Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi

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Nulladies
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 2 Fév 2016 - 6:27

Ah oui, il est splendide, ce film. Et la musique de Vedder... I love you
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 2 Fév 2016 - 6:27

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 Made_in_France

♫ Merde in France, pan pan boum, pan pan boum...♫

Fallait-il sortir Made in France ? La question n’est pas tant la décence d’une telle décision, par respect pour les victimes et le traumatisme vécu par le pays sur la question que la quasi obscénité avec laquelle les distributeurs ont compensé leur campagne de communication pour que le film soit vu ailleurs. Sous le feu des articles, l’affiche nous l’assène : considéré comme Brillant par Première et possédant la force de l’évidence selon le monde, Made in France est un film qui doit être vu de tous, nous martèle le Huffington Post.

La liste des défauts du métrage est tellement conséquente qu’elle occasionnerait une critique bien trop longue pour l’attention qu’il mérite, et qu’il a déjà monopolisée. Mal joué, surligné comme un documentaire pédagogique pour moins de huit ans par une voix off initiale, écrit avec des stabilo, le récit nous propose une galerie d’archétypes indignes d’un téléfilm d’M6. Le jeune renoi qu’est dans le fond sympa, le jeune bourge blanc qu’est dans le fond très con (seul élément positif au départ, montrer l’ignorance de ces gars avant l’embrigadement), le beur qui veut en découdre mais qu’est dans le fond humain (putain, pas les femmes et les enfants steuplé), le roux intello en planque qu’est de toute façon un gentil, et donc le chef qu’est lui, le putain de méchant parce qu’il a des yeux grands ouverts dans des orbites un peu trop profonds.

Les portraits n’intéressent pas Nicolas Boukhrief qui saupoudre quelques petits frères et une épouse comme on te fout de la salade à côté de la pièce du boucher au Flunch, pas plus que l’idéologie des djihadistes : un prêche de trois minutes sur la pornographie sur internet, et c’est réglé, on passe à l’action.

Made in France est un film putassier sur tous les domaines. Lorgnant avec la subtilité de Sarkozy vers 2017 sur les séries américaines (Homeland, mais surtout Sleeper Cell), on nous rejoue le coup du journaliste undercover qui va donner des infos et tenter de proposer au plus gentil le combat par les études et les idées, avec un degré de conviction digne de la dernière profession de foi en date de JF Copé.

Tout cela est cousu de fil blanc, et suffirait à nous lasser, mais c’est là bien le moindre de ses défauts.

La suite contient des spoilers.

Ce qui scandalise vraiment, c’est l’évolution du récit et les pirouettes par lesquelles le scénario tente de s’en sortir. Première solution, logique, faire mourir un à un tous les membres de la cellule pour lesquels on peut avoir une vague tendresse à un moment ou à un autre : (ah oui finalement, ils n’auraient pas été si salauds, non ?) ou les décrédibiliser (le personnage de Christophe/Youssef), rassurant le spectateur sur leur incapacité à mener à bout une telle entreprise, ce qui sera le cas. Les scènes d’action sont toutes plus improbables les unes que les autres.
Et le coup de grâce est atteint avec un twist qu’on avait vu venir à des kilomètres : le chef de cellule agit en solo. Non seulement, ça permet de ne pas avoir à gérer des attentats coordonnés comme annoncés au départ, mais de refermer gentiment notre petite histoire qui se résume à un psychopathe (qui veut finalement faire l’attentat, attention gentil, DANS LA CRECHE DE TON FILS AHAH TU FAIS MOINS LE MALIN MAINTENANT SALE TRAITRE), de ceux qui font les affaires du Commissaire Moulin.

Coup de grâce bis : le gentil est sauvé du coup de feu dirigé vers son cœur… dévié par le Coran qu’il portait dans sa poche intérieure.
Sérieusement ? C’est qu…

(Nous nous voyons dans l’obligation d’interrompre cette critique, son auteur ayant fait ce qui ressemble à une crise nerveuse, ou une rupture d’anévrisme. Merci de votre attention et toutes nos excuses pour cet événement indépendant de notre volonté.)
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 2 Fév 2016 - 14:29

Ouais je le sens pas, dommage pour Boukhrief, l'un des cinéastes de genre - et auteurs, soyons fous - les plus intéressants de l'Hexagone pourtant.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 2 Fév 2016 - 17:58

guil a écrit:
En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 18869162

je n'avais jamais vu ce film.
c'est incroyablement beau.

Putain j'avais détesté cette apologie de la connerie humaine.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 2 Fév 2016 - 20:39

T'aimes pas les champignons ?
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 2 Fév 2016 - 21:15

bro' a écrit:
T'aimes pas les champignons ?

Ce genre de mycose, non.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 2 Fév 2016 - 23:27

Nulladies a écrit:
Et la musique de Vedder... I love you
oui !! cheers


En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 18667455
Je suis longtemps resté circonspect dans le déroulement du film, les caractères trop marqués de cette famille déjantée, mais ça rend finalement les membres drôles, tendres et attachants.
Un final absolument jubilatoire !

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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMer 3 Fév 2016 - 6:44

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 427776

Entêtante étrangeté

L’hypnose, on le sait, suppose le consentement de celui sur qui on la pratique : il en est de même pour pouvoir se laisser happer par Jauja : accepter une expérience hors-norme, un espace-temps aux lois propres et une aventure visuelle sans équivalent.

Le projet de Lisandro Alonso frappe d’emblée par sa plasticité : sur un format 1:33 aux coins arrondis, il propose une succession de tableaux d’une splendeur étourdissante. La nature contrastée de la Patagonie, des espaces scintillants, un travail sur la profondeur de champ proprement déconcertant (on a du mal à comprendre comment le cinéaste parvient à faire le point sur l’avant et l’arrière-plan simultanément) laissent sans voix, à l’égal des personnages, souvent avares de discours.
De récit, il est pourtant question, à la croisée des grandes œuvres fondatrices : l’évocation d’un Elodorado mythique et inaccessible, d’un homme qui serait devenu fou, relecture du Kurz d’Apocalypse Now et prélude à un voyage initiatique et sans clé dont les décrochages finals lorgneront du côté de la métaphysique de 2001, l’Odyssée de l’espace. Un homme part à la recherche de sa fille, dans un décor d’une sauvagerie contagieuse, où les hommes se perdent et s’entretuent discrètement, après s’être masturbés dans des trous d’eau ou faufilé dans les anfractuosités de la roche.
Jauja ne se contente pas d’être beau et de faire défiler des fulgurance visuelles ; le travail sur le temps est en osmose avec celui sur l’espace : le trajet du protagoniste est restitué avec une lenteur, souvent un plan fixe qui le laisse marcher jusqu’à disparaitre à l’horizon, rappelant la durée déraisonnable de certains plans de Bela Tarr dans Les Harmonies Werckmeister ou Gus Van Sant dans Gerry et son appréhension assez semblable de la nature. Elle s’offre dans une étendue démesurée, révélatrice de la petitesse humaine, visible à l’infini, mais inaccessible dans son omniprésence muette : souvent, des actions apparemment cruciales se déroulent dans un arrière-plan si éloigné qu’il en est à peine discernable. Ces béances rappellent celles du premier plan, où se jouent des dialogues lacunaires, écorchés par des absences de réponses, des silences aussi éloquents que ceux de la splendeur indicibles des lieux.
Accepter la lenteur, c’est s’ouvrir à une contemplation nouvelle : de celle que génère le cinéma si singulier d’Apichatpong Weerasethakul, que ce soit dans la nature luxuriante de Tropical Malady ou des échanges fantasmatiques de Cemetery of Splendour. Un état de réception décroché, au profit d’une expérience grandiose qu’il faudrait probablement vivre en salle pour lui donner sa pleine mesure. Accepter ce voyage, c’est aussi renoncer à en comprendre tous les détours. Décrochages, ruptures, mystères : nous sommes des compagnons silencieux de ce trajet, qui formule davantage de questions qu’il n’apporte de réponses, au premier rang desquelles on retiendra celle-ci : « Qu’est-ce qui fait que la vie fonctionne et continue ? » : ambitieuse métaphore de notre rapport à cet objet singulier, qui toujours fonctionne et jamais ne cesse de nous fasciner.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyVen 5 Fév 2016 - 6:29

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 Amnesia-affiche

Devoir de mémoire : à oublier.

Quand on se prétend cinéphile, il faut être ouvert d’esprit. On doit encourager la jeunesse audacieuse comme les vétérans en disgrâce. Barbet Schroeder, j’ai toujours cru que c’était un type vraiment important et singulier, avant de me rendre compte à l’issue de ce film que je faisais une confusion avec Paul Schrader.
Après cette confession honteuse, et pour reprendre le thème du film, à savoir le devoir de mémoire, disons le tout de go : oublions cette petite merde fauchée au plus vite.

Comme dans More, (ah oui, j’aurais dû me souvenir que je lui avais mis 3, déjà…) le réal son budget low cost par les lumières gratuites et à volonté d’Ibiza. Jolies maisons blanches, mer, cigales, tout ça. C’est à peu près tout.

Parce que le reste, comment dire… Passons sur le fait que c’est mal joué, peu intéressant, aussi palpitant qu’un reste de raviolis froids au fond d’une boite de conserve, et concentrons-nous sur la thèse défendue.

Soit une quinqua voire plus dans le paradis terrestre, qu’a plus touché à son violoncelle depuis des décennies. Débarque un jeune de 20 ans qui capte des sons comme Travolta dans Blow Out. Il est allemand, nous sommes dans les 90’s, et elle révèle au bout d’un moment qu’elle aussi fut allemande mais que quand même, vu les atrocités commises par les nazis, plus question d’avoir un lien quelconque avec ce pays.

Débat. Chappe de plomb, reconstruction, contrition, fellation ?

Schroeder sent bien que se limiter à ces échanges intimes a quelque limite. Il sort donc la grosse artillerie, le panzer division de l’échange cathartique en faisait débarquer la mère et le grand père qui vont y aller de leur confession nostalgique devant la paella. Scène grotesque où le safran semble régénérer des souvenirs jusque-là tus, c’était dur la guerre quand même et voilà que je pleure sur mes moules.

Tout est faux, rien ne fonctionne. Le scénario est d’un didactisme à faire pleurer, la bluette totalement insipide, et les leçons à la hauteur d’un débat dans les pages philo d’un supplément gratuit. Faisons donc ce qu’il faut avec de telles productions : poubelle. (la jaune, silvouplé).
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyVen 5 Fév 2016 - 12:29

2 critiques aujourd'hui ! cheers

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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyDim 7 Fév 2016 - 6:55

guil a écrit:
2 critiques aujourd'hui ! cheers

Yep.
Et deux encore aujourd'hui Very Happy
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyDim 7 Fév 2016 - 6:56

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 A-bittersweet-life-movie-poster-2005-1020449098


La vengeance est un plat qui se réchauffe.

A Bittersweet Life fait partie de ces films qui devraient être, dans leur genre, vus en premier pour qu’on puisse les honorer entièrement ; désormais entouré de toute une multitude de comparses, il a un peu du mal à se détacher des productions prestigieuses venues du pays du matin calme.
Le scénario ne va en outre pas contribuer à le faire : ligne basique d’une vengeance, un homme de main se retrouvant chassé par ses employeurs et déterminé à les éliminer les uns après les autres. Assumé, le caractère éculé de l’intrigue est évidemment un prétexte à des séquences de bravoure.
Il faut bien reconnaitre que dès les premières minutes, le film suinte autant la classe qu’une pub pour berline allemande : ville nocturne, légère contre plongée, baston sans modifier un pli d’une chemise blanche immaculée, le cahier des charges est établi. Notre BG asiatique qui parvient à combiner la finesse d’un mannequin à la résistance d’un Transformer va, sans décocher un seul sourire, préserver l’apparente innocente jeune femme et faire leur fête à toutes les mafias locales.
Comme souvent dans le cinéma coréen, c’est dans la puissance de certaines séquences maitresses que se loge l’intérêt du film, résolument formaliste : l’évasion de son lieu d’exécution, par exemple, à coup de briques ou de planches de palettes, annonce la radicalité brute de The Raid avec un bonheur certain.
On peut mettre de côté le lyrisme sucré de certaines séquences, allié à l’increvabilité (j’invente des mots si je veux, merci) un brin lassante du lascar, qui n’en finit pas de ne pas mourir sous la pluie de balles, quand bien même le mobilier autour de lui est depuis longtemps réduit à l’état de gravas passé au tamis. Alors oui, la femme est loin d’être la victime éplorée de jadis (Cf. The Killer de John Woo, par exemple) et la fin nous sauve de la bluette totale, et tout cela est formellement maitrisé. Il n’était cependant pas nécessaire de nous en servir pour deux heures bien tassées, et sur le thème de la violence, quitte à choisir, autant ne pas faire de quartier : le lyrisme drôle et daté de l’ainé Woo, ou la tatane minérale du petit nouveau Gareth Evans feront davantage l’affaire.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyDim 7 Fév 2016 - 6:58

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 19637299

Cannibales & low cost

Qui a vu A Bittersweet Life sait à peu près quoi s’attendre avec cette nouvelle livraison de Kim Jee-Woon : vengeance à tous les étages, sur les terres bien balisées sur thriller coréen, formaliste et ultra violent, qui lorgne d’autant plus vers le cinéma de Park Chan-Wook qu’il embauche ici Choi Min Sik en grand sadique baroque.
Le principe du récit semble une nouvelle fois particulièrement éculé : le même bellâtre que dans l’opus précédent, Lee Byung-Hun, va sombrer dans une spirale de violence pour venger l’assassinat de sa femme qui révèle au moment de sa mort qu’elle est enceinte, (bonjour Seven pour le petit plus pour accroitre la rage du vengeur). Sur un canevas aussi basique se greffe une exploration de la loi du Talion qui rappelle un moment le Caméléon (ce qui n’est pas un compliment), puis à The Crow (ce qui n’en est toujours pas un), avant de dévier vers des directions qui pourraient s’avérer plus fertiles. Transformé en monstre presque équivalent de son evil twin, le héros entraine dans sa chute tous ceux qui l’entourent et ne peut plus vraiment susciter l’empathie attendue dans ce genre de récits.
Il semble surtout, en réalité, que les extrémités qu’il atteint sont un habile moyen de déployer à l’écran une débauche de violence gratuite, qui frise la malhonnêteté : mutilation, perversion, cannibalisme, corps criblés de coups, boucherie à tous les étages, on en vient à s’étonner que les enfants soient épargnés (cela dit, on aura quand même supprimé –voire dégusté – un fœtus, c’est déjà ça). Autant, dans Old Boy ou Sympathie for Mr Vengeance, la violence et le gore s’intégraient parfaitement à l’esthétique et au raffinement pervers de l’ensemble, autant le ridicule est souvent atteint ici.
Le formalisme de Kim Jee-Woon est certes toujours d’actualité : lyrisme ampoulé, contraintes dans l’espace, comme ce massacre dans l’habitacle d’une voiture qui fait furieusement penser à ce superbe plan séquence des Fils de l’Homme, nervosité des caméras embarquées… le réalisateur se dépense sans compter, mais sa surenchère généralisée (dans les ficelles, dans la violence, donc, le sentimentalisme et la longueur, surtout, 2h20 !) gangrène beaucoup l’ensemble.
On ne peut nier qu’un véritable auteur est aux commandes, et que ses partis-pris jusqu’au-boutistes ne sont pas dénués de charme. C’est tout de même assez fatiguant, et à consommer à dose homéopathique.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyLun 8 Fév 2016 - 7:07

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 A_History_of_Violence

Le coup dans l’escalier.

On sait l’acuité avec laquelle Cronenberg scrute les monstres tapis en nous, et le fait de s’attaquer à la cellule américaine la plus banale a évidemment quelque chose de tout à fait jouissif. Alors qu’il s’ouvre sur une séquence d’une violence glacial, long plan séquence sur le carnage opéré par deux quidams qui rappellent furieusement les deux invités dans la ville des Tueurs de Siodmak, le film bascule dans le mythe tranquille de la famille intégrée à sa petite communauté.
On est dans un premier temps assez circonspect sur les différents fils tirés : une teen story on ne peut plus éculée (le loser fragile face au rustre bellâtre capitaine de l’équipe de foot), un amour maladroitement épicé chez les parents avec madame se déguisant en cheerleader, le tout nimbé d’une musique assez insupportable tant elle suppure l’Amérique wasp.
Bien entendu, l’ironie guette, et c’est à la faveur d’une étincelle inattendue que le brasier va mettre au jour les véritables instincts des individus.
L’idée est belle, et le point de bascule malin : cet instant héroïque, ce fait divers censé couronner la notoriété de monsieur tout le monde va attirer l’attention d’un passé qu’il pensait révolu. Cette boite de Pandore occasionne une période trouble dans le récit, où le spectateur est maintenu dans la même ignorance que l’épouse, et tente de cerner ce visage d’un calme et d’une candeur pour le moins suspects.
C’est dans l’ambiguïté que Cronenberg excelle, et il est assez regrettable de constater que celle-ci est loin d’irriguer la totalité du récit. Toute la relation père-fils, fondée sur les échos et les répétitions, est d’une triste grossièreté, surlignée et dispensable. Le jeu des contrastes entre les scènes de sexe (tendres ados, puis bêtes sauvages dans l’escalier) ne se distingue pas non plus par sa finesse didactique, même si la deuxième scène en question est un beau moment de mise en scène. C’est d’ailleurs là tout le paradoxe du film : il parvient clairement à mettre en place des ambiances, à restituer la violence, la froideur et la sauvagerie contenues avant les décharges cathartiques, notamment grâce à l’interprétation impeccable de Viggo Mortensen ; mais s’embourbe simultanément dans des discours ou des ressorts scénaristiques trop démonstratifs.
Atteindre la vérité des êtres, décaper le vernis social et civilisationnel n’est pas un projet facile. Cronenberg parvient à le faire par le regard, dans une mise en scène d’une maitrise implacable, occasionnant des séquences assez mémorables. Mais, comme pour le dernier Maps to the Stars, sa plume pèche là ou son regard suffisait, alourdissant un projet pourtant diablement excitant.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyLun 8 Fév 2016 - 22:28

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Décontraction. Il est pas si mal.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 9 Fév 2016 - 5:32

Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:
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Décontraction. Il est pas si mal.

Tu déconnes ? Il est génial !
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 9 Fév 2016 - 21:26

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 18798041

Fresque célèbre

Il règne sur l’exposition du Docteur Jivago tous les éléments annonciateurs de la grande saga à venir : une mystérieuse anticipation sur laquelle pèse des décennies muettes d’histoire et de deuil, un enterrement au lyrisme puissant nous ramenant à l’enfance et la naissance d’un motif mélodique qui reviendra incessamment : comme dans toute grande œuvre, à l’instar de Once Upon a Time in America ou du Parrain, l’enfance, la mort et la mélancolique fuite du temps sont conviées aux noces grandiloquentes de ce prélude.
Certes, le Docteur Jivago a tout du classique monument de son époque : les ravages de l’Histoire en résonnance avec l’histoire intime et individuelle des personnage broyés par elle, le passage d’une époque à l’autre, avec toutes les pertes de repères et les ajustages dans le sang qu’elles supposent, chant crépusculaire ou aube inquiète, comme le chantait Le Guépard deux ans plus tôt.
Sur cette ample partition, David Lean ménage ses effets et module ses motifs : il est certes question d’idéologie, de Révolution et d’amours contrariées, mais l’ensemble tient aussi à l’attention portée aux regards. Comme celui de Peter O’Toole dans Lawrence d’Arabie, l’intensité noire des yeux d’Omar Sharif fait de lui le témoin privilégié de l’Histoire, secondé par le cinéaste qui multiplie les effets sur les vitres et les miroirs. C’est le parcours sur la façade, avec une virtuosité proche de celles d’Ophüls dans Le Plaisir ou de Polanski dans Le Locataire, le balcon qui donne sur le massacre ou l’apparition de Lara nimbée de lumière.
Youri, en tant que médecin, arrive toujours après : il répare les dégâts commis par la folie des hommes. Dans cette adversité, il reste un temps en retrait, enrôlé de force ou non, mais sans parti si ce n’est celui de l’homme qu’on a le devoir de soigner. Cet idéal humaniste semble un moment accessible : c’est aussi ce que symbolise ce retrait du monde, dans la cabane à côté de la demeure familiale réquisitionnée par les révolutionnaires, où l’on se contente de cultiver son jardin. Lean offre alors la richesse picturale du Technicolor aux blés, à la neige ou aux coquelicots, aussi à l’aise dans les steppes russes qu’il l’était dans les dunes de Lawrence d’Arabie.
Afin que le drame opère, la grande hache de l’histoire reprend ses droits : la trahison est d’abord celle du triangle amoureux, rapidement rattrapé par un pays en état de guerre civile, où les idéaux révolutionnaires se noient dans le sang et la paranoïa. Réquisitoire sans appel sur les ravages du totalitarisme, Le Docteur Jivago parvient à maintenir sans faillir l’équilibre entre le mélo et la fresque. Qu’il s’agisse de filmer une maison prise par la glace ou un pays figé dans la terreur, David Lean est toujours pertinent.
Le retour au présent, au bout de 3h20, est donc conforme au programme annoncé : les mots se sont perdus dans l’histoire, la poésie est restée, dans un livre ou sur les cordes d’une balalaïka portée sur les frêles épaules d’une jeune fille tournée vers un avenir incertain.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptySam 13 Fév 2016 - 6:50

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 Ghost_Dog_la_voie_du_samourai

L’ascète samouraï

L’inimitable grâce avec laquelle Ghost Dog se déplace dans la ville résume à elle seule la place de Jarmusch dans le cinéma indépendant américain : présent, mais intouchable, presque inaperçu des autres qu’il évite avec l’habileté chaloupée du connaisseur. Spectre bienveillant, doté d’un code et d’une philosophie d’un autre temps, empruntant les véhicules de luxe, les voies de traverses et conversant au gré des vents et des pigeons qui les traversent.
Ghost Dog est une aberration, un poème finement ouvragé dans une ville en prose, un esprit lettré dans un corps de gangsta. Hors temps, il vit à un rythme qui n’appartient qu’à lui, comme l’ont toujours fait les énergumènes qui jalonnent le cinéma de Jarmusch, qu’ils soient marginaux (Stranger than Paradise), taulards (Down by Law) ou vampires (Only Lovers left alive).
Aux personnages qui l’entourent, voire au spectateur de rejoindre cette lente danse : Forest Whitaker ne parle presque pas, et s’il le fait, c’est aux enfants, ou en citant, en off, les préceptes du Bushido qui dictent sa conduite.
L’insolite mélange des tons, des conversations décrochées aux morts violentes, de la mafia au goût de la glace, fait le charme presque irrésistible du film. Tout repose sur son protagoniste, à qui rien ne résiste, et qui incarne une nouvelle forme de super héros, parvenu à une forme d’ataraxie fascinante.
Chez Jarmush, le cinéma procède par alchimie : c’est la cohésion entre un caractère atypique, une vision (souvent urbaine) et une musique qui déclenche l’hypnotique adhésion du spectateur. La ville, banlieue résidentielle, est à double face, peuplée de lunaires bienveillants le jour, qui retapent des bateaux ou devisent en français sur le plaisir de vivre, livrée à une mafia vengeresse la nuit, partition tragique où le grotesque guette face aux figures tutélaires du genre. Aux commandes du score, RZA livre une copie impeccable et en totale osmose avec l’esprit du film.
On reconnait aussi la patte du réalisateur par les maladresses qui émaillent souvent sa filmographie : quelques insistances et répétitions (les dialogues franco-anglais avec Isaach de Bankolé, la place accordée aux cartoons) et une tendance au name dropping lors des conversations un brin didactiques sur la littérature notamment.
Tout cela ne suffit pas pour rompre le charme : Ghost Dog fait partie de ces personnages uniques qui, à la manière des chevaliers médiévaux, lors d’un passage fugace en ce bas monde saturé de compromissions, laissent la marque d’une morale et d’un héroïsme, suscitant le goût rare et précieux de l’admiration.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptySam 13 Fév 2016 - 7:21

Nulladies a écrit:
En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 Amnesia-affiche

Devoir de mémoire : à oublier.

Quand on se prétend cinéphile, il faut être ouvert d’esprit. On doit encourager la jeunesse audacieuse comme les vétérans en disgrâce. Barbet Schroeder, j’ai toujours cru que c’était un type vraiment important et singulier, avant de me rendre compte à l’issue de ce film que je faisais une confusion avec Paul Schrader.
Après cette confession honteuse, et pour reprendre le thème du film, à savoir le devoir de mémoire, disons le tout de go : oublions cette petite merde fauchée au plus vite.

Comme dans More, (ah oui, j’aurais dû me souvenir que je lui avais mis 3, déjà…) le réal son budget low cost par les lumières gratuites et à volonté d’Ibiza. Jolies maisons blanches, mer, cigales, tout ça. C’est à peu près tout.

Parce que le reste, comment dire… Passons sur le fait que c’est mal joué, peu intéressant, aussi palpitant qu’un reste de raviolis froids au fond d’une boite de conserve, et concentrons-nous sur la thèse défendue.

Soit une quinqua voire plus dans le paradis terrestre, qu’a plus touché à son violoncelle depuis des décennies. Débarque un jeune de 20 ans qui capte des sons comme Travolta dans Blow Out. Il est allemand, nous sommes dans les 90’s, et elle révèle au bout d’un moment qu’elle aussi fut allemande mais que quand même, vu les atrocités commises par les nazis, plus question d’avoir un lien quelconque avec ce pays.

Débat. Chappe de plomb, reconstruction, contrition, fellation ?

Schroeder sent bien que se limiter à ces échanges intimes a quelque limite. Il sort donc la grosse artillerie, le panzer division de l’échange cathartique en faisait débarquer la mère et le grand père qui vont y aller de leur confession nostalgique devant la paella. Scène grotesque où le safran semble régénérer des souvenirs jusque-là tus, c’était dur la guerre quand même et voilà que je pleure sur mes moules.

Tout est faux, rien ne fonctionne. Le scénario est d’un didactisme à faire pleurer, la bluette totalement insipide, et les leçons à la hauteur d’un débat dans les pages philo d’un supplément gratuit. Faisons donc ce qu’il faut avec de telles productions : poubelle. (la jaune, silvouplé).

Moi j'aime bien Barbet Schroeder, bien plus que Paul Schrader parce que sorti de ses scénarios pour Scorsese, bwarf. Pas encore vu celui-ci ceci-dit, mais comme ses meilleurs films - et les plus ambigus - sont en général ses films hollywoodiens (Le poids du déshonneur, L'enjeu, Calculs meurtriers), je suis pas si pressé en fait. Razz


Dernière édition par RabbitIYH le Mer 17 Fév 2016 - 7:46, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 16 Fév 2016 - 6:34

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 Arton1171

La recherche du sang perdu.

Le principal reproche que l’on peut faire à ce film est à double tranchant : celui d’être l’adaptation du puissant texte théâtral de Wajdi Mouawad, dont il ne peut évidemment pas restituer toute la portée. L’ouverture sur la tonte d’enfants soldats en devenir sur la musique de Radiohead n’arrange rien, et annonce le risque d’une lecture clinquante ou poseuse. Il n’en sera rien.
On peut évidemment être frustré de la réduction du rôle du frère, de sa mise à la trappe de son métier de boxeur, et de la reconnaissance finale, sacrément expédiée par rapport à celle mise en place dans la pièce originelle. Mais le film pouvait tellement s’embourber dans la dense matière tragique qu’il traite qu’il faut surtout saluer la manière dont il s’en tire.
Incendies restitue deux trajectoires : celle, présente, de la quête de la fille sur les traces de sa mère et l’autre, fragmentée et elliptique, de cette femme quelques décennies plus tôt dans un pays ravagé par la guerre, jamais nommé mais renvoyant au Liban. Denis Villeneuve, qu’on connait depuis pour sa maestria de mise en scène, comme dans Sicario ou son goût pour les psychologies tortueuses (Prisonners, Enemy) fait ici ses armes avec une sobriété salvatrice. La primauté est accordée au cadre et aux décors : on le voit à travers le plan d’une rue où le frère affirme à tort être en paix avec lui-même, le poignant travail sur l’espace qui donne à voir la maison familiale encerclée par les frères dans laquelle hurle la jeune veuve, ou les vues du ciel des routes sinueuses sur lesquelles roulent deux bus dans deux temporalités parallèles, l’un vers le massacre, l’autre vers sa révélation.
La puissance du film se loge dans ses ellipses et dans la pudeur avec laquelle il gère ses effets. La musique, par exemple, à l’exception des deux occurrences de Radiohead, se fera des plus discrètes, n’intervenant qu’à de rares reprises sur des motifs classiques et graves rappelant avec insistance la ligne mélodique de la 3ème symphonie de Gorecki. L’horreur d’un viol, ou d’un accouchement non désiré est habilement restituée par des manques ou des gros plans sur la structure métallique d’un lit où se promène une menotte, plans bien plus diserts qu’une complaisance dans la barbarie. De la même façon, la prise de conscience des jumeaux se résume à des inspirations brutales, ou des lignes crawlées frénétiques : l’expression des corps plutôt que des mots est un glissement très intelligent par rapport à la puissance dramaturgique du texte d’origine.

D’Incendies, il reste l’essentiel : l’ampleur aride d’une terre méditerranée, le feu barbare de la haine humaine sur un bus, le vent chaud dans les oliviers et l’eau, encerclée, contenue, mais qui tente les voies de la catharsis. Face aux éléments, les individus prennent les atours de l’universalité, ce à quoi tend évidemment cette tragédie qui réactive l’hybris antique dans le monde du XXème siècle qui croyait naïvement lui échapper. Dans cette imagerie essentielle, Denis Villeneuve parvient, avec tact et conviction, à se faire le passeur d’un texte essentiel.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMar 16 Fév 2016 - 6:36

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 20024468

Fear window

L’argument n’a rien de franchement novateur : un meurtre a lieu en pleine nuit sur une place du Havre, et la police recherche des témoins. Personne n’a rien vu, ni entendu. Jusqu’à ce qu’un résident révèle avoir été saisi par les hurlements de la victime, qu’il ne peut pas avoir été le seul à entendre.
Sur cette trame, Lucas Belvaux tisse un récit aussi efficace dans les thèmes qu’il brasse que pertinent dans son esthétique retorse. Car le film est avant tout un regard urbain, sur la ville orthonormée du Havre, si caractéristique de ces reconstructions de l’après-guerre. Sur cette place, relecture du Fenêtre sur Cour d’Hitchcock, tout le monde feint de ne pas s’entrapercevoir. Le silence est la règle, et la minéralité fait la loi. Les nombreux plans sur la ville, d’une neutralité inquiétante, mettent d’abord en valeur sa beauté géométrique, avant d’aller fouiller du côté autrement plus retors des individus qui la peuplent. C’est avec la même fascination que Belvaux filme les Supertankers du port, accumulation monstrueuse de containers, ville flottante et désincarnée.
L’irruption du personnage d’Yvan Attal, torturé à souhait, fonctionne comme celle du personnage en contrepoint dans les films de Lang, Fury ou M le Maudit : il est celui qui va aller à l’encontre du collectif, et susciter son hystérie collective.
D’un côté, l’ordre voudra se maintenir, le préfet préférant étouffer l’affaire, tandis qu’une journaliste contribuera à révéler ce procès de la lâcheté humaine.
Mais c’est surtout dans les silences que la tension s’exprime : ceux des regards, des pierres qui fusent dans ces vitres qu’on souhaiterait opaques, ces dialogues de couples qui n’avancent pas et s’engoncent dans les non-dits.
Si la fin du film est un peu déceptive, on saura pardonner au scénariste ce petit essoufflement au vu des sommets atteints auparavant, notamment dans la séquence de reconstitution du meurtre, et surtout des cris entendus par tous. La parole est de toute façon impuissante : le désir de catharsis de l’un ne pourra combler la puissance du déni des autres, et les débats qui en découlent sur la nature humaine et la vie en société sont d’autant plus passionnants qu’ils se déploient dans l’indicible médiocrité d’un quotidien qui reprend ses droits. Dans le silence et la circulation d’une ville qui ne demande qu’à laver les flaques de sang qui la souillent.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMer 17 Fév 2016 - 6:57

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 19869288

Nous allons cramer ce soir.

On pourrait voir Le coup de l’escalier, (dont le titre original, Odds Against Tomorrow, est bien plus programmatique) comme une interminable exposition, celle d’un braquage qui ne commencera que dix minutes avant la fin. Dans ce déséquilibre, qu’on retrouvait déjà quelques années plus tôt sur la trame de L’Ultime Razzia de Kubrick, se loge tout l’intérêt du film : déterminer la psychologue tourmentée des protagonistes, acculés à ce choix radical qui se pare de toutes les couleurs sombres du tragique. Chez Robert Wise, l’épaisseur du personnage est un élément incontournable : c’était déjà le cas dans le magnifique Nous avons gagné ce soir, avec un Robert Ryan tout aussi émouvant, mais sur une partition qui invitait alors à la compassion. Le personnage qu’il campe ici est autrement plus complexe, puisque le film traite aussi du racisme. Obligé de faire équipe avec un noir, dont on suit en parallèle les tentatives pour échapper à cette solution du braquage, le dur vieillissant révèle une idéologie détestable tout comme il accuse des signes de faiblesse, dans son rapport à la jeunesse ou à la gent féminine.

All mens are evil, entonne une femme dans le cabaret où le chanteur noir gagne un salaire qui ne suffit pas à combler ses dettes issues d’une addiction au jeu. En effet, aucun des personnages ne semble pouvoir sauver l’autre, et l’association des trois désespérés (le vieux flic évincé, l’ancien militaire raciste et le noir endetté) ne présage pas un coup flamboyant. La ville filmée par Wise prolonge cet état de fait : elle semble se résumer à des rues barrées par des façades trop hautes, de l’asphalte luisant de pluie et des impasses obscures. Les gros plans sur les visages sont sans concession : on cherche à révéler la fragilité des êtres qui jouent au durs ou singent l’enthousiasme de celui qui promet la fortune. Même le jazz, censé apporter divertissement et swing dans la ville nocturne, s’imbibe d’alcool et de désenchantement dans une superbe séquence revisitant tous les clichés afférant à la musique.
La mécanique tragique est donc en marche : c’est une poupée qui flotte parmi les déchets sur une grève industrielle, la statue d’une vierge devant laquelle on prie silencieusement, la disposition des protagonistes dans un espace qui ne cesse de les rappeler à l’ordre. Trop grand pour leur fragilité (le trajet qui les mène au casse est en cela révélateur), étouffant (l’appartement de Ryan), vertigineux et oppressant (la très belle séquence du manège) ou trop exigu (le couloir de la banque), il ne sied jamais.
Mais il ne s’agit pas pour autant de disculper les individus face à des forces qui les dépasseraient, et c’est là toute l’intelligence pessimiste du cinéaste : chaque personnage est responsable, de sa bêtise ou de sa naïveté, de son racisme (anti noir, certes, mais anti bourgeois aussi du côté du noir qui fustige les tentatives d’intégration de son ex-épouse). La démonstration sur le racisme prend d’ailleurs le pas sur le reste et sera déterminante dans la résolution de l’intrigue. Une certaine insistance sur le sujet leste légèrement la fin du film, comme elle le faisait pour La porte s’ouvre de Mankiewicz, mais on sait à quel point il était alors courageux d’aborder ces délicates thématiques.
(Spoils) A ce titre, la mort des deux personnages principaux, carbonisés et impossibles à différencier, est tout à fait remarquable d’ironie.

Chant du cygne du film noir, Odds against tomorrow solde les comptes : la famille, le couple, l’honneur ou la camaraderie ne sont pas en mesure de contrer les pulsions vénales et autodestructrices de l’homme, dans un univers qui le tente et le dévore conjointement. Et chaque élément de résolution sera un pas de plus vers le pire, comme le résume lucidement le personnage d’ Harry Belafonte : Yeah, yeah, I know I got rid of the headache. Now I got cancer.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMer 17 Fév 2016 - 8:00

Merci du tuyau pour le Wise.

Nulladies a écrit:
En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 19637299

Cannibales & low cost

Qui a vu A Bittersweet Life sait à peu près quoi s’attendre avec cette nouvelle livraison de Kim Jee-Woon : vengeance à tous les étages, sur les terres bien balisées sur thriller coréen, formaliste et ultra violent, qui lorgne d’autant plus vers le cinéma de Park Chan-Wook qu’il embauche ici Choi Min Sik en grand sadique baroque.
Le principe du récit semble une nouvelle fois particulièrement éculé : le même bellâtre que dans l’opus précédent, Lee Byung-Hun, va sombrer dans une spirale de violence pour venger l’assassinat de sa femme qui révèle au moment de sa mort qu’elle est enceinte, (bonjour Seven pour le petit plus pour accroitre la rage du vengeur). Sur un canevas aussi basique se greffe une exploration de la loi du Talion qui rappelle un moment le Caméléon (ce qui n’est pas un compliment), puis à The Crow (ce qui n’en est toujours pas un), avant de dévier vers des directions qui pourraient s’avérer plus fertiles. Transformé en monstre presque équivalent de son evil twin, le héros entraine dans sa chute tous ceux qui l’entourent et ne peut plus vraiment susciter l’empathie attendue dans ce genre de récits.
Il semble surtout, en réalité, que les extrémités qu’il atteint sont un habile moyen de déployer à l’écran une débauche de violence gratuite, qui frise la malhonnêteté : mutilation, perversion, cannibalisme, corps criblés de coups, boucherie à tous les étages, on en vient à s’étonner que les enfants soient épargnés (cela dit, on aura quand même supprimé –voire dégusté – un fœtus, c’est déjà ça). Autant, dans Old Boy ou Sympathie for Mr Vengeance, la violence et le gore s’intégraient parfaitement à l’esthétique et au raffinement pervers de l’ensemble, autant le ridicule est souvent atteint ici.
Le formalisme de Kim Jee-Woon est certes toujours d’actualité : lyrisme ampoulé, contraintes dans l’espace, comme ce massacre dans l’habitacle d’une voiture qui fait furieusement penser à ce superbe plan séquence des Fils de l’Homme, nervosité des caméras embarquées… le réalisateur se dépense sans compter, mais sa surenchère généralisée (dans les ficelles, dans la violence, donc, le sentimentalisme et la longueur, surtout, 2h20 !) gangrène beaucoup l’ensemble.
On ne peut nier qu’un véritable auteur est aux commandes, et que ses partis-pris jusqu’au-boutistes ne sont pas dénués de charme. C’est tout de même assez fatiguant, et à consommer à dose homéopathique.

Pas vu l'autre mais ça donne pas envie parce qu'en guise de navet grand-guignolesque celui-ci se pose là. Rien mais alors RIEN à voir avec les deux CO de Park Chan-wok que tu cites.

Nulladies a écrit:
En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 A_History_of_Violence

Le coup dans l’escalier.

On sait l’acuité avec laquelle Cronenberg scrute les monstres tapis en nous, et le fait de s’attaquer à la cellule américaine la plus banale a évidemment quelque chose de tout à fait jouissif. Alors qu’il s’ouvre sur une séquence d’une violence glacial, long plan séquence sur le carnage opéré par deux quidams qui rappellent furieusement les deux invités dans la ville des Tueurs de Siodmak, le film bascule dans le mythe tranquille de la famille intégrée à sa petite communauté.
On est dans un premier temps assez circonspect sur les différents fils tirés : une teen story on ne peut plus éculée (le loser fragile face au rustre bellâtre capitaine de l’équipe de foot), un amour maladroitement épicé chez les parents avec madame se déguisant en cheerleader, le tout nimbé d’une musique assez insupportable tant elle suppure l’Amérique wasp.
Bien entendu, l’ironie guette, et c’est à la faveur d’une étincelle inattendue que le brasier va mettre au jour les véritables instincts des individus.
L’idée est belle, et le point de bascule malin : cet instant héroïque, ce fait divers censé couronner la notoriété de monsieur tout le monde va attirer l’attention d’un passé qu’il pensait révolu. Cette boite de Pandore occasionne une période trouble dans le récit, où le spectateur est maintenu dans la même ignorance que l’épouse, et tente de cerner ce visage d’un calme et d’une candeur pour le moins suspects.
C’est dans l’ambiguïté que Cronenberg excelle, et il est assez regrettable de constater que celle-ci est loin d’irriguer la totalité du récit. Toute la relation père-fils, fondée sur les échos et les répétitions, est d’une triste grossièreté, surlignée et dispensable. Le jeu des contrastes entre les scènes de sexe (tendres ados, puis bêtes sauvages dans l’escalier) ne se distingue pas non plus par sa finesse didactique, même si la deuxième scène en question est un beau moment de mise en scène. C’est d’ailleurs là tout le paradoxe du film : il parvient clairement à mettre en place des ambiances, à restituer la violence, la froideur et la sauvagerie contenues avant les décharges cathartiques, notamment grâce à l’interprétation impeccable de Viggo Mortensen ; mais s’embourbe simultanément dans des discours ou des ressorts scénaristiques trop démonstratifs.
Atteindre la vérité des êtres, décaper le vernis social et civilisationnel n’est pas un projet facile. Cronenberg parvient à le faire par le regard, dans une mise en scène d’une maitrise implacable, occasionnant des séquences assez mémorables. Mais, comme pour le dernier Maps to the Stars, sa plume pèche là ou son regard suffisait, alourdissant un projet pourtant diablement excitant.

Celui-ci par contre... I love you I love you le comic book est excellent mais plus classique, chez Cronenberg ça devient comme à son habitude une histoire d'influence de la psyché sur la chair, tout comme Jeremy Irons dans Mr Butterfly sincèrement persuadé que son amant est une femme au point de pouvoir coucher avec sans que cela n’ébranle sa certitude, ou Ralph Fiennes dans le génial Spider et ses souvenirs occultés voire transformés par le poids de la culpabilité, le personnage de Mortensen s'est involontairement délesté de son passé jusque dans sa conscience même et sa mémoire physique d'avoir été quelqu'un d'autre par nécessite d'avoir une vie normale, c'est pour moi la plus belle ambiguïté de ce film, auquel je préfère tout de même le très sous-estimé Les promesses de l'ombre.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMer 17 Fév 2016 - 8:03

Les promesses, j'ai un peu peur de le revoir, j'en ai le souvenir d'un truc assez forcé dans la psychologie, poussif dans sa démonstration.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyMer 17 Fév 2016 - 9:10

Psychologie, démonstration... je vois pas de quoi tu parles mais bon. Cronenberg n'a jamais fait dans le film à thèse et la psyché des personnages n'est jamais traduite à l’écran que métaphoriquement, par leurs actions ou leurs transformations physiques. Pour moi c'est l'un de ses tout meilleurs films, au même titre que le tout aussi mal-aimé Spider, je dirais même ses deux meilleurs depuis Videodrome, la différence dans le cas des Promesses de l'ombre c'est que les thématiques explorées sont nettement plus sous-jacentes qu'à l’accoutumée, comme pour son excellent A Dangerous Method, infiniment plus subtil que les deux suivants et néanmoins tout aussi personnel.
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MessageSujet: Re: En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8....   En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 EmptyJeu 18 Fév 2016 - 15:07

En visionnage : DVD / Divx / vhs / Super 8.... - Page 12 L-affiche-du-film-les-nouvelles-aventures

Les arcanes du blockbuster, chapitre 22

Paris, salle de conférence. Vue sur Seine. Dans la corbeille sur la table en acajou, des fraises tagada, un kebab, des cartes Pokemon, des pompot’ et une chaine en or.

- Bon, mes fiottes, on est plutôt en forme côté carton made in France.
- On a scoré dans la SF pour jeunes geeks…
- On a ramassé chez les racistes de tous bords…
- Et on s’est servi chez les handicapés.
- Donc, c’est bien, mais si on était là pour s’autosucer, autant rester à la maison avec de l’assouplissant, hein. Bryan, c’est quoi le projet d’aujourd’hui ?
- Un film familial. Un conte de Noël, genre.
- Oh putain non chef, pas…
- Ta gueule Kevin.
- Mais on sait pas faire ça en France, y’a que les ricains ! regardez la bande annonce du Père Noël avec Rahim, vous comprendrez.
- Il a raison, c’est horrible
- Il nous faut du remix, du bling-bling.
- Regardez les rappeurs, chef. Aujourd’hui, leur audience est dans les cours de récré.
- Ouala. Là ça commence à sentir la thune, ton idée.
- Bon, en conte on va prendre un truc qui peut faire caillera. Genre Aladdin, en mode berbère, comme ça les arabes peuvent voler sans qu’on nous emmerde.
- Pas mal. Mais enlève un d à Aladdin sinon les kids pourront pas le retrouver dans les moteurs de recherche.
- Et on prend l’idole des bacs à sable, Kev Adams.
- Bon ben voilà, c’est plié. Qu’il écrive aussi le scénar pour que ça fasse jeune. Vous avez une semaine.

La semaine suivante.

- Bon, le chef s’est pas déplacé, hein. Vous avez quoi ?
- Kev a participé à une séance d’écriture.
- Ah bien, ça.
- Ouais, enfin, il a envoyé un texto. « Vazi un remix de ouf, tu me mets en mode BG clip façon bollioud et une bonasse big natural stp »
- Ah ouais quand même. Et Julie, t’as quoi ?
- Vous allez kiffer : j’ai bossé ma race. Alors voilà, parodie, les mecs : les méchants bossent leur rire machiavélique, des fois ils partent dans des monologues qui veulent rien dire, on interrompt la musique solennelle avec un bruit de disque rayé, on met des sosies de Jamel et Darmon…
- Ouais, ok, t’as revu Mission Cléopâtre, en fait.
- Bingo ma couille. Parce que le public d’aujourd’hui, il était pas né au moment de sa sortie.
- Nice job comme ils disent. Mais bon, on fera moins subtil pour s’adapter à l’air du temps.
- Et pour notre branleur sous néon, Bryan ?
- Bon, alors en fait…
- Ma pute, dis-le si t’as rien foutu…
- Nan c’est pas ça mais franchement, les CM1, moi je connais plus. Alors j’ai eu une idée.
- Je crains le pire. Dis-moi que c’est resté légal.
- T’inquiète. Je suis allé dans les classes et j’ai organisé un concours autour d’Aladdin pour récolter des idées.
- Bien vu. Et ?
- Bon, comme ils savent plus écrire en primaire, on a fait des dessins, mais y’a de quoi faire, je vous ai fait un diapo.
- Putain ils ont de la ressource quand même ! Une flute dans le cul, excellent !
- Et un méchant qui pue de la gueule ! le kiff !
- Ahahah, ramener un Giant de Quick dans le désert !
- Et un gros black sans bite, j’adore !
- Et putain, les homos en prennent pour leur grade quand même, non ?
- Ouais, mais c’est normal. Jusqu’à 8 ans, tu considères ça comme une maladie, et je crois que Kev est assez d’accord. On garde.
- J’aime bien aussi l’idée que t’es une couille molle si t’arrives pas à baiser une femme parce qu’elle est trop moche. C’est plein de vraies valeurs sur l’amour. On dirait du Black M.
- Bonne idée, tiens, qu’il fasse un featuring.
- Bon, faut pas se leurrer, on risque de se faire allumer par la critique. Faudra gérer ça sur les réseaux. Les gamins qu’on fait des dessins, tu leur fait créer des comptes sur Allociné pour monter la note du film, OK ? Et en guise de bande annonce, tu leurs fous surtout des clips avec le mot CACA en relief dedans.
- Dément. On est brillants, quand même.
- MDR ! On va cacartonner !
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