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 Cycle Paul Verhoeven

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Nulladies
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MessageSujet: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 15 Sep 2015 - 6:30

Turkish Délices, 1973
Katie Tippel, 1975
Le Quatrième homme, 1983
La Chair et le Sang, 1985
Total Recall, 1990
Basic Instinct, 1992
Hollow Man, 2000
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 15 Sep 2015 - 6:46

Jamais vu les première oeuvres du bonhomme. Au passage, il a quand même réalisé l'un des rares bons film de schwazy... même s'il a un brin vieilli.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 15 Sep 2015 - 6:53

Pas vu non plus les trois premiers, j'aime beaucoup les autres. Hollow Man et même Showgirls sont très sous-estimés. Robocop tu en as déjà parlé mais on dira jamais assez à quel point c'est LE CO SF des années 80, même devant Blade Runner à mon avis.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 15 Sep 2015 - 6:56

RabbitIYH a écrit:
Pas vu non plus les trois premiers, j'aime beaucoup les autres. Hollow Man et même Showgirls sont très sous-estimés. Robocop tu en as déjà parlé mais on dira jamais assez à quel point c'est LE CO SF des années 80, même devant Blade Runner à mon avis.

Showgirls, j'ai pas réussi à mettre la main dessus sinon je l'aurais revu.
J'ai effectivement déjà chroniqué Robocop, Starship Troopers et Black Book.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 15 Sep 2015 - 6:56

Cycle Paul Verhoeven Turkish-delices

Asitcots-pêche

C’est avec une certaine malice que Verhoeven débute son deuxième film, dans cette délicieuse période hollandaise durant laquelle il affirme sans complexe aucun ses obsessions et sa patte si particulière. Avant un flashback qui permettra de déterminer la nature fantasmatique des séquences, c’est par une débauche de sexe, de meurtres et de gore que débute le film. A la manière des séquences grotesques de Benny Hill, l’acerbe violence en plus, tout va trop vite : drague, sexe et vulgarité orchestrent un ballet criard où l’on actionne berceau et lave glace au rythme de coïts frénétiques, appendices coincés dans une braguette 25 ans avant Mary à tout Prix, dans une atmosphère décomplexée proche de la nouvelle vague (on pense notamment au dilettantisme du Départ de Skolimowski), une sorte d’hédonisme iconoclaste sur le fil, capable de basculer dans le trivial ou l’obscène d’un instant à l’autre. Car Verhoeven n’a pas pour seul but de restituer le fil d’une idylle qu’on sait condamnée dès le départ : jouant sur l’attente du spectateur, le scénario joue sur les multiples pistes qui mettront à bas l’amour sauvage dans un monde civilisé. Etrons sanglants, chiens léchant goulûment la perte des eaux d’une mariée en urgence, le réalisateur infuse dans la jeunesse échevelée les miasmes putrides de la vie réelle : la maladie, certes, mais surtout la gangrène du monde adulte, figé, pétri de contradictions dans ses rites, notamment à travers la figure de la mère, tour à tour touchante dans sa souffrance et grotesque dans son incohérence rivée aux concepts de réputation ou de tradition. Banquets effrayants, hystérie collective et monstruosité gagnant progressivement les êtres sont les pentes sur lesquelles glisse tout individu s’il n’est pas un poète maudit. Ce mélange éclectique permet donc une satire acide la société néerlandaise, tout en permettant aux fringants Rutger Hauer et Monique van de Ven, qu’on retrouvera dans Katie Tippel, de se livrer corps et âmes dans cette union placée sous le signe du mouvement et de la fluidité, jusqu’à une très belle reprise en version couple de la mythique séquence de Singin’ in the Rain.
Certes, à tant jouer avec l’excès, le film peine par instants à trouver son équilibre et c’est avant tout comme une curiosité audacieuse qu’on déguste ces Turkish Delices qui mêlent l’acidité de la jeunesse à l’amertume de la mort. Alors qu’il semble d’avantage occupé par la destinée du personnage masculin, c’est bien son obsession pour la figure féminine qui traverse tout le récit, en témoigne son activité artistique et la statue qui restera de sa muse : en cela, ce film de jeunesse augure bien l’une des thématiques favorites à venir du maitre hollandais, le portrait de femme.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 15 Sep 2015 - 12:34

J'avais adoré Turkish Délices lorsque je l'ai vu il y a quelques années. Ca fait quelques temps que j'ai envie de le revoir.

La Chair et le Sang avait été une sacré claque aussi.

Et évidemment ses classiques SF avec Total Recall, Starship Troopers (j'ai vu les deux un paquets de fois), et Robocop.

Jamais vu Hollow Man en revanche.

Après il y a toujours une certaine ambiguïté dans ces films (dans la majorité en tout cas) qui me gêne un peu. Mais c'est un sacré réalisateur, de ceux qui savent faire des films à la fois "grand public", sans sacrifier ni la qualité ni le propos.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 15 Sep 2015 - 17:30

C'est cette ambiguïté que j'adore, entre fascination malsaine pour le mythe du surhomme de Nietzsche et satire du fascisme et de l'aliénation sous toutes leurs formes, les personnages perdant souvent une part de leur humanité pour mieux survivre dans une société plus inhumaine encore.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 15 Sep 2015 - 22:55

Oui c'est clairement une bonne part de ce qui rend son cinéma si intéressant, si fascinant.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMer 16 Sep 2015 - 6:46

Cycle Paul Verhoeven Katie-tippel1

Une femme sans influence

Pour qui reprend à rebours la filmographie de Verhoeven, il est impressionnant de constater à quel point sa période hollandaise contient déjà toutes les thématiques qui feront ses meilleurs films. Les parallèles sont en effet nombreux entre Katie Tippel et Black Book, dans lesquels on propose un portrait de femme dans une période trouble, à la merci de la société et surtout des hommes qui y règnent. Reprenant le duo de Turkish Délices tourné deux ans plus tôt, Verhoeven en inverse le déséquilibre au profit de Monique van de Ven, tandis que Rutger Hauer n’occupera que la dernière partie d’un récit historique se concentrant sur l’arrivée des migrants à Amsterdam dans les années 1880.
On retrouve dès le départ ce sens unique de la fluidité propre au réalisateur : mouvement dans le bateau qu’on croirait sorti d’un métrage de Tarkosvski, gestion du collectif (notamment dans la cadence du travail des lavandières ou les prises de vue sur les salles de restaurant), c’est avec une virtuosité assez fastueuse que le metteur en scène place sa reconstitution. Mais se contenter du vernis de l’Histoire et des tableaux officiels n’est évidemment pas dans ses habitudes. Verhoeven ne salue aveuglement le prestige d’une époque, il en dénonce les coulisses et les fait résonner avec des problématiques intemporelles. Dès le départ, la double destinée de la femme se joue entre les deux sœurs : la pute ou la résistante. Et c’est dans la rusticité du trivial que se joue la complémentarité du regard : une verge turgescente en ombre chinoise venue interrompre des jeux enfantins, un miroir au plafond, un Jules Verne en guise de papier toilette. Comme toujours, le cinéaste aime d’autant plus ses personnages qu’il les malmène, et Monique van de Ven se voit souillée comme le sera plus tard Carice van Houten dans Black Book.
Muse et corps, esprit et volonté, Katie est une trajectoire tourmentée, le révélateur d’un monde âpre et violent dans lequel on brûle ses sabots pour se chauffer et où seule la corruption morale semble être salvatrice. S’il restitue une ascension sociale, c’est aussi pour en dépeindre les stigmates, la nouvelle bourgeoise ne pouvant se défaire des souillures occasionnées par ses premiers pas dans le monde.
Sans concession, mais plein d’admiration, Verhoeven sait ici parfaitement tisser l’équilibre fragile du regard sur la violence sociale et l’héroïsme ordinaire qu’elle peut générer.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyJeu 17 Sep 2015 - 6:49

Cycle Paul Verhoeven 94893270_o

Eros & Thanatoc

Si l’on considère les audaces de Turkish Délices ou Kattie Tippel, Le quatrième homme s’inscrit dans une logique, celle de la surenchère. On retrouve sans peine l’univers de Verhoeven, mélange thématique de sexe, de mort, de manipulation et ce regard frontal sur le monde des fantasmes. Curieusement, pourtant, Le quatrième homme pourrait faire office de brouillon des deux précédents : s’inscrivant dans une veine plus réaliste, ou historique, ils abordaient avec plus de tacts des sujets similaires.
Le personnage de l’écrivain est ici le prétexte à des allers-retours entre le réel et l’imaginaire, les visions et les cauchemars qui ne sont pas toujours du meilleur effet. La première partie met en place une atmosphère qu’on pourrait qualifier, avec bien des raccourcis, de lynchienne : cette incapacité à trancher entre la psyché malade de celui dont on perçoit le point de vue et l’étrangeté effective du monde qui l’entoure, empruntée à la fois à Dali ou Hopper, crée un malaise assez efficace. En cela, il rejoint le prologue ultra violent de Turkish Délices, plongée dans les pulsions violentes d’un individu en rupture avec le monde. Avant d’en faire un auteur, Verhoeven expose son personnage en tant que lecteur : tout fait sens autour de lui, les pancartes, les enseignes, les banderoles funéraires, et chaque fois, une ambiguïté permet le malentendu. Ce sont là les passages les plus riches, car la volonté de donner corps à toutes les hallucinations (sexe découpé aux ciseaux, énucléations diverses, Christ en croix devenu icône gay…) n’est pas toujours des plus habiles. On pense aux excès de l’Antichrist de Lars Von Trier qui partait du même constat, celui d’une femme mante religieuse, ici sorte de Barbe Bleue dont on constaterait les méfaits par le biais de films amateurs. La structure narrative, sur le mode du polar bisexuel, n’est franchement pas passionnante et le mélange des genres finit par embourber passablement l’ensemble. Subsistent quelques belles fulgurances, comme les bœufs dégorgeant leur sang, emprunts à Bacon, et une ambigüité générale qui intrigue. Mais ce dernier film de la période pré Hollywood manque tout de même de maitrise et de cohérence pour pleinement convaincre.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyVen 18 Sep 2015 - 6:42

Cycle Paul Verhoeven La_chair_et_le_sang

Les truies et la fureur.

La Chair et le Sang reste, trente ans après sa sortie, un film hautement singulier et représentatif, tant de son époque que de son auteur, grand objet criard et furieux.
Son époque, d’abord, transpire par tous les pores de cette grosse production, nous conviant à une reconstitution médiévale européenne d’ampleur où les personnages principaux se nomment notamment Steven et portent avec fierté des coupes mulet d’anthologie, où les éclairs sont dessinés à la main et le syncrétisme historique pour le moins improbable, des canons napoléoniens aux machines de guerres fantasques. Mais passons ce qui n’est finalement qu’un détail dans les intentions générales, le film ne se présentant nullement comme un témoignage historique ou réaliste.
Paul Verhoeven aux commandes d’un film historique, c’est d’emblée l’assurance d’un regard sans concession. On l’avait déjà constaté dans Katie Tippel, il s’agit de poursuivre une réflexion qui traverse l’ensemble de sa filmographie, liée notamment à l’exercice du pouvoir par l’instinct primal du sexe : comment les hommes en abusent par la force, comment les femmes en jouent par l’intelligence. La Chair et le Sang en fait sa ligne directrice : dans une symphonie brutale de stupre, de meurtres et de peste, au milieu du chaos des pillages, de soudards et de fanatiques, une destinée féminine tente d’ébaucher un parcours. Agnes, interprétée une Jennifer Jason Leigh de 22 ans, apprend du monde la violence et la fait sienne pour survivre. Avec ce mélange des tonalités si cher à Verhoeven, le film oscille entre la répulsion et l’émotion : Agnes exige de sa servante qu’elle s’accouple à un soldat pour s’initier à l’amour, obtient son premier baiser à l’ombre de pendus et dessine une destinée pour le moins littéraire d’un amour immortel tout en acceptant les pires outrages que lui réserve son enlèvement par Martin, un Rugter Hauer inquiétant pour sa dernière collaboration avec le maître hollandais. Refusant le manichéisme, comme à son habitude, il précipite ses personnages dans le viol et la démence, l’avidité et des banquets grotesques qui convoquent autant Rabelais que les peintres flamands dans une débauche colorée de costumes chatoyants, de lumière aux bougies, de sperme, de larme, de sang et de sécrétions buboniques.
Dans cette guerre civile permanente, tous les fanatismes sont exacerbés : celui de la possession matérielle, du sexe, mais aussi, évidemment, de la religion. En faisant de Martin une sorte de Saint qui pillerait pour mieux partager ses richesses, la troupe illustre l’asservissement mensonger des foules et les justifications des pires outrages, que seule la peste et ses ravages semble pouvoir annihiler dans la douleur. Désesépré, ce film est peut-être celui où Verhoeven porte au plus haut degré l’impossible identification aux personnages, versatiles, violents, sensibles, tour à tour condamnables et à plaindre : de ce monde, aucune leçon ne semble pouvoir surgir. Ecartelés entre les élans de leur corps et ceux de leur conscience, pour la religion, l’amour ou la science, les êtres tentent d’avancer dans un monde en mutation, que Verhoeven appauvrit volontairement par un regard pessimiste : les hommes sont avant tout des corps qui suintent, et qui ne déploient peut-être leur beauté que sous les coups de boutoir du viol ou l’empalement des armes. Vierges souillées, Saint Sebastien dans les flammes purificatrices : telles semblent être les origines de l’homme civilisé européen.
Film de transition avec sa période hollywoodienne, La Chair et le Sang annonce, malgré le grand écart à venir, ce qui va suivre : la chair et le métal d’un futur dystopique, celui de Robocop.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptySam 19 Sep 2015 - 10:24

Cycle Paul Verhoeven TOTAL-RECALL

Daze of our lives

Total Recall est un film hautement problématique, du fait de son caractère hybride : issu d’un auteur de génie, d’un réalisateur non moins intéressant, il est tant porté par son scénario de génie qu’on a tendance à lui excuser à peu près tout.
Inutile de s’étendre sur cette intrigue retorse où le rêve le dispute sans cesse à la réalité, métaphore assez brillante des désirs du spectateur quant au produit devant lequel il se trouve : agents secrets, twists, fusillades et planète à sauver. Verhoeven, moins présent qu’à l’habitude dans ses obsessions, y place quelques-unes de ses marottes, comme le duo de rivales blonde et brune, recrutant l’incendiaire Sharon Stone qu’on retrouvera pleinement à l’œuvre dans Basic Instinct, et s’en donne à cœur joie dans le gore, en maltraitant notamment les globes oculaires comme il s’était déjà plu à le faire dans Le quatrième homme.
Le cœur du sujet est là : de la même manière qu’on fait souvent remarquer à Quaid que son aventure répond point pour point à ce que son rêve initial avait prévu, le film suit les balises du blockbuster hollywoodien. Dans le récit, la machine se grippe et rien ne se passe apparemment comme prévu, possible écran de fumée vers un itinéraire qu’on croit jalonné de surprises mais qui serait peut-être une machine parfaitement huilée. Ce jeu avec l’attendu, cette façon de placer le ver dans le fruit est une habitude chez Verhoeven : il l’a déjà mise en place dans Robocop, il la poussera dans ses ultimes retranchements avec Starship Troopers.
Quelle posture adopter en tant que spectateur/rêveur face à cet univers ? C’est la grande question. Ce film des années 80 finissantes, avec tout le charme vintage qu’il peut avoir aujourd’hui, peut générer un plaisir d’historien : le latex, l’imagination d’un futur pourtant terriblement ancré dans son époque, avec ses téléphones filaires, ses voitures playmobil et ses écrans cathodiques dans le métro, les couleurs criardes et les choucroutes des pépées sorties tout droit du top 50. Il n’en reste pas moins que tout cela a terriblement mal vieilli. De la même façon, ces poursuites et fusillades à répétition, ces maquillages outranciers, cet humour en carton, le jeu bovin de Schwarzenegger et ces plateaux de décor en toc dont les façades de polystyrène attendent d’exploser noient à de multiples reprises les enjeux réellement excitant de l’entreprise générale. Bien entendu, on pourra rétorquer que tout se joue dans cette double lecture : ce qu’on reproche au film est précisément en adéquation avec la médiocrité des attentes des rêveurs frustrés du réel. Certes. Mais la frustration demeure, parce que les moyens déployer pour l’architecture du rêve ne sont clairement pas à la hauteur. Tout cela est tout de même bien laid.

Et la question de se poser : est-il possible de concilier SF futuriste et beauté ? Blockbuster, fusillades et mélancolie introspective ?

On peut un temps de consoler en répondant par la négative : après tout, voilà le propre de ce genre de film, et à nous de faire avec.

Et puis on pense à Blade Runner.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptySam 19 Sep 2015 - 11:03

Il a certes beaucoup vieilli, mais je l'ai revu récemment, et je trouve qu'il tient la dragée haute à bien des films de SF récents. Largement supérieur à un Mad Max Fury machin chose par exemple. Schwazi y est un peu moins bourrin que d'hab'. Et puis le scénar est pas mal du tout. enfin bon, moi, je ne suis pas cinéphile.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptySam 19 Sep 2015 - 16:43

Esther a écrit:
Il a certes beaucoup vieilli, mais je l'ai revu récemment, et je trouve qu'il tient la dragée haute à bien des films de SF récents. Largement supérieur à un Mad Max Fury machin chose par exemple.

Putain y a pas photo. Et à toutes ces autres daubes de Mad Max Pécas d'ailleurs. Quelle vaste blague cette série. scratch

Nulladies a écrit:
Verhoeven, moins présent qu’à l’habitude dans ses obsessions

Pas d'accord. Incarnation du surhomme tiraillé entre son désir de normalité et sa nature vouée à la survie (ce qui annonce d'ailleurs Basic Instinct), ambivalence absolue du personnage qui n'est devenu bon que grâce aux souvenirs factices qu'on lui a implantés, futur dystopique fascisant, je sais pas ce qu'il te faut. Ce film ressemble beaucoup profondément à son auteur qu'un Black Book aussi bon soit-il, et distille ses obsessions avec beaucoup plus de subtilité qu'un Starship Troopers. Et même visuellement j'ai de la nostalgie pour cette esthétique là, loin d'être laide à mon avis d'autant que la mise en scène est top.

Nulladies a écrit:

Et puis on pense à Looper.

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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 22 Sep 2015 - 7:16

Cycle Paul Verhoeven Hollow%20Man

Invisible touch

Il va de soi que lorsqu’on connait Verhoeven et ses obsessions, le sujet de l’homme invisible est une aubaine sans équivalent. Le travail sur la liberté de celui qui échappe au regard, les possibilités offertes à son propre voyeurisme sont autant de thèmes qui traversent toute sa filmographie, des miroirs aux plafonds de Turkish Delices ou Katie Tippel à la nudité épiée et/ou offerte de Sharon Stone dans Basic Instinct.
L’autre avantage, non négligeable, du réalisateur réside dans les moyens qu’Hollywood lui met à disposition. En 2000, les effets numériques commencent clairement à s’imposer, et Verhoeven ne va pas se priver de les exploiter. De la belle reconstitution organique d’un gorille par injection d’un sérum de visibilité aux multiples effets d’apparitions/disparitions du protagoniste, c’est une débauche impressionnante pour l’époque et qui vieillit plutôt bien à vrai dire. La jubilation du cinéaste crève l’écran dans la déclinaison des différentes visibilités qu’il impose à son monstre de foire : dans la buée, la neige carbonique, l’eau, le sang, son corps apparait et se dérobe. Le jeu des points de vue fait aussi l’intérêt de bon nombre de scènes, le don étant mis au service de la perversion, du mensonge et du voyeurisme. L’excitation du jeu est palpable et l’érotisme toujours vivace du Hollandais fait son œuvre, renvoyant le spectateur à une surexplicitation de sa place habituelle, celle de celui qui voit sans être vu, et qui semble ici pouvoir laisser libre cours à ses pulsions.
La trame narrative est néanmoins assez convenue, de l’équipe formatée aux saillies d’humour yankee à sa tête pensante, savant fou se prenant pour Dieu et promis à une perte certaine. Et c’est là que les choses se gâtent. Disposer de tels moyens implique une contrepartie évidente, celle de rentrer dans ses frais en contentant le plus grand nombre, et cet opus semble être l’un de ceux où Verhoeven fait le plus de concessions. En passant du thriller érotique au film fantastique, il lorgne clairement du côté du premier Alien, l’équipe cloitrée étant progressivement décimée par une bête invisible et incontrôlable. Le boulot est plutôt bien fait, mais la claustrophobie du film de Scott reste largement supérieure à cette pâle copie ; et à mesure que le film progresse, il s’embourbe dans tous les clichés du genre : résurrections multiples du méchant, sorties in extremis à la MacGyver, bombes et compte à rebours, rien ne nous est épargné. En plus d’être lassant, c’est grotesque, et tout cela balaie la jolie ambiguïté perverse qui faisait le charme initial.
Reste à choisir comment voir ce film : un blockbuster convenu sauvé par un auteur lui insufflant quelques éléments vénéneux ou un film d’auteur empesé dans son cahier des charges… Quoi qu’il en soit, c’est clairement un semi-échec.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMar 22 Sep 2015 - 7:17

RabbitIYH a écrit:

Nulladies a écrit:

Et puis on pense à Looper.

cheers geek

Putain, celui-là, t'y reviens si souvent... il faudra que je lui accorde une seconde chance.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyDim 22 Mai 2016 - 8:09

Reprise du cycle pour en faire une intégrale :

1. Qu'est-ce que je vois ?
2. Le choix du destin (Soldier of orange)
3. Spetters
4. Showgirls
5. Steekspel
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyDim 22 Mai 2016 - 8:10

Cycle Paul Verhoeven Qu_est_ce_que_je_vois

Expansion du domaine de la pute.

Le premier long métrage de Verhoeven est sur bien des points une ébauche de ce qui fera la suite de sa longue et prolifique filmographie. Ebauche, parce qu’il faut bien reconnaitre qu’on est là face à un brouillon qui a beaucoup vieilli et qui ne fait pas montre d’une ambition démesurée : les 70’s sévissent en diable, tant dans l’image que la musique (on se croirait dans les comédies françaises avec Pierre Richard…) et l’aspect comédie est souvent très limité : tartes à la crème, gags poussifs tombant à plat, on est bien plus proche du gras de Benny Hill que du souffre d’un Fassbinder.
Il reste que certains germent apparaissent çà et là pour indiquer les grandes directions à venir : le portrait de femme, évidemment, à travers le quotidien de deux prostituées qui sera repris avec plus d’ampleur dans Kattie Tippel, l’une d’entre elle se caractérisant par une audace à toute épreuve. Cette façon débridée de suffisamment connaitre la (basse) nature humaine pour pouvoir rire au nez des tenanciers de l’ordre moral traverse tous les films à venir, de Turkish Délices à Spetters, de La Chair et le Sang à Showgirls jusqu’à Black Book : la prostituée, la prédatrice sexuelle est un grand coup de pied dans les bijoux de la couronne, et une exploitation du monde phallocrate par ses faiblesses les plus évidentes.
Si le récit reste très convenu (en somme, le choix à faire entre poursuivre son métier ou rentrer dans le rang, devenir mère ou rester fille), c’est surtout le portrait de la gent masculine qui mérite le détour : maris pathétiques, compagnons brutaux, naïfs dépensiers : les hommes brillent par leur médiocrité. Et ce n’est pas les tentatives d’insertion sociale, sur le modèle Pretty Woman, qui permettront une pacification : pour Greet, l’indépendance est non négociable et la société figée un second plan à balayer du revers de la main.
Au-delà de cette dimension idéologique, c’est surtout sur la mise en scène des fantasmes que Verhoeven s’amuse le plus : vaste panorama de toutes les perversions, du SM à l’infirmière en passant par la maitresse d’école, Greet est la comédienne parfaite de l’imaginaire déluré des mâles frustrés. Le grand point commun de toutes ces scénettes reste le ridicule, et le sourire en coin de la salariée qui domine l’homme par sa tige insatiable et ses désirs régressifs, jolie figure du cinéaste naissant, et qui creusera ce sillon dans les décennies à venir.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyDim 22 Mai 2016 - 9:20

Respect, tu as bien du courage pour t'infliger ça... je l'ai fait pour DePalma, remonter aux films fauchés des débuts, dans l'ensemble c'est vrai que c'est intéressant pour un fan absolu... mais pour Verhoeven j'hésite.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyDim 22 Mai 2016 - 9:47

ça pourrait être pire, c'est assez amusant en définitive.
J'aime bien l'approche intégrale, ça permet de déceler des obsessions, des ratages... Je le ferais évidemment pas avec tout le monde, mais pour certains, surtout ceux qui ont une singularité (comme De Palma, justement), c'est intéressant.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMer 25 Mai 2016 - 13:06

Cycle Paul Verhoeven Soldieroforangesized

L’armée décombre.

Lorsqu’il se frotte à l’Histoire, Verhoeven ne cède jamais au vernis figé de la reconstitution ou du manichéisme propre à la légende. On l’a déjà constaté dans le XIXème de Katie Tippel, on le retrouvera dans le Moyen-âge de La Chair et le Sang, et même dans l’histoire d’un futur épique dans Starship Troopers : le décapage est encore plus savoureux lorsqu’il évoque les travers humains dans une perspective universelle.
Soldier of Orange commence comme un film d’amis, à la manière de Spetters : variété des caractères dans une ambiance décadente avant même l’invasion nazie, lors d’un préambule de bizutage universitaire qui d’emblée égratigne les figures héroïques à venir, dans une ambiance assez proche de celle dépeinte par le If… d’Anderson.
Par bien des aspects, le film est le pendant masculin de ce que sera le très féminin Black Book : une plongée dans la Résistance et une saga retraçant le destin d’un pays malmené jusqu’à sa libération, et le règlement de comptes qu’elle occasionnera.
Dans un esprit fidèle à ses premiers films (on pense à ce burlesque un peu cradingue qui irrigue beaucoup Turkish Delice, voire Le quatrième homme), le cinéaste se plait à représenter des individus en pleine jeunesse bien avant d’en faire des héros. Maladroits, gaffeurs, obsédés sexuels, les scènes se multiplient pour éviter l’hagiographie, comme celle où la Reine de Hollande assiste, dans l’embrasure d’une fenêtre, à un coït de ses ouailles. La croix de fer se trouve jetée en pâture à des prostituées ivres, le traitre meurt dans les latrines… A l’opposé absolu de l’âpreté sacrificielle de L’Armée des ombres, Verhoeven ne cesse d’affirmer cette évidence : quelle que soit la période, l’homme ne cesse d’en être un.
Un autre thème permettant d’illustrer cette vanité inhérente à la civilisation se retrouve dans la permanence de la fête : pour rentrer en Hollande depuis l’Angleterre, il faut passer par des soirées avinées, et le pays semble se vautrer dans une orgie permanente qui permet une infiltration en douceur, jusqu’à ce morceau de bravoure qu’est le tango entre les anciens frères désormais séparés par des choix idéologiques.
Tout ne relève pas pour autant de la farce, et c’est là l’intelligence du cinéaste : en humanisant ses figures, en déclinant les choix possibles entre les six amis d’origine face à la violence de l’Histoire (car il n’épargne pas non plus les sacrifices, la torture et les renoncements), Verhoeven parvient à ce regard singulier qui traverse toute sa filmographie : lucide, cynique, mais en réalité d’une profonde empathie.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMer 25 Mai 2016 - 13:08

Cycle Paul Verhoeven Spetters-1980-MSS-dvdcover-xl-lumiere

Ratés society

Il fallait bien que Verhoeven s’attaque à la jeunesse. Spetters pourrait être considéré comme son Outsiders à lui : un regard sur les adolescents, une époque, l’aube des années 80 en Hollande, avec tout l’anti-glamour que cela suppose.
Dans Spetters, on fait avec ce qu’on a malgré soi : la séquence d’ouverture, qui voit trois départs simultanés de jeunes hommes à moto saluant leur père métaphorise le désir de la jeunesse : larguer les amarres.
Mais dans ce monde sclérosé, la confrontation entre le désir et le réel s’avère la plupart du temps fracassante : sous les coups du paternel, l’immuable bitume qui brise les jambes ou la violence des voyous qui mettent à sac tout ce qui leur tombe sous la main.
Verhoeven ne tombe pas pour autant dans la caricature : certes, l’Eglise est mentionnée, et les figures parentales ne sont pas présentées comme des repères ; mais le regard ambivalent qu’il pose sur ses protagonistes empêche tout manichéisme. La scène ou les deux couples font semblant de faire l’amour dans un entrepôt est en cela révélatrice : l’un ne parvient pas à avoir d’érection, l’autre a ses règles, mais ce qui compte, c’est de faire croire à l’autre couple qu’on est à la hauteur. Cette obsession de la réussite et du regard des autres conditionne la plupart des comportements : un des personnages brutalise les homosexuels afin de mieux différer son propre coming out, l’autre renonce à toute rédemption à partir du moment où il se retrouve en fauteuil roulant.
La figure féminine correspond bien à cet esprit, et rejoint les grandes figures de Verhoeven, de Katie Tippel à La Chair et le Sang : le modèle de l’ambitieuse qui va passer d’un ami à l’autre (sur le modèle assez similaire du Four Friends de Arthur Penn) en jaugeant les avantages personnels qu’elle peut en retirer. Chez Verhoeven, il faut se compromettre pour s’en sortir, et laisser un peu de la laideur du monde vous souiller.
Car il s’agit bien de cela : les individus face à la foule, toujours mouvante ; ce thème génère de belles images, qu’il s’agisse des lignes de départ saturées de motos, de la foule des fervents religieux et surtout de la figure de Rien, l’un des personnages principaux qui s’en écarte à partir du moment où il perd l’usage de ses jambes, slalomant entre ceux qui l’accueillent avec compassion, puis quittant la cohue pour aller se jeter sous un camion.
Le monde est inhospitalier : la figure du héros (Rugter Hauer, qui fait quelques apparition en champion du monde) est au mieux inaccessible, au pire une ordure prêt à humilier les autres comme des faire-valoir.
Cette noirceur que ne renierait pas Pialat (on peut songer à ses portraits un peu similaires dans Passe ton bac d’abord, notamment) ne cherche pas à délivrer une morale, mais à livrer le réel de façon brutale. Quelques bribes d’espoir, quelques ébauches de constructions illuminent çà et là un quotidien bien morne. Mais, qu’on considère le projet du pub ou celui du personnage désirant rester chez lui pour un jour rendre ses coups à son père, ces élans positifs se font toujours au prix de la violence, constat aussi lucide que désabusé sur la nature humaine.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMer 25 Mai 2016 - 13:09

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Trashdance

Revoir Showgirls à la faveur d’une rétrospective intégrale fait du bien à l’un des grands fours de Verhoeven : bien entendu, on est bien loin du chef-d’œuvre, mais tout autant l’est-on de l’étron honteux dans sa souvent passionnante filmographie.
Showgirls est un film sur la vulgarité et la bassesse, bassesses humaines dont le catalogue est le premier sujet de fascination chez le cinéaste : l’érotisme et le monde du spectacle subit le même traitement que l’univers militaire dans Starship Troopers, policier dans Robocop ou historique dans La Chair et le Sang, Black Book ou Le choix du destin : sans concessions faites au glamour potentiel du sujet.
Las Vegas, temple du paraitre et des trajectoires fulgurantes suscite la fascination de ceux qui l’arpentent, bien moins de celui qui les donne à voir : dès la première séquence, l’autostoppeuse dégaine son couteau, se fait voler sa valise et vomit dans la rue avant de se rincer le gosier au soda : tout est dit.
Le personnage joué (très mal à partir du moment où elle parle, au point qu’on finit par se questionner sur ce que tout cela peut avoir de volontaire) par Elizabeth Berkley est un archétype, et tous les lieux ou personnages qu’elle croisera en seront tout autant. Showgirls emprunte au soap ses codes comme une sorte de camouflage lui permettant de se fondre dans la vulgarité ambiante. Qu’il suffise pour s’en convaincre de lister les éléments qui la composent : évocation des règles, viol collectif, violence, machisme et prostitution jalonnent cette Babylone rutilante et kitsch.
Il n’est pas innocent de tenir compte, lors de la première scène en boite de nuit où Nomi jouit de voir se déclencher une bagarre à cause d’elle, de la bande son : le superbe I’m afraid of americans, programme on ne peut plus en adéquation avec l’appréhension du cinéaste hollandais.
Les personnages eux-mêmes semblent avoir conscience de leur médiocrité, assumant leurs aphorismes bas de gamme : Life sucks. Shit happens. I'm a student of t-shirts, résume ainsi James, tandis que s’affrontent la blonde et la brune sur le modèle d’un cliché déjà mis en image dans Total Recall.
Showgirls ne laisse aucune chance : le personnage aux origines douteuses et forcément criminelles est le symbole minable d’une nation forgée dans le crime et l’avidité. C’est All about Eve dénué de son sens du dialogue, Le père Goriot sans aristocrates : le spectacle est plus effrayant qu’affriolant, les protagonistes des minables ayant compris, dans ce monde violent où l’on se fait virer tous les quatre matins, qu’il s’agit de sortir les crocs ou les seins pour se retrouver en haut de l’affiche.
Trop long, peu clair dans sa charge dénonciatrice, irritant, d’une vulgarité effroyable, Showgirls est pourtant le miroir fidèle du milieu qu’il dépeint, une époque dépourvue de toute classe. Un marécage nauséabond qu’on s’entretue pour dominer :
There's always someone younger and hungrier coming down the stairs after you.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyMer 25 Mai 2016 - 18:27

Nulladies a écrit:

Il n’est pas innocent de tenir compte, lors de la première scène en boite de nuit où Nomi jouit de voir se déclencher une bagarre à cause d’elle, de la bande son : le superbe I’m afraid of americans, programme on ne peut plus en adéquation avec l’appréhension du cinéaste hollandais.

Aha, bien vu. Perso j'aime beaucoup ce film. Pour toutes les raisons évoquées et aussi pour cette thématique très chère à Verhoeven de l'homme 2.0 adapté pour vaincre dans cette société gangrenée (le mythe du surhomme ?)... et ici comme dans Basic Instinct il s'agit d'une femme, ce qui rend le film d'autant plus jouissif.
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MessageSujet: Re: Cycle Paul Verhoeven   Cycle Paul Verhoeven EmptyLun 30 Mai 2016 - 18:18

Cycle Paul Verhoeven Tricked-poster

Pas nettes erreurs.

Le voilà enfin, le petit opus vraiment honteux de la filmographie de Verhoeven, mais pour lequel on peut trouver bien des circonstances atténuantes.
Diffusé en DTV, de façon assez confidentielle et apparemment limitée aux Pays Bas, Tricked est avant tout une expérience alternative en matière de production et d’écriture, puisqu’il s’agit pour le cinéaste de s’essayer au sourcefunding : un début de scénario donne lieu à un développement par les internautes, qui suivent progressivement le tournage et interagissent en fonction de ce qui est montré.
Visiblement, Verhoeven lui-même a pris ses distances avec le produit fini et ne semble pas prêt à renouveler l’expérimentation. On lui reconnaitra le mérite d’avoir essayé, mais c’est à peu près tout.
Téléfilm assez minable, le récit commence comme une sorte de Festen insipide (anniversaire et règlement de comptes sur le papa queutard invétéré) pour se poursuivre dans des histoires de manipulations dignes des pires soaps. Résolutions à l’arrache, jeu inepte, rien ne semble porter la patte du cinéaste, à une exception près, et qui fait froid dans le dos si on la doit à des internautes ayant peut-être vu là une forme d’hommage : la vue en gros plan, à l’intérieur d’une cuvette, d’un tampon imbibé de sang. Il est vrai que dès Turkish Delices et jusqu’à Showgirls, en passant par Black Book et sa douche fécale, Verhoeven a toujours eu un rapport malicieux avec les excrétions. Mais c’est ici tellement minable, sans intérêt et forcé qu’on ne peut que reprocher au cinéaste d’avoir accepté de descendre aussi bas.
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