Les 3 Rocks : musique et mauvaise foi

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 Cycle John Cassavettes

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Nulladies
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MessageSujet: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyMar 12 Mai 2015 - 6:27

1. Shadows
2. Faces
3. Husbands
4. Une femme sous influence
5. Meurtre d'un bookmaker chinois
6. Opening Night
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyMar 12 Mai 2015 - 6:28

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Impro c’est tout.

Au cours d’une des dernières séquences qui achève de faire de nos personnages des perdants au vu de la dérouillée qu’ils se prennent dans un local à poubelle, l’un des combattants met un poing directement sur la caméra, à deux reprises, l’occultant totalement. Déclaration d’intention on ne peut plus claire de la part de Cassavetes, qui pour son premier film, bouscule au propre comme au figuré les codes du cinéma de son pays au profit de ce qui va se nommer le « cinéma vérité ».
Soit la vie quotidienne et combinarde de jeunes paumés dans un New York underground où tentent, sans grand succès, de se mêler noirs et blancs sous l’illusoire concorde d’un jazz omniprésent. Tourné en 16mm, laissant en grande partie les comédiens improviser, Shadows se veut une captation brute de la pulsation urbaine, nocturne et spontanée de ceux qui n’ont pas grand-chose, ni dans leurs poches, ni à faire.
Les maladresses sont nombreuses, tour à tour irritantes ou séduisantes. Faux raccords, ellipses, dilatation du temps dans l’attente du surgissement émotionnel, le film distribue des séquences à la fois très théâtrales, surjouées, et par instants saisissantes d’authenticité. C’est dans l’immaturité des personnages, sorte d’adolescents attardés, qu’il s’en sort le mieux : éclats de rire, phénomènes de groupe probablement dus à l’improvisation, certains échanges sont très réussis. L’autre talent du film est sa propension à capter l’urbanité nocturne : les rues de New York, ses bars, ses enseignes lumineuses restituent parfaitement la pulsation de la ville qui ne dort jamais, annonçant la fascination vénéneuse de Taxi Driver ou l’oisiveté poétique de Jarmush, avec une différence de taille : ici, le cinéaste délaisse ostensiblement la dimension esthétisante de son cinéma.
Marivaudage brut sans réelle leçon à la clé (« Forget about it » étant la phrase finale), Shadows ne provoque pas d’empathie. La musique elle-même semble indifférente aux différentes scènes, et les nimbe de cette improvisation secondaire chatoyante et distanciée.
Une expérience qui a clairement sa place dans l’histoire du cinéma, mais n’atteint pas pour autant les cœurs.
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyMar 12 Mai 2015 - 7:14

Bon retour !

Et jamais vu celui-ci tiens... sinon les deux derniers du cycle sont mes deux préférés.
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyMar 12 Mai 2015 - 7:57

Merci lapin !
C'est encore brouillon, mais ça mérite un coup d'oeil.
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyMer 13 Mai 2015 - 18:49

Cycle John Cassavettes A0107177_1858537

Litres et ratures à l’estomac.

Après le choc expérimental Shadows et une tentative catastrophique d’intégrer les studios avec deux films, Cassavetes se donne les moyens de mettre en œuvre le cinéma qui lui convient. Avec pour tout budget la volonté de fer de ses comédiens techniciens, pour décor sa propre maison dont le garage deviendra une salle de montage, le metteur en scène entame un tournage nocturne de 6 mois dont émergeront 150 heures de rush et 6 mois de montage.
Contrairement à Shadows et en dépit des apparences, Faces ne laisse pas la place à l’improvisation. Très écrit, le récit ressemble au futur Coup de Cœur de Coppola, à savoir la mise à l’épreuve, une nuit durant, d’un couple qui expérimente de chaque côté l’infidélité et la possible décomposition de tous les repères construits au fil de 14 années de mariage. Dislocation, destruction, récupération sont les scansions de cette folle échappée, dont personne ne sortira indemne.

Désaccords des corps à corps.

De ce tournage frénétique, Cassavetes ne garde que les situations les plus cathartiques. Ses ouvertures de film si particulières, in medias res, nous plongent au cœur d’une situation qui préexistait et dont a tout à apprendre, sans mise en condition. Le film est construit sur ce modèle, et nous rend témoin d’individus avant tout réduits à des silhouettes qui se désarticulent, pantins que l’adversité met à terre sous l’effet de l’alcool, de la danse ou de l’hystérie. Baisers violents, gifles, empoignades, brusques revirements rythmes des échanges épuisés par la veille et l’embarras de conversations qui ne mènent à rien.
Dans cette frénésie, la caméra immersive se fraie un chemin inédit jusqu’alors, fouille les regards et les échanges pour en révéler les failles, exacerber les dérapages et les humiliations. Cette prise directe et brute qui porte la marque du documentaire laisse supposer un temps à une improvisation qu’on aurait saisie sur le vif. Mais le génie du montage, la multiplicité des prises des vues, les raccords violents sur un même corps à corps attestent au contraire d’un travail formel extrême qui magnifie la véracité de la situation tout en gommant le plus possible toute trace d’esthétisme.

“What the hell are we talking about ?”

Une première version du film aujourd’hui perdue du film durait 4 heures. Les 2h10 qu’il dure aujourd’hui sont déjà d’une densité impressionnante, d’autant que la trame narrative tiendrait en un court métrage. C’est là le parti pris de Cassavetes, qui se poursuivra sur ses films suivants, que de dilater à l’extrême des situations matricielles pour en faire surgir tout le potentiel dramatique. Passant de la cordialité à l’animosité en une phrase, captant comme le feront plus tard Pialat ou Kechiche les tensions et la complicité des interlocuteurs.
Sans musique, si ce n’est dans la fabuleuse scène de danse du club, les échanges attestent d’une impuissance totale à échanger et construire du sens. Langage phatique, chansons, comptines et blagues prennent donc naturellement le relai, et l’embarras de cet aveu d’échec innerve les consciences jusqu’à l’implosion et la prise du pouvoir par les corps. On a rarement vu cette escalade aussi bien traitée, portée par des comédiens d’exception, dévoués corps et âme à cette valse malade dont l’authenticité frappe à l’estomac.

Hébétés, les personnages et les spectateurs découvrent le matin poindre sur cette nuit de massacre. C’est un plan magnifique de la fuite de l’amant par la fenêtre, sautant du toit et dévalant un talus dans une profondeur de champ vertigineuse, ou cette même oblique d’un escalier sur lequel le couple se retrouve, se croise et reprend le chemin du domicile conjugal.
Bribes de lumière, temps suspendu : nous en avons trop vu pour considérer ces instants comme un répit. Nous avons perdu avec les personnages la candeur d’un regard jusqu’alors en vigueur dans le cinéma et que Cassavetes a dessillé.
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyJeu 14 Mai 2015 - 7:11

Cycle John Cassavettes Une-femme-sous-influence

Empathie pour la fébrile.

Une femme sous influence représente à plus d’un titre un sommet cinématographique. L’un des plus grands films sur la folie, sur la famille, sur la collectivité et le quotidien ; l’une des performances d’acteurs les plus éblouissantes, portée par l’impériale et unique Gena Rowland, secondée par un Peter Falk splendide de fragilité ; mais aussi une somme pour Cassavetes qui parvient à combiner toute la force singulière de ses expérimentations précédentes (Shadows, mais surtout Faces et Husbands) en les alliant à un récit plus conventionnel. Insertion de musique, trame narrative forte, Une femme sous influence est la synthèse parfaite de son cinéma.
Les nouveautés générées par son sujet permettent une exploration encore plus accrue de la complexité humaine. Là où les films précédents captaient des instants exacerbés, des nuits de beuverie ou des déchirements, cet opus traite avant tout de l’intégration de la folie dans un cadre ordinaire. Mabel doit faire face à sa famille ou les collègues de son mari dans des séquences qui distillent le malaise avec une maestria unique. L’équilibre hystérique, où tout le monde craquait de concert, est ici rompu par le regard embarrassé de la société qui investit régulièrement le domicile familial, tout comme celui des enfants ou des proches.
Sur cette rythmique unique des échanges dilatés jusqu’à la rupture, Cassavetes compose une partition chaotique et pathétiquement cohérente. Tout n’est que frénésie, revirements, allées et venues qui ne fonctionnent pas, minées par l’aliénation de Mabel qui contamine involontairement son entourage. Face à elle, Nick est tout aussi instable, exigeant avec une insistance embarrassante qu’elle soit elle-même, de mener des conversations « normales », invitant 60 personnes pour son retour avant de les virer au dernier moment, transformant une virée à la plage en punition pour ses enfants…
C’est là tout le puissant paradoxe du film : traité comme un documentaire, d’une authenticité précieuse, il dit la quête effrénée des personnages d’une normalité qui leur est refusée. Puissamment humain, à hauteur d’individu, le cinéaste nous plonge dans les remous de destinées dépassées, et pour qui l’enfer est pavé des meilleures intentions. On a rarement atteint avec une telle finesse ce point d’équilibre du pathétique, tant dans l’interprétation habitée de Rowland que dans sa réception par son entourage. Grâce à cette immersion dans de longues scènes gravissant par paliers successifs les degrés du malaise et de la tension, Cassavetes fait de nous des membres de la famille : notre embarras est celui des personnages, notre attente est la leur. Dès lors, certaines séquences prennent une dimension absolument bouleversante, comme la sortie de voiture par Mabel sous la pluie ou son ouverture des cloisons à la rencontre de ses enfants.
Jusque dans son dénouement, assez proche de celui de Faces et qui désactive le climax qu’on croyait inévitable, Une femme sous influence sonne juste, et combine avec génie le quotidien et l’extraordinaire de la folie, nous rappelant notre fragilité face à l’adversité et l’espoir que le temps qui passe ne cesse pourtant d’y infuser.
Une leçon, un poing dans le ventre, des raisons de pleurer et une empathie pour le genre humain : la quintessence du cinéma de Cassavetes.
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyJeu 14 Mai 2015 - 15:52

Pas ma facette préférée du bonhomme, grandes performances d'acteurs mais ça manque de scénar et de relief narratif, quand même... oui oui je sais on parle de Cassavetes mais pour moi la quintessence ce sont les trois suivants.
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptySam 16 Mai 2015 - 7:20

Cycle John Cassavettes 75666

Mourir debout.

Pour le fidèle au cinéma si singulier de Cassavetes, Meurtre d’un bookmaker chinois peut se révéler tout d’abord un peu déconcertant. Si l’on retrouve dès les premiers plans, en cut brutal et dans cette prise de vue sur une cage d’escalier si caractéristique l’univers du cinéaste, la mise en place du récit et sa tonalité générale tranchent avec sa filmographie précédente. Presque atone, déglacée de l’hystérie, du bruit et de la fureur antérieurs, l’atmosphère confine au recueillement. C’est d’autant plus singulier que le récit s’articule autour de deux pôles censément cinégéniques : la boite de strip-tease et le film noir. Mais la première, probablement la plus low cost de la west coast, suscite davantage la tendresse et la pitié que l’excitation, tandis que l’intrigue criminelle obligeant Cosmo à tuer pour effacer ses dettes de jeu va se résumer par un lent et serein adieu au monde.
Cassavetes, comme à son habitude, ne lâche pas une seconde son protagoniste, et obtient de son comédien des miracles. Gazzara compose un personnage aussi touchant que fragile, se parant, en quelque situation que ce soit, d’un maitrise affichée qui fait de lui, où qu’il soit, un patron, même dans les situations les plus humiliantes. Dépouillé au jeu, tabassé dans une impasse, il ne quitte jamais sa posture patriarcale, sourire et clope aux lèvres,
Le propos du film n’est pas tant le contrat qu’on contraint Cosmo à remplir que de voir surgir, ou plutôt se maintenir, son humanité face à l’adversité. Les parallèles sont nombreux avec Une femme sous influence ou Opening Night : il s’agit de radiographier la solitude et les attaches d’un être en proie au doute et à la perte. La famille de Cosmo, c’est son club, et aussi minable soit-il, il aime à en crever Mr. Sophistication et ses girls, tout comme Cassavetes qui prend son temps pour les filmer, avec empathie et tendresse.
[Spoils]
Dans cet univers où rien ne fonctionne vraiment, l’ironie veut que seul le meurtre éponyme sera efficient, et qu’il entrainera à sa suite l’écroulement de tout ce fragile château de carte qu’était la vie de Cosmo. Le parcours qu’est le récit est ainsi un adieu au monde, sans larmes, et avec le souci permanent de continuer à prodiguer sa bonne parole. A mesure qu’il avance, une balle dans le ventre, le double langage contamine toutes ses interventions, et ce qu’il dit du spectacle est bien entendu à prendre comme une épitaphe personnelle.
The show must go on, dit-il en substance… et le cinéaste d’emmener son personnage mourir debout, dans un dénouement suspendu, comme toujours dans ses films, sur ce trottoir originel, le flanc en sang, avec cet infime sourire dans lequel se loge tout le secret de l’humanité.
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptySam 16 Mai 2015 - 15:26

cheers
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyDim 17 Mai 2015 - 7:04

Cycle John Cassavettes Movie-opening-night-by-john-cassavetes-poster-mask9

Une femme sans influences

Quelque soit son sujet, Cassavetes ne déroge jamais, au fil de sa filmographie, à une ambition de plus en plus précise : celle d’un portrait obsessionnel. Alors que ses premiers films s’attachaient d’avantage à des groupes (Shadows, Faces ou Husbands) et leur interaction explosive, son cinéma s’individualise à partir d’Une femme sous influence : désormais, un pivot central, complexe et attachant, occupe le réalisateur qui ausculte cette fascinante comédie souvent inhumaine.
De comédie, il est plus que jamais question dans Opening Night, thème qu’il poursuivra dans les shows low cost de Meurtre d’un bookmaker chinois. Film sur l’actrice, le jeu et le récit, il déplace l’aliénation sur les planches du théâtre. C’est là l’une des évolutions du film par rapport aux précédents : Cassavetes ouvre l’espace souvent clos et étouffant (de sa propre maison, dans Faces et Une Femme sous influence) pour des plans larges mais néanmoins toujours colorés d’un éclairage artificiel.

“There’s no humor anymore and glamour is dead”

Le parcours complexe de Myrtle Gordon est celui, finalement éculé (il suffit de voir la maladresse didactique de Bridman sur le sujet) des rapports d’une femme entre sa propre histoire et celle qu’on lui demande de jouer. Gena Rowlands, toujours aussi habitée, peut sembler en faire trop par instants : il s’agit de bien comprendre que c’est bien son personnage qui s’exprime alors, jouant sa vie, plus pathétique encore que son rôle, lorsqu’elle prend conscience que le temps y fait son œuvre.
Alors que Cassavetes semblait progressivement délaisser ses techniques premières fondées sur l’improvisation et l’éclatement du récit vers un cadre scénaristique plus conventionnel, Opening Night reprend, au sein même de son écriture, ses principes originels. C’est la confusion entre texte récité et répliques spontanées, ces répétitions où la personne prend le pas sur le personnage, refusant d’être giflée, celle où les aveux sincères passent par le jeu en public. Car du texte théâtral, on ne sait que peu de choses ; impossible de déterminer quand les comédiens y insufflent leur propres répliques et y la vérité de leurs sentiments propres.
Pour Myrtle, jouer une personne vieillissante est impossible pour une raison très simple : elle ne l’a pas encore été, ou reconnait-elle, elle n’a pas encore reconnu qu’elle l’était devenue. Opening Night restitue donc le parcours d’une vérité à assumer, celle de l’âge et de la fuite du temps, le tout par les détours du jeu, des fantômes, voire des médiums.
C’est aussi et surtout l’affirmation d’une individualité et d’une comédienne qui s’affranchit : du pantin à qui on dicte la conduite, elle détruit tous les fils pour, du sol, ramper vers la reconquête de ce qui reste d’elle. Manny (Ben Gazzara toujours aussi tendre et authentique) passe ainsi du rôle de coach à celui de spectateur serein, et tous les hommes vont découvrir en Myrtle une véritable interlocutrice.
Si cette solitude est structurante, c’est cependant bien sous le regard protecteur d’une famille qu’elle se met en place, à l’image de Manny qui laisse Myrtle ramper, ivre morte, jusqu’à sa loge. Plus le récit progresse, plus celle-ci gagne en densité, jusqu’à ce regroupement final où Cassavetes, à la fois réalisateur et comédien, convie les membres de sa famille artistique via les apparitions subreptices de Peter Falk et Seymour Cassel.

Le trajet se fera donc vers la lumière, et les sombres détours de l’acceptation de la mort conduiront non à la solitude, mais à la sereine constatation d’appartenir à un groupe ; de la même façon, c’est bien par les explorations de la fiction et de l’artifice que l’accès se fera à la vérité, parfaite restitution du projet cinématographique de Cassavetes.
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyDim 17 Mai 2015 - 17:05

Son plus beau, pour moi. I love you
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MessageSujet: Re: Cycle John Cassavettes   Cycle John Cassavettes EmptyLun 18 Mai 2015 - 9:33

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Very glad trip.

“Don’t believe the truth !” assène l’un des comparses lors de l’enterrement qui ouvre le film, programme intriguant si l’on se réfère au cinéma vérité et puissamment authentique de Cassavetes. Husbands se présente comme “A comedy of life, death and freedom.” Et c’est bien en effet avec la comédie que le spectateur va devoir traiter. Philosophes de pacotille, le trio d’amis composé des monumentaux Gazzara, Falk et Cassavetes himself vont donner une chance à leur immaturité à travers une virée alcoolisée qui les emmènera jusqu’à Londres. Ironique, le titre les rattache à ce qu’ils refusent ou n’assument pas vraiment : être des maris et des pères de famille.
En roue libre, le film restitue un parcours chaotique, commençant par des activités ludiques (courses clandestines dans les rues, piscine, basket) et s’épaississant progressivement dans les vapeurs de l’alcool.
On retrouve les expérimentations du réalisateur déjà mises en place dans Faces : un jeu sur la durée, ici parfaitement déraisonnable (le film dure 2h15, et pourrait, au vu de certaines séquences, en durer le triple comme le quart s’il ne s’attachait qu’à raconter quelque chose) et étalée jusqu’au point de rupture. La scène du bar, où les comparses racontent des histoires et font chanter les femmes présentes, dans un temps réel à la limite du supportable, immerge ainsi de force le spectateur au cœur d’une action dénuée de sens et répétitive, et dans laquelle surgissent certains accès de violence qui sont d’autant plus dévastateurs.
Si le film fonctionne par instant, c’est évidemment du fait de ses comédiens, et de la probable improvisation (voire, sûrement, du taux d’alcoolémie réel des acteurs) qui sied à cette cavalcade bordélique. Rien ne fonctionne dans cette échappée qui peine, malgré les rires, les vomissements et les coups d’éclat, à masquer l’angoisse profonde de ces êtres en perdition, croyant goûter à la liberté quand ils ne cessent de planifier le retour au home sweet home…
Cette reddition des deux tiers du groupe achève ce film malade, assez éprouvant à voir, et qui dans la filmographie de Cassavetes semble un pendant pseudo comique aux crises conjugales de Faces, mais surtout une préparation au huis clos halluciné que sera le grand œuvre suivant, Une femme sous influence.
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