:06 | |
| Objets bien animés, vous avez donc une âme ! On se replonge désormais dans le premier volet de Toy Story comme on le fait face aux films muets de Méliès, de Chaplin ou de Keaton : avec cette émotion singulière de contempler l’aube d’une ère nouvelle, ici celle du film d’animation numérique. On sait la raison qui fit choisir à l’équipe Pixar des personnages de jouets comme protagonistes de ce premier long métrage : la facilité qu’ils confèrent à la modélisation, évitant tout ce qui fait aujourd’hui le défi des animateurs, à savoir le grain de peau, les cheveux ou les expressions humaines. De ce fait, c’est réellement une transition entre l’animation 2D et l’image de synthèse qui s’opère ici ; il suffit, pour s’en convaincre, de constater à quel point les personnages humains (les quelques enfants) ou animaux (le chien, particulièrement raté) pêchent encore, faute de technologie suffisamment avancée pour le domaine. Il n’empêche que les innovations permises par cette liberté nouvelle sont légions. Dès le départ, c’est surtout sur la question du point de vue que se démarque la mise en scène : occultant le plus possible les humains, nous projetant dans la vision des jouets, l’image propose une dynamique nouvelle qui explore d’une nouvelle façon l’espace, rendu plus grand, plus vaste, à l’image de cette cage d’escalier, de ces fenêtres par lesquelles on rêve de prendre son envol. Toy Story n’est pas exempt de défauts. Un peu maigre dans son développement narratif, il occasionne quelques longueurs, tant dans l’attente d’un élément perturbateur que dans le ventre mou qu’occasionne la séquestration chez le voisin d’en face. Son humour n’atteint pas toujours sa cible et la dynamique d’ensemble manque encore un peu d’équilibre. Pour réellement l’apprécier, c’est au sens du détail qu’il faut être attentif : de l’exploitation des aptitudes ou handicaps propres à chaque jouet, et de la malice visuelle avec laquelle s’ourdit chacun de leurs plans. A ce titre, l’expédition de reconnaissance des soldats lors de l’anniversaire, au début, est exemplaire, rien n’étant laissé au hasard dans l’exploitation de l’espace, des objets et de leur potentiel spécifique, écho à l’évasion finale. Au-delà de cette inventivité, la patte Pixar s’impose aussi par ce renversement des perspectives et la réflexion assez riche qui est menée sur la notion même de divertissement : il s’agit pour un jouet de prendre conscience de sa nature et de sa condition d’objet, prolongation des thématiques qu’on trouvait déjà dans E.T. et qui trouveront leur point d’orgue dans A.I. Au sein d’un film séminal pour un studio qui ne cessera de creuser cette question de la coulisse de l’enfance (qu’on pense évidemment à Toy Story 2 et 3, à la réflexion sur la peur dans Monstres & Cie, les émotions dans Vice-Versa…), les graines sont plantées, et annoncent les moissons d’un âge d’or. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 11 Juil 2015 - 7:57 | |
| Le temps renoué. Toy Story joue depuis ses origines un double jeu : il s’adresse aux enfants et propose simultanément une réflexion sur leur propre divertissement : illusion et distanciation constituent donc sa double dynamique, à l’œuvre dans la jubilatoire séquence d’ouverture placée sous le signe de la SF et voyant Buzz aux commandes d’une des aventures dont il se croyait dans l’opus originel le héros réel. En le faisant abruptement mourir, la rupture est consommée : en passant du jeu vidéo au long métrage, le programme est posé et les difficultés posées aux jouets seront d’un autre ordre. Au game over sans cesse renouvelable se substitue un mal bien plus grand, celui de l’usure et du temps qui passe. Woody, sur l’étagère, se retrouve à une marche du grenier, purgatoire des jouets en phase d’abandon. Puisque les bases sont posées sur le don des jouets à leur propriétaire depuis le premier volet, l’intrigue va approfondir le rapport au temps par les voies divergentes des deux protagonistes. Woody le vieillard se voit proposer comme substitut à la mort l’éternité du culte, en devenant une pièce de musée figée dans sa gloire (et occasionnant au passage une jolie réflexion sur l’histoire de l’industrie du divertissement, des séries originelles de marionnettes à fil à la naissance du merchandising et des produits dérivés). Buzz, de son côté, se trouve confronté au présent effrayant de la mode, produit standardisé et décliné à l’infini, annihilant son individualité et permettant de réactiver l’insolite comportement du soldat de l’espace ignorant son statut de jouet. Le comique du combat contre lui-même, l’angoisse de le voir rangé dans un rayon qui le reproduit en masse, se retrouve en écho dans l’une des très belles séquences du film, celle de la restauration de Woody avant son envoi au musée : travail sur le temps, ode à l’artisanat, c’est une mise en abyme du travail d’animateur qui, au sein de l’artifice le plus virtuel, s’acharne à individualiser ses personnages et fait montre ici de toutes les évolutions en matière d’image de synthèse. L’action n’est pas en reste et sait équilibrer les échanges sur la destinée des personnages (un rien longuets, notamment entre Woody & Jessie), exploitant le ressort qu’on retrouvera encore dans le troisième volet, celui de la mission de sauvetage et de l’évasion. Le monde se résume ici à une route à traverser et un immeuble à gravir, occasionnant les séquences dont Pixar a le secret, débordant d’inventivité et de mouvements, de sens du détail et de comique visuel. Chorégraphie des véhicules au fil des plots sur la route, valse avec un ascenseur, la fluidité est totale et les attributs de chaque jouet exploités à merveille. Cette alternance entre scènes mobiles et angoisse existentielle met au point un équilibre de haute volée dont le secret réside dans le principe même du film : celui de donner accès à l’invisible. Coulisses de l’espace, celui de la cage d’ascenseur ou des tapis roulant des bagages de l’aéroport, bande-annonce du magnifique final de Monstre et Cie dans le ballet des portes, mais aussi de la magie de l’incarnation. Des créatures inertes prenant vie et accédant à la conscience, du mouvement autonome et de la dépendance au vivant, c’est-à-dire à la fuite du temps, nait ce mouvement aussi irrépressible que fragile : celui de l’émotion. | |
| | | Powderfinger
Nombre de messages : 295 Date d'inscription : 10/05/2013 Age : 30
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Sam 11 Juil 2015 - 17:49 | |
| - Nulladies a écrit:
Le temps renoué.
Toy Story joue depuis ses origines un double jeu : il s’adresse aux enfants et propose simultanément une réflexion sur leur propre divertissement : illusion et distanciation constituent donc sa double dynamique, à l’œuvre dans la jubilatoire séquence d’ouverture placée sous le signe de la SF et voyant Buzz aux commandes d’une des aventures dont il se croyait dans l’opus originel le héros réel. En le faisant abruptement mourir, la rupture est consommée : en passant du jeu vidéo au long métrage, le programme est posé et les difficultés posées aux jouets seront d’un autre ordre. Au game over sans cesse renouvelable se substitue un mal bien plus grand, celui de l’usure et du temps qui passe. Woody, sur l’étagère, se retrouve à une marche du grenier, purgatoire des jouets en phase d’abandon. Puisque les bases sont posées sur le don des jouets à leur propriétaire depuis le premier volet, l’intrigue va approfondir le rapport au temps par les voies divergentes des deux protagonistes. Woody le vieillard se voit proposer comme substitut à la mort l’éternité du culte, en devenant une pièce de musée figée dans sa gloire (et occasionnant au passage une jolie réflexion sur l’histoire de l’industrie du divertissement, des séries originelles de marionnettes à fil à la naissance du merchandising et des produits dérivés). Buzz, de son côté, se trouve confronté au présent effrayant de la mode, produit standardisé et décliné à l’infini, annihilant son individualité et permettant de réactiver l’insolite comportement du soldat de l’espace ignorant son statut de jouet. Le comique du combat contre lui-même, l’angoisse de le voir rangé dans un rayon qui le reproduit en masse, se retrouve en écho dans l’une des très belles séquences du film, celle de la restauration de Woody avant son envoi au musée : travail sur le temps, ode à l’artisanat, c’est une mise en abyme du travail d’animateur qui, au sein de l’artifice le plus virtuel, s’acharne à individualiser ses personnages et fait montre ici de toutes les évolutions en matière d’image de synthèse. L’action n’est pas en reste et sait équilibrer les échanges sur la destinée des personnages (un rien longuets, notamment entre Woody & Jessie), exploitant le ressort qu’on retrouvera encore dans le troisième volet, celui de la mission de sauvetage et de l’évasion. Le monde se résume ici à une route à traverser et un immeuble à gravir, occasionnant les séquences dont Pixar a le secret, débordant d’inventivité et de mouvements, de sens du détail et de comique visuel. Chorégraphie des véhicules au fil des plots sur la route, valse avec un ascenseur, la fluidité est totale et les attributs de chaque jouet exploités à merveille. Cette alternance entre scènes mobiles et angoisse existentielle met au point un équilibre de haute volée dont le secret réside dans le principe même du film : celui de donner accès à l’invisible. Coulisses de l’espace, celui de la cage d’ascenseur ou des tapis roulant des bagages de l’aéroport, bande-annonce du magnifique final de Monstre et Cie dans le ballet des portes, mais aussi de la magie de l’incarnation. Des créatures inertes prenant vie et accédant à la conscience, du mouvement autonome et de la dépendance au vivant, c’est-à-dire à la fuite du temps, nait ce mouvement aussi irrépressible que fragile : celui de l’émotion.
Marrant, j'avais commencé un programme de re-visionnage des Pixar pour les vacances la semaine dernière. Pas de Cycle Pixar complet en vue ? | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 12 Juil 2015 - 7:11 | |
| - Powderfinger a écrit:
Marrant, j'avais commencé un programme de re-visionnage des Pixar pour les vacances la semaine dernière. Pas de Cycle Pixar complet en vue ? Pas exactement. J'ai fait la trilogie Toy Story avec les nains, je pense revoir prochainement Wall-E. Mais les autres (Indestructibles, Monstres et Cie, Là Haut), je les ai vus trop récemment pour en avoir envie. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Dim 12 Juil 2015 - 7:11 | |
| Ex toys Plus de dix ans séparent Toy Story 3 de son prédécesseur, durant lesquels le film d’animation est devenu la norme du divertissement grand public, épaulé par l’essor toujours grandissant du jeu vidéo. La séquence d’ouverture, désormais traditionnelle d’immersion dans le monde ludique des jouets, en propose une illustration flamboyante : syncrétisme total des époques et des genres (western et SF, fantasy et cinématographie échevelée), elle affirme avec jubilation la toute-puissance du film d’animation avant d’imposer une rupture nouvelle via un écran de caméscope qui ancre ce jeu dans un passé désormais révolu. Carte postale nostalgique, ce court métrage prometteur s’éteint sur la prise de conscience que le temps qui passe a certes permis d’étoffer son style et son inventivité, mais qu’il a aussi fait grandir ceux à qui il s’adresse. Dès lors, c’est la question de la retraite qui fédère le récit : poubelle ou grenier, avec la voie de traverse qui semble idéale, celle de la garderie où l’on s’adresserait pour l’éternité à des générations renouvelées d’enfants. La présentation idéale des lieux par des collègues jouets trop amicaux pour être honnête instaure une inquiétude qui ne quittera plus le film, de loin le plus sombre de la trilogie (et probablement de tout le catalogue Pixar). Enfants tortionnaires, univers carcéral, jouets brisés par les abandons dont ils ont été victimes et se vengeant sur leur prochain, l’atmosphère bascule dans un étouffant huis-clos qui reprend en l’amplifiant les tentatives un peu maladroites de Toy Story 1 sur la chambre du voisin. La force nouvelle de cette exploitation vient du fait que les jouets eux-mêmes sont responsables de leur destin et des traumas que leur condition d’esclave affectif génère. Alors que la tristesse l’emportait dans Toy Story 2, c’est une forme de colère qui s’exprime ici, et qui teinte de noir le film qui prend des allures horrifiques notamment par le personnage assez traumatisant de la poupée abimée. Le personnage de Ken a beau avoir pour fonction d’équilibrer par un humour (un brin lourd) flashy et crypto-gay, son désir de perfection participe aussi au fascisme ambiant dans lequel les jouets doués d’individualité ne peuvent s’incarner. Si la question du temps qui passe et de l’abandon n’est pas nouvelle, la dimension qu’elle prend ici est inédite et son caractère inéluctable insuffle au film des tonalités de requiem profondément touchantes. Le récit n’en perd pas pour autant sa vigueur dans les scènes d’action et reprend ce qui a toujours fait sa force : le sens du détail. L’organisation de l’évasion exploite chaque élément spatial, joue des différents attributs de chaque jouet et fait de la garderie un camp d’emprisonnement de grande ampleur. Ruses, signaux, diversions, caméras de surveillance, retournement, toute la rhétorique des grands films d’aventure est convoquée et fonctionne à plein régime. Une fois encore, Buzz trouve un alter égo réinitialisé pour que fonctionne son personnage originel, avec l’adjonction d’une modification fantastique de comique, le transformant en matador adepte du flamenco pour des séquences savoureuses, tant dans l’animation (quelle grâce que ces pas de danse greffés sur la combinaison si virile du spationaute !) que dans leur irrésistible comique. Le parcours final vers l’incinérateur, en plus de ses dimensions véritablement effrayantes et qui renvoient aux pages les plus sombres de l’Histoire, propose dans une animation époustouflante de confronter les personnages à l’imminence de la mort sans que l’héroïsme soit en mesure de les sauver. Si le final instaure la possibilité d’un espoir, l’obscurité générale a sérieusement entamé le propos. La passation d’une génération à l’autre se fait par une séquence formidable de sobriété, où Andy déclare son affection enfantine à un Woody contraint à rester inerte, en tant que jouet, écho de la scène de restauration du volume 2 où brillait déjà cette magie qui fait du spectateur un complice émotif des objets inanimés. Si Toy Story 3 est un très grand film, c’est bien parce qu’il applique ce qui sera le programme décliné par Vice-Versa : de la nécessité de la tristesse pour colorer pleinement le parcours émotionnel. Mais là où le dernier né des studios Pixar en fait une habile démonstration, Toy Story 3 relève le défi de l’incarner pleinement, ce qui, pour de l’image de synthèse et à propos de jouets, est tout de même le gage d’une réussite sans précédent. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 13 Juil 2015 - 2:48 | |
| Clair, pour moi l'un des deux ou trois meilleurs Pixar, ce Toy Story 3. |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 13 Juil 2015 - 10:21 | |
| Vu il y a plusieurs semaines en VOD sur les chaînes publiques, voilà the petit film rock indé que je vous recommande pour cet été, particulièrement pour canicule ! "Vincent a un pouvoir extraordinaire : sa force et ses réflexes décuplent au contact de l’eau. Pour vivre pleinement ce don, il s’installe dans une région riche en lacs et rivières, et suffisamment isolée pour préserver sa tranquillité. Lors d’une escapade aquatique, il est surpris par Lucie dont il tombe amoureux." "Vincent n'a pas d'écailles", un super héros de film indé ! Et en plus, pas besoin de le faire préparer par votre poissonnier ! | |
| | | Tony's Theme air guitariste
Nombre de messages : 9160 Date d'inscription : 08/04/2009 Age : 49 Humeur : Monochrome
| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... Lun 13 Juil 2015 - 11:26 | |
| J'aime quand un film me surprend comme ça. Wouaw ! | |
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| Sujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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| | | | En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... | |
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