400 films préférés (par Rabbit)

Et sur Kill Bill on risque d'être d'accord, le volume 1 est de loin son film que je préfère (à venir donc mais un peu plus tard).

388. Up (Là-haut) - Pete DOCTER & Bob PETERSON, 2009

Comme beaucoup, j'ai été bouleversé par cette scène d'ouverture, résumé elliptique d'une existence tout entière, de ses petites joies à ses grands malheurs et vice-versa (tiens "Vice-versa", du même Pete Docter, il était pas loin celui-là, malheureusement on ne peut pas tout caser...). La suite de cette histoire de réenchantement d'une vie n'atteint pas tout à fait les mêmes sommets mais impressionne par son ampleur visuelle, sa narration épurée, son imagination appliquée au réel et son parfait mélange d'humour, d'aventures, de tendresse et d'émotion, une énorme générosité en somme, typique de Pixar.

Je ne suis pas cinéphile, pas plus que mélomane (révélation récente), mais je m'autorise un avis sur Tarantino : chacun de ses films a quelque chose de particulier, voire de réconfortant.
Les sommets Pulp Fiction & Reservoir Dogs n'ont plus été atteints, mais la hauteur atteinte est remarquable.

J'aime tout de Reservoir Dogs à Death Proof, après pour moi c'est la cata, mais la plupart de ses films ne sont pas habités, et ne racontent rien sur rien. C'est fun, bien (dé)construit, avec un sens du dialogue qui dézingue et c'est déjà pas mal mais ça s'arrête là, il n'y a pas de vrai regard, de vrai univers. A l'exception pour moi des Kill Bill donc (le premier surtout) qui sont à la fois ses films les plus pop (il va enfin jusqu'au bout de son concept de collages d'influences, de films-madeleines dans lesquels il met toute la cinéphilie qui l'a réconforté lui, justement quand il était ado, de la Nouvelle Vague à l'animation japonaise, du kung-fu de série Z au giallo italien, au mépris de la cohérence stylistique - tout de même un peu fade - de ses précédents films... au lieu de juste faire des remakes camouflés comme avec Reservoir Dogs qui pillait City on Fire ou Jackie Brown qui recyclait toute la blaxploitation 70s des Foxy Brown et compagnie) et les plus incarnés, paradoxalement, grâce à Uma et à son personnage soumis à une situation extrême, pas mal plagié lui aussi (La mariée était en noir de Truffaut, essentiellement) mais qui cette fois existe vraiment et qui est filmé au plus près, parfois dans la douleur, sans cette distance ironique qui aujourd'hui plombe ses films dont les persos ne sont plus que des coquilles vides à mon avis.

bro' a écrit:

je m'autorise un avis

En cinéma de qualité au moins on a rarement affaire à des gens qui rament et bouffent des pâtes à tous les repas pendant 6 mois pour sortir une cassette à 50 exemplaires à l'attention de leurs 70 followers sur facebook, donc les avis à l'emporte-pièce ne me font ni chaud ni froid.

C'est quand même essentiellement un art de privilégiés (ou privilégiés en devenir), à moins d'aller dans le vrai cinéma expérimental peut-être mais j'ai du mal avec ça à dire vrai, en ciné il me faut quand même un récit.

Et en parlant de Truffaut tiens :



387. La peau douce - François TRUFFAUT, 1964

Une tragédie intime filmée comme un thriller, l'un des films le plus hitchcockiens de Truffaut jusque dans ces gros plans d'objets moteurs de narration, le fatalisme évidemment ou cette caméra qui épouse la subjectivité des personnages... une histoire d'adultère dans laquelle le cinéaste a semble-t-il mis beaucoup de lui-même, allant jusqu'à tourner dans son propre appartement les scènes du couple Jean Desailly/Nelly Benedetti. De cette dernière, femme trompée et brisée, ou de l'amante Françoise Dorléac, bras du destin malgré elle dont les illusions ne résistent pas à la tourmente des sentiments, difficile de dire laquelle est la plus bouleversante. Vu il y a trop longtemps, "La peau douce" mériterait sûrement de figurer plus haut.

RabbitIYH a écrit:

bro' a écrit:

je m'autorise un avis

En cinéma de qualité au moins on a rarement affaire à des gens qui rament et bouffent des pâtes à tous les repas pendant 6 mois pour sortir une cassette à 50 exemplaires à l'attention de leurs 70 followers sur facebook, donc les avis à l'emporte-pièce ne me font ni chaud ni froid.  

Cool, je vais pouvoir m'exprimer dans le topic cinoche.

386. Julius Caesar (Jules César) - Joseph L. MANKIEWICZ, 1953

L'intelligence, l’ambiguïté, le verbe (en l'occurrence celui de Shakespeare, dont il s'agit pour moi de la meilleure adaptation au ciné - à moins de compter un certain joyau de Kurosawa librement inspiré d'"Hamlet" et que l'on retrouvera plus haut), au service du film "historique". Si j'aime également beaucoup son "Cléopâtre", plus inégal et donc absent de la liste mais bien plus intimiste et libertaire qu'il n'y paraît dans ses habits trop grands de blockbuster d'époque, avec "Jules César" et ses personnages multifacettes dont les actions ne reflètent qu'en partie la complexe vérité humaine (Brando/Marc Antoine et James Mason/Brutus en tête), on entre clairement dans les chefs-d'oeuvre très personnels de l'immense Mankiewicz, qui sans trop en dévoiler fait partie de la poignée de cinéastes à avoir un compte à deux chiffres dans ce top 400.

385. Prima della rivoluzione - Bernardo BERTOLUCCI, 1964

A la fois social et intime, autobiographique et romanesque, "Prima della rivoluzione" est le second et - pour moi - plus beau film de Bertolucci (il m'en reste quelques-uns à voir ceci dit, notamment "Un thé au Sahara" et "La stratégie de l'araignée", qui ont leurs fans). Un cinéaste surtout connu du grand public pour la polémique du "Dernier tango à Paris" et le faste du superbe (et multi-oscarisé) "Dernier empereur", deux films auxquels je préfère également en dépit de ses excès l'ambitieuse fresque sociale "1900", avec son casting 12 étoiles (De Niro, Depardieu, Stefania Sandrelli, Donald Sutherland, Dominique Sanda, Burt Lancaster, Sterling Hayden, Alida Valli...) et le lyrisme douloureux de Morricone. En décalage tant avec leur milieu social ou leur époque qu'avec ceux qu'ils aiment et souffrant d'une certaine apathie qui les empêche d'aller au bout de leurs semblants de conviction, les personnages de Bertolucci sont incontestablement la force du cinéma de l'Italien. Ainsi en est-il ici de Fabrizio, jeune bourgeois militant du Parti communiste dont les idées tranchent radicalement avec celles qui prédominent dans son milieu social et trouvent en écho en Gina, sa jeune tante avec laquelle il entame une relation incestueuse et passionnée : son impulsion de révolte viendra trop tôt, loupant le coche de la révolution populaire et son manque de volonté face à une liberté intimidante se heurtera au déterminisme social qu'il essayait de fuir à tout prix...

384. The Happening (Phénomènes) - M. Night SHYAMALAN, 2008

Avec "Signes" et "La jeune fille de l'eau", l'un des trois grands mésestimés de Shyamalan... je reparlerai plus tard en détails de ce qui me touche dans son cinéma et que l'on retrouve ici comme partout ailleurs dans sa filmo, cette idée de personnages qui par empathie mutuelle vont s'entraider à trouver leur place dans ce monde, un sens à leur vie et/ou à vaincre l'adversité (bon parfois ça peut être prétexte à un "exercice de style" sans style, au concept laborieux et vide de personnages et de possibilités, cf. "The Visit" et le récent "Old", heureusement ça reste rare). Mais ce qui est proprement impressionnant, pour moi, dans ce suspense qui le rapproche plus d'Hitchock (en particulier celui des "Oiseaux") que de Spielberg et qui perpétue la parfaite épure de mise en scène de "Signes" (tout en gonflant son aspect de série B un peu campy sans pour autant suspendre la crédibilité du film ou sa noirceur sous-jacente), c'est cette capacité à mettre en scène sans ostentation une menace invisible et la rendre tangible, voire proprement flippante, un écueil sur lequel s'étaient cassés les dents d'autres "films catastrophe" (étiquette trop limitée pour ce film mais auquel le pitch d'une toxine mortelle suicidant l'espèce humaine renvoie forcément), je pense notamment à la ridicule tentative de filmer le froid comme un antagoniste dans "Le jour d'après" (mouaha). Comme souvent, et c'est bien de le répéter car lui non plus n'est pas toujours apprécié à sa juste valeur, Mark Wahlberg est parfait et pour beaucoup dans l'équilibre du film entre distance vaguement humoristique et absolu premier degré.

RabbitIYH a écrit:

384. The Happening (Phénomènes) - M. Night SHYAMALAN, 2008

Avec "Signes" et "La jeune fille de l'eau", l'un des trois grands mésestimés de Shyamalan... je reparlerai plus tard en détails de ce qui me touche dans son cinéma et que l'on retrouve ici comme partout ailleurs dans sa filmo, cette idée de personnages qui par empathie mutuelle vont s'entraider à trouver leur place dans ce monde, un sens à leur vie et/ou à vaincre l'adversité (bon parfois ça peut être prétexte à un "exercice de style" sans style, au concept laborieux et vide de personnages et de possibilités, cf. "The Visit" et le récent "Old", heureusement ça reste rare). Mais ce qui est proprement impressionnant, pour moi, dans ce suspense qui le rapproche plus d'Hitchock (en particulier celui des "Oiseaux") que de Spielberg et qui perpétue la parfaite épure de mise en scène de "Signes" (tout en gonflant son aspect de série B un peu campy sans pour autant suspendre la crédibilité du film ou sa noirceur sous-jacente), c'est cette capacité à mettre en scène sans ostentation une menace invisible et la rendre tangible, voire proprement flippante, un écueil sur lequel s'étaient cassés les dents d'autres "films catastrophe" (étiquette trop limitée pour ce film mais auquel le pitch d'une toxine mortelle suicidant l'espèce humaine renvoie forcément), je pense notamment à la ridicule tentative de filmer le froid comme un antagoniste dans "Le jour d'après" (mouaha). Comme souvent, et c'est bien de le répéter car lui non plus n'est pas toujours apprécié à sa juste valeur, Mark Wahlberg est parfait et pour beaucoup dans l'équilibre du film entre distance vaguement humoristique et absolu premier degré.

Je n'ai pas tout vu de sa filmo (un peu plus de la moitié) et seul Sixième Sens est à sauver pour ma part.
Shyamalan alterne toujours entre le mauvais (The Visit, Le Dernier Maître de l'Air) et le moyen (celui-ci, Glass).
Bref, je ne suis pas son plus grand fan !  

Sixième sens n'est probablement pas dans mon top 5.  Mais on aura au moins deux occasion d'en reparler (si tu ne les as pas vus je te conseille quand même très très fortement Incassable et Signes   je pense d'ailleurs que sans Incassable je n'aurais jamais compris et apprécié ses films à venir de la même manière, c'est vraiment la clé de voûte de son cinéma).

383. Etat de siège - Constantin COSTA-GAVRAS, 1973

Mon Costa-Gavras préféré jusqu'ici (il me reste à découvrir de gros bouts de sa filmo, à commencer par "L'aveu" et "La main droite du Diable"), pas vu depuis longtemps mais je me souviens d'un très bon scénar (inspiré de l'enlèvement bien réel de Dan Mitrione, agent du FBI sous couverture, par un mouvement urugayen de guérilla urbaine quelques années plus tôt), d'un Montand parfait et très ambigu, d'une oeuvre qui en comparaison d'un "Z" par exemple, à mon avis trop "film à thèse" et dont je ne suis pas très fan, abordait l'extrêmisme politique dans l'Histoire beaucoup plus sous l'angle des personnages, avec l'efficacité du thriller (la suite de sa filmo confirmera ce basculement, avec d'autres très belles réussites à mon sens, de "Missing" au "Couperet" en passant par "Music Box" et "Amen") et la distance d'un observateur pas plus complaisant envers la violence supposément justifiée de l'extrême-gauche qu'envers les manipulations de l'impérialisme américain.

Superbe initiative.
Merci rabbit !

Superbe initiative.
Merci rabbit !

Avec plaisir ! Ça générait des discussions sympa sur facebook donc voilà.

382. The Death of Stalin (La mort de Staline) - Armando IANUCCI, 2017

Noirissime et hilarant, ce second long de Ianucci, après le déjà brillamment écrit mais trop plein et un poil fatigant "In the Loop", en reprend les codes esthétiques (satire politique filmée comme un mockumentaire aux tonalités british) mais nous plonge ce coup-ci dans la grande Histoire pour fustiger, cette fois encore, l'ambition, la bêtise et l'égocentrisme des élites, ici les leaders bureaucrates et militaires du régime stalinien. Caricaturés juste ce qu'il faut par une troupe d'acteurs fantastiques (Jason Isaacs, Steve Buscemi et Simon Russell Beale en tête), les hommes de l'ombre du dictateur communiste complotent et se complaisent dans leurs joutes verbales indécentes, ordonnant des exécutions comme on commanderait son petit déjeuner. Documentée à coups d'anecdotes qui font froid dans le dos, la cruauté absurde de l'un des gouvernements les plus meurtriers de l'histoire (à quand Mao ?) ne nous est pas épargnée, et la farce n'enlève rien à l'arrière-goût profondément dérangeant que laisse le film.

RabbitIYH a écrit:

382. The Death of Stalin (La mort de Staline) - Armando IANUCCI, 2017

Noirissime et hilarant, ce second long de Ianucci, après le déjà brillamment écrit mais trop plein et un poil fatigant "In the Loop", en reprend les codes esthétiques (satire politique filmée comme un mockumentaire aux tonalités british) mais nous plonge ce coup-ci dans la grande Histoire pour fustiger, cette fois encore, l'ambition, la bêtise et l'égocentrisme des élites, ici les leaders bureaucrates et militaires du régime stalinien. Caricaturés juste ce qu'il faut par une troupe d'acteurs fantastiques (Jason Isaacs, Steve Buscemi et Simon Russell Beale en tête), les hommes de l'ombre du dictateur communiste complotent et se complaisent dans leurs joutes verbales indécentes, ordonnant des exécutions comme on commanderait son petit déjeuner. Documentée à coups d'anecdotes qui font froid dans le dos, la cruauté absurde de l'un des gouvernements les plus meurtriers de l'histoire (à quand Mao ?) ne nous est pas épargnée, et la farce n'enlève rien à l'arrière-goût profondément dérangeant que laisse le film.

Me rappelle juste que je n'étais jamais parvenu à entrer dans le truc et que je m'étais bien ennuyé du coup...  

C'est spécial j'avoue... perso j'ai plié tout du long et la boule au ventre en même temps, drôle de sensation mais le film en salle m'a du coup énormément marqué.

381. Far from Heaven (Loin du Paradis) - Todd HAYNES, 2003

Adoré à sa sortie, je n'ai pas osé le revoir depuis. S'il évoque "In the Mood For Love" sorti peu de temps avant pour son histoire d'amour non dite, ce mélodrame sur fond de racisme latent et d'homosexualité refoulée doit sûrement beaucoup à Douglas Sirk, que je n'ai découvert que par la suite. Haynes soigne en particulier les cadrages et les couleurs, en hommage à ces films hollywoodiens des années 60 où la violence des émotions perçait sous le vernis du faste visuel et des vies de banlieues bourgeoises en apparence rangées. Le tout aussi beau "Carol" quelques années plus tard a confirmé cette sensibilité et l'empathie du cinéaste (c'était déjà le cas d'une autre manière dans l'excellent "Safe", avec la même Julianne Moore) pour des personnalités qui se heurtent aux conventions sociales (Todd Haynes est lui-même ouvertement gay et c'est une préoccupation centrale dans ses films depuis les tout débuts visiblement).

380. Tesis - Alejandro AMENÀBAR, 1996

Premier long-métrage impressionnant de maîtrise et de personnalité qui laisse déjà transparaître l'univers cauchemardé du suivant, révélant au passage ses deux futurs acteurs principaux (on en reparlera beaucoup, beaucoup plus haut), "Tesis" prend quelque part, via une sombre histoire de snuff movies et d'étudiants en cinéma, la suite du "Peeping Tom" de Michael Powell dans sa mise abîme perverse du 7ème art, de ses spectateurs/voyeurs et de ses auteurs/réalisateurs névrosés - l'Espagnol, sous l'égide ici d'Argento et De Palma, en deviendra lui-même un beau.

Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:

Superbe initiative.
Merci rabbit !

Oui, et là, je me rends compte, entre autre, que je suis une bille en ciné.

Gengis a écrit:

Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:

Superbe initiative.
Merci rabbit !

Oui, et là, je me rends compte, entre autre, que je suis une bille en ciné.

Et en musique. Et en série.

Gengis a écrit:

Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:

Superbe initiative.
Merci rabbit !

Oui, et là, je me rends compte, entre autre, que je suis une bille en ciné.

Ça va aller de 1927 à 2020, y a de quoi rattraper.

bro' a écrit:

Gengis a écrit:

Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:

Superbe initiative.
Merci rabbit !

Oui, et là, je me rends compte, entre autre, que je suis une bille en ciné.

Et en musique. Et en série.

ah merde, tu m'as devancé bro'
mais je peux rajouter : et en littérature ?

Saigneur des porcheries a écrit:

bro' a écrit:

Gengis a écrit:

Otto Bahnkaltenschnitzel a écrit:

Superbe initiative.
Merci rabbit !

Oui, et là, je me rends compte, entre autre, que je suis une bille en ciné.

Et en musique. Et en série.

ah merde, tu m'as devancé bro'
mais je peux rajouter : et en littérature ?

Tu peux. Et en sport.