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| Voyage en salle obscure... | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 26 Nov 2016 - 18:08 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Vu aussi, un beau film sur l'éducation, la liberté et la quête de soi, effectivement de plus en plus complexe, ambivalent et comme tu dis riche en contradictions à mesure qu'on avance dans l'histoire (et finalement loin d'être une ode à la contre-culture comme on aurait pu le croire au début). Quelques bonnes vieilles ficelles par moments (c'est vrai qu'on pense à Little Miss Sunshine) mais cet effet feel good movie du road movie initiatique s'estompe assez rapidement au profit de subtilités sociétales inattendues. Et puis c'est bien fun, aussi, et Mortensen est plus vrai que nature en néo-hippie jusqu’au-boutiste confronté à ses obligations de père.
Tout à fait, fun, bien plus nuancé qu'on ne pourrait le croire (comme tu dis, la contre-culture n'est pas mise sur un piédestal, finalement), assez juste sur les différentes places et scissions éventuelles qu'il peut exister au sein d'une fratrie malgré le(s) évident(s) lien(s) d'attachement. Mon film de l'année sans doute. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 27 Nov 2016 - 11:41 | |
| - Azbinebrozer a écrit:
Vu hier soir et j'ai beaucoup aimé ! Mais ce n'est pas gagné parce que c'est assez lent. Ma femme n'est pas rentrée dans le film et était très décue... Contemplatif y'a un peu de ça mais pas que. Méditatif un peu aussi mais pas besoin d'aller nécessairement chercher trop de sens symboliques. C'est une sorte de robinsonade dans laquelle il faut prendre en compte le temps, celui de l'isolement, d'un monde où l'évènement est rare. Le film est monté grâce au studio Ghibli. J'aime l'animation japonaise mais j'ai souvent un peu de mal lorsque les films sont trop saturés. là c'est vraiment régal ! Pascale Ferran cosigne le scénario et je dois dire que j'en suis très ému car je kiffe grave Ferran !! Comme toujours le lien entre la liberté et l'amour atteint avec elle une intensité extrême ! - Nulladies a écrit:
L’idylle nue
L’animation a toujours eu cet avantage sur la prise de vue réelle d’être le terrain d’une liberté illimitée. Par elle, le fantastique est devenu la norme, et longtemps, elle resta cantonnée à ce rôle de féérie enfantine, pour le meilleur, à ses origines, et le plus formaté sous le règne des métrages numériques. Michael Dudok de Wit, remarqué pour des courts métrages déjà singuliers, offre avec La Tortue Rouge le fruit d’une quasi décennie de travail, entre l’écriture et l’animation. Ce rapport au temps et à la dimension artisanale n’est pas qu’une méthode, c’est aussi un idéologie, qui transpire à chaque plan de la fable philosophique qu’est son œuvre. Il est difficile de déterminer la spécificité visuelle de La Tortue Rouge : les décors, relativement simples, attestent d’un dessin à l’ancienne, sur papier fusain, à l’aquarelle ou par une ligne claire (la bambouseraie) qui rappelle la bande-dessinée. Nul travail ostentatoire, mais une quête de la justesse et de l’équilibre pour immerger le spectateur dans une robinsonnade assez classique dans son exposition. De cette contemplation surgit déjà la grâce : sur cette île, par la solitude, sourd une attention portée à sa vie et son immanence : la magie du mouvement confère à cet univers une évidence assez stupéfiante : les irisations de l’eau sur la grève, la pluie sur les feuilles, la solidité d’un roc chauffé par le soleil au zénith… autant d’éléments qui figent le temps d’une nature éternelle, au sein de laquelle l’homme n’est qu’un invité éphémère. Car l’ambition est celle d’une fable universelle : en dérivant vers un élément fantastique, sans ancrage temporel, par l’absence de langage, Dudok de Wit propose une réflexion sur la cohabitation entre l’homme et son milieu, loin du survival annoncé. Dans L’ïle nue de Shindo, l’absence de parole accentuait ce rapport laborieux à la terre : l’île ici présente est aussi accueillante qu’elle a ses propres règles : l’homme ne parvient pas à la quitter, et celle qui l’en empêche sera aussi celle par qui la vie harmonieuse, voire symbiotique, sera rendu possible. Il fallait passer par cet état contemplatif, ce délestage passionnel, pour se mettre dans des conditions de réceptions propice à l’émotion à venir. Dès lors, la magie d’une métamorphose comme on en trouve dans les mythes, ou les échappées oniriques des divers personnages deviennent l’occasion d’un lyrisme puissant, porté par la très belle musique de Laurent Perez del mar, souvent assez proche de celle d’Hisaichi, et accroissant la marque Ghibli du projet. Dans la simplicité la plus grande, la course des crabes amuse, la nage des corps dans l’immensité océanique bouleverse. Dans les évolutions prises par le récit, dont l’amplitude temporelle croît de façon exponentielle, la robinsonnade devient le parcours d’une vie, et la fable prend la teinte mélancolique d’un rapport non plus au monde, mais au temps : de ce point de vue, on comprend la place de producteur créatif occupée par Isao Takahata, et les convergences entre cette œuvre et La princesse Kaguya : pour les deux, il s’agit de prendre conscience de la beauté du monde avant d’avoir à le quitter. 80 minutes d’éternité justifiaient bien cette lente maturation : on est prêt à attendre une nouvelle décennie pour en découvrir un nouveau fragment.
A mes yeux assez vide quand même - de sens, d'émotion... -, je me suis rudement bien emmerdé. J'ai l'impression qu'on excuse de plus en plus de choses à l'animation, imaginez le même film avec des acteurs, franchement, ça sentirait pas la fable bobo un peu mièvre sur fond de pseudo philosophie naturaliste ? Visuellement c'est très joli certes, effectivement quelque chose de la BD franco-belge, et la musique apporte le brin de lyrisme qui fait passer la pilule. Ça aurait pu faire un bon court-métrage. |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 27 Nov 2016 - 14:13 | |
| Curieux le cinéma d’animation européen ! Sort cette semaine un très bon film d’animation français, apparemment, Louise en hiver qui évoque encore une robinsonnade, ciblée directement ici sur la question de la fin de vie, mais aussi l’inventaire de toute une vie ! Dans La Tortue rouge c’est sur le parcours d’une vie, le destin d’une vie, des choses très proches semblent traitées… J’avoue j’ai un très, très gros faible pour les robinsonnades, et donc pour ce film, car elles articulent deux forces contradictoires ! Elles ne peuvent pas se réduire en général à mon avis Rabbit, à une simple « philosophie naturaliste » même si on s’en rapproche avec Vendredi ou les limbes du Pacifique, de Tournier. Une robinsonnade me semble être une fiction qui met en suspens la civilisation et joue entre le désir de retour au naturel et le désir et le plaisir de reformer soi-même une civilisation ! La tortue rouge est un conte, plus facile à traiter à mon avis en film d’animation. Pour moi il aborde dans le destin de chacun les questions plus ou moins contradictoires du désir de liberté, d’aller plus loin, et de celui d’aimer. Ce qui est frappant dans ces deux films, c’est la place accordée à la fin de vie et plus globalement à des questions implicites sur le sens de la vie... Louise s’installe sur la plage pour survivre et reprendre les éléments de sa vie. Que dit cette résurgence de la robinsonnade, genre à la mode au fait du siècle des Lumières et de l’idéal de civilisation ? Que nos cinéastes d'animations européens sont vieux ? Oui. Que nos civilisations se sentent en fin de vie et s’interrogent non pas peut-être directement sur elle-même mais sur nous-mêmes ? Et il y a plein de très beaux moments qui m'ont émus dans la Tortue rouge, et je peux t'en faire la liste. Même si, effectivement, le film est minimaliste et lent, condition il me semble d'une épuration civilisationnelle ! Comme si on devait reprocher à l'Ambient music de manquer de mélodies... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 28 Nov 2016 - 1:38 | |
| Certes le minimalisme, la lenteur sont inhérents au genre et à ce que le film veut faire passer mais ça n'était pas le problème pour moi, pas vraiment, même si c'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose les trois quarts du temps et que ça m'agace un peu. Mon problème c'est surtout qu'au nom de l'universalité on met en scène des personnages qui sont des coquilles vides, ça n'est pas comme ça, pour moi, qu'on atteint l'universalité. Un film d'amour ? La plupart des films Ghibli le sont, mais l'amour ça commence par le découverte de l'autre et le partage, pas de ça ici il me me semble chez ces personnages abstraits et muets dont les émotions en gros plan si peu peu montrées, à part cette belle scène sur la plage quand elle lui passe la main sur le visage, à la limite amour pour l'enfant, ça d'accord, n'ayant pas de gamin ça a dû jouer dans le fait que je n'ai pas ressenti d'émotion ou si peu à la vision de ce film. |
| | | Azbinebrozer personne âgée
Nombre de messages : 2751 Date d'inscription : 12/03/2013 Age : 63 Localisation : Teuteuil Humeur : mondaine
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Lun 28 Nov 2016 - 22:55 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Certes le minimalisme, la lenteur sont inhérents au genre et à ce que le film veut faire passer mais ça n'était pas le problème pour moi, pas vraiment, même si c'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose les trois quarts du temps et que ça m'agace un peu. Mon problème c'est surtout qu'au nom de l'universalité on met en scène des personnages qui sont des coquilles vides, ça n'est pas comme ça, pour moi, qu'on atteint l'universalité. Un film d'amour ? La plupart des films Ghibli le sont, mais l'amour ça commence par le découverte de l'autre et le partage, pas de ça ici il me me semble chez ces personnages abstraits et muets dont les émotions en gros plan si peu peu montrées, à part cette belle scène sur la plage quand elle lui passe la main sur le visage, à la limite amour pour l'enfant, ça d'accord, n'ayant pas de gamin ça a dû jouer dans le fait que je n'ai pas ressenti d'émotion ou si peu à la vision de ce film.
Oui oui ton ressenti me parait bien décrit ! Il y a une part d'abstraction dans ce film qui le rend un peu sec c'est vrai. 1. pas de dialogue, 2. des visages plutôt vides d'expression, 3. une robinsonnade plutôt terne : la petite civilisation prend si peu, le sentiment du vide est toujours proche ! 4. une temporalité du récit qui écrase et abstrait la temporalité humaine... C'est un conte et oui il y a cet aspect abstrait que tu décris et dont je parlais plus haut : destinée humaine, vide existentiel, enfermement, envie de dépassement, sens de l'amour ici-bas, si proche... Mais j'ai trouvé pour ma part que cela passait par beaucoup de scènes qui incarnaient tout cela, entrecoupées effectivement de vide... J'ai adoré la double scène de... double enfermement (le bassin) ! La renaissance qu'elle engendre. La rencontre avec un Autrui radical (là je ne te suis pas...) qui passe par un affrontement lui aussi radical et terrible ! Je ne dirait pas qu'il s'agisse d'un "film d'amour" mais il en parle de façon forte ! La déclaration d'amour s'exprime par la violence, celle effectuée sur le bateau, celui de l'évasion ! Il y a de vraies tensions dans ce film qui exprime des choses fortes. Le choix final aussi du fils qui semble irréversible ! Enfin et j'avoue que là j'ai une lecture peut-être trop dans une idée que je me fais de Pascale Ferrant, co-scénariste. J'ai l'impression de retrouver là, dans l'opposition entre l'homme et la tortue, le retour de cette tension entre le désir de liberté, d'émancipation et l'exigence amoureuse, que j'adore chez elle ! Tension/émulation, toujours problématiques... Deux autres moments... Bird people, la scène de rupture au téléphone. La scène finale de l'amant de Lady Chatterley, un peu ridicule mais... | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Mar 6 Déc 2016 - 6:42 | |
| Le salon d’une villa en bois blanc. Derrière la double porte, la petite bande de pelouse donnant sur la rue. Le journal, la bouteille de lait sur le porche, le drapeau américain et un yellow bus qui passe. Dans l’atmosphère, une musique de cuivres solennels. -Vous savez tous pourquoi on est là. - Clint veut se lancer dans la politique, et notre boulot, c’est de l’en empêcher. - Il a fait assez de dégâts comme ça la fois précédente, mais Clyde a trouvé la parade : on le soulage avec la fiction. - American Sniper a cartonné, on continue sur cette lancée. - J’ai, chef, cherchez plus ! une travailleuse humanitaire kidnappée par des pirates somaliens et libérée par les Navy Seals, ça fleure pas bon le patriote en chaleur, ça ? - Heu, Sarah, si je peux me permettre… - Ah, oui. Vous connaissez tous Doris : elle représente le marché européen. - On a eu quelques difficultés sur American Sniper. Ils ont pas tous réussi à tomber dans le panneau. Faudrait alterner, quand même. - J’ai, Doris, cherche plus : L’histoire de l’amerrissage sur l’Hudson en 2009. American Hero. - Top. - Parfait : New-York, bonne nouvelle du côté des avions, la solidarité, prends-toi ce retour de bâton du 9/11, basané de ta race. - Oui, bon, Sarah, on se reprend. Vas-y, pitche. - Ben voilà quoi, il a amerri. En 208 secondes, il a sauvé 155 personnes. Bogoss et tout. - … - … - Oui, bon, je vous vois venir, 208 secondes pour un long métrage, c’est un peu short. Mais on est des pros oui ou merde ? - Bon, c’est pas compliqué : on a 155 sauvés. Ça fait tout de même un paquet de I love you avant de penser qu’ils vont mourir… - …et de I love you Oh my God I thought it was the end après qu’en fait ils ont survécu. - Pour le pilote, on pour… - TOM HANKS. - Respect. - Evidence. - C’est le père de l’Amérique depuis 25 ans, qu’est-ce que tu veux que je te dise. - Il a même pas besoin d’agiter un muscle facial pour émouvoir la planète. - Doris, t’as besoin de quoi ? - Angle auteur, mes cailles. Vous me foutez du bordel dans la chronologie, des scènes d’action sans musique. Les européens ils remarquent toujours ça, ils se disent que c’est courageux de notre part. - Ah oui mais pas tout le temps, hein. Clint a un thème à placer, on dirait du Morriconne avec des femmes qui chantent et tout. - T’inquiète, on le mettra à la fin, avec les images du vrai pilote et les gens qui se font des vrais hugs de la vraie vie. Séquence émotion. - Bon, pour raconter un truc, il nous faut de la polémique. - Y’a bien le modèle de Flight. - Bien vu. Mais qu’on soit clair, le héros ne fume pas, ne boit pas, il fait du sport, il a une femme et deux filles, Tom, c’est l’Amérique, le symbole de l’intégrité. - Enquête administrative, donc. Sarah ? - Oui, comment ces enflures de technocrates et d’ingénieurs rivés à leurs écrans veulent rien qu’à embêter le héros dont personne, dans le vrai peuple des vrais gens, ne peut douter. - Bien, bien. Ceux qui veulent diront même que Clint égratigne le mythe. - Ok. Mais si on a rien à lui reprocher, on va avoir du mal à tenir 95 minutes. - Rashomon ! - Putain, Doris, encore un de tes trucs européens ? - En un sens, oui : on repasse les mêmes séquences plusieurs fois, en variant les points de vue. - Mais voilà quoi ! - Mais bon, 8 amerrissages où l’on sait que de toute façon tout le monde va survivre… - AHA, botte secrète ! LES REVES ! - Y’a bien de quoi leur foutre deux crash de synthèse sur New York avec ça. Et ouf on se réveille. - …et une journaliste qui dit que le pilote il est pas gentil en fait, mais c’ était un cauchemar. Frisson d’indignation du peuple. - Bon, ça s’étoffe. On rajoute toutes les simulation de ces connards d’ingénieur français qui croient nous donner des leçons et qui se crashent devant une audience plublique, big shame et big up pour notre héros - des écrans télé partout, tout le temps, qui disent qu’il est un héros - des familles qui l’embrassent et qui peuvent jouer au golf grâce à lui - Et TOM HANKS qui se passe de l’eau devant le miroir pour montrer que c’est un peu lourd, voire christique, d’être un héros. - Avec ça, on va réconcilier tout le monde, et on pourra mieux placer les pirates somaliens la prochaine fois. - Et là, ça va cartonner. | |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Ven 9 Déc 2016 - 10:55 | |
| - Nulladies a écrit:
Le salon d’une villa en bois blanc. Derrière la double porte, la petite bande de pelouse donnant sur la rue. Le journal, la bouteille de lait sur le porche, le drapeau américain et un yellow bus qui passe. Dans l’atmosphère, une musique de cuivres solennels.
-Vous savez tous pourquoi on est là. - Clint veut se lancer dans la politique, et notre boulot, c’est de l’en empêcher. - Il a fait assez de dégâts comme ça la fois précédente, mais Clyde a trouvé la parade : on le soulage avec la fiction. - American Sniper a cartonné, on continue sur cette lancée. - J’ai, chef, cherchez plus ! une travailleuse humanitaire kidnappée par des pirates somaliens et libérée par les Navy Seals, ça fleure pas bon le patriote en chaleur, ça ? - Heu, Sarah, si je peux me permettre… - Ah, oui. Vous connaissez tous Doris : elle représente le marché européen. - On a eu quelques difficultés sur American Sniper. Ils ont pas tous réussi à tomber dans le panneau. Faudrait alterner, quand même. - J’ai, Doris, cherche plus : L’histoire de l’amerrissage sur l’Hudson en 2009. American Hero. - Top. - Parfait : New-York, bonne nouvelle du côté des avions, la solidarité, prends-toi ce retour de bâton du 9/11, basané de ta race. - Oui, bon, Sarah, on se reprend. Vas-y, pitche. - Ben voilà quoi, il a amerri. En 208 secondes, il a sauvé 155 personnes. Bogoss et tout. - … - … - Oui, bon, je vous vois venir, 208 secondes pour un long métrage, c’est un peu short. Mais on est des pros oui ou merde ? - Bon, c’est pas compliqué : on a 155 sauvés. Ça fait tout de même un paquet de I love you avant de penser qu’ils vont mourir… - …et de I love you Oh my God I thought it was the end après qu’en fait ils ont survécu. - Pour le pilote, on pour… - TOM HANKS. - Respect. - Evidence. - C’est le père de l’Amérique depuis 25 ans, qu’est-ce que tu veux que je te dise. - Il a même pas besoin d’agiter un muscle facial pour émouvoir la planète. - Doris, t’as besoin de quoi ? - Angle auteur, mes cailles. Vous me foutez du bordel dans la chronologie, des scènes d’action sans musique. Les européens ils remarquent toujours ça, ils se disent que c’est courageux de notre part. - Ah oui mais pas tout le temps, hein. Clint a un thème à placer, on dirait du Morriconne avec des femmes qui chantent et tout. - T’inquiète, on le mettra à la fin, avec les images du vrai pilote et les gens qui se font des vrais hugs de la vraie vie. Séquence émotion. - Bon, pour raconter un truc, il nous faut de la polémique. - Y’a bien le modèle de Flight. - Bien vu. Mais qu’on soit clair, le héros ne fume pas, ne boit pas, il fait du sport, il a une femme et deux filles, Tom, c’est l’Amérique, le symbole de l’intégrité. - Enquête administrative, donc. Sarah ? - Oui, comment ces enflures de technocrates et d’ingénieurs rivés à leurs écrans veulent rien qu’à embêter le héros dont personne, dans le vrai peuple des vrais gens, ne peut douter. - Bien, bien. Ceux qui veulent diront même que Clint égratigne le mythe. - Ok. Mais si on a rien à lui reprocher, on va avoir du mal à tenir 95 minutes. - Rashomon ! - Putain, Doris, encore un de tes trucs européens ? - En un sens, oui : on repasse les mêmes séquences plusieurs fois, en variant les points de vue. - Mais voilà quoi ! - Mais bon, 8 amerrissages où l’on sait que de toute façon tout le monde va survivre… - AHA, botte secrète ! LES REVES ! - Y’a bien de quoi leur foutre deux crash de synthèse sur New York avec ça. Et ouf on se réveille. - …et une journaliste qui dit que le pilote il est pas gentil en fait, mais c’ était un cauchemar. Frisson d’indignation du peuple. - Bon, ça s’étoffe. On rajoute toutes les simulation de ces connards d’ingénieur français qui croient nous donner des leçons et qui se crashent devant une audience plublique, big shame et big up pour notre héros - des écrans télé partout, tout le temps, qui disent qu’il est un héros - des familles qui l’embrassent et qui peuvent jouer au golf grâce à lui - Et TOM HANKS qui se passe de l’eau devant le miroir pour montrer que c’est un peu lourd, voire christique, d’être un héros. - Avec ça, on va réconcilier tout le monde, et on pourra mieux placer les pirates somaliens la prochaine fois. - Et là, ça va cartonner. le film ne me donnait déjà pas envie (Clint m'est devenu assez antipathique) mais quand j'ai lu un article (Slate il me semble) disant que pour le film ils ont INVENTE toute cette histoire d'enquête administrative pour justifier d'avoir des méchants, une confrontation, enfin bref de quoi remplir un scénario, ça m'a complètement passé l'envie de le voir adapter une histoire vraie, ok, la réécrire (et du coup faire passer des bobards pour la vérité auprès des spectateurs) ça c'est insupportable | |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Ven 9 Déc 2016 - 10:57 | |
| sinon Nulladies, j'attends ta critique de Arrival ("Premier Contact" en français), l'excellentissime nouveau film de Denis Villeneuve
un putain de bon film de science fiction intelligent ça fait du bien | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Ven 9 Déc 2016 - 11:04 | |
| - Zwaffle a écrit:
- Nulladies a écrit:
Le salon d’une villa en bois blanc. Derrière la double porte, la petite bande de pelouse donnant sur la rue. Le journal, la bouteille de lait sur le porche, le drapeau américain et un yellow bus qui passe. Dans l’atmosphère, une musique de cuivres solennels.
-Vous savez tous pourquoi on est là. - Clint veut se lancer dans la politique, et notre boulot, c’est de l’en empêcher. - Il a fait assez de dégâts comme ça la fois précédente, mais Clyde a trouvé la parade : on le soulage avec la fiction. - American Sniper a cartonné, on continue sur cette lancée. - J’ai, chef, cherchez plus ! une travailleuse humanitaire kidnappée par des pirates somaliens et libérée par les Navy Seals, ça fleure pas bon le patriote en chaleur, ça ? - Heu, Sarah, si je peux me permettre… - Ah, oui. Vous connaissez tous Doris : elle représente le marché européen. - On a eu quelques difficultés sur American Sniper. Ils ont pas tous réussi à tomber dans le panneau. Faudrait alterner, quand même. - J’ai, Doris, cherche plus : L’histoire de l’amerrissage sur l’Hudson en 2009. American Hero. - Top. - Parfait : New-York, bonne nouvelle du côté des avions, la solidarité, prends-toi ce retour de bâton du 9/11, basané de ta race. - Oui, bon, Sarah, on se reprend. Vas-y, pitche. - Ben voilà quoi, il a amerri. En 208 secondes, il a sauvé 155 personnes. Bogoss et tout. - … - … - Oui, bon, je vous vois venir, 208 secondes pour un long métrage, c’est un peu short. Mais on est des pros oui ou merde ? - Bon, c’est pas compliqué : on a 155 sauvés. Ça fait tout de même un paquet de I love you avant de penser qu’ils vont mourir… - …et de I love you Oh my God I thought it was the end après qu’en fait ils ont survécu. - Pour le pilote, on pour… - TOM HANKS. - Respect. - Evidence. - C’est le père de l’Amérique depuis 25 ans, qu’est-ce que tu veux que je te dise. - Il a même pas besoin d’agiter un muscle facial pour émouvoir la planète. - Doris, t’as besoin de quoi ? - Angle auteur, mes cailles. Vous me foutez du bordel dans la chronologie, des scènes d’action sans musique. Les européens ils remarquent toujours ça, ils se disent que c’est courageux de notre part. - Ah oui mais pas tout le temps, hein. Clint a un thème à placer, on dirait du Morriconne avec des femmes qui chantent et tout. - T’inquiète, on le mettra à la fin, avec les images du vrai pilote et les gens qui se font des vrais hugs de la vraie vie. Séquence émotion. - Bon, pour raconter un truc, il nous faut de la polémique. - Y’a bien le modèle de Flight. - Bien vu. Mais qu’on soit clair, le héros ne fume pas, ne boit pas, il fait du sport, il a une femme et deux filles, Tom, c’est l’Amérique, le symbole de l’intégrité. - Enquête administrative, donc. Sarah ? - Oui, comment ces enflures de technocrates et d’ingénieurs rivés à leurs écrans veulent rien qu’à embêter le héros dont personne, dans le vrai peuple des vrais gens, ne peut douter. - Bien, bien. Ceux qui veulent diront même que Clint égratigne le mythe. - Ok. Mais si on a rien à lui reprocher, on va avoir du mal à tenir 95 minutes. - Rashomon ! - Putain, Doris, encore un de tes trucs européens ? - En un sens, oui : on repasse les mêmes séquences plusieurs fois, en variant les points de vue. - Mais voilà quoi ! - Mais bon, 8 amerrissages où l’on sait que de toute façon tout le monde va survivre… - AHA, botte secrète ! LES REVES ! - Y’a bien de quoi leur foutre deux crash de synthèse sur New York avec ça. Et ouf on se réveille. - …et une journaliste qui dit que le pilote il est pas gentil en fait, mais c’ était un cauchemar. Frisson d’indignation du peuple. - Bon, ça s’étoffe. On rajoute toutes les simulation de ces connards d’ingénieur français qui croient nous donner des leçons et qui se crashent devant une audience plublique, big shame et big up pour notre héros - des écrans télé partout, tout le temps, qui disent qu’il est un héros - des familles qui l’embrassent et qui peuvent jouer au golf grâce à lui - Et TOM HANKS qui se passe de l’eau devant le miroir pour montrer que c’est un peu lourd, voire christique, d’être un héros. - Avec ça, on va réconcilier tout le monde, et on pourra mieux placer les pirates somaliens la prochaine fois. - Et là, ça va cartonner. le film ne me donnait déjà pas envie (Clint m'est devenu assez antipathique) mais quand j'ai lu un article (Slate il me semble) disant que pour le film ils ont INVENTE toute cette histoire d'enquête administrative pour justifier d'avoir des méchants, une confrontation, enfin bref de quoi remplir un scénario, ça m'a complètement passé l'envie de le voir
adapter une histoire vraie, ok, la réécrire (et du coup faire passer des bobards pour la vérité auprès des spectateurs) ça c'est insupportable Putain, je savais même pas qu'ils avaient vraiment ajouté ça, je pensais pas qu'ils iraient jusque là ! Je vais essayer de retrouver l'article. (Et pour Villeneuve, c'est imminent ) | |
| | | Zwaffle un mont de verres
Nombre de messages : 1724 Date d'inscription : 08/01/2014 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Ven 9 Déc 2016 - 13:26 | |
| - Nulladies a écrit:
- Zwaffle a écrit:
- Nulladies a écrit:
Le salon d’une villa en bois blanc. Derrière la double porte, la petite bande de pelouse donnant sur la rue. Le journal, la bouteille de lait sur le porche, le drapeau américain et un yellow bus qui passe. Dans l’atmosphère, une musique de cuivres solennels.
-Vous savez tous pourquoi on est là. - Clint veut se lancer dans la politique, et notre boulot, c’est de l’en empêcher. - Il a fait assez de dégâts comme ça la fois précédente, mais Clyde a trouvé la parade : on le soulage avec la fiction. - American Sniper a cartonné, on continue sur cette lancée. - J’ai, chef, cherchez plus ! une travailleuse humanitaire kidnappée par des pirates somaliens et libérée par les Navy Seals, ça fleure pas bon le patriote en chaleur, ça ? - Heu, Sarah, si je peux me permettre… - Ah, oui. Vous connaissez tous Doris : elle représente le marché européen. - On a eu quelques difficultés sur American Sniper. Ils ont pas tous réussi à tomber dans le panneau. Faudrait alterner, quand même. - J’ai, Doris, cherche plus : L’histoire de l’amerrissage sur l’Hudson en 2009. American Hero. - Top. - Parfait : New-York, bonne nouvelle du côté des avions, la solidarité, prends-toi ce retour de bâton du 9/11, basané de ta race. - Oui, bon, Sarah, on se reprend. Vas-y, pitche. - Ben voilà quoi, il a amerri. En 208 secondes, il a sauvé 155 personnes. Bogoss et tout. - … - … - Oui, bon, je vous vois venir, 208 secondes pour un long métrage, c’est un peu short. Mais on est des pros oui ou merde ? - Bon, c’est pas compliqué : on a 155 sauvés. Ça fait tout de même un paquet de I love you avant de penser qu’ils vont mourir… - …et de I love you Oh my God I thought it was the end après qu’en fait ils ont survécu. - Pour le pilote, on pour… - TOM HANKS. - Respect. - Evidence. - C’est le père de l’Amérique depuis 25 ans, qu’est-ce que tu veux que je te dise. - Il a même pas besoin d’agiter un muscle facial pour émouvoir la planète. - Doris, t’as besoin de quoi ? - Angle auteur, mes cailles. Vous me foutez du bordel dans la chronologie, des scènes d’action sans musique. Les européens ils remarquent toujours ça, ils se disent que c’est courageux de notre part. - Ah oui mais pas tout le temps, hein. Clint a un thème à placer, on dirait du Morriconne avec des femmes qui chantent et tout. - T’inquiète, on le mettra à la fin, avec les images du vrai pilote et les gens qui se font des vrais hugs de la vraie vie. Séquence émotion. - Bon, pour raconter un truc, il nous faut de la polémique. - Y’a bien le modèle de Flight. - Bien vu. Mais qu’on soit clair, le héros ne fume pas, ne boit pas, il fait du sport, il a une femme et deux filles, Tom, c’est l’Amérique, le symbole de l’intégrité. - Enquête administrative, donc. Sarah ? - Oui, comment ces enflures de technocrates et d’ingénieurs rivés à leurs écrans veulent rien qu’à embêter le héros dont personne, dans le vrai peuple des vrais gens, ne peut douter. - Bien, bien. Ceux qui veulent diront même que Clint égratigne le mythe. - Ok. Mais si on a rien à lui reprocher, on va avoir du mal à tenir 95 minutes. - Rashomon ! - Putain, Doris, encore un de tes trucs européens ? - En un sens, oui : on repasse les mêmes séquences plusieurs fois, en variant les points de vue. - Mais voilà quoi ! - Mais bon, 8 amerrissages où l’on sait que de toute façon tout le monde va survivre… - AHA, botte secrète ! LES REVES ! - Y’a bien de quoi leur foutre deux crash de synthèse sur New York avec ça. Et ouf on se réveille. - …et une journaliste qui dit que le pilote il est pas gentil en fait, mais c’ était un cauchemar. Frisson d’indignation du peuple. - Bon, ça s’étoffe. On rajoute toutes les simulation de ces connards d’ingénieur français qui croient nous donner des leçons et qui se crashent devant une audience plublique, big shame et big up pour notre héros - des écrans télé partout, tout le temps, qui disent qu’il est un héros - des familles qui l’embrassent et qui peuvent jouer au golf grâce à lui - Et TOM HANKS qui se passe de l’eau devant le miroir pour montrer que c’est un peu lourd, voire christique, d’être un héros. - Avec ça, on va réconcilier tout le monde, et on pourra mieux placer les pirates somaliens la prochaine fois. - Et là, ça va cartonner. le film ne me donnait déjà pas envie (Clint m'est devenu assez antipathique) mais quand j'ai lu un article (Slate il me semble) disant que pour le film ils ont INVENTE toute cette histoire d'enquête administrative pour justifier d'avoir des méchants, une confrontation, enfin bref de quoi remplir un scénario, ça m'a complètement passé l'envie de le voir
adapter une histoire vraie, ok, la réécrire (et du coup faire passer des bobards pour la vérité auprès des spectateurs) ça c'est insupportable Putain, je savais même pas qu'ils avaient vraiment ajouté ça, je pensais pas qu'ils iraient jusque là ! Je vais essayer de retrouver l'article.
(Et pour Villeneuve, c'est imminent ) http://www.slate.fr/story/130214/sully-trump "Mais le conflit que le film Sully invente est un pur fantasme, issu en droite ligne des idées les plus stupides et les plus dangereuses de notre époque. En faisant des bureaucrates, des experts et des «faits» les ennemis de son héros, Eastwood vient de réaliser le meilleur film de l’année du Brexit et de l’élection de Donald Trump."l'enquête n'a pas été inventée (puisqu'il y en a forcément après tout incident) mais l'idée qu'on ait reproché au pilote son action là oui à une époque où la désinformation a pris une telle place et a une telle influence sur les gens, c'est complètement irresponsable d'Eastwood (bon en même temps il a choisi Trump, c'est donc pas si surprenant) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Ven 9 Déc 2016 - 16:53 | |
| On en lit de sacrées âneries par ici. 45 ans après la méprise de L'inspecteur Harry ça fout aussi un peu la gerbe qu'on puisse encore affubler Eastwood d'une image de républicain bas du front (bon, je m'emporte, vous m'en voudrez pas trop j'espère). Déjà une arcane du blockbuster sur le film le plus mélancolique, hanté, anti-héroïque, anti-lyrique qu'on pouvait faire sur un tel sujet, on atteint un degré de mauvaise foi rarement égalé, même pour un forum qui s'en réclame, de la mauvaise foi. - Nulladies a écrit:
- - Oui, bon, je vous vois venir, 208 secondes pour un long métrage, c’est un peu short. Mais on est des pros oui ou merde ?
- Bon, c’est pas compliqué : on a 155 sauvés. Ça fait tout de même un paquet de I love you avant de penser qu’ils vont mourir… - …et de I love you Oh my God I thought it was the end après qu’en fait ils ont survécu. Je crois que ça suffira à qui a vu le film pour vouloir zapper la suite, tout ça tient très exactement en... 3 minutes de métrage sans pathos ni musique larmoyante ni rien, car Sully n'est pas un film sur l'héroïsme mais sur la méprise, celle d'un homme finalement plus mal à l'aise lorsqu'on le prend pour un héros, camaraderie et contacts physiques incongrus à l'appui, que lorsqu'on questionne son jugement, qu'il questionne lui-même. Parce que les gens qui le font ne sont pas des "méchants", ni même ses ennemis, ce sont des gens qu'ils respectent car comme lui, ils essaient simplement de faire leur job au mieux de leur possibilité humaine dans un contexte de pression (bureaucratique et médiatique ici), et n'hésitent pas une seconde à changer d'avis devant l'évidence des faits, justement. Cette méprise, c'est sans doute un peu celle qui a pas mal suivi Eastwood, humaniste et artiste n'aspirant rien tant qu'à être un honnête et humble artisan de cinéma intelligent et sensible, mais qu'on a longtemps pris pour un macho de droite (visiblement certains n'ont toujours pas compris, bref). C'est aussi, dans le film, l'hyper-humanisation des uns et la déshumanisation des autres, dans les deux cas complètement en porte-à-faux avec le personnage qui, du coup, se retrouve seul avec son copilote, ne pouvant vraiment partager qu'avec lui l'expérience et ses répercussions. PS: Il n'y qu'un rêve dans le film, celui du bulletin d'informations, tout sauf spectaculaire. Là ça n'est plus de la mauvaise foi mais carrément du bon gros mensonge, un comble quand on critique la vague liberté "romanesque" qu'a pris Eastwood sur un ton tout sauf romanesque tant cette partie tient de l'ultra-réalisme. Revivre ces scène, c'est justement LA justification de cette multiplication des points de vue, qui n'a rien à voir avec Rashomon donc. C'est toute la dimension hantée du film, la condamnation médiatique à revivre encore et encore ce que l'on voudrait essayer oublier. Donc voilà Zwaffle, si tu n'as pas encore tout à fait que de l'antipathie pour Eastwood, tu sais ce qu'il te reste à faire, le film ne se veut pas un documentaire, n'a pas de responsabilité vis-à-vis de quoi ou qui que ce soit (pas plus que Nulladies en écrivant des critiques complètement biaisées de chefs-d’œuvre, pas exemple ) si ce n'est d'être honnête avec son auteur, c'est un film, et c'est définitivement un grand film de Clint Eastwood. |
| | | Nulladies Cinéman
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| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Ven 9 Déc 2016 - 20:39 | |
| AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAH *tousse *se reprend. Nan mais franchement. Ce film est absolument insupportable. Et je réfute l'accusation d'a priori, vu à quel point j'aime Eastwood quand il fait un bon film. La preuve, je suis allé voir ce film en salle. Autant je grossis le trait sur certains points dans mes arcanes, autant tu fais vraiment preuve d'aveuglement pour ta part. Mais franchement, je m'en voudrais de gâcher outre mesure le bonheur précieux et rare de celui qui a pu ressentir de l’enthousiasme face à ce film. Après tout, c'est Noël. Il y a trois rêves : les deux crash + le bulletin d'info. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 7:34 | |
| Mission : indicible. La science-fiction est avant tout affaire de promesse : c’est un élan vers l’ailleurs, vers l’au-delà de ce que les limites de notre connaissance actuelle nous impose. Lorsqu’un auteur s’empare du genre, avec l’ambition de dépasser le simple décorum prétexte à une guéguerre des étoiles, c’est très souvent la voie d’accès à un questionnement philosophique d’ampleur : 2001 en est l’archétype, et avec lui le Solaris de Tarkovski. Nolan a tenté récemment, dans Interstellar, d’y inscrire ses pas, sans parvenir à éviter bien des boursouflures. Voir Denis Villeneuve s’emparer de ce domaine ne pouvait qu’être excitant, parce qu’il a toujours su, au sein du cahier des charges dans lequel il s’inscrit, donner une place prépondérante à l’individu, et tisser habilement les liens qui unissent son intimité à des problématiques plus générales, en terme de récit comme de questionnement philosophique. C’est le cas de ses portraits de femme dans Incendies ou Sicario, qui colorent d’une émotion singulière le simple film de guerre ou de lutte contre les cartels de la drogue. Cette primauté accordée au personnage irise tout son dernier film et le nimbe d’une aura tout à fait fascinante : le focus est fait sur Louise, mère en deuil et linguiste réputée à qui on va demander de traduire un langage extraterrestre. La totalité du récit est passée au filtre de sa perception, comme en témoigne le recours très fréquent aux longues focales, chassant les plans secondaires dans un flou très marqué. Rivé à son héroïne, le cinéaste ne laisse que peu de champ aux autres appréhensions d’un phénomène mondial : quelques flashs télévisés, une série d’écrans sous une tente, qui par ailleurs finiront par se déconnecter. Ce parti-pris, allié au talent désormais indéniable de Villeneuve en terme de mise en scène, génère une esthétique et la construction d’une atmosphère aussi splendides qu’émouvantes. L’apparition du vaisseau dans les nuages du Montana, la matérialité du couloir minéral, la photo élégante et mate sont en parfaite harmonie avec le mystère croissant de cette arrivée. L’autre pari est celui du rythme : la lenteur prime, particulièrement dans la première heure, où tout est à conquérir : l’espace et ses caprices gravitationnels, le son, puis l’image et le langage obscur qu’elle contient. Villeneuve, au diapason de son binôme linguiste et scientifique, prend son temps, et la partition du compositeur islandais Jóhann Jóhannsson les accompagne à merveille. Certes, quelques éléments plus communs émaillent l’intrigue : un front russo-chinois un peu forcé, tout comme un fanatisme interne permettant une bombe et un compte à rebours dont on se serait bien passés. Mais ils ne parviennent pas pour autant à faire imploser cette captivante atmosphère générale. Reste donc la question de la promesse. Le récit est double : il s’agit d’arriver à formuler une question, (what is your purpose on earth ?), mais ensuite, de la poser, et d’écouter la réponse. A bien y réfléchir, quoi qu’on puisse reprocher au film, on finit par se demander si n’importe quelle issue n’aurait pas été de toute façon décevante. (Spoils) - Spoiler:
Le motif général exhibe un peu trop ses coutures scénaristiques : l’idée d’un message à ne pas donner tout de suite, à diviser en 12 pour générer la cohésion humaine n’est pas du meilleur effet. Qu’on y ajoute la capacité à voir dans le futur et il devient carrément bancal, mais passons. Ce qui est plus gênant, c’est qu’on se soit senti obligé de greffer sur ce beau film la mécanique stérile d’un twist à la Shyamalan, coup de téléphone dans le futur et ultimatum à l’appui. Manipuler le spectateur en lui plaçant comme des flashbacks ce qui se révélera l’inverse frise la malhonnêteté scénaristique, et surtout, n’apporte pas grand-chose au film. Quand on y songe, l’épilogue reprend clairement ses droits par rapport à cette « révélation », et l’idée d’un double deuil (amoureux et maternel) accompli à l’avance prend son sens par rapport au personnage principal, et à la lourde charge qu’est la maitrise de ce nouveau langage. Là, l’émotion resurgit, et la dimension humaine, intimiste, s’accorde parfaitement avec les thématiques plus amples et, au sens propre du terme, extraordinaires de la science-fiction.
Il reste donc cela : une mélancolie, et la mise au jour d’une humanité qui doit résoudre le sourd dilemme du savoir combiné à l’émotion : fragile équilibre, que Villeneuve maitrise totalement. Une image revient de façon obsessionnelle dans son film, celle du cadre : de la baie vitrée de la maison de Louise, écho à celle donnant sur les heptapodes : cette ouverture sur l’extérieur et l’autre, cette surface de partage entre l’intime et le monde, complétée géométriquement par la figure nouvelle du cercle : quand l’image vient prendre le relai du langage pour, quête suprême, formuler l’indicible. (7.5/10) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 9:50 | |
| - Nulladies a écrit:
Il y a trois rêves : les deux crash + le bulletin d'info.
Nope, et d'ailleurs il n'y qu'un crash, halluciné devant la baie vitrée, on parlera d'hallucination post-traumatique à la limite, mais rien à voir avec un rêve. L'autre je ne vois pas à quoi tu fais référence, mais de toute façon dans ta chronique il s'agissait d'une "excuse" pour nous passer "différents points de vue" (hum, pas toujours vrai ça non plus) de l'évènement, alors que dans le film ça vient des auditions obligeant les pilotes à revivre le moment, rien à voir avec des rêves non plus donc. Bref... l'ironie c'est rigolo des fois, tourner en dérision la "recette Ken Loach" par exemple, évidement qu'on sait que Loach n'a pas une équipe marketing qui écrit ses scénars, pas plus qu' Eastwood. Mais quand ça dérape vers la fabulation la plus totale et que la subjectivité devient carrément de la réinvention, c'est dommage mais ça donne plus trop envie de lire. Sinon bah "aveuglement", autant ça me titillerait (quoi que) sur un film que tout le monde a détesté, autant vu la côte de celui-là (après plusieurs Eastwood relativement mal perçus - à tort ou à raison, ça dépend lesquels), il y a plutôt de quoi ricaner. Quant à l'absence d'a priori, vu la façon dont tu t'es jeté sur le commentaire de Zwaffle (alors qu' Eastwood ne fait pas et n'a jamais fait de politique dans ses films), j'ai de sacrés doutes.
Dernière édition par RabbitIYH le Sam 10 Déc 2016 - 10:07, édité 1 fois |
| | | Nulladies Cinéman
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| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 10:05 | |
| La première scène du film est un crash.
Ensuite, il y a celui avant l'audition devant la baie vitrée.
Tu ergotes : ce sont des rêves ou des hallucinations, c'est exactement la même chose. Et je maintiens exactement ce que j'ai dit : avoir recours à ces grossiers artifices, c'est ajouter du sensationnel (alors que justement, je reconnais qu'il y a une vraie qualité dans la reconstitution de l’amerrissage, sans effets pompeux, et avec une jolie méthode), du frisson : la scène d'ouverture en est un sacré exemple, tout de même.
Je n'affabule pas, si ce n'est évidemment sur l'équipe qui fait du marketing : tout le monde sait que c'est un artifice d'écriture, mais tout ce que je dis est bien dans le film. On ne peut pas en dire autant de ce dernier qui fait passer pour véridique un romanesque (sur l'affiche "L'histoire jamais racontée du "miracle sur l'Hudson"") franchement orienté.
Qu'il fasse de la politique ou pas, je m'en cogne. Je vois ce que son film raconte, je vois les ficelles pour y parvenir, je m'ennuie, je m'irrite, je comprends qu'on se fout un peu de ma gueule, et je m'explique. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 10:25 | |
| - Nulladies a écrit:
- La première scène du film est un crash.
Merde, sérieux ? Je sais qu'ils font n'importe quoi avec les films en Chine mais là ça a commencé avec Tom Hanks qui s'habille dans sa chambre avant la première audition. J'ai raté quoi du coup ? Mais bon ça change rien, il s'agit de visions post-traumatiques (que le premier soit un rêve ou pas, en tout cas le second ne l'est pas), et tout ça n'a rien d'un artifice, faire une film sur un homme qui vient d'échapper à la mort et subit un stress quotidien à devoir défendre ses choix dans un contexte où tout le monde le prend pour ce qu'il n'est pas ( Eastwood ne raconte pas autre chose et parle en fait beaucoup de lui-même j'ai l'impression, je me demande bien ce que pour toi, le film raconte, du coup...), n'importe qui à sa place revivrait ou rêverait ou hallucinerait ce moment, comment te mettre dans la tête du personnage sans ces scènes ? Et effectivement c'est flippant de réalisme anti-dramaturgique, rien que le silence quand les deux moteurs s'arrêtent. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 10:48 | |
| Oui oui, et il se réveille en sursaut. En gros, c'est sa tentative d'atterrir et non d'amérir, et on voit que ça va pas passer, et donc crash sur les buildings et tout et tout.
Pour moi, ce que le film raconte, c'est ce que j'en dis : c'est une hagiographie grossière, et une revanche des américains face au trauma du 11 septembre. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 10:52 | |
| - RabbitIYH a écrit:
- Nulladies a écrit:
- La première scène du film est un crash.
Merde, sérieux ? Je sais qu'ils font n'importe quoi avec les films en Chine mais là ça a commencé avec Tom Hanks qui s'habille dans sa chambre avant la première audition. J'ai raté quoi du coup ?
Mais bon ça change rien, il s'agit de visions post-traumatiques (que le premier soit un rêve ou pas, en tout cas le second ne l'est pas), et tout ça n'a rien d'un artifice, faire une film sur un homme qui vient d'échapper à la mort et subit un stress quotidien à devoir défendre ses choix dans un contexte où tout le monde le prend pour ce qu'il n'est pas (Eastwood ne raconte pas autre chose et parle en fait beaucoup de lui-même j'ai l'impression, je me demande bien ce que pour toi, le film raconte, du coup...), n'importe qui à sa place revivrait ou rêverait ou hallucinerait ce moment, comment te mettre dans la tête du personnage sans ces scènes ?
Et effectivement c'est flippant de réalisme anti-dramaturgique, rien que le silence quand les deux moteurs s'arrêtent. bon en fait tu n'as pas vu le bon film lapin. et du coup, je me demande, pour la musique, si tu as les mêmes liens que nous, ce qui expliquerait finalement beaucoup de choses |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 11:16 | |
| touché. Ben merde alors, y a dû avoir une couille dans la salle de projo, aucune raison qu'ils aient coupé ça, vu qu'ils ont pas coupé l'autre. Ça durait quoi, une minute ? |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 11:19 | |
| | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 11:32 | |
| Bon ça fait chier quand même. Et du coup je m'excuse à 33,33% pour mon assertion sur les "rêves" dans le film vis-à-vis de ta chronique. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 17:14 | |
| ... mais faudra quand même m'expliquer cette idée ridicule que le film serait... une hagiographie ? Déjà n'oublions pas que le type a sauvé 155 vies, on va pas en faire un Hitler c'est sûr. Mais après, surtout, ce qu'en fait Eastwood est justement le contraire d'une hagiographie... Une hagiographie par définition suppose un point de vue extérieur, exagérément positif donc. Or Sully, comme son titre l'indique, c'est l'homme, de l'intérieur. Et lui même, n'ayant pas agi en héros mais simplement fait au mieux de ce que son expérience et son instinct lui ont dicté, ne se voit pas absolument pas comme tel, et c'est sa mélancolie, son angoisse, ses doutes, sa gêne face à la folie médiatique et les réactions émotionnelles déplacées de gens qu'il n'a même jamais rencontrés que le film dépeint. Les seuls - et rares - moments où Eastwood montre des gens qui s'adressent à lui comme à un héros le voient fuyant, troublé par ce qu'il considère très sincèrement comme une méprise, et à en juger par les scénettes finales avec le vrai Sully, cette vision est celle d' Eastwood bien plus que la réalité. D'ailleurs ce sont ces scénettes du générique de fin qui ont finalement les seules à appuyer ce côté biographique, en espérant que tu ne te sois pas fait berner quand même : c'est LE passage obligé de tous les films marketés biographies, le "cachet histoire vrai" imposé par les producteurs, un peu comme ces notes qui nous racontent souvent à la fin ce que les personnages sont devenus dans la vraie vie, sans doute la seule concession d' Eastwood dans ce film, et qui n'a pas grande importance (90% des gens sont déjà sortis de la salle à ce moment là de toute façon ). Parce que pour le reste s'il avait voulu faire du sensationnel et de l'héroïque, il avait dans les pattes LA scène de sauvetage aérienne la plus spectaculaire de tous les temps. Et qu'est-ce qu'il en fait ? Une scène complètement anti-spectaculaire car vue et ressentie telle que Sully - version film - l'a vue et ressentie, c'est à dire comme une crise professionnelle à gérer avec le plus grand calme et le plus grand sérieux possibles. Du coup pourquoi prétendre qu'il se rattraperait avec des crashs de synthèse qui n'ont pour but - du moins le second, que j'ai vu - que de faire partager au spectateur le sentiment d'irréalité et le trauma qu'il subit à ce moment-là ? Pour moi toute cette "analyse" n'a strictement aucun sens, c'est un contresens total par rapport au film que j'ai vu, pas plus hagiographique - ou même réellement biographique - que J. Edgar par exemple. |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Sam 10 Déc 2016 - 18:03 | |
| C'est marrant, j'ai acheté Positif ce soir (et les Cahiers aussi, tous deux ne tarissent pas des mêmes éloges que toi) et j'ai lu ce passage qui m'a rassuré sur mes facultés mémorielles :
"On voit bien, au tout début du film, un avion qui s'écrase contre une tour, mais c'est un mauvais rêve. En d'autres termes, le 15 janvier 2009 efface le 11 septembre 2001. Sully est un film rêve, une construction imaginaire qui vise à nier l'existence même de Nine Eleven et ses 3000 victimes."
Après, pour ce qui est du débat, je pense qu'on arrive à la limite de nos arguments respectifs. Quand tu m'écris "en espérant que tu ne te sois pas fait berner", ça me fait bien rire : c'est justement un des éléments, comme l'atroce scène finale d'American Sniper qui dévoile assez clairement les intentions d'Eastwood. S'il est aussi auteur que ça pour éviter du spectaculaire dans la scène d’amerrissage, s'il est si fin pour faire, comme tu le dis, une réflexion sur le poids de l'héroïsme, il peut bien nous dispenser de cette lourdeur.
Vous voyez plein de belles choses, notamment parce que c'est un grand réalisateur, et je ne le nie pas. Mais en ce qui me concerne, j'ai trop subi ce film pour me voiler la face sur ses pesanteurs et ce qui me semble être ses intentions.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 11 Déc 2016 - 5:17 | |
| Mais justement, ces scénettes finales, comme je le disais, c'est LE truc imposé, s'il y un passage dans le film qui ne montrerait rien des intentions d 'Eastwood ou de n'importe quel réalisateur signant un biopic pour un studio, c'est bien ça ! Je pensais que tu comprenais mieux comment le système fonctionne à force de mater tous ces films où un véritable auteur se frotte aux concessions de business exigées par les studios (avoir le final cut, c'est parfois au prix du product placement par exemple, si tu reproche ces broutilles à un cinéaste et que tu te braques sur ce genre de détail, tu passes à côté de l'essentiel). Et pourtant j'irais plus loin en prétendant qu' Eastwood détourne justement ce passage obligé, car le Sully de ces scènes est à l'opposé de celui du film, c'est frappant : il communie avec ces passagers survivants, et semble parfaitement à l'aise à raviver l'image du héros médiatique, au point qu'il en est plus charismatique que Tom Hanks, assez éteint, dans le film. A mon avis c'est clairement un déclaration d' Eastwood : mon film n'est pas un biopic. Par ailleurs je n'ai jamais dit que le film était une réflexion sur l'héroïsme, il y certes l'idée de démythifier les héros du 11 septembre plutôt que de les célébrer aveuglément, les pompiers, les sauveteurs, ne font que le boulot pour lequel ils sont formés, et payés. Il le font sérieusement et bien, mais ça n'en fait pas des héros altruistes, c'est plutôt évident dans le traitement de la scène des garde-côtes dans Sully (cf. le conducteur du bateau, ça le fait bien chier de devoir gérer ça et il le dit même à demi-mots ) donc ces critiques qui parlent de "revanche" sur le 11 septembre me font bien rigoler, franchement. Mais non, ça n'est pas un film sur l'héroïsme selon moi : c'est un film sur un homme comme un autre qui a juste fait le boulot qu'il était censé faire, et qui est mal à l'aise d'être pris pour ce qu'il n'est pas. Il n'y a rien de christique dans son personnage comme tu l'as écrit, le seul poids qu'il a jusqu'à finalement en être libéré par ces mêmes bureaucrates qu'on qualifie étrangement d' "ennemis", c'est l'idée qu'il ait pu au contraire mettre en danger tous ces passagers par son choix. (Un truc qui m'intrigue quand même, pourquoi ne pas partir du principe qu' Eastwood étant de ton propre aveu un grand cinéaste, ses intentions ne sont sûrement pas celles d'une hagiographie à la gloire de la fierté nationale, plutôt que de partir, comme de toute évidence tu l'as fait pour tout avoir pris tellement de travers, de l'idée contraire ? Désolé mais j'arrive pas à croire qu'on puisse en arriver là sans d'énormes a priori. D'autant que s'il a voulu placer une "revanche spectaculaire", il a bien raté son coup, obligé qu'il est de défendre ces scènes de crash virtuelles qui sont très critiquées aux Etats-Unis... en disant justement qu'elles ne servent qu'à mieux comprendre l'état d'esprit du personnage. Le cinéma, comme l'art en général, c'est forcément très subjectif, tu peux tout aussi facilement te focaliser sur des détails à charge - les "I Love you" dans ta chronique ça dure 3 min dans le film, ça n'a même rien de lyrique, mièvre ou quoi que ce soit, et tu en fais une montagne - que chercher les signes d'intentions plus profondes et personnelles - ce que tu t'es bien gardé de faire pour le coup.) |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 11 Déc 2016 - 6:11 | |
| Je m'attache à ça parce que je n'ai vu presque que ça, et surtout, tout les moyens mis en oeuvre au service de ce propos. Franchement, ton hypothèse sur les images réelles à la fin, je n'y crois pas une seule seconde.
Quand je parle des I love you, j'évoque aussi ce coup de téléphone bien pourri de sa femme qui se rend compte seulement après qu'elle aurait pu le perdre, histoire d'en remettre une couche dans le pathos et l'élément sacrificiel : son mari était le capitaine avant d'être un homme, elle se plaignait des traites de la maison alors qu'il aurait pu mourir, etc, etc, + tous les témoignages d'amour des gens qui le prennent dans leurs bras, notamment la nana de l'hotel, la maquilleuse qui veut le caser chez sa mère....
Pour le truc qui t'intrigue, j'en reviens toujours à la même chose. Je suis allé voir un film d'une personne que j'estime, et ce film m'a déçu. Effectivement, American Sniper a peut être un peu aiguisé mes lames avant le visionnage, mais franchement, dès le départ (ce rêve, justement, que j'ai trouvé putassier au possible), c'était mal barré. Et je trouve d'ailleurs plus de qualités à American Sniper, parce qu'il est beaucoup plus ambigu.
Ce que tu dis sur les doutes du protagoniste lui-même est assez juste, et ce sont les rares moments qui donnent un peu d'épaisseur au film (avec la séquence de l'amerrissage). Mais c'est tellement noyé dans un océan de grosses ficelles que ça n'a pas suffi pour moi. | |
| | | Nulladies Cinéman
Nombre de messages : 2734 Date d'inscription : 28/12/2013 Age : 47
| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... Dim 11 Déc 2016 - 6:12 | |
| (et va voir Arrival, j'aimerais bien que tu aimes mais je n'en sais rien à vrai dire) | |
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| Sujet: Re: Voyage en salle obscure... | |
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