Premier vote dans une nouvelle commune.
L'angoisse. C'est où? C'est comment? La vieille qui tient les urnes sera t'elle aussi repoussante que d'habitude? Est-ce que le bureau sera aussi désert?
N'y tenant plus, je profite d'un rayon de soleil pour aller promener le clebs et me détendre avant cette dure épreuve. Contrairement aux idées reçues, je reste persuadé que les gens votent plus quand il fait beau. Au moins, on ne sort pas pour rien!
Petit crochet par la salle des fêtes où il semble il y avoir de l'animation:
Cession d'examen et de délivrance du permis de chasse. Ha merde, c'est pas là, j'oubliais qu'il y a des priorités dans la vie médocaine.
Passage par la Mairie: Ha ben c'est pas là non plus, le vote a lieu dans la salle polyvalente en face du cinéma. Pour le coup, ça m'étonne à peine sauf qu'en général le film des élections est assez mauvais.
Heureusement, je n'ai pas payé ma place. Enfin sauf celle du parking qui est blindé. Putain, c'est quoi ce bordel? J'entre dans la salle bondée avec en tête l'idée d'attaquer i-télé et l'Ifop qui me promettent depuis des semaines un taux d'abstention record.
Là je découvre 3 files d'attente: Bureau de vote 1, bureau de vote 2, bureau de vote 3. C'est bien fait même...
Bon, pas le peine de se prendre la tête, je me place dans la première file venue, persuadé qu'a l'instar des queue de supermarché, je suis obligatoirement dans la plus lente du lot.
10 minutes plus tard, une dame me tend ma carte d'électeur en me lançant un regard de cocker battu:
" Désolé monsieur, mais vous, c'est le bureau de vote numéro 3".
"Ha bon, c'est pas les mêmes?"
"Ben non, c'est marqué sur votre carte, là, regardez... Bureau de vote 3...
"Ha oui, en effet..." On ne lit jamais assez sa carte d'électeur!
Rebelote au bureau ad hoc.
Comme un fait exprès, la femme devant moi n'a pas de pièce d'identité.
"Ha bon? Faut une carte d'identité? C'est nouveau?Ho putain, et y en a qui voudrait rendre le vote obligatoire?! Alors qu'il faudrait plutôt instaurer un permis de voter, oui! En plus on pourra reprendre la salle des fêtes à ces enculés de chasseurs!
Passées les premières embûches vient l'opération la plus périlleuse de la journée: Votre mission, si vous l'accepter, est de de plier une feuille de format A4 afin qu'elle puisse rentrer dans un enveloppe de 5X5 cm en papier recyclable hautement déchirable, le tout dans un isoloir interdit aux claustrophobes ou amateurs de cassoulet, si possible en faisant en sorte que rien ne déborde et que personne ne puisse constater que vous votez "mort au cons" dans une commune qui en est largement pourvue.
Nouvelle file d'attente. Arrivé près de l'urne et là je comprends que ça traîne: La vieille qui veille sur l'urne a la gueule complètement ravagée par des bleus et ecchymoses. "
C'est rien, je viens de me faire faire des implants dentaires" se croit-elle obligée de préciser devant la mine effrayée de ma suivante. Non mais on s'en fout de ta vie, si ton mari a envisagé de t'offrir un lifting gratuit à coups de pelle à tarte, il doit avoir ses raisons.
"A VOTE"Ouf, le plus dur est passé. Dernière épreuve: apposer une signature dans un rectangle de plastique grand comme un timbre poste. Comme d'hab, j'y arrive pas, je ripe sur le plastique, ma signature ne ressemble à rien et je m'enfuis en courant devant ce dernier affront et surtout parce que la couleur des isoloirs est vraiment à gerber!
Qui a dit que la république ne savait pas marier les couleurs?